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Bérengose

ou Bérengan.

de, abbé de min de Trè

Saint-Maxi

ves.

Ses écrits.

tropole. Arnaud étant tombé malade en chemin, envoya au concile Clarius 1, pour y faire ses excuses et celles de l'archevêque. On lui permit d'être présent au concile, soit parce qu'il était envoyé de la part de son archevêque et de son abbé, soit parce qu'il avait la réputation de savoir. C'est à la mort de son abbé qu'il finit sa Chronique. Le reste, c'està-dire depuis l'an 1124 jusqu'en 1184, est d'une autre main. Elle commence en 446, la seconde année du pontificat de saint Léon. Clarius l'a rendue intéressante en y rapportant plusieurs lettres des papes, des cardinaux et des légats: ce qui en augmente encore l'intérêt, ce sont les dates des conciles. Il y a faute sur celui de Troyes 2, qu'il met en 1105, et qui eut lieu en 1104. Clarius se trompe encore, lorsqu'il dit que son abbé Arnaud, étant allé à Rome en cette année pour y faire confirmer par le pape Pascal tous les biens de son monastère, y trouva Richard. Il faut lire Anselme, archevêque de Cantorbéry, qui y était dès l'an 1103 et en revint l'année suivante.

28. Bérengose, mis au nombre des abbés de Saint-Maximin de Trèves dans le tome IV de l'Ancienne Gaule chrétienne 3, vivait sous l'empereur Henri V, de qui il obtint un privilége pour l'avocatie de son abbaye. Brunon, archevêque de Trèves; Fridéric de Cologne, Brunon de Spire, Otbert de Liége, Richard de Verdun, Richuin de Toul, et quelques autres, signèrent ce diplôme comme témoins. Richuin ne fut fait évêque de Toul qu'en 1107, et Bérengose abbé de SaintMaximin qu'en 1112. Il est dit, dans le Nécrologe de Saint-Arnoul de Metz, que le même empereur confirma, à la prière de l'abbé Bérengose, en 1115, tous les biens de cette abbaye.

29. On a, sous le nom de Bérengose, dans la Bibliothèque des Pères, à Cologne en 1555, et dans le tome XII de celle de Lyon en 1677, trois livres de l'Invention de la croix de NotreSeigneur, un du Mystère du bois de la croix et de la lumière visible et invisible dont les anciens pères ont mérité d'être éclairés, et cinq sermons sur les Martyrs, les Confesseurs, la Dédicace de l'Eglise, et la Vénération des reliques. Dans le livre III de l'Invention de la croix, Bérengose marque assez clairement qu'il avait demeuré

1 Tom. II Spicileg., pag. 771.

2 Mabillon, lib. LXX Annal., num. 79.

3 Pag. 633.

Mabillon, lib. LXXI Annal., num. 52.

à Trèves, par la description qu'il fait de la magnificence des édifices que sainte Hélène y avait fait bâtir, et qui subsistaient encore en partie du vivant de cet auteur. Il adopte comme certaine la fausse histoire du baptême de Constantin. Ce qu'il dit sur l'invention de la croix n'est point fondé dans l'antiquité et n'est pas même vraisemblable. Dans tout ce traité, il montre un esprit extrêmement crédule, et plus de piété que de lumières. Le suivant est une suite de réflexions morales et allégoriques sur le mystère de la croix. Ses discours sur les Martyrs et sur les Confesseurs sont communs pour tous les saints: il n'y donne l'histoire d'aucun en particulier. Il dit, dans le discours sur la Dédicace et la Vénération des reliques, qu'il faut croire que les âmes des saints descendent, le jour de leur fête, vers leurs corps, et qu'ils intercèdent pour tous ceux qui viennent les visiter. [On trouve les écrits de Bérengose repro. duits, avec une notice de Fabricius sur l'auteur, au tome CLX de la Patrologie latine, col. 935-1036.]

