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Syméon de Derbam.

Gotzelin, toine de Cantor béry.

Vies de saint Augustin, et histoire de sa translation.

du diocèse, d'en prendre soin, en le faisant archidiacre, non-seulement lui, mais tous les prieurs ses successeurs. Quoique Selden ait restitué à Turgot les quatre premiers livres de l'Histoire de l'Eglise de Dunelme, il n'a pas laissé de les faire imprimer sous le nom de Siméon, moine de Dunelme; elle est la première dans la collection des écrivains de l'Eglise d'Angleterre, imprimée à Londres en 1652, chez Jacques Flesher, par les soins de Jean Selden.

14. La suite de l'Histoire de Durham, dans cette collection 1, est due à Siméon, moine et préchantre de cette Eglise, dont il sera parlé dans la suite.

15. Un autre moine anglais, mais français de naissance, se rendit célèbre dans le même temps par plusieurs écrits. Il se nommait Gotcelin ou Gotzelin. Moine d'abord de SaintBertin, il passa ensuite en Angleterre avec Hérémann, évêque de Sarisbery. Il était habile dans les lettres, et savait très-bien le chant et la musique. Après Osberne, on n'en avait pas vu qui réussit mieux que Gotcelin dans ce genre de science. Aussi en laissa-t-il des monuments dans tous les évêchés et les abbayes qu'il parcourut; mais il s'appliqua surtout à mettre par écrit les Vies des saints morts récemment, à retoucher celles qui étaient écrites depuis longtemps, et à en rétablir un grand nombre altérées ou consumées par les flammes ou quelque autre accident pendant les guerres. Nous apprenons tout ce détail de Guillaume de Malmesbury 2.

4

16. On avait déjà l'Histoire de la vie de saint Augustin, apôtre d'Angleterre, dans le vénérable Bède et dans la Chronique de Sigebert de Gemblou. Gotcelin la donna en deux opuscules séparés, l'un plus grand, l'autre plus petit. Celui-ci se trouve sans nom d'auteur parmi les ouvrages de Lanfranc, de l'édition de Luc d'Achéry, à Paris en 1648, et dans le tome II de l'Angleterre sacrée, par Warthon 5. L'autre a été imprimé dans le tome Jer des Actes de l'ordre de Saint-Benoît 6, avec une épître dédicatoire à l'abbé et aux moines du monastère de Saint-Augustin. Dom Mabillon a joint à cette Vie l'histoire des miracles du même saint 7, composée aussi

1 Selden, præfat., ibid., et pag. 59.

* Lib. IV de Regib. Ang., cap. ultimo. [On peut voir sur Gotzelin une notice par Oudin, reproduite au tome CLV de la Patrologie, col. 9-12.]

3 Lib. I Hist. Angl. cap. xxIII et seq., et lib. II, cap. I et III.

par Gotcelin. Il écrivit encore l'histoire de la translation de ses reliques, faite en 1091, le 6 septembre. Le prologue ou l'épître dédicatoire est à saint Anselme, archevêque de Cantorbéry. Dom Mabillon a placé cette histoire sur la fin du tome IX des Actes de l'ordre. On la trouve, avec la Vie de saint Augustin, dans Bollandus, au 26 mai. Ordéric Vital dit, en parlant de la description de cette cérémonie, que Gotcelin la décrit d'une manière si pathétique, qu'il semble au lecteur la voir de ses propres yeux.

par

Autres Vies écr tes Gotzel n. [Edition de la Patrologie.

17. Gotcelin donne de suite, mais en abrégé, la Vie de saint Létard, celles du roi Ethelrède, de sainte Mildrède, l'histoire de la trans- ses écrits dans lation des reliques de cette sainte et de l'établissement de son monastère. Il fit un autre écrit pour prouver que ceux qui se vantaient de s'être emparés des reliques de sainte Mildrède étaient dans l'erreur, parce qu'elles n'étaient pas dans l'église de Saint-Grégoire à Cantorbéry, comme ils se l'imaginaient, mais dans le monastère de Saint-Augustin, où elles avaient été transférées par l'abbé Elfstan, sous le roi Canut. Un ancien manuscrit de la bibliothèque Cottonienne met encore sous le nom de Gotcelin les Vies des saints Laurent, Mellite, Juste, Honorius, Dieudonné et Théodore, archevêques de Cantorbéry, dont le fond de l'histoire est pris de Bède; et la Vie d'Adrien, abbé de Saint-Augustin, mort en 708, avec l'histoire de la translation de son corps sous le roi Guillaume. Balæus lui fait aussi bonneur des Vies des saints Swithun, Grimbald, Erhenwald, Eadgathe, Milburge, Wéréburge, Yves, et de l'histoire de la translation de ce dernier saint. On attribue encore à Gotcelin une Chronique et une Prose en l'honneur de saint Ethelrède, et la Vie de saint Guthlac, prêtre et anachorète en Croyland, vers l'an 740. On peut voir, sur cette Vie, les Bollandistes, au 11 avril. Celle de saint Swithun, évêque de Vinchester, mort en 862, est dans Surius et dans Bollandus, au 2 juillet. Ce dernier a publié la Vie de sainte Wéréburge, vierge, fille du roi des Merciens, au tome Ier de février 10, et celle d'Yves, évêque en Perse, dans le viie siècle, au tome II de juin 11. Nous ne savons ce que

