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L'Image du monde.

sur la manière dont les saints entendent nos prières, sur la résurrection des morts, sur le bonheur de la vie éternelle. Tel est le sommaire de ce traité où l'on remarque une saine et lumineuse métaphysique puisée dans l'Ecriture et dans la tradition. C'est de tous les ouvrages d'Honoré celui qui nous paraît le plus châtié, tant pour le choix et la justesse des pensées que pour la méthode et l'élocution.

12. 10° L'Image du monde en trois livres. Cette production est précédée de deux lettres, l'une d'un nommé Chrétien, qui qualifie l'auteur homme doué des sept dons du SaintEsprit; l'autre d'Honoré en réponse à celle de Chrétien. La dernière phrase de celle-ci, commençant par ces mots, Ad instructionem, se trouve employée dans quelques manuscrits pour le commencement du premier livre, au lieu que dans tous les imprimés ce livre débute par Mundus dicitur. Cette différence a fait prendre le change à D. Rivet 1, en lui persuadant que l'Image du monde d'Honoré n'était pas le même ouvrage que celui qui a vu le jour sous ce titre. C'est une de ces méprises qui, dans une entreprise de longue haleine et pleine de discussions épineuses, échappent à l'esprit le plus attentif. Nous allons rendre un compte très-succinct de ces trois livres. Le premier est un abrégé de cosmographie, tel qu'on pouvait le donner dans un siècle où la géographie et l'astronomie étaient encore au berceau. L'auteur compare le monde à un œuf et ne reconnaît que trois parties de la terre qui soient habitables. Le second traite du temps et de ses divisions, c'est-à-dire des heures, des jours, des mois, des années, des olympiades, des différents cycles, des réguliers, des concurrents, des épactes, du terme pascal, des fêtes mobiles, de l'embolisme ou intercalation. Le troisième est une petite chronologie qui finit dans les premières éditions à l'empereur Lothaire II, et dans les suivantes à Frédéric Barberousse. Peut-être dans l'autographe finissait-elle à l'empereur Henri V; ce qui est d'autant plus vraisemblable, que cet ouvrage est antérieur à celui Des Ecrivains ecclésiastiques, dans lequel Honoré, parlant de lui-même, dit qu'il florissait sous l'empire de ce prince.

On compte jusqu'à sept éditions de l'Image du monde 2. La première, sans marque de

1 Hist. litt., tom. IX, pag. 451.

2 Fabric., 1. VIII, pag. 818.

lieu ni d'année, concourt avec les commencements de l'imprimerie. La seconde fut donnée à Nuremberg, l'an 1491, par Gaspar Hocfeder. Illyricus procura la troisième à Bâle, en 1497, in-4°, avec attribution de l'ouvrage à saint Anselme. La quatrième, où le nom d'Honoré se rencontre pour la première fois 3, fut encore donnée à Bâle, l'an 1544 avec celle de six autres écrits du même auteur, par les soins de Jean Hérold, chez les héritiers de Cratander, en un volume in-8°. La cinquième, du même format, date de Spire, l'an 1583, chez Bernard Albin. La sixième fait partie du XIIe tome de la Bibliothèque des Pères, imprimée à Cologne. On voit la septième dans le XX volume du même recueil publié à Lyon.

On a fait aussi l'honneur à ce livre de le traduire en italien sous ce titre : Il libro de Imagine mundi composito da Honorio filosofo solitario, per lo quale se potrà intendere molte gentilissime e digne cose. Cette traduction existe manuscrite à la bibliothèque du roi *.

Traité do

13. 11° Le traité Du pape et de l'empereur, intitulé Summa de Apostolico et Augusto. Le Pmpereur. dessein de l'auteur est d'établir deux choses, la prééminence du sacerdoce sur l'empire, et l'incapacité des princes séculiers pour conférer les dignités ecclésiastiques. Sur le premier chef, D. Pez, éditeur de ce livre, remarque fort judicieusement que si Honoré s'était renfermé dans de justes bornes, en se contentant de préférer un genre à un autre, il aurait, de son temps comme du nôtre, rencontré peu de contradicteurs. Car le point essentiel de la dispute ne consistait pas à savoir lequel des deux genres devait l'emporter sur l'autre, mais à déterminer les conséquences qui résultaient de la prééminence accordée assez universellement au premier. C'est sur ces conséquences que l'on disputait, les uns les exagérant sans mesure, les autres les resserrant avec la même indiscrétion. Honoré, décidé pour ceux-là, va jusqu'à soutenir que c'est au pape à élire l'empereur avec le consentement des princes, de même qu'à le sacrer et à le couronner. Sur le second chef, il fait ce raisonnement qui n'est pas le pire de son livre: «Je demande si les dignités ecclésiastiques sont séculières ou spirituelles. Tout homme sensé me répondra sans doute qu'elles sont de la seconde es

