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Trades 6.3 des

mis

du tribunal des clercs ', et du juge à qui il est défendu, par un rescrit, de discuter la cause dont il est chargé.

15. L'empereur Auguste avait fait un tarif des monnaies et fixé la manière de payer les tributs ou impôts; il se glissa dans ce tarif des abus que l'empereur Alexis essaya de réformer par un nouveau. Ces tarifs ont été l'un et l'autre publiés à Paris en 1688, en grec et en latin, par les bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, dans le premier tome des Anecdotes grecques 2, sur un manuscrit de la bibliothèque du roi, avec les caractères et les notices des diverses espèces de monnaie qui avaient cours alors dans l'empire, pour le paiement des tributs et des impôts.

16. On cite un poème, qu'Alexis Comnène avait adressé à Spanea, son neveu; Lambécius dit qu'il a été imprimé à Venise, chez Christophe Zanette. Cave dit la même chose, mais il ne marque pas l'année de cette édition. Il parait qu'Alexis écrivit sur la procession du Saint-Esprit contre l'évêque de Milan; ce traité n'a pas été rendu public. La bulle d'or par laquelle il remit à sa mère le gouvernement de l'empire pendant qu'il allait à la tête de son armée combattre les ennemis, est une preuve de son attachement pour cette princesse, et de la confiance qu'il avait en ses lumières et en sa prudence. Anne Comnène l'a rapportée dans son troisième livre 5; elle y fait d'Anne Dalassenne, c'était le nom de la mère d'Alexis Comnène, un éloge accompli, relevant la pénétration et la solidité de son esprit, la pureté de ses mœurs, son éloquence, son expérience dans le maniement des affaires, sa piété; elle usait ordinairement d'un sceau où la mort et la résurrection étaient représentées.

17. Anne Comnène s'étend aussi sur les louanges de sa mère Irène. Elle était de la famille des Ducas 6, et fut mariée fort jeune à Alexis Comnène, puisque, quand elle fut couronnée impératrice par le patriarche Cosme, elle n'avait que quinze ans; elle eut pour père Andronic, fils aîné de Jean, César; bien faite de corps et belle de visage, elle ne plut pas moins par les qualités de son cœur et de son esprit, par la douceur de son naturel, par sa compassion pour les malheureux, par sa libéralité envers les pauvres,

1 Ibid., tom. I, pag. 139, et tom. II, pag. 184.
* Pag. 316.

Lambec., lib. V Bibliot. Vindobon., pag. 262.
Leo Allatius, lib. II de Consensu utriusque Eccles.,

par son amour pour les sciences et les gens de lettres. Cette belle inclination lui était commune avec son mari; aussi les savants pouvaient avec confiance fréquenter le palais. A la lecture des Livres saints elle ajoutait celle des pères, surtout de saint Maxime, philosophe et martyr; moins curieuse d'y trouver le dénouement de quelque question philosophique que l'explication des dogmes divins de la religion. Par attachement pour son mari, elle le suivit souvent à la guerre . Ce fut une occasion pour ses ennemis de répandre contre elle des libelles diffamatoires; elle se mit au-dessus de la calomnie. Personne ne réussissait mieux qu'elle à diminuer les douleurs qu'il souffrait dans les attaques de goutte, le pansant elle-même dans les parties qui en étaient affectées. Elle survécut à l'empereur Alexis 10, mais on ne sait de combien d'années.

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18. Elle fonda à Constantinople un monastère de filles qui fut dédié à la sainte Vierge, sous le nom de Pleine de grâce. Il était d'usage dans l'Eglise grecque que non-seulement les empereurs, mais aussi les impératrices, et même des personnes privées donnassent des règles ou des constitutions aux monastères de leur fondation. Irène en donna aux religieuses qu'elle avait fondées; cette règle se trouve en grec et en latin dans le premier tome des Anecdotes grecques, imprimées à Paris en 1688, de la traduction de dom Montfaucon; elle contient soixante-dixhuit chapitres.

