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Il est mis une seconde

pèce d'ennemi, qui y causa de grands ravages pendant son absence. C'était un clerc nommé Henri; de mœurs réglées en apparence, il surprit le prélat, et obtint de lui la permission de prêcher dans tout son territoire. Comme il avait quelque teinture de l'art de l'éloquence, il séduisit non-seulement le peuple, mais plusieurs des premiers de la ville, et quelques-uns du clergé. On le regardait au Mans comme un apôtre. Ces erreurs étaient, que le baptême ne servait de rien aux enfants; que les adultes ne tiraient aucun avantage de leurs bonnes œuvres; qu'il ne fallait point bâtir d'églises, mais renverser celles qui existaient; que le culte et l'invocation des saints étaient superflus; qu'on ne devait point chanter d'hymnes dans les églises; qu'il fallait fouler aux pieds les images et les reliques des saints, briser les croix. Il enseignait encore d'autres erreurs, répandues autrefois par Vigilance et quelques autres anciens hérétiques. Hildebert entra en dispute publique avec Henri, le convainquit, le chassa de son diocèse, et ramena à l'unité de la foi ceux qui s'en étaient éloignés.

6. Cette victoire devait rendre plus stable fois en prison. la tranquillité qu'il avait trouvée au retour de son voyage de Rome. Mais la guerre s'étant rallumée entre Foulques Réchin, comte d'Anjou, et Henri ler, roi d'Angleterre, Hildebert fut pris en trahison par Rotrou, comte du Perche, et mis en prison, d'où il ne sortit que vers l'an 1120, après être rentré dans la bienveillance du roi d'Angleterre.

Sa conduite pendant son épiscopat.

est fait archevêque de

1123.

en

7. Rendu à son Eglise, il la gouverna avec beaucoup de piété, de zèle et de prudence, travaillant autant par son exemple que par ses discours, à réparer les brèches que les calamités publiques avaient causées à la discipline. Sa vie était austère. Il couchait sur la dure, portait le cilice, se nourrissait sobrement, veillait souvent, priait beaucoup, et faisait de grandes aumônes.

8. Cependant Gilbert, archevêque de Tours, Tours étant mort en 1125, Hildebert, comme premier suffragant de cette métropole par le privilége de son siége, alla à Tours pour prendre soin de l'Eglise vacante. Tous unanimement, le clergé et le peuple, le choisirent pour leur archevêque. Louis-le-Gros, roi de France, approuva l'élection; et le pape Honorius Il la confirma, malgré l'opposition d'Hildebert, Il était alors presque septuagé naire; mais son grand âge ne l'empêcha pas de s'appliquer assidûment à la réformation

des mœurs du clergé et du peuple, des ma riages incestueux, du concubinage des prêtres. Il assembla un concile à Nantes, visita sa province. Il fit l'un et l'autre en i127.

Il demeure attaché au pape Iusacant.

1133 ou 1136.

9. Entre plusieurs lettres que saint Bernard écrivit pour amener tout le monde à l'obéissance du pape Innocent, il y en a une à Hildebert, écrite vers l'an 1131. Ce n'est pas que ce prélat s'en fût séparé; mais saint Bernard craignait que Gérard d'Angoulême ne l'attirât au parti de Pierre de Léon. 10. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'Hilde- Sa mort ea bert demeura attaché au pape Innocent le reste de ses jours, c'est-à-dire jusqu'à l'an 1133 ou 1134, auquel il mourut dans une heureuse vieillesse, le 18 novembre, environ la quatre-vingtième année de son âge, selon les Gestes des évêques du Mans. On lui a donné le titre de saint à la tête de ses ouvrages, dans les Bibliothèques des Pères, et dans quelques Martyrologes, entre autres dans le Gallican, par Du Saussai. L'éditeur de ses œuvres ne lui donne que celui de Vénérable : titre qu'il porte aussi dans quelques manuscrits, et qui peut être fondé sur ce que saint Bernard, dans sa lettre cent vingt-troisième à cet archevêque, l'appelle un homme digne de toute vénération.

ARTICLE II.

DES ÉCRITS D'HILDEBERT.

§ Ier.

Des Lettres d'Hildebert.

