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Analyse

de ces lettres. Epist 1.

Epist. 2.

3.

tome des Monuments historiques, dogmatiques, diplomatiques, à Saint-Dié, en 1731, in-folio, chez Joseph Charlot.

5. Elles sont la plupart adressées à des personnes de la première distinction, ce qui fait voir que le nom de Hugues Métellus était célèbre. La première est à saint Bernard, abbé de Clairvaux; c'est un éloge de ses vertus et de ses écrits, où Métellus prodigue les métaphores, les antithèses et les autres figures de rhétorique; ce n'est qu'allégories et allusions continuelles à divers endroits, tantôt de l'Ecriture sainte, tantôt de l'histoire romaine, tantôt de la fable, dont il fait l'application à la vie de saint Bernard, et à la sienne car après avoir donné à cet abbé les louanges que méritaient sa piété et son savoir, il parle de lui-même, et raconte les égarements de sa jeunesse, son dégoût du monde, sa retraite dans le monastère de Saint-Léon. Quoiqu'il se crût beaucoup audessous de saint Bernard pour le mérite de la vie, il ne laisse pas de lui donner des avis touchant la pratique de l'humilité, fondé sur ce principe qu'il est rare que le savoir et la sainteté des mœurs se rencontrent en quelqu'un dans un grand degré, sans être agités par quelque vent d'orgueil, encore qu'on ne s'en aperçoive pas. Il finit sa lettre par dix vers de mesure inégale, et de fort mauvais goût.

6. Soit qu'on eût critiqué cet éloge de l'abbé de Clairvaux, soit qu'il appréhendât que ses envieux ne le censurassent, il les prévint par une lettre adressée en général à ceux qui fréquentaient les écoles chrétiennes, et leur fit voir qu'il n'avait loué que ce qui méritait de l'être, que le mensonge ni l'adulation n'étaient entrés pour rien dans le panégyrique de ce saint homme.

7. A la prière de Tiécelin, son premier maître, mais qui n'avait point étudié en théologie, il composa un petit traité sur la Trinité, dans lequel il propose ce que l'Eglise croit de ce mystère; Hugues n'y dit rien, ou peu de chose de lui-même, il ne parle que d'après saint Augustin, saint Ambroise, saint Athanase, saint Jérôme et Boëce. En voici le résumé: Il n'y a en Dieu qu'une nature, qu'une substance, et trois personnes. Tout ce qui est essentiel à la nature divine, la toute-puissance, l'éternité et tous les autres attributs, est commun au Père, au Fils, au Saint-Esprit, et ce qui est relatif est propre à ces trois personnes; engendrer est propre au Père; être engendré, propre au Fils; procé

der, propre au Saint-Esprit qui procède du Père et du Fils. Telle est la matière de la lettre à Tiécelin.

8. Celle qu'il écrivit au pape Innocent II Epist. 4 et 5. avait pour but de l'engager à réprimer les erreurs que Pierre Abaillard répandait dans les Eglises de France, soit de vive voix, soit par écrit. Il reconnaît la primauté de l'Eglise romaine sur toutes les Eglises, les droits qu'elle a de décider les questions de la foi, et l'indéfectibilité de la foi; il écrivit aussi à Abaillard pour l'obliger à rétracter ses erreurs, et à rentrer dans son cloître pour y suivre la règle qu'il avait professée. Un peu moins d'amertume dans le zèle de Métellus, l'aurait rendu plus persuasif.

9. Dans sa lettre à Albéron, archevêque de Trèves, il fait une peinture assez vive des désordres qui régnaient alors dans le diocèse de Toul; les incestes, les homicides, et beaucoup d'autres crimes se commettaient hautement sans qu'on les punît; et ces choses étaient venues au point qu'on croyait prochaine l'arrivée de l'Antechrist. Hugues fait là-dessus de grands reproches à Albéron, se plaignant de ce qu'il n'apportait aucun remède à ces maux, quoiqu'il fût métropolitain et lé gat du Saint-Siége: il le presse d'assembler un concile, et d'user du pouvoir des deux glaives qu'il avait en main, le glaive spirituel et le glaive royal, auxquels il lui était facile de recourir. Il convient que l'archevêque avait des lumières, qu'il prenait soin de son diocèse; mais il souhaitait qu'il étendit son zèle sur les diocèses voisins, en qualité de métropolitain. Saint Bernard, qui avait pris auprès du pape Innocent II la défense d'Albéron, ne s'accorde pas tout à fait avec Métellus sur la situation des choses et les événements: il ne dissimule pas que les diocèses qui relevaient de l'archevêque de Trèves, ne fussent tellement dérangés ', qu'on n'y connaissait plus ni ordre, ni justice, ni honneur, ni religion; mais il soutient qu'Albéron n'était ni une ombre, ni un fantôme d'archevêque; s'il ne faisait point de fruit ailleurs que dans son diocèse, c'est qu'on lui avait donné pour suffragants de jeunes prélats de qualité, qui, au lieu de l'aider, le traversaient et le contrariaient; si ces suffragants manquaient de zèle pour le bon ordre, ils avaient des archidiacres zélés et éclairés, nommément Henri, archidiacre de Toul.

