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Lettre au Freire Gon

228.

qui s'était accusé publiquement d'avoir eu un commerce charnel avec la sœur de sa femme avant son mariage, doit en être séparé sans pouvoir se remarier le reste de ses jours; qu'en outre il doit passer pour infâme, et ne servir ni d'accusateur ni de témoin contre un autre; qu'à l'égard de sa femme, elle a droit d'emporter sa dot et ses pactions matrimoniales.

97. Le prêtre Gontier avait peine à conciher, epist. lier ces paroles du prophète : A quelque heure que le pécheur gémisse, étant converti, il sera sauvé, avec la conduite de l'Eglise qui suspend, durant quelque temps, de la communion du corps et du sang de Jésus-Christ ceux qui confessent leurs crimes. Il ne concevait pas non plus comment Jésus-Christ, qui est la tête et le chef, remettait aussitôt les péchés, et comment l'Eglise, qui est le corps de Jésus-Christ, tenait longtemps les pécheurs sans les délier. Yves de Chartres le lui fait voir clairement en disant que Dieu, qui voit l'intérieur, remet le péché aussitôt qu'il voit le pécheur converti, et que l'Eglise, qui ne juge de la conversion des pécheurs que par leurs œuvres extérieures, attend, pour les absoudre et pour les rétablir dans la participation des sacrements, qu'ils aient fait des fruits visibles de pénitence.

Lettres aux évêques do

Mans, epist. 229, 230.

98. On avait consulté Yves de Chartres, de Soissons et du la part de Lisiard, évêque de Soissons, sur ce que l'on devait penser d'un homme qui accusait une femme d'avoir eu commerce avec le parent de celui qu'elle avait actuellement pour son mari. Il paraît que l'accusateur était lui-même le coupable, car Yves ré pond qu'il ne peut être admis à rendre témoignage sur ce fait, parce que, selon les décrets apostoliques, celui qui s'est annoncé coupable ne doit pas être reçu à en accuser d'autres. Il ajoute qu'encore que les témoins produits par l'accusateur diraient vrai, on ne doit point recevoir leurs témoignages, attendu que les lois défendent aux témoins de déposer contre l'accusé autre chose que ce qui s'est passé sous leurs yeux. Hildebert, évêque du Mans, lui demanda si une juive qui s'était faite chrétienne pouvait quitter son mari et en épouser un autre. Yves pose pour principe que le mariage ne peut être dissous que pour les raisons de dissolution rapportées dans la loi et dans l'Evangile; or, l'Evangile n'en donne point d'autre que la cause de fornication; on y a depuis ajouté l'inceste ou degré prohibé de parenté. 11 dit

donc que si cette juive était parente de son mari avant de l'épouser, son mariage pouvait être dissous selon la discipline chrétienne, et elle serait libre de se marier à un autre selon le Seigneur; que hors ce cas elle ne peut se remarier; qu'autrement elle serait adultère, elle et le mari qu'elle épouserait. Il allègue l'autorité du pape Innocent, qui dit que le baptême remet les péchés, mais qu'il ne dissout pas les mariages.

99. Il donne, dans sa lettre à l'abbé de Cluny, des explications mystiques des signes de croix que l'on fait à la messe sur l'hostie et sur le calice, et de l'élévation du calice; mais ces explications supposent visiblement qu'Yves de Chartres croyait à la transsubstantiation, et il s'en explique encore plus clairement ailleurs. Il résout, dans la même lettre, deux cas de conscience: le premier regarde un moine qui, par inadvertance, avait fait tomber un jeune enfant dans le feu; l'abbé l'en punit, ce semble, en lui interdisant les fonctions de son ordre. Yves approuve cette correction, mais il dit à l'abbé qu'il peut le rétablir. Le second est touchant un moine qui, pour se guérir de l'épilepsie, s'était fait eunuque. L'évêque de Chartres dit qu'à prendre les canons à la rigueur, il doit être exclu des ordres supérieurs; que cela ne serait pas néanmoins, si l'opération lui avait été faite par les médecins; qu'il y a même certaines circonstances où l'on peut dispenser de la sévérité de la discipline; que celle-ci en est une, et qu'on peut promouvoir ce moine aux ordres sacrés, s'il y a raison d'utilité ou de décence. Dans sa réponse à l'évêque du Mans, il décide qu'un homme qui avait commis quelque impureté avec la mère de sa femme avant de l'avoir épousée, et qui protestait, jusqu'à souffrir l'épreuve du feu, qu'il n'avait pas consommé le péché de la chair, ne devait pas être séparé d'avec elle.

