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Livre de

l'ornement

des

pag. 1587, et

manière d'é

crire,

1593.

grammes à diverses personnes, entre autres à la comtesse Ermengarde, fille de Foulques Réchin, et à Mathilde, reine d'Angleterre; des poèmes sur les fêtes de l'Epiphanie, de l'Annonciation, de la Purification, de l'Ascension; sur les avantages de la solitude, le mépris de la vie présente; sur l'utilité de la croisade, sur le naufrage de Jonas et sur quantité d'autres sujets. Marbode mit en vers héroïques le livre de Ruth et l'histoire du rapt de Dina, rapportée dans le chapitre XXXIV de la Genèse.

14. Le livre de l'Ornement des termes avait termes, déjà été imprimé dans l'édition de Rennes de la bonne en 1524, de même que celui qui a pour titre : pag. Des dix chapitres. Mais dom Beaugendre a revu et corrigé le premier sur plusieurs manuscrits. Marbode les composa l'un et l'autre à Angers, dans le temps qu'il y enseignait les belles-lettres. Par l'ornement des termes ou des verbes, il entend l'usage qu'on en doit faire pour donner de la grâce, de la force et de la légèreté au discours. Pour réussir à fixer cet usage, il donne la définition des différentes figures qui entrent dans un discours, et rapporte sur chacune des exemples. Ainsi, après avoir dit que l'exclamation est une figure par laquelle nous marquons notre douleur ou notre indignation en nous adressant à un homme, ou à une ville, ou à quelque autre chose, et il en propose un exemple en ces termes: 0 Asia flos Troja potens ! o gloria quæ nunc! In cineres collapsa jaces. Dans le livre Des dix chapitres, qu'il avait composé étant jeune et qu'il corrigea dans sa vieillesse, il traite: 1o de la bonne manière d'écrire, qui consiste dans la netteté du discours, à ne pas se servir d'expressions trop recherchées ni triviales, et à n'être ni trop long ni trop court; 2° du temps et de l'éternité il marque qu'il était alors dans sa soixantième année; 3° des maux que causent dans le monde les femmes débauchées; 4o des avantages que procurent aux hommes les femmes vertueuses; 5° de la vieillesse et de ses incommodités; 6° du destin et de l'astrologie judiciaire, dont il fait

:

1 Dans un manuscrit de Tours, il porte ce titre : Libellus domni Hildeberti, Cenomanensis episcopi de diversis naturis lapidum; il est en vers hexamètres, et s'accorde avec l'ouvrage édité par Beaugendre. Le manuscrit de Tours est plus correct et a plus de matières que les deux autres. (L'éditeur.)

Marbode déclame avec un emportement impar

voir la fausseté en montrant que les astres n'ont aucune influence sur les hommes; 7° de la volupté et de ses suites pernicieuses; 8° de la vraie amitié; 9° du bien de la mort pour les justes; 10° des avantages de la résurrection des corps.

1

Vers sur diferents su

Livres des pierres pre

1638.

15. Parmi les vers suivants, nous remarquerons qu'il y en a à la louange d'Anselme jets, p. 161. de Laon, célèbre par son savoir et maître d'Abailard; l'épitaphe de Charlemagne, celle de Lanfranc, archevêque de Cantorbéry. Le Pag. 1629. poème sur l'ordre monastique et ecclésiastique que dom Beaugendre croyait n'avoir pas encore vu le jour, fut imprimé à Bâle en 1557, in-8°, dans le recueil de Matthias Flaccius. Il y est même plus ample que dans la 1636. nouvelle édition. Quelques manuscrits l'attribuent à Gualon, anglais, qui écrivait vers l'an 1170. Les Proverbes sous le nom de Caton le philosophe sont peut-être du même auteur, qui lui a faussement attribué des instructions morales à son fils, divisées en quatre livres. 16. Le livre qui a pour titre : Des pierres précieuses, porte le nom de Marbode dans les cieuses, pag. manuscrits des bibliothèques de Colbert et de Saint-Victor 2. En celui-ci, le texte latin est joint à une traduction française écrite de la même main que le texte original 3. Dom Beaugendre a suivi cette disposition dans l'édition de cet opuscule; cette traduction fait connaître quelle était notre langue, il y a cinq ou six cents ans. Il n'est qu'en latin dans l'édition de Rennes en 1524, et il y porte le nom d'Evax. Ce n'est pas que Marbode ait été surnommé ainsi, comme l'assurent Balæus et Pitsæus; mais l'éditeur a intitulé ce poème Evax, parce que le prologue commence par ce terme, qui désigne Evax, roi des Arabes, sous le règne de Néron. Dans le corps de l'ouvrage, Marbode explique la nature et les propriétés de soixante pierres précieuses: ce qu'il fait en sept cents trente vers hexamètres. Il en Pag. 1677. donna depuis une explication morale en prose, qui se trouve aussi dans le même manuscrit de Saint-Victor, que l'on croit de six cents ans et plus 4.

