Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

depuis l'an 1139 jusqu'en 1259; une autre Chronique de Saint-Etienne de Caen, qui commence à l'an 633, et finit en 1273; divers catalogues des seigneurs de Normandie, qui suivirent le roi Guillaume en Angleterre, et recurent de lui des fiefs dans ce royaume; les noms des chevaliers qui portaient les bannières en Normandie et dans les autres provinces de France; plusieurs chartes des ducs de Normandie et des rois de France, avec quelques autres pièces pour servir à l'histoire de France et d'Angleterre. [Dom Bouquet, ou plutôt ses continuateurs, ont inséré en grande partie dans la collection Scriptores rerum Francicarum, tome X, pages 234 et suiv., tome XI, pages 221 et suiv., tome XII, pages 585 et suiv., l'Histoire ecclésiastique d'Orderic. C'est d'après l'édition de

Duchesne et celle de Bouquet, que les éditeurs de la Patrologie en ont donné une nouvelle édition au tome CXCVIII, col. 15-984; ils l'ont fait précéder d'une préface où ils expliquent la manière dont ils reproduisent leur édition, font connaître la vie d'Orderic et son Histoire ecclésiastique. Une autre édition avait précédé celle de la Patrologie; elle est due à M. A. Le Prévost, Paris, 4 volumes in-8°, 18381852. Elle est revue sur les manuscrits, et accompagnée d'un commentaire continuel. Les éditeurs de la Patrologie citent souvent les notes de M. Le Prévost. La société de l'Histoire de France a fait paraître une édition en 5 volumes, Paris, 1852-1855. Une traduction française, faite par M. L. Dubois, a paru à Paris, en 1827, 4 volumes in-8°, sous le titre d'Histoire de la Normandie.]

Naissance Be Suger. Son education.

[ocr errors]
[ocr errors]

CHAPITRE XXXII.

Suger, abbé de Saint-Denis, ministre d'Etat et régent du royaume de France.

[Ecrivain latin, 1151.]

1. Tous ces titres que l'histoire donne à Suger, font bien voir qu'on peut parvenir aux premières dignités, sans être de naissance illustre; et qu'il est des hommes de basse extraction, qui, par la force et l'étendue de leur esprit, ont mérité et rempli avec honneur les charges les plus éclatantes. de l'Etat. Né, comme on le croit 1, dans la ville de Saint-Denis, il fut de bonne heure offert à Dieu, par Elinaud, son père, homme sans nom, dans le monastère situé au même lieu. C'était en 1102, sous l'abbé Adam. Suger y fut élevé avec Louis VI, qui l'honora dans la suite de sa bienveillance.

2. Après qu'il eut commencé à prendre Pi- quelque teinture des lettres dans l'abbaye de Saint-Denis, l'abbé Adam, remarquant en lui de l'esprit et des dispositions pour les sciences 2, l'envoya faire ses humanités dans une école fameuse aux environs de Tours et de Poitiers, mais assez près de Fontevrault, dont

'Mabillon, lib. LXX Annal., uum. 21, et Suger, in Testament.

Ibid. et tom. IV Duchesne, pag. 523.

l'établissement était tout récent. Suger aima toujours depuis cette maison, et pria le pape Eugène de la prendre sous sa protection. De retour à Saint-Denis, il Ꭹ acheva ses études de philosophie et de théologie.

Il est fait

3. Ses études ordinaires ne l'empêchaient pas de feuilleter quelquefois les archives de Toury. l'abbaye. Il s'appliquait surtout à la discussion des chartes 3 qui en contenaient les priviléges et les immunités; ce qui le mit en état d'en prendre la défense en 1107, contre Gualon, évêque de Paris, en présence du pape Pascal II. Jeune encore, il obtint la prévôté de Toury, la plus considérable de l'abbaye de Saint-Denis, située en Bauce. Il eut beaucoup à souffrir pour défendre ce lieu des vexations des seigneurs de Puiset; et il ne trouva pas de meilleur expédient, que de faire cause commune contre eux avec les seigneurs voisins, et de les exciter contre ceux de Puiset 4.

3 Mabillon., lib. LXX Annal., num. 21, et Suger. Lud. vita, tom. IV; Duchesne, pag. 289. * Mabillon, lib. LXXII, num. 12.

[blocks in formation]

et de Latran.

Il est choisi abbé de Saint

1122.

