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Jugement du Microlo

guo et antres

écrits d'Yves

de Chartres.

tous les jours, on fait mémoire de ce mystère dans l'office de l'Eglise. La coutume de l'Eglise romaine est aussi de faire exactement l'office de chaque dimanche, si ce n'est qu'en ce jour il arrive une fête solennelle, comme de saint Jean-Baptiste ou de saint Pierre.

14. Voilà en substance ce que contient le Micrologue. Yves de Chartres ne se contente point d'y rapporter la liturgie et toutes les cérémonies des offices divins à la lettre; il en donne encore des raisons mystiques qui, la plupart, sont très-solides; il s'est servi dans cet ouvrage des livres liturgiques écrits par les anciens, nommément par saint Grégoire, par Amalaire, et par d'autres. Il a puisé, comme beaucoup d'écrivains de son siècle et des précédents, dans les fausses Décrétales, pour appuyer les rits qu'il voyait en usage de son temps, mais qui viennent d'une source plus pure. Quoiqu'il cite aussi dans ses lettres les fausses Décrétales, ce n'est pas sur leur autorité qu'il fonde ses décisions; c'est sur l'Ecriture sainte, sur les canons des conciles, sur les témoignages des pères, sur les lois des princes, sur les lumières de la raison. Il emploie tous ces moyens pour résoudre les difficultés qu'on lui proposait de toutes parts: d'où vient que ses décisions sont si solides et ses lettres si intéressantes, car elles sont presque toutes des réponses à des cas de conscience ou à des questions de droit et de discipline; aussi les regarde-t-on comme ce qu'il y a de plus précieux dans ses ouvrages; elles nous le représentent également comme bon canoniste et bon théologien, mêlant dans ses décisions la douceur avec la sévérité, et laissant à ceux qui le consultaient une liberté entière de Epist. 276. préférer leur sentiment au sien. Yves de Chartres paraît plus hardi dans la lettre qu'il écrivit au pape Pascal II en faveur de Turstain, élu archevêque d'York après la mort de Thomas, car il y traite de coutume indue le droit que l'archevêque de Cantorbéry prétendait avoir de sacrer l'archevêque d'York, et d'exiger de lui la soumission que ses pré

1 Notæ in Epist. 74, pag. 153.

décesseurs avaient toujours rendue aux archevêques de Cantorbéry, comme primats de toute l'Angleterre. Ce droit était mieux appuyé que ne le pensait Yves de Chartres, qui, apparemment, ne se souvenait pas de ce qui avait été décidé à Windsor, à la Pentecôte de l'an 1072, parties ouïes, c'est-àdire après l'examen des raisons alléguées d'un côté par Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, et de l'autre par Thomas, archevêque d'York, savoir que celui qui serait élu archevêque d'York, après avoir reçu du roi le don de l'archevêché, recevrait de l'archevêque de Cantorbéry l'ordination canonique, Lanfranc avait démontré que tel avait été l'usage depuis saint Augustin, apôtre de l'Angleterre.

Tom. IX Concil., pag.

Remarqui sur la lettre

soixante-dix!

15. La lettre suivante, qui est la deux cent soixante-dix-septième, adressée à Aldebert deux cen ou Hildebert, évêque du Mans, parait très-septième. désavantageuse à cet évêque, puisque Yves de Chartres dit avoir appris qu'avant d'être promu à l'épiscopat, mais étant archidiacre, il était tombé dans des excès honteux contre la chasteté; mais il faut remarquer 1o que Yves ne dit point qu'Hildebert fùt coupable de ces excès, et seulement qu'il l'avait ouï dire; 2° que les accusations formées contre Hildebert avaient pour auteurs quelques ecclésiastiques du Mans, de la faction du doyen, qui aspirait à l'épiscopat, et ne pouvait souffrir qu'Hildebert lui eût été préféré; 3° qu'Ordéric Vital, auteur contemporain 2, fait un éloge accompli d'Hildebert, et regarde son élection comme faite par le jugement de Dieu; 4° qu'Yves, en donnant cet avis à Hildebert, n'ajoutait pas une fui entière à la calomnie, puisqu'il s'en remet absolument à la 3 conscience de cet évêque : ce que vraisemblablement il n'aurait pas fait s'il eût ajouté foi aux accusations. Ce qui en prouve la fausseté, c'est qu'Hildebert demeura dans son évêché, qu'il y vécut saintement, et qu'Yves de Chartres lui écrivit depuis plusieurs lettres pleines d'affection, de respect et d'estime.