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Apoca

17. On y lit encore une explication morale, en forme de prose, des douze pierres pré1679 cieuses mentionnées dans le vingt-unième chapitre de l'Apocalypse, et un vocabulaire latin-français des soixante-une pierres précieuses expliquées dans le premier traité. La lettre du roi Evax à l'empereur Tibère, et la réponse de ce prince se lisent à la tête d'un autre poème sur les pierres précieuses dans la Dactyliotheca d'Abraham Gorlous, imprimée à Leyde en 1695, sous le nom de Marbode, ancien poète français. Mais Gorlous ne dit point de quel manuscrit il a tiré soit les vers, soit les deux lettres.

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18. On avait déjà achevé l'impression des œuvres d'Hildebert et de Marbode, lorsque dom Beaugendre eut communication d'un manuscrit de la bibliothèque du collège de Clermont, où, entre les opuscules de divers auteurs, se trouvait un commentaire moral et allégorique en vers sur le Cantique des Cantiques. Quoiqu'il ne fût point inscrit au nom de Marbode, on y reconnaissait son style et son génie. D'ailleurs, Sigebert 1, dans le catalogue des œuvres de cet évêque, met un commentaire allégorique en vers sur ce Cantique. Ce sont là les raisons qui ont engagé l'éditeur à donner ce traité sous le nom de Marbode. Il y a joint un sermon d'Hildebert sur le dimanche des Rameaux, qu'il avait oublié de publier avec les autres sermons de ce père.

19. Dom Beaugendre n'ignorait pas que Marbode eût écrit la Vie de saint Alexis. Il la cite sur un manuscrit que les Bollandistes avaient en main. Mais, ne la trouvant pas dans les siens, il n'a pas cru devoir la donner. Elle a été publiée dans le tome IV des Actes des Saints du mois de juillet, au jour de sa fête, qui est le 17. Cette Vie est en vers bexamètres. Celle de saint Gautier, abbé et chanoine de l'Esterpe, au diocèse de Limoges, mort en 1070, est en prose. Les Bollandistes l'ont insérée au tome II de mai, pour le 11 de ce mois. Ils ont encore promis de donner, dans les Actes des saints de septembre, au vingt-deuxième jour, celle de saint Florent, martyr. Dom Luc d'Achéry rapporte, dans le tome XIII de son Spicilege 2, une lettre de Marbode adressée, dans un manuscrit de Saint-Aubin d'Angers, à Hildebert, évêque

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du Mans, qu'il consultait au sujet d'une femme qui, ayant consenti à ce que son mari se fit moine, voulut depuis l'obliger à revenir avec elle. Mais la même lettre est la deuxième de celles que dom Beaugendre a mises dans l'appendice des œuvres d'Hildebert, où cette lettre est adressée, non à Hildebert, mais à Marbode, par l'évêque du Mans, et cela sur l'autorité d'un manuscrit de la même bibliothèque et les remarques de Baluze. Dom Beaugendre a rapporté, d'après le père Homey, l'éloge d'Hildebert et de ses écrits, par Marbobe; mais il n'a pas jugé à propos de mettre parmi les écrits de cet archevêque le livre intitulé: Des trois ennemis de l'homme les femmes, l'avarice, l'ambition; ni quelques autres pièces en vers comprises dans le manuscrit d'où est tiré l'éloge d'Hildebert. Le père Horey convient qu'elles n'y portaient point le nom d'Hildebert, et qu'il ne les lui a attribuées que par une pure conjecture. [Tous ces ouvrages sont reproduits dans l'édition des œuvres de Marbode, par M. Bourassé. On trouve, dans cette même édition, plusieurs pièces de vers inédites, très-courtes, d'après un manuscrit de Tours, La plus considérable est l'éloge de Milon, moine de Saint-Aubin et ensuite évêque de Préneste sous Urbain II. Elle se trouvait dans les Annales des Bénédictins, t. V, à l'appendice, p. 670. M. Bourassé a encore augmenté son édition de trois chartes octroyées par Marbode et déjà publiées. La première est une donation faite au monastère de Marmoutiers; la deuxième est une concession faite, en 1108, au monastère de Saint-Serge d'Angers; la troisième est aussi une concession faite, en 1116, à l'Eglise de Vitry, en faveur des bénédictins qui avaient succédé aux moines qu'on avait chassés à cause de leurs désordres. Beaugendre ne reçut cette dernière charte qu'après avoir achevé son édition.]