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Analyse du 129, 136.

Cap. 1.

19. Irène se réserva de gouverner ellemême ce monastère pendant sa vie, et or- Typ que,pag. donna qu'après sa mort, il serait exempt de toute juridiction, soit civile, soit ecclésiastique, en sorte que la supérieure seule y aurait toute l'autorité. Elle déclara néanmoins qu'au cas qu'Alexis Comnène, son mari, lui survécût, il y aurait le même pouvoir qu'elle. Elle y établit la vie cénobitique, dont le fondement est l'obéissance; mit pour supérieur, et protectrice, après sa mort et celle de son époux, la princesse Porphyrogenète, nommée Eudocie, religieuse de ce monastère, et voulut que, si quelque princesse de sa famille s'y faisait religieuse, elle ne fût point astreinte à toute la rigueur de la règle, si ses forces ne le lui permettaient pas, et qu'on lui

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11.

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Cap. IV. donnât deux femmes pour la servir. L'entrée du monastère était interdite aux hommes; mais s'il arrivait qu'un parent d'une religieuse tombât malade, la supérieure pouvait lui permettre de sortir avec une compagne d'un âge mûr, et de rester chez le malade un ou deux jours au plus.

V.

VI.

VII.

VIII, IX, X.

20. La fondation faite par l'impératrice Irène était pour vingt-quatre religieuses, avec pouvoir d'augmenter ce nombre jusqu'à quarante, si les revenus augmentaient; il y avait au-delà deux jeunes filles que l'on nourrissait et que l'on enseignait jusqu'à ce qu'elles fussent en âge d'être religieuses, et six servantes pour la communauté. Toutes les religieuses couchaient en un même dortoir, à la vue les unes des autres, afin que les moins ferventes imitassent celles qui l'étaient davantage. Elles travaillaient de leurs mains aux ouvrages désignés par la supérieure; pendant le travail, une d'entre elles lisait quelque chose de l'Ecriture sainte, suivaut la volonté de la même supérieure. On les recevait gratuitement dans le monastère; si toutefois quelqu'une offrait volontairement une partie de ses biens, soit meubles ou immeubles, on les recevait; mais celle qui donnait n'était pas pour cela plus considérée que celles qui ne donnaient rien; et s'il arrivait qu'elle voulût sortir du monastère et reprendre son présent, on ne le lui rendait pas, parce que c'est un sacrilége de reprendre ce qu'on a consacré à Dieu.

21. Il était aussi permis de recevoir des meubles ou immeubles de la part des laïques, avec défense de les aliéner ensuite, hors les meubles en cas de nécessité : encore cette aliénation devait-elle se faire du consentement de l'abbesse ou supérieure, de toutes les officières, et des prêtres du monastère. 1. L'impératrice Irène, en se réservant de le gouverner, s'était aussi réservé le droit d'y établir une abbesse s'il en était besoin; mais elle ordonna qu'après sa mort l'abbesse serait choisie par la communauté en présence de la patronne ou protectrice du monastère. L'élection se faisait par billets, et chaque sœur nommait trois sujets; si l'égalité des suffrages laissait l'élection indécise, la patronne la faisait tomber sur celle qui avait les suffrages de la plus saine partie de la communauté; on ne la déclarait qu'après beaucoup de cérémonies et de prières, puis on l'installait et on lui mettait en main le Typique ou Règle, et le bâton ou la crosse; c'était

le prêtre du monastère qui déclarait l'élec- Cap. XII. tion, et le choix des officières appartenait à l'abbesse; elle devait ne faire attention qu'au mérite et non à l'âge, et mettre en place celle qui n'était venue que depuis peu au monastère, si elle avait plus de vertu que ses anciennes. Tandis que l'abbesse se comportait . sagement, on ne l'ôtait point de sa place; si elle se conduisait mal on la déposait.