1

dinal. Il dit lui-même qu'il était revenu tout récemment des études. Six ans après, c'està-dire en 1112, il fut présent à celui que le pape Pascal II assembla à Rome, pour se purger des calomnies que l'on répandait sur sa conduite et sur sa doctrine, au sujet des investitures qu'il avait accordées par contrainte au roi Henri. C'est de Suger que nous apprenons une partie de ce qui se passa à Châlons-sur-Marne, entre le pape Pascal II et les ambassadeurs de l'empereur Henri, en 1107, parce qu'il y était présent 2 avec Adam son abbé. Ils suivirent l'un et l'autre le pape au concile de Troyes.

5. Gélase II, successeur de Pascal II, étant Denis, en arrivé en Provence l'an 1118, dans le dessein de passer plus avant dans le royaume, le roi Louis envoya au-devant de lui 3 Suger chargé de présents. Il fut encore envoyé en Italie par le même prince, en 1122, pour quelques affaires d'Etat. En chemin, il apprit que l'abbé Adam était mort, et qu'il avait été élu pour son successeur. Le roi Louis désapprouva d'abord cette élection, parce qu'elle avait été faite sans son agrément; mais ensuite il la confirma. Suger n'était alors que diacre. Il reçut la prêtrise le samedi de la quatrième semaine de carême, et le lendemain la bénédiction abbatiale de la main de l'archevêque de Bourges, devant le corps de saint Denis. Il était dans la quarantième année de son âge.

Il assiste au concile géné.

en 1123.

pape Ca

6. L'année suivante 1123, le ral de Latran lixte II tint à Rome, dans le palais de Latran, un concile général de plus de trois cents évêques, et de plus de six cents abbés. Suger, que ce pontife aimait, y alla 4, et durant un séjour de six semaines en cette ville, il fut caressé de toute la cour, et logé dans le palais du pape. En 1124, il se mit encore en chemin pour Rome, invité par Calixte II; mais il apprit en Toscane la mort de ce pape. L'année suivante, il se trouva à l'assemblée de Mayence, où Lothaire, duc de Saxe, fut choisi empereur. Il y fit, en présence de l'archevêque de cette ville 5, un accommodement avec le comte Maynard, qui, pour les

1 Mabillon., lib. LXXI Annal., num. 18, et lib. LXXII, num. 21.

2 Sug., Vita Ludov., pag. 289, 290. 3 Ludovici vita, pag. 309, 310, 311. Ludovic. vita, pag. 311, 312.

5 Mabillon., lib. LXXIV Annal., num. 1114.

maux faits à l'abbaye de Saint-Denis, était excommunié, et leva ensuite l'excommunication. L'accommodement consistait dans la cession du prieuré de Celle, diocèse de Metz, à l'abbé et aux moines de Saint-Denis.

Il est fait conseiller

gent.

7. L'abbé Suger était conseiller d'Etat en 11416, avec l'évêque de Soissons; mais en d'Etat et Ré 1147, quelque temps avant le départ du roi Louis pour la Croisade, il fut choisi régent du royaume, de l'avis des évêques et des grands seigneurs. Il n'accepta la régence qu'après un ordre exprès du pape Eugène III, et l'on n'eut pas sujet de se repentir de la lui avoir confiée. Habile dans les affaires, sage et prévoyant dans le gouvernement, prudent dans ses entreprises, désintéressé dans le maniement des finances, équitable, mais ferme dans l'administration de la justice, il était, selon l'expression de saint Bernard 7, l'ami du roi et du royaume.

Il metlars forme à Sai te-Genere et à Saint D

8. On verra dans l'article du pape Eugène III combien Suger se donna de mouvement pour mettre la réforme à Sainte-Geneviève. is. Il eut besoin, pour en venir à bout, de l'autorité du pape, et de celle du roi, dont il était dépositaire pendant l'absence de ce prince. Il s'était réformé lui-même dès l'an 1130 8, et avait obligé les moines de Saint-Denis à suivre son exemple. Saint Bernard, qui lui avait sans doute inspiré du mépris pour la vie fastueuse et toute séculière qu'il menait auparavant, le félicita de son changement 9, et de celui qu'il avait apporté à son monastère, en y faisant revivre par ses discours et par son exemple la discipline la plus exacte. Il fut aussi choisi en 1150 par le pape Eugène III et le roi Louis, pour 10 mettre la réforme dans l'église de Saint-Corneille de Compiègne; ce qui ne se put faire qu'en faisant sortir les chanoines, et en leur substituant des moines de Saint-Denis.

