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Histoire des gestes des rois de France.

casionné d'attribuer à Hugues de Fleury deux ouvrages à peu près de même nature, une histoire universelle et une chronique dans le même goût, ce qui ne peut guère se soutenir. [L'Histoire de Hugues a été réimprimée dans le tome CLXIII de la Patrologie latine, col. 805-854, d'après les Monumenta Germaniæ historica, tome IX. On y trouve les deux éditions revues sur les manuscrits, mais elles n'y sont point en entier; on en donne seulement des extraits considérables.]

3. Mais il composa pour l'impératrice Mathilde une Histoire des Rois modernes de France 1, c'est-à-dire de la seconde race, afin de faire connaître la noblesse de ses ancêtres à la postérité. Hugues dit que jusque-là aucun historien n'avait donné de suite les gestes de ces princes, mais seulement quelques morceaux épars de leur histoire. Il commence la sienne à Charles-le-Chauve, fils de Louis-le-Débonnaire 2. Dom Martène a placé dans le tome Ier de ses Anecdotes l'épître dédicatoire à Mathilde, et le commencement du livre, tirés l'un et l'autre d'un manuscrit de Saint-Trond, [maintenant de Liége. L'Histoire des Gestes des rois de France a été publiée en entier par Waitz, dans les Monumenta Germaniæ historica, tome IX, et de là elle a passé dans la Patrologie, tome CLXIII, col. 873-912.] Ce ne peut être la même histoire que celle du manuscrit de Saint-Denis, dont on a parlé plus haut, intitulée Des Gestes des rois de France, puisque celle-ci remonte jusqu'aux rois de la première race et que l'auteur ne parle que d'après Grégoire de Tours et Frédegaire. [Cette histoire est publiée en entier dans les recueils cités à la suite de celle des Gestes des rois de France; elle a été revue par Waitz, sur les manuscrits. Le même éditeur a joint aux œuvres historiques de Hugues des fragments relatifs à l'histoire des rois de France.]

Ce qu'elle 4. Quoique le fragment publié par dom marquable. Martène soit petit, il ne laisse pas de conte

content

de

nir plusieurs choses remarquables. On y voit que Charles-le-Chauve bâtit la ville de Compiègne, et qu'il lui donna son nom, voulant qu'on l'appelât Carolopolis 3; qu'il enrichit l'église de ce lieu du précieux linceul qui servit à ensevelir le corps de notre Seigneur;

Tom. I Anecdot., Martene, pag. 327.

2 Outre l'histoire des Gestes des rois de France, Hugues composa une histoire abrégée et succincte des Français. Waitz n'a point voulu l'éditer, parce qu'elle répète à peu près les mêmes choses et dans les mê

qu'il fit présent à l'abbaye de Saint-Denis d'un des clous avec lesquels on attacha JésusChrist à la croix, et d'une particule de sa couronne d'épines; que Girard, comte de Bourgogne, bâtit deux églises, dont une à Vézelai, où est à présent, dit l'auteur, le tombeau de sainte Madeleine; l'autre à Poutières, où il fut enterré lui-même. [Un autre fragment de l'Histoire des Rois modernes a été inséré dans le tome XII du Recueil des bénédictins; il est traduit, avec l'épître dédicatoire, au tome VII de la Collection des Mémoires relatifs à l'Histoire de France, par M. Guizot, pages 61-92.]

5. Hugues de Fleury, voyant que les disputes élevées depuis quelque temps dans l'Eglise au sujet de la puissance royale et de la diguité sacerdotale s'aigrissait de jour en jour et commençaient à se répandre de tous côtés, essaya de les apaiser par un écrit qu'il composa sur ce sujet et qu'il dédia à Henri Ier 4, roi d'Angleterre. Ce fut avant l'an 1135, puisque ce prince mourut en cette année, au mois de décembre. Hugues le prie de faire examiner son ouvrage par des gens habiles, d'y corriger ce qui se trouve défectueux, et au cas qu'on le juge utile au public, d'employer son autorité pour lui donner cours. Il supplie aussi les évêques, tous les prélats et les clercs de l'Eglise catholique de le prendre en bonne part, et de le lire dans le même esprit qu'il l'avait composé, c'est-à-dire pour le bien de l'Eglise.

Traité de la puissance

royale et de cerdotale.

la dignité sa

Analyse de

Cap. 1.

