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Abrégé de la Théologie chrétienne.

Poésies.

Patrol., tom.

col. 1759 et SUIV.

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trouve dans la bibliothèque Jacobéenne. » Dans le dialogue publié par Rheinwald, le philosophe et le juif parlent d'abord; puis le juif, ensuite le philosophe et le chrétien. Le dialogue finit par une exhortation que le maître adresse au disciple pour l'engager à rechercher le souverain bien.

68. L'Abrégé de la théologie chrétienne, publié par Reinwald, dans l'ouvrage Anecdota ad historiam ecclesiasticam pertinentia, particula 2, Berlin, 1835, in-8°, est différent de l'Introduction à la Théologie, comme le prouve l'éditeur dans sa préface. Dans cet abrégé, l'auteur parle d'une manière plus étendue que dans l'Introduction des attributs de Dieu, et il touche aussi à d'autres questions dogmatiques. Mais cet écrit est-il vraiment d'Abaillard? Reinwald, après avoir rapporté les raisons qui militent en faveur de ce théologien, en rapporte d'autres qui l'engagent à se prononcer pour un disciple d'Abaillard.

69. Les poésies d'Abaillard sont divisées en CLXXVIII quatre classes. La première comprend les avis donnés par Abaillard à son fils Astrolabe. Les auteurs de l'Histoire littéraire de la France1 avaient publié les douze premiers vers de ce petit poème. M. Victor Cousin l'a publié tout entier d'après un manuscrit du British Museum 2. MM. Wright et Orchard Halliwel l'ont édité de nouveau dans l'ou. vrage Reliquiæ antiquæ, Londres, 1841, 2 vol. in-8°, tom. I, p. 45. C'est de là qu'il a passé dans la Patrologie. On y reconnaît le bel esprit d'Abaillard.

La deuxième classe comprend quatrevingt-treize hymnes écrites par Abaillard vers l'an 1130, avant ses sermons. C'est ce qu'il atteste lui-même dans la préface qu'il a mise à ses sermons en les envoyant à Héloïse. Le manuscrit qui contient ces hymnes est à Bruxelles; Oehler les copia et en publia les huit premières hymnes. M. Cousin, acquéreur de cet apographe, le compara avec le manuscrit de Bruxelles, et publia les quatrevingt-treize hymnes avec quelques changements. Les éditeurs de la Patrologie l'ont fait 1765 et suiv. paraître de nouveau, avec des notes, en se

Præfat. col.

conformant davantage au manuscrit. Abaillard fait précéder ces hymnes d'une préface où il dit les motifs qui l'ont porté à entreprendre cet ouvrage. Il l'a entrepris à la prière d'Héloïsse et de ses religieuses qui voulaient des hymnes pour tout le cours de l'an

1 Tom. XII, pag. 134.

née. Son but était de changer la liturgie existante. On sait qu'alors les lois de l'Eglise sur la liturgie n'étaient pas aussi sévères qu'aujourd'hui. Les évêques, les abbés, les personnages éminents se permettaient en ce point beaucoup de choses que l'Eglise a justement défendues. L'ouvrage est divisé en trois livres. Dans le premier viennent les hymnes pour la semaine; le second, précédé d'une préface, contient les hymnes pour les solennités diverses. Il y en a pour tout l'office de la Naissance de Notre-Seigneur, pour la Purification de la sainte Vierge, pour tout l'office de la Résurrection de Jésus-Christ, pour l'Ascension, pour l'Invention de la sainte Croix, pour l'Ascension, pour la Pentecôte, pour la fête de la Dédicace d'une église. Le troisième livre comprend les fêtes des saints; il est aussi précédé d'une préface où l'auteur expose la liaison de ce livre avec les deux précédents. On y trouve des hymnes pour les fêtes de la sainte Vierge, pour le commun des apôtres, pour la fête des saints apôtres Pierre et Paul, pour celle de saint Jean l'Evangéliste, pour le commun des évangélistes, pour la fête de tous les Saints, pour la fête des confesseurs, pour le commun des saintes femmes, pour le commun des vierges. On n'a de l'hymne xcive que les deux premiers vers; elle était sur la fête de sainte Madeleine. Le lecteur peut remarquer qu'Abaillard mettait des hymnes avant chaque nocturne. Toutes nous offrent la doctrine catholique, plusieurs contiennent une véritable poésie, quelques-unes charment encore par leur piété; c'est ce qu'on remarque surtout dans le second livre. Ce n'est pourtant point un trésor d'un grand prix qu'on a découvert. Les hymnes du bréviaire romain et des autres bréviaires anciens l'emportent en général de beaucoup par la piété, le nombre, le choix des paroles, les sentences. Abaillard ne fait guère que mettre en vers ce que d'autres avaient déjà expliqué avant lui en prose. De savants antiquaires modernes et surtout le R. P. Cahier ont expliqué presque tous les symboles et les interprétations mystiques de l'Ecriture sainte que l'on rencontre dans les trois premières hymnes d'Abaillard. On trouve l'origine et l'histoire du symbolisme très bien expliquées dans les Traités pour le temps présent de quelques théologiens d'Oxfort.