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22. Il y avait un économe pour les affaires du dehors et deux prêtres capables d'ins- 111. truire les religieuses et de leur expliquer les oracles des divines Ecritures; tous les trois devaient être eunuques, de même que le père spirituel; lui seul recevait les confessions de toutes les religieuses; on accordait l'entrée du monastère aux proches parentes, mais non aux hommes, fussent-ils père ou frères d'une religieuse; ils ne lui parlaient qu'à la porte; mais en cas de maladie, la fille allait voir son père ou sa mère dans sa maison, accompagnée de deux anciennes.

23. Quand l'abbesse donne un emploi à une religieuse, elle le fait en lui disant : « L'immaculée et pleine de grâce Mère de Dieu vous destine à tel office. » Tous les offices sont détaillés dans la règle, et se trouvent les mêmes que dans les monastères d'aujourd'hui. Celle qui se présente pour être reçue dans la communauté doit être auparavant éprouvée pendant six mois, si ce n'est qu'elle soit bien connue; alors l'abbesse peut abréger le temps de cette épreuve.

24. Les heures de l'office divin sont les mêmes que les nôtres. La Règle inspire une grande dévotion pour le sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ notre vrai Dieu, et exhorte les religieuses à s'en approcher souvent, mais de l'avis de leur père spirituel et du consentement de l'abbesse. On offrait chaque jour à la messe sept pains, savoir: un en l'honneur du Seigneur, un de la sainte Mère de Dieu, un du saint du jour, le quatrième pour la rémission des péchés de l'empereur et de l'impératrice, le cinquième pour les religieuses défuntes, le sixième pour les défunts de la famille impériale, le septième pour les vivants. Le samedi, on offrait de petiles croix pour les défunts de la même famille, une croix pour chacun. Cela se faisait aussi les dimanches, et l'on faisait mémoire d'eux dans les diptyques.

25. Après la liturgie, les religieuses vont au réfectoire en récitant un psaume, lequel fini, elles se mettent à table et mangent ce

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III, II. XXXIII, XXIV el seq.

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IL.

qu'on leur sert, gardant le silence et se rendant attentives à la lecture. Il n'est permis à aucune de se dispenser du réfectoire commun, si ce n'est aux malades à qui la supérieure doit donner une chambre particulière 11 avec une infirmière. On distingue dans la règle les aliments que l'on accorde aux jours de jeûne d'avec ceux que l'on sert aux jours de fêtes qui arrivent pendant le Carême ou les autres jeunes de l'année; mais cette différence ne consiste qu'en ce qu'on y servait du poisson, du vin et de l'huile en plus grande quantité; on en donnait moins dans les jours ordinaires; le lundi, des deux mets cuits il n'y en avait qu'un d'assaisonné avec de l'huile; le mercredi et le vendredi, on ne mettait de l'huile dans aucun des deux, quoiqu'on les servit cuits, et la mesure de vin était moindre E que dans les autres jours. Le second carême, appelé des Apôtres, commençait après les fètes de la Pentecôte et finissait à celle de saint Pierre et de saint Paul. Le troisième s'étendait depuis le 15 novembre jusqu'à Noël exclusivement. Quelques-uns ajoutaient un quatrième carême avant la fête de l'Assomption.

ΣΥΣ

L

26. La règle prescrit une pauvreté qui exclue toute propriété en quelque espèce que ce soit, en argent ou en aliments; mais aussi elle ordonne que tous les besoins seront fournis 1. des revenus du monastère; qu'il n'y aura aucune différence pour la nourriture et les habits, excepté pour les infirmes; elle permet aux religieuses de se baigner une fois le mois, et aux infirmes autant de fois que le médecin l'ordonnera; c'est aussi à lui à régler leur nourriture.

