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Epist. 42, 43.

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qu'il soutenait que l'on ne pouvait sans cette distinction concevoir comment le Père et le Saint-Esprit ne se seraient pas incarnés comme le Fils. Il tâchait de donner cours à ses erreurs en disant que saint Anselme pen sait là-dessus comme lui. Cet abbé essaya d'abord de donner un bon sens à la proposition de Roscelin, disant que sans doute par les trois choses il entendait les trois relations, selon lesquelles les trois personnes sont distinguées entre elles, ce qui est avoué de tout le monde. Mais faisant attention qu'il ajoutait que les trois personnes n'ont qu'une même volonté et une même puissance, il en conclut que la volonté et la puissance étant dans les personnes, non selon les relations, mais selon la substance, et en tant qu'elles sont un seul Dieu, il fallait que Roscelin, en disant que les trois personnes sont trois choses, en tant que chaque personne est Dieu, admit trois dieux, ou ne sût ce qu'il disait. Saint Anselme, apprenant depuis que Roscelin, en distinguant dans Dieu trois choses, disait qu'on pouvait dire aussi qu'il y a trois dieux, adressa une lettre à Foulques, évêque de Beauvais, le priant de la faire lire. dans le concile que Raynaud, archevêque de Reims, devait assembler pour la condamnation des erreurs de Roscelin. Il fait profession, dans cette seconde lettre, de croire tout ce qui est contenu dans les Symboles des apôtres, de Constantinople et dans celui qui porte le nom de saint Athanase. Il dit de plus anathème à l'erreur enseignée par Roscelin. 5. Lanfranc, un de ses moines, ayant accepté une abbaye contre sa défense, il lui en fit de vifs reproches mêlés toutefois de douceur, et lui déclara que n'étant point entré dans cette dignité par l'obéissance, il ne devait pas s'attendre à être bénit par l'archevêque. C'étaient le prieur et les religieux de Saint-Vandrille qui l'avaient choisi pour leur abbé. C'est pourquoi saint Anselme leur écrivit qu'il ne consentirait pas à cette élection, surtout depuis que Lanfranc les avait traités cruellement. Il ne croyait pas que lorsqu'un moine élu abbé se faisait bénir par un évêque, il dût de nouveau promettre obéissance à cet évêque, puisqu'en faisant profession, suivant la règle de saint Benoît, un moine promet l'obéissance, non-seulement à son abbé, mais à tous ses supérieurs, ce qui renferme l'évêque. Son séjour en Angleterre ayant été plus long qu'il n'avait cru, il écrivit à Baudric son prieur de lui envoyer l'o

raison à saint Nicolas, la lettre qu'il avait commencée contre Roscelin, et les autres Epist. 51. lettres qui pouvaient être entre les mains de dom Maurice.

§ VIII.

Lettres du troisième livre.

livre.

Troisièm

1. Celles que l'on trouve au commencement appartiennent à l'élection de saint Anselme pour le siége archiépiscopal de Cantorbéry. La première est adressée aux moines Epist. 1. du Bec, à qui il fait part de son élection. Quoiqu'il n'y eût consenti qu'après beaucoup de résistance, il ne laisse pas de les presser d'y consentir eux-mêmes, parce que la circonstance des temps le demandait ainsi. Il en reçut une d'Osbern, moine de Cantorbéry, qui a. l'exhortait à accepter l'épiscopat auquel Dicu l'appelait si visiblement. Gondulphe, évêque de Rochester, jugeant bien que les moines du 3. Bec ne verraient qu'avec douleur qu'on leur avait enlevé leur abbé, leur écrivit pour les consoler. Par une seconde lettre, saint An- . selme leur manda de lui envoyer, ainsi qu'au roi, leur consentement par écrit. Le moine 5. Osbern, impatient du délai qu'il apportait à son sacre, lui écrivit de le hâter, l'assurant que l'on pleurerait toujours Lanfranc dans le monastère de Cantorbéry, jusqu'à ce qu'enfin on le vît en sa place. Les moines du Bec lui firent réponse que quelques-uns d'entre eux avaient, mais avec beaucoup de peine, con- 6. senti à son élection; que d'autres avaient protesté qu'ils n'y consentiraient jamais. Dans une troisième lettre, saint Anselme les assura qu'il ne se voyait séparé d'eux qu'avec douleur, et que, s'il avait refusé longtemps l'archevêché de Cantorbéry, ce n'était pas par une fausse humilité, comme quelques mauvais esprits le répandaient. Il en appelle à la 7, 10, 11. façon dont il s'était comporté étant ou prieur ou abbé du Bec; et les prend à témoins, eux et tous ceux qui l'avaient connu alors, si jamais il avait témoigné prendre plaisir à exercer la supériorité. Il proteste devant Dieu que s'il lui était permis, sans violer les lois de l'obéissance et de la charité, il aimerait mieux vivre en moine sous un supérieur, lui obéir et lui demander ses besoins, que de commander aux autres et de vivre dans l'abondance. Saint Anselme crut qu'il devait, en cette occasion, repousser la calomnie, afin qu'elle ne fit impression ni sur ses frères ni sur ses amis, qui auraient pu, sans cette précaution, se scandaliser de sa conduite. C'est pourquoi il