Après les trois livres d'hymnes, la Patro

2 Fragments philosophiques, tom. II, pag. 132 et suiv.

Præfat edit col. 1769-70.

Autres

écrits d'Abailard non imprimés, MA

LXXVII. An

nal, num. 140.

logie nous présente une hymne sur l'Annonciation de la sainte Vierge, d'après Daniel qui l'a publiée dans son Thesaurus hymnolog., tom. II, pag. 59. Les rhythmes sur la Trinité sont seulement indiqués; ils se trouvent au tome CLXXI de la Patrologie, col. 1411; ils commencent par Alpha et Omega.

2

Les complaintes sont reproduites d'après Greith, Spicileg. Vatican., Frauenfeld, 1838, in-8°, pag. 123. Il y en a une d'Abaillard sur Dina, une de Jacob sur ses fils, une des vierges d'Israël sur Jephté, une d'Israël sur Samson, une de David sur Abner tué par Joab, une de David sur Saül et Jonathas.]

70. Ses autres écrits, mais qui n'ont pas encore été mis sous presse, sont un livre inbillon. lib. titulé le Oui et le Non, où l'auteur rapporte sur chacun de ces deux articles les passages de l'Ecriture et des Pères 3; un livre des Sentences que dom Mabillon dit avoir vu manuscrit dans la bibliothèque de Saint-Emmeran à Ratisbonne, et composé de trente-sept Apolog.pag. chapitres. Abaillard dit dans son Apologie Not.pag.1'co. que ce livre n'est pas de lui, et Duchesne

333.

Règle d'Hé loisse, p. 198.

soutient que saint Bernard s'est trompé en le lui attribuant; mais Duchesne met au nombre des opuscules d'Abaillard une Logique ou Dialectique, il avait même promis de la rendre publique. On donne encore à Abaillard un Commentaire sur la Genèse, qui est apparemment la même chose que sur l'ouvrage des six jours; un sur les Psaumes; des Gloses sur Ezechiel; des Elégies sur les mœurs et la bonne conduite de la vie, adressées à son fils Astrolabe ; et des Rhythmes ou Proses sur la sainte Trinité, imprimées dans le 5 tome IX de la Grande Collection de dom Marlène, et auparavant dans le Supplement des Pères, par le père Homey, sous le nom d'Hildebert, évêque du Mans, puis archevêque de Tours 7.

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71. Après la mort d'Abaillard, Héloïsse voyant que l'institut du Paraclet se répandait, et qu'on lui demandait de ses religieuses pour fonder de nouveaux monastères, mit par écrit tout ce qui se pratiquait dans

1 Patrol., tom. CLXXVIII, col. 1815 et suiv. 2 Ibid., col. 1817 et suiv.

3 Ce livre a été édité pour la première fois, mais non en entier, par M. Victor Cousin en 1836, Paris, in-4o, dans l'ouvrage intitulé Abælardi opera hactenus inedita. On y trouve encore la Dialectique d'Abélard, ses gloses sur les catégories de Porphyre, sur le livre des Interprétations et sur les Topiques, avec un appendice, d'autres écrits en prose et en vers: une introduction sur l'histoire de la philosophie scholasti

le sien, et en fit un petit recueil, afin que les filles ne fussent pas différentes de leur mère, et que l'on gardât partout l'uniformité dans les usages et dans les exercices de la religion. Quelques-uns ont contesté ces Constitutions à Héloïsse, mais leurs raisons ne roulent que sur quelques différences du style, qui en effet n'est pas si élégant dans ces statuts, que dans les lettres de cette abbesse. Mais quel législateur s'est avisé de chercher l'élégance dans des règles de vie, qui doivent être à la portée des moins intelligents? La tradition du Paraclet est que ces statuts sont d'Héloïsse, et ils portent son nom dans un manuscrit du Paraclet, où ils sont joints à ses lettres et à celles d'Abaillard.

de

Ce qu'elle contient remarquable.

