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tout-puissants; troisièmement, que les pères catholiques, nécessités à s'expliquer en certaines occasions, ont choisi des termes généraux sous lesquels ils exprimassent cette Trinité; que les Grecs se sont tenus à celui de substance, et les Latins à celui de personne; en sorte que ceux-là ont dit qu'il y avait en Dieu trois substances, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et ceux-ci trois personnes, entendant les uns et les autres la même chose sous ces différents termes, savoir, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois personnes différentes et distinguées l'une de l'autre, quoique d'une même nature; quatrièmement, que soit qu'ils aient dit qu'il y a deux natures en Jésus-Christ unies en une seule substance ou personne, ils n'ont pas eu pour cela une foi différente sur l'incarnation; personne et substance signifiant à cet égard la même chose.

9. Des deux lettres sur l'Eucharistie, il y en a une qui n'est point de saint Anselme, mais d'Anastase Ermite, comme on l'a prouvé dans le volume précédent. On ne sait point a qui l'autre est adressée, mais elle porte le nom de saint Anselme dans un manuscrit de Saint-Remy à Reims; et ce qui óte toute équivoque, c'est qu'il y est qualifié archevêque de Cantorbéry. Dom Mabillon cite d'un manuscrit des Cordeliers de Florence un traité de saint Anselme intitulé: Du Corps et du Sang du Seigneur. On le trouve dans quelques manuscrits d'Angleterre : ce peut être la même chose que la lettre.

10. Saint Anselme y enseigne que toute la nature humaine étant corrompue par le péche dans l'âme et dans le corps, il a fallu que Dieu, qui venait racheter l'un et l'autre, s'unit a tous les deux, afin que l'âme de l'homme fut rachetée par l'âme de Jésus-Christ, et son corps par le corps de Jésus-Christ; que c'est pour les représenter, qu'on offre sur l'autel du pain et du vin; que lorsque nous y reccvons dignement ce pain iait corps, noire corps participe à l'immortalité de celui de Jésus-Christ, et notre âme devient conforme à celle de Jésus-Christ, en prenant le vin changé en son sang; rien n'ayant paru plus convenable pour représenter l'âme de Jésus

1 In acceptione sanguinis totum Christum Deum et hominem, et in acceptione corporis simililer totum accipimus; et quamvis separatim corpus, separatim sanguinem, non tamen bis, sed semel, Christum acciimus immortalem et impassibilem. Anselm. Epist. 07, lib. IV, pag. 453.

1

Christ que le sang qui est le siége de l'âme. Ce n'est pas, ajoute saint Anselme, qu'en recevant le sang de Jésus-Christ, on ne reçoive que son âme, et non son corps; et qu'en recevant son corps, on ne reçoive pas son âme. Dans la réception de son sang, comme dans la communion de son corps, nous recevons Jésus-Christ tout enlier et soit que nous recevious séparément son corps, et séparément son sang, nous ne recevons pas deux fois, mais une fois seulement JésusChrist immortel et impassible. Il dit que la coutume de recevoir séparément les deux espèces vient de ce que Jésus-Christ les donna séparément à ses disciples dans la dernière cène, afin qu'ils comprissent qu'ils devaient se conformer à Jésus-Christ selon le corps et l'âme; et que dans le calice on mêle de l'eau avec le vin, à cause de l'eau qui sortit avec le sang du côté de Jésus-Christ; que cette eau signitie encore le baptême dans lequel le peuple est renouvelé par l'effusion du sang. Ensuite il s'explique en ces termes sur la présence réelle ou la transsubstantiation : « Selon les définitions des saints pères, nous devons croire que le pain mis sur l'autel est changé par les paroles solennelles au corps de Jésus-Christ; que la substance du pain et du vin ne demeure pas, mais seulement l'espèce en apparence, savoir la forme, la couleur, la saveur; que c'est sur ces espèces ou apparences que tombent tous les accidents qui renferment quelque indécence, comme d'être foulés aux pieds ou mangés des souris. Il convient que les infidèles comme les fidèles, les méchants comme les bons reçoivent substantiellement le corps de Jésus-Christ, mais avec cette différence que les fidèles et les bons le reçoivent avec fruit, qu'ils en sont fortifiés dans le bien, affermis dans la vertu; ce qui n'arrive ni aux infidèles ni aux méchants. » Il rapporte làdessus un passage de saint Augustin, tiré du quatrième livre du Baptême.

