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genres de savoir. Notre auteur, en effet, possédait et a transmis presque tout ce qu'on savait alors de mathématiques, de cosmographie, de géométrie et de métaphysique. Il se distinguait même dans cette dernière partie, comme le fait voir son traité De la connaissance de Dieu et de la vie éternelle; ouvrage réellement digne des deux grands noms qu'il porte dans quelques manuscrits. Sans être un théologien profond, il n'était rien moins que novice en théologie, malgré certaines erreurs ou méprises que l'on aperçoit dans quelques-uns de ses écrits. Son Elucidaire, qui a donné le plus de prise à la censure, aurait trouvé grâce auprès des critiques, s'ils eussent fait attention que c'était le fruit de ses premières études théologiques. Son traité de l'Inévitable marque plus de maturité. C'est dommage, comme on l'a dit, qu'on y aperçoive deux ou trois taches qui le déparent et l'empêchent d'aller de pair avec les meilleurs écrits du temps sur le même sujet. Le don que notre auteur avait reçu pour l'interprétation des Livres saints se manifeste dans son Commentaire du Cantique des cantiques. S'il n'a pas été aussi heureux sur les Psaumes, peu d'interprètes d'alors y ont mieux réussi. Les idées mystagogiques, qui avaient prévalu dans le XIIe siècle, ne permettaient guère de saisir le véritable esprit d'un texte dont la lettre sert de base à tous les autres sens. Ces mêmes idées l'ont jeté dans l'illusion et lui ont fait avancer beaucoup d'absurdités sur les rits ecclésiastiques. C'est ainsi que les bons esprits se gâtent en se laissant entraîner par les préjugés et le mauvais goût que les esprits faux ont établis.

21. A l'égard de sa manière d'écrire, elle

nous paraît défectueuse par plus d'un endroit. Dans presque tous ses écrits, les diverses pièces qui les composent ne sont ni distribuées avec méthode, ni rapprochées avec intelligence. C'est un auteur qui enfante, pour l'ordinaire, à mesure qu'il conçoit, sans trop se soucier de ce qui précède et de ce qui doit suivre. De là vient cette négligence qu'on remarque aussi dans son style. Il eût pu se corriger de ses défauts, s'il eût travaillé ses écrits avec plus de loisir et de réflexion, comme réellement il s'en est garanti dans quelques-unes.

503

Edition de

œuvres

logie. Juga. ment sur l'au

22. Le tome CLXXII de la Patrologie, col. 1 à 1270, reproduit les œuvres d'Honorius. Les éditeurs les ont divisées en quatre par- dans la Patroties. La première, renferme les œuvres sur l'enseignement et sur l'histoire; la deuxième, tur. l'Exégèse; la troisième, les ouvrages liturgiques; la quatrième, les ouvrages dogmatiques et ascétiques. Dans les prolégomènes qui précèdent, on trouve une notice tirée de Roger Wilmans, tome X Script. Germaniæ, par Pertz, une autre notice tirée de l'Histoire littéraire de la France, et une troisième tirée de Pez, Thesaurus Anec., une quatrième empruntée à Fabricius, une cinquième tirée de la Bibliothèque des Pères de Lyon, tome XXI.

23. Voici le jugement que porte Gams dans le Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, tome XI : « Honorius était un des écrivains les plus considérables et les plus savants de son siècle; il possédait toute la science de son temps et cherchait à l'exposer avec ordre. C'est un homme qui mérite d'être tiré de l'obscurité où il est demeuré et de devenir l'objet d'une dissertation spéciale. »

Etienne de Baugé, évé

CHAPITRE XXV.

[Etienne de Baugé, évêque d'Autun, vers 1136]; Le bienheureux Guiges ou Guigues, cinquième prieur de la Chartreuse [1137].

[Ecrivains latins.]