* Orderic, lib. X, pag. 770, 771. — Yvo, Epist. 277.

1

CHAPITRE IX.

Pascal II, pape [1118].

1. Le pape Urbain II étant mort le 29 juillet 1099, après avoir occupé le Saint-Siége onze ans, quatre mois et dix-huit jours, on élat le 13 août suivant pour son successeur Rainier, cardinal-prêtre du titre de saint Clément, qui prit le nom de Pascal II. Son sacre se fit le lendemain, qui était un dimanche, par Odon, évêque d'Ostie, assisté de Maurice de Porto, de Gauthier d'Albane, et de quelques autres évêques. Pascal, originaire de Blède en Toscane, avait été mis dès son bas âge à Cluny; il y fit profession de la vie monastique. Envoyé ensuite à Rome pour les affaires de l'abbaye, Grégoire VII, lui trouvant du mérite, l'ordonna prêtre-cardinal, et quelque temps après il fut choisi abbé de Saint-Paul hors de Rome.

2. Quinze jours avant la mort du pape Urbain, la ville de Jérusalem avait été prise par les Croisés; ils en donnèrent aussitôt avis au pape 2, à tous les évêques et à tous les fidèles par une lettre circulaire où ils marquaient en abrégé toutes leurs conquêtes depuis la prise de Nicée. Pascal II les félicita par une lettre datée du 4 mai de l'an 1100, témoignant surtout sa joie du recouvrement de la sainte lance, et d'une partie de la sainte croix. Ne pouvant leur dire dans une lettre tout ce qu'il convenait de faire dans les circonstances présentes, il leur envoya Maurice, évêque de Porto, en qualité de légat, avec pouvoir de régler ce qui regardait les Eglises nouvellement délivrées de l'oppression des infidèles.

3. Au commencement de son pontificat, Pascal, secondé par les Romains et le comte Roger, chassa l'antipape Guibert d'Albane, et, ayant ruiné son parti dans Rome, il l'obligea à se retirer à Citta-di-Castello; mais Guibert mourut dans cette fuite, la vingtième année 3 de son intrusion dans le SaintSiége. Les cardinaux schismatiques lui substituèrent successivement Albert, Théodoric et Maginulfe; mais les catholiques se

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saisirent du premier et l'enfermèrent à Saint-Laurent; ils prirent aussi Théodoric et l'enfermèrent au monastère de Cave. Le troisième fut chassé de Rome et mourut de misère.

4. Au commencement de l'an 1102, l'empereur Henri déclara 5, par le conseil des grands de sa cour, qu'il irait à Rome, pour examiner dans un concile sa cause et celle du pape, et rétablir l'union entre le sacerdoce et l'empire. Son but était de faire élire un autre pape à la place de Pascal II; mais il ne fit point ce voyage, et tous ses projets s'évanouirent. Le pape, à qui les vues de l'empereur n'étaient point inconnues, assembla à Rome un concile de tous les évêques d'Italie, et des députés de plusieurs évêques ultramontains, sur la fin de mars de la même année, où il fit dresser une formule de serment contre les schismatiques, et confirmer l'excommunication prononcée par ses prédécesseurs contre l'empereur Henri; et afin que cette excommunication fût connue dans tous les pays, il la lut lui-même le jeudi saint, 3 avril, dans l'église de Latran, en présence d'une infinité de fidèles de toutes na. tions. La formule de serment dressée dans le concile, portait : « J'anathématise toute hérésie, celle-là surtout qui trouble l'état présent de l'Eglise, et qui enseigne qu'il faut mépriser l'anathème et les censures de l'Eglise, et je promets obéissance au pape Pascal et à ses successeurs, en présence de Jésus-Christ et de l'Eglise, affirmant ce qu'elle affirme, et condamnant ce qu'elle condamne. »

5. Le pape, en envoyant le pallium à l'archevêque de Gnesne, chargea ses nonces d'exiger de lui ce serment; l'archevêque en fit difficulté, disant que tout serment était défendu dans l'Evangile; mais Pascal lui écrivit qu'il ne l'exigeait que par la nécessité de conserver la foi, l'obéissance, et l'unité de l'Eglise, et non pour son intérêt particu

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Pasca! tient un concile à Rome, 1102.

