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des proverbes des philosophes arabiques et de leurs chastoiements, et des fables et des vers; en partie de semblance de bêtes et d'oiseaux; et il l'a appelé Discipline du clergé, parce qu'il rend le clerc bien doctriné. » Il contient un prologue et trente fables. Joseph Rodriguez de Castro nous apprend que l'on conserve à la bibliothèque de l'Escurial cet ouvrage, mais sous le titre de Proverbiorum

seu clericalis disciplinæ libri tres 1. Wolf croit que ce traité n'est autre que celui de Scientia et philosophia, attribué à Pierre Alphonse.]

Pierre composa encore une logique, qui fait partie des manuscrits de la bibliothèque du roi. Georges Scholarius la traduisit en grec. Lambécius en a rapporté quelques fragments dans son huitième livre 2 des Commentaires de la bibliothèque impériale.

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CHAPITRE XIV.

Cosme de Prague [1125]; Gislebert, abbé de Westminster [1123]; Gilbert, évêque de Limerick [1139]; Otton de Bamberg [1139]; Anselme de Laon [1117; Raimbaud, prévôt de Saint-Jean de Liége, vers 1158; Jean, moine de Bèze, vers 1120; Jean, diacre et moine de SaintOuen; Ambroise, moine de Saint-Ouen, XIIe siècle; Richard, cardinal, 1121].

[Ecrivains latins.]

1. Quelques-uns de ceux qui ont donné l'histoire et la suite des évêques de Prague, comme Dubravius, Hagécius et Pontanus, ont confondu Cosme, évêque de cette ville depuis l'an 1091 jusqu'en 1098, avec Cosme, doyen de la même Eglise, et auteur de la Chronique de Bohême. Mais il est clair qu'il faut les distinguer l'un de l'autre. Cosme, auteur de la Chronique, parle lui-même de l'évêque de même nom. Il met son élection en l'an 1091, et sa mort au mois de décembre 1098, lui donne pour successeur Hermann en 1099, et dit qu'il fut ordonné prêtre avec lui la même année par l'archevêque Séraphim. Il ajoute qu'Hermann gouverna l'Eglise de Prague pendant vingt-deux ans et six mois; que ce fut sous son épiscopat qu'il travailla à la Chronique de Bohême. Il dit dans une des deux préfaces mises par lui à la tête de l'ouvrage, qu'il était alors doyen de l'Eglise de Prague. C'est tout ce que l'on sait de sa vie. [Cosme naquit d'une famille de Polonais vers l'an 1045. Il fit ses premières études à Prague, et passa ensuite à Liége, où il étudia assidûment sous Francon. On le voit ensuite mêlé aux plus grandes affaires de l'Eglise et de l'Empire. Vers l'an 1100, il était déjà membre du chapitre de Prague, et

1 Escritores rabbinos espanoles. (L'éditeur.) * Pag. 385.

3 Voyez Prolegomena de Kopke au tome CLXVI

il en devint doyen entre les années 1119 et 1122. Il mourut le 21 octobre 1125 3.]

Sa chronique de Bohê

2. La première de ces préfaces, ou épîtres dédicatoires, est adressée à Sévère, prévôt me. de l'Eglise de Prague; la seconde à Gervàise, maître des arts libéraux, son ami. Cosme a divisé sa Chronique en trois livres. Le premier remonte jusqu'à l'origine du duché de Bohême et de la ville de Prague. Borivoy fut le premier des ducs, qui embrassa la religion chrétienne en 894. Le second commence au règne de Primislas, ou Brzetislas en 1028; et le troisième finit à celui du duc Sobeslas en 1125, qui fut l'année de la mort de Cosme, suivant un ancien manuscrit de l'Eglise de Prague. Il composa son premier livre sur d'anciens mémoires, et les deux autres sur ce qu'il avait vu lui-même ou entendu de témoins oculaires. Le second livre est dédié à Clément, abbé de Breune. Cosme s'excuse, à la tête du troisième, d'entrer dans un grand détail de certains événements qui intéressaient des personnes vivantes, et qui auraient exigé de lui des louanges qu'elles ne méritaient pas. Il se plaint en passant que les princes ne trouvent plus dans leurs cours que des adulateurs, toujours prêts à les approuver en tout,

4

de la Patrologie, col. 9 et 54. (L'éditeur.) — ↳ Fabricius, tom. I Bibliot. Latina media latinitatis, pag.