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30. Il n'est plus question, parmi les savants, de mettre entre les écrits de saint Ambroise le commentaire sur l'Apocalypse, que talle 9, évêque de Dunelme, fit imprimer sous le nom de ce père en 1548. Les citations fréquentes d'écrivains postérieurs à saint Ambroise, et de lui-même; la différence du style et quelques traits historiques qui annoncent un écrivain plus récent que le viie siècle; tout cela prouve qu'il faut attribuer ce commentaire à quelque autre qu'à saint Ambroise, mort en 397. L'auteur, quel qu'il soit, a tellement prétendu se cacher, qu'il veut bien qu'on le connaisse en formant son nom des premières lettres de son commentaire sur les Sept chapitres des visions. Or, ces lettres sont B, R, N, G, U, D, S, auxquelles on doit joindre les voyelles E, E, A, I, U, O, ce qui fait Bérengaudus ou Bérengaudos. Plusieurs manuscrits donnent en effet ce commentaire à Bérengaudus; mais il y en a aussi où il porte le nom de Bérenger. Bérengosus de Trèves. n'a pour lui que quelque ressemblance dans le nom et dans la profession: car il professait, comme l'auteur de ce commentaire, la règle de saint Benoît. Bérenger, au contraire, ne fut jamais moine bénédictin, et cette rai

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Est-il anteur du Commen

taire sur pocalypse

Rodolphe, abbé de SaintTroad.

son seule doit prévaloir sur l'autorité des manuscrits. Il est fait mention, dans les lettres de Loup, abbé de Ferrières 1, d'un moine nommé Bérengaud ou Bernégaud, qu'il envoya, vers l'an 857, à Auxerre pour y achever ses études sous Heiric, qui enseignait avec réputation dans l'abbaye de SaintGermain. On peut plus vraisemblablement lui attribuer qu'à tout autre le commentaire dont nous parlons. Son nom se rencontre avec celui qui est désigné dans les premières lettres de ce commentaire sur les chapitres des visions. Il était moine bénédictin et instruit dans les belles-lettres et dans les divines Ecritures. Il fallait toutes ces connaissances pour composer un commentaire qui, pour son style et sa solidité, a mérité les éloges des plus habiles interprètes, entre autres de Denis-le-Chartreux et de Bossuet, évêque de Meaux.

31. Rodulphe ou Raoul, né dans un village situé sur la Sambre, appelé Monstier à cause d'un monastère de filles vêtues de noir, fit ses études à Liége jusqu'à l'âge de dix-huit ans 3. Il entra dans le clergé et fut fait sousdiacre. En allant voir les bains d'Aix-laChapelle, il entra dans un monastère voisin, qui était de l'ordre de Citeaux. La lecture qu'il entendit à complies lui fit naître le désir de se faire moine. Il demanda d'être admis au noviciat, et prit l'habit le jour de de la Conversion de saint Paul, sous l'abbé Azelin. Voyant que la discipline régulière était négligée dans ce monastère, il alla visiter ceux du diocèse de Cologne et revint ensuite en Flandres, où il se décida pour celui de Saint-Trond. Thierry, qui en était abbé, le chargea d'enseigner les lettres et la musique aux enfants. Il le fit ensuite prieur. Raoul profita de son autorité pour réformer divers abus et régler le chant des offices, la forme des habits et les cérémonies de l'Eglise. Enfin, il vint à bout d'introduire à Saint-Trond les usages de Cluny. Fait abbé après la mort de Thierry, il maintint le bon ordre dans sa communauté, rétablit les édifices qui avaient été consumés par le feu. Le schisme entre les partisans de Fridéric et d'Alexandre, qui prétendaient l'un et l'autre

1 Epist. 116, 124.

2 Admonit. in hunc Commentar.

3 Mabillon, lib. LXXI Annal., num. 70.

* Idem, lib. LXXIII, num. 145.

Tom. VII Spicileg., pag. 345.

Elle a été réimprimée avec les continuations et

à l'évêché de Liége, mettait tout le diocèse en trouble. On pressa Raoul de prendre parti, ou de sortir de son abbaye. Attaché d'un côté à ses religieux qu'il aimait tendrement, il avait peine à les quitter; il craignait, de l'autre, de se séparer de la communion de l'Eglise catholique. L'amour de la religion l'emporta sur lui. Il se retira d'abord dans l'abbaye d'Afflighen, ensuite en celle de SaintBavon à Gand, puis à Saint-Pierre, dont Arnoul était abbé.