72. «L'habit des religieuses doit être simple et grossier; leurs robes seront de laine; leur linge, les peaux d'agneaux qu'on leur permet Pg. 198. en hiver, tout cela sera acheté au plus vil prix; elles coucheront sur une paillasse, ayant un oreiller de plumes et des draps; elles mangeront du pain de blé, s'il s'en trouve dans la maison, sinon elles se serviront d'autres grains. Les racines, les légumes, et les herbes du jardin de la maison fourniront la nourriture ordinaire. On donnera quelquefois du lait, des œufs et du fromage, mais rarement. A l'égard de la viande, on n'en servira jamais au réfectoire. Si l'on fait présent au monastère de quelque poisson, on les donnera à la communauté, mais on n'en achètera point. >> On voit ici qu'Héloïsse avait renoncé aux mitigations portées dans la Règle d'Abaillard, et qu'elle se rapprochait de celle de saint Benoit, qu'elle avait suivie d'abord. Ses religieuses ne pouvant par elles-mêmes cultiver leurs terres, Héloïsse reçut au Paraclet des frères convers qui logeaient au dehors, et des sœurs converses au dedans, pour les ouvrages grossiers. Celles du chœur ne sortaient du monastère, que quand il était nécessaire d'en envoyer quelqu'une dans les fermes; alors celle-ci se faisait accompagner d'une sœur converse. Si un frère convers faisait quelque faute considérable, on l'obli

que en français précède ces ouvrages. L'écrit Sic et non a été publié en entier en 1851; il se trouve dans la Patrologie latine. (L'éditeur.)

Cet écrit a été publié dans les Reliquiæ antiquæ, Londres, 1842, 2 vol. in-8°, tom. I, p. 15. (L'édit.) 5 Pag. 1092, 1097.6 Pag. 446.

7 Ces proses sont reproduites parmi les œuvres d'Hildebert, au tome CLXX de la Patrologie latine. (L'éditeur.)

Canons des conciles pour

le gouverne.

ment des reli

gieuses, pag.

202.

Mort d'Hé

loïsse.

Jugement des écrits d'A

geait à venir au chapitre, où en présence de la communauté, la supérieure lui faisait une sévère réprimande, afin que la honte l'engageât à se corriger. Au commencement de toutes les heures de l'office divin, après le Deus in adjutorium, la semainière commençait Veni Sancte Spiritus, on y ajoutait le verset et la collecte. On introduisit cet usage au Paraclet, parce que cette maison était dédiée au Saint-Esprit.

73. Dans le manuscrit du Paraclet, les Constitutions d'Héloïsse sont suivies de plusieurs canons des conciles, de décrets des papes, et de passages des pères pour le gouvernement des religieuses; apparemment pour faire voir qu'elle n'avait rien ordonné qui ne fût conforme à l'esprit de l'Eglise.

74. Héloïsse survécut vingt-deux ans à Abaillard, étant morte vers l'an 1164, le 17 mai, auquel jour sa mort est marquée dans le Nécrologe du Paraclet, comme la première abbesse qu'ait eue ce monastère. Il y est aussi fait mention de sa mère Hersende, d'Agnès, nièce d'Abaillard et prieure du monastère; de Denise, sœur d'Abaillard, et d'Astrolabe son fils. Héloïsse était de la famille des Montmorency, moins considérable alors que sous le roi Henri II, qui érigea la terre de Montmorency en duché. Le corps d'Héloïsse fut mis dans un caveau 2 assez vaste, où l'on avait déposé longtemps auparavant celui d'Abaillard. Cette circonstance fait tomber la tradition fabuleuse de la Chronique de Tours, où il est dit qu'Héloïsse étant malade demanda d'être inhumée dans le tombeau d'Abaillard, et que lorsqu'on l'eut ouvert pour y descendre le corps d'Héloïsse, son mari étendit les bras pour la recevoir.