1216.

Editions de

cette chroni

que.

au lieu de leur donner des conseils salutaires. Sur l'an 1095, il parle de l'ardeur que l'on témoignait de tous côtés pour la croisade, et dit qu'elle était telle dans la France orientale, que les villes et les villages paraissaient abandonnés. Mais il témoigne que Cosme désapprouva la conduite des croisés envers les Juifs, qu'ils forçaient de recevoir le baptême; qu'il aurait empêché cet abus, s'il en avait eu le pouvoir, et que les juifs ainsi convertis ne tardaient pas à profaner le baptême en retournant à la pratique de la loi de Moïse. Il dit, sur l'an 1100, que le duc Brecislas étant mort, sa sœur Ludomille fit bâtir une chapelle en l'honneur de saint Thomas, apôtre, où elle ordonna que l'on dirait chaque jour une messe pour les morts.

3. Fréhérus fit entrer les trois livres de Cosme dans son Recueil des Ecrivains de Bohême, imprimé à Hanaw en 1602, 1607, infolio, [et 1620.] Ces éditions élant devenues rares, Burchard Menckenius publia de nouveau la Chronique de Cosme à la fin de son premier tome des Ecrivains d'Allemagne, à Leipsick en 1728, in-folio. Il joignit au texte un bon nombre de notes, soit de sa façon, soit de Balbin et de quelques autres. C'est dans la dernière sur le troisième livre, qu'on lit que Cosme mourut le 21 octobre de l'an 1125, la même année que Sobeslas monta sur le trône de Bohême. [Une autre édition parut à Prague en 1783 dans le t. I Scriptor. rerum Bohemicarum, par les soins de Pelzélius et de Dobrowshius. C'est une bonne édition; mais la meilleure est celle de Kopke, dans Pertz, Monum. Germ. historica, Script., tom. IX, et qu'on reproduit au tome CLXVI de la Patrologie, col. 9-389. Elle est suivie des continuations. La première est faite par un chanoine de Wisgrade; elle va de l'an 1125 à l'an 1142. La deuxième est due à un moine anonyme de Sasave, qui a poussé cette Chronique jusqu'à l'an 1162. Cet anonyme écrivait vers l'an 1170; il semble être l'abbé Sylvestre, qui gouverna ce monastère de l'an 1134 à 1161. Une autre Continuation plus ample, connue sous le nom de continuation des chanoines de Prague, va de l'an 1140 à l'an 1283; elle est faite par divers auteurs. Ces auteurs ont eu pour dessein de suppléer à ce qui manquait à la Chronique de Cosme

1 Tom. III, nov. edit., pag. 45. 2 Pag. 178.

-

3 Mabill., lib. LXVI Annal., num. 36.

* Gislebertus, Epist. ad Anselmum, pag. 512. Mabill., lib. LXVI Annal., num. 36.

et de la continuer. Voyez Kopke in Proleg.]

Fréhérus, persuadé que la Vie de saint Adalbert, évêque de Prague et apôtre de Bohême, de Pologne et de Prusse, était l'œuvre de Cosme, la fit imprimer sous son nom dans la seconde édition des Ecrivains de Bohême, à Hanaw en l'an 1607. Mais Menckenius ne la croyant pas de Cosme, ne l'a pas rapportée. Elle se trouve dans les Anciennes1 Leçons de Canisius, dans les Bollandistes au troisième tome 2 d'avril, et ailleurs.