prie les moines du Bec de montrer sa lettre aux évêques et aux abbés qui étaient de ses amis. Il les exhorte aussi à se choisir au plus tôt un abbé.

2. Robert, duc de Normandie, l'avait consulté sur cette élection; saint Anselme lui proposa Guillaume, prieur de Poissy dans le diocèse de Chartres. C'était apparemment une dépendance de l'abbaye du Bec. Il le proposa aussi à Baudry, prieur de cette maison, et à la communauté. Guillaume fut choisi, et son élection agréée du duc Robert. Cependant l'archevêque défendit à Baudry de quitter sa place de prieur autrement que de son consentement et de celui du nouvel abbé. 12. 3. Pendant que ces choses se passaient, il reçut une lettre de Valéranne, chantre de l'église de Paris, son ami, dans laquelle il lui donnait avis que, s'étant retiré au monastère de Saint-Martin-des-Champs, dans le dessein d'y prendre l'habit monastique, Geoffroy, évêque de Paris, l'en avait fait tirer de force. Saint Anselme en écrivit à cet évêque, le priant amiablement de ne point empêcher Valéranne de suivre sa vocation. Il montre, par l'autorité de saint Grégoire-le-Grand et du quatrième concile de Tolède, que ceux qui tendent à la perfection y arrivent plus aisément dans les exercices de la vie monastique que dans un autre état. Il ajoute que l'on ne pourrait entendre sans horreur qu'un évêque ait renvoyé dans le monde ceux que Jésus-Christ en avait retirés. Comme il n'était plus alors abbé du Bec, et qu'il n'avait pas encore été sacré archevêque, il ne scella point sa lettre, ne voulant point se servir du sceau de l'abbaye du Bec, qui ne lui appartenait plus, ni de celui de Cantorbéry. Il écri

n. vit aussi à Valéranne pour l'exhorter à persévérer dans sa vocation.

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4. Aussitôt qu'il eut appris qu'on lui avait donné Guillaume pour successeur, il en témoigna sa joie, lui ordonnant de vivre avec ses moines comme leur père, et à eux de lui obéir comme ses enfants. Les plus jeunes d'entre eux lui avaient écrit sur la peine que leur causait son absence, et pour lui demander sa bénédiction et l'absolution de leurs péchés. L'archevêque leur fit réponse par une lettre de consolation, qu'il finit en priant Dieu de leur accorder la rémission de leurs fautes.

5. La comtesse Ide, mère de Godefroy de Bouillon, vivait dans une grande piété et faisait du bien aux moines du Bec. Saint An

selme lui écrivait de temps en temps pour l'exciter à s'avancer chaque jour dans la perfection, lui disant qu'elle ne pourrait jamais s'assurer d'être du nombre des élus, qu'elle ne vécut d'une manière si parfaite, que personne ne pût lui être comparé. Il ajoutait même que, quelque progrès que l'on ait fait dans la vertu, on ne doit se croire qu'au premier degré de la perfection.