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Hariulfe et Anscher, au

de saint An

gilbert.

c'est que le livre de Gotcelin 1, intitulé Confortatorius, qui faisait partie des manuscrits. de la bibliothèque de Ménars, vendue à la Haye en 1720. L'Obituaire de Saint-Augustin de Cantorbéry met sa mort au 15 mai, on ne sait de quelle année.

[Le tome CLV de la Patrologie indique ou contient les ouvrages de Gotcelin, savoir les deux Vies de saint Augustin, l'histoire de sa translation, la Vie de saint Swithun, l'histoire de sa translation, la Vie de saint Yves, la Vie de sainte Véréburge, celle de sainte Eadgithe, et l'éloge de saint Laurent, évêque de Cantorbéry.]

18. Un des plus illustres seigneurs de la teurs de la vie cour de Charlemagne fut Angilbert. Sa naissance et ses qualités personnelles engagèrent ce prince à lui donner en mariage sa fille Berthe. Il remplit les premières charges du palais. Dans le désir de vaquer à son salut, il se retira, du consentement de sa femme et de Charlemagne, au monastère de SaintRiquier, dont il fut choisi abbé en 793. Environ trois ans après y être entré, l'empereur le rappela à son palais, où Angilbert fit les fonctions d'archichapelain. Il rebâtit le monastère de Saint-Riquier, l'orna, en augmenta les revenus et obtint un diplôme de Charlemagne, portant que le monastère de ForestMontier, que l'on en avait séparé, lui serait soumis à l'avenir. Angilbert mourut en 814. On connaît deux écrivains de sa Vie: Hariulfe, moine de Saint-Riquier, et ensuite abbé d'Aldenbourg 2, mort vers l'an 1130, le 19 avril, et Anscher, aussi moine de SaintRiquier, et depuis abbé du même monastère. Dom Mabillon a rapporté ces deux Vies dans le tome V des Actes de l'ordre de Saint-Benoît, avec des observations et des notes de sa façon. [La Vie de saint Angilbert, par Hariulfe, fait partie de la Chronique de Saint-Riquier; elle forme le II livre.]

Antres écrits d'Hariulfe.

19. Hariulfe composa aussi, en 11144, la Vie de saint Arnoul, premier abbé d'Aldenbourg. Il la divisa en deux livres auxquels Lisiard, évêque de Soissons, en ajouta un troisième qui comprenait les miracles du

1 Fabricius, tom. III Bibliot. Latin., pag. 227.
2 Mabillon., Annal., lib. LXXV, num. 105.
3 Pag. 87 et seq.

Mabillon, lib. LXVII Annal., num. 37 et 38. 5 Pag. 616.

6 Dans le même temps vivait un autre personnage nommé aussi Lisiard; il était clerc de l'Eglise de Tours, et fut doyen de Laon depuis l'an 1153 à 1168. Barthius, au livre CLXVIII des Adversaires, ch. VII,

