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Ses études.

Ses ouvrages.

et à cultiver son esprit par l'étude des sciences utiles. Il apprit à connaître à fond la bonne théologie; lisant avec soin l'Ecriture sainte, et les ouvrages des principaux docteurs de l'Eglise latine, saint Augustin, saint Ambroise, saint Grégoire, et quelques autres savants interprètes catholiques.

2. Rien ne pouvait le détourner de son application à l'étude. Il y passait les jours et les nuits, et toujours dans la recherche de la vérité. D'un génie excellent et d'une mémoire heureuse et tenace, il remplit son cœur de tout ce qui lui paraissait le plus intéressant, choisissant à la manière des colombes les grains les plus mûrs et les meilleurs : ce sont les termes de la lettre circulaire que ses confrères du bourg de Dol écrivirent après sa mort. Ils ajoutent qu'il vécut dans une rigoureuse abstinence, et dans une grande pureté; qu'il était sage dans ses conseils, humble dans ses sentiments, parlant peu, éloigné de toute vanité, d'une doctrine orthodoxe, de mœurs très-pures; que pendant le saint temps de carême, il affligeait son corps par de fréquentes macérations; qu'il offrait chaque jour le sacrifice du corps et du sang de JésusChrist; que le jour de Pâques qui précéda sa mort, il chanta la messe conventuelle, et fit dans le chapitre un discours à la communauté; qu'étant tombé malade le lendemain, après avoir encore chanté la messe comme tournaire, il reçut le mercredi l'extrêmeonction, ensuite les saints mystères du corps et du sang de Jésus-Christ, et mourut le dimanche dans l'octave. On ne sait en quelle année. Mais l'opinion commune est qu'il florissait vers le milieu du XIIe siècle.

3. Cette lettre circulaire qui a été donnée d'abord au public dans le tome II du Spicilege de d'Achéry, ensuite par Oudin, puis par dom Bernard Pez 1, [et dans le tome CLXXXI de la Patrologie latine, dans la première notice qui se lit au commencement du volume] contient le catalogue des ouvrages d'Hervé, dont la plupart se trouvent encore dans les biblio

1 Tom. II Spicileg., pag. 514; Oudin, tom. II, pag. 1114; Pez., præfat. ad tom. III Anecdot., pag. 4.

2 Voici ce que disent les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, tom. XII, pag. 345: « On remarque dans ce commentaire une grande lecture des pères dont l'auteur a, pour ainsi dire, exprimé le suc dans ses explications. Il parle de la grâce en vrai disciple de saint Augustin, et de l'Eglise comme un homme fort attaché à son unité. Souvent son zèle éclate en plaintes contre les pasteurs de son temps, qu'il peint dans des couleurs qui ne relèvent ni leur

Ecrits sur l'Ancien Tes

thèques, mais manuscrits. Le premier dans ce catalogue, est une explication du livre de saint Denis, intitulé: De la Hiérarchie des anges. Hervé expliqua ensuite tout le livre tament. d'lsaïe, les Lamentations de Jérémie, et la dernière partie d'Ezéchiel, commençant où saint Grégoire-le-Grand avait fini. Son commentaire sur Isaïe, adressé à Jean, abbé de Dol, est divisé en huit livres 2. Suivirent ses commentaires sur le Deuteronome, l'Ecclésiaste de Salomon, les livres des Juges, de Ruth et de Tobie. Le but d'Hervé est de montrer qu'on ne doit point dans ces livres se contenter du sens littéral, mais qu'il faut découvrir sous l'écorce de la lettre les mystères de Jésus-Christ et de l'Eglise. [Le commentaire sur Isaïe est au tome CLXXXI de la Patrologie latine, col. 17-392. Il est précédé de deux notices, l'une tirée de Bernard Pez, l'autre des auteurs de l'Histoire littéraire de la France.]

Commen. taires sur les

Epitres de Genèse et les

saint Paul, la

Prophètes.

