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La doctrine de Gilbert y

plusieurs passages des pères. Albéric, évêque d'Ostie, légat en France, avait fait aussi des recherches sur la vie et la doctrine de Gilbert, mais ce légat mourut avant la tenue du concile.

7. A la première session, Gilbert fit apporest condam ter par ses clercs plusieurs gros volumes pour se mettre en état de montrer que ses adversaires avaient tronqué les passages allégués contre lui, ou qu'il les avait pris à contresens. «Qu'est-il besoin, lui dit saint Bernard', de tant de livres et de paroles? Le scandale que vous avez donné ne vient que de ce que plusieurs assurent que vous croyez et que vous enseignez que l'essence ou la nature de Dieu, sa divinité, sa sagesse, sa bonté, sa grandeur, ne sont pas Dieu, mais la forme par laquelle il est Dieu; déclarez si vous pensez ainsi, ou non.» Gilbert eut la hardiesse de répondre que cette forme n'est pas Dieu. « Nous tenons, dit saint Bernard, ce que nous cherchions; qu'on écrive cette confession. >> Henri de Pise, cardinal, l'écrivit. Alors Gilbert, s'adressant à saint Bernard, lui dit : Ecrivez aussi que la divinité est Dieu. >> -« Oui, dit le saint, qu'on l'écrive avec un stylet de fer et sur un diamant. » Après qu'on ent beaucoup disputé de part et d'autre sur cette proposition et sur quelques autres avancées par Gilbert, on chargea saint Bernard de dresser une confession de foi pour l'opposer aux erreurs de Gilbert. Il la fit en quatre articles, que l'on rapportera dans l'histoire des conciles. La profession de foi fut approuvée du pape et de tout le concile; tous condamnèrent aussi les erreurs de Gilbert; il acquiesça lui-même au jugement du concile, se réconcilia avec les deux archidiacres ses accusateurs, el retourna à Poitiers reprendre ses fonctions et jouir en paix des honneurs de sa dignité.

Ecrits de Gilbert.

8. Il composa divers écrits, savoir: un commentaire sur les Psaumes, un sur l'Evangile de saint Jean, un sur les Epitres de saint Paul, un sur le Traité de la Trinité par Boëce, et un sur le livre des deux Natures unies en une seule Personne en Jésus-Christ. De tous ces ouvrages il n'y a que le commentaire sur les Livres de la Trinité de Boëce qui ait été rendu public. On le trouve dans l'édition générale des œuvres de Boëce, à Bâle en 1570, [et dans la

1 Mabillon, ibid. et tom. X Concil., p. 1109, 1121 et seq.

2 On peut voir sur Gilbert de la Porrée la notice historique tirée de la Gallia christiana nov., tom. II,

Patrol. latine, t. LXIV.] Le livre de Gilbert, intitulé des Six principes, a été imprimé souvent dans les anciennes éditions latines d'Aristote, par les soins d'Hermolaus Barbarus. [Il est reproduit au tome CLXXXVIII, col. 12571270.] Nous avons sur cet opuscule de Gilbert huit traités d'Albert-le-Grand dans le tome Ier de ses ouvrages 2. [Les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, t. XII, attribuent encore à Gilbert un commentaire sur l'Apocalypse. La préface, disent-ils, se trouve à la tête des Postilles de Nicolas de Lyra sur ce livre, et le corps de l'ouvrage a été imprimé dans une compilation de différents interprètes anciens de l'Apocalypse, publiée à Paris l'an 1512, en 1 vol. in-8°. Ces mêmes auteurs citent comme n'ayant pas vu le jour, 1o des questions diverses sur toute l'Ecriture; elles existent, disent-ils, à l'abbaye de Saint-Ouen de Rouen et à celle de Saint-Bertin; 2o des gloses sur le prophète Jérémie, dont il y a deux exemplaires à la bibliothèque du roi; 3o des gloses sur le Cantique des Cantiques, conservées à la bibliothèque publique d'U. trecht; 4o des gloses sur l'Evangile de saint Jean, qui ne nous sont connues que par le témoignage de Henri de Gand; 5o des gloses sur les Epitres de saint Paul, dont il y a des exemplaires à la bibliothèque du roi, à celles de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Victor, de Vauclair, des Dunes en Flandres, du collége de la Madeleine à Oxfort, et à la bibliothèque Pauline de Leipsick. Toutes ces gloses ne sont qu'une extension de celles d'Anselme de Laon, qui servirent de canevas pour ainsi dire à tous les glossateurs de l'Ecriture, qui vinrent après lui dans les bas temps. 6o Un commentaire très-prolixe et assez peu intelligible, à la manière de presque tous ceux de Gilbert, sur le traité de Boëce des Deux natures en Jésus-Christ. Il existe un exemplaire de cet écrit de Gilbert à Saint-Amand. 7° Un commentaire sur l'écrit attribué à Mercure Trismegiste: De hebdomadibus seu de dignitate theologiæ. Ce commentaire, avec le texte qui en est l'objet, se trouve à la bibliothèque de l'Eglise de Tours; il est aussi à la bibliothèque impériale. 8° Un livre De causis, qui se voit à la bibliothèque des Dunes; 9° Oudin met de plus sur le compte de notre auteur un traité en forme de la Trinité, qu'il disait

