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Osbert de

Stockeclare.

sieurs Vies de saints.

le clergé de la province s'y assemblaient avec le peuple; l'archevêque s'approchait du tombeau du saint apôtre, priait avec ferveur et avec larmes, tirait ensuite le corps du tombeau, le posait décemment sur la chaire pontificale, et après s'être mis à genoux, offrait au saint apôtre son présent; le saint, étendant son bras et ouvrant sa main, le recevait, et en usait de même à l'égard des offrandes de tous les fidèles; mais il rebutait celles des hérétiques, s'il s'en trouvait dans l'assemblée. On rapporta au pape cette histoire miraculeuse; mais le Pontife, la regardant comme une fable, appela l'archevêque indien, et lui défendit sous peine d'anathème, de rien raconter de semblable dans le palais. L'archevêque protesta devant tout le monde que rien n'était plus vrai que ce miracle. Le pape l'admit à l'attester par serment sur l'Evangile; l'archevêque le fit; alors le pape et toute sa cour ajoutèrent foi au récit du prélat. L'abbé Odon, à son retour de Rome, écrivit tout ce qui s'y était passé sur ce sujet, au comte Thomas, qu'il savait être curieux de ces sortes d'événements. Sa lettre se trouve parmi les Analectes de dom Mabillon, [et dans le tome CLXXIII de la Patrologie latine, col. 1331, avec une charte de la fondation de la Chartreuse du Mont-Dieu, d'après Mabillon. On a aussi une lettre d'Odon à Wilbald, abbé de Stavelo; c'est la cent dixième; on la trouve au tome CLXXXIX, col. 1202. Odon apprend à Wilbald la mort d'un moine de Stavelo.]

17. Entre les écrivains de la Vie de saint Il écrit pla Edouard III, roi d'Angleterre, dont l'Eglise fait la fête le 5 janvier, un des plus célèbres est Osbert de Stockeclare, dans le comté de Suffolk, moine de l'Ordre de Saint-Benoit, et prieur de Saint-Pierre de Londres. Il l'écrivit vers l'an 1136, après avoir été délivré d'une fièvre quarte par l'intercession de ce saint1. On ne l'avait pas encore canonisé. Osbert écrivit à Henri, évêque de Winchester, légat du Saint-Siége, pour l'engager à travailler à cette canonisation, et au pape Innocent II; mais la bulle n'en fut expédiée que par le pape Alexandre III, en 1161. Osbert est aussi l'auteur de l'Histoire de la vie et du martyre de saint Ethelrède, roi des Anglais orientaux; de celle de saint Edburge, vierge, et d'un re

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cueil des miracles du martyr saint Edmond. On conserve dans les bibliothèques d'Angleterre deux volumes de lettres d'Osbert, où se trouvent celles dont nous venons de parler, à Henri, évêque de Winchester, et au pape Innocent II, et une autre à Adelide, abbesse du monastère de Berkingen, où il traite de la chasteté.

re.