6. Les archevêques de Cantorbéry étaient Epist 19 en possession de dédier toutes les églises des lieux dépendants de cette métropole, en quelque diocèse qu'elles fussent situées. L'évêque de Londres voulut s'opposer à cet usage. Saint Anselme consulta là-dessus saint Vulstan, qui savait mieux qu'aucun évêque d'Angleterre les usages anciens des églises de ce royaume, et le pria de l'aider à soutenir son droit contre l'évêque de Londres. Il écrivit à Osbern ', évêque d'Excester, 20. de ne plus empêcher les moines du monastère de Bataille d'annoncer les offices divins par le son des cloches, et de réprimer les clercs de sa cathédrale qui s'opposaient à ce que ces moines enterrassent chez eux leurs confrères, quoique le pape Urbain II leur en eût accordé le pouvoir.

7. Consulté par l'abbé de Saint-Martin de Séez au sujet d'un moine ordonné par un évêque interdit de ses fonctions, il répondit que ce moine devait lui-même être interdit des siennes pour toujours, c'est-à-dire de celles qui étaient attachées à l'ordre qu'il avait reçu; mais qu'on ne devait point le réordonner. Il déclara par la même lettre, que celui qui avait fourni à une femme des herbes pour empoisonner son mari, ne devait jamais être ordonné. Il consulta lui-même Hugues, archevêque de Lyon, sur le dessein où il était d'abdiquer le siége de Cantorbéry, à cause des mauvais traitements qu'il souffrait tant de la part du roi, que des évêques et des seigneurs. Mais cet archevêque fut d'un avis contraire. Il remontra à saint Anselme, que s'il y avait en Angleterre de mauvaises terres, qui ne faisaient point produire la semence de la parole divine; il y en avait aussi de bonnes, qui pouvaient rapporter beaucoup. Plus tard, saint Anselme conseillait à un abbé qui pensait à quitter sa dignité, à cause des chagrins et des peines qu'il trouvait dans le gouvernement, de continuer ses soins à sa communauté, disant que c'est aux

1 Mabill., lib. LXIX Annal., num. 3, pag. 346,

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Epist. 33.

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supérieurs à travailler et à semer, et à Dieu à donner l'accroissement et le fruit.

8. Il fit entendre à un moine qui, avant de se consacrer à Dieu, avait voué un pèlerinage, et pressait son abbé pour le laisser accomplir ce vœu, qu'il n'y était plus obligé ; et qu'en se dévouant tout entier à Dieu par la profession religieuse, ce vœu avait acquitté tous les autres petits vœux faits précédemment, et auxquels il ne s'était point astreint au point d'engager sa foi. Il sera parlé ailleurs de diverses difficultés dont saint Anselme demanda la solution au pape Pascal II. 45. Ayant appris que l'abbesse et les religieuses de Ramsey rendaient un culte à un homme mort, parce qu'elles le croyaient saint, il leur fit défense de continuer à rendre à cet homme les honneurs qu'on ne rend qu'aux saints; les menaçant en cas de désobéissance de leur interdire la célébration de l'office 1. divin. Il fit même chasser de la ville le fils de cet homme, afin qu'il ne séduisit personne.

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9. Les travaux de l'épiscopat ne lui faisaient rien relâcher de ses jeûnes, en sorte que l'on craignait qu'il ne succombât à ses austérités. Mathilde, reine d'Angleterre, lui écrivit là-dessus une lettre très-sage et pleine de charité. Elle lui rappela l'exemple de saint Paul, qui ordonnait à son disciple Timothée de boire un peu de vin pour fortifier son estomac; et celui de saint Grégoire, qui épuisé par les fatigues inséparables du ministère de la prédication et de l'instruction, ne faisait aucune difficulté de réparer ses forces par le boire et le manger. Elle joignit les présents à ses remontrances. L'archevêt. que la remercia, et l'exhorta à prendre la défense de l'honneur et des intérêts de l'Eglise, cette épouse si chérie de Jésus-Christ, qui est mort pour elle. En remerciant la comtesse Ide de la réception qu'elle avait faite à ses députés à leur retour de Rome, il lui dit qu'il ne la trouvait point coupable dans le fait qu'elle lui a fait exposer; que toutefois, puisqu'elle craint d'avoir offensé Dieu, et qu'elle en demande pénitence et absolution, il prie le Seigneur de lui pardonner, et lui enjoint pour pénitence de tous ses péchés la récitation du Psautier. Dans sa lettre à la comtesse Clémence, il loue le comte son mari de ce qu'il ne donnait point l'investiture aux abbés de Flandre; et persuadé que cette dame entrait pour quelque chose dans la sage conduite de son mari à cet égard, il lui en fait ses remerciements.

