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vicomte de Narbonne Aimeri II, et cinq lettres ou diplômes.

L'origine du différend avec le vicomte de Narbonne était antérieure à l'épiscopat de Richard, et Bertrand, son prédécesseur immédiat, avait éprouvé de la part d'Aimeri Ier, ce dont il se plaignit sous le gouvernement de son fils. L'archevêque de Narbonne, après avoir exposé ses plaintes et ses griefs contre Aimeri II, exhorte ceux qui lui succéderont dans le gouvernement de cette église à faire tous leurs efforts pour recouvrer les droits qu'il a laissé enlever par sa faiblesse, et parce qu'il avait manqué de courage pour résister aux maux qu'on lui faisait souffrir. On voit dans cette relation, que Bertrand, prédécesseur de Richard, avait été déposé par le pape, et que l'archevêché de Narbonne était resté vacant pendant quelque temps, avant que Richard en fût pourvu. Quoique cet archevêque eût été extrêmement maltraité par les gens du vicomte de Narbonne qui l'avaient enfermé dans une étroite prison, d'où il ne sortit qu'en acquiesçant à tout ce que l'on exigeait de lui, cependant son mémoire est écrit avec assez de modération, mais avec plus de candeur que d'éloquence. On le trouve

dans l'appendice au tome VI de la Gallia christiana, et parmi les preuves de l'Histoire du Languedoc.

Dom Martène a publié, dans sa Grande Collection, une lettre adressée à Sanche V, roi de Navarre, par laquelle Richard confirme l'excommunication lancée contre les diocésains de Pampelune, et interdit toute communication avec eux. Il y défend d'ensevelir les morts et de célébrer l'office divin dans les églises, et permet seulement d'administrer le baptême aux enfants en cas de maladie et de danger de mort. Richard écrivit encore au pape Grégoire VII une lettre dont Mabillon parle dans ses Annales; mais on ne l'a point publiée. Les autres pièces publiées dans la Patrologie, parmi les lettres et diplômes, sont l'accord passé entre l'archevêque Richard et Bernard, vicomte de Béarn, son consanguin, et trois chartes, parmi lesquelles il y en a une pour sauvegarder les droits des naufragés. Elle est faite d'accord avec le vicomte de Narbonne, et a pour but de détruire la coutume criminelle par laquelle on pillait les biens des naufragés échappés aux flots .

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Thibaud,

clerc d'Etam. pes.

CHAPITRE XV.

Thibaud d'Étampes [XIIe siècle]; Francon, abbé d'Afflighem [avant
l'an 1130]; Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons [1121].

[Ecrivains latins.]

1. Les écrivains anglais, comptant parmi ceux de leur nation Thibaud d'Etampes, le placent dans le XIIIe siècle et le font cardinal. Il est bien plus vraisemblable qu'il était français et né à Etampes dont il portait le nom, ce qui n'empêche pas qu'il n'ait passé et demeuré en Angleterre, appelé en ce pays-là, comme plusieurs autres Français, par les rois Normands. Dom Luc d'Achéry le met au commencement 3 du XIIe siècle, vers l'an 1108, et le fait contemporain de saint Anselme, archevêque de Cantorbéry, et d'Yves, évêque 'La plus grande partie de cette notice est extraite de l'Histoire littéraire. (L'éditeur.)

2 Oudin, tom. II de Script. Eccles., pag. 1004. 3 Tom. III Spicileg., in præfat., pag. 10, 11. Ibid., pag. 142.

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de Chartres. Il vivait en effet lorsque Roscelin, clerc de Compiègne, répandait ses erreurs. Cela paraît clairement par la lettre qu'il lui écrivit. Saint Anselme et Yves de Chartres parlent également des erreurs de Roscelin comme répandues nouvellement. Quant à la dignité de cardinal, Ciaconius, dans l'article de Nicolas IV, la révoque en doute, voyant qu'elle n'était fondée que sur le témoignage de Pitséus. Thibaud fut clerc de l'église d'Etampes, professeur dans les écoles de Caen 7 et ensuite 8 à Oxford.

5 Anselm., lib. II, Epist. 41, et Yvo Carnotens., Epist. 7.

6 Tom. II Spicileg., in præfat., pag. 11.

7 Theobald., Epist. ad Margaritam Reginam.

8 Epist. ad Abbatem Habendon.

Ses lettres, .11 Spi22. Dist. 1.