9. Sur la fin de la même année, Suger fut attaqué 11 d'une fièvre, qui lui fit envisager sa fin comme prochaine. Alors il demanda qu'on le conduisît au chapitre, où, après quelques mots d'édification, il se prosterna aux pieds de ses religieux, et les pria de lui pardonner les fautes qu'il avait commises contre eux; ce qu'ils lui accordèrent les lar

Bernard., Epist. 222.

7 Bernard., Epist. 377.

8 Mabillon., lib. LXXV, num. 90.

9 Bernard., Epist. 78.

10 Mabillon., lib. LXXIX, num. 99.

11 Mabillon., lib. LXXIX Annal., num. 132.

Il tombe malade; va m tombeau de

saint Marta

Mort de Su

ger en 1151,

Eloge de Suger.

mes aux yeux. Il avait fait quelque temps auparavant le pèlerinage de Saint-Martin de Tours; et voyant qu'il ne pouvait faire celui de Jérusalem, quoiqu'il en eût la dévotion, il en chargea un des principaux seigneurs français, à qui il fournit tous les frais du voyage. Pendant sa maladie, il disait souvent la messe; et ne pouvant quelquefois se soutenir lui-même, il se faisait aider de ses confrères.

10. Saint Bernard, le sachant en danger de mort, lui écrivit une lettre pleine de tendresse et de piété, pour l'encourager à cette dernière heure, et lui témoigner son désir de le voir encore et de recevoir sa bénédiction. Suger lui répondit en des termes qui marquaient le peu de cas qu'il faisait d'un plus long séjour sur la terre; son désir sincère d'aller au plus tôt à Dieu; sa confiance dans la seule miséricorde de Dieu, et dans les prières du saint abbé de Clairvaux et de toute sa congrégation. Il en écrivit une autre au roi Louis pour lui recommander l'église de Saint-Denis, assurant ce prince, que de son côté il le recommandait, lui et son royaume, à Dieu. Ces deux lettres ne se trouvent que dans les Annales de l'ordre de SaintBenoit. Quoique Suger vit avec joie approcher la mort, il souhaitait néanmoins qu'elle n'arrivât qu'après les fêtes de Noël, pour ne pas en troubler la joie par des cérémonies funèbres. Il ne mourut que le 13 janvier 1151.

11. Guillaume, moine de Saint-Denis 2, qui avait assisté l'abbé Suger à la mort, en donna avis partout par une lettre circulaire 3, où, sans entrer dans le détail des grandes actions de sa vie, il ne touche que ses qualités personnelles et les circonstances de sa maladie. Il relève en lui une grande pénétration d'esprit; une facilité admirable d'expression, soit lorsqu'il parlait, soit lorsqu'il écrivait; un esprit cultivé par les sciences; une mémoire heureuse; une sobriété si grande dans le boire et dans le manger, qu'il

1 Bernard., Epist. 166.

2 On a de Guillaume, moine de Saint-Denis: 1" une lettre encyclique sur la mort de Suger; 2o la Vie de Suger; 3° des vers sur la mort de Suger; 4o une lettre à quelques-uns de ses confrères de Saint-Denis, qui le priaient de revenir à son monastère de Saint-Denis qu'il avait quitté pour se retirer à Saint-Denis-enVaux, près de Châtellerault dans le Poitou. Guillaume marque les motifs qui l'empêchent de se rendre aux sollicitations de ses confrères. Cette lettre, disent les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, est une des plus spirituelles et des plus agréables que nous ayons rencontrées parmi celles du siècle qui nous

était le même après le repas qu'avant de se mettre à table. «Pendant les quinze derniers jours de sa vie, dit encore Guillaume, Suger se confessait chaque jour, ou aux trois évêques de Soissons, de Noyon et de Senlis, ensemble ou séparément; il faisait devant eux sa confession de foi, et recevait de leurs mains les sacrements du corps et du sang de JésusChrist. Il exhortait ses frères à la paix, à l'union, au maintien de l'observance, au culte de Dieu et des saints. » Six évêques assistèrent à ses funérailles, avec plusieurs abbés. Le roi Louis le Jeune y assista aussi, fondant en larmes, de même que le maître du sacré temple, avec plusieurs de ses chevaliers.