1. [Etienne de Baugé prit son surnom de que d'Antun, la petite ville de Baugé en Anjou, dont Gaw

vers 1136.

reram son père était seigneur. Son enfance et sa jeunesse nous sont complètement inconnues; nous ne commençons à rencontrer quelques documents sur sa personne que vers l'an 1112, époque de son élévation sur le siége épiscopal d'Autun. On le voit trois. ans après assister au concile de Tournus, assemblé par Guy, archevêque de Vienne et légat du Saint-Siége, pour terminer l'affaire des deux églises de Saint-Jean et de SaintEtienne de Besançon qui se disputaient le titre d'église métropolitaine. La même année 1115, il reçut une lettre du pape Pascal II, dans laquelle ce pontife lui marque qu'il prend l'Eglise d'Autun sous sa protection, et la confirme dans tous ses biens et priviléges. En 1129, il fut du nombre des prélats qui assistèrent à la cérémonie du sacre de Philippe, fils de Louis-le-Gros. Sa piété envers saint Lazare, patron de son diocèse, se signala par le magnifique mausolée qu'il lui fit ériger l'an 1131, après avoir transféré son corps de l'ancienne église dans la nouvelle. Il eut pour saint Bernard un attachement solide, et qui se manifesta surtout par la cession qu'il fit au saint abbé de la terre de Fontenay, près de Montbard, pour y bâtir un monastère. Ce fut de son temps et probablement par ses soins que les chanoines de Saint-Symphorien d'Autun embrassèrent la vie régulière. En considération de cette réforme, il augmenta leurs revenus et ne cessa jamais de se montrer leur protecteur. Peu content d'honorer et de favoriser la profession religieuse, il résolut de l'embrasser luimême, et dans ce dessein, après avoir abdiqué en 1136, il choisit pour retraite l'abbaye de Cluny. Il y acheva saintement ses jours avec le titre de simple moine, et non pas, comme l'avance Pictet, dans la dignité d'abbé dont il ne fut jamais revêtu. Pierre le Vénérable, qui reçut son dernier soupir, fait son

éloge en ces termes dans une lettre qu'il écrivit à Humbert son neveu, archidiacre d'Autun. « Ce respectable prélat, dit-il, a tout méprisé noblesse, famille, faste, dignités, fortune, pour suivre Jésus-Christ pauvre et humilié. Après avoir persévéré dans cet état avec une ferveur des plus saintement soutenues, il a rendu l'esprit entre mes bras. Pleins de vénération pour un si saint personnage, ma communauté et moi nous lui avons rendu les honneurs funèbres qui convenaient à son rang et à son mérite.»> Il était enterré derrière le choeur, sous une tombe marquée du no XXII, avec une épitaphe gravée vis-à-vis sur le mur. Ce n'est que par conjecture qu'on fixe sa mort au 7 janvier 1140.

2. Nous avons dans les trois grandes Bibliothèques des Pères, un traité du Sacrement de l'autel, qui porte le nom d'Etienne d'Autun. Bellarmin, Possevin et Lemire placent cet auteur deux siècles plus tôt; mais il est certain qu'il n'y eut point d'Etienne sur le siége d'Autun avant le XIIe siècle. Dans le cours de ce siècle, on en trouve deux : celui dont nous venons de parler, et un autre qui mourut le 28 mai 1189. Reste à savoir encore auquel des deux on doit attribuer cet ouvrage. Dom Mabillon, avec toute la foule des critiques, se prononce en faveur du premier, fondé principalement sur ce que Pierre le Vénérable le qualifie d'homme recommandable par la sagesse de sa doctrine. Il faut avouer que ce sentiment ne porle pas sur une raison absolument décisive; mais comme nous n'en avons aucune pour le combattre, nous ne croyons pas devoir nous en écarter. L'ouvrage est partagé en vingt chapitres, précédés d'une préface, dans laquelle l'auteur s'applique à faire voir que les sept ordres sont représentés par les sept dons du SaintEsprit. En parlant de la tonsure, il prétend qu'elle est d'institution apostolique, et la fait venir originairement des Nazaréens. Les cinq