3 Bibl. S. Illidii Clarom. Bibl. ms. Reg. n. 7239.

L'Echelle

du ciel.

Explication du Psautier.

pèce Je demande encore de quelle nature est la puissance royale. On ne manquera pas de me dire qu'elle est séculière. Donc, répliquerai-je il n'appartient pas à cette puissance de conférer une dignité spirituelle.» Il recherche ensuite l'origine de l'usage contraire, et croit la trouver dans un prétendu privilége accordé par le pape Léon III à l'empereur Charlemagne pour instituer en son nom, et comme son vicaire, des évêchés dans les Gaules et en Allemagne. « Mais dès que l'Eglise a vu, dit-il, que des hommes sans mœurs et sans respect pour elle s'ingéraient, après avoir envahi l'empire sans le consentement du pape, de vendre à prix d'argent les évêchés et les autres dignités ecclésiastiques; alors frappée de l'abus et de la profanation qu'ils faisaient des choses sacrées, elle a sagement retiré ses droits des mains des étrangers, pour les dispenser elle-même suivant les lois de la convenance et de l'équité. »

14. 12° L'Echelle du ciel, ouvrage mystique divisé en deux parties qui n'ont pas grand rapport, savoir: la grande et la petite échelle. Avant D. Pez, qui en a procuré l'édition, il passait pour constant, sur la foi d'A. Hiérat, que l'Echelle du ciel était la même chose que le traité Des affections du soleil, dont nous parlerons plus bas. Mais, aujourd'hui qu'on a ces deux écrits, on voit qu'ils diffèrent entre eux autant que la morale, objet du premier, diffère de la physique sur quoi roule le second.

15. 13° L'Explication du Psautier. Ce commentaire, ainsi que celui du Cantique des Cantiques, et le traité de l'Image du monde, est dédié à l'abbé Conon, le même vraisemblablement qui passa de l'abbaye de Sibourg à l'archevêché de Ratisbonne en 1126. Dans la préface Honoré dit qu'il a pris pour texte le Psautier gallican, et non le romain, parce que le premier est en usage dans les Eglises du pays où il se trouve. « Or, ajoute-t-il, le Psautier gallican est celui qui a été traduit sur les Septante, au lieu que le romain est fait d'après Symmaque ou je ne sais quel autre interprète. Il explique ensuite ce que c'est que le Psautier, et pourquoi il est ainsi nommé. Puis il traite de la matière, de l'objet, de l'économie et de l'auteur du Psautier. Cette préface, où il y a quelques bonnes choses parmi bien des inutilités et des faussetés, a été mise au jour par D. Pez, avec un petit nombre de psaumes commentés par

Honoré, savoir: les psaumes I, V, L, LI, C, CI et CL. L'éditeur avértit qu'il a des exemplaires complets de cet ouvrage, non-seulement parmi les manuscrits de l'abbaye de Molk, mais encore en d'autres bibliothèques d'Allemagne, qu'il indique. Il ajoute qu'on trouve à la fin de ces manuscrits un commentaire du même auteur sur les cantiques qui se chantent à laudes et à vêpres, et sur le symbole des apôtres.

Catalogue des écrivains

tiques.

