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Discours de Zooare.

très-sainte Vierge Mère de Dieu, se lit dans le tome III des Monuments de l'Eglise grecque, par Cotelier. Génébrard en avait donné une partie, mais seulement en latin, et c'est sur sa version que cette partie a été insérée dans le tome XII de la Bibliothèque des Pères de Cologne en 1618, et de Paris en 1654, et dans le tome XXIII de celle de Lyon en 1677. Cette hymne est faite contre les hérésies d'Arius, de Macédonius, d'Apollinaire, de Nestorius, de Marcion, d'Eunomius, d'Eutychès, de Manès, d'Origène, d'Evagre, de Novat, des encratites, des massaliens, d'Aétius, de Paul de Samosate, de Sergius, de Pyrrhus, d'Apelles, des iconoclastes, des bogomiles. Zonare y met aussi au nombre des hérétiques les Italiens, c'est-à-dire ceux qui enseignent que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Il avait donc épousé à cet égard l'erreur commune des Grecs de son temps. Son hymne est divisée en plusieurs odes, et chaque ode en plusieurs articles, portant en titre l'hérésie qui y est condamnée. C'est dans le dernier article qu'il combat la doctrine de l'Eglise romaine sur la procession du Saint-Esprit. Il parle de l'hérésie des bogomiles comme répandue depuis peu. Il fait consister l'hérésie d'Apelles en ce qu'il distinguait le Créateur du monde de l'unique principe de toutes choses qu'il nommait Dieu, et qu'il regardait le Créateur du monde comme créé lui-même par l'unique principe. Des deux erreurs qu'il attribue à Origène, l'une est la précxistence des âmes, l'autre que les peines des damnés ne sont pas éternelles. Il oppose à chaque hérésie qu'il condamne la profession des vérités opposées. L'hymne de Zonare étant faite pour être chantée, l'auteur en avait marqué le ton par un acrostiche.

34. Il reste à remarquer qu'Allatius, dans sa dissertation sur les écrits des Siméons, fait mention de quatre discours ou opuscules de Zonare le premier 1, sur l'Adoration de la croix; le second2, la Vie de saint Sylvestre, publiée en latin par Lipoman et Surius, au 31 décembre, sous le nom de Siméon Métaphraste; le troisième 3, un discours sur la Présentation de Jésus-Christ au temple; le quatrième, l'Eloge de saint Sophrone, évêque de Jérusalem. Gesner le fait encore auteur d'une paraphrase sur la Logique d'Aristote. Balsa

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mon, qui s'appliqua comme Zonare à donner le vrai sens des anciens canons ecclésiastiques, l'appelle un très-excellent interprète, et dit que personne n'a mieux réussi que lui à nous les faire entendre.

Son senti. ment sur l'eu

charistie:

Perpétuité de

tom. 1, chap.

35. Il s'était élevé de son temps une question parmi les Grecs au sujet de l'eucharistie. Quelques-uns croyaient le corps de Jésus-la oi, liv. II, Christ incorruptible; d'autres soutenaient xiv. pag. 234. qu'il était corruptible. Zonare prétendit concilier ces deux sentiments. Voici comme il s'explique dans une des lettres que Georges Douza rapporta de Constantinople : « Nous n'ignorons pas, mon cher frère, que quelques-uns, se laissant aller à leur propre esprit, forment des doutes sur la nature des mystères immaculés : les uns soutenant que l'eucharistie est incorruptible, puisqu'elle communique la vie éternelle, et les autres disant qu'elle est corruptible, puisqu'on la mange et qu'on la brise avec les dents. Mais que votre esprit ne se porte pas à s'attacher à l'une de ces opinions en rejetant l'autre comme impie car, en les examinant, vous trouverez qu'on peut soutenir l'une et l'autre dans un sens catholique. Le pain que l'on offre dans les mystères 7 est cette chair même de Jésus-Christ qui fut sacrifiée au temps de la Passion et ensevelie dans le sépulcre, et c'est ce qui parait manifestement par ce que le Seigneur dit à ses apôtres lorsqu'il institua les mystères du Nouveau Testament; car, en le leur donnant, il leur dit : Prenez et mangez, ceci est mon corps brisé pour vous et pour la rémission des péchés. Considérez donc l'état où cette chair était alors; car si elle n'était pas corruptible, elle n'a donc pas été sujette à la corruption de la mort, une chair incorruptible étant incapable de toute sorte de corruption. C'est en cette manière que le pain que l'on offre étant vraiment la chair de Jésus-Christ, est sujet à la corruption, est brisé, est coupé par les dents. S'il était incorruptible, il ne pourrait être ni coupé ni mangé. Mais ne vous scandalisez pas de cette parole, et qu'elle ne vous paraisse pas dure, puisque encore qu'on vous parle de corruption dans cette communion si divine et si terrible, néanmoins elle est bientôt suivie d'incorruptibilité; car, comme la chair du Seigneur, après qu'elle eut succombé à la