75. Abaillard et Héloïsse étaient l'un et baillard et l'autre de ces génies heureux à qui il en coûte

d'Héloïsse.

peu pour se rendre habiles dans toutes sortes de sciences. On est surpris, en lisant les lettres d'Héloïsse, d'y trouver une si grande étendue de connaissances. Elle cite avec aisance les écrivains sacrés, les pères de l'Eglise, les auteurs profanes, surtout les poètes, ce qui fait voir que la lecture lui en était familière. Rien n'égale la vivacité de son pinceau, quand elle peint ses malheurs et ses peines. Quelle force d'expressions et de raisonnements dans le discours qu'elle fait à

1 Ambosius, Præfat. in opera Abælardi.

2 Mabillon., lib. LXXVII Annal., num. 129.

Abaillard pour le détourner du mariage! Son style est toujours élégant, mais il est des endroits dans ses lettres où elle s'est surpassée. Les pensées en sont fines et délicates, les idées nobles, la latinité pure, le tour naturel. Il y a moins de feu et moins de légèreté dans le style des lettres d'Abaillard, mais elles sont écrites solidement et avec élégance, remplies, comme tous ses autres ouvrages, d'érudition sacrée et profane. Un anonyme florentin, presque contemporain d'Abaillard 3, écrivit en France pour avoir le recueil de ses lettres, disant qu'il n'en avait jamais lu de plus agréables. Ses autres écrits n'ont pas eu un sort si heureux. Plus philosophe que théologien, il voulut, dans les premières années qu'il se montra au public, enseigner des matières qu'il n'avait pas approfondies, et pénétrer par les lumières de la raison dans des mystères au-dessus du raisonnement humain. De là les reproches qu'il eut à essuyer de la part des plus savants hommes de son siècle, soit dans les conciles, soit à Rome, et la nécessité de rétracter par des monuments publics des sentiments que la pureté de la foi catholique n'admet point.

76. Nous ne connaissons qu'une seule édition complète de ses œuvres, faite à Paris en 1616, in-4°, par les soins de François Amboëse; mais en 1718 ses lettres furent réimprimées à Londres, in-4°, avec les corrections de Richard Bawlinson. François Amboëse a mis en tête de son édition une préface apologétique de la personne et des sentiments d'Abaillard et d'Héloïsse, et à la fin des notes de Duchesne sur la lettre à un ami qui contient l'histoire de ses calamités. Après la préface apologétique, suit la censure, faite par les docteurs de Paris, des propositions qui leur avaient paru repréhensibles dans les écrits d'Abaillard et d'Héloïsse. [En 1849 parut à Paris un volume in-4o contenant quelques écrits d'Abaillard, savoir: des séquences et des hymnes, l'exposition sur l'Hexaméron, avec un appendice qui contient des documents originaux. L'éditeur, M. Cousin, a revu ces écrits, y a mis des notes, des sommaires, des tables. Il a été aidé par MM. Jourdan et Despois.]

En 1695, il parut à Cologne une traduction française des lettres d'Abaillard et d'Héloïsse, mais aussi infidèle qu'injurieuse à l'un et à

Marten, tom. II Ampliss. Collec., pag. 1455.

Editions de ses @avres. Traductions des lettres.

Vie d'Abailloisse.