16. 14o Le catalogue ou traité des Ecrivains ecclésiastiques, intitulé De luminaribus ecclesiæ. ecclésias Des quatre livres dont il est composé, le premier est tiré de saint Jérôme, le second de Gennade, dont l'auteur adopte le jugement sur Cassien et saint Prosper, en donnant gain de cause au premier dans les disputes qu'ils eurent sur la grâce. Le troisième n'est qu'un abrégé de saint Isidore. Le quatrième, emprunté pour la plus grande partie de Bède et d'autres bibliographes, ne contient que dixsept auteurs, dont Rupert est le pénultième, et Honoré lui-même le dernier. Il y est dit de l'un et de l'autre qu'ils florissaient sous le règne de l'empereur Henri V; ce qui montre que cet ouvrage fut composé du vivant de Rupert, mort sous Lothaire II. On a déjà remarqué que M. le Beuf regarde l'article. d'Honoré comme une addition faite par une main étrangère. Avant lui Fabricius avait eu la même idée, sur ce qu'on y fait cet éloge de notre auteur à l'occasion de son commentaire du Cantique des Cantiques : Miro modo Cantica canticorum exposuit, ita ut prius exposita non videantur. Mais ne pourrait-on pas répondre qu'Honoré, faisant la fonction. d'historien, parlait de son ouvrage comme le public en parlait alors? Ce qui est certain, c'est que cet article se rencontre dans toutes les éditions, dans tous les manuscrits qui existent, et qu'on le voyait dans un des plus anciens sur lequel a été copié celui de Molk, qui est du xve siècle.

Outre les trois grandes Bibliothèques des Pères où ce catalogue a trouvé place, nous en avons quatre autres éditions, dont la première fait partie des sept écrits de notre auteur, imprimés, comme on l'a dit, à Bâle en 1544. La seconde parut à Cologne, in-8° l'an 1580, chez Martène, parmi les ouvrages analogues de saint Jérôme, de Gennade, de saint Isidore, de Sigebert et de Henri de Gand, par les soins de Suffredus Petri. La troisième a été donnée par Aubert le Mire dans son Recueil des mêmes bibliographes, publié l'an

Traité de la Philosophie du monde.

1639 à Anvers, en un volume in-folio; édi-
tion renouvelée par Fabricius, l'an 1718, à
Hambourg, avec des notes qui jettent une
grande lumière sur le texte.

Tels sont les ouvrages imprimés de notre
auteur énoncés dans le catalogue ou traité
dont nous venons de rendre compte.

17. Parmi ceux qui n'y sont point nommés, et dont le public est en possession, le plus considérable est le traité intitulé de la Philosophie du monde, partagé en quatre livres. On le voit à la tête des sept écrits d'Honoré, publiés à Bâle en 1544. Il a passé depuis dans les grandes Bibliothèques des pères de Cologne et de Lyon. Notre auteur parle dans le premier livre de Dieu, de l'âme du monde, des anges et de l'âme humaine. Après avoir prouvé l'existence de Dieu par la nécessité d'admettre une Providence, il recherche la raison pourquoi le Père est appelé la puissance, le Fils la sagesse, et le Saint-Esprit la volonté; pourquoi la création est attribuée au Père, l'incarnation au Fils, et la rémission des péchés au Saint-Esprit. Sur l'âme du monde il propose divers sentiments, et renvoie, pour connaître le sien, à ses gloses sur Platon, que nous n'avons plus 1. Il distingue deux sortes d'anges, les bons et les mauvais. Il fait trois classes de ceux-là, dont la première habite, selon lui, le firmament, pour régler le cours des étoiles; la seconde réside dans le ciel des planètes; la troisième est répandue sur la terre pour prendre soin des hommes. Il ne dit presque rien de l'âme humaine, parce qu'il doit en traiter à fond, dit-il, dans le dernier livre. De là il passe aux principes de la physique, et finit par des raisonnements sur la manière dont s'est exécutée la création.

cun de ces livres, il invective avec chaleur contre ses envieux, qu'il se flatte de confondre par ses succès. Cet ouvrage n'était guère propre à leur fermer la bouche.

Le second écrit est un abrégé d'astronomie usuelle, intitulé: De solis affectibus. Il est le quatrième des sept livres de l'édition de Bâle dont on a déjà parlé. Le manuscrit sur lequel il a été publié dans ce recueil, ainsi que dans les grandes Bibliothèques des pères, était fort défectueux; ou, ceux qui l'ont fait imprimer, de mauvais lecteurs : car on y trouve des fautes grossières de calcul, et d'autres qui forment des contre-sens.