Lettres anx archevêques

de Gness et

de Palermo. Epist. 6,

Pg. 625.

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L'affaire des investitures

re.

97, 41.

Pascal se déclare contre

6. Henri Ier, roi d'Angleterre, se fondant en Angleter sur l'exemple de Guillaume-le-Roux, son père et son prédécesseur, prétendait au droit des investitures; il envoya à cet effet des députés à Rome en 1102, pour s'en exEpist. 96, pliquer avec Pascal II. Le pape reçut mal leur proposition, et par une lettre adressée au roi, il lui fit entendre qu'il ne convenait pas à un fils de l'Eglise de réduire sa mère en servitude, et qu'il était dans la disposition de lui promettre une amitié inviolable, s'il renonçait aux investitures. Cette affaire occasionna plusieurs lettres de la part du pape, soit au roi, soit à saint Anselme; nous ne répéterons point ce que nous en avons dit dans l'article de ce saint archevêque: on peut y recourir pour savoir comment le roi et le pape s'accordèrent après avoir contesté plusieurs années ensemble sur les investitures. 7. Hermann, abbé de Saint-Martin de l'empereur Tournay, auteur du temps, dit 2 que le pape Pascal engagea, par ses lettres, Henri, fils de l'empereur Henri IV, à se révolter contre son père, et à secourir l'Eglise de Dieu; que ce jeune prince, avide du trône, ravi de se voir autorisé par le pape à l'usurper, s'arma cruellement contre son père, et le chassa du royaume, en sorte qu'il ne lui restait plus de partisan qu'Otbert, évêque de Liége. Mais on ne connaît point ces lettres, et l'abbé d'Usperge dit nettement que le prince Henri, s'étant retiré en Bavière, s'y révolta contre son père et prit le nom de Henri V, par le conseil et le secours de trois seigneurs de ses parents du côté maternel, savoir le marquis Diébolde, le comte Bérenger, et Otton, homme noble; il ajoute seulement que ce prince, suivant le conseil de Rothard, archevêque de Mayence, et de Gébéhard, évêque de Constance, réunit toute la Saxe à l'Eglise romaine, et que Henri V déclara qu'il con

Henri IV.

1 Aiunt in conciliis statutum non inveniri quasi romanæ Ecclesiæ legem concilia ulla præfixerint : cum omnia concilia per romanæ Ecclesiæ auctoritatem el facta sint, et robur acceperint, et in eorum statutis romani pontificis patenter excipiatur auctoritas. Pascal, Epist. 5 et 6.

2 Tom. XII Spicileg., pag. 446. Uspergens., ad an. 1105.

On ne doit point oublier que Henri était excom. munié et d'éposé, et comme le dit le pape en s'a

damnait le schisme, et voulait rendre au pape l'obéissance qu'on lui devait.

Paccal

comte

Fiandre,

pag. 29.

8. Cependant le pape Pascal, ayant appris Letra que Robert, comte de Flandre, à son retour du voyage de la Terre-Sainte, s'était déclaré contre les schismatiques du diocèse de Cambrai, lui écrivit en 1105 pour l'en remercier, et l'exhorter à en user de même envers ceux qui, dans le diocèse de Liége, tenaient le parti de l'empereur Henri IV; il excita même à poursuivre de toutes ses forces ce prince. comme chef des hérétiques, et ceux qui le favorisaient, faisant entendre à Robert que cette entreprise serait pour lui et ses vassaux un moyen d'obtenir la rémission de leurs péchés et d'arriver au ciel *. On a vu dans l'article de Sigebert de Gemblou com- x Conc., ps ment le clergé de Liége, en demeurant attaché à l'empereur Henri IV, prétendait demeurer aussi attaché au Saint-Siége et à celui qui l'occupait, et pouvait rendre en même temps à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu 5.

Epist La

diens., tar

630.