2. C'est ce qu'il nous apprend lui-même dans ses lettres, qui sont au nombre de cinq; elles sont imprimées dans le tome III du Spicilége de dom Luc d'Achéry, [d'où elles ont été insérées au tome CLXIII de la Patrologie, col. 759-770.] La première est à l'évêque de Lincoln. Il s'y propose de rassurer ceux qui doutaient de la miséricorde de Dieu, et commence par accuser d'erreur dans la doctrine catholique quiconque avance que l'homme ne peut être sauvé à quelque heure qu'il fasse pénitence. Thibaud fait voir au contraire par les passages de l'Ecriture et des Pères, que la vraie pénitence consiste moins dans la longueur du temps que dans l'amertume du cœur; que, quoiqu'il soit nécessaire au salut de confesser Jésus-Christ de bouche comme de cœur, il peut arriver certains cas où la confession de vive voix devient impossible, et qu'alors celle du cœur suffit, n'y ayant pas de doute que celui qui en ce monde a la bonne volonté, ne parvienne en l'autre à la gloire.

Epist. 2, 3. Dans sa seconde lettre, adressée à Pha

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Epist. 3, 14. 129.

Epist. 4, P. 140.

rice, abbé d'Habendon, son ami, il prouve que les enfants morts sans baptême ne peuvent être sauvés, parce que personne ne peut devenir membre de Jésus-Christ, s'il n'est régénéré par l'eau et par le Saint-Esprit. Thibaud traita cette matière à la prière de cet abbé. Il marque assez clairement qu'il y avait alors de jeunes docteurs qui, peu versés dans les écrits des anciens pères, soutenaient que les enfants morts sans ce sacrement n'étaient pas damnés. Il se fait fort de combattre ce sentiment de vive voix et par écrit, comme contraire à la doctrine de l'Eglise.

4. La troisième lettre à Marguerite, reine d'Angleterre, fut, ce semble, écrite de Caen où Thibaud enseignait. Il y fait l'éloge des vertus de cette princesse; lui témoigne un grand désir de se présenter devant elle et d'être mis au nombre de ses clercs. Mais il craignait le passage de la mer. Il devint plus hardi dans la suite et passa en Angleterre, comme on le voit par sa lettre à Roscelin. Celle qu'il écrivit à Philippe, son ami, est la quatrième. Sachant qu'il était injustement calomnié, il emploie, pour le consoler, l'autorité de l'Ecriture, des pères, des écrivains profanes, et l'expérience journalière; que le monde ne juge point des choses avec vérité, parce qu'il n'écoute que des bruits vagues et incertains, sans faire attention à la pureté de la conscience de celui qui est calomnié.

5. Thibaud se qualifie maître d'Oxford dans sa cinquième lettre. Il semble donc qu'il était en Angleterre lorsqu'il l'écrivit. Son dessein est d'y combattre les erreurs de Roscelin de Compiègne, à qui elle est adressée, et de montrer que mal à propos il prétendait qu'on ne pouvait admettre aux ordres sacrés les enfants des prêtres. Il se fonde sur la décrétale du pape Calixte, où il est dit que celui-là ne pense pas catholiquement, qui ne croit pas qu'un prêtre tombé dans un péché d'impureté, puisse, après en avoir fait pénitence, être rétabli dans sa dignité. D'où il conclut que, s'il est permis à ce prêtre coupable, mais pénitent, de retourner aux fonctions de son ordre, à plus forte raison est-il permis à ses enfants, qui n'ont participé en rien au crime de leur père, d'être admis aux ordres sacrés. Il soutient que la grâce du baptême efface en eux toute tache, puisqu'ils sont par ce sacrement héritiers du royaume éternel, et que par le chrême sacré dont ils sont oints, ils sont devenus la race royale et sacerdotale. « Dieu, ajoute-t-il, a voulu naître d'une race pécheresse, afin que les hommes apprissent que les péchés des parents ne portent point de préjudice; que dans la généalogie du Sauveur il n'est fait mention que de femmes pécheresses, de Thamar, de la femme d'Urie, de Ruth. » Roscelin objectait qu'on ne devait point préférer les enfants illégitimes à ceux qui sont nés d'un légitime mariage; et que le baptême ne change rien à la condition des personnes; qu'il n'efface que les péchés. Thibaud répond que l'Eglise rend tous ceux qu'elle baptise ses enfants, sans distinction de pauvres ou de riches, de nobles ou de roturiers; qu'elle les allaite tous de son lait, et les fortifie de son pain; qu'il est bien vrai que le baptême ne change point les conditions; mais que cela ne s'entend que des conditions mondaines, en sorte que l'enfant d'un esclave n'acquiert pas la liberté par le baptême. Il dit que la défense d'admettre aux ordres les enfants des prêtres n'a été faite, que pour empêcher les prêtres de se marier, ou de s'abandonner à l'impureté ; qu'au reste, si le fils d'un prêtre est de bonnes mœurs, on doit l'ordonner, et ne point lui imputer les désordres de son père et de sa mère. Il rapporte là-dessus le sentiment de saint Augustin, qui ne croyait pas, dit-il, qu'on dût faire porter aux enfants la peine due aux fautes de leurs pères, ni les soumettre