12. [Nous avons de Suger la Vie de Louisle-Gros; l'histoire de ce qu'il fit dans le gouvernement de l'abbaye de Saint-Denis; le livre de la Consécration de l'église de SaintDenis; la translation des reliques de ce martyr; la constitution de Suger, son testament, ses lettres. Tous ces écrits, publiés dans différentes collections, sont réunis dans la Patrologie latine, tom. CLXXXVI, col. 12111460; ils sont précédés, col. 1151-1211, 1° d'une notice tirée du Gallia christiana; 2° d'une autre notice tirée de l'Histoire littéraire de la France; 3° de la Vie de Suger, par Guillaume; 4o de la lettre encyclique sur la mort de Suger. A la suite des écrits de Suger, les éditeurs de la Patrologie ont mis cinq priviléges accordés à l'abbaye de Saint-Denis du temps de Suger.] Suger écrivit la Vie de Louis VI, surnommé le Gros, et la dédia à Joslène, évêque de Soissons 4, avec qui il avait été conseiller d'Etat sous le règne de ce prince. Mais en donnant la Vie du roi Louis, Suger y a mis quantité de traits de la sienne propre, que l'on ne trouverait pas ailleurs. Nous en avons rapporté quelques-uns. Nous remarquerons sur Louis VI, que ce prince, se voyant à l'extrémité, se disposa à la réception du saint viatique par la confession de ses péchés, et par de grandes aumônes, tant occupe, tom. XII, pag. 547. Tous ces écrits sont reproduits dans la Patrologie latine, tom. CLXXXVI, col. 1207, 1293, 1211 et 1471-1476. Une notice tirée de l'Histoire littéraire de la France, précède, col. 1467-1472. (L'éditeur.)

3 Mabillon., lib. LXXIX Annal., num. 135.

On a de Joslène deux expositions, l'une du Symbole, l'autre de l'Oraison dominicale, publiées par Martène, Ampliss. Collect., et une charte pour un monastère publiée par Mabillon. Ces écrits sont reproduits au tome CLXXXVI de la Patrologie latine, col. 1479-1498. Ils sont précédés d'une notice tirée de la Gallia christiana. (L'éditeur.)

Ses écrits. Vie de Louis

v1. Tom. IV.

Op. Duches

ne, pag. 282.

Histoire de ce que fit Su

ger dans le

gouverne

ment de l'ab

baye de Saintpag. 331.

Denis. Ibid.,

aux pauvres qu'aux églises; qu'il donna sa chapelle, qui était très-riche, aux saints martyrs, c'est-à-dire à l'abbaye de Saint-Denis; et que s'étant mis humblement à genoux devant le sacré corps et sang de Jésus-Christ, il fit sa profession de foi, déclarant qu'il croyait chacun des articles du Symbole. Sur l'article de l'eucharistie, il dit : « Nous croyons fermement, et nous confessons de bouche et de cœur, que ce très-sacré corps de Jésus-Christ, est le même qui a été pris de la Vierge, qu'il a donné à ses disciples, afin qu'ils lui fussent associés, unis, et qu'ils demeurassent en lui; et que ce très-sacré sang est le même qui a coulé de son côté, lorsqu'il pendait à la croix. » Louis-le-Gros reçut donc le viatique sous les deux espèces. Avant que Duchesne publiât la Vie de Louisle-Gros par l'abbé Suger, elle avait été imprimée à Francfort, chez les héritiers d'André Wechel, en 1596, avec Glaber, Helgaud, et quelques autres historiens français 2. [M. Guizot a traduit en français la Vie de Louis-leGros, tome VIII des Mémoires relatifs à l'histoire de France; il a donné aussi en français la Vie de Suger par Guillaume, avec la lettre encyclique sur la mort de Suger, ibidem.]

13. Quelques-uns ont attribué à Guillaume, auteur de la Vie de Suger, le détail de ce qu'il fit dans l'abbaye de Saint-Denis, pendant qu'il fut abbé; mais Suger, à chaque page, s'en fait lui-même honneur. Il dit dès le commencement, qu'étant au chapitre général, la vingt-troisième année de son administration, les frères le pressèrent de mettre par écrit tout ce qu'il avait fait pour l'abbaye de Saint-Denis, soit par de nouvelles acquisitions, soit en recouvrant des biens aliénés, soit en bonifiant les biens dont l'abbaye jouissait, soit en faisant construire ou en réparant les bâtiments, soit en décorant l'église par des meubles précieux de toute espèce. Ils prétextaient, pour l'y engager, deux motifs : l'un, que la mémoire de ses bienfaits et de ses travaux lui mériterait les suffrages et les prières des religieux à venir; l'autre, que

1 Hanc autem sacratissimi corporis ejus eucharistiam illud idem credimus corpus, quod assumptum est de Virgine, quod discipulis suis ad confœderandum et uniendum et in se commanendum tradidit. Hunc sacratissimum sanguinem illum eumdem esse qui de latere ejus in cruce pendentis defluxit, et firmissime credimus, et ore et corde confitemur. Vita Ludovici Grossi, tom. IV Duchesne, p. 320.