Ses écrits.

premiers chapitres sont employés à traiter des quatre ordres mineurs et du sous-diaconat. Dans le sixième, supposant que ces ordres ont été institués par Jésus-Christ, l'auteur explique comment il a exercé les fonctions de chacun d'eux en particulier. Les chapitres suivants jusqu'au onzième, traitent du diaconat, du sacerdoce, et de la signification mystique des ornements sacerdotaux. Par rapport aux diacres, Etienne avance qu'ils peuvent remplacer le prêtre en certaines occasions pour le baptême, par exemple pour la communion et même pour la confession. Notre plan n'exige point que nous discutions les raisons sur lesquelles l'auteur s'appuie pour accorder aux diacres la dernière de ces prérogatives, en l'absence des prêtres. On trouve des textes semblables à celui-ci dans plusieurs monuments de l'Eglise latine, sans parler de la lettre de saint Cyprien aux prêtres et aux diacres de Carthage sur la réconciliation des tombés, texte dont l'obscurité subsistera toujours, du moins en partie, tant qu'on n'y apportera pas d'autre solution que celle des scolastiques. La suite de l'ouvrage renferme une explication détaillée et très-instructive de toutes les parties de la liturgie. Etienne insiste principalement sur le canon de la messe, et propose différentes questions relatives à la présence réelle, qu'il résout d'une manière aussi précise qu'orthodoxe. Il est à remarquer qu'il est un des premiers qui ait employé le terme de transsubstantiation, pour exprimer le changement des matières eucharistiques. Nous disons un des premiers, car Hildebert est à proprement parler le premier auteur qui se soit servi de cette expression. Dans le dernier chapitre, il parle des additions faites à la messe en divers temps par les Souverains Pontifes. Ce chapitre ne fait pas preuve qu'il fût très-versé dans l'histoire ecclésiastique.

Les éditeurs des Bibliothèques des Pères ne sont ni les seuls ni les premiers qui aient mis au jour ce traité de notre auteur. Jean de Montholon, chanoine et chantre de l'Eglise d'Autun, les avait devancés par l'édition qu'il publia en un volume in-4o, à Paris, 1517.

1 Mais il n'en donne aucune. Au reste le sentiment qu'il adopte est contraire à l'enseignement des théologiens et à la pratique de l'Eglise. Voyez tome II, pag. 301, note 5.

Tout ce qui précède est extrait de l'Histoire lit-
XIV.

Les auteurs de la Nouvelle Gaule chrétienne nous ont également conservé deux autres pièces de notre prélat. La première est en forme de lettre pastorale adressée au clergé et au peuple de son diocèse. Etienne y déclare avoir pris l'abbaye d'Oignies sous sa protection, et défend de porter ailleurs qu'à son diocèse les procès que l'on voudra susciter à cette maison. La seconde est une charte par laquelle il concède une église à la communauté de Citeaux, en considération, dit-il, de la bonne odeur qu'ils répandent en tous lieux. Ces deux écrits sont sans date 2.

Le traité du Sacrement de l'autel est reproduit au tome CLXXII de la Patrologie, col. 1273-1308, d'après la Bibliothèque des Pères de Lyon. Viennent ensuite les deux chartes énoncées ci-dessus; puis trois autres tirées, l'une de Pérardi, est un privilége pour le monastère de Saint-Bénigne de Dijon; les deux autres de Mabillon : la première est un privilége pour l'ordre de Citeaux; la seconde regarde la renonciation à de mauvaises coutumes faite par Hugues II, duc de Bourgogne, en présence de l'évêque Etienne.]