et la notice littéraire, d'après les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, tom. XII. Ces deux notices sont reproduites au tome CLXXXVIII de la Patrologie latine, col. 1247-1256. (L'éditeur.)

Remarques sur ses écrits.

être en la bibliothèque des Carmes-Déchaussés de Paris. Ce que nous pouvons assurer, c'est qu'il ne s'y rencontre plus. Il ne diffère peut-être pas du commentaire sur Boëce. 10° A la bibliothèque de Saint-Ouen de Rouen on voit Magistri Gisleberti Porretani glossula super S. Matthæum, dans un manuscrit qui est de la fin du XIIe siècle. Le même ouvrage se trouve aussi, mais sous le nom de Geoffroi Babion, à l'abbaye de Saint-Germer. Ce dernier exemplaire est moins ancien que le premier. Néanmoins, l'attribution qu'il porte est fortifiée par l'autorité d'un autre exemplaire que l'on rencontre à Citeaux sous ce titre : Gaufridi Babionis super Matthæum. Quoi qu'il en soit, l'ouvrage, partagé en quatre-vingts chapitres, commence par ces mots : Dominus ac Redemptor noster ad commendationem, etc. et finit par ceux-ci : Christum meruerint habere mansorem in sui cordis hospitio. 11° Gilbert avait composé une prose rimée sur la Trinité, qui fut produite contre lui au concile de Paris; mais nous croyons cette pièce perdue, ou du moins nous n'en connaissons aucun exemplaire. 12° Il faut mettre aussi parmi les productions de Gilbert que le temps nous a enlevées, ses sermons, dont Pierre de Celles faisait un si grand cas, qu'il ne craignait pas de les comparer à ceux de saint Bernard.]

9. Le moine Geoffroi, dans sa lettre à l'évêque d'Albane, remarque que Gilbert, après avoir rapporté dans sa glose sur le Psautier 1 ces paroles de saint Augustin: « Jésus-Christ a pris chair de Marie; nous adorons cette chair sans impiété, parce que personne ne mange spirituellement la chair de Jésus-Christ qu'il ne l'ait auparavant adorée,» ajoute << non de cette adoration qui est appelée latrie, qu'on doit au Créateur seul, mais de celle qui est plus digne que l'adoration de dulie 2, que l'on rend même à la créature. » Geoffroi avait encore lu, dans les gloses de Gilbert sur les Epitres de saint Paul 3, que le nom de Dieu et de Fils de Dieu n'est pas donné à l'homme en Jésus-Christ, sinon par

1 Tom. X Concil., pag. 1125.

2 Le texte latin de la lettre porte: Sed illa quæ dulia dignior est. Dulia enim adoratio est, quæ etiam reaturæ exhibetur : Quæ duas habet species, unam quæ hominibus indifferenter, alteram quæ soli humanitati Christi exhibetur. Au lieu donc de traduire de cette manière : « Mais de celle qui est plus digne que l'adoration de dulie, » dom Ceillier aurait dû le faire peu près ainsi : « Mais de cette adoration qui, quoique distinguée entre tout autre culte de dulie, n'en

adoption. Il ne releva point ces deux endroits au concile de Reims, où il était avec saint Bernard, parce qu'il n'avait pas lu alors ces deux écrits de Gilbert. D'autres disent que cet évêque enseignait dans ces mêmes commentaires qu'il n'y a que Jésus-Christ qui mérite, et que les élus qui soient véritablement baptisés.

