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opuscule d'Hildebert, fut imprimé pour la première fois en 1684, dans le supplément du père Homey, sur un manuscrit de la bibliothèque du roi. Dom Beaugendre l'a revu sur plusieurs autres manuscrits dont il a donné les variantes. Ce traité a tant de conformité de style, de génie, d'expressions avec les lettres, les sermons et les autres écrits d'Hildebert, qu'on ne peut l'y méconnaître. Quelques-uns l'ont mis entre les ouvrages douteux de Hugues Dufoliet, qu'ils font moine de Corbie vers l'an 1130; mais ce Hugues ne fut jamais moine de ce monastère; il était chanoine régulier, et suivait la règle, non de saint Benoit, mais de saint Augustin. D'ailleurs, le recueil manuscrit de ses ouvrages, qui est de six cents ans au moins, n'en présente aucun dont le titre ait rapport à celui de plainte et de combat de la chair et de l'âme. Il y a apparence qu'Hildebert composa ce traité après la dévastation de l'église du Mans, de la maison et des biens de l'évêché par les consuls, fauteurs des desseins et des entreprises de Guillaume-le-Roux, roi d'Angleterre, et dans la prison où ce prince l'avait fait mettre. C'est pourquoi, à l'imitation des livres de la Consolation philosophique de Boëce, il l'écrivit partie en prose, partie en vers. Il l'ag. 952. dit en un endroit que les ouvrages de saint Augustin lui étaient familiers; c'est ce que l'on remarque surtout dans son traité théologique où il les cite fréquemment.

Traité de l'Honnête et de l'Utile, p. 959.

4. Il y a plus que des raisons de style pour attribuer à Hildebert le traité intitulé De l'Honnête et de l'Utile. Dom Beaugendre l'a trouvé dans deux manuscrits 2 d'environ six cents ans, à la suite des Epitres de cet évêque, et écrit de la même main; on conjecture que c'est le même dont Hildebert fait mention dans la lettre douzième du livre Ier, adressée à Henri Ier, roi d'Angleterre, pour le consoler de la perte de ses deux fils, submergés dans la mer; et dans la troisième du même livre, écrite à Adèle, femme d'Etienne de

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Blois, comte palatin, pour l'exhorter à user de clémence envers ses sujets, dont le gouvernement lui était dévolu pendant l'absence de son mari. Dans ce traité, Hildebert fait usage surtout du livre de Sénèque sur la Clémence, mais il emprunte aussi plusieurs maximes des poètes profanes : ce qui donne lieu de croire qu'il le composa étant jeune, et dans le temps qu'il s'appliquait à l'étude des belles-lettres.

Livre des

quatre Vertus

něte, p. 993.

5. Un très-ancien manuscrit de la bibliothèque de Colbert met parmi les ouvrages de la vie hou d'Hildebert un livre qui a pour titre : Des quatre Vertus de la vie honnête: la Prudence, la Force, la Tempérance, la Justice. Ce n'est qu'un précis des maximes et des préceptes du traité de l'Honnête et de l'Utile, qu'Hildebert avait fait, ou pour son propre usage, ou pour l'instruction des jeunes étudiants; car on leur donnait à lire les lettres de ce prélat pour en imiter l'éloquence et la politesse, et apparemment encore ses autres écrits (je parle de ceux qui pouvaient être à la portée des écoliers et propres à leur former un style). Pierre de Blois 3 nous assure qu'étant jeune et dans les études, on l'obligeait d'apprendre par cœur les lettres d'Hildebert, et Ordéric Vital dit que l'on envoyait aussi ses vers dans les écoles de France et d'Italie, et qu'on y en admirait la beauté. Nous faisons ici cette remarque, parce que le livre Des quatre Vertus de la vie honnête est en vers élégiaques.