G slebert. Ses études et

4. Gislebert, abbé de Westminster, surnommé Crispin, parce qu'il était originaire ses voyages. de la noble famille de ce nom, avait, ce semble, la Normandie pour patrie. Il fit profession de la vie monastique dans l'abbaye du Bec, où il étudia sous saint Anselme, qui y enseignait avec réputation. Le désir de s'avancer de plus en plus dans les sciences, lui fit prendre le parti de fréquenter les plus célèbres académies des Gaules, pour y prendre des leçons des meilleurs maîtres. Il fit dans le même dessein le voyage d'Italie et de Rome, d'où il revint par l'Allemagne, qui avait aussi alors des écoles célèbres. Etant à Mayence, il eut une conférence sur la religion avec un juif très-instruit des belles-lettres, des divines Ecritures, même de la religion chrétienne, et accoutumé à la dispute. Ce juif venait souvent voir Gislebert pour ses affaires particulières; et après en avoir conféré, ils disputaient chaque fois sur la religion chrétienne et sur quelques endroits de l'Ecriture. Ils s'en appuyaient l'un et l'autre pour soutenir leur sentiment. Mais dans ces disputes ordinaires, ils étaient seuls. Celle dont nous avons à parler se fit en présence de plusieurs personnes. A son retour au Bec, Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, le fit venir en Angleterre. Saint Anselme, supportant avec peine son absence, le redemanda souvent, mais il ne fut pas écouté.

Il est fait

minster.

5. Lanfranc, qui le croyait 6 plus utile pour le gouvernement de l'abbaye de Westmins- abe de Westter, l'en fit choisir abbé. Saint Anselme, ayant appris son élection 7, l'en congratula. Il lui écrivit depuis sur le sacrement de l'autel. On met l'élection de Gislebert en 1082. En 1107, Henri, roi d'Angleterre, le députa à saint Anselme pour donner la bénédiction abbatiale à Hugues, moine du Bec,

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élu abbé du monastère de Saint-Augustin. Gislebert mourut au plus tard en 1123, puisqu'il envoya son Dialogue à Alexandre, évêque de Lincoln, qui ne le fut qu'en cette année-là. Il eut la joie, avant sa mort, de recevoir dans son monastère le juif avec qui il avait eu une dispute à Mayence, et de lui donner l'habit monastique.

6. Ceux qui avaient été présents à la 02 conférence de Mayence, prièrent Gisle

bert de mettre par écrit ce qui s'y était passé. Il le fit, mit la conférence en forme de dialogue, et la dédia à saint Anselme, alors archevêque de Cantorbéry. Gislebert prend dans l'épitre dédicatoire le titre de procureur et de serviteur du monastère de Westminster. La première question du juif regarde la haine que l'on a pour ceux de sa nation parmi les chrétiens. « Montrez-nous, dit-il à Gislebert, pourquoi vous blâmez d'observer la Loi que Dieu nous a donnée, et d'obéir à Moïse, notre législateur? N'est-il pas écrit, • que celui-là est maudit qui n'observe pas tout ce qui est marqué dans cette Loi? Le législateur n'en excepte rien. » Gislebert répond: « Nous reconnaissons que la Loi est bonne, qu'elle a été donnée de Dieu, que l'on doit conséquemment observer tout ce qui y est prescrit; mais qu'il faut distinguer les temps où Dieu a voulu que ces choses fussent observées. A prendre les ordonnances de la Loi à la lettre, et à n'en juger que par les lumières de la raison humaine, il se trouverait de la contrariété dans l'Ecriture, puisque les mêmes animaux que Dieu avait trouvés bons dans la création, Moïse défend non-seulement de les toucher, mais menace de mort ceux qui les auront touchés. Il a donc, dans cette défense, quelque chose de caché et de mysterieux, comme dans beaucoup d'autres préceptes de la Loi; ils ont dû être observés, jusqu'à ce que la vérité dont ils étaient la figure, se soit manifestée. Mais quant aux autres préceptes qui ne sont point figuratifs, qui ne vont qu'à établir la vérité et la foi, qui ne commandent que la cha rité, l'observation n'en est pas prescrite pour un temps seulement, mais pour toujours. >> 7. « C'est de ces préceptes qu'il est dit, que la parole de Dieu demeure éternellement. La Loi de Moïse défend l'homicide et l'adultère; Jésus-Christ défend même la haine et les mauvais désirs. Mais la défense que la