lard et d'Hé

l'autre. Il s'en fit deux éditions à Paris, en 1714 et en 1721; celle de Cologne est attribuée à Bussy-Rabutin; les deux autres au père F. Godard de Beauchamp. Dom Gervaise, ancien abbé de la Trappe, voulant venger l'honneur d'Abaillard et d'Héloïse, et celui de la vie monastique attaqués dans cette traduction, en donna une nouvelle à Paris en 1723, chez Jean Musier, où il a tâché de rendre exactement non-seulement les pensées d'Abaillard et d'Héloïsse, mais encore leurs termes, autant que la langue française a pu le permettre; et afin que l'on fût en état de juger de son exactitude, il a mis le texte latin dans une colonne séparée vis-à-vis de sa traduction. Ce traducteur avait fait imprimer chez le même Jean Musier, en 1720, la Vie d'Abaillard et d'Héloïsse, dans laquelle il a discuté exactement tous les reproches faits à Abaillard tant sur sa conduite que sur sa Cap. x. doctrine. Cette Vie est terminée par une dissertation sur un passage d'Abaillard. Cet écrivain avait dit, dans son livre contre les Hérésies, que si dans la primitive Eglise les disciples des apôtres se faisaient baptiser pour les morts, en croyant par là contribuer au salut de ceux qui étaient morts sans baptême, à plus forte raison devons-nous croire que la foi des parents suffit pour procurer aux enfants la grâce de la régénération. Dom Gervaise fait voir qu'Abaillard n'a point prétendu par là autoriser le baptême pour les morts, mais seulement réfuter certains hérétiques de son temps, qui voulaient qu'on attendit que les enfants fussent en état de croire, avant de leur administrer le baptême. [Les lettres d'Abaillard et d'Héloïsse ont été traduites de nouveau par Oddoul, Paris 1839, in-4°; elles sont précédées d'un essai bistorique sur la vie et les écrits d'Abaillard, par M. et Mme Guizot. On y trouve aussi la traduction de l'Apologie d'Abaillard par Bérenger, son disciple, et celle de sa lettre à l'évêque de Mende, avec les lettres de Pierrele-Vénérable en faveur d'Abaillard, et les témoignages des anciens sur cet écrivain.

L'édition la plus complète des œuvres

Malgré cela, les auteurs de l'Histoire littéraire de France, tom. XII, lui reprochent de n'avoir pas rempli le devoir d'un traducteur exact : « Souvent,

d'Abaillard est celle qu'ont donnée les éditeurs de la Patrologie latine, au tome CLXXVIII. On y trouve d'abord des prolégomènes qui comprennent une notice historico-littéraire tirée de l'Histoire littéraire de la France; une autre notice tirée de Fabricius; une dissertation sur la vie et les écrits d'Abaillard, par Oudin; la doctrine d'Abaillard par Martène, la préface apologétique par Amboëse; son épitaphe reproduite en six manières différentes; sa confession de foi; la censure des docteurs de Paris. Viennent ensuite les ouvrages d'Abaillard. Ils sont divisés en quatre parties. La première comprend les épitres au nombre de trente, parmi lesquelles il n'y en a que douze qui soient d'Abaillard; les autres lui sont adressées par Héloïsse ou par divers personnages, ou sont des lettres qui le concernent. La deuxième partie renferme les sermons au nombre de trente-quatre, et plusieurs écrits ascétiques : l'Exposition de l'Oraison Dominicale, l'Exposition du Symbole des apôtres, l'Exposition de la foi sur le Symbole de saint Athanase, l'Ethique ou le livre intitulé Connais-toi toi-même, les Problèmes d'Héloïsse avec les Solutions d'Abaillard. La troisième partie comprend les œuvres théologiques et philosophiques, savoir: l'Exposition sur l'Hexaméron, celle sur l'Epitre aux Romains, l'Introduction à la théologie, la Théologie chrétienne, le Sic et le Non, d'après Henke et Lindenkohl, Marbourg, 1851, in-8°, édition plus complète et plus exacte que celle de M. Cousin; le Dialogue entre un philosophe, un juif et un chrétien; l'Abrégé de la théologie chrétienne. Dans la quatrième partie, on donne les poésies d'Abaillard. (Voir ce que nous en avons dit ci-dessus). L'appendice contient le livre des Hérésies, l'indication des priviléges accordés au Paraclet par les souverains pontifes, la concession faite par Hugues, archevêque de Sens; la série des abbesses du Paraclet. Le volume est terminé par des notices sur Hilaire et Bérenger, disciples d'Abaillard, avec leurs écrits. On n'a d'Hilaire qu'une élégie dans laquelle il déplore le départ d'Abaillard du Paraclet.]

disent-ils, il rend son original en français avec l'étendue et la liberté d'un paraphraste. » (L'éditeur.)

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CHAPITRE XXVIII.

Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers [1154]; Abandus [1134];
Francon, abbé d'Afflighen [1135; un anonyme, sous l'an 1141].