1 Bernard, Epist. 176, 177.

Epist. 7 et 8.

10. La lettre à Adam, confrère de Métellus, c'est-à-dire chanoine régulier comme lui, est une exhortation à la pratique exacte des vertus de son état. Ami de Guileneus, évêque de Langres depuis l'an 1125 jusqu'en 1131, il lui donna les avis nécessaires pour la conduite de son diocèse, en particulier de distribuer au peuple de Dieu le pain de la parole, et aux pauvres la nourriture corporelle, sans craindre d'en manquer lui-même. Il écrivit à Etienne, évêque de Metz, pour le congratuler sur son voyage de Rome; mais il l'avertit de restituer, avant son départ, aux pauvres chanoines de Saint-Léon ce qu'on leur avait enlevé, s'il voulait rendre son 10. Voyage heureux. On avait fait à saint Bernard un faux rapport touchant ces chanoines; l'abbé Siébaud alla exprès à Clairvaux pour le détromper.

9.

11.

12.

11. L'éditeur pense que Gemma, à qui la onzième lettre est adressée, n'est autre que Guillaume, abbé de Saint-Thierry, ami intime de saint Bernard, et célèbre par sa vertu et son savoir. Cela peut être; mais il У a là dessus une difficulté qu'il n'est pas facile de résoudre c'est que, dans cette supposition, il faudrait dire que Guillaume eut d'abord le nom de Gemma, qu'ensuite il le changea en celui de Guillaume; ce qui ne paraît par aucun autre endroit. Siébaud, écrivant à Guillaume de Saint-Thierry, ne le nomme pas autrement que Guillaume; comment dans le même temps, et dans une même maison, cet abbé était-il nommé Gemma et Guillaume, Gemma par Métellus, Guillaume par Siébaud? Métellus, dans sa lettre, lui donne de grandes louanges, tant pour s'être consacré à Dieu dès sa plus tendre jeunesse, que pour ses vertus et lumières; il se reproche au contraire de n'être venu travailler à la vigne du Seigneur que vers la onzième heure, et dans un âge avancé. C'est dans cette lettre qu'il parle de la vie et des vêtements des chanoines réguliers de Saint-Léon, comme on l'a dit plus haut.

12. Hugues n'avait pas encore embrassé la vie régulière dans ce monastère, lorsqu'il écrivit sa seconde lettre à Tiécelin, son premier maître, puisqu'il s'y plaint à lui de ce qu'il avait accordé l'hospitalité à un nommé Garnier, de Bourges, qui, après lui avoir volé son argent et ses livres, en ouvrant son armoire avec une fausse clef, avait encore ré

1 Epist. 18.

pandu sur son compte plusieurs calomnies parmi le peuple. Il n'épargne pas à son tour ce voleur; mais à la fin de sa lettre, il apporte un lénitif à ses expressions dures et violentes, en disant qu'il l'avait écrite en rhétoricien, tantôt en accusant Garnier, tantôt en l'excusant, sous l'enveloppe de certains termes.

13. Par sa lettre à Henri de Lorraine, évê- Epist. 15. que de Toul, il lui donne avis qu'il se trouve dans son diocèse des hommes infectés d'erreurs, qui, après les avoir répandues en secret, commencent à les publier hautement. << Ils détestent, lui dit-il, le mariage, ont en horreur le baptême, tournent en dérision les sacrements de l'Eglise, abhorrent le nom de chrétien, et vivent comme des bêtes. » C'étaient les henriciens et les pétrobrusiens, que saint Bernard combattit de vive voix, et contre lesquels il écrivit à Hildephonse, comte de Saint-Gilles, pour les empêcher de dogmatiser à Toulouse, comme ils avaient fait à Lausanne, au Mans, à Poitiers, à Bordeaux, et ailleurs, vers l'an 1146 et 1147. Hugues exhorte son évêque à assembler son concile, et à faire tout ce qui convenait pour dissiper cette compagnie de Satan.