Balsamon, Schol. in Epist. Athanas. ad Amunem, tom. II Beveregii, pag. 37.

7 Panis propositionis ipsa est illa caro Christi, quæ mactata fuit et sepulcro mandata fuit.

mort, et qu'elle eut été mise dans le sépulcre, n'a point été corrompue, selon ce que le prophète dit: Vous ne permettrez point que votre saint éprouve la corruption; et qu'étant conservée par la divinité, elle est demeurée incorruptible; de même le pain que l'on offre, après qu'il a été brisé par les dents et qu'il est descendu dans l'estomac comme dans un sépulcre, revient à l'état d'incorruptibilité, étant uni, comme dit saint Jean de Damas, à l'essence de l'âme. C'est pourquoi ceux qui sortent de cette vie après avoir participé avec une conscience pure aux saints

1

mystères de Jésus-Christ, sont enlevés par les anges, à cause de l'eucharistie qu'ils ont reçue, ainsi que le dit saint Chrysostome. » Telle est la lettre de Zonare qu'Allatius 1 attribue à Glycas. Quoi qu'il en soit, de la manière dont il prétend concilier les deux sentiments opposés, il ne pouvait s'expliquer plus nettement sur la présence réelle dans l'eucharistie, qu'en disant que la chair de Jésus-Christ dans ce sacrement est la même qui fut immolée au temps de la Passion, et ensevelie dans le tombeau.

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CHAPITRE XII.

Geoffroi, abbé de la Trinité de Vendôme.
[Ecrivain latin, 1132.]

1. La ville d'Angers fut le lieu de la naissance de Geoffroi 2. D'une illustre extraction, il comptait 3 entre ses proches parents Renaud, seigneur de Craon, et Maurice son fils. Ce Renaud était fils de Robert de Bourgogne. Geoffroi fut élevé par Garnier, archidiacre d'Angers, d'où vient que Geoffroi appelle Garnier son nourricier 4; mais on lui donna pour maître un nommé Guillaume, à qui il écrivit depuis au sujet des péchés que l'on devait nécessairement confesser au prêtre.

2. Il entra de bonne heure dans le monastère de Vendôme, y fit profession de la vie religieuse et reçut les ordres jusqu'au diaconat inclusivement. Bernon 6, qui en était abbé depuis l'an 1086, se voyant hors d'état, à cause de son âge et de ses infirmités, de faire ses fonctions, remit en chapitre aux moines de sa communauté le bâton pastoral, afin qu'ils se choisissent un autre abbé. Ils élurent sur-le-champ Geoffroi; il était encore jeune 7, mais d'un esprit mùr, sage, d'un maintien modeste, très-instruit des belleslettres et doué de plusieurs autres belles qualités. Il fut le cinquième abbé de la Trinité de Vendôme, et béni en cette qualité par Yves

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de Chartres, le 23 septembre de l'an 1093. Trois jours après son élection, Yves, en le consacrant, exigea de lui une profession de foi qui fut dans la suite entre eux une occasion de quelques petites discordes.

