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tom. XXII, Biblioth. Pat. pag. 1142.

Traité de la Nature et de

l'amour divin.

de grande piété, de composer pour ellesmêmes des formules de prières et de méditations, afin de ranimer de temps en temps leur ferveur, et de se rappeler plus aisément les vérités du salut. C'est dans cette vue que saint Augustin écrivit ses Soliloques et ses Confessions. Guillaume, dans ses formules de méditations et de prières, se proposa nonseulement son utilité particulière, mais aussi celle des novices, dont il était important de former de bonne heure l'esprit dans les exercices de la vie spirituelle. Ses Méditations et ses prières roulent sur divers passages de l'Ecriture, surtout des psaumes, dont il donne en passant le sens mystique et moral.

6. Dans le traité de la Nature et de la dignité la dignité de de l'amour de Dieu 1, Guillaume instruit le vrai philosophe, c'est-à-dire le vrai chrétien, par quels degrés et en quelle manière il peut parvenir à la perfection de l'amour de Dieu, telle qu'on peut l'avoir en cette vie.

Traité do

la Contempla

7. Le traité de la Contemplation de Dieu a tion de Dien. été attribué quelquefois, de même que le précédent, à saint Bernard, sous le titre de Soliloques 2; mais Guillaume se reconnaît auteur de l'un et de l'autre, dans le catalogue de ses ouvrages rapporté par dom Tissier. Ils sont aussi sous son nom dans la liste de ses écrits par l'abbé Trithème, et dans l'abrégé de la Vie de Guillaume, cité 3 par dom Mabillon. Il est à remarquer que ce traité est le même qui, dans le vingt-deuxième tome. de la Bibliothèque des Pères, a pour titre de l'Amour de Dieu, et que l'on n'y en a supprimé que le prologue. L'auteur fait voir la nécessité d'aimer Dieu, et il montre que le premier précepte du Décalogue ne peut s'accomplir que par l'observation des autres commandements. Pour montrer les avantages de la contemplation, il représente en ces termes ceux qu'il en tirait lui-même : « Quelquefois, Seigneur, lorsque je vous contemple, les yeux quasi fermés, vous envoyez dans la bouche de mon cœur un je ne sais quoi qu'il ne m'est point permis de connaître. Je sens une saveur douce qui me fortifie de telle sorte, que si elle demeurait toujours en moi, je ne chercherais rien au-delà. »

Cap. II.

Traités du

8. Les deux opuscules, l'un intitulé le Moda Miroir de la foi; l'autre, l'Enigme de la Foi, ont un même but, qui est de nous apprendre

l'Enigme dela foi; de la Nature du corps et de l'âme.

1 Tom. II Op. Bernardi, pag. 256.

2 Tom. II Op. Bernardi, pag. 246.

3 Præfat. in lib. de Contemplando Deo et de Natura amoris Dei.

en peu de termes, mais très-clairs, ce que nous devons croire. Dans le petit traité de la Physique, c'est-à-dire de la Nature du corps et de l'âme, il apprend au lecteur à se connaître lui-même.

9. Guillaume de Saint-Thierry voyant que Pierre Abaillard, environ dix-huit ans après sa condamnation au concile de Soissons, recommençait en 1139 à enseigner des nouveautés; que ses écrits passaient les mers, et traversaient les Alpes; que ses nouveaux dogmes se répandaient dans les provinces, et qu'on les y soutenait librement, en écrivit à Geoffroi, évêque de Chartres, et à saint Bernard 5. Il fit plus. Ayant trouvé par hazard la Théologie d'Abaillard, il en fit divers extraits qu'il réduisit à treize propositions. Il les réfuta par un ouvrage divisé en trois livres, et dédié à Hugues, archevêque de Rouen, sous ce titre : Dispute des pères catholiques contre les dogmes de Pierre Abaillard. Il rapporte en plusieurs endroits les propres paroles de cet écrivain, et leur oppose celles des pères. La lettre à Geoffroi de Chartres et à saint Bernard, sert de préface à tout l'ouvrage. Guillaume les exhorte l'un et l'autre à réfuter aussi Abaillard. L'abbé de Clairvaux goûta beaucoup l'écrit de Guillaume, le crut assez fort pour renverser les impiétés qu'il attaquait, et lui promit d'en conférer avec lui. Il a déjà été parlé de tout ce qui se passa en cette occasion, et il en sera encore dit quelque chose dans l'article de saint Bernard.