saint. Hariulfe était abbé de ce monastère lorsqu'il travailla à cette Vie et qu'il fit lever de terre le corps de saint Arnoul. Mais, n'étant que moine de Saint-Riquier, il acheva, en 1088, en quatre livres, la Chronique de ce monastère, commencée longtemps auparavant par Saxowalon. Il ne laissa pas, dans la suite, d'y ajouter, comme on voit par ce qu'il y dit du pape Urbain II; elle est imprimée dans le tome IV du Spicilège de dom d'Achéry 5 [et dans le tome II de l'édition de La Barre, d'où elle a passé au tome CLXXIV de la Patrologie, col. 1211-1366.] On le fait encore auteur de la Vie de Gervin son prédécesseur et second abbé d'Aldenbourg, et d'un recueil des miracles opérés en cette abbaye par l'intercession de l'apôtre saint Pierre. A la tête des deux livres de la Vie de saint Arnoul, Hariulfe mit trois lettres : la première à Lambert, évêque de Tournay, qu'il prie de la faire approuver par Lisiard, évêque de Soissons 6, et de se joindre ensemble pour l'offrir à Raoul, archevêque de Reims, leur métropolitain; la seconde est à Lisiard, à qui il demande cette grâce; et la troisième à Raoul, à qui il présente cette Vie. De ces deux livres, et du troisième composé par Lisiard, Surius n'en a fait qu'un qu'il a mis en son style, attribuant le tout à Lisiard, quoiqu'il ne soit auteur que du troisième, c'est-à-dire du recueil des miracles. Hariulfe vécut jusqu'en 1130. Il avait fait lui-même son épitaphe en vers élégiaques. On l'a rapportée, sur l'année de sa mort 7, dans les Annales bénédictines, avec les trois vers par lesquels il dédia sa Chronique à ses confrères de Saint-Riquier. [Le tome CLXXIV de la Patrologie latine, col. 1211-1450, reproduit, avec une notice de Fabricius sur Hariulfe, la Chronique du monastère de SaintRiquier, la Vie de saint Arnoul, évêque de Soissons, avec un abrégé de cette Vie; celle de saint Madelgisile, vulgairement saint Mauguille, confesseur, d'abord moine de SaintRiquier, et ensuite du monastère de Monstrelet. Cette Vie est donnée, d'après Mabillon, Acta SS. ord. Bened., part. II, p. 537 8.]

lui attribue une Histoire de Jérusalem, que Bongars a publiée sans nom d'auteur dans les Gestes de Dieu par les Francs, pag. 594-621, et dans laquelle l'auteur raconte ce qui se passa de l'an 1100 à 1124. On n'en a que la première partie, qui est reproduite avec une notice tirée de Fabricius au tome CLXXIV de la Patrologie, col. 1589-1634. (L'éditeur.)

7 Lib. LXXV Annal., num. 105.

8 Les écrits d'Hariulfe sont suivis dans la Patro

Ecrits d'Anschor.

Arcalpbe, évêque de Rochester.

20. Anscher, le second historien de saint Angilbert, ayant succédé à Gervin, abbé de. Saint-Riquier, en 1098, commença son gouvernement par recueillir et mettre en ordre toutes les chartes de son monastère. Il ajouta à la Vie qu'il avait faite de saint Angilbert un livre de ses miracles, qu'il présenta, avec la Vie même, à Raoul, archevêque de Reims 2, pour l'engager à faire lever de terre le corps du saint. C'était en 1110. Il présenta les mêmes monuments au pape Pascal II, en lui demandant la même grâce. Elle fut accordée. Le pape mit Angilbert au nombre des saints, et fixa sa fête au 18 février. Alors, Anscher fit transporter son corps du vestibule de la basilique du Sauveur dans la basilique même. Pour donner plus d'authenticité aux miracles qui se faisaient à son tombeau, Anscher avait prié Geoffroy, évêque d'Amiens, et un prêtre d'une sainte vie, de venir sur les lieux être témoins de ces événements miraculeux; ce qu'ils firent l'un et l'autre. Hariulfe composa, du vivant même d'Anscher, une élégie en son honneur, dans laquelle il relève la noblesse de sa naissance, la bonté de ses mœurs, sa piété, la solidité de son esprit, son application à réparer les torts faits à son monastère, à faire respecter les corps des saints qui y étaient inhumés, à fournir des ornements décents pour la célébration des mystères. Cette élégie se trouve dans l'appendice du tome V des Annales bénédictines 3. Anscher signa comme témoin 4, avec la qualité d'abbé de Saint-Riquier, à la charte de donation d'un personnat dans l'église de Sainte-Marie, faite à l'abbaye de Marmoutiers, en 1100, par Gervin, évêque d'Amiens.