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Lettres sur les in

233, 236.

100. Yves pensait, sur les investitures, comme Grégoire VII et Urbain II, regardant titres, ep comme schismatiques ceux qui soutenaient qu'il était au pouvoir des laïques de donner les investitures des Eglises; en cela il ne croyait pas offenser le pape Pascal II, qui avait accordé ce droit à l'empereur Henri V, parce qu'il savait du pape même qu'il ne s'était relâché à l'égard des investitures que pour se délivrer de la prison, lui et les siens, et leur éviter la mort ou la mutilation dont ce prince les menaçait; c'est pourquoi il était d'avis qu'on averlit ce pape, par des lettres

familières et charitables, de se juger lui-même et de se rétracter. « S'il le fait, ajoute-t-il, nous en rendrons grâces à Dieu, et toute l'Eglise s'en réjouira avec nous; si sa maladie est incurable, ce n'est pas à nous de le juger. » En 1112, Joceran 1, archevêque de Lyon, indiqua un concile à Anse, pour traiter de la foi et des investitures. Daïmbert, archevêque de Sens, y fut invité avec ses suffragants, mais ils s'en excusèrent par une lettre qu'Yves de Chartres écrivit en leur nom, où il dit que l'évêque du premier siége ne devait point appeler les évêques à un concile hors de leur province, si ce n'était par ordre du pape. A l'égard des investitures dont on se proposait de traiter dans ce concile, il dit à l'archevêque de Lyon qu'il ne pouvait le faire sans découvrir la turpitude de leur père, au lieu de la cacher; qu'il n'était pas utile de traiter en concile ce qui ne regarde que les personnes; que si le pape Pascal a accordé les investitures à Henri V, ç'a été pour éviter la ruine de son peuple; qu'il y a été contraint par nécessité, et qu'étant en liberté il a désapprouvé lui-même ce qu'il avait fait, comme on le voyait par ses lettres; que s'il n'use pas envers ce prince de la sévérité qui conviendrait, c'est pour éviter de plus grands maux; que l'on peut bien, suivant la remarque de saint Augustin, employer l'anathème contre des particuliers, quand il n'y a point de danger de schisme; mais que, quand le coupable a assez de pouvoir pour entraîner la multitude dans son parti, ou que tout le peuple est coupable, on doit se contenter de gémir devant Dieu. Yves ajoute qu'il serait inutile d'aller à un concile où l'on ne pourrait condamner les accusés, parce qu'ils ne sont soumis au jugement d'aucun homme. Il parle du pape, et dit qu'il n'est pas le premier qui ait usé de tempérament et d'indulgence selon les occasions. Il désapprouve ceux qui appelaient hérésie l'investiture, et soutient que l'hérésie n'étant que l'erreur dans la foi, on ne peut appeler ainsi l'investiture qui n'e t qu'une chose de discipline; que si quelqu'un des laïques était assez insensé pour s'imaginer pouvoir donner le sacrement ou l'effet du sacrement avec le bâton pastoral, il mériterait d'être traité d'hé

1 Joceran est appelé Jean dans les imprimés, mais c'est une faute, il n'y eut point d'archevêque de Lyon du nom de Jean en ce temps-là, comme l'a fait remarquer dom Mabillon dans une lettre rapportée dans l'appendice du cinquième tome des Annales,

rétique, non à cause de l'investiture en ellemême qui n'est qu'un mouvement de la main, mais à cause de l'erreur dans laquelle il serait. Il conclut que l'investiture prétendue par les laïques est une usurpation sacrilége et une entreprise contre la liberté de l'Eglise; qu'on doit abolir cet usage partout où cela se pourra faire, sans occasionner un schisme; et différer dans les lieux où le schisme est à craindre, en se contentant de protester contre. L'archevêque de Lyon ré- Epist. 237. pondit à cette lettre qu'en sa qualité de primat, il pouvait convoquer les évêques de toutes les provinces lyonnaises, sans qu'ils pussent se plaindre qu'on les tirât hors de leur province; il dit sur l'investiture, qu'elle n'est pas en soi une hérésie, mais que c'en est une de soutenir que l'investiture est permise.

