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Canon de la Cene mystique ou

sept ordres de

la messe, pag.

399.

Martene,

dot Observat,

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tractat. Eu. log. p. 1655.

42. Le petit livre intitulé de la Cène mystides que, ou des Sept ordres de la messe, a été imprimé à Rome, en 1591, dans le Recueil des auteurs liturgiques, et dans le dixième tome de la Bibliothèque des Pères, à Paris. C'est une explication des signes de croix et des prières du canon de la messe. L'auteur, que les manuscrits d'Angleterre prouvent être Jean de Cornouaille, y reconnaît clairement en deux ou trois endroits le changement réel du pain et du vin au corps et au sang de JésusChrist. Jean de Cornouaille écrivait vers l'an 1170. Il est aussi l'auteur de l'Apologie de l'Incarnation, imprimée au troisième tome. des œuvres de Hugues de Saint-Victor; et d'un traité qui a pour titre Eulogium, adressé au pape Alexandre III. En voici l'occasion. A peine eut-on introduit dans les écoles du XIIe tom. V, anec. siècle la méthode scolastique, que les maîtres s'appliquèrent à proposer des questions où il entrait plus de curiosité et de subtilité, que d'amour de la vérité, dont la plupart allaient à renverser les fondements de la religion chrétienne. Quelques-uns osèrent avancer que Jésus-Christ en tant qu'homme n'est rien; et que le Verbe divin s'est uni au corps et à l'âme humnaine, comme si c'eût été un vêtement; renversant ainsi la foi de l'Eglise touchant l'union personnelle du Verbe avec la nature humaine. Cette erreur trouva tant de fauteurs, que l'on fut obligé d'assembler un concile à Tours en 1163, où les évêques, tant de France que d'Angleterre, la condamnèrent. Le pape Alexandre III, qui l'avait convoqué, la condamna encore dans ses lettres à Guillaume, archevêque de Sens, et lui ordonna d'assembler, par l'autorité du SaintSiége, les maîtres de Paris en présence de ses suffragants, pour leur défendre de rien enseigner de semblable à l'avenir. Jean de Cornouaille fut pendant plusieurs années infecté de cette pernicieuse doctrine; mais ayant enfin reconnu la vérité, il abjura et condamna l'erreur; et pour marquer au public la sincérité de son repentir, il la réfuta dans un écrit fait exprès, qu'il intitula Eulogium. Ce ne fut qu'après l'an 1175, puisqu'il y parle de Guillaume de Sens comme déjà transféré à Reims; ce qui arriva en cette année-là.

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tene, ibid.

la clémence dont il avait usé dans le concile nouaille. Marde Tours et dans sa lettre à cet archevêque, en défendant de frapper d'anathème les sectateurs de cette erreur, dans le doute s'il n'y avait pas plus d'ignorance dans leur fait, que d'opiniâtreté; qu'une infinité d'écoliers buvaient dans ce calice empoisonné, et que, après s'y être enivrés, ils soutenaient avec fureur que ce dogme pervers était catholique; qu'il n'y avait pas d'autre moyen de couper chemin à l'erreur, qu'en retranchant du corps de l'Eglise ces chairs et ces membres pourris. Il confesse hautement que Jésus-Christ est homme, et quelque chose de réel selon l'humanité, c'est-à-dire une substance corporelle, comme il en est une spirituelle selon sa divinité; que le même qui selon la divinité est incréé, a été créé et fait selon l'humanité. Il prouve toutes ces propositions par l'autorité de l'Ecriture et des pères, répond à toutes les difficultés en distinguant en Jésus-Christ les deux natures unies en une seule personne. Il ne dissimule pas que Gilbert de la Porrée et Pierre Abaillard n'aient favorisé les sentiments qu'il combat; mais il déclare avoir ouï dire de Pierre Lombard, en présence de ses auditeurs, un peu avant qu'il fût évêque de Paris, que ce qu'il avait dit là-dessus, était moins son opinion que celle de son maître, c'est-à-dire de Pierre Abaillard. Dom Martène a donné place à ce traité de Jean de Cornouaille dans le cinquième tome de ses Anecdotes, Lelande 2, Balæus et Pitseus attribuent à Jean des. commentaires sur l'Ecriture, des lettres et quelques opuscules qui ne sont point imprimés.