14. Plus Métellus s'est appliqué à rendre 16 et 17. Abaillard odieux dans ses lettres au pape Innocent II, plus il a affecté de relever les vertus et le savoir d'Héloïsse dans les deux lettres qu'il lui a adressées; il avoue toutefois qu'il ne la connaissait que de réputation. Pour se faire connaître à elle, il lui dit qui il était, d'où il était, et lui vante ses talents poétiques, et les ouvrages qu'il avait faits en vers: il fait encore remarquer à Héloïsse que la ville où il était né avait deux noms, Leuque et Toul; le nom de Leuca ou Leuque, lui venait de la blancheur des hommes de cette ville, et de son vin blanc, parce que Leucon en grec, signifie blanc en français; pour le nom de Toul, il fut donné à cette ville depuis que Tullus s'en fut emparé sous le duc Césarien.

15. La dix-huitième lettre n'est pas de Hugues, mais de Siébaud son abbé, qui l'écrivit à Guillaume de Saint-Thierry, pour lui rendre compte de la façon un peu dure dont il avait traité un de ses religieux nommé Herbert, de qui il avait reçu des injures. La suivante est au prêtre Rainald, que Hugues loue pour ses bonnes œuvres, en particulier pour ses libéralités envers les pauvres et les étrangers.

18.

19 et 14.

Epist. 20.

16. Consulté si l'on pouvait unir par un légitime mariage ceux qui avaient vécu auparavant dans des conjonctions illicites, et si ceux qu'on a séparés pour cause d'inceste, peuvent contracter un nouveau mariage, il répond affirmativement sur l'un et l'autre 21. cas. Il était lié d'amitié avec Embricon, évêque et duc de Wirtzbourg, car ce prélat avait ces deux titres; sachant donc qu'Embricon se conduisait avec prudence dans l'épiscopat, il l'en congratula, et lui apprit en même temps qu'il avait renoncé au monde, et aux occupations mondaines, pour vivre sous la règle de saint Augustin: il parle encore dans cette lettre de sa passion pour la poésie, pour la philosophie d'Aristote, et de ses travaux inutiles dans la recherche de la quadrature du cercle. Dans sa lettre à un abbé de son ordre, qui passait pour excéder dans les corrections, Hugues lui dit que nous ne sommes point sous la loi qui ne savait que punir, mais sous la grâce qui pardonne; qu'un supérieur doit avoir égard dans ses corrections au caractère de ses religieux, punir avec douceur ceux qui sont doux et dociles, être ferme envers les rebelles et les orgueilleux, les châtier avec sévérité au dehors, mais en conservant intérieurement des sentiments de compassion et de charité.

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24.

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17. Dans sa lettre à Scibert, il suit le sentiment de saint Augustin sur l'origine de l'âme, et pense, comme lui, qu'elles sont cha26. que jour créées de Dieu. Dom Mabillon 1 conjecture que Gérard, à qui la vingt-sixième lettre est adressée, n'est pas différent de Gerland, à qui la trente-troisième est écrite, mais il paraît, par l'inscription même, qu'on doit les distinguer; Gérard y est appelé moine d'un esprit éprouvé, et on voit par le corps de la lettre qu'il faisait son étude de la théologie, et son occupation de la lecture des pères. Gerland au contraire est qualifié dans le titre de la lettre, d'homme vain, enflé de la connaissance qu'il avait acquise dans les beaux-arts, la grammaire, la rhétorique, la dialectique, l'astrologie, la géométrie, l'arithmétique, la musique. Gérard proposa à Métellus deux questions sur l'eucharistie; la première, si l'on doit recevoir chaque jour le corps de Jésus-Christ; la seconde, si c'est son vrai corps que l'on conserve sur l'autel,