Pascal tie divers conc

9. L'assemblée tenue à Mayence aux fêtes de Noël 1106, avait confirmé l'excommuni- les cation portée contre l'empereur Henri IV, ensuite engagé ce prince à renoncer à l'empire, et reconnu son fils pour roi de Germanie. Il s'agissait de remédier aux désordres qui mettaient le trouble dans les Eglises d'Allemagne, et il fut résolu de consulter làdessus le Saint-Siége. Les députés engagérent le pape Pascal à venir lui-même en Allemagne, pour apporter, par sa présence, quelques remèdes à ces maux. En passant à Florence 7, il tint un concile où l'on disputa, mais sans rien décider, contre l'évêque de cette ville qui soutenait que l'Antechrist était venu. Le pape en assembla un beaucoup plus nombreux à Guastalle, le 22 octobre 11069; les ambassadeurs de Henri, roi d'Allemagne, s'y trouvèrent, chargés de demander la confirmation de sa dignité au pape, et de lui promettre fidélité et obéissance filiale. On y fit un décret portant que, par indulgence, tous les évêques de Germanie or

8

dressant à Robert, qu'il s'efforçait d'ôter à l'Eglise de Dieu le royaume ou l'indépendance. (L'éditeur.) 5 Ce clergé était schismatique et excommunié, et il prétendait en remontrer au pape et à la majorité des évêques. Voyez la note insérée plus haut à l'article de Sigebert. (L'éditeur.)

Uspergens., ad an. 1106.

7 Vila Pascalis per Petrum Pisen., num. 10. 8 Uspergens, ad an. 1106.

9 Patrol. lat., t. CLXIII, col. 470. (L'éditeur).

donnés dans le schisme seraient maintenus dans leurs fonctions, pourvu qu'ils ne fussent ni usurpateurs ni simoniaques, ni cou12. pables d'autres crimes. En conséquence, le pape écrivit à Gébéhard, évêque de Constance, à Odéric de Passau, et à toute la nation teutonique, qu'on pouvait recevoir à la communion de l'Eglise ceux qui n'avaient communiqué que malgré eux avec les excommuniés, et par la nécessité du service ou l'habitation commune. A Parme, le pape dédia l'église cathédrale en l'honneur de la sainte Vierge, au lieu qu'elle avait auparavant saint Herculan pour patron. Il sacra aussi évêque le cardinal Bernard, et le déclara son légat.

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10. On s'attendait en Allemagne que le pape célébrerait à Mayence la fête de Noël avec le jeune roi et les seigneurs du royaume; mais l'épreuve qu'il avait faite de la férocité des Allemands, étant à Vérone, et le peu de disposition qu'il remarquait en eux pour renoncer aux investitures, lui fit changer de route; il vint en France par la Bourgogne. Il célébra à Cluny la fête de Noël de l'an 1106. A la Charité, il dédia l'église. Il fit à SaintMartin de Tours l'office le dimanche Lætare, quatrième de carême, et de là il vint à SaintDenis en France, où il fut reçu, suivant sa dignité, par l'abbé Adam. Le roi Philippe, qui lui avait envoyé à la Charité 2 le comte de Rochefort, son sénéchal, pour le servir par tout le royaume, vint lui-même, avec le prince Louis son fils, trouver le pape à SaintDenis et se proterner à ses pieds; le pape les releva et conféra familièrement avec eux des affaires de l'Eglise, les priant de la protéger comme avaient fait Charlemagne et les autres rois leurs prédécesseurs, et de résister à ceux qui la tyrannisaient, nommément au roi Henri. L'abbé Suger, qui était à SaintDenis lors de cette entrevue, en a rapporté les circonstances 3, et il remarque que la raison du voyage de Pascal II en France fut d'y délibérer plus sûrement qu'à Rome sur les difficultés que le roi Henri faisait touchant les investitures, et d'en conférer avec le prince Louis, qui portait déjà le titre de roi, et avec l'Eglise gallicane. Il se tint encore sur ce sujet une conférence à Châlonssur-Marne, à laquelle plusieurs archevêques et évêques de France assistèrent avec les dé

: Uspergens., ad an. 1107.