Epist. B, pag. 142.

Franco", abbé d'Affigh/m.

à un décret rendu dans la dernière rigueur de la justice'.

6. Le second abbé d'Afflighem 2, abbaye à quelques lieues de la ville de Bruxelles, fut Francon, homme de piété et de savoir 3. I succéda dans cette dignité, sur la fin de l'an 1122, ou au commencement de 1123, à l'abbé Fulgence, qui gouverna ce monastère pendant trente-cinq ans avec beaucoup d'édification. Quelques affaires obligèrent Francon à faire le voyage d'Angleterre presque aussitôt après son élection. Il y reçut beaucoup d'honneurs de la part du roi Henri et des seigneurs de la cour, et en revint chargé de présents. En mémoire de ces bienfaits, il fit ériger la statue de ce prince à la porte de l'abbaye, que l'on appelle la porte du Roi. Francon s'appliqua non-seulement à faire fleurir la piété dans Afflighem, mais encore les lettres, et augmenta à cet effet le nombre des livres de la bibliothèque. Il mourut avant l'an 11304, mais on ne sait en quelle année. 7. N'étant que simple moine dans ce moGrace et dela nastère, Fulgence, son abbé, le chargea d'écrire sur la grâce, et lui écrivit à ce sujet une lettre qui se lit à la tête de l'ouvrage, avec cette inscription: «A notre très-cher frère et fils Francon. » Fulgence lui dit que ce traité lui sera utile, à lui et à ses semblables. Car, en parlant de la grâce, nous ne faisons, dit-il, que bégayer, et nous ne savons pas même ce que c'est que la grâce de Dieu. Il prie Francon de commencer son ouvrage à la création, et de le continuer jusqu'au jour du jugement; d'avoir soin, lorsqu'il sera arrivé au temps de la passion du Sauveur et de l'institution de l'Eucharistie, de faire observer l'amour merveilleux de Jésus-Christ pour les hommes, qu'il veut bien nourrir de son corps et de son sang.

Ses écrits.

Livre de la

Miséricorde.

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1 A la suite de Thibaud d'Etampes, les éditeurs de la Patrologie, col. 779-792, ont publié un traité de Musique par Théoger, moine d'Hirsauge et depuis évêque de Metz. (L'éditeur.)

2 Mabill., Annal., lib. LXXIV, num. 59.

3 Voir sur Francon, la notice tirée de Fabricius, au tom. CLXVI de la Patrologie, col. 715. (L'édit.) Mabill., ut supra.

Qui ergo maternam carnem assumpsit in manibus, et assumptam in assumptionis nostræ convertit opus;

sance qu'il devait à son supérieur. Chaque
livre a une préface particulière. Francon 1.
montre dans le premier que tous les ordres
des esprits bienheureux sont redevables de
ce qu'ils sont à la grâce du Créateur; que
c'est par la même grâce qu'ils se sont main-
tenus dans leur degré de gloire, tandis que
les anges apostats en sont déchus par leur
orgueil. Il prouve dans le second livre, que .
l'homme ne saurait assez reconnaître les
grâces de Dieu, puisque c'est pour lui que
Dieu a créé ce qui est dans le monde, et
qu'il l'a fait à son image et à sa ressem-
blance. Ingrat à l'égard de si grands bienfaits,
il désobéit à Dieu, et se voit par son péché
dépouillé de la gloire de l'immortalité. Dieu
par une seconde grâce le relève de sa chute,
en se faisant homme, afin de le racheter de
son sang. C'est la grandeur de ce bienfait
que Francon relève dans le troisième livre,
où il fait voir dans les patriarches les figures
du libérateur du genre humain. Il continue IV, V.
la même matière dans les quatrième et cin-
quième livres, où il raconte les grâces faites
à Jacob, à Joseph, à Moïse, à David.