Le troisième est le livre des Hérésies, dans lequel Honoré parcourt sommairement les anciennes hérésies ou sectes, tant des juifs, que des païens et des chrétiens. Il en compte huit parmi les juifs, neuf parmi les païens et soixante-sept parmi les chrétiens jusqu'aux agnoëtes, où il finit. Cet opuscule, inséré dans les grandes Bibliothèques des pères, fut imprimé pour la première fois à Helsmtat, l'an 1612, avec le catalogue des hérétiques de Constantin Hermenopule, en un volume in-4°.

Le quatrième, imprimé pareillement dans la grande Bibliothèque des pères de Lyon, est une liste chronologique des papes, qui se termine à Innocent II. Elle est suivie, dans un manuscrit de la bibliothèque du roi, d'une pareille liste des empereurs d'Occident; et l'une et l'autre ne sont qu'une suite du quatrième livre de la Philosophie du monde, qui les précède immédiatement dans le même manuscrit. Les dernières paroles de ce livre le prouvent manifestement: Non arbitror infructuosum, portent-elles, seriem temporum huic operi inserere, quo lector cuncta transacti

L'objet du second livre est la disposition mundi tempora queat uno intuitu agnoscere. du ciel.

Le troisième concerne l'eau, l'air, le feu, les cinq zones, les pluies et les autres météores.

Dans le quatrième, il s'agit de la terre et de ses habitants. Mais ce qui occupe principalement Honoré, c'est l'homme, dont il donne une description anatomique assez ample, et néanmoins fort superficielle. Ce qu'il dit sur l'âme ne répond pas à ce qu'il avait promis.

Dans les préfaces qui sont en tête de cha

1 M. Cousin dans les ouvrages inédits d'Abailard a publié des fragments du commentaire d'Honorius sur le Timée de Platon. Ils sont reproduits au tome

Le cinquième contient des questions et des réponses sur les Proverbes et l'Ecclésiaste. Nous remarquerons, d'après Cornelius à Lapide, que ces deux espèces de commentaires sont tirés mot à mot de ceux de Salonius, écrivain du ve siècle; à cette différence près que notre auteur a transporté un endroit de cet interprète, et en a retranché ou changé un autre en partie. Car ce que dit Salonius des trois noms de Salomon à la tête de l'Ecclésiaste, Honoré l'emploie pour la préface de ses explications des Proverbes, et

CLXXII de la Patrologie, col. 245-252. (L'éditeur.) 2 Comment. in Eccles., pag. 6.

Summa duodecim quæs

tionum.

Dialogue entre le mal

ciple.

à la fin de ces mêmes explications il abrège ou supprime ce que l'autre avait mis dans les siennes. Ce plagiat n'est point honorable à la mémoire de notre auteur, supposé qu'il ait voulu faire passer le travail de Salonius pour le sien. Quoi qu'il en soit, ces questions et réponses, après avoir été publiées l'an 1554, à Cologne, sous le nom d'Honoré d'Autun, avec d'autres écrits, dans un volume in-8°, ont été insérées depuis dans les Bibliothèques des Pères, de Cologne et de Lyon.

Les ouvrages suivants ont été tirés de l'obscurité par D. Pez.

18. 1° Un livre intitulé: Summa duodecim quæstionum. Voici quelle en fut l'occasion. Deux hommes, dit Honoré, l'un chanoine et l'autre moine, s'étant rencontrés en voyage, se demandèrent réciproquement ce qu'ils étaient et d'où ils venaient. J'appartiens à saint Pierre, dit le chanoine; et moi, dit le moine, à saint Michel. Le premier soutient que son patron est le plus digne, comme prince de l'Eglise et portier du ciel. L'autre prétend au contraire que c'est le sien, étant non-seulement ange, mais prévôt de la cour céleste. La dispute s'étant beaucoup échauffée sans qu'il y eût rien de conclu, quelques personnes, dit notre auteur, m'ont demandé sur cela mon sentiment. J'ai d'abord répondu de vive voix; mais ensuite, à leur prière, j'ai mis ma réponse par écrit. Honoré, pour résoudre une question aussi futile, entreprend d'établir douze points métaphysiques, à la fin desquels on est à peu près aussi avancé qu'auparavant. Cet ouvrage est dédié à un Thomas, tout rayonnant de l'éclat de la sagesse, suivant l'expression de l'auteur.