1. Dans la nouvelle édition, dom Beaugendre n'a eu aucun égard à l'ordre que ces lettres tiennent dans les manuscrits. Il les a distribuées en trois classes, où, sans observer le temps auquel elles ont été écrites, il donne de suite toutes celles qui sont sur une même matière. La première classe contient les lettres morales et ascétiques; la seconde, celies qui traitent du dogme; et la troisième, les lettres familières ou de pure amitié. Ces trois classes forment autant de livres.

2. Avant de commencer le premier, l'éditeur donne, par forme d'appendice, quelques lettres recouvrées depuis l'impression des œuvres d'Hildebert. Il y en a une à Turstin, archevêque d'York, par laquelle il l'assure qu'il n'a jamais rien fait contre lui en faveur de Rodulphe, archevêque de Cantorbéry, ni à Rome, ni ailleurs; et qu'il ne fera jamais. rien contre ses intérêts. Dans une autre,

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Epast 1.

adressée à Marbode 1, évêque de Rennes, il décide, d'après saint Augustin, qu'une femme qui avait consenti à ce que son mari, étant malade, demandât l'habit monastique, et fit vœu de continence, ne pouvait plus habiter avec lui. Une troisième lettre explique comment il est vrai que Dieu punit quelquefois un péché, jusqu'à la quatrième et à la cinquième génération. L'auteur donne pour exemple ce qui est dit de Caïn et de Lamech dans le livre de la Genèse. Ces trois lettres sont suivies de quelques diplômes accordés par Hildebert à divers monastères 2.

3. Guillaume de Champeaux avait, par un motif de piété, abandonné sa chaire de philosophie, pour se retirer dans la chapelle de Saint-Victor, hors des murs de Paris, et y avait commencé un monastère. Hildebert le félicita sur son changement de vie; mais il l'exhorta à continuer de prêcher. Cette lettre 2 fut écrite vers l'an 1100. Vers le même temps, Hildebert envoya à un de ses amis, évêque ou prêtre, un éventail pour chasser les mouches pendant la célébration des saints mystères. Ce petit instrument était en usage en Occident et en Orient, pour éloigner ces insectes incommodes à celui qui offrait le sacrifice. Hildebert donne à cet éventail et à 3. son usage une explication mystique. Dans sa lettre à Adèle, femme d'Etienne, comte de Blois, il entre dans le détail des vertus nécessaires à un souverain : être porté à la clémence; punir le crime, en se souvenant que celui que l'on punit est homme; avoir l'empire sur soi-même; servir le peuple; ne mépriser le sang de personne; ne proscrire .. qu'avec peine. On met cette lettre vers l'an 1101. Quelque temps après, cette comtesse, ayant perdu son mari, fit vœu de la vie monastique. Hildebert l'en congratula, et l'exhorta à se procurer la persévérance dans le bien par la pratique de l'humilité, qu'il lui fait envisager comme le fondement et la con6. sommation de toutes les vertus, Il lui écrivit encore vers l'an 1104, sur le même sujet.

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faire le pèlerinage de la Terre-Sainte, elle s'était consacrée à Dieu dans un monastère. Il donne pour raison de cette préférence, que nous devenons disciples de Jésus-Christ en portant sa croix volontairement, et non en allant visiter son tombeau. Il écrivit à la Epist. 7 et 9. princesse Mathilde, mariée depuis peu à Henri Ier, roi d'Angleterre, de rendre grâces à Dieu de cette alliance, et d'user des biens du siècle avec d'autant plus de modération qu'elle devait en rendre compte au juste Juge. Il faut rapporter cette lettre à l'an 1110. Mathilde envoya à Hildebert deux chandeliers d'or, bien travaillés. Le prélat l'en re-s. mercia par une lettre écrite l'année suivante. Il louait un ecclésiastique de ses amis d'avoir refusé divers présents en or et en argent, sans se laisser éblouir par les raisons qu'on allègue ordinairement, qu'un clerc doit faire de la dépense, et avoir toujours par devers lui de quoi donner aux pauvres. Le remède qui lui paraissait le plus puissant contre les tentations, est la confiance en Dieu.

10.