21. Ernulphe, que Siméon de Durham nomme Arnulphe, était 5, selon Guillaume de Malmesbury, français de nation. Après avoir été assez longtemps moine dans l'abbaye de Saint-Lucien de Beauvais, voyant qu'il ne

logie d'une petite et d'une grande Chronique du monastère d'Oudenbourg. La première a été publiée par Mgr Malou dans le Recueil des chroniques, chartes et autres documents concernant l'histoire et les antiquités de la Flandre occidentale, Bruges 1840, in-4°. Elle est écrite par un anonyme du XIe siècle. La seconde a été rédigée en 1458 par les soins d'Anianus, vingtsixième abbé de ce monastère. Elle a été publiée sur l'original dans le recueil précité par Van de Putte. La petite chronique est suivie d'une chronique plus courte qui contient un simple résumé de la vie de saint Arnoul et de la fondation du monastère. Elle se trouvait dans la grande chronique placée à la tête du catalogue des abbés dont elle forme une espèce de préliminaire. (L'éditeur.)

pouvait ni corriger, ni supporter certains dérangements, il pensa à s'établir ailleurs. Avant de faire cette démarche, il consulta Lanfranc, qu'il avait eu pour maître en l'abbaye du Bec. Cet archevêque, qui connaissait ses talents, lui persuada de venir à Cantorbéry. Il fut fait prieur du monastère de Saint-Augustin par saint Anselme, successeur de Lanfranc, ensuite abbé de Burck, puis évêque de Rochester en 1114. Il donna, dans tous ces offices, des preuves de sa probité et de sa prudence. Son épiscopat fut de neuf ans et quelques jours. Il mourut, comme l'on croit, au mois de mars de l'an 1124, âgé de quatre-vingt-quatre ans. Quelques historiens ne mettent le commencement de son épiscopat qu'au mois de décembre 1115.

Ses écrits. Ses lettres.

Première lettre, tom. II

22. On lui attribue une Histoire de l'Eglise de Rochester, mais on ne l'a pas encore rendue publique 7, et nous ne connaissons d'Arnulphe que deux lettres assez longues pour qu'on puisse leur donner le titre de traités. Dans la première, qui est adressée à Walquelin, évêque de Windsor, à qui il avait soutenu, dans une conférence qu'ils avaient eue ensemble à Cantorbéry, qu'une femme coupable d'adultère avec le fils de son mari devait en être séparée, il répond aux objections que cet évêque faisait contre ce sentiment. Arnulphe avait prouvé le sien par l'autorité des Spicileg. pag. pères, des conciles, des livres pénitentiels, et par l'usage de l'Eglise. Walquelin s'en tenait aux paroles de l'Evangile et de saint Paul, prétendant qu'elles décidaient en sa faveur. Contents l'un et l'autre de leurs preuves, ils s'étaient séparés amicalement sans avoir fini leur contestation. Arnulphe la reprit par écrit, et prouva que les passages de l'Ecriture allégués par Walquelin pour montrer que la femme adultère, dans le cas proposé, ne devait pas être séparée de son mari, ne faisaient rien à cette question; qu'on

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$10.

Matth., v, 32; IX, 5

Marc, x Rom, vil, 2

Luc, xvi, 18;

I Cor., VII, 2.

devait les entendre d'une séparation volontaire entre des personnes qui n'étaient pas coupables d'adultère; en sorte qu'il était vrai, selon les endroits cités, que de deux personnes innocentes, ni le mari ni la femme ne pouvaient se séparer sans un consentement mutuel, ou de leur propre autorité. Venant ensuite aux preuves de sa proposition, qui était que l'on devait séparer de son mari une femme qui avait commis un adultère avec le fils que ce mari avait eu d'une autre femme; il cite les décrets des conciles de Mayence, de Verberie, de Tribur; les épîtres décrétales des papes Innocent et Célestin Jer, et la coutume de l'Eglise, qu'on ne peut, selon saint Augustin, violer sans péché. Il s'objecte que, le mari étant innocent, il y aurait de l'injustice à le séparer de sa femme pour une faute commise avec son fils. Il répond ainsi : « L'homme et la femme n'étant qu'un corps et qu'une chair à cause de leur union, méritent d'être punis dans ce qui fait qu'ils ne sont qu'une seule chair; selon saint Augustin, il est non-seulement permis à un mari de se séparer de sa femme lorsqu'elle est tombée en fornication, mais il le doit, de peur qu'à son imitation il n'y tombe lui-même; cela I Cor. vn, 12. n'est pas contraire au conseil que l'apôtre donne au mari fidèle de demeurer avec sa femme infidèle, parce que ce conseil n'impose aucune nécessité au mari; le même apôtre ayant dit que celui qui s'unit à une adultère devient un même corps avec elle, il suit de là que la femme dont il est question étant devenue, par l'adultère, un même corps avec le fils de son mari, ce mari, en habitant avec elle, habitera en même temps avec sa femme et avec sa fille.» Arnulfe cite l'exemple de David, qui ne voulut plus connaître ses concubines depuis qu'elles eurent eu commerce avec son fils Absalon. [Cette lettre, et l'extrait de l'Histoire de l'Eglise de Rochester, sont reproduits, avec une notice littéraire par Warthon, au tome CLXIII de la Patrologie latine, col. 1443-1474; mais on n'y trouve point la seconde lettre.]