3. Le bienheureux Guiges était du diocèse de Valence 3, né de parents nobles, très-instruit des lettres divines et humaines, d'un esprit pénétrant, d'une mémoire heureuse, d'une éloquence admirable. A tous ces talents i joignait une vertu très-épurée. Son autorité fut grande dans l'ordre des chartreux, dont il avait embrassé l'institut, et sa réputation ne fut point au-dessous de celle des premiers prieurs de la Chartreuse.

Le Bienhen. reux Guiges ou Guigues.

Il est fait prieuc de la

4. Guiges en était le cinquième l'an 1114, lorsque Godefroi, évêque d'Amiens, fatigué Chartreuse. de l'indocilité de son peuple et des violences que les nobles exerçaient dans son diocèse, se retira à la Chartreuse pour s'y appliquer en liberté aux exercices de la vie spirituelle. Il y fut reçu avec le respect que méritaient sa dignité et sa vertu. Guiges lui donna une cellule; mais le concile de Soissons, de l'an 1115, l'obligea de retourner à Amiens.

5. En 1135, Pons de Laraze, connu, sous le règne de Louis-le-Gros, pour son esprit, sa valeur et ses richesses, se repentant d'avoir abusé de ses talents 5, prit le parti de la retraite et s'adressa à Guiges pour se décider

téraire de France, tom. XI, pag. 710 et suiv. 3 Labbe, Bibliot., tom. I, pag. 639.

Vita Godef., lib. II, cap. vI et XI.

5 Histoire du Languedoc, tom. II, pag. 422.

20

Son estime pour l'ordre de Citeaux.

Il fonde plu. sieurs chartreuses.

Il s'appli que à faire

transcrire des

livres. Labbe,

lib. I Biblio

thec., p. 639.

Mort de Goiges en

[Edition de

sur le choix d'un état religieux. Guiges lui conseilla d'embrasser la réforme de Citeaux: ce qu'il fit; il offrit même sa maison de Salvanez pour en faire un monastère. Fondé en 1136, il existe encore dans le diocèse de Vabres. Guiges donna le même conseil à Etienne, prieur d'Obazine, qui était venu également le consulter sur l'institut qu'il devait établir dans son monastère. « Les cisterciens 1, lui dit-il, tiennent la voie royale; leurs statuts peuvent conduire à toute la perfection. >>

6. Il y avait dix-huit ans qu'il gouvernait la Chartreuse en qualité de prieur (car il n'y avait point d'abbé à la Chartreuse, l'évêque de Grenoble en tenait la place), lorsqu'il prit la résolution de mettre par écrit les usages qui y avaient été en vigueur depuis sa fondation, c'est-à-dire depuis environ quarantecinq ans. Il adressa le recueil qu'il en fit aux prieurs de trois maisons de son ordre : Bernard des Portes, Humbert de Saint-Sulpice, et Milon de Majorève. La chartreuse des Portes lui devait son établissement, et il contribua à la fondation de plusieurs autres ou à leur accroissement, tant à l'égard du nombre des religieux que des bâtiments nécessaires.

7. Les bonnes études qu'il avait faites lui donnèrent de l'amour pour les livres. Il fit chercher les meilleurs, et les exemplaires les plus authentiques, les transcrivit, et corrigea ce qu'il trouva de défectueux dans ceux qui étaient moins corrects. La vingt-troisième année de son gouvernement, il se détacha des rochers des Alpes une si prodigieuse quantité de neiges, que toutes les cellules des chartreux, excepté une, en furent renversées; six moines et un novice furent enveloppés dans les ruines de ces bâtiments et y périrent. Mais, au bout de douze jours, il en sortit un, nommé Arduin, Lorrain de nation, qui se trouva sans blessures, l'esprit sain et avec toute sa mémoire. Il dit peu de choses à ses confrères, se confessa, reçut l'extrêmeonction et l'eucharistie, après avoir donné à tous le baiser de paix, puis il s'endormit au Seigneur avec une grande tranquillité.