5. Un évêque de Chartres, que l'on croit 11. être Yves, s'était présenté devant la porte d'un monastère, vraisemblablement de Vendôme, demandant qu'on la lui ouvrît. Les moines le refusèrent, disant qu'ils n'étaient pas en état d'exercer à son égard l'hospitalité; mais aussi parce qu'ils craignaient, en recevant un évêque de Chartres, qui était leur diocésain, de déroger au privilége qu'ils avaient d'être soumis immédiatement au Saint-Siége. Soit que cet évêque s'en fût plaint à Hildebert, soit qu'il l'eût appris d'ailleurs, Hildebert écrivit à ces moines qu'ils auraient dû non-seulement inviter ce prélat à loger chez eux, mais vendre même les ornements de l'église pour le recevoir, plutôt que de le laisser exposé devant la porte aux injures de l'air. Il dit de belles choses sur l'hospitalité, et propose là-dessus l'exemple d'Abraham et de Loth.

6. La lettre à Henri Ier, roi d'Angleterre, est pour le consoler de la perte de ses deux fils, Guillaume et Richard, qui embarqués l'un et l'autre sur un vaisseau différent de celui du roi, firent naufrage, le vaisseau s'é

2 D. Beaugendre en a publié six; ils se trouvent avec huit autres dans la nouvelle édition des œuvres d'Hildebert, par M. Bourassé, chanoine de Tours; le quatorzième est à la fin du volume, tandis que les autres sont à la suite des lettres. La plupart regardent le monastère de Marmoutiers. (L'éditeur.)

14

12.

tant allé briser contre un rocher. Ce funeste accident arriva en 1120, au mois de novembre. On ne peut donc mettre cette lettre plus tôt qu'en 1121. Hildebert y fait un parallèle entre l'homme dans l'état d'innocence, et l'homme après le péché. Henri ler épousa en secondes noces l'an 1122 la princesse Adèle, qui fit demander à Hildebert, par l'abbé de Saint-Vincent du Mans, d'être associée aux filles de cette Eglise, et d'entrer en communion des prières publiques de la cathédrale. Epist. 14. L'évêque le lui accorda avec plaisir, et l'assura qu'à l'avenir elle serait comptée parmi les filles de son Eglise, et nommée à l'autél pendant la célébration du saint sacrifice. Dans la même lettre, qui est de l'an 1123, Hildebert appelle les moines de Saint-Vincent ses enfants et ses frères. Quoiqu'il ne désapprouvât pas les pèlerinages aux Lieux saints, il voulait que le motif en fût raisonnable et religieux. Hors ce cas, il était d'avis qu'il valait mieux remplir les devoirs de l'état auquel on est appelé de Dieu, que de s'obliger même par vœu à ces sortes de 15. Voyages. C'est sur ce principe qu'il détournait le comte d'Angers du pèlerinage de Saint-Jacques, disant qu'il serait plus utile pour lui et pour ses peuples de rester avec eux pour les gouverner.

18.

19.

21.

7. Hildebert était archevêque de Tours lors de sa seconde lettre à la reine Adèle. Comme elle n'avait point d'enfants, il essaie de la consoler de sa stérilité, en lui disant qu'elle pouvait se procurer des enfants en adoptant les pauvres; qu'il sera plus heureux pour elle d'être féconde d'esprit, que de l'être de corps; et qu'au surplus le bien qu'elle fera aux pauvres, pourra lui obtenir de Dieu des enfants. Il lui cite les exemples de Sara et de Rébecca, à qui Dieu accorda des enfants en considération des prières de leurs maris, ou de leurs bonnes œuvres. Cette lettre fut écrite lorsque la reine Adèle retournait de Normandie en Angleterre, c'est-à-dire vers l'an 1130. Hildebert écrivit la suivante avant le Carême de l'an 1131, auquel le pape Innocent II vint en France; puisqu'il promet à une religieuse de faire voir lui-même son innocence au pape dans l'audience qu'il espérait de lui; qu'elle pouvait en conséquence lui envoyer un exprès après la première semaine de Carême, pour lui marquer sa volonté et recevoir sa réponse.