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10. C'est sans doute des décrets du Siége Epist €5 apostolique contre les investitures qu'il veut parler dans sa lettre au comte Gumbert, lorsqu'il se plaint de la désobéissance des princes à saint Pierre ou à ses successeurs; du mépris qu'ils faisaient de l'Eglise, et de l'esclavage sous lequel ils voulaient la réduire. «Puisqu'ils méprisent, dit-il, les décrets de saint Pierre, ou de ceux qui tiennent sa place et celle de Jésus-Christ, c'est à eux à chercher d'autres portes du ciel, puisqu'ils n'entreront certainement pas par celle dont cet apôtre porte les clefs. » C'est pourquoi il exhorte ce comte à ne point regarder l'église située dans ses terres comme un domaine héréditaire, mais de la considérer plutôt comme un objet de vénération et dont il devait prendre la défense. Il conseilla 66. à un de ses amis qui voulait faire le voyage de la Terre-Sainte, tant pour le service de Dieu que pour le salut de son âme, de faire, avant de se mettre en chemin, une confession générale des péchés qu'il avait commis depuis son bas âge, autant qu'il pourrait s'en souvenir; et de disposer tellement ses affaires domestiques, que sa femme et ses enfants ne manquassent ni de secours ni de conseils pendant son absence.

11. Il était lui-même absent de Cantorbéry, lorsqu'il apprit que le roi avait demandé de l'argent aux moines qui desservaient sa cathédrale. Sur cela il écrivit à l'évêque Gondulphe de prier le roi d'attendre son retour, parce que ces moines n'étaient ni en état, ni en pouvoir de lui donner de l'argent, soit parce qu'étant moines ils ne pouvaient rien donner, soit parce qu'ils ne le pouvaient sans l'agrément de leur prélat. Un nommé Eustache avait consenti à ce que sa femme se fit religieuse, et fait de son côté vœu de chasteté. Quelque temps après il se remaria, et eut un enfant de sa seconde femme. Saint Anselme, dont il était ami, lui ordonna de faire au plus tôt pénitence de ce crime, dans la crainte qu'il ne fut surpris par la mort, et conséquemment damné éternellement; ajoutant que quand même il n'aurait pas fait vœu de chasteté depuis la retraite de sa femme, il ne lui était pas permis, de son vivant, d'en épouser une autre.

12. Mathilde, abbesse d'un monastère à Caen, voulait se démettre de sa dignité, à raison de ses infirmités et de la faiblesse de son âge; mais avant d'exécuter son dessein, elle consulta saint Anselme. Sa ré

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ponse fut qu'elle ne le pouvait sans le consentement de l'archevêque de Rouen, de qui elle dépendait, et sans l'agrément de ses religieuses; qu'au lieu de se démettre elle pouvait partager le gouvernement de se maison avec les plus sages de la communauté. On a déjà vu plus haut ce qu'il pensait des vœux de pèlerinage faits avant la profession religieuse. Il s'en explique encore dans une lettre à un moine nommé Odon, à qui il dit, que ceux qui étant encore dans le monde ont fait le vœu d'aller à Jérusalem ou à Rome, sont dispensés de l'accomplir, lorsqu'ils entrent en religion. Il en donne pour raison que les vœux de pèlerinage ne nous lient qu'en une partie de nous-mêmes: au lieu que par le vœu d'obéissance que nous faisons dans le monastère, nous nous donnons entièrement à Dieu.

13. On consulta saint Anselme sur la translation d'un évêque à un siége hors de sa province. Il répondit que, comme on n'en peut ordonner pour quelque église sans le consentement de l'archevêque et des évêques de la province, on ne devait pas non plus faire passer un évêque d'une province à une autre sans le consentement de l'archevêque et des évêques de cette province; qu'il fallait de plus recourir à l'autorité du Saint-Siége, et que l'évêque qu'on voulait transférer obtint la permission de l'archevêque et des évêques de la province où il avait été consacré. Il dissuada un moine de Saint-Martin de Séez d'entreprendre le voyage de Jérusalem; premièrement, parce qu'en cela il aurait agi contre son vœu de stabilité dans le monastère; en second lieu, parce que le pape avait défendu ce voyage à tous les moines, si ce n'est à ceux qui pourraient y travailler utilement pour le gouvernement de l'Eglise, ou pour l'instruction des peuples: encore fallait-il qu'ils en eussent le consentement de leur prélat.