27. On entre dans le détail des ornements et du luminaire pour la célébration des fêtes de l'Assomption de la sainte Vierge, de sa Nativité, de celle de Jésus-Christ, et des autres fêtes solennelles; de la quantité des aumones qui se doivent faire chaque jour à la porte du monastère; des jours où l'on doit lire la règle à voix haute en présence de la communauté, et du luminaire journalier de l'Eglise. L'impératrice Irène, en faisant bâtir le monastère, eut soin d'y faire venir de l'eau par deux canaux différents, dont l'un en portait dans le monastère des religieuses, et l'autre dans celui des hommes, c'est-à-dire des prêtres, économes et médecins au service de ces filles.

28. Elle acheta, pour leur sépulture, un petit monastère nommé Cellarée, dépendant XIV.

de la grande église, en sorte que leur cimetière était au dehors; mais elle y mit quatre religieuses de son monastère, avec un prêtre séculier pour y faire le service divin, auxquels on fournissait toutes les choses nécessaires, tant pour la nourriture et le vêtement que pour le luminaire du cimetière. On y transportait les corps des défuntes au chant des psaumes, et le convoi funèbre était composé d'un certain nombre de religieuses réglé par l'abbesse. On offrait pour la défunte des prières et des sacrifices jusqu'au quarantième jour de sa mort, et l'on mettait son nom dans les diptyques, afin que les prêtres pussent aisément s'en souvenir pendant la célébration des mystères.

29. Il y a un chapitre particulier pour la Cap. LXXI. commémoration des morts de la famille impériale, au jour de leur décès, avec la quan. tité d'aumônes qui doivent se faire en ce jour, et du luminaire; dans un autre, il est dit que LXXVI. si quelqu'une de cette famille, à qui l'inspection du monastère sera confiée, veut se faire inhumer, elle le pourra, pourvu qu'elle choisisse sa sépulture dans le vestibule extérieur de l'église; mais que cette grâce ne s'accordera point à d'autres personnes, de quelque condition qu'elles soient.

30. C'était dans le vestibule intérieur de LXXII. l'église que l'abbesse lavait les pieds le jour du jeudi-saint, et il y avait dans cet endroit la représentation de Jésus-Christ lavant les pieds à ses apôtres. L'impératrice Irène LXXXIV. n'ayant rien omis pour rendre son monastère régulier et commode, elle défendit d'y rien changer à l'avenir, surtout de faire des jours dans les murailles de clôture, et d'y faire entrer des personnes du dehors pour chanter l'office des fêtes solennelles, voulant qu'il se fit par les religieuses mêmes, aidées de quelques saints prêtres. Le samedi avant les LXXV. Rameaux, sept prêtres faisaient dans l'église du cimetière la bénédiction de l'huile sainte, puis l'un d'eux entrait dans le monastère et oignait chacune des religieuses en récitant l'oraison accoutumée.

31. Sur la fin de sa règle, Irène exhorte les LXXVIII. religieuses à en remplir exactement tous les devoirs, à respecter leur abbesse, à s'entr'aimer, à se prévenir mutuellement, à pratiquer l'obéissance et la pauvreté, et à travailler assidûment à leur salut. Ce chapitre, qui doit être regardé comme le dernier, est signé, dans le manuscrit original, de la main même de celle princesse, en lettres rouges 10

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Anne Comnène.

Elle écrit l'histoire de

Alexis.

32. Le premier des enfants de l'impératrice Irène fut Anne Comnène. Elle vint au monde un samedi, 1er décembre 1 de l'an 1083. Dès son enfance on lui fit apprendre les belleslettres, que l'empereur Alexis, son père, avait remises en honneur 2; elles firent de grands progrès sous son règne. Anne s'appliqua particulièrement à bien posséder la langue grecque 3; mais elle étudia aussi la rhétorique, lut exactement les livres de Platon et d'Aristote, et cultiva les quatre arts qui servent le plus à orner l'esprit; elle ne se souvenait point d'avoir jamais manqué au respect et à l'amour qu'elle devait à ses père et mère, et se sentait disposée à tout sacrifier pour leur conservation, même sa vie. La jugeant digne de l'empire, ils la fiancèrent avec Constantin Ducas, fils de l'empereur Michel Ducas, qui tenait déjà le second rang dans l'empire, en sorte qu'il souscrivait aux donations en lettres rouges et qu'il avait le pas, dans toutes les solennités, après l'empereur Alexis. Mais Constantin étant mort avant la consommation du mariage, Anne épousa le César Nicéphore, de la famille illustre des Brienne; elle nous le dépeint 7 comme un prince accompli; aussi l'aimait-elle tendrement, et sa mort, arrivée en 1137, lui causa tant de douleur, qu'elle fut longtemps à ne voir personne, cherchant sa consolation en Dieu seul et dans l'étude des lettres; elle lui survécut de plusieurs années, n'étant morte qu'après l'an 1148, âgée de plus de soixante-cinq