18. Hugues de Mâcon, recommandable parod sa noblesse, sa probité et ses richesses, mais que d'Auxerplus encore par son union avec saint Bernard, mérita, par ses vertus, d'être le premier abbé de Pontigny, qu'il avait lui-même fait bâtir. En recevant la bénédiction abbatiale de Humbald d'Auxerre, évêque diocésain, il lui promit soumission, révérence et obéissance, selon les statuts des pères et la règle de saint Benoît, de même qu'à ses successeurs élus canoniquement, sauf les droits et les priviléges de son ordre; et cette formule de profession fut suivie dans la suite. par tous les abbés de Citeaux 3. Hugues gouverna le monastère de Pontigny jusqu'à l'an 1136, qu'il fut élu évêque d'Auxerre. Il mourut en 1151, après 15 ans d'épiscopat. En 1148 il assista au concile tenu à Reims contre Gilbert de la Porée. Il est fait mention dans la Bibliothèque de Citeaux, d'un opuscule de Hugues, qui avait pour titre : Du soin que l'on doit avoir de conserver les priviléges de l'Eglise 4. Il nous reste de lui une lettre à l'abbé Suger, à qui il demande sa protection pour l'abbé et l'abbaye de Trois-Fontaines 5; cette lettre lui est commune avec saint Bernard. Etant abbé de Pontigny, Hugues reçut dans sa nauté un moine nommé Drogon, qui était d'un autre monastère situé dans le diocèse de Reims. L'archevêque et l'abbé pressèrent saint Bernard de le redemander à l'abbé Hugues, qui le refusa. Il écrivit à saint Bernard Epist. 31. pour se justifier là-dessus : cette lettre est perdue; mais nous avons la réponse de ce saint. Nous avons aussi des lettres d'Innocent II et d'Eugène III à l'abbé Hugues. Dom Martène a rapporté dans le premier tome de Pag ses Anecdotes un acte de Hugues, alors évêque d'Auxerre, qui est une déclaration des biens que Hugues de Tilly, quelque temps avant sa mort, avait déclaré en sa présence, et de beaucoup d'autres témoins, lui appartenir. [Cette charte est reproduite au tome

commu

5 Elle est reproduite parmi les lettres de Suger; c'est la 90 dans le tome CLXXXVI de la Patrologie latine. (L'éditeur.)

Geoffrol de Loriole, archevêque Bordeaux.

CLXXXI de la Patrologie latine, col. 1743; elle est précédée d'une notice sur Hugues de Mâcon. On y indique encore une autre lettre de Hugues à Suger; elle se trouve parmi les lettres de cet abbé dans le tome CLXXXVI. C'est la cent vingt-unième; elle est pour recommander à Suger la veuve et les enfants du médecin Robert, que Suger avait honoré de son estime et de sa protection. On pourrait encore ajouter la lettre écrite en son nom et au nom de saint Bernard, au pape Honorius II, pour lui faire des plaintes de la précipitation avec laquelle il avait levé l'interdit jeté par Etienne de Senlis, évêque de Paris, sur les terres de Louis-le-Gros. Il est auteur des statuts de l'abbaye de Saint-Loup de Troyes, et il a eu part aux constitutions des religieuses d'Hières. Charles de Visch, dans sa Bibliothèque de Citeaux, nomme un traité de la façon de Hugues, intitulé: De conservandis Ecclesiæ privilegiis. Cet ouvrage n'a point encore vu le jour, et nous ignorons en quel dépôt il existe. Le même bibliographe incline, avec assez de vraisemblance, à lui attribuer le Petit Exorde de Citeaux 1.]

19. Le crédit que Geoffroi de Loriole, ainsi nommé du lieu de sa naissance, au diocèse de Tours, près du Poitou, s'était acquis par sa vertu et son savoir, fut un des motifs qui engagèrent saint Bernard à lui écrire pour l'engager à travailler à la destruction du schisme de l'antipape Léon 2 : « Vous avez, lui dit-il, une grande autorité dans le monde et dans l'Eglise : vous avez de la science, de la fermeté, le don de la parole, une éloquence forte, persuasive et insinuante; avec de si beaux talents, abandonnerez-vous dans un besoin pressant l'Eglise de Jésus-Christ, si vous êtes l'ami de l'Epoux? Je sais bien qu'étant un enfant de paix, vous ne vous laisserez jamais aller à rompre l'unité; mais ce n'est pas assez, vous devez la défendre, et combattre de toutes vos forces ceux qui la veulent détruire. » Saint Bernard ne donne pas à Geoffroi le titre d'archevêque : ainsi sa lettre fut écrite avant l'an 1136, qui fut le premier de l'épiscopat de Geoffroi, comme ayant succédé dans le siége archiepiscopal de Bordeaux à Gérard d'Angoulême, mort la même année. Il assista en 1148 au concile de Reims, où il parut prendre le parti de Gilbert de la