3. La première année de son ordination 9, Geoffroi fit un voyage à Rome dans le dessin de soulager le pape Urbain II, qui se trouvait alors dans de grands besoins. Il s'était retiré dans la maison de Jean Frangipane. Geoffroi, qui, pour n'être point connu dans le voyage ni à Rome, avait affecté de passer pour le valet de ses domestiques, vint voir le pape de nuit dans cette maison, et y demeura avec lui pendant tout le carême de cette année 1094; il fit présent au pape de douze mille sous d'or 10 valant cent marcs d'argent, et voyant qu'il fallait une somme beaucoup plus grande pour rentrer dans le palais de Latran, que l'anti - pape avait laissé à la garde de Ferruchio, il donna tout le reste de son argent et vendit jusqu'à ses mules et à ses chevaux. Aidé de ce secours, Urbain II entra dans le palais de Latran; Geoffroi fut le premier qui lui baisa les pieds dans la chaire pontificale. Le pape l'ordonna

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Il ve à Rome on 1094.

Geoffroi assiste an con

mont en 1093;

Urbain à Ven

dome.

prêtre et le remit en possession de l'église de Sainte-Prisque, que les Guibertins avaient usurpée. Le pape Alexandre II l'avait donnée à Odéric, abbé de Vendôme, pour lui et ses successeurs, avec la dignité de cardinal, titre dont les abbés de ce monastère ont joui pendant environ trois siècles.

4. Geoffroi assista, en 1095 2, au concile de Clermont; le pape Urbain 3, au retour de reçoit le pape cette assemblée, alla à l'abbaye de Vendôme, y consacra l'autel de la Sainte-Croix, confirma tous les priviléges de ce monastère, et après avoir fait des reproches à l'abbé Geoffroi de ce qu'en se faisant bénir il avait fait la profession qu'Yves de Chartres avait exigée de lui, il la déclara nulle par un décret que Geoffroi 5 a eu soin de conserver. Pendant les huit jours que le pape demeura à Vendôme, Geoffroi n'oublia rien pour le bien traiter; le pape, de son côté, lui témoignait en toute occasion qu'il le chérissait comme son fils, et conserva pour lui ces sentiments jusqu'à la mort.

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Il reçoit

Pascal II en

1119.

par

6. Il fut lié d'amitié avec les papes PasAnssi le papa cal II et Calixte II, comme on le voit les lettres qu'ils s'écrivirent mutuellement. Geoffroi reçut honorablement le premier, et le retint pendant onze jours à Vendôme 7, l'an 1107. Le second ayant été volé la nuit à Tours, en 1119, l'abbé de Vendôme, informé qu'on lui avait pris jusqu'à ses habits, lui en donna d'autres. La même année, il assista à la cérémonie de la dédicace de l'autel du Ronceray d'Angers, faite par le pape. Aussitôt qu'il eut appris l'élection d'Honorius II, il lui écrivit pour l'en féliciter et lui témoigner son désir de l'aller voir, s'il n'en était empêché par ses infirmités, qu'il avait, dit-il, contractées par ses fréquents voyages de Rome. Il ne

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dissimule pas qu'il les avait entrepris pour l'utilité du Saint-Siége; que son zèle pour les intérêts de l'Eglise romaine lui avait occasionné plusieurs persécutions, surtout sous le pontificat d'Urbain II. Il chargea le porteur de sa lettre de quelques petits présents pour le pape, et de lui dire beaucoup de choses qu'il n'aurait pas voulu confier au papier. Honorius lui confirma, à lui et à ses successeurs, la possession de l'église de Sainte- Prisque à Rome, par une bulle datée du 1er avril de l'an 1128.