6. Son but, en effet, est de détruire une erreur qui s'y était répandue 5. On soutenait ce traite. que la puissance royale ne vient point de Dieu, mais des hommes; qu'ainsi la dignité sacerdotale lui est supérieure, ayant été établie de Dieu. Hugues fait voir que l'une et l'autre de ces dignités sont de Dieu, parce que, selon saint Paul, il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu; et, commençant par la puissance royale, il raisonne en substance comme il suit : Ce que la tête est dans le corps, le roi l'est dans son royaume; tous les évêques du royaume lui sont soumis, non à raison de leur dignité, mais du bon ordre qui demande l'unité ou l'union des membres avec leur chef; il est du devoir d'un roi de corriger ses sujets et de les rappeler

mes termes elle ne fait guère que changer l'ordre des matières (L'éditeur.)

3 Tom. I Anecdot. Martene, pag. 329. Tom. IV Miscellan., Baluz., pag. 9.

5 Baluz., tom. IV, lib. II, pag. 12.

11.

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Cap. IV. à la voie de l'équité et de la justice; il peut les y rappeler par la terreur des peines comme par les lois; à cet égard, le royaume céleste reçoit des avantages par le royaume terrestre, en ce que la puissance royale fait par la crainte ce que le prêtre ne peut faire par la force seule de ses discours. Encore que les rois doivent s'appliquer à être utiles à leurs peuples, on ne doit pas refuser l'obéissance et le respect aux princes qui agissent autrement, parce que Dieu, souvent à cause de nos péchés, nous donne des rois dans sa fureur; nous devons au contraire prier pour eux, suivant la coutume de l'Eglise, et rendre à César ce qui est dû à César, c'est-à-dire l'honneur et le service, en conservant à Dieu une inviolable pureté de corps et d'esprit.

V.

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I, II.

Deuxième

7. Hugues pense aussi que le roi a le pouvoir d'accorder à un clerc l'honneur de l'épiscopat, mais que c'est à l'archevêque à lui confier le soin des âmes. Il fonde son sentiment sur l'usage où les princes chrétiens étaient de nommer aux évêchés 1. Mais il en excepte les Eglises où le clergé et le peuple étaient en possession de choisir leur évêque, et regarde comme une tyrannie la tentative que le roi ferait de les troubler dans cette possession. Il ne veut pas non plus que l'évêque élu reçoive l'investiture de la main du roi par la tradition du bâton pastoral et de l'anneau, mais seulement l'investiture des biens temporels de l'Eglise; c'est de l'archevêque qu'il doit recevoir l'anneau et la crosse. 8. L'auteur descend dans le détail des devoirs d'un évêque et de ses pouvoirs; il dit qu'il tient de Dieu et de notre Seigneur JésusChrist la puissance d'ouvrir et de fermer le ciel aux hommes. Il enseigne que les rois mêmes doivent s'éloigner de ceux que l'évêque a excommuniés, et déclame contre la simonie et le parjure. Tel est en substance le premier livre de Hugues de Fleury.

9. Dans le second, il prouve plus particulivre, pag. 46. lièrement que Dieu a établi deux puissances dans son Eglise, la royale et la sacerdotale, pour le bien des peuples dont elle est composée. Il commence sa preuve par les rois et les prophètes de l'Ancien Testament, auxquels, selon lui, les rois et les évêques ont succédé dans le Nouveau. Sous le nom d'évêques, il entend particulièrement les suc

1 Le prince séculier n'a ce pouvoir que par concession de l'Eglise ou du pape. (L'éditeur.)

2

* Apud Bolland., toin. II Maii, ad diem 5, pag. 14, 22.