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5 Omnes facundos sibi vidimus esse secundos, nullus pag. 1395.

dirons qu'il y a dans la prose de Marbode du naturel, de la clarté, de l'élégance, de la facilité. Parmi ses vers, il s'en trouve un certain nombre marqués au meilleur coin. Dans sa jeunesse, il se livra au brillant de son imagination et suivit, comme les poètes de son siècle, le mauvais usage des rimes et des consonances; mais, dans un âge plus avancé et plus mûr, il secoua ce joug et s'attacha plus à dire des choses utiles qu'à les orner

d'une manière si frivole. Ses dernières poésies sont en effet remplies de réflexions solides qui portent de la lumière dans l'esprit et de l'onction dans le cœur. C'est ce que l'on remarquera surtout dans le livre Des dix chapitres, dans celui Des pierres précieuses et quelques autres. On trouve aussi dans ses lettres d'excellents principes de morale, soutenus de l'autorité de l'Ecriture et des pères.

Saint

Etienne Har.

éducation.

CHAPITRE XX.

Saint Etienne Harding, abbé de Citeaux [1134]; Frowin, abbé [vers l'an 1131]; Turgot [XIIe siècle]; Siméon de Durham; Gotzelin, moine de Cantorbéry [1130]; Hariulfe et Anscher; Arnulphe, évêque de Rochester [1124]; Clarius, moine de Saint-Pierre-le-Vif; Bérengose ou Bérengaude, abbé de Saint-Maximin de Trèves; Rodulphe ou Raoul, abbé de Saint-Trond [1138].

[Ecrivains latins.]

1. Saint Etienne naquit en Angleterre, ding. Son d'une famille noble. Après avoir mené quelque temps la vie monastique dans le monastère de Schirburn, il passa en Ecosse et de là en France, pour s'y former successivement dans les belles - lettres et dans la théologie 3. D'un esprit profond et capable d'application, il fit de grands progrès dans ses études, s'appliquant en même temps aux devoirs de la piété chrétienne et aux exercices de son état. Il fit, par dévotion, le pèlerinage de Rome, d'où étant revenu en France, il s'arrêta à Molesme, attiré par la réputation de ce nouveau monastère. Saint Robert, qui en était abbé, le quitta pour bâtir celui de Citeaux, où il se retira avec Albéric et Etienne. Mais, contraint de retourner à Molesme, Robert céda la place d'abbé à Albéric, qui donna à Etienne celle de prieur.

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nard, accompagné de trente jeunes hommes, qui abandonnaient le siècle pour vivre dans la retraite. Etienne leur donna l'habit de l'ordre et prononça devant eux un discours, que l'on a eu soin de conserver à la postérité 4.

Il assembl un chapitr

1116 et 1119.

3. En 1116, Etienne assembla à Câteaux un chapitre général de tous les monastères qu'il général e avait établis ou qui s'étaient unis à son ordre. Il en tint un second en 1119, où il publia la charte de charité dont il sera parlé dans la suite. Comme cette charte contenait les règlements fondamentaux du gouvernement de ce nouvel ordre, Etienna alla trouver le pape Calixte II pour le prier de confirmer ces règlements. La bulle qui lui fut accordée à ce sujet est datée de Saulieu le 23 décembre 1119.

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Ses écrits.

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Bernar

5. On cite sous le nom de l'abbé Etienne : un livre de sermons faits en particulier aux moines de Citeaux; l'Oraison funèbre d'Albéric son prédécesseur, rapportée par Manriquez; divers rites et usages de la vie monastique, que quelques-uns attribuent à saint Bernard; le Petit commencement de l'ordre de Citeaux, imprimé, avec les notes d'Ignace Firmin, en 1610; plusieurs lettres, dont deux se trouvent parmi celles de saint Bernard, l'une à Louis, roi de France, l'autre au pape Honorius II; et la charte de charité. [Le tome CLXVI de la Patrologie latine, col. 1373-1509, contient de ce saint abbé une correction de quelques endroits de la Bible, d'après l'édition qu'en avait d'avance donnée Mabillon, Oper. S. Bern., t. III, p. x1; l'Oraison funèbre d'Albéric, d'après Manriquez; la Charte de la Charité; les Usages de l'ordre de Citeaux; les Premiers commencements de l'ordre de Citeaux, d'après le Nomasticon Cisterc., Paris 1664, in-fol. La lettre au roi Louis-le-Gros est la quarantecinquième parmi les lettres de saint Bernard, et la lettre au pape Honorius est la quaranteneuvième.]

