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Cap. VIII. sur l'exercice des deux puissances. Il veut que l'on ne parvienne au ministère ni par l'ambition, ni par l'argent; que les princes se servent de ministres qui punissent les méI chants, et honorent les bons; qu'en cas de guerre les soldats combattent sous les ordres du roi pour le salut de la patrie, soit en chassant les nations ennemies, soit en réprimant les guerres intestines; que les sujets paient des tributs au roi, et que le roi prenne sous sa garde ses sujets.

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23. Le laïque qui veut embrasser la cléricature doit être libre, lettré, renoncer à la milice, au négoce et à la judicature, parce qu'il lui est également défendu de répandre le sang, et de le faire répandre. Il peut bien embrasser de lui-même l'état clérical, mais c'est aux autres à le promouvoir aux divers degrés du clergé. On ne le doit ordonner que pour une église particulière, à laquelle il est si étroitement attaché dès le moment de son ordination, qu'il ne peut passer à une autre sans nécessité. Dans les degrés audessous du sous diaconat, il est permis de se marier, mais le mariage est interdit aux sous-diacres, aux diacres et aux prêtres; c'est pour cela que ces trois ordres sont XI. appelés sacrés. Néanmoins ceux qui les reçoivent ne font pas à haute voix profession

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de continence, non plus que les moines : leur habit et leur état sont les preuves de leur engagement. La place des clercs est dans le chœur, celle des laïques hors du chœur. Pullus descend dans le détail des qualités nécessaires pour être promu aux divers degrés de la cléricature et il développe les fonctions des prêtres. Il parle de l'usage XII et seq. d'offrir quelque chose après le baptême, la

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confession et le sacrifice de la messe, soit pour la fabrique de l'église, soit pour l'entretien des ministres; mais il remarque qu'il était défendu aux ministres de rien exiger, parce qu'on ne le pouvait sans simonie. A l'égard des personnes engagées dans le mariage, il dit qu'ils peuvent bien garder la continence d'un commun consentement, mais non pas rompre leur mariage.

24. Pullus traite de la polygamie des anciens patriarches, de celle des gentils, du mariage chrétien, du devoir réciproque entre le mari et la femme, le tout dans les principes de saint Augustin. Selon Pullus, dans le cas d'adultère, il est également au pouvoir

1 Ideo namque postremi tres sacri ordines nuncu

du mari et de la femme de faire divorce; mais leur mariage n'étant pas rompu par Cap. XXXIII. cette séparation, ils ne peuvent ni l'un ni l'autre contracter d'autre engagement; le divorce est aussi permis dans l'adultère spirituel, c'est-à-dire dans le cas où l'une des parties ne peut demeurer avec l'autre sans un risque évident de son salut, à cause de la perversité des mœurs, ou de la doctrine. Il marque entre les empêchements dirimants du mariage, la tendresse de l'âge, le vœu implicite de chasteté dans les ordres sacrés et dans la profession monastique, la parenté et XXXVIII. l'affinité, même spirituelle, et l'impuissance naturelle.

25. Il paraît que du temps de Pullus quelques fidèles instruits témoignaient autant peu de vénération pour le pain bénit que l'on distribue en plusieurs églises au sortir de la messe solennelle, à tous ceux qui y ont assisté, que pour l'eucharistie. Il rejette cette erreur, et témoigne qu'il ne comprend pas sur quel fondement on a pu l'introduire, attendu que toutes les figures de l'eucharistie ont cessé depuis son établissement. Voici ce qu'il dit sur l'eucharistie: «< Point d'autre pain que celui de froment, point d'autre liqueur que le vin, ne sont admis à la table du Seigneur. La tradition de l'Eglise est que l'on doit y mêler de l'eau, parce que l'eau est sortie avec le sang du côté du Seigneur. Dans la participation de ce mystère, le prêtre prend d'abord le corps de Jésus-Christ, ensuite son sang: tel est l'ordre dans lequel il a communié ses disciples, l'on n'y doit rien changer; mais il a laissé à la prudence de son Eglise la manière de distribuer ce mystère aux laïques; elle leur distribue la chair du Sauveur, mais non pas son sang, parce qu'il y a du danger à distribuer l'espèce liquide à une multitude à plus forte raison à la porter aux malades, d'autant plus que cela n'est point nécessaire, puisque la chair n'étant pas sans le sang, celui qui mange la chair prend aussi le sang. »

26. Pullus s'élève contre ceux qui trempaient le corps de Jésus-Christ dans le calice avant de le donner aux fidèles; et il se fonde sur ce que le Sauveur n'en a pas usé ainsi, ayant donné séparément son corps et son sang. Il s'objecte qu'on devrait donc aussi, à l'imitation de Jésus-Christ, donner aux fidèles le corps et le sang séparément. A quoi

pantur. Pullus, lib. VII, cap. XI.