cesseurs de saint Pierre dans le Siége apostolique; et pour marquer avec quel concert les rois et les empereurs chrétiens ont agi avec les pasteurs de l'Eglise, il rapporte d'un côté les avantages que le grand Constantin a faits à l'Eglise de Rome, comme il est marqué dans l'acte de donation faussement attribué à ce prince; les secours que les rois de France ont prêtés aux papes opprimés; la déposition des papes intrus, par ordre des empereurs, qui en même temps leur en ont fait substituer de légitimes; la part que les rois et les princes ont eue aux élections ecclésiastiques, et le décret du pape Nicolas II par lequel il accorda, en 1058, à l'empereur Henri et à ses successeurs, que l'élection d'un pape ne se ferait pas sans lui en avoir donné avis. Il fait remarquer de l'autre côté l'autorité que les prophètes dans l'ancienne Loi, et les évêques dans la nouvelle, ont toujours eue sur les rois, pour les obliger à rentrer dans la voie du salut. Nathan reproche à David son adultère et l'en absout; saint Ambroise interdit à Théodose la communion de l'Eglise jusqu'à une satisfaction convenable pour son crime; saint Germain, évêque de Paris, excommunie Caribert, roi de France, pour s'être séparé de sa femme et tenir dans son palais deux femmes sous-introduites. De tout cela, Hugues conclut que si chaque puissance veut se contenir dans ses bornes et ne pas empiéter sur les droits de l'autre, il sera aisé de maintenir la paix entre elles. Il paraît dire, sur la fin du second livre, qu'il avait traité la même matière avec étendue dans un autre livre. Mais cela se peut à la rigueur entendre du premier livre de ce traité. Il est écrit clairement et solidement. Baluze lui a donné place dans le tome IV de ses Mélanges. [Il a été réimprimé par Mansi, tome III, Miscellanea, d'où il a passé au tome CLXIII de la Patrologie latine, col. 939-975.]

Vie des

10. On a, dans les Bollandistes, au tome V de mai, une Vie de saint Sacerdos, évêque Sacerdos de Limoges, composée par Hugues de Fleury 3; mais l'auteur semble dire, en un endroit, qu'il n'a fait que corriger une ancienne Vie du saint qui était demeurée dans l'obscurité. On lui attribue une petite Chronique des Gaules, depuis Pharamond jusqu'à Philippe Ier, mort en 1108. Elle est imprimée à la fin des œuvres d'Yves de Chartres, de l'édition de Pa

Elle est reproduite au tome CLXIII de la Patrologie latine, col. 975-1004. (L'éditeur.)

Florent Hra woo, moine

plus. Chronique.

ris en 1647, [et ensuite dans le tome CLXII de la Patrologie latine, col. 611-616.] Quel qu'en soit l'auteur, on ne la trouve pas digne de foi 1.

11. Vers le même temps, un autre moine Sa bénédictin composa une Chronique depuis le commencement du monde jusqu'en 1118. Il était anglais de nation, du monastère de Worchester, et se nommait Florent Bravon. Trèsinstruit dans les lettres divines et humaines, il se fit, par ses ouvrages, une grande réputation. Sa Chronique, toutefois, n'est à proprement parler qu'une compilation des anciennes, de celles de Gildas, de Bède, de Marianus, de Sigebert; mais on lui doit la connaissance des événements qui se passèrent sous les rois dont il fut contemporain, c'est-à-dire Guillaume-le-Conquérant et ses deux fils, Guillaume-le-Roux et Henri Ier, rois d'Angleterre. Il ne vit même qu'une partie du règne de ce dernier prince, qui vécut jusqu'en 1135, s'il est vrai, comme on le dit, que Florent soit mort au mois de juillet 1118 2. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il ne conduisit sa Chronique que jusque-là, et qu'un anonyme, moine comme lui de Worchester, la poussa jusqu'en 1163.

Editions de eatte chroui

que.

12. Elle fut imprimée, avec celte continuation, pour la première fois à Londres en 1592, in-4°, par les soins de Guillaume Houard, depuis comte de Northampton, avec un autre écrit de Florent Bravon, intitulé : Livre de la race royale des Anglais, ou la Généalogie des rois d'Angleterre. On la réimprima en la même ville en 1596, in-fol., dans la collection des Historiens anglais, par Henri Savilius; à Francfort en 1601, chez les Wéchels, avec Matthieu de Westminster, [et à Londres en 1848-1849, deux volumes in-8°, par Thorpe, qui l'a revue sur les manuscrits.] Florent remarque que le Comput de Denisle-Petit est contraire à la manière de compter les années de l'Incarnation suivant l'Evangile, et que la vingt-troisième année selon l'Evangile, est la première suivant l'ère dionysienne.