Lettre su

pape Parcal,

101. Le clergé de Tournai avait travaillé, sous le pape Urbain II, au rétablissement epist. 238. d'un évêché en cette ville, et il continua ses poursuites sous Pascal II. Yves de Chartres, craignant que celte tentative n'eût de fâcheuses suites, écrivit à ce pape pour le prier de laisser l'église de Tournai sous la juridiction de l'évêque de Noyon, comme elle y était depuis quatre cents ans ou environ. Il dit dans la lettre à Humbald, évêque Epist. 211. d'Auxerre, qu'une cause jugée par le SaintSiége ne peut être portée au jugement des clercs ni des laïques, sans qu'on ait auparavant consulté le pape; qu'on ne doit pas non plus traiter une seconde fois, en présence d'un seigneur laïque, une cause terminée par une sentence ecclésiastique; enfin, que suivant les canons et les décrets, une affaire ecclésiastique ne doit point être portée devant un juge séculier.

Lettre à l'évêque d'E

242 et 221.

102. Nous avons vu plus haut qu'Yves, en écrivant à Jean, évêque d'Orléans, décide reux. epist. que le mariage d'un homme libre avec une esclave est nul selon les lois civiles, mais que, selon celles de Dieu et de la nature, il doit subsister. Ce qu'il dit sur le même sujet dans sa lettre à Ouen, évêque d'Auxerre, n'est pas contraire à cette décision, car il y raisonne d'un mariage entre un homme libre et une esclave relativement aux lois civiles, et dit que, lorsqu'on les sépare, l'on ne dis

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sout pas un mariage légitimement consacré, mais que l'on déclare simplement que le mariage de ces deux personnes est nul suivant Epist. 243. les lois. Il déclare dans une lettre à Gualon, évêque de Paris, que le mariage que l'on disait avoir été contracté entre deux enfants qui sortaient à peine du berceau, était nul suivant les lois, des enfants à cet âge ne pouvant se donner mutuellement la foi, ni connaître 45. quel engagement ils contractaient. Yves conseilla à Hugues, comte de Troyes, qui était dans le dessein de vivre dans le célibat, de ne point s'y engager sans le consentement 246. de sa femme. Il répondit à Lisiard, évêque de Soissons, que le mariage de celui qui avait épousé successivement les deux sœurs ne pouvait subsister, quoique le mariage avec la première n'eût pas été consommé.

Lettro & Jean d'Or.

247.

103. Il fait voir dans sa lettre à Jean, évêJésus, epist. que d'Orléans, le tort qu'avait eu son Eglise d'approuver un combat singulier entre le comte d'Orléans et le seigneur de Beaugency, puisque l'Eglise, qui, dès sa naissance, a eu ordre de répandre son propre sang, ne doit point ordonner qu'on répande celui d'autrui. Epist. 219. Il écrit à Gilbert, archidiacre de Paris, que

251.

des personnes qui avaient favorisé ou procuré un adultère, ne pouvaient servir de témoins contre la femme adultère, parce que les crimes doivent être prouvés par des témoins innocents, et que celui qui commet le crime, et celui qui y consent, sont dignes de la même peine. Il loue un prêtre du diocèse de Meaux qui avait refusé de donner le viatique à un malade après diner, parce qu'il avait coutume de vomir à cette heure-là, et d'en avoir renvoyé l'administration au lendemain, quand le malade serait à jeun. Il ne trouve point à propos qu'une femme que son mari soupçonnait d'adultère sans en avoir aucune preuve, prouve son innocence par l'épreuve du fer chaud, mais uniquement 255. par serment. Il avertit Raoul, abbé de SaintFuscien, qui avait déjà reçu l'extrême-onction, de ne pas la recevoir une seconde fois, parce que l'onction des malades est le sacreinent de la pénitence publique que l'on ne doit point réitérer non plus que le baptême.

252.

Lettre à

ny, epist.