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lut des hommes, a enseigné à ses apôtres, de vive voix ou par son exemple, ce qui était nécessaire pour la réparation de l'infirmité humaine, mais il n'en a pas prescrit la manière, laissant à son Eglise le pouvoir de la déterminer. Ainsi, en ordonnant le baptême, il n'a pas dit : Vous baptiserez de cette façon, vous ne plongerez qu'une fois, ou vous en plongerez trois, vous ferez le scrutin, vous consacrerez le chrême; mais seulement : Allez, baptisez les nations au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. D'où il suit que, pourvu que l'on baptise, la manière de baptiser peut varier, soit par raison de nécessité, soit par raison de décence. Au commencement on administrait les sacrements d'une façon, on les a ensuite administrés d'une autre. Les apôtres communièrent après avoir soupé. Par respect pour un si grand sacrement, il a été ordonné depuis de le recevoir à jeun, et cet usage a prévalu dans toute l'Eglise. Les autels n'étaient autrefois que de bois; ils sont aujourd'hui de pierre. Le pain quotidien faisait la matière de l'eucharistie; nous formons aujourd'hui ce pain en figure ronde comme un écu.» Arnulphe donne pour raison de la coutume introduite de tremper l'eucharistie dans le sang de Jésus-Christ, la crainte bien fondée qu'il n'arrivât quelque accident lorsque le prêtre donnait le calice à une grande multitude, c'est-à-dire ou qu'il ne s'en répandit, ou qu'il ne restât du précieux sang sur la barbe de ceux qui le recevaient; il ajoute qu'on ne doit pas appréhender d'imiter, dans cette façon de communier, Judas, à qui le Sauveur donna un morceau de pain trempé, puisque ce fait n'a aucun rapport à la communion eucharistique. « Ce morceau trempé était, dit-il, un signe de la trahison de Judas et de sa malice. Nous recevons au contraire l'eucharistie pour nous préserver du péché.»

24. La seconde question était de savoir Pag. 437. pourquoi l'on met la quatrième partie de l'hostie dans le calice. Arnulphe répond: « Ce n'est pas la coutume de mettre la quatrième, mais seulement la troisième partie de l'hostie dans le calice, parce qu'on la partage non en quatre, mais en trois; dans quelques Eglises on a l'attention de faire cette troisième partie de la grandeur de la quatrième partie de l'hostie; mais en d'autres, on la fait de la grandeur de la troisième partie.» Il donne pour raison de cette division en trois parties, que l'hostie qui est sur l'aute

Pag. 438.

doit être consommée par le célébrant, le diacre et le sous-diacre; le célébrant prend dans le calice la partie qui lui arrive, et il réserve sur la patène les deux autres parties pour ses deux ministres s'ils sont présents, et, en cas d'absence, le prêtre les prend pour lui. La division de l'hostie en trois peut aussi, selon lui, figurer le corps mystique de JésusChrist, qui est l'Eglise, composée de trois ordres des supérieurs ou du clergé, des vierges, et des personnes mariées; ou les trois personnes de la sainte Trinité, ou les trois états de Jésus-Christ, sur terre, dans le tombeau, et immortel dans le ciel.