ans.

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33. Ce fut vers ce temps-là qu'elle acheva l'empereur son histoire, intitulée Alexiade, parce qu'elle contient celle du règne de l'empereur Alexis son père; elle marque elle-même cette époque en disant, dans le livre XIV, qu'elle l'écrivait sous le troisième empereur depuis son père; c'était Manuel Comnène, qui régna

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depuis l'an 1143 jusqu'en 1180, et elle en parle comme ayant déjà régné quelques années. L'histoire entière est divisée en quinze livres; elle a fait, dans tous les temps, l'admiration des savants, tant pour la beauté, la délicatesse et l'élégance du style, que pour l'étendue et l'importance des matières. On la fait aller de pair 10 avec l'Histoire d'Alexandrele-Grand, écrite par Quinte-Curce, et on la met au-dessus de toutes celles qui composent le Corps de la Byzantine, car elle est presque la seule qui ait de la dignité et dont l'auteur se soit formé sur les anciens; il faut pourtant avouer qu'en beaucoup d'endroits elle a plus l'air d'un panégyrique que d'une histoire; mais les fleurs qu'elle répand sur certains événements n'en altèrent point la vérité.

34. Anne Comnène n'ignorait pas combien il est difficile 11de garder unjuste milieu, quand il s'agit de louer ou de blâmer ceux qui le méritent; elle demande qu'on ne l'en croie pas sur sa parole, et qu'on juge par les faits qu'elle rapporte si elle a excédé dans l'un ou l'autre genre. Presque tous les Latins qui ont écrit l'histoire de la Croisade ont fait passer l'empereur Alexis pour un fourbe et un perfide; il peut y avoir de l'excès dans ce qu'ils en ont dit. Anne Comnène, sans violer les règles de l'histoire, dit 12 de son père le bien et le mal qu'elle en savait par rapport au gouvernement de l'empire, car elle n'entre pas dans le détail de sa vie privée. Nicéphore Brienne, son mari 13, avait avant elle entrepris de décrire l'histoire du règne d'Alexis, à la sollicitation de l'impératrice Irène, sa belle-mère, et il y donnait tout le temps que les affaires de la guerre lui laissaient libre; mais il ne passa point au-delà du règne de Nicéphore Botoniate; son histoire ne s'étendait que depuis l'an 1057 jusqu'en 1081, c'est-à-dire qu'elle comprenait le règne d'Isaac Comnène et de ses deux successeurs, Michel Parapina céus et Nicéphore Botoniate. Anne Comnène, autant pour transmettre à la postérité 14 l'ouvrage de son mari que l'histoire du règne de son père, se chargea de l'écrire, partie sur ce qu'elle avait vu elle-même 15, partie sur les mémoires dignes de foi que lui avaient communiqués ceux qui avaient suivi l'empereur Alexis à la guerre, et qui depuis s'étaient faits moines; compa

10 Marville, Mélanges d'histoire et de littérature, tom. III, pag. 56.

11 In præfatione, pag. 1, 2. 12 Pag. 36. In præfat., pag. 2. 15 Pag. 353.

13 Pag. 2.

Quelle fut l'occasi

Histoire
Brienne.