4

6. Le principal des opuscules d'Hildebert est un traité de théologie qui a servi de modèle aux théologiens scholastiques qui sont venus après lui; ils en ont suivi non-seulement la méthode, ils y ont encore puisé divers arguments, quoiqu'ils les aient souvent. rendus en différents termes. Hildebert prouve ordinairement ce qu'il avance par les témoignages de l'Ecriture et des pères, surtout de saint Augustin; mais il y emploie aussi des arguments tirés des lumières de la raison. Dom Beaugendre attribue ce traité à Hildebert, parce que, dans un ancien manuscrit du monastère de la Lyre, il se trouve au milieu des ouvrages de cet évêque, quoiqu'il paraisse quelque variété dans l'inscription, et parce qu'en conférant la doctrine établie dans cet ouvrage avec celle des sermons de cet au

servé au séminaire de Padoue a servi à la nouvelle édition de M. Bourassé. (L'édit.) — 3 Petrus Blesens., Epist. 102. Orderic. Vital., lib. X Hist., pag. 770.

Traité théo logique, pag. 1010.

Analyse de

c traité.

teur, on voit qu'elle est la même, et souvent en mêmes termes 1.

7. Ce traité est divisé en quarante-un chaCap. 1. pitres précédés d'un petit prologue. Hildebert traite d'abord de la foi, dont il donne deux définitions: la première, de l'apôtre; la seconde, en cette manière La foi est une certitude volontaire des choses qui ne tombent pas sous nos yeux, qui est au-dessus de l'opinion, mais au-dessous de la science. Elle est au-dessus de l'opinion, parce que croire est plus qu'opiner; elle est au-dessous de la science, parce que nous ne croyons qu'afin que nous sachions un jour. Dieu "s'est tellement fait connaître dès le commencement, que comme on n'a pu l'ignorer entièrement, on n'a pu aussi le comprendre. C'est par la Loi écrite que la connaissance de la foi a pris des accroissements; dès lors le Messie fut promis, mais on ne connaissait pas la manière dont il viendrait. L'Incarnation n'était connue avant la Loi et après la Loi, que de peu de personnes à qui Dieu l'avait révélée, et qui étaient comme les colonnes de l'Eglise. C'était néanmoins la foi au Médiateur qui sauvait les justes, les petits avec les grands, c'est-à-dire ceux qui étaient savants avec ceux qui vivaient dans la simplicité; en sorte que la foi des uns suppléait en quelque manière pour les simples, qui, ne connaissaient pas ce mystère, comme aujourd'hui beaucoup de fidèles simples qui ne connaissant pas distinctement le mystère de la Trinité, y croient cependant, parce qu'ils sont liés de communion et de foi avec ceux dont la foi est plus éclairée.

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8. Hildebert traite ensuite de l'unité et de l'existence de Dieu, de la Trinité, de la distinction et des propriétés des personnes, de leur égalité. Sur quoi il allègue le Symbole I attribué à saint Athanase. Il passe de là à la prescience et à la prédestination, et dit qu'il y a entre l'une et l'autre cette différence, que la prescience regarde également les élus et les réprouvés, et que la prédestination n'a pour objet que ceux qui doivent être sauvés. x. Il dit de la volonté de Dieu, qu'elle est la cause de toutes choses, et immuable; que Dieu nous la fait connaître en quatre manières par ses commandements, par ses défenses, par ses œuvres, par ses permissions; Cap. x. il dit de la toute-puissance de Dieu, qu'encore

1 M. Bourassé attribue aussi cet ouvrage à Bildebert sur la foi de la plupart des manuscrits. Les au

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qu'il puisse tout, il ne fait que ce qui convient
à sa vérité et à sa justice; sur l'Incarnation,
qu'il était convenable que la seconde personne
de la Trinité s'incarnât, afin que le Fils de
Dieu fut aussi le fils de l'homme, et que
comme c'est par sa sagesse que Dieu a créé
le monde, il le rachetât par la même sagesse;
que le Verbe, en se faisant chair, n'a pris que
la nature de l'homme, et non la personne;
que l'âme humaine, unie au Verbe, savait .
tout par grâce, au lieu que le Verbe sait tout

par nature; qu'il y a en Jésus-Christ deux na- XIV, XV, XVI.
tures et deux volontés, la divine et l'humaine;
que depuis que le Fils de Dieu s'est fait homme,
il est toujours demeuré homme-Dieu et Dieu-
homme, en sorte qu'il n'a pu pécher.