2 Outre cette Vie en grand du monarque français, Suger avait composé sa légende distribuée en trois

son exemple donnerait de l'émulation aux abbés ses successeurs pour faire fleurir le culte de Dieu. L'abbé Suger se rendit à ces raisons, et laissa un mémoire exact de ce qu'il avait fait, tant dans l'abbaye de SaintDenis, qu'à l'égard des prieurés et des métairies en dépendants. Il s'étend principalement sur les dépenses qu'il avait faites pour l'église, qu'il renouvela en partie, et sur les ornements dont il enrichit les autels, nommément celui de saint Denis. Ce n'était qu'or, argent et pierres précieuses. Mais il a soin de marquer les bienfaiteurs qui avaient fourni aux frais de toutes ces décorations, et ce que lui-même avait fourni. Il n'y a pas jusqu'aux peintures des vitraux dont il ne fasse le détail, marquant ce que chacune représentait. Toutes ces explications sont en vers de différentes mesures. Il parle sur la fin de la manière dont il fut offert étant enfant, et demande qu'au jour annuel de sa mort, tous lui accordent leurs prières, étant persuadé que le peu de pénitence qu'il avait faite avant de mourir, n'était pas capable d'effacer tous les péchés de sa vie. Son anniversaire se fait solennellement tous les ans, le 13 janvier.

Livre de la Consécration

Saint-Denis,

et

de l'église de de la Transliques de ce pag. 350.

lation des re

martyr. Ibid.,

14. L'abbé Suger a laissé par écrit l'Histoire de la dédicace de l'église de Saint-Denis, en 1140, et de la Translation des reliques de ce saint martyr et de saint Rustique et saint Eleuthère, ses compagnons, qu'il qualifie apôtres de la France. Il décrit cette cérémonie avec étendue, marquant en quel ordre elle se fit et par quelles personnes. Aux reliques des saints, dont on fit le transport, il joint les clous et la couronne de Notre-Seigneur, et un bras du vieillard Siméon. Il se trouva à cette cérémonie, dix-sept prélats, tant archevêques, qu'évêques, avec les principaux de leurs églises cathédrales; le roi Louis, la reine sa mère, et tous les grands de la cour, avec un nombre infini de peuples. Il manque quelque chose à la fin de ce livre. Dom Mabillon y a suppléé dans ses Analectes 3. 15. Il n'y avait pas longtemps que Suger tions de So

leçons, pour être lue chaque année à l'office de la
nuit le jour de son anniversaire. Elle a été mise au
jour par les soins de dom Martène, dans la préface
du quatrième tome de sa Grande collection. Elle est
reproduite au tome CLXXXVI de la Patrologie latine,
col. 1341-1346. Martène fait observer que ces leçons
usitées alors pour l'anniversaire des rois étaient aussi
convenables que les oraisons funèbres de ces princes
qu'on prononce dans les saints mystères (L'éditeur.)
3 Pag. 463, tol.

Constitu

Duchesne, pag. 546.

ger, tom. IV, était abbé de Saint-Denis, lorsqu'il fit une constitution, portant que chaque samedi, à perpétuité, et chaque jeudi, on ferait mámoire solennelle de la sainte Vierge. Ce statut fut approuvé dans un chapitre général tenu à Saint-Denis, et confirmé par les deux légats du Saint-Siége, Pierre, prêtre-cardinal, et Grégoire de Saint-Ange, cardinal-diacre. Comme ils aspirèrent tous les deux à la papauté après la mort d'Honorius II, en 1130, il faut rapporter à ce temps-là la constitution de Suger, qui ne porte aucune date chronologique. Il y est dit encore, qu'après la mort du roi Louis VI, on fera à perpétuité son anPag. 548. niversaire dans l'abbaye de Saint-Denis. Par une autre constitution datée du mois de mars 1125, l'abbé Suger remit aux habitants de Saint-Denis le droit de main morte que l'abbaye avait sur eux.