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10. Sa lettre à Matthieu, abbé de SaintFlorent, est intéressante. Dom Luc d'Achéry notes sur Guibert de l'a publiée dans ses Nogent; Dom Martène 5, dans le tome Ier de ses Anecdotes; dom Mabillon 6, au tome VI de ses Annales, [et les éditeurs de la Patrologie latine, au tome CLXXXVIII, col. 1255-1258, d'après Martène.] Matthieu avait consulté Gilbert sur la pénitence que l'on devait imposer à un prêtre qui, après la consécration du pain, avait prononcé sur le calice vide les paroles sacrées, et qui, s'en étant aperçu à la fraction du pain lorsqu'il fallait en mettre une parcelle dans le calice, avait fait une nouvelle consécration du pain comme du vin. Gilbert témoigne, par sa réponse, que semblable cas était déjà arrivé, et, se souvenant de ce que des gens sages et prudents avaient ordonné pour des fautes de cette nature, il dit que ce prêtre doit s'abstenir pendant quelque temps de célébrer la messe; qu'il convient aussi de lui imposer des jeunes et des macérations corporelles, et d'obliger même la communauté à expier cette faute par des prières. Au reste, il ne croit pas que la pénitence du prêtre doive être de longue durée, parce qu'elle ne venait que d'inadvertance. Gilbert ajoute qu'il avait eu tort de réitérer la consécration du pain, qu'il pouvait s'abstenir de la consécration du vin et de l'eau, et ne communier que sous la seule espèce du pain, parce que le corps de Jésus-Christ est tout entier sous chaque espèce; qu'ainsi le corps et le sang étaient sous l'espèce du pain, quoiqu'il n'y eût point de vin consacré. Il cite l'usage de l'Eglise de ne communier les enfants baptisés que sous l'espèce du vin, et les malades sous la seule espèce du pain,

est pas moins ce culte de Dulie que l'on rend même à la créature. » (L'édit.) — 3 Ibid. — In append., p. 564. 5 Pag. 427. - Quo6 Lib. LXXVII, num. 113. niam et pueri baptizati in solius calicis, et infirmi in solius panis sacramento sæpe communicant, et nihilominus quantum ad rem ipsam et ad incorruptionis futuræ sacramentum accipiunt quantum illi a quibus in utroque, panis scilicet et calicis sacramento in Ecclesia de ipsa mensa Dominica Christus assumitur. Gilbert., Epist. ad Matt. S. Florentii.

Lettre de Gilbert sor

Fucharistie. [Jugement des écrits de Gilbert].

Abandus [ou Abbaudus], abbé.

dans la persuasion où l'on était que les uns et les autres recevaient autant sous une espèce que ceux qui communiaient sous les deux. Saint Bernard écrivit en des termes à peu près semblables à Gui, abbé de TroisFontaines. Hugues de Saint-Victor, auteur contemporain, dit que pour administrer l'eucharistie aux enfants sous l'espèce du vin, le prêtre trempait son doigt dans le calice et le donnait à suçer à ces enfants.

[La multitude et l'étendue des ouvrages de Gilbert font connaître son amour constant pour le travail; le grand nombre de citations. qu'ils renferment rend témoignage de son érudition; plusieurs difficultés importantes de dogme et de morale, qu'on y trouve bien résolues, montrent la profondeur de son génie. Mais le défaut de méthode qui règne dans la plupart de ces productions, et l'affectation qu'on y remarque de ramener tout aux opinions sophistiques de l'école, sans parler de la sécheresse du style, les ont fait presque entièrement tomber dans l'oubli 3.]

de

11. Après la condamnation de l'hérésie de Bérenger, et la confession de foi qu'on lui proposa à signer dans le concile de Rome, il s'éleva plusieurs questions, même entre les catholiques, sur le sens de certains termes dont cette confession est composée. L'une était touchant la fraction du corps Jésus-Christ; quelques-uns prétendaient que cette fraction ne se faisait que dans les espèces du pain; d'autres qu'elle se faisait dans le corps même de Jésus-Christ. Ils se fondaient sur l'anathème que l'on dit dans cette confestion de foi à quiconque nie que le corps de Jésus-Christ soit manié par les mains du prêtre, ou rompu, ou déchiré par les dents. Les auteurs du premier sentiment soutenaient, qu'après le changement du pain et du vin en la substance du corps et du sang de Jésus-Christ, les espèces du pain et du vin demeuraient, et qu'en elles se faisait la fraction; ceux qui prenaient le parti de la seconde opinion prétendaient que les espèces, comme la substance du pain et du vin, se changeaient au corps et au sang du Sauveur, ne pouvant