1 Labbe, de Script. Eccles., tom. II, pag. 502. 2 Il prit pour base de son travail la Chronique universelle de Marianus Scotus, y introduisit des extraits de Bède, la majeure partie de la biographie du roi Alfred, par Asser, d'autres documents précieux surtout au point de vue généalogique, et la traduction de la Chronique anglo-saxonne, la première des sources pour l'histoire ancienne d'Angleterre, après Bède, est une des plus importantes pour l'historiographie du nord de l'Europe. Cette traduction de la

13. Il a déjà été parlé de Pierre de Honestis dans l'article de saint Pierre Damien, avec qui on l'a quelquefois confondu, soit à cause de l'identité de nom, soit parce qu'ils étaient nés dans la même ville, c'est-à-dire à Ravenne. Mais ils étaient en effet très-différents : l'un fut moine de l'ordre de Saint-Benoît, évêque d'Ostie et cardinal, et mourut en 1072; l'autre n'est mort qu'en 1119, et n'eut d'autre grade dans l'Eglise que celui de prévôt ou d'abbé dans le monastère qu'il fonda au port de Ravenne. Il était 3 de la famille noble des Honestis, établie en cette ville. En un voyage sur mer, il fut attaqué d'une tempête violente. Dans le danger, il s'obligea, par vou, lorsqu'il serait de retour au port de Ravenne, d'y bâtir un monastère en l'honneur de la sainte Vierge. Il exécuta sa promesse, assembla en cette maison un certain nombre de prêtres, avec qui il vécut conformément à la règle qu'il leur prescrivit. Il était lui-même honoré du sacerdoce.

14. Constantin Cajetan, qui a fait imprimer cette Règle à la suite des œuvres de saint Pierre Damien, remarque qu'elle fut écrite pour les clercs ei les chanoines qui vivaient régulièrement dans les cloîtres des églises cathédrales ou dans les collégiales, suivant les statuts du concile d'Aix-la-Chapelle, et non pour les chanoines réguliers qui suivent pour règle celle de saint Augustin. Pierre de Honestis composa la sienne sur les écrits des saints pères, et prit beaucoup de choses de la règle de saint Benoît. Mais avant de l'établir dans son monastère, il l'adressa, par une lettre, au pape Pascal II, en le suppliant de la confirmer. Il prend, dans cette lettre, le titre de pécheur, selon qu'il était d'usage alors à toutes les personnes qui vivaient dans la piété. On a mis cette lettre à la tête de la Règle, et celle du pape à la fin. Elle est datée du mois de décembre 1116, et signée de treize cardinaux, qui tous confirment et autorisent cette règle, conjointement avec Pascal II. [On la trouve au tome CLXIII de la Patrologie latine, avec une notice littéraire,

Chronique anglo-saxonne est précieuse, parce que Florent se servit des meilleurs manuscrits et qu'il rendit plus fidèlement l'anglo-saxon en latin que tous les autres chroniqueurs. Florent suivit exactement le texte de Marianus; c'est pour cela qu'on désigne souvent sa Chronique comme celle de Marianus. Chronicon Mariani, Diction. encyclop. de la Théologie catholique, art. Florent. (L'éditeur.)

3 Rubæus, Histor. Ravennat., lib. V, et Cajetanus, Observat in regul. Petri.

Pierre de Honestis.

Analyse de celte règle, ad

calcem Op. ris 1642. Li

Damiani Pa

vre premier.

V.

tirée d'Oudin, sur Pierre de Honestis, col. 690-948.]

15. Elle est divisée en trois livres. Le premier est composé de trente-six chapitres, avec un prologue où l'on voit que les observances qui y sont prescrites avaient été mises en pratique dans le monastère de Pierre de Honestis, avant qu'il les mît par écrit, et qu'il ne le fit qu'afin qu'on les observât plus exactement dans la suite. La règle prescrit le renoncement à tous les biens temporels et à la Cap. 1, 1. propre volonté. « Que celui, dit-elle, qui est choisi pour supérieur, aime ses frères; qu'il les reprenne librement et qu'il leur donne l'exemple. Que trois, ou au plus quatre semaines après la mort du prieur, l'on en choisisse un autre à qui le prévôt ou l'ancien VI dise, avant la messe de tierce, en présence de la communauté : Vos frères vous ordonnent de vous charger du soin de leurs corps et de leurs âmes selon Dieu.» Elle porte que les parents pourront offrir d'eux-mêmes leurs enfants à Dieu dans le monastère avant l'âge de quatorze ans, mais qu'après cet âge ils ne le pourront sans le consentement de leurs enfants. Elle ne règle pas le temps de probation, le laissant à la prudence du prieur et de la communauté.

IX.