9. Sur les anges, Hildebert enseigne qu'ils ont été créés en même temps que l'homme, et mis dans le ciel empyrée; que Dieu, dans la création, les a faits spirituels, immortels, intelligents; qu'il ne les a pas créés heureux, mais pour le devenir avec le secours de la grâce qu'ils avaient reçue dans leur création; qu'il n'y a point eu d'intervalle entre leur création et leur chute; que Lucifer était le plus excellent de tous; que les démons ne sont ni dans le ciel, qui est le séjour des bons anges, ni sur la terre, de peur qu'ils ne fassent trop de peine aux hommes; qu'ils font leur demeure dans un air ténébreux qui leur sert de prison jusqu'au jour du jugement, où ils seront précipités dans les enfers. Il parle des divers ordres d'anges et de leur mission vers les hommes, et dit, d'après saint Grégoire, que chacun a deux anges: un bon, pour le garder; et un mauvais, pour le tenter.

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XXVII.

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10. Venant à l'ouvrage des six jours, il l'explique en peu de mots. Puis il parle de XXX la création de l'homme, de la formation de la femme, de l'état de l'homme avant le péché, de son péché qu'il fait consister dans un mouvement d'orgueil. « Adam pouvait, dit-il, réprimer ce mouvement, et résister au tentateur par le secours de la grâce qu'il avait reçue dans la création; par ce péché, les forces de son libre arbitre sont diminuées, de façon qu'après même la rédemption du genre humain il a besoin, pour faire le bien, d'une grâce intérieure opérante qui le délivre, en même temps qu'excitante et coopérante; au lieu qu'avant le péché il ne lui fallait qu'une grâce coopérante, parce qu'alors il n'avait pas

teurs de l'Histoire littéraire, tom. XI, pag. 362-365, l'attribuent à Hugues de Saint-Victor. (L'éditeur.)

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besoin de libérateur, mais seulement de coopérateur. «Il faut savoir, ajoute ce prélat, que le libre arbitre ne s'appelle pas ainsi parce qu'il est porté également à l'un et à l'autre, c'est-à-dire au bien et au mal1; car chacun peut bien tomber de soi-même, mais ne peut se relever s'il n'est aidé de la grâce de Dieu; le libre arbitre est suffisant de lui-même pour le mal, mais il ne suffit pas pour le bien.»>

11. Hildebert traite après cela des péchés, de l'originel et de l'actuel le premier est ainsi appelé, parce que nous le contractons dès notre origine, c'est-à-dire de nos parents, qui nous le transmettent parla concupiscence. C'est par cette voie que le péché d'Adam est XXXIV et seq. passé à tous ses descendants. Le péché actuel est celui que l'on commet par soi-même. On distingue sept péchés capitaux qui sont la source de tous les autres, et on leur oppose sept vertus que produisent en nous les sept dons du Saint-Esprit.

Traité sur

XL.

12. « Pour remédier aux maux que causent le péché originel et les péchés actuels, Jésus-Christ a établi les sacrements. Ce sont des signes visibles des grâces invisibles qu'ils produisent. Ainsi, dans le baptême, l'ablution extérieure qui se fait par l'eau est le signe de l'ablution intérieure du péché, soit originel, soit actuel. » L'ablution extérieure se faisait encore sur tout le corps, du temps d'Hildebert, ce qui montre que le baptême se donnait par immersion. Cet auteur n'entre pas dans le détail des sacrements, et il finit son traité par quelques réflexions sur l'Ancien et le Nouveau Testament. Mais il n'en est venu qu'une partie jusqu'à nous. Les autres manquaient dans le manuscrit sur lequel ce traité a été publié. Il est écrit avec beaucoup de méthode, de netteté et de précision. Hildebert commence ordinairement par rapporter les différents sentiments des auteurs sur une question; puis il donne le sien, et l'appuie de raisons et d'autorités. Ensuite il propose les objections, et les résout.

13. Le traité du Sacrement de l'autel, que

1 Præterea sciendum est quod non ideo dicitur liberum arbitrium quod æqualiter se habeat ad utrumque, scilicet ad bonum et ad malum, cum per se quisque possit cadere, sed per se non potest surgere, nisi juvetur a gratia Dei. Hildeb., Tractat. Theolog., cap. xxx.