Præfat, in opera Ansel

4. Il commenta aussi les Epitres de saint Paul. Ses commentaires ont été imprimés pour la première fois à Cologne, avec la préface d'Hittorpius en 1533, parmi les écrits de saint Anselme, et plusieurs fois depuis. Dom Gerberon les a supprimés dans son édition des œuvres de cet archevêque, espérant donner quelque jour au public tous les ouvrages d'Hervé; ce qu'il n'a pas fait. D'après l'auteur de la lettre circulaire, les commentaires mi. d'Hervé sur saint Paul furent si estimés de son temps, que l'on convenait entre les savants, qu'on n'avait rien de plus exact sur cette matière; on trouvait aussi admirables ses explications du livre des douze Prophètes, et de celui de la Genèse. [Les commentaires sur saint Paul suivent les commentaires sur Isaïe dans la Patrologie, volume indiqué. Ils sont reproduits d'après l'édition des œuvres de saint Anselme, Cologne 1573.] 5. Il fit des commentaires sur les Evan, Surles Evangiles, donna des explications des cantiques que l'on lit dans les offices de l'Eglise, et remarqua plusieurs variétés qui se trouvaient

savoir ni leur vertu. A l'occasion des derniers temps, il dit qu'Elie viendra pour réformer les abus qu'on voit se multiplier chaque jour parmi les chrétiens; que comme l'Eglise a eu les apôtres dans sa naissance, elle aura vers sa fin Elie, Enoch et d'autres excellents docteurs qui ne seront point inférieurs aux hommes apostoliques. Hervé regarde comme un point de foi que la persécution de l'antechrist ne durera que trois ans et demi; mais il ne pense pas que sa mort doive être immédiatement suivie du jugement. (L'éditeur.)

giles.

Livre des miracles de la

entre les leçons de l'Ecriture, telles qu'on les lisait en quelques églises, et le texte de la Bible. Par exemple dans une leçon du carême tirée du livre d'Esther, on lit : « Esther pria le Seigneur, en lui disant Dieu, roi tout-puissant, toutes choses sont en votre puissance; » au lieu que le texte de la Bible atttribue cette prière à Mardochée. [Les explications sur les Evangiles sont parmi les œuvres de saint Anselme, tome CLVIII.]

6. Il y avait dans l'église du monastère de sainte Vierge. Dol une image miraculeuse de la sainte Vierge. Aussitôt qu'il se faisait quelque miracle, Hervé le mettait par écrit en la manière qu'il l'apprenait de celui sur qui le miracle avait été fait, ou du sacristain du monastère. Son recueil faisait un livre assez gros 1.

Godefroi évêque de Chartres.

7. Après la mort d'Yves de Chartres, arrivée en 1115, on élut pour son successeur Godefroi, issu de la noble famille des seigneurs de Lèves, et chanoine de l'Eglise de Chartres. Thibaud, comte de cette ville, s'opposa à cette élection 2; mais il y consentit quelque temps après sur les remontrances de Robert d'Arbrisselle. Ce ne fut pas le seul service que Robert rendit à l'Eglise de Chartres; il en bannit la simonie qui l'infectait depuis longtemps, et Godefroi fit apparemment de son avis, et du consentement des chanoines, un décret portant qu'aucun d'eux ne donnerait ni ne recevrait rien pour les places d'honneur, ni pour les prébendes. Le pape Calixte II confirma ce décret par une bulle adressée à l'évêque Godefroi, datée de Reims l'an 1119. Godefroi assista en 1128 au concile de Troyes, où l'on donna une règle aux chevaliers du Temple, avec l'habit blanc. L'an 1130, il accompagna le pape Innocent II dans son voyage d'Orléans à Chartres, et fit, en sa présence, un discours dans l'église de Maurigny, à la consécration de l'autel de saint Laurent. On croit que ce fut vers ce temps-là que le pape lui donna la légation sur les provinces de Bourges, de Bordeaux, de Tours et de Dol, dont il s'acquitta avec beaucoup d'honneur et d'intégrité, et à ses frais. C'est le témoignage que lui rendit saint Bernard, au chapitre cinquième du quatrième

1 A la suite des œuvres d'Hervé, col. 1692-1704, les éditeurs de la Patrologie reproduisent l'opuscule sur la Contemplation, par Hildebrand le Jeune qui écrivit aussi des commentaires sur saint Matthieu. Martène l'avait publié dans le tome IX de son Amplissima Collectio. Cet écrit respire la piété et le plus

livre de la Considération. Godefroi mourut le 24 janvier 1148.