Sa mort en

32. Il arriva, pendant ce temps-là, que Fridéric, évêque de Liége, mourut. C'était 1138. en 1121. Raoul fut appelé pour l'élection. Les partisans d'Alexandre firent leur possible pour le gagner. Il sortit de Liége, vint à Cologne, où les moines de Saint-Pantaléon le choisirent pour leur abbé. Il ne le fut pas longtemps. Adalbéron, frère du duc de Louvain, ayant été choisi évêque de Liége et sacré par l'archevêque de Cologne, Raoul, aux instances des moines de Saint-Trond, accompagna jusqu'à Liége le nouvel évêque, et revint de là en sa première abbaye, après deux ans et cinq mois d'absence. Il la trouva désolée tant dans ses biens que dans ses bâtiments. Saisi de douleur à la vue d'un si triste spectacle, il fit le voyage de Rome jusqu'à deux fois avec Alexandre, l'un des prétendants à l'évêché de Liége. A son retour, il reprit le gouvernement de sa communauté, qu'il édifiait par son assiduité aux exercices. Il mourut de paralysie en 1138.

Ses écrits.

Saint-Trond.

33. Le principal de ses écrits est la Chronique de son monastère, aussi estimable pour Chronique de la bonté du style que pour la candeur et la netteté avec laquelle Raoul raconte les événements. Il ne prend parti nulle part. Les faits qu'il rapporte, il les avait ou appris des meilleurs écrivains, ou tirés des anciens monuments, ou entendus des témoins oculaires, ou vus lui-même. Il ne laisse pas de se plaindre de la pénurie de livres et de mémoires, dont il rejette la faute sur la négligence de ses prédécesseurs. Sa Chronique est divisée en treize livres; elle est dédiée au prévôt de Saint-Denis, qu'il ne nomme pas, et imprimée dans le tome VII du Spicilège de dom d'Achéry 6. Après une lettre ou un pro

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les additions d'une manière plus correcte dans les Monumenta Germania historica, tom. IX, pag. 213, par Koepke, et de là elle a passé au tome CLXXIII de la Patrologie latine, avec une notice tirée de Fabricius sur Rodulphe, col. 9-434. L'éditeur dans les Prolégomènes fait l'histoire de Rodulphe, montre

logue à tous les abbés ses successeurs et aux religieux de Saint-Trond, présents et à venir, à qui il rend compte de son travail, il donne la suite de tous les abbés de ce monastère, avec le nombre des années qu'ils ont gouverné, lorsqu'il a pu le découvrir. Il marque aussi leurs bonnes qualités et leurs actions mémorables. Sur Adalard II, mort en 1082, il dit qu'élevé dès l'enfance dans le monastère de Saint-Trond, il apprit les belles-lettres, la sculpture et la peinture; qu'il peignait et Pag. 355. sculptait des images. Il commence, au second

507.

Vie de saint Lietbert,

livre, l'histoire de la dévastation de l'abbaye, qu'il ne feint pas de comparer à celle de Jérusalem sous Tite et Vespasien. Depuis le huitième livre jusqu'à la fin, il parle, mais en troisième personne, de son élection et de tout ce qu'il fit à l'avantage de son monastère pendant tout le temps qu'il le gouverna. Il marque, dans le treizième livre, en quoi consistait la prébende de chaque moine, tant en pain qu'en vin et bière. On servait à tous un mets de légumes cuits avec de la graisse, et en certains jours du poisson; au souper, quatre ceufs, ou la moitié d'un fromage.

34. La Vie de saint Lietbert, évêque de Cam. que de Cambrai, mort au mois de mai de l'an 1076, a

brai.

été publiée, sans nom d'auteur, dans le tome IX du Spicilége1; mais, dans un manuscrit de l'abbaye d'Anchin 2, elle est attribuée à Raoul, moine, le même, sans doute, qui fut abbé de Saint-Trond; ce qui le prouve, c'est que l'auteur de cette Vie marque clairement qu'il écrivait au commencement du XIIe siècle. En parlant de Gérard, prédécesseur de Lietbert, il dit : « Il reste encore 3 des hommes de vertu qui sont témoins de la sainteté de sa vie, et comment il a gouverné