1 Mabillon., Observat. in Epist. Metelli, pag. 476 Analector.

Certum est quia eventus rei certificat fidem Romanæ Ecclesia secundum promissum Dei numquam

ou si ce n'est pas la figure du corps régnant dans le ciel. Hugues répond à la première par les paroles de saint Ambroise et de saint Augustin « On doit recevoir le corps de Jésus-Christ toutes les fois qu'on en est digne; il faut se rendre digne d'en approcher chaque jour, parce que, péchant chaque jour, nous avons besoin chaque jour de remède en recevant le corps de Jésus-Christ, notre vie devient meilleure, et nos péchés nous sont remis. Celui qui est dans la volonté de pécher, ne doit pas approcher de la table du Seigneur; si au contraire il a quitté entièrement la volonté de pécher, il peut approcher avec confiance de l'autel, quoique jusque-là il ait été pécheur. » Sur la seconde question, Hugues répond qu'il est vrai que saint Augustin trouvait de la figure dans ces paroles dn Sauveur : Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, etc., parce que Jésus-Christ les avait dites pour annoncer aux incrédules sa passion sous une expression figurée, et faire entendre à ses amis l'union spirituelle qui devait être entre le chef et les membres, par une charité opérante. Mais il cite d'autres endroits des écrits de ce père, où saint Augustin dit nettement, que nous recevons dans le pain eucharistique celui-là même qui a été attaché à la croix, et le sang qui a coulé de son côté. Il proteste qu'il le croit ainsi, et rapporte ce qui est dit de la présence réelle dans le concile d'Ephèse, dans saint Jérôme, dans saint Ambroise, et ce qu'en 2 croit l'Eglise romaine, « dont la foi, ajoute-t-il, n'a jamais été souillée d'aucune erreur. »

18. Il conseilla à un jeune homme nommé Epist. 27. Uldéric, qui s'appliquait à vérifier ce qui est dit dans saint Matthieu de la généalogie de Jésus-Christ, de lire ce qu'en ont écrit saint Jérôme, saint Augustin, saint Ambroise, saint Grégoire-le-Grand. Supposant dans Uldéric beaucoup de lecture et de capacité, il le prie de lui expliquer la prophétie de Jacob et celle de Danie!, et d'en montrer l'accomplissement en Jésus-Christ. L'explication d'Uldéric ne 28. lui ayant pas plu, il en donna une lui-même de la prophétie de Jacob, montrant qu'elle avait été accomplie à la venue de Jésus-Christ, où le sceptre étant passé de Juda à Hérode, qui était un étranger, celui-ci eut pour successeur Archélaüs, à qui les Romains substi

defecisse, nec aliqua hæresi temeratam esse. Romana autem Ecclesia in prædicta fide corporis Christi fuit et fideliter perstitit, et per præcones suos eam longe lateque disseminat. Hugo, Epist. 26.

37.

Epist 29.

tuèrent un autre Hérode, sous le règne duquel Jésus-Christ fut crucifié. Hugues résout aussi une autre question qu'il avait agitée avec Uldéric, c'était sur la prédestination; il suit dans sa solution le sentiment de saint Augustin.

19. Il y a deux fautes dans la lettre de Hugues à Foulques, l'une de doctrine, l'autre de fait la première, en ce qu'il avance, contre le sentiment de l'Eglise, que les prières que l'on fait pour les chrétiens condamnés pour leurs péchés aux supplices éternels, adoucissent ces supplices: la seconde, en disant que saint Grégoire-le-Grand a prié pour le salut de l'empereur Trajan, fait dont on a montré ailleurs la fausseté1. Dans une seconde lettre à Albéron, archevêque de Trèves, Métellus se congratule de ce que sa mère avait fourni aux besoins de ce prélat pendant son bas-âge; il lui demande en reconnaissance le secours de ses prières, et pour sa mère, et pour luimême après sa mort, qu'il croyait prochaine. 31. Il dit dans une autre lettre que le repentir en Dieu ne consiste pas à changer de dessein, mais d'actions; qu'encore que l'âme soit toute entière dans chaque membre du corps, elle n'y est pas entière selon son essence, mais 32. par rapport à la vie qu'elle communique à chacun, parce qu'étant incorporelle de sa nature, elle ne peut animer le corps par une diffusion locale.