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Haitième livre, p. 253. Cap. 1.

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III.

III.

Cap. v.

il répond que l'Eglise a eu ses raisons pour faire ce changement; savoir, le danger de répandre ce sang précieux en le distribuant à la multitude, et que ce danger se trouve également lorsqu'on donne aux malades le pain trempé, c'est-à-dire le corps de JésusChrist trempé dans le calice de son sang. << Car Jésus-Christ, par la vertu de sa bénédiction, par lui-même et par ses ministres 1, change le pain en son corps, et le vin en son sang, en sorte que le pain et le vin ne sont plus ce qu'ils étaient auparavant, mais sont changés en une autre nature, le pain en chair, le vin en sang; cette chair n'est autre que celle qu'il a emportée dans le ciel pour nous; et le sang en qui le vin est converti, est le même qui a coulé de son côté, et qui est encore dans sa chair. » Pullus prouve tout ce qu'il dit sur ce sujet par les paroles de la consécration rapportées dans l'EvanMatth. xxvI. gile; et pour ne laisser aucun doute 2 sur sa

Suite. Cap. VI.

croyance à cet égard, il répète plusieurs fois que le pain est changé en chair, et le vin en sang, de façon que la substance du pain et du vin cesse d'être ce qu'elle était, et devient ce qu'elle n'était pas, quoiqu'elle conserve après la consécration les mêmes propriétés extérieures qu'elle présentait avant à nos sens; qu'il n'en est point du corps de JésusChrist comme de la chair qu'on achète au marché, et qui se mange par morceaux; que ceux qui communient le mangent entier sans le diviser en parties; qu'encore qu'il paraisse qu'on le rompt, qu'on le déchire avec les dents, il n'est ni rompu ni déchiré; que la fracture et la mastication ne tombent que sur les espèces, et non sur la substance du corps du Seigneur.

27. Il n'appartient qu'aux prêtres seuls de célébrer le sacrement de l'autel. Fussentils de mauvaises mœurs, ils consacrent, pourvu qu'ils observent le rit ecclésiastique. C'est aussi aux prêtres à examiner ceux à qui l'on doit accorder l'eucharistie, et ceux à qui on doit la refuser. Il faut la refuser à tous ceux qui font pénitence publique, et à ceux

1 Dominus virtute benedictionis suæ et per se et per ministros panem in corpus suum, vinumque in sanguinem suum convertit: ita ut neque punis, neque vinum, id quod ante erat, remaneat, verum in alteram transeat naturam: panis in carnem, vinum in sanguinem. Non utique in aliam, nisi in illam quam pro nobis cælis invexit. Neque alius est sanguis in quem vinum transit, nisi ille qui manavit de latere, quique adhuc manet in carne Christi. Pullus, lib. VIII, cap. v, pag. 257.

qui mènent une vie honteuse, de peur que les faibles n'en soient scandalisés, si toutefois ce refus peut se faire sans bruit. Comme il y avait une seconde Pâque pour ceux qui pour quelque impureté ne pouvaient participer à la première, nous devons de même, lorsque nos péchés nous empêchent de participer avec les fidèles à la Pâque commune, différer de communier jusqu'à ce que nous soyons purifiés de nos péchés. Pullus dit qu'à l'égard des pécheurs secrets, il faut d'abord les avertir de se corriger; mais que s'ils font instance pour recevoir l'eucharistie comme les autres fidèles, on doit la leur acorder, de crainte que par un refus on ne rende publique leur iniquité. Il cite sur cela l'exemple. du Sauveur, qui communia Judas avec les autres apôtres. Il ne décide rien sur la fré- Cap. VII. quente communion; mais il veut que l'on s'en tienne du moins aux décrets des pères et des conciles, qui ordonnent de communier trois fois l'année, à Noël, à Pâques et à la Pentecôte. Pullus traite ensuite du jugement et seq. dernier, de ce qui le précédera, et de ce qui le suivra, des ministres de l'antechrist, des élus, du dernier feu qui purifiera les âmes des fidèles, de la résurrection des morts, de l'état des hommes après la résurrection, de celui des bienheureux et des damnés. Il fait sur tous ces articles des recherches très-intéressantes, et dans tout son ouvrage il montre un esprit éclairé et juste dans ses raisonnements.