25. Lambert demandait, en troisième lieu, pourquoi on recevait séparément du corps le sang de Jésus-Christ, et son corps séparément de son sang. Arnulphe répond qu'on le fait pour imiter Jésus-Christ qui, dans l'Evangile, propose la communion de hv, son corps séparément de celle de son sang;

mais qu'il ne laisse pas d'être vrai que nous recevons Jésus-Christ tout entier sous chaque espèce: son sang avec son corps, et son corps sous l'espèce du sang. En répondant à la quatrième question: Reçoit-on dans l'eucharistie l'âme avec le corps? Arnulphe rejette les vaines subtilités que la vanité plutôt que l'amour de la religion faisait naître sur les sacrements, et il veut que « sans s'amuser à disputer, l'on croie sans hésiter que l'eucharistie est le corps et le sang de Jésus-Christ, puisqu'il l'a dit ainsi; qu'étant la Vérité, il n'a pu mentir, mais qu'il a pu faire, comme toutpuissant, ce qui est au-dessus des lumières de notre raison. C'est pour cela, ajoute-t-il, qu'elle est appelée le mystère de la foi, parce que la foi seule en pénètre le secret. Jésus-Christ n'a-t-il donc pas pu faire la chose comme il l'a dite? N'a-t-il pu changer le pain en la substance de la chair sans lui faire prendre les qualités de la chair? Y a-t-il quelque chose que le Tout-Puissant n'ait pu faire? Non. Nous croyons et nous tenons pour certain que la substance du pain, par la vertu des paroles, est changée en la subs

1 Quid ergo? Nonne sicut dixit facere potuit? Nonne potuit mutare panem in substantiam carnis, sine assumptione qualitatum ipsius carnis? Quid Omnipotens facere non potui!? Credimus et certum tenemus substantiam panis verborum virtute esse mutatam in subslantiam Dominicæ carnis. Certissime tamen scimus et sensibus corporeis comprobamus qualitates panis immobiliter permanere, cujus substantiam, quia caro facta est, credimus non manere. Pag. 441. — 2 Tom. II Spicileg., p. 705.- Voir sur Arnaud une notice de la Gallia chris

tance de la chair du Seigneur. Mais nous savons aussi très-certainement, et nous prouvons par les sens corporels, que les qualités du pain demeurent immuablement, quoique la substance de ce pain ne demeure plus, parce qu'elle est, comme nous le croyons, changée en chair. En effet, la blancheur, la saveur et les autres qualités du pain continuent à affecter nos sens. Mais si les qualités du pain se trouvent dans l'eucharistie, quoique la substance du pain n'y soit pas; les qualités de la chair n'y sont pas, quoique la substance de la chair y soit. C'est donc sans raison que l'on demande si la chair de JésusChrist dans l'eucharistie est morte ou immortelle, si elle est animée ou ne l'est pas; comme ceux qui sont fidèles demanderaient mal à propos aux fidèles si l'hostie consacrée, où nous voyons les apparences du pain, est du pain. »

26. La cinquième question regarde le sens de ces paroles du prophète : Qui sait si Dieu ne changera pas, et s'il ne pardonnera pas; s'il ne laissera pas après lui de bénédiction? Arnulphe fait voir, par les paroles mêmes du prophète Joël, qui précèdent celles que nous venons de rapporter, que le changement de Dieu consiste dans le pardon qu'il accorde au pécheur converti, et que par la bénédiction qu'il laisse après lui il faut entendre la paix et la grâce qu'il donne à ceux qui le suivent ou qui font sa volonté. Ces deux lettres d'Arnulphe ont été imprimées dans le tome II du Spicilege de dom d'Achéry.

Pag. 442.

Joel., 111, 9. Joel., 11, 13.

Sa chronique.

27. Dom d'Achéry a fait entrer dans le Clarius, même tome la Chronique de Saint-Pierre-le-moine de St. Vif à Sens2, en supprimant tout ce que l'on y avait mis des anciennes Chroniques d'Eusèbe, de saint Grégoire de Tours, de Sigebert et de quelques autres. L'auteur, nommé Clarius, avait d'abord été moine de Fleuri, d'où il passa à Sens dans l'abbaye de SaintPierre-le-Vif. Daïmbert, archevêque de cette ville, n'ayant pu, pour cause de maladie, assister au concile indiqué à Beauvais en 1120, invita Arnaud, abbé de Saint-Pierre 3, à aller avec les évêques et les abbés de sa mé

y

tiana, tom. XII, et reproduite au tome CLXIII de la Patrologie, col. 1473-1476, où elle est suivie de trois lettres écrites par cet abbé. La première est à Josceran, évêque de Langres, sur le différend qui existait entre les abbés de Saint-Pierre-le-Vif, de Molesme, et de Saint-Jean de Réome; la deuxième est à Bernard, abbé de Saint-Jean de Réome, elle est sur le même sujet. Dans la troisième, adressée au roi Louis, Arnaud prie ce prince de lui permettre de faire transférer ailleurs les lépreux. (L'éditeur.)

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