104. Ponce, abbé de Cluny, lui avait del'abbé demandé pourquoi, dans la consécration du calice, on dit ces paroles: Mystère de la Foi, quoique Jésus-Christ ne les ait point dites à la dernière cène, et qu'elles ne soient rapportées par aucun évangéliste. Yves de Chartres croit qu'on ne les a insé

rées dans le canon qu'afin de faire comprendre aux faibles qui ont peine à se persuader qu'ils reçoivent dans l'Eucharistie le corps et le sang de Jésus-Christ sous l'espèce des éléments, c'est-à-dire du pain. et du vin, parce qu'ils n'y aperçoivent que la couleur et la saveur de ces deux substances, que c'est un mystère dont on doit juger par les lumières de la foi, et non par le rapport des sens. Il dit ensuite que, si ces paroles ne se lisent point réellement dans l'Evangile, elles y sont du moins virtuellement, et Jésus-Christ dit à ses disciples quelque temps qu'elles ont un rapport sensible à celles que avant la dernière cène, en parlant de la nécessité de manger son corps et de boire son sang: Les paroles que je vous ai dites sont esprit Jɔan. V1, 61. et vie, c'est-à-dire : Vous les devez entendre spirituellement; le manger dont je vous parle n'est pas de la nature de ceux qui sont destinés à votre ventre, c'est l'aliment de l'âme. Yves dit encore qu'il n'est fait mention de Melchisédech dans le canon, que parce que le sacrifice de la loi nouvelle a été figuré dans l'oblation du pain et du vin faite par ce roi de Salem et prêtre du Très-Haut, lorsqu'il bénit Abraham.

ou

1.1.

Heb. VII, Gen. XIV, 18

Lettre à 1 vêque d'A

270.

105. Turgède, évêque d'Avranches, se trouvait dans la nécessité ou d'offenser le vranches, e roi, ou d'offenser le pape en n'obéissant point à ses légats. Yves lui conseilla d'obéir au légat, nonobstant la défense du roi, d'envoyer des députés à Rome faire ses exgrâces. Il raisonnait ainsi parce qu'il savait, Epist. 200. cuses au pape et lui ménager ses bonnes comme il le dit dans sa lettre au chancelier Etienne, que la coutume de l'Eglise romaine est de ne pas aller ouvertement contre ses décrets, mais que, quand les choses sont faites, elle tolère par dispense plusieurs faiblesses en considération des personnes et des lieux. Yves avait obtenu un décret du 271. chapitre de Chartres d'exiger quelque chose pape portant défense aux dignitaires du des pauvres ecclésiastiques qui y étaient reçus chanoines. Deux du chapitre s'élevèrent contre ce décret, et en portèrent leurs plaintes au roi; ce fut une raison à Yves de prier le pape de confirmer ce décret, avec défense expresse aux dignitaires du chapitre de continuer leurs exactions. Dans une autre lettre, il prie le pape de ne permettre à aucun clerc de l'Eglise de Chartres de posséder deux bénéfices; mais le principal motif de sa lettre était de se plaindre des moines de Marmou

271.

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tiers, qui, se défiant de la justice d'une affaire qu'ils avaient avec lui, n'avaient pas voulu qu'elle fût jugée dans la province, et l'avaient cité à Rome. Il prie le pape de lui donner des juges sur les lieux et dans le voisinage de Chartres, à cause de sa mauvaise santé.

106. Un des clercs de l'Eglise de Soissons, pat tombé dans une faute considérable, avait demandé la pénitence à Lisiard, son évêque; il en fut rebuté. Yves de Chartres, à qui il communiqua sa peine, le renvoya à Soissons. avec une lettre où il presse Lisiard de recevoir ce clerc à la pénitence, comme étant son pasteur, ou de lai accorder permission Ep 25. de se retirer en une autre église. Il écrivit au même évêque que le comte de Soissons ne devait pas être reçu à accuser sa femme d'adultère sur de simples soupçons, ni l'obliger à l'épreuve du fer chaud défendue par les lois de l'Eglise, de même que le combat singulier.