28. Il serait à souhaiter qu'il eût apporté plus de netteté et de facilité dans son style. On lui reproche d'avoir donné dans quelques sentiments particuliers. Nous en avons remarqué quelques-uns dans l'analyse de ses œuvres. La seule édition que l'on en ait faite est celle de dom Hugues Mathoud, à Paris, chez Piget en 1655, in-folio. [Elle est reproduite au tome CLXXVI de la Patrologie.] L'éditeur y a ajouté le livre des Sentences de Pierre de Poitiers, chancelier de l'église de Paris, mort en 1205, avec des notes théologiques de sa façon, dans le goût de celles

2 Cum autem panis in carnem, vinum quoque virtute Christi vertatur in sanguinem, substantia utique vini et panis desinit esse quod fuerat, idque fit quod prius non erat proprietates tamen amborum transeuntium manent; unde fit ut id quinque sensus nostri post consecrationem inveniant quod ante consecrationem inveniebant. Ibid., pag. 258.

3 Contritio et fractura speciem comitantur, non etiam rem. Ibid.

Jugement Robert Pul

sur l'écrit de

lus.

Bernard des

Portes, fon

Chartreuse de ce nom.

Bernard.,

ep. 153, 154.

qu'il a faites sur les endroits difficiles du texte de Pullus 1.

29. La Chartreuse des Portes, que l'on dateur de la compte pour la troisième de l'ordre, eu égard au temps de sa fondation, fut bâtie en 1115 par Bernard connu depuis sous le nom de Bernard des Portes, qui fut celui de cette nouvelle Chartreuse. Il quitta le monastère d'Ambournai où il avait professé la règle de saint Benoît, pour se mettre à la tête de la communauté des Portes. Saint Bernard y allait quelquefois, lié d'amitié avec les religieux de ce nouveau monastère, mais surtout avec Bernard leur prieur. Il demandait avec empressement à l'abbé de Clairvaux des sermons sur le Cantique des Cantiques. « Que ne suis-je capable, lui répondit saint Bernard, de quelque production digne de vous! Pourrais-je alors refuser quelque chose à une personne pour qui je sacrifierais ma propre vie, à un ami intime, à un cher et tendre frère que j'aime en Jésus-Christ de toute l'étendue de mon cœur? » Bernard des Portes en était encore prieur en 1147; mais la même année, ses infirmités autant que son grand âge l'obligèrent à se démettre de cette charge entre les mains d'Antelme ou Nantelme, qui avait été autrefois son novice. Bernard mourut le 12 février 1152.

Ses lettres.

Chifflet, Præfat. in epist. Bern.; tom. XXIV,

pag. 1464,

1465.

30. Nous n'avons aucune de ses lettres à saint Bernard, et il en reste très-peu de celles qu'il avait écrites à diverses personnes. On Biblioth. Pat. lit dans un manuscrit de la Chartreuse des Portes, qu'elles étaient sur des matières de piété, particulièrement sur la vie religieuse; qu'il y en avait une à Falcon, doyen de l'Eglise de Lyon; et une seconde après qu'il fut élevé à l'épiscopat; une à Aymon de Rohières; une à un reclus nommé Raynaud; qu'il avait écrit aussi aux religieuses de Lyon; à Berlion, évêque de Bellay; aux religieuses de Blésie; au pape Eugène III; à saint Bernard, abbé de Clairvaux; et à lsmion, abbé d'Ambournai, à qui il rendait raison de sa sortie de ce monastère et de sa retraite dans le désert des Portes. Celle-là était la plus belle de toutes au jugement de l'auteur de ce manuscrit.