De la manière

méditer.

d'ar

44. Dom Martène a fait entrer dans le même tome de ses Anecdotes, un traité de prendre et de Hugues de Saint-Victor, sous le titre De la manière d'apprendre et de méditer. On lit, de dire et de méditer; mais ce titre ne répond point à l'ouvrage 3. Dans le manuscrit du monastère de Saint-Ouen de Rouen, d'où ce traité a été tiré, Hugues est appelé Parisien; ce qui vient apparemment de ce qu'il s'est fait chanoine régulier à Saint-Victor de Paris, qu'il y a vécu, et qu'il y est mort. Il demande de celui qui veut apprendre, qu'il soit humble; qu'il ne méprise aucune science, ni aucune écriture; qu'il apprenne volontiers de tous; et que lorsqu'il aura appris, il ne

Marten., tom. V Anecd., pag. 887.

Leland., cap. cc; Balæus, Cent. 111, 6. Pitseus,

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Des sacrements de la

et de la loi

écrite, t. I,

Op. Hagon., pag. 406.

méprise personne. Les trois choses qu'il croit nécessaires à tous les étudiants, sont la nature, ou les dispositions naturelles, qui sont de concevoir aisément, et de retenir ce qu'on a conçu; l'exercice nécessaire pour cultiver les talents naturels par un travail assidu; la discipline, afin d'allier la pureté des mœurs avec la science. Quant à la manière de méditer, il veut qu'on commence par la lecture; qu'ensuite l'esprit réfléchisse souvent sur l'objet qu'il veut s'imprimer; qu'il en examine l'origine, l'utilité et toutes les autres circonstances 1. Dom Martène a mis à la tête de cet opuscule la lettre d'Obert touchant la maladie et la mort de Hugues de Saint-Victor, déjà imprimée dans le premier tome de

ses œuvres.

45. Le troisième contient un dialogue entre lo naturelle le maître et le disciple, où l'on résout quantité de questions sur la loi naturelle et la loi écrite. Trithème et Henri de Gand n'en disent rien. Mais on trouve dans ce dialogue plusieurs explications semblables à celles que Hugues donne dans ses notes sur la Genèse, et dans le quatrième chapitre de la onzième partie des sacrements, notamment sur la formation de la femme d'une côte d'Adam. Je ne vois d'ailleurs rien dans cet écrit qui ne soit digne de Hugues de Saint-Victor.

Somme des sentences, P. 417.

46. Le premier de ses ouvrages dans le catalogue de Trithème est une somme de sentences divisée en sept traités, qui concernent les matières les plus intéressantes de la religion; les vertus théologales, les sacrements, les mystères de la Trinité et de l'Incarnation, la création des êtres visibles et invisibles. Hugues paraît faire allusion à cet écrit dans sa préface sur les Sacrements, où il dit qu'il avait déjà traité cette matière, mais avec peu de suite et peu d'exactitude, croyant que cela suffisait alors; et qu'ayant revu ce qu'il avait écrit, il y avait changé, soit en y ajoutant, soit en retranchant plusieurs endroits qu'il était nécessaire, ou de changer, ou de retrancher. Il parle encore

1 Cet écrit est remarquable, car Hugues y paraît comme le précurseur d'Albert-le-Grand, et y donne une encyclopédie de toutes les sciences nécessaires à un savant théologien.

2 Henric. Gandav., cap. xxv, et Trithem., cap.

CCCLXIII.

* Un manuscrit de la bibliothèque impériale, no 796 de Saint-Victor, contient une copie des sentences qui se termine par plusieurs chapitres inédits. Voyez Hauréau, ouvrage cité. (L'éditeur.)

Si jamais un ouvrage a mérité le nom de Sys

plus expressément de cette somme de sentences dans le prologue du premier livre sur les Sacrements, en sorte qu'on ne peut douter qu'il ne soit auteur de cette somme. Henri de Gand2 le reconnaît, comme l'abbé Trithème 3.

Livres des sacrements de

Lienne, p. 482.

47. Ils mettent aussi l'un et l'autre au nombre de ses ouvrages, celui des Sacrements la foi chréde la foi chrétienne. C'est même le plus considérable et le plus intéressant de tous. Il est divisé en deux livres, dont le premier commence à la création du monde, et va jusqu'à l'incarnation du Verbe; le second, depuis l'incarnation jusqu'à la fin et à la consommation de toutes choses. Il y a douze parties dans le premier livre, et dix-huit dans le second. Voici ce qu'ils contiennent de plus remarquable.