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Joan. VI, 54,

20. Un nommé Gerland, homme d'esprit et de savoir, mais infecté de l'hérésie de Bérenger, la répandait parmi le peuple: il s'appuyait ordinairement de l'autorité de saint Augustin, et soutenait que ce père avait pris dans un sens figuré les paroles de JésusChrist à ses disciples touchant l'obligation de manger son corps et de boire son sang. Hugues Métellus lui écrivit pour le détromper, et le mettre au fait du vrai sentiment de saint Augustin. Ce père reconnaissait en effet dans les paroles du Sauveur un sens figuré, mais qui supposait la réalité; il entendait les paroles de Jésus-Christ à ses apôtres de la communion spirituelle de son corps et de son sang, qui n'est commune qu'aux bons, et non de la sacramentelle, qui est commune aux bons et aux méchants; telle était la pensée du Sauveur, comme on le voit par le texte évangélique, car après avoir dit : Si vous ne mangez la chair du Fils de l'Homme, et ne buvez

1 Voy. tom. XI, pag. 582.

2 Ipsum sanguinem quem fuderunt Judæi persequentes, postmodum biberunt Judæi credentes. Au

son sang, vous n'aurez point la vie en vous, JésusChrist ajoute: Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Or, il y en a beaucoup qui mangent la chair du Seigneur, qui ne demeurent pas en lui ou qui ne sont pas ses membres. Hugues convient encore que, dans le sentiment de saint Augustin, la communion, ou comme il dit, l'incorporation sacramentelle du corps de JésusChrist, est une figure, ou un signe de l'union par laquelle nous sommes et nous serons unis avec Jésus-Christ. Mais pour montrer que ce saint docteur, outre ces sens figurés de l'Eucharistie, croyait nettement qu'elle est le vrai corps et le vrai sang de Jésus-Christ, il rapporte ses paroles dans l'explication d'un psaume : « Le même sang, dit-il 2, que les juifs persécuteurs de Jésus-Christ ont répandu, a été bu ensuite par les Juifs qui ont cru en lui. » Gerland niait que le corps de JésusChrist pût être en divers lieux dans le même moment; mais il ne niait pas qu'il fût né d'une Vierge, qu'il fût entré dans la chambre des apôtres les portes fermées. Hugues dit qu'en croyant l'un, on ne doit pas nier l'autre, puisqu'ils sont également contre les règles de la nature. Il ajoute : « Si le pain sanctifié n'est pas le corps, mais la figure du corps de Jésus-Christ, c'est sans raison que l'Apôtre dit que ceux qui le mangent indignement, mangent leur propre condamnation; il n'en a pas eu plus de préférer le pain sanctifié sur l'autel au pain bénit par le prêtre à la table commune. » Hugues donne des raisons de cette préférence : « Celui qui sanctifie sur l'autel, et ce qui est sanctifié, est le même; c'est le même qui immole, et qui est immolé, le prêtre et la victime, le même Dieu et homme; c'est pourquoi le pain ainsi sanctifié peut remettre les péchés, ce que ne fait pas le pain bénit à la table commune. Ne discutons point les grandeurs de Dieu par les lumières de la raison : la foi doit nous les rendre vénérables. » Il rapporte ce qu'on lit dans la Vie de saint Grégoire-leGrand, qu'à sa prière le pain consacré sur l'autel prit la figure de chair; et après avoir cité un passage de saint Augustin pour la présence réelle, il presse Gerland de se rendre au sentiment unanime des personnes de piété et de savoir, qui croient fermement que le pain 3 sanctifié sur l'autel n'est plus du gustin., Serm. 77, cap. III, pag. 423, tom. V, et Serm. 81.

3 Nonne vides religiosos viros et magni nominis doc

Epist. 34, 35.

pain, mais le corps vivant de Jésus-Christ, et à la doctrine du Saint-Siége, qui, conformément à la foi de saint Pierre, a toujours cru1 ce qu'il croit encore touchant le corps et le sang du Seigneur dans l'Eucharistie. On cite de Gerland un comput ecclésiastique non imprimé, que l'on trouve manuscrit dans quelques bibliothèques, avec le livre d'Hespéric 2.