107. Les autres lettres d'Yves de Chartres depuis la deux cent quatre-vingt-unième, ne sont que des actes de donation 1 ou de protection de sa part et de son église. La deux cent quatre-vingt-septième à Haimeric, fut écrite par Yves dans le temps qu'il n'était que chanoine de Saint-Quentin; elle traite de l'Eucharistie. Haimeric lui avait demandé si Jésus-Christ avait, dans la dernière cène, donné à ses disciples son corps passible, et si nous le recevons impassible. Yves répond qu'il n'y a ni raison ni autorité à lui opposer quand il assurera que les apôtres reçurent le corps de Jésus-Christ passible, et que nous le recevons impassible; ils le reçurent indubitablement tel qu'il était alors, et il était passible, puisque, en leur donnant son corps, il leur dit : Qui sera livré par vous. Nous le recevons aussi tel qu'il est maintenant, c'est-à-dire impassible, puisque l'apôtre dit: Jésus-Christ ressuscité d'entre les morts ne meurt plus. Les apôtres, en le recevant passible, ont annoncé sa mort, comme, en le recevant impassible, nous faisons mémoire de sa mort. Ainsi, dans ces deux différentes manières de recevoir le corps de JésusChrist, s'est accompli ce qu'il a ordonné en instituant l'Eucharistie: Faites ceci en mémoire de moi. Haimeric était embarrassé sur un passage de saint Augustin qui paraît con

1 Dans l'édition des œuvres de saint Yves, dounées aux tomes CLXI et CLXII de la Patrologie, on a séparé

traire à la présence réelle. Yves l'explique de la sorte ce père n'a point nié que ce que nous recevons à l'autel fût le corps de Jésus-Christ, mais son sentiment est que nous ne mangeons point ce corps à la manière des autres viandes que nous coupons par morceaux. Il rapporte d'autres passages où saint Augustin dit nettement que nous mangeons le même corps qui a été attaché à la croix, et que nous buvons le même sang qui est sorti du côté de Jésus-Christ.

108. La dernière lettre dans l'édition de l'an 1647 dont nous nous servons, est adressée à Odon, abbé de Marmoutier, par Hugues, abbé de Pontigny, et Bernard, abbé de Clairvaux; le nom d'Yves de Chartres n'y paraît point, et il semble qu'on ne l'ait ajouté au recueil de ses lettres que parce qu'il y est dit que l'évêque de Chartres fut choisi pour arbitre avec le comte de la même ville, en une affaire qui regardait l'abbaye de Marmoutier, et celles de Pontigny et de Clairvaux. Elle est de saint Bernard, et la trois cent quatre-vingt-dix-septième parmi ses lettres.

109. Muratori en a donné une d'Yves de Chartres sur un manuscrit de la bibliothèque ambrosienne. L'auteur l'adresse à son bienfaiteur et seigneur, mais il ne le nomme pas; c'était apparemment quelque personnage de la première considération, qui l'avait reçu dans sa maison lorsqu'il alla à Rome, car il témoigne dans sa lettre la douleur dont il était pénétré lorsqu'il pense qu'il ne le reverra plus. Ce seigneur avait dans ses terres un monastère de filles de bonne réputation. Yves le prie de les prendre sous sa protection, et de recevoir l'abbesse comme JésusChrist. [Le tome CLXII de la Patrologie, col. 286-290 renferme ou indique quatre autres lettres de saint Yves, qu'on ne trouvait point dans les éditions précédentes. La première est adressée au pape Pascal II, au sujet du monastère de Saint-Pierre de Chartres. Dom Mabillon avait déjà la seconde, qui est adressée à la comtesse Adèle. Le saint évêque loue la comtesse de l'intention qu'elle manifestait de réformer le monastère de SaintMartin de Veaux. Dans la troisième, écrite à Geoffroi, abbé de Vendôme, il dit qu'on ne doit point réitérer l'onction faite aux infirmes. Cette lettre est reproduite au tome

les chartes des lettres; les chartes ou diplômes sont au nombre de six. (L'éditeur.)

Lettre à l'abbé do Marmontier • pag. 123.

Lettre d'Yres de Chartres, tom. II

Anecdot. Ma

ratori, pag. 182. Quatre

treslut. tres.]

me.

Discours

CLXVII de la Patrologie; c'est la vingtième du II livre. La quatrième est adressée à Guillaume, archevêque de Rouen. Cet archevêque lui avait demandé son avis au sujet d'un homme qui s'était fait ordonner sousdiacre sans avoir reçu la bénédiction cléricale. Yves répond qu'à s'en tenir à la rigueur de la justice, il pourrait défendre à ce clerc d'exercer ses fonctions et l'empêcher de monter à des degrés supérieurs. Cependant il peut aussi le dispenser, en ayant égard à sa bonne conduite, et aux services qu'il peut rendre à l'Eglise. Il pourra donc le faire assister aux ordinations des clercs, non pour être réordonné, mais pour être confirmé dans les ordres qu'il a reçus par les paroles qui s'y rapportent. Il envoie à Geoffroi une dispense du pape Alexandre II sur un pareil sujet.]