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Concore. traités de saint Anselme et avant le recueil Pag. 705. de ses lettres; mais l'éditeur ne l'ayant recouvré qu'après l'impression de tous les écrits de ce père, et même de ceux à qui l'on a fait porter son nom, quoiqu'on n'ait point de preuves qu'ils soient de lui, il s'est trouvé obligé de le placer après l'appendice, de même qu'une lettre de l'archevêque à l'archidiacre Hugues son ami, à qui il rend compte de la bonne réception qu'on lui avait faite partout depuis sa sortie d'Angleterre.

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2. Ce traité de la Concorde et de la Paix, est fait visiblement pour des moines et des chanoines. Saint Anselme le divise en trois parties, contenues chacune dans un chapitre. Le premier regarde la paix que nous devons entretenir avec notre prochain ou nos frères; la seconde, celle qu'il convient de garder avec son prélat ou son supérieur; la troisième, celle que nous devons avoir avec Dieu.

3. Nous aurons la paix avec nos frères, si nous les prévenons en ce qui peut leur être avantageux, en préférant leur volonté à la nôtre, en leur rendant tous les devoirs de la charité et de l'amitié, en aimant plus à leur donner qu'à en recevoir.

4. La paix des inférieurs avec leurs supérieurs consiste dans la manière dont on leur rend l'obéissance. Celui qui n'obéit pas de cœur, mais uniquement par la nécessité de la loi d'obéissance, n'en a point le mérite, et n'en recevra pas la récompense. Ce qui n'est pas volontaire n'est pas bon. L'amour doit être l'âme de l'obéissance. La bonne volonté nous rend seule amis et enfants de Dieu. Ainsi nous ne devons vouloir que ce qui est conforme à la volonté de Dieu, et à celle de notre père spirituel. Le démon craint de s'approcher de celui qui est dans cette disposition.

5. Le moyen d'avoir la paix avec Dieu est de vivre dans la pureté de cœur. C'est la condition qu'il demande de nous pour faire en nous sa demeure. Mais en quoi consiste cette pureté de cœur? A être dégagé des affections de la terre, et à ne brûler que de l'amour de Jésus-Christ. Autant le cœur est rempli de l'amour du monde, autant il est vide de l'amour de Dieu. L'iniquité, et l'esprit de Dieu, qui est amour, ne peuvent ha1 Censura Elucidarii, et Angl. Bibl. Reg., pag. 83. Trithem., de Scriptor. Eccles., cap. CCCLVII. 3 Honor, de Script. Eccles., lib. IV, cap. XVII.

biter ensemble. Il ne faut pas toutefois croire que le cœur soit impur, quand on est attaqué de pensées ou de mouvements contre la pureté. Ce n'est que le consentement qui fait le crime. Méprisez ces traits de l'ennemi, ne consentez à rien, détournez votre pensée de l'objet qu'il vous présente.

§ XI.

Des ouvrages qui ne sont pas certainement de saint Anselme, ou qui sont supposés.

Poème da du

monde.

1. Il a été prouvé plus haut que le poème intitulé du Mépris du monde, n'est point de Mér saint Anselme, mais de Roger de Caen, moine du Bec dans le temps que ce saint en était supérieur.

Elneldarium

9. meat. Pag.

457.