8. Le recueil des lettres de Godefroi, abbé ses lettres. de Vendôme 3, en contient plusieurs de cet abbé à Godefroi, évêque de Chartres, qui supposent visiblement entre eux un commerce de lettres. Il n'en reste toutefois aucune de cet évêque à l'abbé de Vendôme; mais il y en a une à Hubert, successeur de Godefroi, au sujet de la profession de foi que les évêques de Chartres voulaient exiger des abbés de ce monastère, lorsqu'ils les bénissaient, comme ils l'exigeaient des autres abbés du diocèse. L'abbé Godefroi refusa de la donner; Fromond, son successeur immédiat, en usa de même. Ils se fondaient sur un indult d'Urbain II et de Pascal II, qui défend aux abbés de Vendôme de faire cette profession devant l'évêque de Chartres lors de leur bénédiction, et leur permet, en cas de refus de la part de l'évêque de cette ville, de se faire bénir par quel autre évêque ils voudront. Godefroi, . ayant vu ces bulles, bénit non-seulement ces trois abbés successivement, mais il confirma encore les priviléges du monastère de Vendôme, et tout ce qu'il possédait, soit en dimes, soit en terres, avec pouvoir aux moines de s'adresser à tout autre évêque que lui pour l'ordination. Il y a deux lettres de Godefroi dans les troisième et treizième tomes du Spicilége dans l'une, il recommande à Henri, archevêque de Sens, Archambaud, sous-doyen de l'Eglise d'Orléans, maltraité par l'archidiacre Jean: dans l'autre, il permet aux chanoines de Chartres de se choisir un doyen.

Galfre te, morne de T

roa, écrit la

Vie de Ber teur de ce m

9. Ce fut à Godefroi de Chartres que Galfrède le Gros, moine de Tiron, dédia la Vie de saint Bernard, fondateur de ce monastère. nard, fondaBernard était abbé de Saint-Cyprien de Poi-stère. tiers dès l'an 1100; mais ayant fait élire un autre abbé à sa place, il se retira avec quelques disciples en un lieu écarté dans le bois nommé Tiron, du ruisseau qui l'arrose, et y bâtit un monastère avec l'agrément d'Yves de Chartres, évêque diocésain, dont il reçut la bénédiction. Le monastère de Tiron s'accrut en peu de temps par les libéralités du comte Rotrou, et devint chef d'une con

tendre amour de Dieu. (L'éditeur.) — 2 Gall. Christ., tom. VIII, pag. 1134.

3 Lib. II Epist. Godefridi Vindocinensis, in notis ad Epist. 27, edit. Sirmundi, et tom. XXI Bibl. Patr., pag. 101. [Patrol. lat., tom. CLVII, col. 94.]

Eccard, abbé de Saint

grégation nombreuse. Galfrède ou Geoffroi le Gros, auteur de la Vie de Bernard, dit que, lorsqu'il l'écrivait, il y avait déjà cent maisons de cette congrégation, tant en France qu'en Angleterre et en Ecosse 1. La réputation que Bernard s'était acquise par ses vertus fit souhaiter à Louis-le-Gros, roi de France, à Guillaume, duc d'Aquitaine, à Foulques, comte d'Anjou, à David, roi d'Ecosse, et à plusieurs princes de le voir. Il mourut le 25 avril 1116; sa Vie fut écrite par Geoffroi l'un de ses disciples, sur ce qu'il avait vu lui-même, ou appris de personnes dignes de foi. Jean-Baptiste Souchette la fit imprimer à Paris en 1649, in-4o, avec le catalogue des abbés de Tiron. On la trouve encore au second tome d'avril de la collection des Bollandistes; [elle a passé de là au tome CLXXII de la Patrologie latine, col. 13611466, où elle est précédée d'une notice historique tirée de l'Histoire littéraire de la France, tome XII, page 163.]

10. Eggohard ou Eccard, premier abbé de Laurent d'U-Saint-Laurent d'Uragen, dans le diocèse de

ragen. [ Ses écrits.]

Wirtzbourg, écrivit en prose et en vers un ouvrage divisé en cinq livres, sous le titre de Lanterne des moines; il le fit à l'imitation des livres de Boëce intitulés de la Consolation de la philosophie. Trithème 2 donne aussi plusieurs sermons et plusieurs lettres. On met la mort d'Eccard en 1130: ainsi il aurait été vingt-un ans abbé, puisque le monastère de Saint-Laurent d'Uragen fut fondé en 1109 3, par Otton de Bamberg. Dom Mabillon le croit aussi auteur d'une Chronique des évêques d'Hildesheim, adressée à Egbert, abbé de Corbie en Saxe 5; elle commence au règne de Charlemagne, et va jusqu'en 1180. Christophe Broverus la fit imprimer à Mayence, en l'an 1616, in-4°, avec la Vie de Godehard, évêque d'Hildesheim. Cette Chronique se trouve aussi dans le premier tome des Ecrivains de Brunswick; mais il faut, ou que l'on ait ajouté à la Chronique d'Eccard, abbé d'Uragen dès l'an 1109, ou qu'il y ait eu deux

1 L'histoire de la Vie du B. Bernard, disent les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, est une des mieux écrites et des plus avérées du XIIe siècle. L'auteur y fait profession de ne rien avancer que ce qu'il a vu lui-même ou qu'il tient de témoins non suspects. (L'éditeur.)