6

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Traité con

de Guillaume de Conches.

10. C'est au même saint que Guillaume adressa la réfutation des erreurs de Guil-tre les errears laume de Conches, qui avait expliqué le mystère de la sainte Trinité, à peu près de la même manière que Pierre Abaillard 7. Guillaume de Conches disait entre autres choses, que le Père était la puissance, le Fils la sagesse, le Saint-Esprit la volonté. Confus d'avoir raisonné plus en philosophe qu'en théologien sur nos mystères, il rétracta ce qu'il avait avancé de contraire aux dogmes de la religion. Le livre où il fit cette rétractation est un dialogue entre Henri II, duc de Normandie, et lui, intitulé Dragmaticon, que l'on conserve encore dans la bibliothèque du Mont-Saint-Michel. Le père Le Long cite de Guillaume de Conches une glose manuscrite

Tom. IV Bibliot. Cisterciensis. 5 Ibid.

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Common

taires sur le

Cantiques.

sur les quatre Evangiles. Ses autres écrits traitaient des matières philosophiques. On met sa mort vers l'an 1150.

11. Guillaume de Saint-Thierry étant1 maCantique des lade à Clairvaux, pria saint Bernard de lui expliquer le Cantique des Cantiques dans un sens moral, et sans entrer dans les mystères que ce cantique renferme. Chaque jour il mettait par écrit, autant que sa mémoire pouvait lui fournir, ce que l'abbé de Clairvaux avait dit, dans le dessein d'en faire un commentaire suivi 2; mais il ne le conduisit que jusqu'au troisième verset du chapitre troisième. C'est ce commentaire qui est imprimé dans le quatrième tome de la Bibliothèque de Citeaux. Il y en a un autre sur les deux premiers chapitres du même livre, qui n'est qu'un abrégé des sermons de saint Bernard Pag. 275. sur le Cantique des Cantiques. Dom Mabillon l'a publié dans le second tome des œuvres de ce père, sur un manuscrit de l'abbaye de Dunes en Flandre, où il se trouvait joint à deux opuscules de Guillaume l'un, de la Contemplation de Dieu; l'autre, de la Nature et de la Dignité de l'amour divin. Cela lui donne lieu de conjecturer que ce commentaire est du même auteur que ces deux traités; et il appuie sa conjecture sur la conformité du style. Guillaume de Saint-Thierry, dans le catalogue de ses ouvrages, se déclare auteur de deux autres commentaires sur le Cantique des Cantiques l'un, tiré des écrits de saint Ambroise, a été trouvé dans le monastère de Signy; il est écrit de la main même de Guillaume; l'autre, est un extrait des ouvrages de saint Grégoire-le-Grand. Le premier se lit à la fin du premier tome des œuvres de saint Ambroise; le second fut imprimé à Leyde en 1692, par les soins de Casimir Oudin, comme on l'a déjà remarqué, [et dans Galland, Bibliotheca Veter. Patrum, tome XIV, page 394 et suiv., d'où il a passé au tome CLXXX de la Patrologie latine, col. 441-474.] 12. L'opuscule des Sentences de la foi n'a

Sentences de

la foi. Traité

1 Lib. I de Vita Bernardi, cap. XII.

2 Tom. IV Bibliot. Cisterciens.

3 Oudin, de Scriptor. Eccles., tom. II, pag. 1437, et tom. I Oper. Ambrosii, pag. 1546.

Tom. IV Bibiot. Cisterciens.

5 Quia ab initio sanctæ Ecclesiæ usque ad nostra pene tempora, hæc ab omnibus quæstio intacta relicta est, sancti Patres, quod non impugnabatur, non defendebant: nisi aliquando in tractatibus suis hoc inde proferebant, quod res postulabat, quæ in manibus habebatur. Quod quia quæstionibus non respondebat, quæ nondum erant; parum modo sufficere videtur ad eas,

de l'autel.