2. Le livre qui a pour titre : Elucidarium, ou Eclaircissement, porte le nom de saint on Eclaire's Anselme dans quelques manuscrits 1; dans beaucoup d'autres il est sans nom d'auteur : on en cite un où il est attribué à Lanfranc, un autre où on le donne à Guillaume de Coventri, carme qui vivait vers l'an 1360. Trithème attribue 2 un ouvrage assez semblable à Honorius d'Autun; mais de la manière dont Honorius lui-même en parle 3, il est visiblement différent de celui dont il est ici question. Quel qu'en soit l'auteur, on peut avancer que ce n'est point saint Anselme, par les inepties et les inutilités que l'on y trouve, à l'occasion du deuil d'Adam sur le meurtre d'Abel 4, et des miracles qu'on dit être arrivés à la naissance de Jésus-Christ. Il décide en téméraire sur le temps que nos premiers parents furent dans le paradis terrestre; sur l'heure de la formation d'Eve, et sur plusieurs autres circonstances de l'his toire sainte que Dieu n'a pas voulu nous faire connaître. Sa doctrine sur le libre arbitre 5 est toute contraire à celle de saint Anselme, et il ne pense pas comme ce père sur le germe de la génération de l'homme. Enfin saint Anselme, dans son prologue sur le traité de la Vérité 6, ne fait mention que de quatre dialogues de sa façon, et il ne dit rien de celui-ci. On pourrait répondre qu'il le composa depuis: mais cette réponse ne peut avoir lieu ici, parce que l'auteur de l'Elucidarium dit dans la préface, qu'il l'a composé étant encore dans les écoles: au lieu que saint Anselme était prieur ou abbé du Bec,

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lorsqu'il écrivit son prologue sur ses Dialogues. Claude d'Espence est le premier qui ait fait imprimer l'Elucidarium sous le nom de saint Anselme. Son édition parut à Paris, chez Morel, en 1560. Il s'en est fait d'autres depuis. C'est une espèce de Somme theologique en forme de dialogue entre le disciple et le maître, divisée en trois livres.

3. Le dialogue sur la Passion est rempli de fables et de puérilités. C'en était assez pour ne pas l'intituler du nom de saint Anselme; mais il y a plus, c'est qu'il est lui-même qualifié saint dans le prologue. L'auteur propose les questions dans ce dialogue: la sainte Vierge donne les réponses.

4. Trithème est dans l'erreur en attribuant à saint Anselme le traité de la Mesure de la croix, puisque saint Bernard, qui ne commença à se faire connaître par ses écrits que longtemps après la mort de ce. père, est cité dans le cinquième chapitre; et que l'on trouve dans le premier des expressions, qu'on ne mit en usage dans les écoles de théologie qu'au XIIe siècle.

5. L'auteur du traité de la Conception passive de la sainte Vierge, ne s'accorde point avec saint Anselme, sur la manière dont le péché originel se transmet aux descendants. d'Adam. D'ailleurs il parle de la fête de la Conception, comme déjà solennelle en plusieurs endroits, et établie à Lyon par saint Anselme. Or, on sait que cette fête n'a commencé que du temps de saint Bernard, et qu'elle ne fut reçue à Lyon que vers l'an 1140. Il faut donc mettre au rang des contes fabuleux ce que dit cet auteur, que saint Anselme établit cette solennité à Lyon. Eadmer, son historien, aurait-il omis une circonstance si remarquable? Le commencement du traité se trouve sous le nom d'Hervé, moine du Bourg-Dieu, dans un manuscrit, le même qui nous a laissé des commentaires sur les Epitres de saint Paul. Il écrivait vers le milieu du XIIe siècle.

6. On pourrait rapporter à ce temps le discours sur la Conception de la sainte Vierge, puisqu'il y est dit que l'abbé Elsin fut sauvé du naufrage, en promettant de faire établir cette fête partout où il pourrait. Mais cette histoire a l'air d'une fable.

7. Jean Picard, et après lui le père Théophile Raynaud, ont publié sous le nom de

1 Trithem., de Script. Eccles., cap. CCCLI, et tom. I Chronic. Hirsaug., pag. 258.

* Censura libri de Conceptione Virginis.

saint Anselme les Actes du martyre des saints Guinier, Fingar et leurs compagnons. Ils ne lui sont néanmoins attribués dans aucun manuscrit, et ce n'est que sur quelque conformité de style que les éditeurs en ont fait honneur à l'archevêque de Cantorbéry. Les Bollandistes en ont jugé autrement 3. Dom Gerberon n'a pas trouvé dans ces actes tout le sérieux d'un écrivain aussi grave que saint Anselme. On y lit en effet 5 certains traits qui sont plus propres à faire rire, qu'à exciter la dévotion. Tous ces martyrs avaient été convertis à la foi par saint Patrice, apôtre d'Irlande.