1 Bernard., Epist. 69.

2 Hugo Victorin., lib. I de Sacram., cap. x.

3 Histoire littéraire de la France, tom. XII.

* Le nom véritable est Abbundus. (L'éditeur.) 5 Credo itaque quod panem quem accepit, benedicendo, corpus suum fecit. Ideoque corpus suum fregit, et de eodem corpore suo jam benedicto et fracto, dis

concevoir que la blancheur et la rondeur pussent être séparées du corps qui est blanc et rond. L'abbé Abandus était de ce sentiment, et quoiqu'il combatte l'opinion opposée, il se réunit avec ses adversaires touchant le dogme 5 de la transsubstantiation. Son petit traité sur la Fraction du corps de Jésus-Christ, se trouve 6 parmi les Analectes de dom Mabillon, [d'où il a passé au tome CLXVI de la Patrologie latine, col. 1341-1348.] On met la mort de cet auteur vers le même temps que celle d'Abaillard.

12. On peut rapporter au même temps ce que nous avons à dire de Francon, élu abbé d'Afflinghem dans le Brabant en 1122, et mort en cette abbaye au mois de septembre de l'an 1135. Son savoir, joint à une grande pureté de mœurs, lui attira l'amour et le respect des princes de la terre, des évêques et de toutes les personnes de piété.

Francon, abbe d'Afflin

ghem.

Ses écrits. Livres de la

13. Comme il n'était encore que moine d'Afffinghem, Fulgence son abbé et son prédéces- Grace. seur, lui ordonna d'écrire sur la grâce de Dieu, ou sur ses bienfaits et ses miséricordes. Il obéit 7, mais il n'acheva l'ouvrage qu'après la mort de Fulgence, et quand il fut devenu abbé lui-même. Cet ouvrage est divisé en douze livres, et dédié à l'abbé Fulgence; la première édition s'en fit à Anvers, en 1565, chez Bellerus, et à Fribourg, en 1620, in12. On le trouve au vingt-unième tome de la Bibliothèque des Pères, à Lyon, en 1677, [et c'est là que les éditeurs de la Patrologie l'ont pris pour le reproduire au tom. CLXVI, avec une notice tirée de Fabricius, col. 715808.]

14. L'abbé Fulgence prescrivit lui-même le sujet de l'ouvrage, et l'ordre que Francon y devait suivre. « Vous le commencerez, lui dit-il dans sa lettre, à la création de l'univers, et vous le conduirez jusqu'au dernier jour auquel le Fils de Dieu viendra dire à ses élus Venez, les bénis de mon Père, recevez le royaume qui vous est préparé dès le commencement des siècles. » C'est con- . formément à ce dessein que Francon descend dans le détail des principaux bienfaits accordés aux hommes depuis la création, cipulis dixit: Hoc est corpus meum. Aband., in Analectis Mabill., pag. 52. Quivis facile videat albedinem seu rotunditatem ab ipso corpore quod album vel rotundum est separari non posse. Ibid., pag. 54 6 Mabillon., Analect., fol., pag. 52, 55.

7 Bibliot. Belgica, pag. 318.

Ce qu'ils contiennent

tom. XXI, Bipag. 293.

blioth. Patr.

jusqu'au moment de la béatitude éternelle; ce qui lui donne lieu de parler de la création et de la chute des anges; de la création de l'homme, de sa chute et de sa rédemption; des grâces faites aux patriarches, au peuple de Dieu, par le ministère de Moïse et des prophètes; des mystères de la Loi nouvelle, de la prédication de l'Evangile, de la conversion des Gentils, de la réunion de toutes les nations en une même Eglise. Il s'applique particulièrement à montrer la grandeur de la charité de Jésus-Christ envers les hommes, lorsqu'il veut bien les nourrir de sa chair et de son sang dans l'Eucharistie. Francon enseigne que par la même puissance que le Verbe s'est fait chair dans le sein de sa Mère, il change en son corps le pain qu'il bénit. Cap. XXXIX. L'auteur finit son ouvrage par une élégie sur la félicité des saints en l'autre vie; c'est apparemment cette petite pièce de poésie que Henri de Gand appelle l'ouvrage en vers de la Gloire de l'autre vie, dans le catalogue des écrits de Francon.

Lettre de Francon.