pas encore été mis sous presse. On le dit écrit du Sacrement de la main de Guillaume dans l'abbaye de Signy. L'auteur y traite de l'essence divine, de ses attributs, de la trinité des personnes, de l'unité de nature, et de la création des anges et de l'homme, employant presque toujours les propres paroles de saint Augustin et de Boëce. Guillaume met ce traité au nombre de ses ouvrages, avec celui du Sacrement de l'autel; celui-ci est imprimé dans le quatrième tome de la Bibliothèque de Citeaux. L'abbé de Saint-Thierry l'envoya à saint Bernard pour l'examiner et le corriger avant de le rendre public. Il y compare les autorités des pères sur l'eucharistie, et rapporte leurs passages, surtout ceux de saint Augustin, qui, n'étant pas entendus de tout le monde, causaient quelques troubles aux personnes moins instruites. Pour les tranquilliser, et rendre en même temps raison pourquoi les anciens semblaient quelquefois penser différemment sur ce mystère, ou, comme il dit, sur les saints sacrements, qu'il nommait ainsi à cause des deux espèces du pain et du vin, il fait dans le onzième chapitre cette remarque importante: « La question de l'eucharistie n'ayant point été agitée depuis le commencement de l'Eglise jusque vers notre époque, les pères ne défendaient point ce qui n'était pas contesté; ils se contentaient, dans leurs traités, de dire ce qui était de leur sujet; n'ayant pas répondu aux questions qui n'ont été agitées que depuis, il n'est pas surprenant que l'on ne trouve pas dans leurs écrits la solution aux objections qu'on a faites depuis; ne s'attendant pas ces difficultés, ils ont dit plusieurs choses sur le sacrement de l'Eucharistie, qui, dans leurs écrits, et selon leur sens, sont bien dites; mais qui déplacées, et dans la bouche. de ceux qui aiment à disputer, semblent dire tout le contraire; enfin ne pouvant pas prévoir toutes les calomnies et les chicanes des hérésies futures, ils se sont servis quelquefois

cum exsurgunt, compescendas. Contra quas, quia tunc non vigilabat intentio eorum, plurima de sacramentis sanctis in suis scriptis reliquerunt, quæ suo loco, suo sensu bene dicta, ab eis qui contendere, vel errare amant, eruta de locis suis, aliud per se videntur sonare, quam ibi sonent unde sumptu sunt,et quam senserit qui scripsit: sed et multa de eadem re ab eis relicta sunt, quæ bene dicta, vel obscurius, utpote ab eis qui, ut homines, venturas omnes errorum calumnias non poterant prævidere, male intellecta, materiam errandi vel contendendi, perditis videntur præstare. Guillelm., tom. IV Bibliot. Cisterc., p. 132.

Lettre sor l'Eucharistie.

Commen

taire sur l'E

mains.

de certains termes obscurs ou ambigus, qui, pris dans un mauvais sens, ont occasionné des disputes. » Guillaume ajoute qu'il en est arrivé ainsi à saint Augustin, dans ce qu'il a écrit sur la grâce: ce qu'il faut entendre de ses premiers écrits sur cette matière.

13. L'abbé de Saint-Thierry s'expliqua une seconde fois sur l'eucharistie, dans une lettre à l'abbé Rupert ', dont la façon de penser sur ce mystère lui paraissait nouvelle. Nous avons déjà parlé de cette lettre, qui est trèspolie, et pleine de sentiments d'amitié et de charité; nous nous contenterons de rapporter l'endroit où il reconnaît 2 que « l'Eglise a toujours cru le dogme de la transsubstantiation; qu'elle a en horreur l'erreur qui enseigne que le pain reste après la consécration, et l'a condamnée dans Berenger. « En effet, dit-il, si, comme le prétendait cet hérésiarque, le pain était tellement changé au corps de Jésus-Christ, qu'il ne cessât pas d'être pain; on dirait, si cette expression était permise, que le Verbe a non-seulement été fait chair, mais aussi pain. »

14. Le commentaire de Guillaume sur l'Epitre aux Ro- pêtre aux Romains 3, n'est qu'une compilation de ce que les saints pères ont dit pour l'expliquer. Il ne paraît point par le catalogue de ses ouvrages, qu'il en ait composé quelqu'un contre Gilbert de la Porrée. Toutefois on lui en attribue un dans la Bibliothèque de Citeaux 5.

1 Tom. IV Bibliot. Cisterciens.

2 Panis substantiam post consecrationem in altari superesse semper horruit pietas christiana, nuperque damnavit in Berengario Turonensi, ejusque sequacibus: nam si hoc admitteretur, jam Verbum non incarnatum tantum, sed etiam, si dici posset, impanatum, si sicut ille dicebat, panis sic in corpus Domini transiret, ut tamen panis esse non desisteret. Guillelm., Epist. ad quemdam monach., tom. IV Biblioth. Cisterciensis, pag. 130.