1 Voyez l'Histoire littéraire de la France, tom. XII, pag. 409. (L'éditeur.)

2 Gall. Christ., tom. II, pag. 811 et seq. Bernard., Epist. 125.

Porrée; mais il ne laissa pas l'année suivante 1149 de lui faire perdre un procès qu'il avait avec l'abbé et les moines de Saint-Cyprien. Il fut aussi du nombre des évêques assemblés à Beaugency l'an 1152, qui, à la requête du roi Louis VII, dit le Jeune, ordonnèrent la dissolution de son mariage avec la reine Eléonore. Geoffroi mourut le 18 juillet 1158, et fut enterré dans la chapelle de la SainteVierge en l'église métropolitaine. Il paraît par un acte de cette église, qu'en 1145 les chanoines de la cathédrale, de séculiers devinrent réguliers; et qu'avant ce changement, ils ne laissaient pas de manger dans un réfectoire commun.

3

Ses lettres.

20. Dans le recueil des lettres de l'abbé Suger 4, il y en a cinq de Geoffroi, archevêque de Bordeaux, à ce ministre d'Etat; mais elles regardent les affaires temporelles de son diocèse et de la Gascogne. On voit par la troisième, que le pape l'avait chargé d'une commission qui intéressait l'archevêque de Bourges, et d'une autre pour l'abbaye de Fontevrault. Il nous apprend dans la quatrième, qu'il s'était assemblé avec ses suffragants, les grands du pays et l'envoyé du roi, à Saint-Jean d'Angély, le second dimanche d'après Pâques, pour consolider la paix et maintenir l'honneur du royaume. Dans la cinquième, il témoigne son chagrin de n'avoir pu se trouver à l'assemblée indiquée à Chartres par l'abbé Suger, ses infirmités l'ayant empêché de continuer son chemin. Geoffroi composa plusieurs sermons très-élégants sur les dimanches et les fêtes de l'année, que l'on voit encore manuscrits en diverses 5 bibliothèques de France. On lui attribue aussi un commentaire sur les cinquante premiers psaumes de David; d'autres le donnent à Godefroi, abbé de Vendôme; et quelquesuns à Geoffroi, quatrième abbé de Clairvaux. 21. Il y eut vers le même temps un autre écrivain de même nom, chanoine régulier de Breteuil. Ses Sainte-Barbe dans la Neustrie, dont il reste un grand nombre de lettres rapportées au premier tome des Anecdotes de D. Martène 6, [et de là au tome CCV de la Patrologie, col. 827-888.] La plupart sont adressées à l'abbé et aux moines de Beaugency, ordre de Cîteaux, dans le diocèse de Tours. Geoffroi, élevé depuis peu à la dignité d'abbé, se plai

3 Gall. Christ., pag. 815, tom. II.

* Duchesne, tom. IV, pag. 500, 506, 521, 536, 542. Oudin., tom. II Script. Eccles., pag. 1193, 1194.

6 Tom. I Anecdot. Marten., pag. 494.

Geoffrol de

Lettres.

Epist. 1.

gnait de ce que pour en faire les fonctions, il se trouvait obligé de quitter la méditation des choses spirituelles, pour s'occuper des temporelles; de s'accommoder aux mœurs différentes de ses frères, et d'enseigner ceux qui en saEpist. 2. vaient plus que lui. L'abbé de Beaugency lui répondit qu'il pouvait, en se déchargeant sur des officiers subalternes du soin des affaires temporelles, continuer à jouir du plaisir que lui causaient l'étude des sciences et la pratique des exercices spirituels, et maintenir en même temps la régularité de la disci7. pline dans son monastère. Dans une autre lettre au même abbé, Geoffroi le prie de faire mémoire pendant le sacrifice de la messe, lui et sa communauté, du cellérier de son 18. monastère, mort depuis peu. Il croyait une bibliothèque aussi nécessaire au monastère, qu'un arsenal à une forteresse, et voulait que tout âge, tout sexe et toute condition pussent y trouver des instructions pour le salut éter21. nel, surtout dans les Livres saints. Geoffroi fut chargé lui-même par l'abbé de Beaugency d'en acheter une qui était à vendre, et qu'on lui avait dit être fort bonne.