2 Suger., Vita Ludovici, cap. IX. * Suger., ibid.

• Uspergens., ad an. 1107.

putés du roi Henri; c'étaient l'archevêque de Trèves, l'évêque d'Halberstat et l'évêque de Munster. Le premier porta la parole et plaida pour les investitures; l'évêque de Plaisance lui répondit au nom du pape, et entreprit de montrer que les évêques dérogeraient à leur onction s'ils soumettaient leurs mains consacrées par le corps et le sang de Jésus-Christ aux mains d'un laïque ensanglantées par l'épée. La conférence fut sans succès, et le roi Henri, qui ne voulait pas que l'affaire des investitures fût décidée dans un royaume étranger, obtint un délai pour la faire examiner dans un concile général.

Concile da Troyes en 1'07. Tom. X Concil.,

pag 754. [P col. 470 ]

trol t. CLX.II

Concile de Rome eu

11. De Châlons, le pape alla à Troyes, où il tint un concile vers le 23 mai; il y fut question de la croisade et de la trève de Dieu; on y excommunia les usurpateurs des biens de l'Eglise, on y rétablit la liberté des élections 5, et on confirma la condamnation des investitures. Les évêques d'Allemagne n'assistèrent point à ce concile. Lorsqu'il fut fini, Pascal II reprit la route de Rome, où il fut reçu avec autant de joie que s'il fût ressuscité d'entre les morts; c'est l'expression de l'abbé d'Usperge, qui dit que le pape rétablit, peu après le concile de Troyes, dans leurs fonctions divers évêques d'Allemagne, qu'il y avait suspendus pour différentes raisons. 12. Le 7 mars de l'an 1110, le pape assembla un concile à Rome, où l'on renouvela 1110. ibid., col. 471.] les décrets contre les investitures; puis sachant que le roi Henri devait venir en cette ville pour y recevoir la couronne impériale, réunir l'Italie à l'Allemagne, et se faire donner le droit des investitures, il alla en Pouille demander du secours au prince de Capoue et aux comtes du pays, contre le roi de Germanie. Ce prince, arrivé à Florence, envoya des députés à Rome pour régler avec ceux du pape les conditions de son couronnement. Tout étant convenu de part et d'autre, le roi arriva à Rome 7 le 11 février de l'an 1111; le pape le reçut avec les cérémonies ordinaires, le désigna empereur, puis lui demanda de rendre à l'Eglise ses droits et de renoncer aux investitures. Sur le refus du roi, le pape lui déclara qu'il ne pouvait lui donner la couronne; le roi en colère fit arrêter le pape et ceux qui l'accompagnaient par des gens armés; il y eut un tumulte, les Allemands pillèrent l'église de Saint-Pierre;

5 Uspergens., ad an. 1107. Uspergens., ad an. 1110.

7 Chronic. Cassin., lib. IV, cap. xxxvII et XXXIX.

les Romains, sachant le pape arrêté, firent main basse sur tous les Allemands qui se trouvèrent dans la ville. Le roi, informé de ce qui se passait, sortit avec précipitation, emmenant le pape et ceux de sa suite. Il le dépouilla de ses ornements, le lia de cordes, le menaça de mort ou de mutilation, lui et les siens, s'il ne lui relâchait les investitures, et refusa de le délivrer jusqu'à ce qu'il eût fait expédier une bulle sur ce sujet. Le pape, quoique résolu de perdre plutôt la vie que de donner atteinte aux droits de l'Eglise, céda néanmoins à la force; touché de la misère des prisonniers qui étaient aux fers, il souscrivit à la bulle qui accordait au roi de donner l'investiture de l'anneau aux évêques et aux abbés de son royaume, élus librement. Etant rentré dans l'église de SaintPierre, il couronna l'empereur qui, aussitôt après la messe, se retira dans son camp. Cela se passa le jeudi 13 avril de l'an 1111. 13. La concession du pape trouva de l'opcardinax, position de la part de plusieurs cardinaux et 651 (Patrol autres prélats, nommément de Jean, évêque de Tusculum 2, et de Léon de Verceil. S'étant assemblés, ils firent un décret 3 contre le pape et sa bulle. Pascal blâma leur zèle, le regardant comme indiscret et peu mesuré selon les règles de l'Eglise; il leur représenta qu'encore qu'il n'eût accordé à l'empereur les investitures que pour éviter la ruine de Rome et de toute la province, il aurait soin de corriger ce qu'il y avait eu de trop hu main dans sa conduite en cette occasion. (Patrol, it. Brunon, évêque de Segni et abbé de MontEpist. 19). Cassin, dénoncé au pape comme le chef de cette faction, lui en écrivit en des termes qui faisaient bien voir qu'il désapprouvait la concession des investitures. Le pape en fut piqué, lui fit ôter l'abbaye de Mont-Cassin

Lettre de Pascal aux

epist. 23, pag.

ibid., epist. 327).