8. Dans l'édition de dom Gerberon, les actes sont suivis d'un petit traité de la Stabilité des moines dans le monastère où ils ont fait profession. On y rapporte un fragment d'une lettre de Lanfranc sur le cas où il est permis de changer de monastère. L'auteur en met trois, l'extrême pauvreté, la persécution ouverte, le défaut de régularité. C'est dans ce dernier cas que Lanfranc dit qu'un moine ne pouvant faire son salut dans un monastère, peut en changer. Cette disposition n'est point contraire à la règle de Saint-Benoît, qui, en même temps qu'elle ordonne la stabilité, veut aussi que l'abbé reçoive un moine de bonnes mœurs, qui lui vient d'un autre monastère. Ce traité est anonyme, mais rien n'empêche qu'on ne le croie de saint. Anselme.

9. La Dispute d'un juif avec un chrétien sur la religion chrétienne, n'est pas de saint Anselme, mais de Gislebert qui, de moine du Bec, fut fait abbé de Westminster à Londres. Il en sera parlé en son temps. Dom Gerberon n'a fait imprimer ce traité dans l'appendice des œuvres de saint Anselme, que parce qu'on ne l'avait pas encore rendu public, et qu'il est dédié à saint Anselme. Il en a usé de même à l'égard d'un dialogue entre un chrétien et un juif, qui est de l'abbé Rupert. Il y a joint quelques sentences de saint Anselme, tirées ou de ses écrits, ou de ses discours par un anonyme, qu'on croit être Alexandre, moine du Bec, et ensuite de Cantorbéry. Suit la relation de deux mirales opérés par l'intercession de l'apôtre saint Jacques en faveur des pèlerins qui allaient en Galice implorer son secours. Il est dit dans l'inscription que saint Anselme en est auteur; mais

3 Bol and., ad diem 23 martii, pag. 456.
Censura hujus libri. Cap. VI.

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Traité du Sacrement de l'autel.

Commen

taires sur l'Ecriture.

Tra té des Similitudes. Pig.133, tom. 11.

il n'y a point d'apparence qu'il ait transmis

à la postérité des histoires si peu dignes de foi.

10. Dom Gerberon n'a pas jugé à propos de grossir son édition de plusieurs traités à qui l'on a quelquefois fait porter le nom de saint Anselme, quoiqu'ils ne soient pas de lui. Tel est le traité du Sacrement de l'autel, qui est de Guillaume, abbé de Saint-Thierry, et imprimé sous son nom dans la Bibliothèque cistercienne.

11. Tels sont aussi dans l'édition de Paris, en 1544, les commentaires sur saint Matthieu et sur les Epitres de saint Paul, qui appartiennent à Hervé, moine de Bourg-Dieu, ainsi qu'il est dit dans le privilége accordé par le roi à Poncet le Preux en 1543, pour l'impression de ces commentaires. Quant à l'Explication du Cantique et de l'Apocalypse, on l'attribue à Anselme de Laon. Trithème 2 met au nombre des ouvrages de saint Anselme un commentaire sur l'Ouvrage des six jours; et Sixte de Sienne 3 une Explication entière de l'Heptateuque. Un autre écrivain, nommé Bernard de la Guionie, cite de lui des Gloses sur le Psautier : mais elles sont d'Anselme de Laon, avec qui on l'a souvent confondu. A l'égard de l'Explication de l'Hexaméron, ou de l'Ouvrage des six jours, les copistes ne la lui ont apparemment attribuée que parce que l'auteur n'en était désigné que par un A, qui était la première lettre du nom de saint Anselme, comme de saint Ambroise, le vrai auteur de cet ouvrage. Au reste, on ne montre aucun manuscrit qui lui donne des commentaires sur l'Heptateuque. 12. Le livre des Similitudes ou Comparai

sons,

intitulé aussi quelquefois des Mœurs humaines, se trouve dans les imprimés comme dans plusieurs manuscrits, sous le nom de saint Anselme. Saint Thomas, saint Bonaventure, saint Antoine, et quelques autres, l'ont cité comme de lui; et on peut dire en quelque sorte qu'il en est auteur, puisque la plupart de ces similitudes viennent de lui. Il avait coutume d'en faire dans ses instructions. Ses disciples les mettaient par écrit. Eadmer en a rapporté plusieurs dans la Vie du saint, et il est visible par les chapitres CLXXXVI, CLXXXVII, CLXXXVIII, CLXXXIX®, CXCo, CXCIo, CXCII, que celles dont on a fait un li