2 Sacramento per partes diviso, non tamen corpus in partes scinditur, ut et ipsum divisim et per partes sumatur, sed sub partibus divisis el in partibus singulis a singulis percipientibus ipsum percipitur totum atque indivisum. Hild., de Eucharistiu, pag. 1105.

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Aualyse de

1103.

14. Cet évêque convient que de tous les mystères que la foi nous enseigne, et de tous cerai, pag. les effets de la puissance de Dieu, il n'y en a point où la raison humaine pénètre moins que dans ce qui se passe à l'égard de l'eucharistie; mais il en établit la réalité. « Le corps de Jésus-Christ, dit-il, est en même temps dans le ciel et sur nos autels, en quelque nombre et en quelque lieu qu'ils soient; il est sur chaque autel, non par parties, mais tout entier; non en figure, mais réellement; non dans une forme sensible, mais insensible; encore que l'hostie soit divisée en plusieurs parties, le corps de Jésus-Christ est entier? sous chacune de ces parties, en sorte que tous les communiants le reçoivent entier et sans division; malgré le changement de la substance du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ, les accidents du pain et du vin 3 demeurent sans être changés, et sans substance ou sans sujet : tout cela est inconnu à la raison; mais ce qu'elle ignore, la foi le connaît. Elle connaît par la grâce ce que la raison ne peut savoir par l'expérience.»>

15. C'est encore sur l'autorité d'un manuscrit de la bibliothèque de Colbert que l'on attribue à Hildebert une Exposition ou Com. mentaire moral sur la messe; on y remarque aussi son génie pour les allégories, et une grande conformité de sentiments avec ses poèmes sur l'Eucharistie, dont le principal est imprimé sous son nom dans toutes les éditions. Le commencement de ce commentaire avait déjà été publié par Melchior Hittorpius, à Cologne en 1568. Hildebert donne en premier lieu une explication morale del tous les habits sacerdotaux. Ensuite il ex

3 Numquid ei (rationi humanæ) capabile est, qualiter substantia panis et vini in substantiam corporis et sanguinis Domini conversa, non tamen conversa sunt pariier, sed manent immutata, sine panis et sine vini substantia, tam panis quam vini accidentia? Quomodo accidentia sine subjecto, vel hæc accidentia in quo nata sint sine subjecto? Via in istis est ignota rationi, sed non penitus ignota fidei. Ratio hic totum ignorat, sed fides præsumit quod ratio non capit. Ibid.

Exposition de la Messe, pag 1107.

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1

plique, dans le même goût, toutes les parties de la messe, dont il donne aussi quelquefois une explication littérale. On faisait alors, dans le canon, mémoire du saint ou des saints au jour de leur fête. Nous ne le faisons plus. Il s'explique sur la présence réelle avec autant d'énergie que dans le traité précédent, en ajoutant que le corps de Jésus-Christ consacré par le prêtre, est le même corps qui est né de la Vierge. A l'occasion de la bénédiction qui se donne à la fin de la messe, il remarque qu'il était d'usage, dans un entretien avec un serviteur de Dieu, de prendre sa bénédiction lorsqu'on se séparait de lui: coutume observée parmi les moines à l'égard de leur supérieur, lorsqu'ils sortent du monastère ou qu'ils y retournent. Quoique les apôtres ne fussent pas à jeun lorsqu'ils reçurent l'eucharistie, l'usage général de l'Eglise est de la recevoir avant tout autre aliment, de s'en approcher ou de s'en éloigner suivant l'avis de son pasteur.

§ IV.

Des Poèmes d'Hildebert.

Traite de la 1. Le poème d'Hildebert sur le sacrifice de de la messe est intitulé diversement dans les

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* différentes éditions qu'on en a faites. Dans celle de Paris, en 1548, il a pour titre : De la Concorde de l'ancien et du nouveau Sacrifice; dans celle d'Anvers en 1560: Vers sur le mystère de la Messe. Le titre, dans l'édition de Lyon en 1677, est le même, mais il y est dit qu'Hildebert était archevêque de Tours lorsqu'il composa ce poème; ce qui n'est pas vraisemblable, puisqu'il ne passa du Mans à Tours qu'en 1125, dans la soixante-dixième année de son âge, et que depuis il fut occupé de très-grandes affaires. Il est plus probable qu'il l'écrivit ou étant à Cluny avec l'abbé Hugues, ou au Mans dans le temps qu'il en gouvernait l'école. Ce dernier sentiment est appuyé de l'autorité d'un manuscrit de Marmoutiers, et du témoignage de Pierre Paillard, moine du même monastère, qui vivait peu