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Sa mort en 1:32. Fou élo

8. Le monastère de la Sainte-Trinité, situé à Angers, ayant été réduit en cendres, avec . un faubourg de cette ville, vers l'an 1132, Geoffroi y alla 11 pour fournir aux besoins des moines et prendre les moyens de réparer les ruines de leur maison. Il y mourut le 26 mars de la même année. Fidèle observateur de la règle qu'il professait, il en rendait à ses religieux la pratique aisée par son exemple, gardant exactement l'abstinence et la faisant garder aux autres 12, sans refuser aux infirmes l'usage de la viande, que saint Benoit leur permet; il savait se faire obéir 13, et quoiqu'il fût plus porté à la douceur qu'à la sévérité 14, il punissait avec rigueur les fautes de ses frères, quand les circonstances le demandaient; il ne voyait qu'avec peine que les moines eussent relation avec des séculiers 15, bien moins avec les personnes d'un autre sexe; aussi mit-il un tel ordre dans son monastère 16, qu'on n'en connaissait point de mieux réglé dans toute la France; il en augmenta les revenus du double; mais en voulant maintenir ses droits et ses priviléges, il ne put éviter d'entrer en contestation avec les évêques, les abbés et les princes voisins. D'un esprit vif et pénétrant, il se rendit habile dans les di

* Godofrid., lib. 1, Epist. 12.

9 Idem, lib. I, Epist. 16.

10 Mabill., lib. LXXV Annal., num. 75. 11 Mabill., lib. LXXV Annal., num. 161. 12 Godofrid., lib. IV, Epist. 42.

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de

vines Ecritures et dans la science des canons; ses écrits respirent une piété solide; quoique entièrement dévoué au Saint - Siége, il ne laissa pas de parler au pape Pascal II avec une grande liberté au sujet des investitures accordées à l'empereur Henri V contre les règles établies dans les conciles. Venons au détail de ses écrits.

9. Les premiers, dans l'édition du père Sirmond, sont ses lettres; elles sont distribuées en cinq livres, dont le premier comprend les lettres écrites par Geoffroi aux papes et aux légats du Saint-Siége; le second, celles qu'il écrivit aux évêques de Chartres; le troisième, les lettres aux évêques d'Angers, du Mans et de Saintes; le quatrième, celles qui sont adressées aux abbés, prieurs et aux moines de divers monastères; et le cinquième, celles qu'il adressa aux séculiers, soit clercs, soit laïques.

aux

10. Un nommé Oblon s'était emparé, depuis quatre ans, d'une terre dépendante de l'abbaye de Vendôme 1; Geoffroi, ne voyant pas d'autre moyen de la recouvrer, pria le pape Urbain II de défendre à Radulfe, évêque de Saintes, d'absoudre cet homme Ep. 1. jusqu'à ce qu'il eût rendu la terre. Par

la même lettre, il demanda au pape si l'on devait recevoir comme canonique cette sentence de Pascal Ier : « On doit regarder comme hérétique un néophyte devenu évêque. » Il n'est point question d'un homme nouvellement converti à la foi, mais d'un laïque reçu depuis peu dans le clergé. Le second concile de Clermont défend d'élever un laïque à l'épiscopat, qu'il n'ait été instruit dans le clergé pendant un an. Saint Grégoire dit la méme chose, mais on ne voit pas que ce saint ait appelé hérétiques les néophytes faits évêques; il faut donc que Pascal [er, qui a pris cette maxime de saint Grégoire, y ait ajouté, ou que le mot d'hérétique ait été mis après coup dans cette sentence: c'est ce qui faisait l'embarras de Geoffroi.