Diversorum,

1 On ne peut rien arguer de cette conduite de Pascal contre l'infaillibilité des papes. Le souverain pontife est infaillible lorsqu'il définit en liberté, ex cathedra, une vérité de foi : voilà ce qui est certain; mais, comme le dit Bossuet, « tout acte extorqué par la violence est nul de plein droit. » En signant la bulle sans être libre, Pascal II faisait un acte nul; l'homme succombait à la faiblesse humaine, le pontife n'était pas dans la plénitude de son autorité. D'ailleurs, il faut bien le remarquer, la reconnaissance des investitures, telle que la proclamait la bulle, n'était pas une hérésie ce qui eût été une hérésie, c'eût été de reconnaître la collation de la puissance spirituelle par le pouvoir temporel; Pascal II permettait seulement au roi de recevoir, par la crosse et l'anneau, l'hommage que les évêques devaient au suzerain pour les domaines qu'ils tenaient de lui, en qualité de vassaux. Il y avait faiblesse, il

sous prétexte qu'il ne devait pas être évêque et abbé en même temps; il écrivit aux moines de ne plus lui obéir.

14. Le pape, pour tenir sa promesse et prévenir un nouveau schisme, tint un concile dans l'église de Latran, le 18 mars de l'an 1112; il dura six jours; le pape y confirma la sentence portée contre les guibertins qui, nonobstant l'interdiction lancée contre eux, continuaient leurs fonctions et soutenaient qu'ils en avaient permission du pape. Il raconta en pleine assemblée les violences qu'il avait souffertes de la part de l'empereur Henri V; comment ce prince l'avait forcé à lui donner par écrit le droit des investitures; il dit qu'il n'y avait consenti que malgré lui et pour la délivrance des prisonniers, la paix du peuple et la liberté de l'Eglise. Il reconnut que l'écrit qu'il avait fait par contrainte et sans le conseil de ses frères, devait être corrigé, et en fournit la manière au jugement du concile, afin qu'il ne lui en arrivât, ni à lui ni à l'Eglise, aucun préjudice. Comme on accusait d'hérésie ceux qui approuvaient les investitures, il fit, en présence de tous les pères du concile, sa profession de foi; après quoi Girard d'Angoulême lut, du consentement du pape et de tous les assistants, un décret par lequel le concile cassait et annulait le privilége accordé par violence au roi Henri, avec défense, sous peine d'excommunication, de s'en servir.

Concile di Latran, tom.

x Concil. trolog.. ibid

pag. 757 (Pa col. 470).

Lettre : roi Hear,

(Patrol,ibi

pist 3:4).

15. En conséquence de ce qui s'était passé dans ce concile, le pape Pascal écrivit au roi 22, pag. C Henri contre les investitures. Il semble qu'elles avaient commencé en Allemagne, et le pape en rapporte l'origine à l'empressement des évêques et des abbés pour le maniement des affaires temporelles ministres de l'autel, ils étaient devenus les ministres de la cour, n'y avait pas hérésie; la foi n'était pas compromise, mais la mesure était funeste à la liberté de l'Eglise; elle détruisait l'œuvre de saint Grégoire VII. La conduite de Pascal II, dans ces circonstances, montre combien il importe que le souverain pontife soit indépendant. Chantrel, Histoire populaire des Papes, tom. XI, pag. 77-78. (L'éditeur.)

Voir sur Jean de Marsi, évêque de Tusculum, Ughelli, Italia sacra, tom. I, pag. 230, au tom. CLX de la Patrologie, col. 1035-1036. On y trouve aussi, col. 1037-1038, le discours que cet évêque adressa au peuple romain pour l'engager à venger le pape Pascal des injures qu'il avait à souffrir de la part d'Henri, et la lettre qu'il écrivit au cardinal Richard sur les iniquités de ce roi. (L'éditeur.)

Baron., ad an. 1111.

Chronic. Cassin., lib. IV, cap. XLII.

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