1 Fabricius, Bibliot. Latin., tom. I, verbo Anselmus.

2 Trithem., de Script. Eccles., cap. CCCLI.

3 Sixtus Senens., lib. IV, pag. 197.

vre, imprimé dans les anciennes éditions, comme dans la nouvelle, ont été recueillies par un de ses religieux. Dom Gerberon les a placées parmi les ouvrages d'Eadmer, à la suite de ceux de saint Anselme, comme s'étant plus appliqué qu'un autre à transmettre à la postérité les paroles remarquables et les actions de cet archevêque.

De l'Exel. lane de la sainte Vierge, pag. 135, et de

pag. 143.

13. Le même éditeur a restitué à Eadmer le traité de l'Excellence de la sainte Vierge, qui se trouve dans quelques éditions et dans P Vertus, quelques manuscrits, sous le nom de saint Anselme; et un autre traité qui a pour titre : Des quatre vertus qui ont éclaté dans la bienheureuse Marie. Il est en effet écrit dans le même goût que le précédent.

14. On lit dans le catalogue 5 que Trithème a fait des écrits de saint Anselme, un livre intitulé Des membres attribués à Dieu dans l'Ecriture. C'est apparemment sur la foi de cet écrivain qu'on l'a mis dans quelques éditions des œuvres de ce père, car on ne le trouve dans aucun manuscrit sous son nom. Il est imprimé parmi les ouvrages de saint Jérôme et de saint Augustin, et les opuscules de saint Bonaventure.

Traité des Membres altribués

D.en.

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15. Dom Gerberon a supprimé, dans son édition, le traité sous le titre d'Image du du monde. monde, quoiqu'il soit attribué à saint Anselme dans un ou deux manuscrits, et dans les anciennes éditions. Mais il n'y trouve ni son génie ni son style, non plus que dans le précédent. Honorius d'Autun a composé un écrit tout semblable, mais il commence différemment. Ainsi l'on ne peut lui attribuer celui dont il est question.

16. Nous raisonnerons du livre de la Béatitude et de la félicité de la céleste patrie, imprimé à Paris en 1638, par les soins du père de Machault jésuite, comme nous avons raisonné du traité des Similitudes. Il porte à juste titre le nom de saint Anselme, soit dans les imprimés, soit dans les manuscrits, parce qu'il est composé d'un discours que ce père prononça dans le chapitre de l'abbaye de Cluny, et de quelques autres discours qu'il avait tenus en diverses occasions. On peut aussi l'attribuer au moine Eadmer, parce que c'est lui qui l'a composé sur ce qu'il avait ouï dire à cet archevêque.

De la Feli

cité de la céPag. 146.

leste patrie.

17. Il serait trop long d'entrer dans le dé- Autres écrits

Trithem., de Script. Eccles., cap. CCCLI.
Honor. Augustodun., lib. IV de Script. Eccles,

* Muratori, tom. III Scriptor. Ital., pag. 352.

cap. XVII.

sous le pom

à

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-tail de plusieurs autres écrits qui se trouvent sous son nom dans les manuscrits d'Italie, de France et d'Angleterre, ou qui lui sont attribués par Trithème, par Vincent de Beauvais, ou par d'autres écrivains trop récents pour faire autorité. Nous dirons seulement qu'on cite sous le nom de saint Anselme un traité de l'Antechrist; un recueil de paraboles ou de proverbes; un de la Garde intérieure de Phomme, ou de l'Intérieur de la conscience; un des Quatorze béatitudes de l'homme; un des Sept beatitudes; un de la Salutaire occupation du père de famille; un qui a pour titre : Le Miroir des religieux; un autre sous le titre de Miroir du pécheur; un de la Dignité du sacerdoce, que l'on convient aujourd'hui être de Gerbert ou du pape Sylvestre II. L'anonyme de Molk met entre les écrits de saint Anselme, un Martyrologe. Catel, dans son Histoire de Languedoc 2, le fait auteur de la Vie de saint Papoul, et de celle de saint Bérenguier, moine du monastère du nom de ce saint, érigé depuis en évêché. On lui donne encore la Vie de saint Raymond de Toulouse, mais toutes ces attributions ne paraissent point fondées 3. Il y eut dans l'abbaye du Bec un autre moine du nom d'Anselme, qu'on croit auteur de la Vie de saint Berenguier. Cet Anselme portait le prénom de Flavius.