Ce qu'ils contiennent

ble.

48. Après avoir fait le dénombrement des livres qui sont dans le canon des divines de remarquaEcritures, Hugues de Saint-Victor dit, qu'on n'y mettait pas les livres de Tobie, de Judith et des Machabées, quoiqu'on les lût dans. l'Eglise. D'après notre auteur tous les êtres Pag 487. visibles et invisibles, c'est-à-dire les anges furent créés dans le même moment, et qu'il 489. ne se fit rien depuis, dont la matière n'eût été créée dans ce premier instant. En Dieu la sagesse, la bonté, la puissance, sont éternelles. Il a voulu aussi éternellement ce qu'il n'a fait que dans le temps. D'où il suit qu'en- 500. core que la volonté de créer le monde soit en lui de toute éternité, le monde n'est pas pour cela éternel. Dans la Trinité est le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Le Père est de lui- 509. même, le Fils du Père seul, le Saint-Esprit du Père et du Fils; une Trinité en une nature et une substance: on n'y distingue que les personnes et ce qui leur est propre. Quoi- 511. qu'il n'y ait en Dieu qu'une volonté qui est immuable, on ne laisse pas d'en distinguer deux, mais qu'on n'appelle volontés que parce 514. que ce sont des signes de sa volonté ; l'une qui opère, l'autre qui permet. Dieu veut le bien, il permet ou tolère le mal. La volonté

tème, c'est bien celui-là. Tout ce que Hugues y expose se lie dans un ordre parfait; la route qu'il s'est une fois tracée, il ne la quitte plus; jamais il ne s'égare et ne se perd dans des digressions inutiles; il demeure fidèle à l'idée capitale dont il part, aux principes qu'il a posés; il y rattache tout le développement nécessaire, et cela d'une manière si naturelle, avec si peu d'artifice apparent, qu'aucun écrivain de nos jours n'est aussi libre, aussi indépendant. Voyez Dict. encyclop. de la Théologie catholique, à l'art. Hugues de Saint-Victor. (L'éditeur.)

éternelle en Dieu de faire une chose, est ce Pag. 515. que Hugues appelle volonté de bon plaisir, voluntas beneplaciti; ce qu'il fait dans le temps, il le nomme volonté de signe, voluntas signi, parce que l'effet de la volonté de Dieu est un signe qu'il a voulu cette chose éternellement.

Suite. Pag. 521.

49. La créature raisonnable étant la seule qui ait été faite à la ressemblance de Dieu, on doit dire qu'elle a été faite la première, à raison de sa dignité, et non du temps, puisque tout a été créé en un même moment, c'est-à-dire la matière de tout, comme du 530. corps de l'homme. A l'égard de son âme, Dieu l'a créée dans l'instant que son corps a été formé. Hugues se propose et résout grand nombre de questions sur l'état d'Adam avant et après son péché; sur le péché originel et sur ses suites; sur la réparation du genre humain par l'incarnation du Verbe; et sur l'institution des sacrements, tant sous la loi naturelle que sous la loi écrite et la loi de l'Evangile.

Suite.

Pag. 572.

50. Hugues de Saint-Victor met cette différence entre les sacrements de la loi de nature, et ceux des deux lois écrites; que les premiers étaient de volonté, les autres de précepte. Il pense toutefois que Dieu avait enseigné intérieurement aux patriarches de lui offrir des voeux et des sacrifices: « D'où vient, en effet, dit-il, qu'ils n'offraient pour la dîme de leurs fruits que la neuvième partie, s'ils n'avaient eu là-dessus aucune instruction?» Après avoir établi aussi les différences entre les sacrements de l'Ancien Testament et du Nouveau, il traite de la foi, de 598. l'Incarnation et de la sainte Trinité. En parlant de la mort de Jésus-Christ, il observe que, d'après quelques-uns, la divinité s'était séparée en ce moment de l'humanité. Mais il regarde ce sentiment comme insoutenable la nature divine, dit-il, ayant été unie personnellement avec la nature humaine en Jésus-Christ, le corps en demeurant mort dans le tombeau, et l'âme en descendant aux enfers, n'ont pu rompre cette union; on doit dire que Jésus-Christ Dieu est mort, mais selon la nature humaine, qu'il a été mis dans le tombeau selon son corps, qu'il est descendu aux enfers selon son âme.