21. La lettre à Hugues, maitre des écoles. à Chartres, est pour le prier d'examiner certains ouvrages que Métellus avait composés dans sa vieillesse. Dans celle qui est adressée à un chanoine régulier, nommé Humbert, il répond aux questions qu'il lui avait faites: 1o On n'est obligé de se séparer de la communion de quelqu'un à la table et dans la prière, qu'après qu'il aura été excommunié nommément pour crimes par un jugement ecclésiastique; 2° on peut anathématiser après la mort, ceux que l'on croit avoir eu des sentiments contraires à la foi pendant leur vie; 3° lorsqu'il est possible de trouver aisé ment des sujets pour la prêtrise, il ne faut les ordonner qu'à trente ans, autrement on 36. peut les ordonner à vingt-cinq ans. Il décide

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dans la lettre à Garbode, que lorsqu'il y a nécessité, on peut élever aux ordres sacrés les enfants des prêtres; et qu'aussi dans le cas de nécessité, une ordination faite sans le consentement de l'évêque diocésain doit subsister.

22. Les deux lettres suivantes contiennent la solution de deux questions sur les anges. On avait demandé à Hugues pourquoi les anges sont appelés animaux dans l'Ecriture, et pourquoi Dieu a racheté les hommes et non les anges? Il répond à la première question qu'ils sont appelés animaux, non à raison de leur nature, mais de leur innocence, comme les âmes des saints sont quelquefois figurées sous les noms des boeufs et des bre38. bis. Il dit sur la seconde que Dieu a racheté l'homme parce, que fait d'une matière fragile, et entraîné au péché par l'amour qu'il avait pour sa femme, il s'est repenti de sa faute; au lieu que l'ange a péché par orgueil, par ingratitude, et n'a point témoigné de repentir. Un de ses amis était surpris de ce que saint Augustin dit dans sa lettre à Macédonius, que celui qui pèche une seconde fois après avoir été admis à la péni

tores in hac sententia stare, in hac fide perstare panem altaris sanctificatum non jam panem, sed vivum corpus Christi esse? Hug., Epist. 33.

1 Verum est fidem Petri de corpore et sanguine Do

tence et au sacrement de l'autel, n'est plus reçu à faire pénitence, de peur qu'elle ne devienne méprisable. Métellus répond: Cela Epist. 39. doit s'entendre de la pénitence publique, qui en effet ne s'accordait qu'une fois.

23. Sa lettre à Humbert, son condisciple, 40. contient le détail des études qu'ils avaient faites ensemble: ce qui lui donne occasion de parler des diverses sectes de philosophes, péripatéticiens, platoniciens, stoïciens, épicuriens, et d'expliquer en latin tout ce que ces. noms signifient en grec. Mais lorsqu'il écrivit cette lettre, ils avaient l'un et l'autre fait leur étude de la théologie, n'ayant conservé que du mépris pour les chicanes de la dialectique.

24. L'établissement du nouvel ordre des norbertins ou prémontrés, fit tant de déplaisir à Hugues, qu'il se plaignit aux cardinaux de la grande variété qu'ils souffraient dans les habits des différents ordres religieux : il leur dit qu'on n'obtient pas le royaume des cieux par la forme ou la couleur des habits, mais par la pureté des mœurs; que si elles se corrompent, ce ne seront pas les habits qui rendront l'Eglise heureuse; il préfère le surplis des chanoines de Saint-Augustin, à la tunique des norbertins: ceux-ci, dit-il, sont tout récents, au lieu que les chanoines réguliers existent depuis plus de deux cents ans. Hugues parle apparement de quelque congrégation particulière de chanoines réguliers, puisque deux lignes plus bas, il fait auteur de la règle des chanoines saint Urbain, pape et martyr en 223, et qu'il attribue à saint Augustin celle qu'il suivait dans son monastère de Toul, situé dans le voisinage de celui de Saint-Mansui. Il survint entre ces deux abbayes quelque difficulté qui y occasionna du refroidissement: Hugues n'en explique pas bien la raison; mais en prêchant à Thierry, moine de Saint-Mansui, les devoirs de la charité, il a grand soin de l'humilier, en lui disant que les moines cénobites sont étrangers au sacerdoce; qu'ils mangent par usurpation les pains de proposition, qu'il n'est permis qu'aux seuls prédicateurs de manger; qu'il n'en est pas des moines comme des clercs; qu'il appartient à ceux-ci de paître les brebis, et aux moines de pleurer, mais non d'enseigner. Il convient toutefois que saint Grégoire

mini ab eo derivatam, usque ad tempora nostra per successiones apostolicorum virorum manasse intemeratam. Ibid.

* Oudin., tom. II de Script. Eccles., pag. 1097.

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