41, 43, 49.

Saint Oldegaire, arche

ragone.

Bolland, ad diem 6 Mart, pag. 482.

22. Geoffroi souhaitait avec ardeur que Hugues, moine et ensuite prieur de SaintMartin de Séez, écrivit la Vie de Vaultier de Mauritanie, dont nous avons quelques lettres dans le second tome du Spicilege; et pour l'engager à ce travail, il lui faisait entrevoir que la matière en était agréable et noble; qu'il serait secouru de la grâce de celui-là même qui le récompenserait de ses peines. Les lettres de Geoffroi sont pleines de sentiment, soutenues partout des autorités de l'Ecriture et des pères. Il cite même les poètes profanes, notamment le comique Turpilius. Toutes finissent par une épigramme en vers de diverses mesures. Il paraît par la quarante-quatrième lettre qu'il avait composé un recueil de cantiques spirituels, adressé à un de ses amis nommé Augustin.

23. Il n'y a rien de certain touchant l'anvèque de Tar née de la naissance de saint Oldegaire; mais on sait qu'il naquit à Barcelone, que son père se nommait Ollegaire, sa mère Guilia, et que l'un et l'autre l'offrirent dès l'enfance à l'église de Sainte-Eulalie, dont il fut chanoine et ensuite prévôt; l'acte de son oblation est Pag. 484. de l'an 1076, le 24 mai. Il passa au monastère des chanoines réguliers de Saint-Ruf, près d'Avignon, dont on l'avait choisi abbé; cette maison était alors en réputation d'une grande régularité. Oldegaire eut soin d'en

Pag. 485.

faire confirmer les biens et les priviléges par
une bulle du pape Pascal II. Raymond, évê-
que de Barcelone, ayant été tué à la guerre
contre les Maures dans l'île de Majorque, en
1114, Oldegaire fut élu pour son successeur.
Aussitôt qu'il en fut averti, il prit la fuite, et
se retira en Provence. Le comte de Barce-
lone, à la sollicitation du clergé et du peuple,
envoya des députés à Rome au pape Pascal,
qui obligea Oldegaire d'accepter l'épiscopat.
La même année, l'Eglise de Tarragone étant 486.
devenue vacante par la mort de Bérenger,
Oldegaire en fut fait archevêque, sans quit-
ter toutefois l'évêché de Barcelone, parce que
Tarragone était ruinée et déserte.

24. Le comte Raymond lui donna, pour lui Il rétablit et ses successeurs, la ville et son territoire, Tarragone. avec la liberté de la peupler et de la gouverner selon les lois. Oldegaire fit le voyage de Rome dans le dessein de faire confirmer cette donation, qui est du 23 janvier 1117. Gélase II la confirma par une bulle du 21 mars 1118, accorda le pallium à Oldegaire, avec tous les droits de métropolitain, et l'évêché de Tortoso, si les chrétiens la reprenaient sur les Maures, jusqu'à ce que cette ville pût avoir un évêque particulier.

Il assiste au concile de La

Pag-488.

25. A peine était-il de retour à Barcelone, qu'il fut obligé de retourner en Italie assister tran en 1:23. au concile de Latran, assemblé en 1123 pour procurer du secours aux princes chrétiens dans la Terre sainte, contre l'invasion des Sarrasins. Oldegaire, à la sollicitation du comte de Barcelone, profita de cette occasion pour l'aider aussi à chasser les mêmes Sarrasins de l'Espagne. Ce concile accorda des subsides, et le pape Calixte II, pour en faciliter l'exécution, fit Oldegaire son légat en Espagne.