15. Il y a de lui une lettre à Lantbert 2, où il prouve que, suivant la règle de Saint-Benoît, un moine qui en a quitté l'habit ne peut être sauvé, l'eût-il quitté pour prendre l'habit clérical. Lantbert pensait le contraire, et s'appuyait sur ce que la bénédiction solennelle de l'habit monastique ne faisait rien au salut, et sur plusieurs exemples, entre autres celui du solitaire Abraham, qui prit un habit de soldat pour aller retirer sa nièce du désordre où elle vivait. Francon répond qu'on ne peut, sans impiété, regarder comme inutile, la consécration des habits, des ornements des vases destinés au saint ministère, telle qu'elle se fait dans l'Eglise; qu'encore que la bénédiction de l'habit ne serve de rien à un mauvais moine pour le salut, c'est toujours, quand il le quitte, un témoignage de damnation. A l'exemple objecté du solitaire Abraham, il répond que cet exemple ne prouve rien, parce qu'il ne quitta son habit que pour un temps, et dans le dessein de sauver sa nièce.

1 Eadem Verbi potentia assumit panem in manibus, et divinæ benedictionis ac Verbi quod ipse est effectu vertit in corpus suum, salutis nostræ sacramentum. Franco, lib. X de Gratia, pag. 315.

2 Tom. XXI Bibliot. Patr., pag. 327. [Patrol., tom. CLXVI, col. 807-810.]

3 Ibid. [Patrol. lat., ibid., col. 810-814.] Trithem., de Script. Eccles., cap. CCCLXVII. 5 Oudin, tom. II, pag. 959.

16. Nous avons une seconde lettre de Francon à des religieuses, qu'il exhorte à vivre dans une grande vigilance sur ellesmêmes, afin de n'être pas surprises par l'ennemi; et à recourir à Dieu par d'instantes prières, pour en obtenir les secours nécessaires dans les tentations. Trithème attribue à Francon plusieurs sermons en l'honneur de la sainte Vierge, et quelques lettres. L'auteur de la Bibliothèque Belgique pense qu'on doit donner à Francon, dont nous parlons, le traité du Cours de la vie spirituelle, divisé en douze tomes, qui se trouve à Tongres sous le nom du moine Francon. Ce pourrait être la même chose que les douze livres de la Grâce de Dieu. Son nom se lit encore à la tête de deux traités manuscrits 5, l'un intitulé du Jeune des Quatre-Temps; l'autre, des Louanges de la sainte Vierge Marie 6.

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Achardus, moine de

17. Vers l'an 1140, Achard, moine de Clairvaux, en dirigeait les novices, sous les Clairvaux. ordres de saint Bernard. Il écrivit la Vie de saint Gotcelin ermite, imprimée à Douai en 1626, in-12, par les soins d'Arnold Raisius. On a de lui de courts sermons à ses novices, mais qu'on n'a pas encore mis au jour. Il est parlé d'Achard dans le premier livre des Miracles des moines de Citeaux, par Herbert 7.

18. Le lévite Adalbert, que Pitseus dit Adalbert. avoir été moine bénédictin de la congrégation de Cluny dans le monastère de Spaldingen en Angleterre, vers l'an 1160, fit aussi des extraits du commentaire de saint Grégoire sur Job, qu'il dédia au prêtre Hérimann. L'épitre dédicatoire, ou prologue, se lit dans le premier tome des Anecdotes de dom Martène. Pitseus fait mention de quelques homélies du diacre Adalbert, et d'un de ses ouvrages intitulé: Miroir de l'état de l'homme. 20. [Sous l'année 1141, les éditeurs de la Patrologie ont reproduit au tome CLVII, col. moine de Cu1379-1386, d'après le père Labbe, Biblioth. nova. manusc., tome premier, page 650, un court opuscule sur les miracles de la sainte Vierge. L'auteur était moine de Cluny, comme il le dit dans le prologue qu'il adresse

6 Les écrits de Franeon sont suivis dans la Patrol., tom. CLXVI, col. 813-832, de la Chronique d'Afflinghem, d'après Pertz, Monum. Germ. Hist. Script., tom. IX, pag. 407 et suiv. D'Achéry l'avait déjà publiée au t. X du Spicil., p. 585. L'auteur auonyme, qui était moine, écrivait vers l'an 1109. (L'éditeur.) 7 Herbert, lib. I de Miracul., cap. v; tom. II oper. Bernardi, pag. 1140, edit. 1719.