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Loi fait de manger de la chair de porc n'étant que figurative, elle ne subsiste plus depuis que Jésus-Christ, qui est la vérité, a fait cesser par sa venue toutes les figures de la Loi qu'il venait établir. » Telle est la distinction que Gislebert apporte pour répondre aux autres questions du Juif. L'immutabilité Pag. 517. de Dieu et son immensité lui faisaient trouver l'incarnation impossible, parce que Dieu ne peut être renfermé dans un corps semblable à celui de l'homme, ni devenir corruptible. Il ajoutait que, quand il est dit dans Isaïe que le Messie s'appellera Emmanuel, c'est-àdire Dieu avec nous, cela ne veut pas dire qu'il sera Dieu, mais seulement, qu'il sera en si grande dignité auprès de Dieu et rempli de tant de grâces, qu'en lui et par lui la vertu du Seigneur sera avec nous. Chez les chrétiens, le prêtre qui célèbre la messe dit aux assistants: Le Seigneur est avec vous; s'ensuit-il qu'aussitôt Dieu se fasse homme, ou qu'étant fait homme il se trouve au milieu de l'assemblée? Gislebert rapporte les passages de l'Ecriture, qui prouvent clairement que Dieu s'est fait homme; qu'il est né d'une vierge, qu'il a conversé parmi nous; qu'il n'y a pas été en la façon que le prêtre souhaite qu'il se trouve parmi les peuples devant qui il célèbre; mais réellement et sous la forme humaine, selon que le dit le prophète Isaïe: Un enfant nous est né et un fils nous a été donné, il s'appellera le Dicu fort, le père du siècle futur, le prince de la paix. A l'égard de sa naissance d'une vierge, Gislebert dit qu'il n'était pas plus difficile à Dieu de se former un corps dans le sein d'une vierge sans le ministère d'aucun homme, que de former sans ce secours le corps d'Adam. Dieu s'est donc fait homme, non en cessant d'être Dieu, mais en prenant la nature humaine qu'il n'avait pas. C'est par l'incarnation du Fils de Dieu que l'homme a été rétabli dans l'état d'où il était déchu par le péché d'Adam: il n'y avait pas d'autre moyen de le rétablir.

8. Il y eut entre le Juif et Gislebert quelque difficulté sur certains endroits de l'Ecriture que le premier ne lisait pas dans ses exemplaires de la même manière que les chrétiens, entre autres celui-ci de Jérémie, allégué par Gislebert: Après cela Dieu a été vu sur terre, et il a conversé avec les hommes. « Ce que nous citons comme écrit dans la Loi et les Prophètes, dit Gislebert, c'est de vous que nous avons appris que c'était écrit dans la

I sai. tx, 62.

Suite,

Pag. 29, 520 et seq.

Baruc. 111, 33.

Suite.

Antres ou

lebert.

Loi et les Prophètes; car c'est de vous que l'Eglise a reçu la Loi et les Prophètes, et ce qu'elle a reçu de vous elle l'a gardé jusqu'à ce temps sans aucun changement. Les Septante ont traduit la Loi et les Prophètes de l'hébreu en grec, et les nôtres les ont traduits de grec en latin. Lisez les anciens exemplaires de nos Bibles, lisez les nouveaux, vous n'y verrez aucune variété dans le texte, et dans tous se trouve le passage allégué de Jérémie, non qu'il soit dans le livre qui porte le nom de Jérémie, mais dans celui de Baruch, ce qui revient au même, parce que celui-ci était secrétaire de Jérémie, et qu'il l'a écrit sous sa dictée. » Le juif ne connaissait pas la version que l'on nomme des Septante; Gislebert la lui fait connaître.

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9. Ensuite il répond à l'objection que ce juif faisait aux chrétiens d'adorer la croix et les images, ce qui était défendu dans le livre de l'Exode. Il y fait droit en disant que les chrétiens ne rendent de culte divin à aucune créature; qu'ils se contentent d'honorer les images des choses sacrées après qu'elles ont été bénites par l'évêque, en reconnaissant que les images, soit de la croix, soit des saints, n'ont en elles-mêmes, ni d'elles-mêmes, aucune verlu. Le Dialogue de Gislebert est suivi de sa lettre à Alexandre, évêque de Lincoln, à qui il l'envoya pour le corriger; cette lettre devait naturellement se trouver à la tête du traité même, comme l'indiquent les derniers mots. Dom Gerberon, qui l'a placée parmi les ceuvres de saint Anselme, maître de Gislebert, y a placé 2 encore un autre Dialogue entre un juif et un chrétien, sous le nom de l'abbé Rupert : il en sera parlé ailleurs. Il y a dans le cinquième tome des Anecdotes 3 de dom Martène, un Dialogue entre la Synagogue et l'Eglise, sous le nom de Gislebert; mais il n'a ni le style ni la solidité de celui dont nous venons de parler: il faut qu'il soit d'un autre écrivain de même

nom.