26. Après que les principaux des Sarrasins se furent soumis au comte Raymond, et que la paix eut été rétablie, Oldegaire assembla en 1126, le 10 mars, un concile à Barcelone pour y rétablir la police civile, et les droits des églises dont les séculiers s'étaient emparés. A ce concile se trouvèrent Raymond, évêque d'Ausone, Bernard de Girone, plusieurs abbés, comtes, personnes nobles, et députés des villes. Oldegaire, comme président de l'assemblée, en proposa les motifs, et il y fut décidé qu'à l'avenir l'immunité des églises s'étendrait à une enceinte de trente pas; que les corps et les biens des ecclésiastiques seraient à couvert de toutes vexations; que le comte et son fils restitueraient, du

Il tient an concile à Bar

celone diem 6 Mart.

Bolland, ad

pag. 489.

Ibid

490.

pag.

Il procure la paix entre

le roi d'Ara de Castille. I

gon et celni

établit un

gouverneur à

Tarragone.

Ibid., pag.

490, 491.

Il fonde un hôpital et and

templiers.

Ibid., pag.

492.

Hermann,

Martin de

consentement des barons, à l'archevêque et aux évêques de la principauté, toutes les églises avec leurs droits, leurs cimetières, leurs biens, librement et sans procès; enfin que les églises percevraient sans aucune fraude les dimes, sans que ceux qui les paieraient encourussent pour cela aucun danger. Le concile fit plusieurs autres règlements rapportés dans le recueil des Antiquités de Barcelone.

27. La même année 1126, Oldegaire procura la paix entre Alphonse, roi de Castille, etle moine Ramire, qui prétendait au royaume d'Aragon à la place de son frère mort sans enfants; et voyant que la ville et le territoire de Tarragone, que le comte Raymond Bérenger lui avait donnés, ne pourrait jamais se peupler si cette ville n'était gouvernée par un homme de guerre en état de la défendre contre les infidèles, il en établit gouverneur Robert d'Aiguillon, gentilhomme normand, à qui il donna Tarragone pour la posséder comme vassal de l'Eglise, en se réservant seulement les dimes et les biens ecclésiastiques. L'acte de cette donation est de l'année 1128, et en forme de lettre adressée par Oldegaire à Robert. A cette lettre est joint l'acte d'acceptation de ce gentilhomme, avec son serment de fidélité à l'archevêque de Tarragone et à ses successeurs.

28. On voit par un autre acte d'Oldegaire, qu'il fonda à Tarragone un hôpital auquel il affecta tous les lits et les linges des clercs de son Eglise après leur mort; qu'il fonda en la même ville une maison de templiers, pour s'opposer aux incursions des Maures; qu'à cet effet, il obtint en 1134 du maître des templiers, un certain nombre de ses religieux pour occuper cette maison. Quelque temps avant sa mort il assembla un concile au mois de novembre, suivant la coutume, dans lequel il fit pendant trois jours plusieurs discours sur l'état présent de l'Eglise, sur les devoirs des pasteurs, sur la religion, sur la foi et les bonnes mœurs, sur l'office sacerdotal, sur l'obéissance, et sur le Saint-Esprit. Il ne nous reste rien de ces discours.

29. Nous savons de cet écrivain même abbé de Saint qu'il avait embrassé étant jeune la profesTournay. sion monastique dans l'abbaye de Saint-Martin de Tournai, ordre de saint Benoît, et qu'il en fut ensuite abbé 1. Il fit deux fois le voyage

1 Voir sur Hermann deux notices, l'une tirée de Fabricius et l'autre de Galland, reproduites au tome

de Rome. La première fois il en revint avec Samson, archevêque de Reims, et rapporta des lettres du pape Innocent II, par lesquelles il était ordonné au clergé et au peuple de Tournai de se choisir un évêque particulier, le pape les ayant absous de l'obéissance qu'ils rendaient à l'évêque de Noyon, dont l'évêché était uni à celui de Tournai. Ils élurent Absalon, abbé de Saint-Amand, qui engagea aussitôt Hermann à retourner à Rome pour les affaires de son Eglise et les siennes propres, c'est-à-dire pour faire confirmer son élection par le pape. Hermann, nommé aussi quelquefois Hérimann, fut abbé de SaintMartin depuis l'an 1127, jusqu'en 1136 ou 1137 qu'il abdiqua. On ne sait pas combien de temps il vécut depuis.