14. Il conseillait aux personnes qui se trouvaient quelquefois importunées par des pensées contre la pureté, de ne point s'appliquer à les combattre avec opiniâtreté; mais plutôt de s'occuper de pensées contraires, parce qu'on ne se défait d'une mauvaise pensée que par une bonne, et il en est de meme de toute autre pensée. En général il decide que, quand il se passe en nous quel que chose où la volonté n'a point de part, il n'y a point de péché. Il écrivit à Guillaume, son successeur dans l'abbaye du Bec, qu'il était le maître de faire boire du vin à un de

ses moines qui, avant d'embrasser la vie monastique, avait fait vou de n'en jamais boire; mais qu'aussi il pouvait le laisser observer pendant quelque temps ce qu'il avait promis: Il se fonde sur les mêmes raisons qu'il avait alléguées dans une autre lettre touchant les vœux de pèlerinage qu'on aurait faits avant d'entrer en religion. Le troisième livre des lettres de saint Anselme devrait être de cent quatre-vingt-huit; mais on a renvoyé les vingt-quatre dernières aux livres d'Eadmer, intitulés : Nouveautés, où elles se trouvent en effet.

§ IX.

Lettres du quatrième Livre.

Lettres du

Epist.

1. Le quatrième livre en contient cent sept avec le titre de la cent huitième, qui est rap-treme liportée dans l'appendice où elle sert de prologue au Dialogue de Gislebert contre les Juifs. Toutes ces lettres n'avaient pas encore été mises au jour. Il y en a une de saint Vulstan en réponse à celle que saint Anselme lui avait écrite au sujet du droit attaché à son siége de consacrer les églises de sa dépendance, en quelque diocèse qu'elles fussent situées. Saint Vulstan reconnaît ce droit comme incontestable, et convient qu'il y avait dans son diocèse plusieurs autels et quelques églises consacrées par Stigand, archevêque de Cantorbéry, sans aucune opposition. Les lettres de saint Anselme au pape Pascal II regardent les difficultés que les investitures occasionnaient dans le royaume d'Angleterre, et la manière dont on pouvait contenter le roi sur ce sujet. Robert, comte de Flandre, n'usait pas de ce droit. L'archevêque l'en félicite.

2. Pendant son absence le roi Henri donna l'abbaye de Saint-Edmond, malgré les moines du monastère, à Robert, moine de SaintEvroux, fils de Hugues, comte de Chichester. Saint Anselme à son retour désapprouva le procédé du roi, et écrivit là-dessus trois lettres, deux à Guillaume, archevêque de Rouen, par lesquelles il le prie d'obliger l'abbé de Saint-Evroux de rappeler son moine de l'abbaye dont il s'était emparé, sans en avoir été choisi abbé canoniquement; la troisième aux moines de Saint-Edmond, qu'il exhorte à la patience. Il y en a une quatrième à l'abbé et aux moines de Saint-Evroux, qu'il blâme d'avoir agi en cette occasion contre la règle de Saint-Benoît, en usant de violence contre ceux de Saint-Edmond, pour les obliger à

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14, 20, 21, 32.

Epist, 27.

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choisir Robert pour leur abbé. Saint Anselme, voyant qu'il n'avait rien gagné par ses remontrances, déposa Robert deux ans après dans le concile de Londres, et mit à sa place un autre abbé de même nom, prieur de Westminster.

3. Il fit des reproches à Samuel, évêque de Dublin, de ce qu'il avait fait sortir les moines de sa cathédrale pour une très-petite raison; de ce qu'il ne voulait recevoir aucune satisfaction de leur part; de ce que, contre la coutume, il faisait porter la croix devant lui lorsqu'il allait en voyage, et de ce qu'il distribuait à son gré les biens de l'église de Dublin comme les siens propres : ce qui n'était pas, puisque Lanfranc les avait donnés à cette église. Il enjoignit au peuple de Dublin de s'opposer à cette distribution irrégulière.