1 Quod videmus, species est panis et vini: quod autem sub specie illa credimus, verum corpus Christi est: et verus sanguis Jesu Christi quod pependit in cruce, et qui fluxit de latere. Hugo., lib. II de Sacram., part. VIII, cap. VII.

51. D'après Hugues, l'Eglise est le corps Suite. de Jésus-Christ vivifié par un même esprit, Pag. 606. uni et sanctifié par une même foi; chaque fidèle est membre de ce corps; tous ne composent qu'un corps, à cause d'un même esprit et d'une même foi. Sur les possessions temporelles de l'Eglise, il remarque que les princes de la terre lui en accordent quelquefois; tantôt seulement l'utile de certaines 608. terres; tantôt l'utile et le pouvoir d'y exercer la justice, non par des ecclésiastiques, mais par des juges laïques, suivant la teneur des lois et les usages des lieux; à charge aux Eglises de reconnaître qu'elles tiennent ce. droit des princes, et de leur prêter secours dans le besoin, pour la protection qu'elles en reçoivent.

52. Il ne doute pas que la circoncision n'ait suite. remis les péchés avant l'institution du bap- Pag. 623. tême; qu'il n'y ait eu un temps où la circoncision et le baptême avaient l'un et l'autre ce pouvoir; et il croit que l'obligation générale de recevoir le baptême n'a commencé que quand les apôtres ont été envoyés prêcher l'Evangile par toute la terre. Après avoir distingué dans l'eucharistie l'espèce visible, la vérité du corps et du sang de Jésus-Christ, et la vertu de la grâce spirituelle produite par le sacrement, il marque en ces termes sa croyance sur la présence réelle : « Ce que 633. nous voyons, est l'espèce du pain et du vin. Ce que nous croyons être sous cette espèce, est le vrai corps de Jésus-Christ qui a été attaché à la croix, et son vrai sang qui a coulé de son côté. » Il ajoute : « Par les paroles de sanctification 2 la vraie substance du pain et du vin est convertie au vrai corps et au vrai sang de Jésus-Christ; la seule espèce du pain et du vin reste, la substance en étant changée en une autre substance. >>

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Ouvrages

de Hugues de

non

més.

impri

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des vices et des vertus; puis du pouvoir des clefs et de la confession des péchés; de l'extrême-onction; des peines du purgatoire et de l'enfer; de l'utilité du saint sacrifice et de la prière pour les morts; du temps auquel se fera le second avénement de Jésus-Christ, la résurrection générale et le jugement dernier; enfin de l'état du siècle futur, et en quoi consistera la félicité des bienheureux. Ces deux livres des Sacrements furent imprimés séparément à Strasbourg, en 1465, in-fol.

54. On cite sous le nom de Hugues de Saint-Victor Saint-Victor beaucoup d'autres écrits, qui n'ont pas encore été rendus publics, entre autres une Chronique des papes et des empereurs. Albéric de Trois-Fontaines en parle dans la sienne, sur l'an 1130, et dit que Hugues avait conduit jusque-là cette Chronique. On n'a pas imprimé non plus son Explication de l'Oraison dominicale 2, ni celle du cantique Magnificat3, ni son traité sur la Confession, ni un autre des Sept dons du Saint-Esprit 5, ni un

1 D'après M. Hauréau, la Chronique en question se trouve imprimée dans le t. III des œuvres de Hugues de Saint-Victor, édit. de Rouen, p. 215-283. (L'édit.)

2 Un des catalogues publiés par M. Hauréau attribue à Hugues de Saint-Victor deux Expositions sur l'Oraison dominicale. La première est formée du chapitre II du livre II des Allégories sur saint Matthieu; la deuxième commence au chapitre III et finit au chapitre IV des mêmes Allégories. Un grand nombre de manuscrits rangent ces deux opuscules parmi les œuvres de saint Victor; ils se trouvent à leur place naturelle dans la nouvelle édition. (L'éditeur.)

3 L'Explication du Magnificat forme un petit opuscule inséré à tort dans les notes allégoriques sur l'Evangile de saint Luc. Il est reproduit dans la Patrologie à sa place naturelle, tom. I, col. 413 des œuvres de Hugues. (L'éditeur.)