10. Le Dialogue de Gislebert se trouve, vrages de Gis comme on vient de le dire, dans les deux éditions de saint Anselme par dom Gerberon, à Paris, en 1675 et 1721. [C'est de là qu'il a passé au tome CLIX de la Patrologie, col. 10051036; il y est précédé d'une notice sur l'au

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teur tirée de Fabricius.] Il avait été imprimé, mais moins correct, et sans nom d'auteur, à Cologne, en 1537, in-folio. Il est encore dans le vingtième tome de la Bibliothèque de Lyon, en 1677, sous le nom de Guillaume de Champeaux. On attribue à Gislebert un commentaire sur Isaïe et Jérémie; des homélies sur le Cantique des Cantiques, sur la chute du diable et sur les péchés de pensées, de paroles, et d'actions; des remarques sur les Prologues de saint Jérôme sur la Bible; un livre au chantre de Séez; la Vie d'Herluin, abbé du Bec, imprimée à la suite des œuvres de Lanfranc, de l'édition de dom Luc d'Achéry; et un livre de l'état de l'Eglise : mais on prétend 5 qu'il est de Gilbert, évêque d'Hibernie, dans le même temps que Gislebert était abbé de Westminster.

Gilbert évêque de Li

11. Gilbert gouverna l'Eglise de Limerick depuis environ l'an 1110 jusqu'en 1139. Il merick. fut légat du Saint-Siége en Hybernie, et y tint un concile en 1110 6, pour régler les limites des évêchés de ce royaume-là. Se trouvant en Angleterre l'an 1115, il assista à l'ordination de Bernard, évêque de Saint-David's, qui se fit à Westminster 7. En 1139, ses infirmités et son grand âge ne lui permettant plus de faire les fonctions de légat, il pria le pape de l'en décharger, et mourut quelque temps après.

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Ses écrits. [Etat de l'E

12. Nous avons de lui une lettre circulaire à tous les évêques et prêtres d'Hyber- glise. nie, intitulée: Des usages ecclésiastiques. Elle a pour but d'établir l'uniformité des offices divins dans le clergé catholique de ce royaume, où il y avait encore beaucoup de schismatiques. Cette lettre est comme le prologue d'un petit ouvrage que Gilbert a intitulé de l'Etat de l'Eglise. [On le trouve avec la lettre et une notice tirée de Fabricius, au tome CLIX de la Patrologie, col. 995-1004.] Dans cet ouvrage, Gilbert distingue tous les degrés du clergé et les offices attachés à chacun; les monastères et les officiers destinés à les gouverner; puis les gens mariés et leurs devoirs. C'est à l'évêque 1o de consacrer et de bénir tous les vases et les ornements destinés au saint ministère; d'ordonner les prêtres, les diacres, et autres ministres inférieurs, les abbés et les abbesses; de confir

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Suite.

Suite.

Suite,

mer les baptisés; de dédier les églises; d'indiquer et de tenir le synode; de bénir une reine, et une vierge en lui donnant le voile. Il peut faire aussi tout ce que font les ministres qui sont au-dessous de lui. Il porte des ornements attachés à sa dignité, le bâton pastoral, l'anneau, la mître, la dalmatique, les sandales. L'archevêque a de plus le pallium; c'est lui qui sacre les évêques, aidé des évêques de sa métropole. La consécration de l'archevêque appartient au primat, et celui-ci doit être sacré à Rome par le pape. Les primats tiennent chez nous la place que les patriarches occupent en Orient.