4. Les deux lettres à Beaudoin, roi de Jérusalem, sont pour l'exhorter à se conduire, lui et son peuple, suivant la loi de Dieu, dans le lieu où s'est faite la rédemption du genre humain, et de se rendre par ses bonnes œuvres le modèle de tous les rois de la terre. Il écrivit à Ernulfe, prieur de Cantorbéry, qu'il le laissait le maître d'établir dans cette église l'octave de la Nativité de la sainte Vierge, mère de Dieu, puisqu'elle était déjà établie en plusieurs endroits, et que plusieurs des frères le souhaitaient.

5. La reine Mathilde se plaignit à lui-même de ce que, par les expressions trop vives de ses lettres, il avait indisposé l'esprit du roi et des seigneurs de la cour. Ces expressions regardaient le roi Guillaume et l'archevêque Lanfranc, dont il disait qu'il n'avait pas promis dans le baptême, ni dans l'ordination, de suivre les coutumes et les usages. Saint Anselme répond, que le roi, en lisant sa lettre, n'y avait rien trouvé à redire; et que, si depuis il en avait témoigné du mécontentement, cela ne pouvait venir que de quelque flatteur. Qu'au reste, s'il ne s'était pas assujetti aux coutumes en vigueur sous son prédécesseur, c'est que le Saint-Siége avait donné depuis un décret contraire, qu'il ne pouvait s'empêcher de suivre. C'était apparemment à l'occasion des investitures. Mais on avait fait entendre au roi tout autre chose, savoir, qu'Anselme se glorifiait d'avoir toujours observé la loi de Dieu, et que Lanfranc et le père du roi ne l'avaient point observée.

1 Mabill., lib. LXIV Annal., num. 130, pag. 418.

6. Thomas, ayant été élu archevêque piat. 88. d'York, écrivit à saint Anselme pour avoir de lui des lettres testimoniales de sa personne et de son élection. Il ajoutait qu'il cherchait de l'argent pour envoyer à Rome demander le pallium. Sa réponse fut qu'il lui donnerait volontiers les témoignages qu'il souhaitait, quand ils auraient eu une entrevue, et qu'il saurait à qui adresser ces témoignages; qu'à l'égard du pallium, il était inutile d'envoyer à Rome, puisque personne ne le devait avoir avant d'être sacré archevêque. Guillaume le Camérier avait épousé une femme qui avait été mariée en premières noces à un de ses parents. Inquiété apparemment par l'archevêque de Rouen sur cette conjonction illicite, il répondit que saint Anselme l'avait assuré qu'ils pouvaient racheter ce péché par des aumônes. Mais ce prélat soutint qu'il ne leur avait rien dit de semblable; au contraire, qu'aucun d'eux ne verrait la gloire de Dieu, s'ils mouraient dans ce péché.

7. Richard, abbé de Préaux, dédia à saint Anselme un commentaire sur la Genèse, qui commençait à l'endroit où saint Augustin avait fini le sien, c'est-à-dire à la sortie d'Adam et d'Eve du paradis terrestre; cet abbé n'ayant pas voulu, par respect pour saint Augustin, donner une autre explication que la sienne des premiers chapitres de ce livre.

8. Les moines de Saint-Alban ne savaient pas bien comment s'expliquer, quand ils parlaient entre eux des mystères de l'Incarnation et de la Trinité, parce qu'ils avaient lu dans quelques écrits des pères catholiques, que Dieu et l'homme sont unis en Jésus-Christ en une seule substance; et dans d'autres que deux substances, la divine et l'humaine, ne font qu'une personne en Jésus-Christ. Saint Anselme leur écrivit qu'ils ne devaient point être troublés de la différence de ces expressions, qui au fond signifiaient la même chose. Il leur fait remarquer premièrement, que quand nous disons qu'il y a un Dieu, nous croyons qu'il est seul Dieu; que lorsque nous disons, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, nous disons et nous croyons plusieurs; en second lieu, que ces trois que nous croyons en Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ne sont désignés ni dans les Prophètes ni dans l'Evangile par un seul nom, qui marque cette pluralité en Dieu, et que l'Ecriture ne les nomme nulle part ni trois personnes, ni trois substances, ni trois

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