3 Ibid., et Henricus Gaudav., cap. de Scriptor. Ecclesiast.

D'après les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, tom. XII, la bibliothèque du collège de Louisle-Grand possédait un exemplaire de cet ouvrage enrichi de notes marginales du père Labbe. Il y en avait un autre, disent-ils encore, à Morigny, près d'Etampes, mais ils ne savent où les manuscrits de cette abbaye ont été transportés après le malheur de sa destruction. Guillaume mit la main à cet ouvrage peu de temps après le concile de Reims, où les nouveautés de Gilbert furent proscrites, c'est-à-dire vers la fin de l'an 1148. On le voit par le début où il dit : Quatuor in schedulis capita, lector, invenies, quæ in magna nuper Ecclesia propalata et reprobata sunt tanquam manifeste repugnantia veritati. Ces quatre articles sont réfutés avec la même force de raisonne

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Lettre ou traité aux frè

Diea.

16. On a prouvé dans l'article de Guigues, cinquième prieur de la Chartreuse, qu'il est res da Montauteur de la lettre ou traité de la Vie solitaire, adressé aux frères de la Chartreuse du MontDieu; et on a répondu aux raisons que l'on a alléguées pour la donner à Guillaume de Saint-Thierry 6. Nous renvoyons le lecteur à cet article. Cet abbé avait écrit 7 un grand nombre de lettres à saint Bernard, et sans doute à d'autres personnes de considération. Il ne reste que celles dont nous avons parlé. 17. On voit dans sa lettre à Geoffroi de Chartres et à saint Bernard, quel était son Guillaume. zèle pour la pureté de la foi catholique, et avec quelle ardeur il s'opposait aux nouveautés en fait de religion. Ses autres écrits ne respirent qu'amour, que charité, qu'humilité, que mépris du monde, que désir du vrai bien; il y règne une onction qui pénètre le cœur et une lumière qui porte dans l'esprit la conviction des vérités éternelles 8.

ment et la même vivacité qu'on remarque dans les autres ouvrages de Guillaume. Il finit par l'éloge des célèbres théologiens de son temps. (L'éditeur.) 5 Pag. 137.

6 Quoi qu'en dise notre auteur, la lettre aux frères du Mont-Dieu est l'œuvre de Guillaume de Thierry. Voyez la note à l'article Guigues. (L'éditeur.)

7 Bernard., Epist. 85, ad Guillelm.

8 Guillaume était l'un des plus savants hommes du XIIe siècle, et dans presque tous les genres de littérature qui convenaient à son état. Logicien subtil et exact, personne n'entend mieux que lui l'art de pousser un raisonnement, de parer les objections de ses adversaires et de démêler les sophismes dans lesquels ils s'enveloppent. Physicien comme on pouvait l'être, la connaissance qu'il avait des choses naturelles égalait celle des plus habiles de son temps. Théologien profond, à une grande lecture des pères, il réunissait un jugement sûr et pénétrant qui lui faisait apercevoir la correspondance, l'application et la fécondité des principes qu'il avait trouvés épars dans leurs écrits. Mystique raisonnable et sublime dans tous les sujets de spiritualité qu'il traite, il parcourt avec le flambeau de la foi tous les degrés qui conduisent à la hauteur de son objet, et ne va point au-delà. Il parle au cœur et à la raison tout ensemble; il élève celle-ci sans lui faire perdre terre, il

Jugement des écrits de

CHAPITRE XXXV.

Robert Pullus, cardinal et chancelier de l'Eglise romaine [vers 1150]; Bernard des Portes [1152]; Jean de la Chartreuse des Portes; Etienne de Chalmet; Gui, prieur général de la Chartreuse; Zacharie, évêque.

Robert PaiJus. Ses étu

l'Académie d'Oxford.

[Ecrivains latins du XIIe siècle. ]

1. Anglais de nation, Robert Pullus s'apdes. Il rétablit pliqua de bonne heure à l'étude des belleslettres et des beaux-arts, puis à la théologie et à l'intelligence des Livres saints. L'académie d'Oxford', auparavant si célèbre dans toute l'Europe, était à la veille de sa ruine. Robert entreprit de la remettre en vigueur. Il y ouvrit des écoles publiques; enseigna lui-même les sciences gratuitement; fit venir des provinces voisines des professeurs et des disciples; en défraya une partie à ses dépens; rendit aux autres tous les offices de l'humanité, et se déclara hautement le protecteur des gens de lettres et leur Mécène.