13 Les fonctions du prêtre sont d'administrer le baptême sous une triple immersion 1, d'offrir souvent le sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ, d'instruire le peuple chaque dimanche, d'oindre les fidèles une fois en chaque maladie dangereuse, de donner la communion aux baptisés aussitôt après le baptême, à tous les fidèles trois fois l'année, à Pâques, à la Pentecôte et à Noël; et aux moribonds, lorsqu'ils demandent la communion de vive voix, ou par quelque signe; de donner des cendres au commencement du carême; d'excommunier ceux qui sont tombés dans de grands crimes, d'éloigner de la communion les pécheurs d'habitude, et d'empêcher qu'ils aient communication avec les autres fidèles; ils peuvent, mais avec la permission de l'évêque, recevoir à l'unité de l'Eglise ceux qui, à l'article de la mort, témoignent du regret d'en avoir été séparés pour leurs crimes. Gilbert détaille plusieurs autres fonctions des prêtres, qui sont con

nues.

14. Il ne dit rien de particulier pour l'office des diacres ni des sous-diacres 2. Nous remarquerons sur les portiers, qu'ils étaient chargés d'empêcher qu'aucun juif ni païen, ni les catéchumènes se trouvassent à l'église à l'heure du saint sacrifice, et d'en faire sortir les chiens et les excommuniés.

15. Les moines 3, faisant profession de vaquer entièrement à Dieu dans la prière, sans se mêler des affaires du siècle, doivent s'abstenir de baptiser, de communier, et de faire toute autre fonction ecclésiastique à l'égard des laïques, s'il n'y a nécessité, et que l'évêque le leur ordonne. A l'égard des

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laïques, ils ne doivent point contracter mariage jusqu'au sixième ou septième degré de parenté, ni prendre pour femme leur commère. Il leur est ordonné de fréquenter les églises, de payer fidèlement les prémices, les offrandes et les dîmes de leurs fruits. Les prêtres y avaient part. Gilbert veut qu'ils aient tout le texte des évangiles, le psautier, un missel, un bréviaire, un manuel, et le livre synodal, avec une boîte pour mettre les oblations, c'est-à-dire pour conserver l'eucharistie.

16. Il remarque 5 sur le pape, qu'il a seul la prééminence sur l'Eglise universelle, qu'il ordonne et juge tous, qu'il est aussi ordonné de tous, parce que les Romains l'intronisent du consentement de toute l'Eglise; qu'il s'habille chaque jour d'un manteau rouge, afin de montrer qu'il est toujours prêt au martyre.

Suite.

Lettro de Gilbert à saint

17. Ce traité, dans le recueil des Lettres hybernoises d'Ussérius, est suivi de celle que Alme Gilbert écrivit à saint Anselme ", pour lui témoigner sa joie et sa gratitude de ce que, par ses soins et ses travaux, il était venu à bout d'obliger les Normands à se conformer aux décrets des saints pères dans l'élection et la consécration des évêques et des abbés. Il joignit à sa lettre un petit présent pour l'archevêque de Cantorbéry, qui lui en rendit grâces par une lettre où il l'exhorte à extirper d'Hybernie les mauvaises mœurs, et à y faire fleurir la piété, en persuadant au roi et aux évêques du royaume de l'aider dans cette bonne œuvre. Cette lettre de saint Anselme est la cent quarante-troisième du troisième livre dans l'édition de ses ouvrages par dom Gerberon.

Saint O

ton de Banı

18. En Allemagne, Otton, évêque de Bamberg, se rendit célèbre par ses missions apos- berg. toliques. Il était né en Souabe, vers l'an 1062 ou 10639, de parents nobles 10, mais dont les biens n'étaient pas considérables. Dès sa première jeunesse, ils l'appliquèrent à l'étude des lettres; il apprit de suite les humanités et la philosophie. Ses parents étant morts, et ne trouvant pas dans sa famille de quoi fournir aux frais de plus hautes études, il passa en Pologne, où les gens de lettres étaient rares, y tint une école publique, y acquit du bien et de l'honneur, et

par Ussermann, et reproduite au tom. CLXXIII, col. 1267-1314. (L'éditeur.)

9 Bolland. ad diem 2 julii, pag. 360.

10 Otton Vita, ibid., pag. 379.

XIV.

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