9. Passant de l'Ancien Testament au Nou- VI, VII, VII. veau, il explique le mystère de l'Incarnation, en rapprochant ce que le prophète Isaïe dit de la naissance du Fils de la Vierge, avec ce qui est raconté de la conception et de l'enfantement de la Vierge Marie dans l'Evangile. C'est la matière des sixième, septième et huitième livres. Francon traite dans le neuvième x. du baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain; de la vertu qu'il donna aux eaux en y entrant, et de la grâce qui nous est conférée par le baptême, lorsque nous le recevons au nom de la sainte Trinité.

10. Le dixième livre est employé à faire res- x. sortir la bonté que Jésus-Christ eut envers le genre humain, en mourant pour lui rendre la vie, et en lui donnant son corps et son sang dans l'eucharistie pour l'en nourrir. « Celui, dit-il, qui a pris entre ses mains la chair qu'il avait prise dans le sein de sa mère 5, et qui a changé cette chair en l'ouvrage de

eadem Verbi potentia assumit panem in manibus, et divinæ benedictionis ac Verbi, quod ipse est, effectu vertit in corpus suum salutis nostræ sacramentum..... Sed sunt aliqui, qui visibilem sacrosancti mysterii speciem dum attentius attendunt, in veritate ipsa caligant, hæsitantes quomodo, manente pristino panis et vini sapore et specie, in substantiam carnis et corporis Christi, substantia panis possit et vini alia in aliam transire. Sed huic infirmitati potest mederi consideratio omnipotentiæ Dei, quod non sit Omnipotenti im

Liv. XI.

notre rédemption, prend le pain en ses mains, et par l'opération de la divine bénédiction et du Verbe, qui est lui-même, il change ce pain en son corps, le sacrement de notre salut. Quelques-uns néanmoins en faisant trop d'attention à l'espèce visible du sacré mystère, s'aveuglent dans la vérité même, ne concevant pas comment, la première saveur du pain et du vin demeurant avec l'espèce de l'un et de l'autre, la substance du pain et du vin peut passer en la substance de la chair et du corps de Jésus-Christ, une substance en une autre. Mais ils peuvent apporter du remède à leur infirmité en considérant que Dieu étant toutpuissant, il ne lui est pas impossible, ni même difficile de changer la substance de ses créatures en une autre substance, puisqu'il les a toutes tirées du néant par son Verbe. »

11. Francon traite dans le onzième livre de l'unité qui doit régner entre les fidèles : grâce que le Fils de Dieu demanda pour eux à son père avant de mourir. Cette vérité est le fondement de la profession chrétienne, qui ne connaît qu'une foi, non plus qu'un baptême, dans tous ses membres, fussent-ils des diverses nations dont le monde est composé; aussi sont-ils assemblés et réunis en un même corps par un même Esprit, auteur x. de toute grâce. C'est de l'effusion de cet Esprit dans le cœur des fidèles le jour de la Pentecôte qu'il parle dans le douzième livre, Esprit par lequel Dieu brise les vaisseaux de Tharse, à la toute puissance duquel aucune force ne peut s'opposer; qui, en ébranlant ies cœurs des hommes charnels, renverse dès les fondements la tour de l'orgueil, et toute la structure du péché; qui fait fondre la glace des cœurs dont il s'empare; qui enseigne la vérité et donne la force et la constance de la prêcher aux autres. En un mot, tout ce qu'il y a de vertu dans l'homme vient de cette source de piété et de grâce. Entre les exemples qu'il aurait pu produire, il s'arrête à deux à celui de saint Paul, qui de persécuteur de l'Eglise, en est devenu, par la force de la grâce, l'apôtre et le défenseur, et celui de la femme pécheresse qui vint se jeter aux pieds de Jésus-Christ chez Simon le lépreux.

possibile aut difficile creaturarum suarum aliam in aliam pro placito suo transformare, qui omnia ex nihilo potuit Verbo creare. Francon, lib. X.