par des témoignages pris dans l'ouvrage même qu'il n'est pas l'auteur des treize livres publiés par d'Achéry; qu'on doit lui attribuer seulement les sept premiers livres. Il paraît les avoir composés en l'an 1114 ou 1115. Le premier continuateur, dont on ignore le nom, a écrit les six autres livres de la Chronique du vivant de Rodulphe, entre les années 1136 et 1138. Ami de Rodulphe, il a écrit ses livres de manière à en faire un tout avec ceux de son abbé et il ne lui est pas demeuré inférieur. Le second continuateur pousse la Chronique de l'an 1138 à l'an 1180. Elle comprend en quatre livres les événements qui eurent lieu sous les abbés Folcarde, Gérard et Wiric. Le troisième continuateur conduit les gestes des abbés de Saint-Trond depuis l'an 1183 jusqu'à l'an 1366; mais il ne borne pas là sa tâche : il a écrit en trois livres les origines du monastère depuis l'an 628 ju qu'à l'an 999; c'est la première partie de sa

son Eglise suivant les saints canons. » [Cette Vie est reproduite au tome CXLVI de la Patrologie latine, col. 1449 et suiv.]

35. Il était d'usage autrefois que les parents offrissent leurs enfants à Dieu dans les monastères, et que le vœu par lequel ils les consacraient à Dieu fût irrévocable, selon qu'il est dit dans le chapitre LIX de la Règle de saint Benoît. On voit encore des formules de ces sortes d'oblations. Dom d'Achéry en a rapporté quelques-unes dans ses notes sur Guibert de Nogent. La plupart des parents accompagnaient la consécration de leurs enfants de grandes libéralités, d'où est venue l'opulence des monastères. Quelques-uns essayèrent, sous le règne de Louis-le-Pieux, d'abolir cette coutume. Raban, alors moine de Fulde, en prit la défense dans un livre que l'on n'a pu encore recouvrer, mais dont il est fait mention dans sa Vie par le moine Rudolphe. Soit que ses raisons aient prévalu, soit que l'usage d'offrir les enfants ait été attaqué faiblement, il était encore en vigueur dans le XIIe siècle. Cela se voit par une lettre de Sibert, prieur de Saint-Pantaleon, à Raoul, abbé de Saint-Trond, par laquelle il le consultait sur ce que l'on devait répondre à un avare très-riche qui voulait offrir son fils à ce monastère sans lui donner aucune dot. Le prieur, au contraire, et les moines, exigeaient de cet avare qu'il abandonnât à son fils la part qu'il avait dans les biens de sa famille.

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36. Raoul répondit de façon à Sibert 5 qu'il le mit en état de juger ce qu'il convenait de faire à l'égard de cet avare, et de prescrire aux moines de Saint-Pantaléon la manière dont ils devaient se comporter en cette affaire. Sa réponse est donc composée de deux parties. Dans la première, il traite durement cet

continuation. La seconde partie, divisée en denx livres, va de l'an 1183 à l'an 1366. Mais le chroniqueur poussa encore plus loin: il voulut former un tout de ce qu'il avait écrit ou de ce qu'il avait trouvé écrit sur les gestes des abbés de Saint-Trond, comme on le voit dans la préface de sa première partie; il corrigea l'ouvrage même de Rodulphe, et le divisa en chapitres. Ce continuateur fut moine de SaintTrond, mais on ignore son nom. Vid. Prolegomena, tome CLXXIII de la Patrologie, col. 11 et suiv. (L'éditeur.)

1 Tom. IX Spicileg., pag. 675.

2 Mabillon., lib. LXIV Annal., num. 131, et in Analectis, pag. 471.

3 Vita Lielberti, cap. II, pag. 676.

Epist. Sibert. ad Rodulp., in Analect., pag. 465.
In Analectis Mabillon, pag. 465.

Lettre à Sibrt, prieur

de Saint Panlogne.

taleon, à Co

Analyse de cette letre. [Editions de cette lettre.