[Ecrivains latins.]

1. Né à Poitiers même, Gilbert de la Porrée y fit ses premières études, puis il s'appliqua à la philosophie, et, pour s'y rendre habile, il l'étudia dans les plus célèbres écoles de France 1. A Laon, il eut pour maîtres Anselme, doyen de cette Eglise, et Raoul son frère; à Poitiers, Hilaire; Bernard à Chartres. Il enseigna lui-même la philosophic en diverses provinces du royaume avec succès. Admis dans le clergé de Poitiers, il en devint chanoine.

2. L'évêque Guillaume Adélelme étant mort au mois d'octobre de l'an 1140, on élut à sa place l'abbé Grimoard, qui ne fut sacré qu'au mois de février de l'année suivante 1141. Le roi Louis lui défendit de se mettre en possession de son siége avant la Pentecôte. Grimoard ne l'occupa que peu de temps, puisque Gilbert lui succéda la même année.

3. Les mœurs de Gilbert étaient graves et pures; mais d'un génie vif et subtil, il se plaisait trop dans les raisonnements de la dialectique, d'où vient qu'il donna dans des sentiments singuliers, même en matière de religion.

4. Deux de ses archidiacres, Arnaud et Calon, en portèrent leurs plaintes à Eugène III en 1146 2. Il était alors à Sienne et dans le dessein de passer en France; c'est pourquoi il renvoya l'examen de cette affaire au concile qu'il devait y tenir. Gilbert continuant à soutenir les propositions qu'il avait avancées, Arnaud et Calon vinrent une seconde fois s'en plaindre au pape, dans le temps qu'il était à Auxerre. Eugène leur ordonna de se rendre à Paris pour la fête de Pâques. 5. On y assembla un concile auquel le pape présida, assisté de plusieurs cardinaux, d'évêques, d'abbés et de gens de lettres. Gilbert de la Porrée, qu'on y avait appelé, fut cité au consistoire pour répondre aux reproches

1 Mabillon., præfat. in Bernard., num. 52, et lib. LXXVII Annal., num. 113.

2 Mabillon., ibid., lib. LXXVIII, num. 83 et 120.

qu'on lui faisait sur sa doctrine 3. On l'accusait d'enseigner que l'essence divine n'est pas Dieu, que les propriétés des personnes divines ne sont pas les personnes mêmes, que la nature divine ne s'est pas incarnée, et quelques autres erreurs de moindre importance. L'on produisit contre lui pour témoins deux maîtres en théologie, Adam de PetitPont, chanoine de l'Eglise de Paris, et Hugues de Champ-Fleuri, chancelier du roi, et l'évêque de Soissons. Tous trois assurèrent par serment qu'ils avaient ouï de sa bouche quelques-unes de ces propositions. Lui-même n'en disconvenait pas entièrement, mais il les expliquait favorablement, soutenant qu'il n'avait jamais dit ni écrit que la divinité ne fût pas Dieu; il citait pour témoins de la pureté de sa doctrine Raoul, évêque d'Evreux, et un docteur nommé Yves de Chartres, qui avaient l'un et l'autre étudié sous lui. Saint Bernard, que les deux archidiacres avaient engagé dans cette affaire, fut le principal adversaire de Gilbert en ce concile; mais il se déclara encore plus hautement contre lui dans le concile de Reims, où le pape avait renvoyé la décision de la cause.

Concile de Reims en

6. Le concile de Reims fut assemblé à la mi-carême de l'an 1148, le 22 mars. Parmi 1148. le grand nombre d'évêques et d'abbés qui y assistèrent, on nomme Geoffroy de Lorroux, archevêque de Bordeaux; Milon, évêque de Terrouane, et Josselin de Soissons, recommandables par leur savoir; l'abbé Suger et saint Bernard. Eugène III présida au concile. Avant qu'il se tint, Gilbert lui envoya son commentaire sur Boëce; le pape le donna à examiner à Gothescalc, alors abbé du MontSaint-Eloy, près d'Arras, ensuite évêque de cette ville. Celui-ci en tira quelques propositions qui lui parurent erronées, et leur opposa

3 Mabillon., ibid., num. 121.

Mabillon., ibid., lib. LXXIX Annal., num. 1.

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