1 Gandev., cap. xxxix; Trithem., cap. CCCLXVII.

Prème sur la Gloire fu

pag. 326.

12. Sur la fin de ce douzième et dernier livre, Francon témoigne qu'il commença son are, bid., ouvrage n'étant que moine d'Afflighem, et qu'il l'acheva étant abbé. Il fait l'éloge de Fulgence, son prédécesseur et fondateur d'Afflighem, et dit que, pendant qu'il gouverna ce monastère, il eut sous sa conduite, en divers lieux, plus de deux cent trente tant moines que religieuses. Parlant de l'état de la gloire future, il en fait une description. en vers élégiaques. Ce poème fait partie du douzième livre. Henri de Gandet Trithème en font mention. Quelques-uns l'ont distingué de l'ouvrage dont nous venons de parler, en quoi ils se sont trompés visiblement. Fabricius l'a rapporté tout entier dans sa Bibliothèque de la moyenne latinité.

2

Lettres de Fraucon, tom. XXI Bibl.

13. Suivent dans la Bibliothèque des Pères deux lettres de Francon l'une adressée à Lantbert, l'autre à des religieuses établies Pat.png 327, dans le Forest et dans le Bigord. C'était apparemment les mêmes religieuses dont Francon dit que Fulgence prenait soin. Il prouve dans la première, qu'un moine qui quitte son habit pour en prendre un autre ne peut être sauvé, parce que par ce fait il devient apostat et déserteur de la profession sainte qu'il a embrassée. Lantbert objectait qu'Abraham l'ermite avait quitté le sien, s'était revêtu d'un habit de soldat, et que par cette industrie il avait retiré sa nièce du désordre. Francon répond qu'Abraham ne l'avait quitté que pour un moment, par un motif de piété, et non par haine de la profession monastique. La seconde lettre est une exhortation à ces religieuses de continuer à vivre dans l'observance d'une exacte discipline; et à demander à Dieu le secours nécessaire pour surmonter les tentations de l'ennemi de notre salut.

14. On cite 3 sous le nom de Francon, un cours de la vie spirituelle, divisé en douze tomes, qu'on dit être manuscrit chez les chanoines réguliers de Tongres. Mais il y a bien de l'apparence que cet ouvrage est le même que celui de la grâce dont on vient de parler. Il y a encore deux autres traités sous son nom : l'un parmi les manuscrits de SaintLaurent à Liége, intitulé: Du Jeûne des Quatre-Temps; l'autre dans l'abbaye de SeptFonts à Bruxelles, qui a pour titre Des

2 Tom. II, pag. 598.

3 Oudin, tom. II, pag. 959, et Bibl. Belgica, pag. 318, tom. I.

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Autres

écrit attri con. Editions

bués à Fran

de ses œuvres.

Guillaume

louanges de la sainte Vierge. C'est peut-être le même que le livre des discours en son honneur, cité par Trithème 1. Le traité de la Grâce fut imprimé à Anvers, en 1565, chez Beller; à Fribourg en Brisgau l'an 1620, in-12, et depuis dans les différentes Bibliothèques des Pères.

[Le traité de la Grâce et les deux lettres de Francon sont reproduits d'après la Bibliothèque des Pères de Lyon, au tome CLXVI de la Patrologie, col. 747-814. On y a fait suivre les écrits de Francon de la Chronique d'Afflighem, écrite par un moine inconnu de cette abbaye après l'an 1123. Elle est reproduite d'après Pertz, Monum. Germaniæ historica, Script., tom. IX 2.]

15. Vers l'an 1097 3, Guillaume surnommé peaux évoque de Champeaux, du lieu de sa naissance qui

de Cham

de Châlons.