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Elles ont été imprimées à Dijon, en 1657, in-8°, et réimprimées dans le XXIVe tome de la Bibliothèque des Pères, à Lyon en 1677, [et dans le tome CLIII de la Patrologie latine, col. 885-900.] Les lettres à Aymon de Varennes et à Aymon de Rohières, ont pour titre : De la Fuite du siècle. Bernard presse ces personnes de quitter le monde pour vivre dans la retraite, où il leur promet des plaisirs plus solides que ceux qu'ils avaient goûtés dans le siècle. Il leur fait voir le danger des conversions tardives, en ce que les renvoyant au moment de la mort, ou à quelque maladie dangereuse, ce n'est pas nous qui mettons fin à nos crimes, mais Dieu qui y met fin en nous faisant sortir de cette vie.

32. La lettre aux religieuses de Lyon, c'est-à-dire de Sainte-Eulalie, le seul monastère de filles qui fût alors en cette ville, est pour les exhorter à persévérer avec joie dans la vie régulière qu'elles venaient d'embrasser. Bernard veut que celles qui avaient pris avec zèle le parti de la réforme, consolent celles qui ne s'y étaient soumises qu'avec peine ; qu'elles prient pour elles, et les invitent par leur exemple à prier elles-mêmes, et à faire de nécessité vertu. Il leur expose les différentes manières dont nous sommes tentés en cette vie, et leur fait voir qu'il n'y a que le consentement aux suggestions de l'ennemi, qui soit un péché.

33. Le moine Raynaud vivait en reclus dans un ermitage à deux lieues de la Chartreuse des Portes. Il avait demandé à Bernard une règle de vie. Voici ce qu'il lui prescrit : « En été depuis complies jusqu'à primes, et en hiver jusqu'à tierce, vous garderez un silence exact, si ce n'est qu'il y ait une grande nécessité de le rompre, ce que vous ferez en peu de mots. Ne souffrez point que personne vous entretienne de choses vaines et inutiles, ni d'affaires extérieures. N'écoutez que des choses dont vous puissiez rendre grâces à Dieu. Que tous ceux qui viendront vous voir, vous disent des choses édifiantes, ou qu'ils en entendent de vous: si ce sont des savants, écoutez-les plutôt que de leur parler. Partagez votre temps entre la prière, la lecture des livres saints, la psalmodie et le travail des mains, si ce n'est les jours de dimanche où vous vous occuperez entièrement d'exercices spirituels. Soit que

779 et suiv. (L'éditeur.)

Epist. 2, pag. 1502.

Epist. 3, pag. 1503.

Suite.

l'on vous donne les besoins de la vie, soit que vous les acquériez par votre travail, donnez ce qui vous restera aux pauvres, ne retenant auprès de vous, que ce qui vous est nécessaire.»> 34. «N'usez point de chemises de lin, mais Pag. 150%. de laine; et pour vos vêtements extérieurs, servez-vous de peaux. Ne vous livrez point à de grandes abstinences; et contentez-vous de jeûner tous les vendredis, ne prenant en ce jour qu'un seul repas, sans vin, à moins que ce ne soit un jour de fête. Si vous voulez en user de même les mercredis, c'est tout ce que vous pourrez faire. Depuis le mois de septembre jusqu'à Pâques, vous ne mangerez qu'une fois par jour; mais depuis Pâques jusqu'au 5 de ce mois, vous ferez deux repas; vous boirez du vin, mais mêlé d'eau. Jamais vous ne mangerez de chair qu'en cas de maladie. A l'égard de l'office divin, vous suivrez l'usage des clercs. En été vous ferez la méridienne suivant la coutume des moines. Dans vos prières vous vous souviendrez de vos bienfaiteurs et de tous les fidèles tant vivants que trépassés. A la psalmodie et à la prière, vous ferez succéder la lecture des livres saints, ayant grand soin des livres que l'on vous prêtera. »

Lettres de Jean de la

des

Portes. Ibid. p. 1506.

Bernard recommande ensuite à Raynaud la pratique des vertus d'humilité et de charité. Après quoi il lui conseille de se choisir dans le monastère un religieux sage et discret, auquel il puisse de temps en temps confesser ses péchés, et il l'engage, à cet effet, à les écrire sur une tablette de cire, ou bien de s'en accuser de mémoire.