2 Trithem., de Scriptor. Eccles., cap. CCCLXXVIII, et de Illustr. Bened., tom. XI, pag. 107.

3 Mabillon., Annal., lib. LXXI, num. 91.

Idem, ibid., lib. LXXII, num. 10.

abbés de ce nom, comme le croit Fabricius 7, puisqu'il n'est pas possible que le même ait été abbé depuis l'an 1109 jusqu'en 1280, où finit cette Chronique. [Pertz a publié un autre écrit d'Eccard d'une plus grande importance: c'est la Chronique universelle. Waitz, à qui l'on doit cette édition, fait connaître, dans un avertissement, la vie de l'auteur, ses ouvrages et les manuscrits qui les contiennent. On a peu de renseignements sur Eccard. On sait qu'il entreprit le pèlerinage de la TerreSainte en 1101, qu'il en revint en 1102, en passant par l'Italie. Avant ce voyage et dès l'an 1099, il était occupé à écrire sa Chronique, et Waitz conjecture qu'il demeurait alors à Bamberg. Il vécut aussi à Corbie pendant quelque temps, c'est-à-dire de l'an 1091 à 1107. Après avoir été moine à Bamberg, il reçut d'Otton, moine de Bamberg, la charge. d'abbé de Saint-Laurent d'Uragen, vers l'an 1117. On ignore combien il vécut encore de temps; il continua sa Chronique jusqu'en 1125, et d'après Trithème, il aurait écrit, en 1129, une lettre à Volmar d'Hirsauge; il y avait alors trente ans qu'il s'occupait d'histoire, et il semble par conséquent, être parvenu à un âge avancé. Sa mort arriva un 23 janvier; on ne sait quelle année. Nous n'avons qu'une seule lettre d'Eccard; elle est adressée à Erkembert, abbé de Corbie, à qui il dédia sa Chronique. Elle en forme le prologue. Il ne nous reste rien de ses sermons ni de ses homélies.

Dans les dernières années du XIe siècle, Eccard essaya d'écrire une histoire universelle depuis la création du monde jusqu'à son époque, en recueillant tout ce que la Bible et les livres profanes lui offraient de ressources. Cet ouvrage tient le premier rang entre les histoires universelles composées dans les xie et XIIe siècles. Il occupa Eccard depuis l'an 1099. On y voit les premiers rudiments de la critique; l'auteur ne s'y contente pas d'examiner les différents témoignages des historiens, il assigne quelque

5 La Chronique en question n'est pas reproduite dans la Patrologie. Celle qu'on trouve au tome CXLI, col. 1253-1282, d'après Pertz, Monum. Germ. Hist., tom. VII, ne contient pas celle que Eccard aurait adressée à Egbert. Pertz, ne la trouvant d'aucune importance, a cru devoir l'omettre. (L'édit.)

6 Pag. 772, 774.

7 Fabricius, Bibliot. Lat., tom. II, pag. 239.

8 Monum. Germ. hist., tom. VIII.

fois leurs contradictions au défaut de livres. Il composa lui-même l'histoire de la fin du XIe siècle : ce qu'il fait brièvement et simplement, mais avec assez d'exactitude, en ayant recours aux lettres et à d'autres documents. Cette partie nous offre une grande impartialité, un sens droit et juste, l'amour de la patrie et un grand respect à l'égard du pape et de l'empereur. Voilà ce qu'offrait le premier travail d'Eccard, tel qu'on le trouve dans un manuscrit de Saint-Michel de Bamberg et maintenant de Carslruhe. Mais dans le manuscrit autographe conservé à léna, l'auteur a détruit tout ce qu'il avait écrit sur les années 1198 et 1099, et a composé une histoire plus étendue qu'il a continuée jusqu'en 1106. Dans cette partie, il se montre plus favorable à l'Eglise, prend le parti des enfants d'Henri et loue surtout Henri V. Il changea dans le même sens ou détruisit entièrement plusieurs passages du premier livre; il en corrigea aussi çà et là les erreurs. Eccard continua encore avec plus d'étendue son histoire des années 1106 et 1107, sous le règne de Henri V, dont il devint l'ami. C'est dans le temps où Henri allait se marier avec la fille du roi d'Angleterre que, par ordre de ce prince, il composa une Histoire ou une Chronique depuis Charlemagne jusqu'à cette époque. Eccard fit en outre deux autres révisions de sa Chronique, et dans une troisième, il la changea à partir de l'an 1106 et la poussa jusqu'à l'an 1125. Ces continuations sont d'une plus grande autorité que le reste de l'ouvrage, parce que l'auteur y raconte assez au long ce qu'il avait vu lui-même ou ce qu'il avait appris de ses contemporains, sans négliger les historiens.