est un bourg dans la Brie près de Melun, enseignait à Paris la rhétorique, la dialectique et la théologie. Gualon, évêque de cette ville, lui ayant donné le premier archidiaconé de son église, Guillaume enseigna dans le cloître de la cathédrale jusqu'en 1108, qu'il se retira avec quelques-uns de ses disciples à une ancienne chapelle dédiée à saint Victor, éloignée alors de Paris, dans le désir d'une vie plus parfaite. Il demeura en ce lieu jusque vers l'an 1113, qu'il fut élu évêque de Châlons. La même année 5, le roi Louis VI bâtit à l'endroit de la chapelle de Saint-Victor une église et un monastère en l'honneur du même saint, où il mit des chanoines réguliers, les mêmes sans doute qui en avaient mené la vie avec Guillaume de Champeaux dans l'ancienne chapelle, et leur donna pour abbé Gilduin. En 1115, Guillaume 6 donna à saint Bernard, élu abbé de Clairvaux, la bénédiction abbatiale. Ce droit appartenait à l'évêque de Langres, qui était alors Josceran; mais soit qu'il fut absent, soit qu'il fût trop occupé, ou malade, saint Bernard s'adressa à l'évêque de Châlons. Guillaume assista en 11147 au concile de Beauvais; en 1115, à

1 Cap. CCCLXVII.

2 Ici devrait se trouver une notice sur Hugues de Cleers et sur un écrit dont il est l'auteur, intitulé Hugonis de Cleriis commentarius de majoratu et senescalia Franciæ, Andegavorum olim comitibus hæreditaria. C'est la relation et une espèce de procèsverbal d'une négociation dont il avait été chargé en 1119 auprès de Louis-le-Gros par Foulques V, comte d'Anjou, et qu'il avait heureusement terminée. Mais cette pièce ne regardant pas notre sujet, nous n'en parlerons pas. Elle est reproduite au tome CLXIII de la Patrologie, col. 1033-1038, d'après le père Sirmond. (L'éditeur.)

celui de Reims, et la même année au grand concile que Conon, cardinal et légat de l'Eglise romaine, assembla à Châlons dans l'octave des Apôtres, où il excommunia divers évêques, en dégrada d'autres, et déposa plusieurs abbés.

16. Il y avait quelque apparence de paix entre le pape Calixte II et l'empereur Henri. Pour la cimenter, Guillaume de Champeaux et Pons, abbé de Cluny 8, furent députés auprès de ce prince qui était alors à Strasbourg. C'était en 1119. L'empereur promit tout ce que les députés lui demandèrent, en particulier de renoncer aux investitures, qui avaient attiré sur lui l'anathème et la discorde dans son royaume. Mais il ne tint pas sa parole. Il nia d'abord qu'il eût rien promis, et l'évêque de Châlons lui ayant dit avec vigueur qu'il était prêt à jurer le contraire sur les reliques ou sur l'Evangile, ce prince répondit qu'on lui avait à tort fait promettre ce qu'il ne pouvait exécuter sans porter préjudice à son autorité royale.

9

est député Calixte II vers 1119.

par le pape

l'empereur en

Mort de Guillaume de Champeaux

17. Guillaume assista en 1120 au concile de Beauvais, dont il ne reste que ce qui regarde la canonisation de saint Arnoul, évê- en 1121. que de Soissons, et plaida avec éloquence la cause de ceux qui demandaient cette canonisation. La même année il termina un procès 10 touchant les dimes entre les chanoines de Saint-Martin et les moines de Vertu, lieu situé dans le diocèse de Châlons. Il mourut l'année suivante le 18 janvier, et fut enterré à Clairvaux dans une chapelle qu'il y avait bâtie à ses frais. Saint Bernard l'appelle 11 dans une de ses lettres un docte et saint évêque; et dans le concile de Beauvais, il parut, suivant un écrivain du temps 12, comme la colonne des docteurs. La Chronique de Morigny nous le représente comme très-instruit dans les divines Ecritures 13, le plus zélé de tous les évêques de France, lettré, religieux, propre à manier les affaires les plus épineuses.

3 Dubois, Hist. de Paris, lib. II, cap. vII et IX, et Mabill., Annal. lib. LXIX, num. 70.

Voir sur Guillaume une notice tirée de la Gallia christiana, et reproduite au tome CLXIII de la Patrologie, col. 1037-1040. (L'éditeur.)

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5 Duchesne, tom. IV, pag. 320, 327; et Mabill., lib. LXIX Annal., num. 70. Idem, ibid., lib. LXXII, num. 95. 7 Ibid., num. 87, 92. - Tom. X Concil., pag. 872 et seq. 9 Tom. X Concil., pag. 882. — 10 Mabill., lib. LXXIII Annal., num. 181. 11 Idem, lib. LXXV, num. 36. 12 Tom. II Spicileg., pag. 770. 13 Marten., tom. V Anecdot., pag. 879.

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