§ IV.

Des sermons d'Yves de Chartres.

1. Il nous en reste vingt-quatre 1, dont le sur le Bapte premier fut prononcé dans un synode. Il a pour titre : Des sacrements des Néophytes, parce qu'il y est parlé du baptême et de toutes les cérémonies qui le précèdent, qui l'accompagnent et qui le suivent; du Sacrement de Confirmation et de celui de l'Eucharistie, car on donnait encore ces trois sacrements de suite. Yves fait voir que l'Eglise a eu ses sacrements dans tous les âges, mais que ceux de la loi ancienne n'étaient que des figures des sacrements de la loi nouvelle.

Discours sur l'Excel

lence des or

dres sacrés,

sar la Vie et

les

Devoirs

des ecclésias

tiques.

Discours

fications mys

2. Le second fut aussi récité dans un synode. Yves y traite de l'excellence des ordres et de la vie pure et humble que doivent mener ceux qui y sont promus; il entre dans le détail de tous les degrés du sacré ministère, marquant l'office de chacun, la différence des évêques d'avec les prêtres, et les cérémonies de l'ordination. Il dit que JésusChrist fit les fonctions de prêtre loisque, dans la dernière cène, « il changea du pain et du vin 2 en son corps et en son sang, » et ordonna à ses disciples de faire la même. chose en mémoire de sa passion.

3. Ce fut encore dans un synode qu'Yves sor les Signi de Chartres prononça son troisième discours; nements sail roule sur les significations mystiques des cerdutaux. ornements sacerdotaux, ou sur le rapport

tiques des or

1 Il y en a vingt-cinq maintenant. (L'éditeur.) Hoc officio usus est Dominus Jesus Christus, quando post cœnam panem et vinum in corpus et sanguinem suum commutavil. Yvo, Serm. 2.

que ces ornements ont avec les mœurs des prêtres, soit par leur variété, soit par l'or et les pierreries qui brillent sur ces ornements. Yves reprend les choses dès l'origine, c'està-dire dès le temps que Moïse, par l'ordre de Dieu, fit faire des ornements pour Aaron et ses enfants, destinés au service du tabernacle.

sur la Dédica.

4. Le quatrième discours est sur la dédi- Discours cace d'une église. Yves le commence par mon- co. trer comment se doit faire la dédicace du temple spirituel de Dieu, qui est notre cœur; ensuite il explique tous les mystères renfermés sous les rits de la consécration des temples matériels; ces cérémonies sont à peu près les mêmes qu'aujourd'hui.

5. Il fait voir dans le cinquième discours l'accord de l'Ancien Testament avec le Nouveau, et comment ce qui a été prédit dans la loi ancienne s'est accompli dans la nouvelle en Jésus-Christ et dans l'établissement de son Eglise. Parlant du sacrement de confirmation, il dit qu'il se confère par l'imposition des mains et le saint chrême. Yves ex

3

plique dans le même discours toutes les par

ties de la messe.

Discours sur la Con

corde des ments.

deux Testa

Discours Str la Nais

Mort de Jé

ཏྟཱ

la

sus-Christ, e mystères.

divers autres

Discou sur l'Epiph nie, la l'ur fication.

6. Dans les suivants, qui sont sur la naissance, la mort de Jésus-Christ, son dernier avé-sance et nement, sa circoncision, il donne des raisons de l'incarnation du Fils de Dieu et de sa mort, savoir, le salut du genre humain; son premier avénement a été pour justifier les impies, le second sera pour les condamner et rendre heureux les justes; s'il s'est soumis à la circoncision, ç'a été pour accomplir la loi de Moïse dans tous ses points. 7. Le sermon sur l'Epiphanie renferme l'explication des trois mystères réunis en cette fête, l'adoration des mages, le baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain, le changement d'eau en vin aux noces de Cana. Yves croit que les mages étaient des philosophes, qui avaient appris par des expériences à connaître par les astres les événements. Il parle, dans le sermon sur la Purification, de la bénédiction des cierges que les fidèles apportaient à l'église, et qu'ils offraient aux prêtres pendant la messe, en mémoire de la présentation de Jésus-Christ au temple.

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