8 Marten., tom. I Anecdot., pag. 84.

ny.

Gauthier,

à un moine de Saint-Venance. Il raconte en quatre chapitres les miracles opérés par l'intercession de la sainte Vierge, devant une de ses images qu'on possédait

en

France en un village appelé des Dormants, et en un autre endroit où se trouvait aussi une image en peinture représentant la Bienheureuse Marie.]

Hugues, son

pays.

CHAPITRE XXIX.

Hugues, chanoine régulier de Saint-Victor.

1

[Ecrivain latin, 1142.]

1. Hugues fut célèbre dans le XIIe siècle, et ses ouvrages ont continué sa réputation dans les siècles suivants. Il s'est formé une dispute entre les savants sur le lieu de sa naissance. L'auteur de sa Vie le fait naître en Saxe, d'une famille illustre, et Henri Meibomius le Jeune a fait une dissertation exprès pour appuyer cette opinion; elle est imprimée à la fin du troisième 1 tome des Ecrivains d'Allemagne. Les témoignages qu'il allègue sont ceux d'Engelhusius, de Gobelin Persona, de Trithème, et de plusieurs autres auxquels on peut ajouter celui d'Albéric de Trois-Fontaines, dont la Chronique a été rendue publique à Hanovre en 1698 par Guillaume Leibnitz. La plupart de ces écrivains disent encore que Hugues prit l'habit de chanoine régulier en Allemagne, dans le monastère de Saint-Pancrace à Hamerlève. Dom Mabillon 2 a embrassé un sentiment contraire. Il soutient sur l'autorité d'un ancien manuscrit de l'abbaye d'Anchin, où le lieu de la naissance de Hugues est marqué avec l'année de sa mort, qu'il naquit à Ypres en Flandre, et qu'il en sortit dès sa plus tendre jeunesse. Robert, abbé du Mont-SaintMichel, qui écrivait dans le XIIe siècle, fait Hugues originaire de Lorraine; ce qui revient au témoignage du manuscrit d'Anchin, parce que la Flandre faisait partie du royaume de Lothaire. Robert, ayant été contemporain de Hugues, est, à l'égard de sa naissance, plus croyable, que ceux qui n'ont écrit que plusieurs siècles après, comme En

1 Edit. Helmstad., an. 1688.

2 Anno ab incarnatione Domini 1142, obiit dominus Hugo canonicus S. Victoris, III idus Februarii. Qui ex Iprensi territorio ortus, a puero exulavit. Et hæc et plura alia sui ingenii monumenta reliquil. Apud

3

gelhusius, Gobelin Persona, Trithème et autres, qui n'ont écrit que dans le xve siècle. 2. D'un goût décidé pour l'étude, Hugues Ses études. ne négligea aucune des connaissances 3 qui forment les savants. Il s'informait exactement du nom de toutes les choses qui se présentaient à ses yeux, disant qu'il n'était pas possible de connaître la nature des choses dont on ne connaissait pas le nom. Ce fut apparemment ce désir d'apprendre, qui l'engagea de bonne heure à quitter sa patrie, pour aller s'instruire sous de meilleurs maîtres. Dans un voyage à Marseille 4, il visita le tombeau de saint Victor, y fit ses prières, et obtient de celui qui était chargé de la garde de ses reliques, une dent et quelques autres parcelles.

3. Il en fit présent à Gilduin, abbé de Saint-Victor, proche de Paris. Cette abbaye, qui ne faisait que de naître, était en réputation de grande régularité. Hugues demanda d'y être admis, et après ses épreuves, il prononça ses vœux entre les mains de Gilduin. C'était en 1115, la dix-huitième année de son âge; il était donc né en 1097. Après s'être perfectionné dans les études de philosophie et de théologie à Saint-Victor, il y enseigna lui-même ces deux sciences avec applaudissement. Il eut parmi ses disciples grand nombre de personnes distinguées, dont plusieurs furent dans la suite élevées. au cardinalat, à l'épiscopat et aux autres principales dignités de l'Eglise. L'éminence de sa doctrine le faisait regarder comme un

Mabillon., in Analectis, tom. I, pag. 263; et edit. fol., pag. 133. Vide Mabillon., lib. LXXVII Annal., num.

141.

3 ffugo, lib. III Didascal., cap. II. Hugonis vita, tom. I, Oper.

Il se fait chanoine ré

gulier à Saintseigne."

Victor; y en

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