Testament de Suger, ib., pag. 549

seq., et Feli.

bien, Histoire

de Saint-De

nis, Preuves,

pag. 70.

16. Son testament, qui est du mois de juin 1137, fut lu en plein chapitre et fut signé des religieux de la communauté, des archevêques de Tours et de Reims, de quelques évêques, et de Robert, abbé de Corbie. Suger le commence par l'énumération des bienfaits dont Dieu l'avait comblé, en le faisant asseoir avec les princes, quoiqu'il fùt né pauvre et d'une famille obscure; il avoue avec humilité, qu'il n'a pas reconnu comme il le devait tant de grâces, et en demande pardon à Dieu. N'osant l'espérer qu'avec le secours des prières de ses frères, il ordonne que dès le 17 juin de la même année, le jour même qu'il avait fait son testament, on célébrerait une messe du Saint-Esprit; et qu'après sa mort, elle serait changée en une messe de Requiem au jour anniversaire de sa mort, pour le repos de son âme; que la communauté chanterait le même jour l'office des morts; que tous les prêtres offriraient pour lui le sacrifice de l'autel; que les autres religieux réciteraient cinquante psaumes à son intention; et que ceux qui ne savaient pas lire, feraient dans le même dessein quelque œuvre de piété. Il ordonna aussi qu'en ce jour on ferait de grandes aumônes aux pauvres; et qu'en considération des fatigues de l'office, les portions des religieux seraient plus abondantes qu'à l'ordinaire. Le même testament porte encore, que dans les prieurés dépendants de St-Denis, où il avait également travaillé à rétablir les biens, on ferait pour lui des prières et des aumônes. Toute la communauté consentit à l'exécution des volontés

de Suger, qui assigna les fonds nécessaires pour subvenir à toutes ces dépenses.

17. Son testament, dans l'édition de Duchesne, est suivi de deux lettres l'une à Pierre, archevêque de Bourges, à qui il recommande l'abbaye de Saint-Denis et toutes ses dépendances; l'autre, par laquelle il associe quatre ermites à l'abbaye de Saint-Denis, en leur permettant, ou de garder leur habit, ou de prendre celui de la communauté, à la charge qu'il ne leur sera plus libre de recevoir d'autres ermites sans le consentement du prieur de l'église de la chapelle, à qui ils s'étaient soumis en donnant tout ce qu'ils avaient à l'abbaye de SaintDenis. Duchesne a recueilli d'autres lettres de l'abbé Suger; mais son recueil, qui est de cent quarante-quatre, n'en présente que seize de l'abbé Suger; les autres lui sont adressées de la part de diverses personnes. Nous remarquerons ce que celles de cet abbé contiennent d'intéressant pour l'histoire de l'Eglise.

Lettres de Suger, p. 555.

Epist 20,

18. A la requête du doyen et du chapitre de Chartres, qui avaient élu Joslène pour leur pag. 498, évêque, il approuva cette élection de la part du roi, et consentit à donner à Joslène, après sa consécration et son serment de fidélité au roi, les régales, c'est-à-dire la jouissance du temporel et des droits de son église. Les deux lettres au pape Eugène regardent Epist. 40, 47. l'introduction des chanoines réguliers de Saint-Victor en l'abbaye de Sainte-Geneviève pour y mettre la réforme, et les oppositions que les anciens chanoines y formèrent. Par une autre lettre, il pria le pape d'obvier aux troubles de l'Eglise de Paris, en procurant l'élection canonique d'un doyen. Voyant que les barons et les seigneurs qui 61. avaient accompagné le roi Louis à la Croisade étaient de retour, il écrivit une lettre aussi tendre que respectueuse à ce prince, pour l'engager à revenir au plus tôt dans ses Etats, où il était souhaité universellement, et attendu comme l'ange de Dieu. Son absence avait occasionné des troubles dans l'Etat et dans l'Eglise, par la liberté que les méchants se donnaient. Ce fut pour y remédier que l'abbé Suger indiqua une assemblée à Soissons, le dimanche d'avant les Rogalions, où se devaient trouver grand nombre d'évêques et de seigneurs.

19. La lettre à Roger, roi de Sicile, ne contient que des témoignages de respect et de

67.

75.

146.

« ZurückWeiter »