8. Guiges mourut le 27 juillet 1137, âgé 1137, ibid. d'environ cinquante-quatre ans, dont il ses œuvres avait passé trente dans l'ordre des chartreux, et vingt-sept en qualité de prieur. On le nommait Guiges de Saint-Romain. Ceux qui ont écrit sa Vie ne doutaient pas qu'elle

dans la Patrologie.]

1 Mabillon., lib. LXXVI Annal., num. 72.

n'eût été suivie de la récompense promise aux justes dans le ciel. [Les écrits de Guiges. sont reproduits au tome CLIII de la Patrologie latine, avec une notice tirée de l'Histoire littéraire de France, et une autre tirée de Mabillon, col. 581-784. On y trouve les Lettres au nombre de six, les Méditations, les Statuts des Chartreux, et la Vie de saint Hugues de Grenoble.]

9. Le recueil qu'il fit des usages et des statuts de son ordre fut imprimé à Bâle en 1510, in-folio, et à Paris en 1582, avec les priviléges accordés aux chartreux. On les réimprima en 1703, dans le tome Ier de leurs Annales. Voici ce qu'on peut y remarquer. Pendant toute la semaine les chartreux gardent le silence, et le samedi au soir ils confessent leurs péchés au prieur, ou à celui qui en a la commission. Le dimanche, après prime, ils vont au chapitre; quelque temps après, ou après tierce, ils assistent à la messe; et lorsqu'on a dit none, ils s'assemblent au cloître pour y conférer de choses utiles. Ensuite on leur donne des plumes, des parchemins, des livres pour lire, ou pour les transcrire. Le sacristain est chargé de cette distribution; et le cuisinier, de leur donner des légumes, du sel, et les autres aliments de cette nature.

Statuts des Chartreux.

Septième

statut.

Suite.

Cap. II.

10. On ne rase les frères que six fois l'an, et en silence. Les étrangers n'entrent pas dans le choeur, s'ils ne sont religieux. Lorsqu'un x. frère malade se trouve proche de sa fin, toute la communauté s'assemble pour lui rendre visite; le malade confesse ses péchés, et après quelques prières, le prêtre lui fait l'onction des infirmes. Ensuite on essuie la *. touche du moribond, à qui tous donnent le baiser de paix, comme devant partir. Il reçoit la communion, et quelques moments avant d'expirer, on le couche sur de la cendre bénite; pendant ce temps on récite les litanies. Le jour de la sépulture, les frères sont dispensés de garder la chambre; et pour leur donner quelque consolation, on leur permet de manger deux fois et en communauté.

11. Chaque semaine on chante une messe Suite, ibid. pour les bienfaiteurs, les habitants du lieu, et généralement pour tous les défunts. Cette messe se dit en été avant prime en hiver, après prime. « Nous disons ici rarement la messe, dit Guiges, parce que la fin principale de notre institut est le silence et la retraite. Nous ne recevons point d'enfants, ni Cap. XXVII.

de jeunes gens au-dessous de vingt ans, afin qu'ils soient en état de combattre l'ennemi Lap. xxv. du salut. Nous prenons grand soin des livres, comme étant la nourriture de notre âme ; et nous nous occupons à en transcrire, pour prêcher des mains la parole de Dieu, ne le *** pouvant faire de bouche. » En aucun temps l'on ne se recouche après matines. Depuis tierce jusqu'à sexte en hiver, et depuis prime jusqu'à tierce en été, on s'occupe du travail des mains, et depuis none jusqu'à vêpres mais on interompt quelquefois ce travail par de courtes prières. Les matines et les vêpres se disent à l'église, complies dans la cellule. Si les frères ont besoin de dire quelque chose, ils le feront en peu de mots, sans recourir à des signes, comme il se pratique dans le monastère de Cluny.

Suite.