8. La lettre à une récluse, nommée Athalie, est un éloge de la virginité, qu'Hildebert

montre être préférable au mariage et à la viduité, pourvu qu'elle soit accompagnée d'humilité. La lettre adressée à Guillaume, Epist. 22. abbé de Saint-Vincent du Mans, traite de l'avantage qu'il y a de joindre la vie active. avec la contemplative: ce qu'il prouve par plu sieurs passages de l'Ecriture et par l'exemple de Rachel et de Lia. On conjecture que ce 23. fut cet abbé qui consulta Hildebert sur les tentations d'impureté dont un de ses religieux était souvent attaqué, surtout dans le temps de la prière. L'évêque répondit : « Le démon, ennemi déclaré de la virginité et de la prière, fait ce qu'il peut pour faire perdre l'une et interrompre l'autre; mais il ne remporte la victoire, que lorsque l'on consent à ses suggestions. » Il conseille à ce moine de résister à l'ennemi; de se lever la nuit pour prier; de multiplier ses jeûnes; de mortifier sa chair par de fréquentes et fortes disciplines; de se munir du signe de la croix et de l'aspersion de l'eau bénite avec du sel, et de combattre la tentation par des larmes et des soupirs. Hildebert met cette différence entre l'amour du monde et l'amour de Dieu, que l'amour du monde est doux dans ses commencements, et amer à la fin; au lieu que l'amour de Dieu commence par l'amerlume, et finit par la douceur.

25.

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Analyse dt vre, pag. 77

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9. Consulté vers l'an 1098 par l'archidiacre de Séez, dont le nom n'est pas marqué, s'il deux éng. 11 était permis à une veuve d'épouser le frère de son mari, avec qui elle n'avait pas habité de son vivant; il répondit que cela ne se pou- Epist. I. vait, parce que le mariage ne consiste pas essentiellement dans sa consommation, mais dans le pacte conjugal, ainsi que le dit saint Ambroise, et ainsi que les conciles l'ont décidé. L'archidiacre, peu satisfait de cette réponse, voulait passer outre et célébrer le mariage. Hildebert écrivit à l'évêque de Séez pour l'empêcher, et il allègue les raisons qu'il avait données dans la lettre précédente. Il y ajoute l'autorité de saint Chrysostome et de saint Isidore de Séville.

2.

10. Vers le même temps Marbode, n'étant 3. que chanoine et archidiacre d'Angers, voulut se démettre de son canonicat en faveur de son neveu. La chose n'était pas aisée à cause de l'opposition de l'évêque et des chanoines. Il eut donc recours à Hildebert pour lever ces difficultés. Le prélat en parla à l'évêque d'Angers, qui parut d'abord favorable; mais il changea ensuite de sentiment; et les chanoines continuèrent de s'opposer, parce

qu'ils prenaient ombrage du grand pouvoir de Marbode et de sa famille. Cette famille est connue aujourd'hui à Rennes sous le nom Epist. 4. de Marbœuf. Hildebert conseilla à Marbode

de prendre une autre voie pour réussir dans son dessein, c'est-à-dire la voie d'amitié et de conciliation. Il ne devait du reste attendre aucune réponse favorable de l'évêque d'Angers dans cette affaire, lui qui s'était opposé à son ordination, en écrivant à l'archevêque de Tours que l'élection de Raynaud de Martigne, c'était le nom de l'évêque d'Angers, 5, 6. était vicieuse dans toutes ses parties. Il avait de plus écrit deux lettres à Raynaud même, pour le détourner d'accepter l'épiscopat, à raison de la nullité de son élection.

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15.

11. La lettre à Serlon, évêque de Séez, écrite vers l'an 1099, est pour le congratuler de s'être opposé à ceux qui avaient violé l'immunité de l'Eglise, en tirant avec violence des personnes qui s'y étaient réfugiées. Hildebert l'exhorte à tirer vengeance de cette insulte faite aux droits de l'Eglise, et à faire remettre en liberté ceux que l'on avait tirés violemment du lieu d'asile. Dans la lettre suivante qui est de l'an 1100, il s'excuse auprès de Jean et Benoît, cardinaux et légats du pape Pascal II, de n'avoir pas assisté au concile indiqué par eux à Poitiers, sur ce qu'il n'avait pas eu le moyen de faire la dépense de ce voyage, ayant été dépouillé de tout par le roi d'Angleterre et les consuls du Mans. Saint Anselme, archevêque de Cantorbéry, avait assisté en 1098 à celui de Bari, et avait réfuté solidement l'erreur des Grecs touchant la procession du Saint-Esprit ; Hildebert le pria de lui envoyer par écrit ce qu'il avait dit de vive voix sur cette matière. Saint Anselme lui donna satisfaction; ce qui occasionna à Hildebert une lettre de remerciement.