2° Un Dialogue entre le maître et le disciple, tre et le dis- sur huit questions théologiques, que celui-ci propose et que l'autre résout; les deux plus importantes sont : 1o Jésus-Christ se serait-il incarné, si l'homme n'eût pas péché? Le maître répond affirmativement, sur ce que le principal motif de l'Incarnation n'a pas été, selon lui, la réparation du péché, mais la déification de la nature humaine. 2° Quelle est la destinée des enfants morts sans baptême? La réprobation et le feu éternel, répond le maître.

De l'exil et 3o Un traité De l'exil et de la patrie de l'âme.

de la de l'âme.

patrie

Ce Thomas, à qui l'auteur avait dédié sa Somme des douze questions, est encore le Mécène qu'il célèbre à la tête de ce livre. Mais il avait crû en dignité dans l'intervalle de ces deux écrits, puisqu'Honoré, dans celui-ci,

lui fait honneur non-seulement de tous les dons de la sagesse, mais aussi de la grâce apostolique; ce qui semble dire qu'il avait été promu à l'épiscopat. La matière dont notre auteur l'entretient ici, concerne les sciences humaines et divines. Il dit que notre exil consiste dans l'ignorance, et notre patrie dans la possession de la vraie sagesse qu'il entreprend de développer. Il n'y a rien là qui mérite d'être remarqué.

4o Un traité Du libre arbitre, adressé à un abbé nommé Gothescalc. Le dessein est le même que celui de l'Inévitable, mais exécuté avec plus de brièveté. Il n'y a que six chapitres d'Honoré; le reste consiste en passages de plusieurs pères.

5o Un petit discours sur la Vie du cloître, qui contient une mysticité peu assortie à la portée du commun des lecteurs.

19. Ce sera D. Bernard Pez, comme nous en avons averti ci-devant, qui nous servira de guide dans le dénombrement des écrits non imprimés ou perdus de notre auteur.

1o Un traité de l'Incontinence des prêtres. Il était compris dans la liste des livres dont un moine, nommé Henri, avait fait présent à l'abbaye de Gotwic, au XIe siècle. Mais il ne se rencontre plus aujourd'hui parmi les manuscrits de cette maison, et on ne peut dire où il existe.

2o Un grand ouvrage intitulé Summa totius de omnimoda historia. Il est compris dans la donation du moine Henri, et annoncé sous le nom d'Honoré. D. Pez dit avoir vu et par. couru, dans la bibliothèque de Gotwic, une chronique anonyme qui portait ce titre, et dans laquelle on rencontre des choses importantes pour l'histoire d'Allemagne. Mais ce qui lui fait douter que ce soit la même que celle d'Honoré, c'est qu'elle ne va que jusqu'en 1058, et que l'auteur y nomme Adalbert, marquis d'Autriche, son seigneur. Il semble aisé néanmoins de répondre à ce doute. D'abord, le manuscrit étant du XIIe siècle, comme dom Pez en convient, n'est-il pas naturel de le confondre avec celui qui venait du moine Henri? Que cette chronique finisse au milieu du XIe siècle, cela ne prouve absolument rien contre Honoré, puisqu'on peut dire ou que le manuscrit est mutilé, ou que l'auteur n'a pas eu le loisir de conduire son travail plus loin. A l'égard de ce que celui-ci témoigne, qu'il vivait sous la domination du marquis d'Autriche, nous avons reconnu ci-devant qu'Honoré, voulant se li

Ecrits non imprimés ou perdus.

vrer à la retraite, avait transporté son domicile de France en Allemagne. Nous pourrions ajouter quelque chose de plus positif, si nous avions vu l'exemplaire de la Chronique d'Honoré, qui, au rapport d'Arnoul Wion, avait passé des mains de Lazius dans la bibliothèque de l'empereur au xvIe siècle. Quoi qu'il en soit, Bellarmin s'est mépris en nommant une édition de cette chronique faite à Bâle, en 1544. L'ouvrage est encore dans les ténèbres 1.

3o Des extraits de saint Augustin, sur la nature et les propriétés de l'âme, disposés en forme de dialogue. D. Pez ne les a découverts, dans l'abbaye de Molk, qu'après avoir publié son second tome d'Anecdotes, où il a renfermé les ouvrages d'Honoré. Il témoigne son regret de cette omission, et promet de la réparer par la suite; mais il n'a pas tenu parole.