Deux autres Raoul]

lettres de

avare de ce qu'en offrant son fils à Dieu dans le monastère, il voulait frauder cet enfant des biens qui lui étaient dus. La raison que le père alléguait, était qu'il ne pouvait, sans simonie, faire une oblation de cette nature. Raoul fait voir que ce n'était de sa part aucune crainte de simonie, mais un motif d'avarice qui le faisait agir; que la portion de bien échue à son fils dans le siècle devant le suivre, de droit divin et humain, dans l'Eglise, il n'y avait point de simonie du côté de ceux qui l'exigeaient. Il ajoute que les monastères ne sont pas établis pour décharger les familles des riches, mais pour y nourrir ceux qui sont véritablement pauvres de biens, comme les riches qui choisissent ces retraites par un esprit de pauvreté. Dans la seconde partie, Raoul avertit Sibert et ses moines de ne rien exiger de cet avare, ni de qui que ce soit, pour la réception de leurs enfants; qu'on peut les avertir qu'ils doivent à l'Eglise, à qui ils les offrent, la portion de bien qui leur est échue, mais qu'on ne doit pas les contraindre à la donner; enfin, que comme il est au pouvoir des moines de ne pas recevoir l'enfant, le père est libre aussi de ne pas donner au monastère les biens échus à son fils. Il décide, en général, que les moines ne peuvent exiger quoi que ce soit pour la réception des enfants ou des novices, sans encourir le crime de simonie. Il va plus loin et dit qu'en recevoir par l'espérance de la rétribution, c'est encore simonie, sinon devant les hommes, du moins devant Dieu. Ces deux lettres, celle de Sibert et la réponse de Raoul, ont été publiées pour la première fois par dom Mabillon, dans ses Analectes. [Elles se trouvent à la suite de la première continuation de la Chronique de Saint-Trond, et ont été imprimées dans les Monumenta Germaniæ historica, t. X, d'où elles ont passé au tome CLXXIII de la Patrologie latine, col. 193-208. La lettre de Raoul à Sibert paraît avoir été écrite après 1123. Nous avons encore deux autres lettres de Raoul. La première, écrite entre 1119 et 1138, a été donnée au public par Le Mire, Opp. dipl., et de là elle a passé dans

les recueils cités. Elle est adressée au duc Waléramne, à qui Raoul recommande sa communauté. La seconde lettre est adressée à Etienne, évêque de Metz. C'est comme un supplément de celle qu'on rapporte au neuvième livre, et qui lui fut écrite par Raoul. L'une et l'autre ont été conservées par le premier continuateur qui les a insérées dans le neuvième livre. Raoul raconte à l'évêque de Metz les exactions et les violences que la communauté avait éprouvées de la part du comte Otton, fils de l'avocat Gislebert. On peut aussi ranger parmi les lettres de Raoul la relation qu'il adressa à ses moines au sujet de l'invention des reliques des saints martyrs de la légion thébéenne, arrivée au temps où il vivait dans le monastère de Saint-Pantaléon. Surius a publié le premier les Actes de la translation des reliques de saint Géréon, un des martyrs de la légion thébéenne, et après lui Martène et Durand, dans leur Collection. Cette relation de Raoul est reproduite dans la Patrologie, tome CLXXIII, col. 433-438, d'après Pertz, Monumenta Germaniæ historica.]

37. Au huitième livre de sa Chronique, Raoul fait mémoire d'un ouvrage qu'il avait composé contre les simoniaques. Il était dédié à Lietbert, chanoine de Lille, et divisé en sept livres. Dom Mabillon dit l'avoir vu, avec les deux lettres dont nous venons de parler, dans un manuscrit de l'abbaye de Gembloux. Par le sommaire qu'il donne de ces sept livres, on voit que Raoul entreprenait de montrer que dans les églises, soit des villes, soit de la campagne, il n'y avait ni offices, ni prébendes, ni dignités, ni ordinations exemptes de simonie. [Raoul avait composé un catalogue de ses ouvrages, comme nous l'apprend le premier continuateur de sa Chronique, livre VIII, chap. xv.] Cet abbé possédait l'Ecriture sainte et n'était pas ignorant dans la belle littérature. Mais il fut plus recommandable par sa piété et par son zèle pour l'observance régulière.

1 Rodulp., in Chron., pag. 450.

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XIV.

16

Hugnes de

Fleury.

Ses commentaires et son

ecclésias tique.

CHAPITRE XXI.

Hugues de Fleury [vers 1120]; Florent Bravon, moine [1118]; Pierre de Honestis, prévôt [1119]; Gilbert, évêque de Londres; Udalric de Bamberg; [Ponce, abbé de Saint-Ruf, 1124]; Jean de Coutances; Drogon, cardinal; Vivien de Prémontré.