12. Il écrivit vers l'an 1103 à l'archevêque de Rouen, qu'un mariage entre parents dans les degrés prohibés ne devait pas se permettre, même pour terminer une guerre entre les deux familles, parce que, selon l'apôtre, «< nous ne devons pas faire le mal pour qu'il en arrive un bien. » Il était d'usage en quelques monastères, nommément à Cluny, de tremper l'eucharistie dans le précieux sang, avant de la donner aux communiants. Hildebert désapprouve cet usage, non-seulement comme n'élant autorisé par aucun décret de l'Eglise, mais comme contraire à l'institution de ce sacrement. « Qu'on

lise, dit-il, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, et l'on verra que Jésus-Christ donna séparément le pain et le vin à ses apôtres; que Judas fut le seul à qui il présenta un morceau trempé, mais que ce n'était pas l'eucharistie, ni rien qui la désignât; que ce n'était qu'un signe par lequel il voulait faire. connaître celui qui le trahirait. » Il cite sur cela un passage de saint Augustin sur le treizième chapitre de saint Jean.

Epist. 17.

13. Hildebert écrivit de sa prison vers l'an 1110 une lettre circulaire aux évêques, aux prêtres et à tous les fidèles, pour les instruire de la manière dont le comte de Rotrou. l'avait fait arrêter, et pour quel sujet. Il leur déclare qu'ayant été racheté du sang de Jésus-Christ, il ne demande pas à être racheté de sa prison par argent, d'autant qu'il n'acquerrait en ce cas sa liberté, qu'en ôlant à l'Eglise la sienne; qu'ainsi il aimait mieux mourir esclave, ou du moins courir les risques de sa liberté personnelle. Il se plaignit néanmoins 18. à l'évêque de Séez de l'avoir laissé en prison, sans aucune consolation, et l'exhorta à frapper d'anathème le comte de Rotrou. Il est remarqué dans la lettre circulaire d'Hildebert, que ce comte, confus des reproches qu'on lui faisait d'avoir emprisonné l'évêque, avait ordonné de le faire sortir de priet que, pour marque de la sincérité de sa parole, il avait coupé une partie des cheveux de sa tête et les avait envoyés à sa mère circonstance que Ducange a relevée dans son Dictionnaire 1, pour montrer qu'il était d'usage chez les anciens de se couper volontairement quelques cheveux pour attester la vérité de leur parole.

son,

14. Un prêtre qui, se trouvant à l'autel sans s'être muni du pain azyme, avait offert le sacrifice avec du pain commun ou fermenté, s'adressa à Hildebert, ou pour être absous de sa faute, ou pour la connaître. Ce prélat le renvoya à Raynaud, évêque d'Angers, sachant qu'il était de son diocèse, et qu'il lui paraissait juste que la faute fût réparée où elle avait été commise: car le peuple avait été scandalisé en voyant ce prêtre offrir avec du pain levé. C'est sur ce scandale, et sur la négligence de ce ministre, qu'Hildebert appuie le plus. Du reste, il dit que ce prêtre a plutôt péché contre la coutume que contre la foi. C'est pourquoi il prie l'évêque d'Angers de rendre contre lui une sentence

1 Ad verbum Capilli.

19.

Epist. 21, 22.

qui tienne plus de la bonté d'un père que de la sévérité d'un juge.

15. Il y a deux lettres d'Hildebert dans lesquelles il gémit sur les mauvais traitements que l'empereur Henri V avait fait souffrir au pape Pascal II, au clergé et au 23. peuple romain. Dans une autre, écrite vers

la fin de l'an 1112, il combat un certain hérétique qui renouvelait l'hérésie de Vigilance, et soutenait qu'on ne devait pas invoquer les saints. Il l'attaque d'autant plus vivement, que ce novateur publiait qu'Hildebert pensait comme lui sur cette matière. «< Je pense et 1 je crois, dit cet évêque, que les âmes des saints qui règnent déjà avec Jésus-Christ, savent ce que nous faisons, et qu'elles prient pour nous lorsqu'il est besoin. » Il prouve cette doctrine par l'autorité de l'Ecriture et 2. des pères. Hildebert fit revenir à l'unité de