4o Un livre de Questions théologiques, où il est traité des limbes, de l'enfer, du ciel, etc., tiré pareillement de saint Augustin et d'autres pères. D. Pez avait aussi dessein de le mettre au jour, et en est demeuré là.

5o La Clef de la physique, Clavis physicæ. « Il y en a, dit notre guide, qui prennent cet ouvrage d'Honoré pour ses livres de la Philosophie du monde. Mais, ajoute-t-il, le manuscrit du monastère de Zuetlen nous apprend le contraire. Car il y est disertement énoncé que la Clef de la physique était un abrégé des cinq livres d'un certain Chrysostomius. Cet ouvrage n'a donc point encore paru; mais nous espérons le donner un jour au public. >> C'est encore une promesse qui n'a point eu d'exécution.

6o Un recueil intitulé Pabulum vitæ. Il est énoncé dans la donation de Henri; mais l'exemplaire de Gotwic est perdu, et l'on n'en connaît point d'autre.

7° Un autre recueil de sermons qui a pour titre: Refectio mentium de festis Domini et Sanctorum. Il faisait également partie des livres de Henri, et existait encore du temps de Trithème; mais on ne sait aujourd'hui ce qu'il est devenu.

8° Historia solemnis. Thierri d'Engelhusen nomme cet ouvrage dans la liste des auteurs dont il dit s'être servi pour la composition

1 Une partie seulement a été publié par Pertz, Germaniæ Script. X, et est reproduite au t. CLXXII de la Patrologie, col. 187-196; elle va de l'an 726 à 1125. (L'éditeur.)

2 Pez l'a publié au tom. Il de ses Anecdot., et on

de sa Chronique des chroniques. Mais est-il différent, ou non, du Summa totius dont on a parlé ci-devant? C'est ce que nous ne pouvons décider.

9o Des Homélies sur les Evangiles que saint Grégoire n'a point expliqués. C'est encore un ouvrage dont on ne peut garantir l'existence.

10° Un opuscule très-court sur les dix plaies de l'Egypte. On en conserve un exemplaire, écrit au XIVe siècle, dans la Chartreuse de Gemnic, en Allemagne 2.

11° Notre auteur a fait, comme nous l'avons déjà remarqué d'après lui, des gloses sur Platon: ouvrage perdu ou profondément enseveli.

12o Un volume de Lettres qui n'est connu que sur le témoignage de Trithème.

13° Un écrit intitulé: Suum quid de virtutibus et vitiis. D. Pez, parlant de cette production, dit: Hoc quid monstri sit, nondum assecuti sumus. Quidquid id demum operis fuerit, certe inter Honorii opuscula in donatione Henrici monachi hoc modo exprimitur.

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14° Doublet 3 attribue encore à notre au teur un commentaire sur la Hiérarchie de saint Denys l'Areopagite; mais l'on ne sait où cet historien a puisé cette anecdote, et l'on ne connaît ni bibliographe qui lui donne un pareil ouvrage, ni bibliothèque où il se trouve.

Il est inutile de réfuter l'erreur où est tombé Polycarpe Leyser, en mettant sur le compte de notre auteur certains vers élégiaques rapportés par dom Mabillon, dans le premier tome de ses Anecdotes, sous le nom d'Honoré Scholastique. La note de l'éditeur, qui met au vi siècle la mort de Jourdain, évêque de Ravenne, à qui ces vers sont adressés, suffit pour montrer que Leyser a confondu deux écrivains de même nom.

20. Quoique la postérité n'ait pas tiré de grands secours des écrits d'Honoré, ce serait néanmoins une injustice de dire qu'ils ont été inutiles à son siècle. On n'y voit, à la vérité, comme dans ceux de presque tous ses contemporains, aucune nouvelle découverte, nulle trace de ce génie inventif qui sait perfectionner et agrandir les connaissances qu'il a reçues; mais ils peuvent être regardés. comme un dépôt de la tradition sur plusieurs

l'a reproduit au tom. CLXXII de la Patrologie, col. 265-270. (L'éditeur.)

3 Hist. de l'abbaye de Saint-Denis, pag. 128. Hist. poet. medii ævi, verbo Honorius.

Jugement des écrits d'Honoré.

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