Eccard eut toujours une vénération profonde pour le Pontife romain; dans le commencement, il crut devoir excuser l'empereur Henri IV et il pencha pour le sentiment qui voulait qu'on obéit au pape et à l'empereur malgré leurs dissentiments. Quelques années après son voyage en Terre sainte et à Rome, il fut tout entier pour l'Eglise. On le voit se réjouir de la paix que semblait annoncer le règne d'Henri V; il blâme fortement ce même prince dans ses tentatives d'un nouveau schisme; il est de nouveau plein de joie en croyant la paix consolidée, et il regrette fort peu Henri qui n'avait pas tenu ses promesses. Ainsi Eccard changea, il est vrai, de sentiment sur les hommes et les choses, sans

pourtant flatter et sans perdre l'équité et la justesse dans ses jugements, en écrivant l'histoire depuis l'an 1106, au milieu d'une époque agitée par tant de troubles.

Waitz avait attribué d'abord à Eccard la Chronique de Wircebourg, mais plus tard il avertit qu'il s'est trompé; ce serait seulement une des sources qui auraient servi à Eccard. Elle précède, dans son édition, la Chronique universelle. Cette dernière Chronique est divisée en deux parties. La première comprend un abrégé de la Chronique d'Eusèbe; un extrait de la Vie d'Alexandre; un extrait sur l'origine des Francs que l'auteur fait descendre des Troyens; l'histoire des Goths; celle des Amazones; l'origine des Huns; l'histoire des Lombards; la description des actes de Charlemagne; l'origine des Saxons. La deuxième partie va de l'an 1106 à l'an 1125. On a encore d'Eccard un opuscule intitulé Jérusalem. L'auteur y traite de l'oppression et de la délivrance de Jérusalem. L'ouvrage a été donné au public par Martène. Waitz n'en a publié que les préfaces et la fin, en indiquant la forme et l'ordre du livre.

L'édition des écrits d'Eccard, publiée par Waitz, est reproduite en entier au tome CLIV de la Patrologie latine, col. 433-1062.]

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Jarland on Gerland. Ses écrits, tom. I Anecd. Mar

12. Un autre chanoine régulier de l'église de Saint-Paul à Besançon, et professeur en théologie, composa, vers le même temps, un ten., pag. 372, traité théologique et moral, divisé en vingtsix articles, intitulé: Chandelle évangélique, parce qu'il prétendait y dissiper toutes les ténèbres de l'esprit, et l'éclaircir des vérités de la religion. Gerland, c'était le nom de ce théologien, avait puisé ses connaissances. dans les Livres saints, dans les décrets des papes, et dans les écrits des pères, surtout de saint Ambroise, de saint Jérôme, de saint Augustin et de saint Grégoire. Nous n'avons Pag. 372. que le prologue de cet ouvrage dans le premier tome des Anecdotes de dom Martène. Le tout se trouve parmi les manuscrits de l'abbaye de Saint-Victor.

13. On a dans le même tome des Anecdotes

Hugues de Ribomond.

Ibid., pag. 481.

Lettres ton

chant la mê

de dom Martène une lettre de Hugues de Ribomond sur la Nature de l'âme 1. Il rejette comme une erreur le sentiment de ceux qui enseignent que l'âme est ou une partie de la Divinité, ou qu'elle est un corps, ou qu'elle a été jetée dans le corps en punition des fautes commises antérieurement. Il convient que l'Ecriture ne définit rien sur l'origine de l'âme; mais il paraît persuadé qu'elle ne vient point d'Adam, comme son corps, par voie de génération, et qu'elle est créée de Dieu à la formation de chaque corps. Il ajoute que son union avec le corps se fait par des liens invisibles, et qu'unie à une chair qui a en elle le foyer du péché, elle pèche librement quand elle consent aux mouvements déréglés de cette chair.