Cet ouvrage n'est pas inédit. Dans l'édition des œuvres de Hugues, il occupe les derniers chapitres du IIIe livre du traité de l'Ame; il commence au chapitre XXXII de ce IIIe livre. C'est un dialogue entre un moine et son abbé; on a supprimé à tort les interlocuteurs dans l'édition des œuvres. Cette suppression rend le discours obscur. (L'éditeur.)

5 Le traité des Sept dons du Saint-Esprit, intitulé aussi Septenarium ou Septem septenariis, est un opuscule qui se trouve à la suite des Allégories sur le Nouveau Testament, et au t. I des œuvres, édition de la Patr., col. 779. Dans le traité de l'Oraison dominicale, Hugues oppose les sept demandes de l'Oraison dominicale aux sept péchés capitaux. Dans le traité des Sept dons, aux sept demandes et aux sept péchés capitaux, il joint les sept dons du Saint-Esprit, les sept vertus cardinales et même les béatitudes qu'il réduit au nombre de sept. Il y a un autre Septénaire à la fin des notes sur Abdias. Il est à peu près semblable à celui qui précède, mais il ne forme pas un ouvrage à part il fait partie du commentaire. Dans l'édition de Rouen, le chapitre Ix des Allégories sur le Nouveau Testament comprend un petit traité sur les Sept

de la Discipline, ni son commentaire sur le septième verset du quatrième chapitre du Cantique des Cantiques. Trithème et Henri de Gand font mention de tous ces opuscules dans le catalogue des ouvrages de Hugues de Saint-Victor 7.

55. Cet auteur sera toujours estimable pour la façon dont il traite les matières de la religion. Il met les plus abstraites dans tout le jour dont elles sont susceptibles, résout les difficultés avec précision et avec clarté, toujours appuyé sur l'autorité de l'Ecriture et des pères; établit solidement les vérités de la foi, et ne laisse presque rien à désirer sur les points importants de la discipline de l'Eglise. Son style est grave, noble, précis, net, et débarrassé des termes et des raisonnements que la scholastique commençait à mettre en usage. Il prit pour modèles les anciens, nommément saint Augustin 8, dont il suit les principes et la doctrine. Ce fut un des plus profonds théologiens de son siècle.

dons du Saint-Esprit, mentionné dans plusieurs catalogues de Hugues de Saint-Victor. C'est une explication de ces paroles de l'évangéliste saint Luc: Si enim vos cum sitis mali, nostis bona dare filiis vestris, quanto magis Pater vester cælestis dabit spiritum bonum petentibus se, etc. Ce traité ne fait pas partie du commentaire. Hugues oppose d'abord les sept dons du Saint-Esprit aux sept péchés capitaux, comme dans les Septénaires qui précèdent. Il abandonne ensuite cette comparaison et s'attache à montrer en général quels sont les effets que le Saint-Esprit produit dans les âmes. Voy. Hugonin, Proleg., tom. I, p. cvI. (L'éditeur.)

Trithem., de Scriptor. Eccles., cap. CCCLXIII, et Henric. Gandav., cap. xxv et XXVII.

7 Les catalogues imprimés par M. Hauréau font mention des livres de grammaire, d'un abrégé de philosophie qui existe encore, c'est un dialogue entre divers interlocuteurs. Ils parlent aussi d'un commentaire littéral sur Ezéchiel qu'on ne retrouve plus, d'un traité intitulé de Professione monachorum, qui n'est peut-être pas différent de l'imprimé intitulé de Institutione novitiorum; il peut être aussi l'ouvrage de ce nom composé par saint Bernard. (L'éditeur.)

8 Jamais Hugues n'abandonna la scholastique dans ce qu'elle a d'utile, quoiqu'il se plaigne souvent de ce qu'on abuse de la philosophie contre la théologie et qu'il insiste pour qu'on fasse un usage légitime de la philosophie, il examine au contraire les questions les plus ardues de la scholastique avec une sagacité magistrale et une profondeur remarquable, et sait en donner les solutions les plus simples, les plus naturelles, les plus exactes, en les animant du souffle d'un profond respect pour tout ce qui est divin, en les maintenant dans les bornes d'une sagesse toujours sobre, c'est-à-dire toujours humble et croyante, et en les dirigeant toutes vers le but final, qui est l'union en Dieu, dans la foi, la science, la contemplation et l'amour. Hugues, dans sa tendance spéculative, s'attache surtout à saint Augustin et à saint Anselme; et

Jugement des écrits de Hugues.