11. Geoffroi Martel, comte d'Anjou, en fondant le monastère de Vendôme, en avait donné tous les biens à saint Pierre, c'est-àdire au Saint-Siége, et ne s'en était réservé à lui et à successeurs que la protection; ainsi c'était un aleu du Saint-Siége pour lequel les abbés de Vendôme payaient une redevance à la cour de Rome; c'est ce qui enga

1 Lib. 1, tom. III, Oper. Sirmundi, edit. Venetæ, an. 1728, pag. 411.

XIV.

geait l'abbé Geoffroi à recourir au pape toutes les fois que quelqu'un usurpait les droits ou les biens de son abbaye, et à en demander souvent la confirmation. Le pape Pas- Epist.. cal II avait écrit à Geoffroi de maintenir Paganus en possession de l'abbaye de SaintAubin d'Angers, pour laquelle il avait été élu, après la démission volontaire qu'Archembaud en avait faite au chapitre, tenant en main la règle de Saint-Benoît; mais ni les lettres du pape, ni les prières faites au légat et à l'évêque d'Angers ne purent empêcher qu'Archembaud, qui s'était repenti de sa démission, se maintint dans sa dignité d'abbé. Il était d'usage alors 3, lorsqu'on se démettait d'un bénéfice, ou qu'on en recevait l'investiture, d'y employer ou le bâton pastoral, ou un couteau, ou quelque chose de semblable; et parmi les moines, la règle de SaintBenoît.

12. L'empereur Henri IV n'avait pu obte- 7. nir de Grégoire VII, ni d'Urbain II, le droit d'investiture. Pascal II, par la crainte de voir mourir tous ceux qui l'avaient suivi et qui étaient déjà dans les fers, d'occasionner la désolation de l'Eglise romaine, et un schisme dans toute l'Eglise latine, accorda les investitures à Henri V. Cette conduite fut désapprouvée de tous les gens de bien; ils se plaignirent hautement que Pascal II eût violé les droits de l'Eglise. Geoffroi de Vendôme lui en écrivit en des termes assez vifs, en l'exhortant à casser ce qu'il avait fait, et à le corriger sans délai, en pleurant comme un autre saint Pierre, de peur, dit-il, que l'Eglise, qui semble sur le point de rendre le dernier soupir, ne périsse entièrement. Il soutient dans sa lettre que l'investiture cst une hérésie, suivant la tradition des pères, et que celui qui, au lieu de s'y opposer, la commande, perd la foi.

13. Geoffroi dit dans une lettre à Conon, légat en France vers l'an 1115, que huit papes avaient confirmé les priviléges de l'abbaye de Vendôme, savoir: Benoît IX, Clément II, Victor II, Nicolas II, Alexandre II, Grégoire VII, Urbain II, Pascal 11, dont en effet on a encore les lettres en faveur de cette abbaye; et qu'ils s'étaient réservé à eux seuls le pouvoir de la gouverner, à l'exclusion des évêques, des légats, et de toute autre personne. Un de ces priviléges était

2 Can. 9, et Sirmund. notis in hanc Epist. s Not. Sirmund. in Epist. 6.

11

18.

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Second livre.

que l'abbé de Vendôme ne pouvait être appelé au concile ni par l'évêque diocésain, ni même par le légat apostolique, mais seulement par le pape.

14. Par les mêmes priviléges, il était défendu à tout évêque de mettre en interdit les églises dépendantes de l'abbaye de VenEpist. 2. dôme; d'en excommunier les moines, ou de les interdire. Yves de Chartres y ayant contrevenu, Geoffroi lui déclara qu'il ne tiendrait aucun compte de ses censures; mais à sa prière, il reçut à pénitence un moine qui s'était en3, 4, 6. fui du monastère. Il le consulta même sur la manière de recevoir les clercs apostats, et sur quelques autres difficultés. Néanmoins, Yves de Chartres l'appelait son sujet et son profès, parce qu'en lui donnant la bénédiction abbatiale, il avait exigé de lui une profession par laquelle il promettait obéissance 7. à cet évêque. Geoffroi le trouva mauvais, assurant qu'il avait fait cette profession avec une trop grande simplicité, et en suivant le conseil d'Yves dont il ne se méfiait pas; «mais, ajoute-t-il, le pape Urbain, sachant que j'avais été séduit, cassa cette profession, et défendit aux abbés de ce monastère d'en faire à aucun évêque. » Selon le droit ancien, les abbés étaient soumis aux évêques, et ils leur promettaient obéissance avant d'en recevoir la bénédiction; mais ceux qui, par les priviléges du Saint-Siége, étaient exempts de la juridiction des évêques, comme les abbés de Vendôme, ne devaient point faire 9. cette profession, sinon au pape. L'évêque diocésain ne pouvait pas même excommu. nier les domestiques d'un monastère exempt.