6. Etienne de Senlis, évêque de Paris, étant devenu odieux au roi Louis pour s'être retiré de la cour et opposé aux exactions que le doyen et les archidiacres de son Eglise faisaient sur le clergé par ordre de ce prince, vint, avec l'archevêque de Sens, au chapitre général de Citeaux, en 1127, demander la médiation de l'abbé et de ses religieux, dont il avait, de même que le roi, obtenu des letErie, tres de fraternité. C'est le sujet de la lettre qu'Etienne et sa communauté écrivirent au roi Louis, ou plutôt saint Bernard en leur nom, et de tout le chapitre général. Ils remontrent à ce prince qu'en persécutant, comme il le faisait, l'Eglise de Paris et son évêque, leur père et leur ami, ils ne pourront plus avec confiance lever les mains au ciel pour attirer sur sa personne et son royaume la protection de Dieu, ni refuser à cet évêque des lettres au pape en sa faveur. b. Le roi n'ayant eu aucun égard à leurs re

L

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Carte de

montrances, ils supplièrent le pape de prendre connaissance de l'affaire, lui faisant entendre qu'en la laissant juger devant le roi, c'était livrer l'évêque de Paris à ses ennemis.

7. A l'égard de la Charte de charité, Etienne en avait conçu le dessein pendant la tenue des deux premiers chapitres généraux en 1116

1 Balæus, 11, 63.

et 1119. Ayant remarqué, avec les autres abbés de son ordre, que leurs monastères se multipliaient chaque jour en divers lieux, ils crurent qu'il était nécessaire, pour maintenir dans l'union de la charité tous ceux qui les composaient, de les obliger à l'observation d'une même règle et des mêmes usages. C'est pourquoi on donna aux règlements qui furent faits à cette occasion le titre de Charte ou Carte de la charité, parce que la charité est le seul but de ces règlements.

8. Cette charte est composée de cinq chapitres, mais on peut en rapporter les décrets. à deux chefs à l'institution des mœurs, et au régime général de tout l'ordre. « Quant au premier chef, qui regarde les mœurs, nous voulons dès à présent (ce sont les paroles de la charte), et nous commandons à tous les abbés et religieux de l'ordre, d'observer la règle de saint Benoît en tous ses points, comme elle est pratiquée dans le monastère de Citeaux, sans lui donner d'autre explication que celle de nos prédécesseurs, et que nous lui donnons encore aujourd'hui, afin que tous l'entendent et la pratiquent de même. »> Sur le second chef, on décide que les observances et les cérémonies, soit pour le chant, soit pour les livres nécessaires à toutes les heures du jour et de la nuit, et aux messes, seront partout les mêmes; qu'il ne sera permis à aucun monastère de demander à qui que ce soit des priviléges contraires au commun institut, ni de retenir ceux qu'on aurait obtenus. Il est ordonné à l'abbé de Citeaux de visiter une fois l'an, en personne ou par quelqu'autre abbé, tous les monastères de sa fondation; la visite de Citeaux est réservée aux quatre premiers abbés de l'ordre, savoir de la Ferté, de Pontigny, de Clairvaux et de Morimond. Tous les abbés doivent se trouver chaque année au chapitre général qui se tiendra à Câteaux, si ce n'est qu'ils en soient empêchés par maladie ou autrement, ce dont ils donneront avis. Défense à quelque monastère que ce soit de se choisir un abbé d'un autre ordre. Les abbés incorrigibles seront déposés après quatre monitions. S'il arrive que l'observance soit négligée dans l'abbaye de Citeaux, les quatre premiers abbés travailleront à l'y rétablir. C'est aussi à eux qu'il appartient de prendre soin de ce monastère pendant la vacance, jusqu'à ce qu'il y ait un abbé élu et établi.

:

• Manriquez, tom. I Annal., ad an. 1109.

Ce qu'elle contient.

Editions de cette charte,

Frowin,

abbé du Mont des Anges.

Ses écrits.

9. La Charte de charité a été mise sous presse plusieurs fois et en divers endroits. Il y en a une édition chez Plantin, à Anvers, en 1663, et une à Lyon en 1642, dans le tome Ier des Annales de Citeaux d'Ange Manriquez, sur l'an 1119. Elle fut imprimée en latin et en français en 1678, à Paris, chez Mabre Cramoisy, dans un ouvrage intitulé : Le véritable gouvernement de l'ordre de Citeaux.