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16. On y lit encore ce qui suit : « Si le prieur le trouve utile au bien commun, il mettra dans les premières places ceux qui sont venus les derniers, parce qu'en fait de supériorité il faut avoir égard aux mérites personnels, et non au temps de la profession. Défense de rien donner ni recevoir sans la permission du prieur. Il doit lire toutes les lettres des frères, tant celles qu'ils écrivent que celles qu'on leur adresse. Le cloître de ces chanoines réguliers était fermé et voisin xx. de l'église; ils avaient de suite tous les édi

XV.

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XXIII.

fices nécessaires : un chapitre, un réfectoire, un dortoir, etc.; mais ils mettaient au dehors les bâtiments pour les domestiques et les ouvriers.

17. La Règle défend aux clercs toute conversation particulière avec les femmes, si ce n'est à ceux qui sont prêtres et de mœurs éprouvées, pour les entendre en confession. XXIV. Elle permet au prieur d'employer les frères au travail manuel, tant dans le jardin qu'ailleurs, et d'établir dans sa communauté des prêtres pour recevoir les confessions de leurs xxx. confrères. On ne permettait que difficilement

à un chanoine régulier de mener, en gardant son habit, la vie solitaire; et ceux à qui on

l'accordait demeuraient dans des cellules voisines d'une église éloignée, sous l'obéissance du prieur. Le silence est ordonné tant Gap. xxx1. au dortoir qu'au réfectoire, depuis les vêpres jusqu'au lendemain matin, lorsqu'on sort du xxxv. chapitre, pendant tout le jour du vendredi et aux grandes fêtes.

Analyse du deuxième li

18. Dans le second livre, qui est de vingthuit chapitres, Pierre règle ce qui regarde re. la nourriture et les vêtements des frères pour toute l'année. Ils mangeaient de la viande Cap. 1, 11, 11. tous les jours de la semaine, excepté le mercredi et le vendredi. Quelquefois ils y ajoutaient le samedi. Depuis la Pentecôte jusqu'à la Nativité de saint Jean, ils s'abstenaient de viande et jeûnaient le lundi, le mercredi et le vendredi. Depuis ce jour jusqu'à la fête de saint Matthieu, ils ne s'en privaient que le mercredi, le vendredi et le samedi; mais ils jeûnaient le vendredi. L'abstinence du sang suivait ordinairement celle de la chair. Hors les jours de jeûne prescrits par l'Eglise, ils mangeaient deux fois le jour. Depuis la quin- v. quagésime jusqu'à Pâques, et depuis l'Avent jusqu'à Noël, ils s'abstenaient d'œufs et de fromage; ce qu'ils faisaient aussi depuis la Pentecôte jusqu'à la Saint-Jean, et depuis le 1er novembre jusqu'à l'Avent. Ils se retran- . chaient le vin aux veilles des fêtes, tous les vendredis depuis la Quinquagésime jusqu'à Pâques, et les vendredis des Quatre-Temps.

XIT.

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19. On lisait au réfectoire pendant le repas, et tous gardaient le silence en mangeant, si ce n'est que le prieur voulût dire quelques mots d'édification pour les frères, ou qu'il l'ordonnât à quelqu'un d'eux. A l'égard des habits, on leur en donnait autant qu'il était nécessaire, suivant les différentes saisons de l'année. Les malades devaient avoir un ap- xx. partement séparé, où l'on prenait encore plus de soin de leur âme que de leur corps. On avait attention, dans le cas de danger, de les munir des sacrements de la pénitence, de l'extrême-onction et de l'eucharistie; après leur mort, on célébrait pour eux des messes, on disait des psaumes et d'autres prières, et on donnait aux pauvres les portions qu'on leur aurait servies s'ils eussent été en vie. Il y a un chapitre particulier pour les vieillards et les infirmes habituels, un pour l'éducation des enfants et des jeunes gens qu'on élevait dans le monastère, et un pour former dans les sciences divines et humaines ceux en qni l'on trouverait les dispositions nécessaires.

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XVII.

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20. Le troisième livre traite de l'office divin, tant de nuit que de jour, et des heures auxquelles on doit le célébrer. Pour la distribution des psaumes et autres parties des heures canoniales, la Règle s'en rapporte à l'usage de l'Eglise. Les frères s'assemblaient après prime au chapitre, où l'on faisait une lecture en commun; puis on disait les coulpes. La même chose se faisait après none. 111 et seq. Suivent des règlements pour le choix et les fonctions de tous les officiers du monastère et pour la réception des hôtes.

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IV.