Nicepho

rant avec eux-mêmes ce qu'ils lui disaient avec ce qu'elle avait ouï dire ou vu. Ce fut sous le règne de Manuel Comnène qu'elle fit toutes ses recherches, c'est-à-dire plus de vingt-cinq ans après la mort de l'empereur son père, conséquemment en un temps où la flatterie1 ne devait point régner dans les rapports qu'on lui faisait des actions de ce prince.

35. Son histoire est, comme on l'a déjà dit, divisée en quinze livres, où l'on voit nonseulement ce que l'empereur Alexis a fait pendant son règne qui fut très-long, mais encore les grands événements de l'Asie et de l'Europe, tant sur terre que sur mer; l'histoire de la croisade, celle de l'Eglise de Constantinople et des controverses sur la religion dans les Eglises d'Orient. Elle commence à l'an 1081, le premier du règne d'Alexis, et finit à l'an 1118, qui en fut le dernier. David Hæschélius fit imprimer les huit premiers livres en grec, mais pleins de lacunes, à Augsbourg en 1610, in-4°, sur un manuscrit de la bibliothèque de cette ville. Le père Poussines ayant eu les quinze livres entiers d'un manuscrit grec du Vatican et d'un autre de la bibliothèque Barberine, qu'Holsténius avait collationnés avec celui de Médicis, les traduisit en latin et les publia en ces deux langues avec un glossaire et les notes de Hoeschélius, à Paris en 1651, in-fol. Ils ont été réimprimés à Venise, en la même forme, en 1729, avec les notes de du Cange sur l'Alexiade, imprimées à Paris en 1670, à la suite de 'Histoire de Jean Cinname. Frédéric Gronovius avait promis2, dans une lettre écrite en 1643 à Georges Richter, de donner une édition complète de l'Alexiade; on ne voit point qu'il ait tenu parole. [L. Schoppen a donné une nouvelle édition de cette Histoire dans le deuxième volume de la Byzantine publiée à Rome.]

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Edition de l'histoire de

Brienne.

36. C'est aussi au père Poussines qu'on est redevable de l'édition de l'Histoire de Ni- Nicéphorecéphore Brienne. Il la tira d'un manuscrit grec de Jacques Cujas, où elle était à la suite des quinze livres d'Anne Comnène, mais sans le commencement du prologue; elle fut imprimée à Paris en 1661, in-fol., à la fin de Procope, l'un des auteurs de la Byzantine, et on l'a remise sous presse à Venise en 1729, [et, d'une manière plus correcte, à Rome, dans la nouvelle édition de la Byzantine.] Elle est divisée en quatre livres. On voit, par ce qui reste du prologue, que Nicéphore avait pour but, dans cette histoire 3, de montrer qu'Alexis, en dépouillant Nicéphore Botoniate de l'empire, pour se l'approprier, était en droit de le faire; il rapporte à cet effet la révolte de Botoniate contre Michel Ducas, les mouvements qu'Alexis se donna pour mettre sur le trône Constantin Ducas, frère de Michel, et un autre Constantin Ducas, fils du même empereur Michel; les embûches que l'on dressa à Alexis, les dangers auxquels il fut exposé, et enfin son attention à associer à l'empire Constantin Ducas, encore enfant, avec l'espérance de succession, afin de maintenir l'empire dans la famille des Ducas. Après un détail de tous ces faits, le dessein de Nicéphore était de donner de suite l'histoire de l'empereur Alexis; mais une mort prématurée ne le lui permit pas. Il ne voulut pas donner à son ouvrage le titre d'histoire, mais de simples Mémoires +. De quelque manière qu'on les intitule, on ne les trouvera point au-dessous du jugement avantageux qu'Anne Comnène en a porté en disant qu'ils sont très-bien travaillés 5, et aussi admirables par la liaison et la justesse du discours que par l'agrément et la douceur du style et de l'élocution.

Ibid., pag. 6, edit. Venetæ. Alexiad., in præfat., pag. 2.

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