Il est aimé

du roi Henri

2. Il gagna par sa candeur, par la beauté ler. Il passe de son esprit, par la probité de ses mœurs, puis à Rome. et par son savoir, l'estime et l'amitié de

en France,

Henri Ier, roi d'Angleterre; et ce ne fut apparemment qu'après la mort de ce prince, en 1135, qu'il passa en France. Car il y était en 1140, comme on le voit par la lettre de saint Bernard à Ascelin ou Anselme, évêque de Rochester, écrite cette année-là. Etant à Paris, Robert y enseigna publiquement la théologie. Sa doctrine était saine; et ce fut cette raison qui engagea saint Bernard à écrire à cet évêque, pour le prier de ne plus insister sur le rappel de Pullus en Angleterre. Anselme, au lieu d'accorder ce qu'on lui demandait, répondit durement, et fit saisir tous les biens de Robert, apparemment parce qu'il ne faisait aucune fonction de l'archidiaconé de Rochester, dont il était pourvu. Robert, appuyé du crédit de quelques personnes puissantes à la cour de Rome, appela

échauffe l'autre sans lui inspirer un enthousiasme outré. Interprète sage des saintes Ecritures, il ne force point la lettre pour la faire plier à son sens particulier, il n'affecte point de dire des choses neuves, mais il prend toujours la tradition pour règle dans l'explication de ces livres profonds et divins. Ecrivain d'ailleurs clair, méthodique, éloquent, rempli d'onc

Le pape Innocent l'ap

pelle à Rome.

Lucius II le

fait cardinal.

du jugement de l'évêque de Rochester; ce ne put être que depuis l'an 1141, puisqu'Anselme ne fut élu évêque de Rochester qu'en cette année, selon la Chronique de Gervais 2. 3. Le pape Innocent II, connaissant le mérite de Pullus, l'appela à Rome vers l'an 1142. Lucius II, son successeur, le fit cardinal du titre de Saint-Eusèbe, en 1144, et chancelier de l'Eglise romaine. Saint Bernard, ayant appris l'élection d'Eugène III, bénit Dieu d'avoir préparé à ce pape un secours si puissant en la personne de Robert. Car l'abbé de Clairvaux n'ignorait pas que le chancelier de l'Eglise romaine était le principal ministre du pape. Voici comment il s'explique sur ce sujet dans sa réponse à une lettre du cardinal Pullus, qui n'est pas venue jusqu'à nous. 4. « Je rends grâces au Seigneur de ce qu'il a préparé à Eugène, son serviteur, et à Pallus. notre ami, un ministre intelligent, capable de le soulager dans les pénibles fonctions de sa charge. Entrez donc dans les desseins de Dieu, mon très-cher ami; soyez le consolateur et le conseil de celui auquel il vous attache; usez de la sagesse qu'il vous donne, pour garantir le pontificat d'Eugène, de tout ce qui peut le déshonorer. Pour préserver ce pape des surprises où la foule et la multiplicité des affaires l'exposent continuellement, remplissez avec honneur la place que vous occupez: ayez un zèle mêlé de fermeté et de prudence; un zèle qui procure la gloire de Dieu, votre salut, et le bien de l'Eglise, afin de pouvoir dire: La grâce de Dieu n'a I Cor. xv, 10. point été infructueuse en moi. »

tion où les sujets en demandent, et, pour tout dire en un mot, l'auteur de son siècle qui a le plus approché de saint Bernard. Les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, tom. XII. (L'éditeur.)

1 Jacob. a Sancto Carolo, præfat. in opera Pulli. 2 Gervasii Chron. ad an. 1147.

3 Bernard., Epist. 362.

Lettre de saint Bernard

Mort de Robert vers l'an 1150.

Ses ouvrages.

5. Robert Pullus ne fit les fonctions de sa charge que jusqu'à la troisième année du pontificat d'Eugène III, selon Onuphre: Ciaconius dit, jusqu'à la cinquième. Mais l'opinion d'Onuphre paraît la mieux fondée, puisqu'on trouve des lettres apostoliques de l'an 1147, signées du chancelier Guy. On ne met toutefois sa mort que vers l'an 1150. C'est le premier cardinal anglais que l'on connaisse 2. Quelques-uns mettent Ulric avant lui; mais ils n'en donnent point de preuves. En mémoire des travaux de Pullus pour le rétablissement de l'académie d'Oxford, on y fait 3 chaque année son panégyrique.