10. Il est parlé, dans le tome VI des Annales bénédictines, d'un abbé du Mont-des-Anges, vulgairement Engelberg, dans le canton de Zurich, en Suisse, qui se rendit recommandable par ses vertus et son savoir, vers l'an 1131 . Cet abbé se nommait Frowin, et avait succédé à Adelhème, premier abbé de ce monastère. Dom Mabillon étant à Einsiedeln, ou Notre-Dame-des-Ermites, y trouva deux ouvrages de Frowin, savoir une Explication de l'Oraison Dominicale, adressée à Bertholde son disciple, et sept livres à la louange du libre arbitre, dans lesquels l'auteur traite les principales questions de théologie, contre certains novateurs qui se faisaient gloire de leurs nouvelles inventions. C'était peut-être contre Abailard; du moins dit-on qu'en ce temps-là Gerhoh, prévôt de Reichersperg dans la Bavière, écrivit contre les disciples d'Abailard. Il ne serait pas surprenant que les nouveautés de cet écrivain fussent passées de la Bavière dans la Suisse, qui n'en est pas fort éloignée.

11. Dom Mabillon, pour exciter les possesseurs des ouvrages de Frowin à les mettre au jour, a publié, dans l'appendice du tome VI de ses Annales 2, les prologues ou préfaces des deux écrits dont nous venons de parler, avec les sommaires de tous les chapitres dont les sept livres sur le libre arbitre sont composés. [La Patrologie latine, t. CLXXIX, col. 1801-1812, reproduit ce que Mabillon a publié des écrits de Frowin.] Frowin marque, dans le prologue sur l'Oraison Dominicale, qu'il ne dira rien de neuf sur cette prière, et qu'il se contentera de rapporter ce que les pères en ont dit. Il paraît, par la préface sur les livres, A la louange du libre arbitre, que le moine Adelbert l'avait engagé à écrire sur cette matière, et que Frowin intitula ainsi l'ouvrage demandé parce que le libre. arbitre l'emporte sur tous les autres dons que le Créateur a faits à la créature raisonnable;

1 Mabill., Annal. Bened., lib. LXXV, num. 148. 2 Pag. 657.

3 Selden, præfat. in Script. 10, Londini, an. 1652.

et que toutes les vertus de l'homme, sa sagesse, sa justice, sa félicité, sont fondées sur le libre arbitre. Frowin citait, contre les erreurs nouvelles, non-seulement les docteurs du siècle précédent, mais aussi ceux du sien, c'est-à-dire du x1o et du XIIo.

12. Jean Selden 3 a revendiqué à Turgot l'Histoire de l'Eglise de Dunelme ou Durham, depuis sa fondation par le roi Oswald, jusqu'au temps de Guillaume-le-Roux, en 1097. Il se fonde sur un manuscrit d'Angleterre de l'âge mème de Turgot, et sur certaines circonstances rapportées dans cette histoire, qui ne conviennent qu'à Turgot. Tel est l'endroit du troisième livre où il est dit que Turgot fut bien reçu au monastère de Durham par le prieur Aldwin; qu'il ne voulut quitter l'habit clérical pour se revêtir de l'habit monastique, qu'après avoir été éprouvé longtemps par Aldwin; qu'ensuite Turgot lui succéda dans la dignité de prieur. Turgot la posséda pendant vingt ans, veillant avec soin. et crainte de Dieu sur l'intérieur et les dehors du monastère. Ensuite il fut fait évêque de Saint-André en Ecosse, et gouverna cette Eglise pendant sept ans.

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13. Pendant son séjour à Durham, il écri- ses écrits. vit, en quatre livres, l'histoire de ce monastère, en la commençant, comme on l'a dit, au règne d'Oswald, ou plutôt à l'année où ce prince fonda cette Eglise, c'est-à-dire à l'an 635. Il la conduisit jusqu'en 1097, la seizième année de l'épiscopat de Guillaume, auparavant abbé de Saint-Vincent, martyr. Turgot rapporte une lettre de cet évêque aux moines de Durham, dans laquelle il leur témoigne le désir qu'il avait de demeurer avec eux, si la chose lui eût été possible. Puis, il les exhorte à chanter avec décence et modestie l'office divin, à se confesser fréquemment à leur prieur, et à recevoir avec charité les étrangers. Le prieur de Dunelme était alors Aldwin. Turgot marque sa mort, et dit que les frères du monastère le choisirent d'un commun consentement pour lui succéder, la vingt-deuxième année du règne du roi Guillaume, c'est-à-dire en 1087. Il ajoute que l'évêque Guillaume ayant encouru la disgrâce du roi Guillaume-le-Roux, ce prélat fut envoyé en exil, qu'il en fut rappelé quelque temps après, et qu'étant de retour, il le chargea, en présence des fidèles

1652.

Tom. I Scriptorum decem Anglor., Londini, an.

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