l'Eglise deux clercs, Cyprien et Pierre, qui s'étaient laissé séduire par l'hérétique Henri; et après s'être assuré de la sincérité de leur conversion, il en donna avis à tous les archevêques et évêques par une lettre circu23. laire. Il s'intéressa auprès de Girard, cardinal légat, pour la réforme du monastère d'Evron dans le diocèse du Mans; il écrivit à Raynaud de Martigné, évêque d'Angers, qu'il n'avait pu sans injustice frapper d'anathème un certain Lisiard, parce que le rapt dont on 26. l'accusait était supposé, et que ce Lisiard et son épouse, fille de Goffrède, s'étaient mariés d'un mutuel consentement et très-libre27. ment; et il promit d'envoyer à un évêque d'Angleterre les extraits des décrets qu'il avait commencés de recueillir.

29.

30, 31.

16. Il exhorta vivement l'évêque de Clermont, vers l'an 1124, à déraciner un abus qu'il avait souffert jusque-là : c'est que, dans son diocèse, les dignités ecclésiastiques et les canonicats étaient héréditaires dans les familles. Hildebert fait voir que cet abus ne peut avoir lieu sans un péché considérable; que toutes les dignités de l'Eglise se conféraient autrefois par élection; que la disposition des biens ecclésiastiques est interdite aux laïques; que l'évêque qui introduit dans l'Eglise des coutumes abusives, et celui qui les tolère, sont coupables; qu'il en est de même d'un successeur qui ne corrige pas le mal que son prédécesseur a fait. En 1127, Hildebert réforma plusieurs abus dans les

1 Sentio enim, sentio et dico sanctorum animas jam cum Christo regnantes scire quid agatur a nobis, et

Eglises de Bretagne, comme métropolitain, et assembla à ce sujet un concile à Nantes. On y fit plusieurs statuts dont il demanda la confirmation au pape Honorius II, qui l'accorda par une lettre adressée aux suffragants de la métropole de Tours.

Epist. 32.

35.

36.

17. Il y a neuf autres lettres d'Hildebert au même pape Honorius, Dans la première, il intercède pour les chanoines de Saint-Martin de Tours, qui en défendant leurs priviléges, avaient encouru la disgrâce du pape, apparemment en les faisant valoir en des termes peu respectueux. Par la seconde, il le prie de ne pas accorder le pallium aux évêques de Dol en Bretagne, ses suffragants, attendu que l'usage n'en avait jamais été accordé qu'à Baudri, à cause de ses qualités personnelles, et non à cause de son siége. Il fait dans la troisième des plaintes au pape contre ceux qui avaient mutilé un de ses chanoines, et lui demande comment il doit se comporter envers eux. La quatrième contient aussi une plainte contre le roi de France, dont il avait été maltraité pour n'avoir pas voulu recevoir de sa main un doyen et un archidiacre, incapables l'un et l'autre de ces dignités. Il est 38, 37. parlé dans la même lettre, et dans la précédente au même pape, du procès que Nicolas, chanoine de Tours, avait avec son doyen, nommé Raoul, frère de celui qui avait mutilé ce chanoine. Raoul était accusé d'avoir conseillé celte mutilation. Comme ce différend jetait le trouble dans l'Eglise de Tours, Hildebert supplie le pape de le terminer. Ces trois lettres sont de l'an 1128. La sixième est de l'année suivante 1129. L'archevêque de Tours s'y excuse de n'avoir pu exécuter la commission que le pape lui avait donnée d'examiner la canonicité du mariage entre Hugues de Craon, et Agnès sa femme; soit parce que cette dame n'avait pas eu le temps ni la liberté de se rendre au lieu et au jour marqués, soit à cause qu'il avait été luimême obligé de se trouver, avant ce jour, à Reims, pour assister au sacre de Philippe, fils aîné de Louis-le-Gros. Dans la septième, il fait de vives, mais respectueuses remontrances sur l'abus des fréquentes appellations à Rome. « Nous n'avons point, lui dit-il, appris au-deçà des Alpes, et nous ne trouvons pas dans les lois ecclésiastiques, que l'Eglise romaine doive recevoir indifféremment toutes

easdem cum oportet et expedit orare pro nobis. Hild., lib. II, Epist. 23.

40.

41.

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