35. Aux trois lettres de Bernard des Portes, Chartrense le père Chifflet en a ajouté cinq de Jean', et une d'Etienne de Chalmet, moines l'un et l'autre du même monastère vers le milieu du Epist. 1. XIIe siècle. La première des cinq est une instruction solide sur la fuite du siècle. Il est aisé d'y remarquer que l'auteur était rempli des sentiments de piété qu'il voulait inspirer à Etienne son frère. Dans la seconde qui est adressée à Latolde, le moine Jean, pour contenter ses désirs, lui propose plusieurs formules de prières, toutes en termes différents, tirées ou de l'Ecriture sainte, ou des oraisons usitées dans les offices divins. Il dit, que quand nous prions pour nous, nous devons demander trois choses: 1° le pardon de nos péchés, non-seulement de ceux dont nous

2.

1 Ces lettres sont reproduites au tome CLIII de la Patrologie latine, col. 899-930. (L'éditeur.) XIV.

nous reconnaissons coupables, mais aussi de nos péchés d'ignorance; 2o la connaissance et l'accomplissement de la volonté de Dieu; 3o notre salut éternel, c'est-à-dire la recherche de Dieu dans toutes nos actions avec un œil simple qui ne se ressente ni de la vanité, ni de l'hypocrisie. Jean rapporte des formules de prières au Père et au Fils : les unes, pour obtenir la connaissance de la vérité; les autres, le pardon des péchés; une pour les prélats et autres ministres de l'Eglise. La troisième lettre contient d'autres formules Epist. 3. que l'on peut adresser au Saint-Esprit, à la sainte Trinité, lorsque l'on rend grâces pour quelques bienfaits. Cette lettre est adressée à un nommé Hugues.

36. La suivante à Bérard a pour titre De Suite. la garde du cœur ; c'est le résultat d'un dis- Epist. 4. cours dans lequel Jean lui avait fait voir, et aux frères qui l'accompagnaient, que nous devons veiller continuellement sur nous-mêmes, et faire en sorte que notre esprit et notre corps soient toujours soumis à Dieu, et prêts à faire sa volonté. Dans la cinquième, 5. intitulée De la constance dans ce qu'on s'est proposé, il détourne Bernard son neveu de la pensée où il était de quitter l'ordre des Chartreux pour passer à un autre. Il lui représente que les raisons de santé et d'austérité ne doivent point rompre son engagement, parce que le salut éternel est préférable à la santé; il lui dit, à l'égard des austérités, qu'on n'est tenu qu'à celles qu'on peut observer.

Lettre d'Etienne de

1518.

37. La lettre d'Etienne de Chalmet est sur le même sujet. Il l'écrivit à des novices qui, Chalmet, pag. encore dans leur année de probation, dans l'abbaye de Saint-Sulpice, ordre de Citeaux, fondée au diocèse de Belley, par Amédée, comte de Savoie, en 1130, semblaient vouloir en sortir pour se faire chartreux. Etienne leur fait envisager cette inconstance comme une tentation du démon; et pour les engager à persévérer dans l'état qu'ils avaient choisi, il leur cite ces paroles de saint Paul aux Corinthiens Que chacun demeure dans l'état où I Cor. VII, 20. il était quand Dieu l'a appelé. Il leur représente qu'il n'est point dit: Celui qui aura commencé..., mais: Celui qui persévérera sera sauvé; et que la miséricorde de Dieu nous ayant prévenus, il est certain qu'il ne nous retirera pas le secours de sa grâce, si nous ne l'abandonnons pas les premiers.

Elle est reproduite au tome CLIII de la Patrologie latine, col. 931-934. (L'éditeur.)

26

Traité des quatre exercices de

cellule. Ibid., pag. 1469.