1 Nam sicut caro Christi quam assumpsit in utero virginali, verum corpus ejus est, et pro nostra salute occisum; ita panis quem Christus tradidit discipulis suis et quem quotidie consecrant sacerdotes in Eccle· sia, cum virtute divinitatis quæ illum replet, verum corpus est Christi, nec sunt duo corpora illa caro quam assumpsit et iste panis, sed unum et verum corpus sunt Christi, in tantum ut dum hic frangitur et comeditur, Christus immoletur et comedatur, et tamen integer et vivus permaneat. Hild., Expos. Missæ,

de temps après Hildebert. Quoi qu'il en soit de l'époque et du titre du poème, il est visible que l'auteur ne le composa, de même que les deux traités sur l'eucharistie, dont nous avons déjà parlé, que pour faire voir au public combien il était éloigné des erreurs de Bérenger et attaché à la doctrine de l'Eglise, que cet hérésiarque avait combattue.

Analyse de ee poème,

2. Son poème est précédé d'une élégie de la façon de Pierre Paillard, dans laquelle il pag. 1136. annonce ce poème sous le nom d'Hildebert, et d'une autre pièce en vers hexamètres au nombre de quatorze, intitulée Apologie. Ce prélat dit, dans sa préface, qu'il se propose de montrer ce que signifiait la messe des anciens, c'est-à-dire les sacrifices de l'ancienne Loi. Il commence par l'introït de la messe et donne de suite l'explication de toutes les autres parties. Sur la leçon de l'Evangile, il remarque qu'elle se faisait au côté gauche de l'autel, et qu'alors les assistants mettaient bas les bâtons sur lesquels ils s'appuyaient pendant le reste de l'office, qu'ils entendaient ordinairement debout. C'est pour cela qu'on leur permettait l'usage d'un bâton, pour se soutenir dans les grandes solennités. Il parle clairement de la transsubstantiation du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ; il s'exprime de la même manière dans le second poème, qui est aussi sur le sacrement de l'autel, et s'y fait reconnaître par le terme sacrifex pour signifier le ministre, terme qu'il emploie aussi dans ses autres opuscules sur cette matière, et qui lui est particulier 2.

Livre sur

pag. 1151.

3. L'opuscule suivant est encore sur l'eucharistie 3. Il n'est pas surprenant qu'Hildebert ait Eucharist e, traité souvent cette matière dans un temps où les bérengariens répandaient partout leurs erreurs sur ce dogme. Il y enseigne, en plus d'un endroit, que le pain et le vin sont changés au corps et au sang de Jésus-Christ; que ce corps est le même qui est né de la Vierge et qui a été attaché à la croix. Ces endroits sont cités sous le nom de cet évêque dans les manuscrits: ce qui ne laisse pas lieu

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de douter que le livre où ils se trouvent enchâssés ne soit de lui. Ajoutons que le terme sacrifex y est aussi employé plus d'une fois. Il se propose, dans cet ouvrage, de montrer pourquoi l'on offre du pain et du vin dans le sacrement du corps et du sang de notre Seigneur; pourquoi l'on y mêle de l'eau; ensuite il prouve que la chair de Jésus-Christ consacrée sur l'autel, est la même que nous croyons être née de la Vierge et avoir été attachée à la croix; que nul autre que JésusChrist ne pouvait satisfaire pour le péché d'Adam; que le prêtre, à l'autel, n'est que le ministre de Dieu qui est le sacrificateur; qu'il n'est permis à aucun fidèle d'ignorer ce que c'est que le sacrement de l'eucharistie, parce que cette ignorance le rendrait indigne de la recevoir; qu'elle leur est profitable ou nuisible suivant la diversité des mérites de ceux qui la reçoivent. Ce traité est rempli de sentiments de piété et d'onction. 11 suffit de le lire pour trouver vrai ce que dit l'auteur des Actes des évêques du Mans, qu'Hildebert, en montant à l'autel pour y célébrer le saint sacrifice, était si vivement pénétré de douleur à la vue de son indignité, qu'il fondait en larmes.