[Tous auteurs latins.]

1. Hugues, surnommé de Sainte-Marie, était moine de l'abbaye de Fleury-sur-Loire, dans le diocèse d'Orléans 1. On ne sait ni l'année de sa naissance, ni celle de sa mort, et l'on n'est pas plus informé de son origine, ni de ce qu'il était avant de se consacrer à Dieu dans l'état monastique. Mais on voit, par le grand nombre et la qualité de ses écrits, qu'il faisait son application principale de l'étude, qu'il avait une grande connaissance de l'histoire, tant sacrée que profane, et qu'il était théologien et canoniste. [Son style est clair, précis et plus pur que celui de la plupart des ouvrages composés à la même époque.] Ses ouvrages n'ont pas encore été tous rendus publics.

2. Son Commentaire sur les Psaumes se Histoire trouve parmi les manuscrits des bibliothèques d'Angleterre. Il est cité 2 dans la Bibliothèque sacrée du père Lelong. On conserve 3, dans celles du roi et de Saint-Victor, ses quatre livres de l'Histoire ecclésiastique1. Hugues les dédia à Yves de Chartres 5. Ils commencent à la création du monde et vont jusqu'en 1034. André Duchesne rapporte un fragment du troisième livre 6, où il est parlé de la situation et des provinces de la Gaule. L'inscription de cette histoire dans le manuscrit de Saint-Denis 7 porte que Hugues la composa en 1110 pour dame Adèle, comtesse de Chartres, de Meaux et de Blois, et qu'il se servit des histoires publiées auparavant. Cette inscription est suivie de l'épître dédicatoire

1 On peut voir les Prolégomènes de Waitz, tome CLXIII de la Patrologie latine. (L'éditeur.) 2 Pag. 785.

Idem, Bibliot. Histor. Galliæ, num. 1518.

D'après les auteurs de l'Histoire littéraire de France, tome X, ces quatre livres seraient un premier travail que Hugues aurait retouché et augmenté dans la suite. C'est ce travail qui a été publié. (L'éditeur.)

à Yves de Chartres. Le premier livre, dans ce manuscrit, ne commence qu'à Ninus, premier roi des Assyriens, et le quatrième finit à Charles-le-Chauve, roi de France, ou à la mort de Lothaire en 855. Le manuscrit est donc bien différent de celui de la bibliothèque du roi, où l'Histoire ecclésiastique de Hugues commence avec le monde et ne finit qu'en 1034. Dans celui de Saint-Denis, cette bistoire est suivie de celle des Gestes des rois de France, tirée des écrits de saint Grégoire de Tours, de Frédegaire et autres anciens historiens, mais elle paraît d'un autre écrivain. L'Histoire ecclésiastique de Hugues fut imprimée, sans division de livres, à Munster et en Westphalie, en 1638, avec un prologue en vers à Louis-le-Gros, à la suite de la lettre à Yves de Chartres. L'édition est in-4° et due aux soins de Bernard de Rottendorff, qui l'a enrichie de ses notes. Marquard Fréhérus en avait publié une partie sous le nom d'Yves, dans le corps de l'Histoire de France imprimée à Hanovre en 1611, c'est-àdire ce qui regarde Ninus et la suite des événements jusqu'au grand Constantin. Lambécius rapporte à l'évêque de Chartres 8 ce qu'on lit dans cette histoire touchant Louisle-Débonnaire. On doit à André Duchesne deux autres parties: celle qui va depuis l'an 923 jusqu'en 987, et l'autre qui contient ce qui s'est passé depuis 987 jusqu'en 1034. On donne quelquefois le nom de Chronique à cette histoire, et c'est, je pense, ce qui a oc

5 Ils ne sont point dédiés à Yves, mais bien à la comtesse Adèle; seulement Hugues envoya l'histoire retouchée et augmentée à Yves pour l'examiner et la corriger. Voy. Hist. litt., tom. X. (L'éditeur.) 6 Tom. I Rerum Francor., pag. 347.

7 Mabillon, lib. LXXI Annal., num. 98. Lambecius, tom. II, pag. 858.

9 Duchesne, tom. III Scriptor. de reb. Franc., pag. 347, 349, et tom. IV, pag. 142, 143.

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