38. A la tête de toutes ces lettres, le père Chifflet a placé dans son Manuel des solitaires un traité qui a pour titre : Livre des quatre exercices de la cellule1, qu'il croit être de Guiges, [autrement Guigues II,] prieur général de la Chartreuse, qui ayant abdiqué le généralat en 1176, mourut en 1188. L'ouvrage est dédié à Bavon, prieur des Pauvres de Jésus-Christ, de Vitteham en Angleterre, c'est ainsi qu'on nommait les chartreux dans les commencements de leur institut, à cause de la pauvreté de leur nourriture et de leurs habits. Guiges y traite des moyens de sanctifier le séjour des chartreux dans leurs cellules. Pour se sanctifier, les chartreux éviteront de s'y occuper l'esprit des affaires du monde; ils méditeront les vérités de la religion, et s'appliqueront à la prière, et en certaines heures au travail des mains. Le premier et le quinzième chapitre regardent le chapitre général et annuel de la grande Chartreuse, et l'avantage qui en revient à tout l'ordre pour le maintien de la discipline. L'auteur cite aux douzième et trente-sixième chapitres les statuts de l'ordre rédigés par écrit, par Guiges, cinquième prieur de la grande Chartreuse, dont il a été parlé plus haut. Dans le trentième, il s'explique d'une manière orthodoxe sur la trinité des personnes en Dieu dans l'unité de substance; et sur

la procession du Saint-Esprit, du Père et du Fils. Fabricius n'est pas éloigné d'attribuer à Guiges l'Echelle du Paradis ou des Cloîtres, intitulée aussi de la Manière de prier, et de la Vie contemplative 2, imprimée parmi les cuvres de saint Augustin et saint Bernard 3.

Zacharie, évêque d'un

nu.

[39. Bernard Pez a publié au tome IV de son Thesaurus Anecdot., pag. 17, un sermon siège inconsur saint Georges. Il est attribué dans le manuscrit qui a servi à Pez à un évêque du nom de Zacharie, mais l'éditeur n'a pu découvrir ni quel siège cet évêque a occupé, ni en quel temps il a vécu. Il conjecture que ce pourrait être Zacharie, vingt-troisième du nom, évêque de Sabione, maintenant Brixen, qui florissait au xe siècle. Quel que soit l'auteur de ce discours, il le trouve grave, savant et digne d'être mis au jour 4. Les éditeurs de la Patrologie ayant placé cet auteur parmi les écrivains du XIIe siècle, au tome CLXXXVI, col. 619-629, nous avons cru devoir en parler ici. D'après Zacharie, Georges signifie cultivateur, et selon l'étymologie de son nom, il cultiva le champ de son esprit par la pratique des vertus, mais il porta encore les autres à l'imiter. Il souffrit sous Dioclétien. Zacharie décrit en peu de mots, d'après les actes de son martyre, les souffrances que saint Georges endura.]

Hervé,

CHAPITRE XXXVI.

Hervé, moine bénédictin [vers le milieu du XIIe siècle]; Godefroi, évêque de Chartres; Galfrède, moine de Tiron; Eggohart ou Eccard, abbé de Saint-Laurent d'Uragen; Eccard, chanoine régulier de Saint-Victor; Jarland ou Gerland, chanoine; Hugues de Ribomond; Odon, abbé de Saint-Remy, à Reims; Osbert de Stockeclare; Hugues de Mâcon, évêque d'Auxerre; Geoffroi de Loriole, archevêque de Bordeaux; Geoffroi de Breteuil; saint Oldegaire, archevêque de Tarragone; Hermann, abbé de Saint-Martin de Tournay; Anselme, évêque d'Havelburg; Henri de Saultéri, moine [vers l'an 1150]; Jean, moine de Saint-Laurent de Liége. [Tous écrivains latins du XIe siècle.]

1. Natif du Mans, Hervé en sortit de bonne béně dictin. heure pour aller embrasser la règle de saint Benoît, dans le monastère du bourg de Dol,

1 Ce livre est reproduit au tome CLIII de la Patrologie latine, col. 787-884. (L'éditeur.)

2 Fabricius, tom. III Bibliot. latin., pag. 369.
3 Au tome XL de la Patrologie latine, col. 997 et

au diocèse de Bourges. Pendant environ cinquante ans qu'il y demeura, il s'appliqua également à former ses mœurs dans la piété,

suiv., dans l'appendice aux œuvres de saint Augustin. (L'éditeur.)

Bern. Pez., Thesaur. Anecd., præf. ad tom. IV, pag. v.

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