6. Excellent interprète, bon théologien, éloquent orateur, il laissa quantité de monuments de son esprit et de son savoir. On connaît de lui un ouvrage intitulé: Des Sentences; il est divisé en huit parties; un écrit en quatre livres sur les paroles remarquables des Docteurs; un du Mépris du monde; un de ses leçons; un de ses sermons, différent de celui qui en contenait plusieurs pour le commun des saints; des commentaires sur quelques psaumes et sur l'Apocalypse. Mais de tous ces écrits, le seul qui ait vu le jour est celui des Sentences. Il fut imprimé à Paris, chez Siméon Piget, en 1655, in-fol., par les soins de dom Claude-Hugues Mathoud, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur. Pour rendre l'édition complète, dom Mathoud se donna tous les mouvements nécessaires pour recouvrer les autres écrits de Pullus, cachés dans les bibliothèques de l'Europe, nommément dans celles d'Angleterre et de Suède. Il employa même le crédit de Messieurs de Valois. Mais rien ne lui réussit à cet égard; et il fallut se contenter de rendre publics les huit livres des Sentences, sur un manuscrit de l'abbaye de Saint-Remy à Reims, qui paraît de l'âge de l'auteur. Dom Mathoud a fait sur cet ouvrage de très-amples observations, dans lesquelles il a été aidé par dom Hilarion le Febvre, habile théologien. L'édition est dédiée à de Gondrin, archevêque de Sens; et dans l'inscription, l'éditeur donne à Pullus le titre de premier théologien scolastique. [Elle est reproduite au tome CLXXXVI de la Patrologie latine, col. 625-1152.]

7. Robert Pullus ne suit pas néanmoins la Analyse du premier livre méthode ordinaire de l'école. On ne voit dans

des Senten

1 Monasticon Anglican., tom. I, pag. 108, et in notis ad Guibertum Novigent., pag. 620.

Paris. an.

ses écrits, ni termes, ni distinctions scolasti- ces. Edition ques. Les questions qu'il agite ne sont ni 1655. subtiles, ni métaphysiques; elles regardent ou la foi, ou la discipline, ou la morale; et pour les résoudre, il n'emploie pas les principes de logique, ou de philosophie; mais l'autorité de l'Ecriture et des pères, et quelquefois les lumières de la raison. Voici l'analyse de son Cap. 1, 11. ouvrage : Dieu existe par lui-même; il est en trois personnes, simple de sa nature, sans aucune forme; comme il n'a point de commencement, il ne peut avoir de fin; les païens, en admettant des dieux plus jeunes ou plus puissants les uns que les autres, ignorent la vraie essence de la Divinité, qui ne reconnaît d'inégalité ni d'âge, ni de puissance; si le Fils était u d'une autre substance que le Père, le Fils serait un monstre, parce que chaque espèce doit engendrer son semblable. C'est un raisonnement tiré de saint Augustin. Telle est la Joan. matière des trois premiers chapitres du premier livre. Pullus cite, comme de saint Jérôme, que nous confessons, non-seulement les noms des trois personnes divines, mais aussi leurs propriétés, c'est-à-dire que le Père est non engendré; que le Fils unique est né du Père, et que le Saint-Esprit procède de l'un et de l'autre. Mais l'exposition du Symbole qu'il attribue à ce père, est de l'hérétique Pélage, comme l'a remarqué saint Augustin; elle a néanmoins passé longtemps pour être de saint Jérôme; et ce qu'en cite Pullus, n'a rien de contraire à la foi. Voici ce qui fait la matière des livres suivants.

Augustin, Sermon. 51 ta

8. Les différents attributs de Dieu ne nui- Cap. v. sent pas à son unité. C'est le même qui est tout-puissant, juste, sage, immense. Tous ces attributs étant essentiels à la nature divine, conviennent à cet égard aux trois personnes. Elles ne sont distinguées que par leurs pro- vi. priétés personnelles, ou relatives; le Père n'est pas le Fils; le Fils n'est pas le Père de qui il est engendré; le Saint-Esprit qui procède du Père et du Fils, n'est ni l'un ni l'autre. Mais quoique le Père soit autre que le Fils, il n'est pas autre chose. Leur nature est la même; le Fils est tout-puissant comme le Père; il lui est égal en tout. Comme Dieu est 11, 1. tout entier en tous lieux, ainsi l'âme de l'homme est tout entière dans le corps qu'elle anime; n'étant pas composée de parties, elle est indivisible. Pullus enseigne que

2 Mabillon., in notis ad Epist. 362 S. Bernardi. 3 Præfat. in opera Pulli.

VII!

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