14. Cette lettre est suivie de deux autres, thode et l'or- dont la seconde est à un nommé Hugues, soit Ecriture celui de qui on vient de parler, soit quel

dre de lire

sainte.

Ibid., pag.

486.

Ibid.. pag. 486, 487.

qu'autre. Elles sont l'une et l'autre sur la lecture de l'Ecriture sainte. L'auteur de la première conseille de s'attacher d'abord à l'intelligence de la lettre de l'Ecriture, avant de rechercher d'autres sens, comme le spirituel ou le moral. Pour faciliter la connaissance du sens littéral, il renvoie aux canons d'Ammonius d'Alexandrie et d'Eusèbe de Césarée, où l'on voit d'un coup d'œil ce que les quatre évangélistes ont dit sur un même fait, en quoi ils sont semblables, en quoi ils sont différents. Il remarque que Julien l'Apostat, faute d'avoir recouru à cette façon de concordance, avait accusé les évangélistes d'être tombés dans des contradictions, quoiqu'ils s'accordassent parfaitement. L'auteur rapporte divers exemples objectés par cet empereur, et en donne la solution. Julien objectait que Joseph était appelé fils de Jacob par saint Matthieu, et fils d'Héli par saint Luc. L'auteur répond que Joseph ayant été fils de Jacob selon la nature, et fils d'Héli selon la Loi, parce que Jacob avait épousé la veuve d'Héli, son frère de mère, mort sans enfants, saint Matthieu et saint Luc l'ont pu appeler, l'un, fils de Jacob, l'autre, fils d'Héli.

15. Il est dit dans la seconde lettre que dans les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, il y a trois sens : l'historique ou littéral, l'allégorique, et le moral; qu'on doit commencer la lecture de la Bible par les livres de la Loi, c'est-à-dire du Pen

1 Elle est reproduite au tome CLXVI de la Patrologie latine, col. 833-836. Elle y est précédée d'une notice tirée de l'Histoire littéraire de la France, tom.

tateuque, puis de Josué, des Juges, des Rois, des Paralipomènes, et avoir à côté les écrits de Josèphe et d'Hégésippe; et pour faciliter l'intelligence des termes, avoir aussi les Etymologies de saint Isidore; l'Explication des noms hébreux par saint Jérôme; le livre des Dérivaisons et le Glossaire. L'auteur croit encore nécessaire, ou du moins très-utile, le livre de saint Augustin intitulé des Questions de l'Ancien Testament. Avec tous ces secours, il croit qu'on peut avec confiance entreprendre la lecture des prophéties, en distinguant soigneusement dans le texte les choses déjà accomplies selon la lettre, d'avec celles qui sont à venir selon la lettre. Il veut, après la lecture des prophètes, qu'on passe à celle des livres d'Esther, d'Esdras, des Machabées, de Judith, de Tobie, des Proverbes, de la Sagesse, de l'Ecclésiastique, de l'Ecclésiaste, du Psautier, de Job et du Cantique des Cantiques, dans lesquels le seul sens littéral qui puisse être utile, est celui qui regarde JésusChrist et son Eglise. Pour bien entendre les livres du Nouveau Testament, on doit recourir à la description que saint Jérôme a faite des lieux de la Palestine, et à la Concorde des évangiles. La lecture de la Bible achevée, il propose, pour l'intelligence des mystères que l'on célèbre dans l'Eglise pendant l'année, les livres de maître Hugues Ribomond; la Chandelle évangélique de Gerland, dont nous avons parlé plus haut; un livre de maître Simon, intitulé: Quare, et les livres de la Doctrine chrétienne, par saint Augustin. Il détourne de la lecture des livres apocryphes de l'Ecriture, comme étant plus dangereux qu'utiles.

Odon, abbé de St-Remy,

16. Vers l'an 1135, Odon, abbé de SaintRemy à Reims, se trouvant à Rome le ven- Reims. dredi d'après le dimanche de l'Ascension, fut présent à la réception que le pape Innocent II fit aux légats de l'empereur de Constantinople2, et fut témoin du récit que fit un archevêque des Indes du miracle qui se faisait annuellement dans son église, huit jours avant et huit jours après la fête de saint Thomas. Le corps de cet apôtre reposait dans cette église, et quoiqu'environnée d'un fleuve trèsprofond, pendant les quinze ou seize premiers jours on y entrait à pied sec, l'eau prenant son cours ailleurs. Le jour de la solennité l'archevêque, tous les grands et tout XII, pag. 113. (L'éditeur.) 2 Mabillon., Analect., pag. 464, edit. in-fo!.

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