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1

21. Parmi les lettres de saint Bernard, il y en a une 1 à Gilbert, évêque de Londres, dont il parle comme d'un homme célèbre par son savoir, mais plus admirable encore par le mépris qu'il faisait des richesses. «Il n'a pas été surprenant, dit-il, que maître Gilbert fût fait évêque; mais on ne peut trop admirer qu'un évêque de Londres vive pauvrement.>> Il était anglais de naissance, et si instruit dans toute sorte de littérature, qu'on l'appelait universel. Il passa d'Angleterre à Paris, où il se fit une grande réputation parmi les philosophes et les théologiens. Etant allé de lá à Auxerre, il en fut fait chanoine et ordonné successivement sous-diacre, diacre et prêtre. On le tira de cette Eglise pour le faire évêque de Londres, après la mort de Richard. Il fut sacré, au mois de janvier 1127, par Guillaume, archevêque de Cantorbéry, et mourut en 1134. Il laissa divers écrits qui n'ont pas encore vu le jour, savoir une explication abrégée ou glose sur l'Ancien et le Nouveau Testament, spécialement sur Isaïe, Jérémie, les Lamentations, les douze petits Prophètes, quelques psaumes et saint Matthieu; des homélies sur les Cantiques de Salomon, un commentaire sur le Prologue de saint Jérôme sur la Bible. Il est parlé de Gilbert et de ses ouvrages dans l'Histoire de l'Université de Paris 2. Nous avons dit quelque chose plus haut d'un autre Gilbert, évêque de Limerick en Hibernie, qui vivait encore en 1139. Il y a de lui dans le recueil des Lettres hibernoises 3 par Ussérius: un traité de l'Etat de l'Eglise; une lettre aux évêques et aux prêtres de ce royaume; et une à saint Anselme, archevêque de Cantorbéry.

22. On met au nombre des écrivains ecclésiastiques Udalric de Bamberg, uniquement à cause de son recueil épistolaire, car nous

1 Epist. 24.

2 Pag. 102, et in Catalog., pag. 735.

ne connaissons point d'autres ouvrages de lui que le prologue en vers qu'il a mis à la tête de ce recueil pour en marquer l'auteur et l'année. Il se nomme tantôt Udalric, tantôt Ulric, suivant le besoin de ses vers, qui sont hexamètres. Il fit ce recueil en 1125, et le dédia à Gébéhard, évêque de Bamberg, qu'il nomme la perle des évêques. Ce ne fut pas sans peine et sans dépense qu'il vint à bout de ramasser tant de diplômes et de lettres. Il paraît que son but fut de former un corps de modèles ou de formules de chartes et de lettres; c'est pourquoi, dans celles qu'il rapporte, il omet ordinairement les noms propres des personnes et des lieux; mais il est aisé de les deviner, pour peu que l'on soit au fait de l'histoire du temps. On ne trouve pas ailleurs tant de monuments touchant les contestations entre le sacerdoce et l'empire, sous les empereurs Henri IV et Henri V, ni touchant le schisme de l'anti-pape Guibert, connu sous le nom de Clément III. Ces monuments consistent ou en actes des conciles, ou en lettres des papes, des cardinaux, des évêques et des princes séculiers, ou en chartes et diplômes, ou en formules de serment et de profession de foi. Il commence par des épigrammes sur divers sujets, par des épitaphes et par des formules de salutations usitées dans les lettres des papes et des rois, et finit par un petit poème d'Eberhard sur la Salutation angélique, et l'épitaphe de Frédéric, duc d'Autriche, par un moine saxon de l'ordre de Citeaux, nommé Conrad. Le recueil d'Ulric est le premier des monuments du moyen âge dans le second tome de la collection d'Eccard, imprimée à Leipsick en 1723.

de Saint-Ruf.

[23. Les éditeurs de la Patrologie placent Ponce, abb sous l'an 1124 une lettre écrite par Ponce, abbé de Saint-Ruf, à l'abbé de Chaumousey (Calmosiacensis), dans le diocèse de Toul. Ponce répond aux questions qui lui avaient été proposées sur le jeûne quotidien, sur le silence continuel, sur l'abstinence du vin, sur les vêtements de laine dont se couvraient les chanoines de Chaumousey. Elle est reproduite d'après Martène, au tome CLXIII de la Patrologie, col. 1477-1480.

24. Jean, surnommé de Coutances, est auteur d'un traité du Comput ecclésiastique, dédié à Geoffroi, abbé de Savigni, qui gou

3 Pag. 77, 78 et 88.

Jean de Coutances

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