§ XII.

Suppléments des œuvres de saint Anselme.

1. En 1669, dom Luc d'Achéry 5 publia dans le neuvième volume de son Spicilege, buit lettres de saint Anselme. Baluze en fit imprimer sept autres dans le quatrième tome de ses Mélanges 6; deux dans le volume suivant, et une dixième dans l'appendice aux Capitulaires. Il s'en trouve encore cinq dans le recueil des Lettres hibernoises, par Ussérius. Celles-ci ont été imprimées dans le recueil général des lettres de saint Anselme; et les autres dans les deux suppléments que l'on a mis après la table des matières dans l'édition de 1721. On y trouve aussi les trois lettres que dom Martène a publiées dans le premier tome 10 de ses Anecdotes 11.

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Lettre au moine Ri

Epist. 1.

2. Un moine de l'abbaye du Bec, nommé Richard, pratiquait de plus grandes absti- chard. nences que la règle de Saint-Benoît n'en prescrit. Son abbé et saint Anselme lui conseillèrent et lui commandèrent de suivre le train de la communauté. Il le promit et n'en fit rien. L'archevêque l'en reprit avec force, et lui représenta qu'il y avait tout lieu de craindre, qu'au lieu de la récompense qu'il espérait de ses abstinences, il ne subit la peine de sa désobéissance; et que la simple obéissance méritait une plus grande couronne, qu'une abstinence contraire à l'usage commun du monastère. Il lui représenta aussi le danger qu'il y avait que la vaine gloire ne fût le principe de sa singularité. Enfin il lui ordonne de s'en rapporter absolument à la disposition de son supérieur.

Lettres à d'autres moi.

3. Il écrivit à d'autres moines de ne négliger aucune des observances de la règle, pas nes. Epist. 2. même les plus petites, parce que l'ennemi de notre salut tente ordinairement les plus sages par cet endroit, afin de les engager ensuite dans des fautes plus considérables.

Il conseille au moine Hugues de découvrir Epist. 3. ses fautes et même ses plus secrètes pensées à son abbé, mais surtout de lui obéir en tout.

4. Les décrets des conciles de Londres in- s. terdisaient les fonctions du sacerdoce aux prêtres concubinaires. Quelques-uns n'y eurent aucun égard. Saint Anselme, consulté là-dessus par des évêques, répondit qu'il fallait maintenir ces décrets en vigueur; et que s'il ne se trouvait point de prêtres chastes pour suppléer à ces concubinaires, on devait faire exercer leurs fonctions par des moines; qu'ils célébreraient la messe pour le peuple, et consacreraient le corps de Jésus-Christ 12 que les clercs porteraient aux malades; que ces mêmes clercs pourraient, avec la permission de l'évêque, ou à leur défaut des moines avancés en âge, recevoir les confessions, donner l'absolution, et ensevelir les morts.

5. Dans sa lettre aux évêques d'Hibernie, il leur demande le secours de leurs prières pour se soutenir dans les diverses afflictions

Patrologie, col. 257-271, à la suite des lettres de saint Anselme. (L'éditeur.)

12 Jubete ut interim monachi missas dicant populo ubi ipsi fuerint, et faciant corpus Domini, quod per clericos portetur ægrotis. Qui clerici vestra jussione vice versa accipiant confessionem, et faciant absolutionem, et sepeliant corpora mortuorum. Quæ omnia etiam monachis provectioris ætatis præcipere potestis. Anselm., Epist. 5 Supplementi.

8.

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