12. Le lundi, le mercredi et le vendredi, Cap. on se contentera, si on le veut, de pain, d'eau et de sel; le mardi, le jeudi et le samedi, on fera cuire des légumes, ou quel que chose de semblable. En ces jours-là on donnera du vin, et le jeudi du fromage. Depuis la mi-septembre jusqu'à Pâques, on ne mangera qu'une fois le jour le reste de l'année on fera deux repas, savoir le mardi, le jeudi et le samedi. En avent on ne servira . ni œufs ni fromage. Les frères ne boiront point le vin pur, et ne mangeront point de ш pain blanc, fût-il de froment. Il n'est permis

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Saite.

à aucun de faire des abstinences particulières, de se donner la discipline, de veiller hors ce qui est prescrit, sans la permission du prieur, tout devant être sanctifié par l'obéissance.

13. Si, à l'heure du repas, il arrive un évêI que, un abbé, un religieux, le prieur l'admettra à la table et rompra le jeûne en sa faveur, si ce n'est un jeûne principal, c'està-dire commandé par l'Eglise. Dans les affaires de conséquence le prieur convoquera la communauté pour prendre son avis, et après les avoir ouïs tous, il fera ce qui lui paraîtra le mieux. On usait rarement de médecine à la Chartreuse, mais on permettait aux frères de se faire saigner cinq fois par an. A chaque fois on leur accordait pendant trois jours de faire deux repas, quelque chose de meilleur qu'à l'ordinaire, et de conférer après le repas. On avait coutume d'acheter du poisson pour le malade.

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ne recevaient aucuns présents des usuriers, ni des excommuniés; ne possédaient rien hors des bornes de leur désert; n'y enter- Cap. XLI. raient que leurs confrères, ou quelque religieux qui y fût mort; et ne se chargeaient d'anniversaires pour personne, dans la crainte de rendre les prières vénales.

Cap. XIV,

LXV.

LXXVII.

15. Il y avait à la Chartreuse des laïques, Suite. ou frères convers; la plupart ne sachant pas même lire, ils ne chantaient pas à l'office, mais ils assistaient à celui que leur disait le religieux du choeur, chargé de leur conduite. En son absence, ils récitaient un Pater pour chaque psaume. Occupés du travail des mains, leur abstinence était moindre que celle de la communauté. En avent et en carême, ils se donnaient la discipline quand ils résidaient à la maison. S'ils allaient dehors, ils récitaient sept fois le Pater pour une discipline. Un frère sorti ou chassé de la Chartreuse, y était reçu une seconde fois s'il promettait de se corriger; mais on le mettait à la dernière place : sinon, on lui permettait de passer à un autre monastère où il pût sauver son âme. Le nombre des moines de la Chartreuse était fixé à treize, celui des frères convers à seize. Il fut réglé ainsi, parce qu'alors la maison n'était pas en état de supporter une plus grande dépense. Guiges conseille à ses successeurs, et généralement à tous ceux de son ordre, de régler le nombre de leurs religieux sur les facultés des maisons, pour n'être pas réduits à l'odieuse nécessité de mendier.

16. On ne voit en aucun endroit de son recueil, que l'usage de la viande ait été défendu aux malades. Mais dans les statuts recueillis par Rufférius en 1259, on lit au chapitre XLIV : « L'usage de la chair, auquel notre ordre a renoncé, ne s'accorde à aucun de nous, fût-il lépreux. » Dans une troisième collection des statuts par François Dupui, il est défendu de mettre le moribond sur la cendre, de peur d'accélérer sa mort.

17. Guiges s'appliqua aussi dans sa retraite à méditer sur les vérités pratiques de la religion, et mit par écrit ses réflexions qui ne pouvaient être que très-utiles à ses religieux comme à toutes autres personnes. L'ouvrage fut mis sous presse à Anvers en 1550 et 1589, avec les Méditations de Guillaume, abbé de Saint-Thierry, et réimprimé dans le premier tome du supplément de la Bibliothèque

1 Mabillon., lib. LXXI Annal., num. 105.

LXXVIII.

Remarques

sur ces statuts.

Livre des Méditations.

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