19.

15. Geoffroi approuvait toutes les coutumes qui s'accordaient avec la règle de SaintBenoît, mais il ne pouvait souffrir celles qui y étaient contraires; il mettait de ce nombre l'usage introduit en quelques monastères de réitérer le sacrement de l'Extrême-Onction; voici quel était son raisonnement. On ne doit 20. réitérer aucun sacrement: or, l'onction des infirmes est appelée sacrement par le SaintSiége apostolique et catholique, comme on le voit par la lettre du pape Innocent Ier à Décentius, évêque d'Eugubio. Mais quoique cet argument lui parût solide, il ne laissa pas de proposer la question à Yves de Chartres, qui lui répondit qu'il ne croyait pas qu'on dut réitérer l'onction aux malades, parce que c'est un sacrement de la pénitence publique

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qui ne se doit pas plus réitérer que le baptême. Ces deux écrivains ont été abandonnés en ce point par le commun des théologiens qui enseignent qu'il n'y a que les sacrements de baptême, de confirmation et d'ordre, qu'on ne puisse réitérer.

16. Le successeur d'Yves dans le siége Epist 27 épiscopal de Chartres, fut Geoffroi, homme de bonnes mœurs et habile dans les affaires. L'abbé de Vendôme eut souvent recours à lui pour se faire rendre justice des torts faits à son abbaye, soit par des laïques, soit par des ecclésiastiques. Il paraît que cet évêque trouvait mauvais que le pape accordât aux abbés l'usage des ornements épiscopaux, et qu'il les exemptât de la juridiction de l'ordinaire, d'où vient qu'il les appelait acéphales. Geoffroi lui écrivit que le Saint-Siége n'usait pas d'une plus grande indulgence en accordant aux abbés les ornements pontificaux, qu'on n'en usait envers celui qui est choisi évêque sans le mérite d'une bonne vie et sans être promu aux ordres sacrés. « Au reste, ajoute-t-il, nous ne sommes pas acéphales, puisque nous avons Jésus-Christ pour chef, et le pape après lui; notre monastère l'a eu pour chef dès le commencement, et l'aura, Dieu aidant, jusqu'à la fin. » Il rapporte le décret du pape Urbain qui annulle la profession d'obéissance que Geoffroi avait faite à Yves de Chartres, et un autre décret du même pape qui déclare tous les moines de Vendôme exempts de la juridiction des évêques. Il cite encore un privilége accordé à cette abbaye par le pape Callixte II en 1119, et daté de Paris. Le père Sirmond l'a donné tout entier dans ses notes sur cet endroit. Geoffroi attribue au concile de Clermont cette maxime : « Que celui qui a été dépouillé sans formalité, peut rentrer dans ses droits sans formalité, » et dit qu'elle fut approuvéc de tous les évêques et de tous les abbés présents; il était du nombre. Ses lettres à Geoffroi, évêque de Chartres, sont remplies de plaintes, que sous son épiscopat les biens de l'abbaye de Vendôme dépérissaient, faute de lui rendre justice contre ses usurpateurs. L'évêque de Chartres ne laissa pas dans la suite d'être favorable aux religieux de cette abbaye, comme on le voit par la lettre qu'il écrivit à Hubert, successeur de Geoffroi, rapportée par le père Sirmond, et dans le vingt-unième tome de la Bibliothèque

Epist. 28, Godofredi, et tom. XXI Bibliot. Fat., p. 101.

28.

29, 30.

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