Benolt, chanoine de

CHAPITRE XXX.

[Benoît, chanoine de Saint-Pierre, 1143]; Hugues Metellus, chanoine régulier de Toul [vers 1148].

[Ecrivains latins.]

1. [Benoît, chanoine de Saint-Pierre, écriSaint-Pierre. vit le livre intitulé: Livre de l'ordre ecclésias

Hugues

Métellus. Ses études.

Il se fait chanoine régulier.

tique de toute l'année et principalement de la dignité apostolique et de toute la cour pontificale. Il est adressé à Guy, alors cardinal de SaintMarc, depuis pape sous le nom de Calixte II. Ce livre, qui porte aussi le titre de Pollicitus, a pour objet les offices de toute l'année et principalement ce qui a rapport aux fonctions papales. Dom Mabillon a placé cet opuscule parmi les Ordres romains, entre lesquels il occupe le onzième rang. Il est reproduit au tome CLXXIX de la Patrologie, col. 731-762, sous l'an 1143.]

2. Né à Toul, vers la fin du onzième siècle, d'une famille honnête et opulente, Hugues eut Tiécelin pour maître dans les lettres humaines, et s'y rendit habile. Il était instruit des subtilités de la philosophie d'Aristote, et il fallait être sur ses gardes lorsqu'il argumentait il s'appliqua aussi avec succès à la grammaire, à la rhétorique, à la musique, à l'arithmétique, à la géométrie, à l'astronomie et à la poésie. Son talent pour les vers était tel qu'il pouvait en composer mille étant debout sur un pied; et il avait acquis une si grande facilité de s'exprimer, qu'il dictait, quand il voulait, à deux ou trois scribes en même temps. Aux beaux-arts i joignit l'étude de la langue grecque, puis il alla étudier la théologie et l'Ecriture sainte à Laon, sous Anselme et Raoul son frère, qui y enseignaient avec réputation.

3. Il apprit dans leurs écoles à résoudre 2

de là son surnom alter Augustinus. Dans la mystique il suit les traces de saint Bernard et fonde tout le développement de ses idées sur la différence des trois états de l'homme: 1o l'institution, état dans lequel l'homme sortit primitivement des mains de Dieu; 2o la destitution, état dans lequel il tomba par sa faute; la restitution, état auquel il arrive par la rédemption. Voy. Diction. encyclop. de la Théol. cath., art. Hugues de Saint-Victor. (L'éditeur.)

1 Hugo, Epist. 51.

les difficultés qui se rencontrent dans l'Ancien et le Nouveau Testament. Appliqué à des études aussi sérieuses, il prit du dégoût pour le monde, et dans le dessein de vaquer plus sûrement à son salut, il se fit chanoine régulier dans l'abbaye de Saint-Léon à Toul, sous l'abbé Siebaud. Il nous apprend 3 luimême quelle était sa vie avant sa conversion, et quelle elle fut depuis. Dans le monde, il se revêtait de fourrures précieuses, se nourrissait de ce que la terre et l'eau produisent de plus délicat, et ne buvait que les vins les plus exquis. Etant chanoine régulier, il se couvrit de peaux de chèvres et de brebis, vécut de choux, de légumes sauvages, de fèves, et ne but que de l'eau, ou une liqueur composée d'avoine; car on vivait ainsi dans le monastère de ces Nazaréens blancs, comme il les appelle, parce qu'ils étaient alors vêtus de blanc, comme les chanoines réguliers de Sainte-Geneviève, de Saint-Victor à Paris, et de Murbach en Alsace. Nous avons de Hugues deux lettres à Simon, abbé de SaintClément à Metz, mort en 1148; peut-être survécut-il à cet abbé, mais on n'en a point de preuves.

4. Il reste de Hugues Metellus cinquante- Ses lettres. cinq lettres, dont on ne connaît que deux manuscrits, l'un du collége de Clermont, l'autre de l'abbaye de Sainte-Geneviève. Dom Mabillon s'est servi du premier dans ce qu'il a publié de ses lettres parmi ses Analectes 6. L'abbé Hugo, après les avoir revues sur tous les deux, les a fait imprimer dans le second

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