4. Hildebert exerça sa muse sur divers six jours et autres sujets 1, mais en mêlant toujours dans

Poèmes sur l'Ouvrage des autres sujets, pag. 1169 et seq.

ses vers des réflexions édifiantes, et donnant aux endroits de l'Ecriture qui en paraissent le moins susceptibles un sens spirituel et moral. C'est ce que l'on remarquera dans son poème sur l'Ouvrage des six jours 2, sur les Livres des rois et sur divers passages de l'Ancien Testament. Il mit aussi en vers le chapitre 1er de l'Ecclésiaste, les plus beaux endroits des Evangiles, des remarques sur quelques points de discipline ou de morale, la défense de Suzanne par Daniel, le martyre des Machabées, celui de saint Vincent, celui de sainte Agnès, l'invention de la sainte Croix, la Vie de sainte Marie d'Egypte (celle-ci est en vers léonius). Tous ces poèmes portent le nom d'Hildebert dans les meilleurs manuscrits. Son nom se lit aussi dans un très-bon manuscrit de l'abbaye de Saint-Amand, à la tête de l'Histoire de Mahomet 3. Mais elle est défigurée par plusieurs anachronismes et autres fautes contre la vérité de l'histoire; en

1 Il y en a un intitulé Physiologue, où il est question de quelques animaux. (L'éditeur.)

2 D'après les auteurs de l'Histoire littéraire, t. XI, p. 372, cet opuscule serait l'œuvre de l'évêque Théobald. (L'éditeur.)

sorte qu'en l'attribuant à Hildebert, on est obligé de dire qu'il l'écrivit étant encore jeune, appliqué à l'étude des belles-lettres, et que son but, dans la composition de cette histoire, était plutôt d'inspirer, par une pièce académique, de la haine contre Mahomet et ses sectateurs, que de les faire connaître tels qu'ils étaient véritablement.

Autres reèmes d'Hildu

5. C'est du même manuscrit que l'on a tiré le livre d'Hildebert intitulé Mathématique 4. bert, p. 1295. C'est une pièce académique faite dans le même temps que la précédente, mais en dérision de l'astrologie judiciaire. Il n'y attaque personne en particulier. Ce poème ne paraît pas achevé.

6. Il fit lui-même un recueil de ses poèmes sacrés et moraux, qu'il envoya à un évêque qui les lui avait demandés. On croit que c'est Guillaume, évêque de Vinchester, qui en effet lui demanda quelques-uns de ses opuscules, et à qui il en promit, comme on le voit par la trentième lettre du livre III. Ce recueil se trouve, sous le nom d'Hildebert, dans un manuscrit d'environ cinq cents ans, avec le titre de Floridus aspectus, qui est le même que l'auteur lui donne dans le prologue. Il commence par un poème sur la naissance de Jésus-Christ. Suit l'épitaphe de Robert d'Arbrissel, et quantité d'autres pour des personnes de la première condition. Les éloges qu'il donne à Robert font voir ou que la lettre dans laquelle il lui reproche sa familiarité avec les femmes n'est pas de lui, ou que, si elle l'est, il pensa depuis plus sainement de ce saint fondateur, ayant connu par lui-même la fausseté des bruits répandus sur son compte. Il y paraît de l'excès dans les louanges qu'il donne à Bérenger son maître. Mais on doit pardonner quelque chose à la reconnaissance d'un disciple, qui était d'ailleurs persuadé que son maître était mort pénitent et dans la foi catholique, après l'avoir combattue de son vivant.

7. Suivent diverses oraisons et proses rimées; un poème contre l'avarice, une élégie sur son exil, des vers sur les douze patriarches, sur les sept heures canoniales, sur les trois ordres de l'Eglise, d'autres à la louange des rois et des reines d'Angleterre, et sur différentes matières.

3 On le trouve aussi dans un manuscrit de Tours, num. 117. (L'editeur.)

Ce livre se trouve dans le manuscrit de Tours cité dans la note précédente. (L'éditeur.)

Poèmes sacrés et moraux, pag. 1310.

Suite, page 1337.

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