30. Les religieux de son monastère l'avaient souvent prié de mettre par écrit ce qui s'y était passé depuis que les bâtiments en avaient été réparés, et comment y avait été rétablie la discipline régulière. Il y trouvait deux difficultés : l'une, que comme il ne restait rien des anciens monuments, pas même des archives, il ne pourrait donner de liaison à son histoire, par l'impossibilité où il se trouvait de montrer ce qu'avait été l'abbaye de Saint-Martin avant qu'on l'eût rétablie; l'autre, que comme il y avait encore des personnes qui avaient contribué à la rétablir, il craignait que lors même qu'il ne leur donnerait que de justes louanges, on ne l'accusât de flatterie. Cette dernière difficulté s'étant évanouie par la mort de plusieurs d'entre eux, il se mit à l'ouvrage; et pour ne rien avancer d'incertain, il se contenta de rapporter ce qui s'était passé de son temps, et commença son histoire à Samson, archevêque de Reims, et à Innocent II, élu pape en 1130. Hermann l'écrivit à Rome, dans le palais de Latran, dans le temps qu'il y attendait la confirmation de l'élection d'Absalon, nommé évêque de Tournay; et ce fut de Rome qu'il l'envoya à ses confrères, en leur marquant que les grandes chaleurs de l'été lui donnant lieu de craindre de ne plus les voir, et de mourir à Rome, il les exhortait à la charité fraternelle et à l'observation exacte de leur règle.

Son Histoire du rétablisse. ment de l'abbaye de Saint

Martin, tom. pag. 38 (Pa 38 130.]

XII Spicileg., trol.. tom. CLXXX, col.

Ce qu'il y a de remarqua

31. L'Histoire du rétablissement de l'abbaye de Saint-Martin à Tournai n'est pas entiè- ble dans cet rement d'Hermann : il ne l'a conduite que

CLXXX de la Patrologie, col. 9-10. (L'éditeur.)

ouvrage.

jusqu'à la mort de Raoul, l'un des bienfaiteurs de la maison, et qui avait à ses frais réparé l'église pour la plus grande partie. Le nombre 103 qui suit la relation de cette mort, et les suivants, contiennent tant de choses à la louange d'Hermann, homme d'une grande modestie, qu'on ne doit pas l'en supposer auteur. Le continuateur a poussé sa narration jusqu'à l'an 1160. Toute cette histoire a été insérée par dom Luc d'Achéry dans le douzième tome de son Spicilege. Elle est intéressante par l'histoire des rois de France, des comtes de Flandre, et de la difficulté qu'il y eut de diviser les évêchés de Pag. 360. Noyon et de Tournai. Nous y remarquerons

le fait suivant: un clerc d'Orléans, nommé Odon, après avoir tenu les écoles de la ville de Toul, fut appelé à Tournai par les chanoines de Notre-Dame pour faire en cette ville les mêmes fonctions; il y enseigna pendant cinq ans avec tant de succès et de réputation, qu'il lui venait des écoliers de tous côtés, de France, de Flandre, de Normandie, de Saxe, d'Italie; tantôt, suivant la coutume des péripatéticiens, il enseignait ses disciples en se promenant, tantôt assis, à la manière des stoïciens; dans les écoles du soir, qu'il tenait devant les portes de l'église, il poussait les disputes jusque fort avant dans la nuit; et alors il montrait du doigt le cours des as361. tres, et les variétés du zodiaque; quoique

469.

440.

443.

très-instruit des arts libéraux, il excellait néanmoins dans la dialectique, sur laquelle il composa trois livres, dont le premier apprenait à connaître et à résoudre les sophismes; enfin il ne suivait pas la doctrine de certains philosophes modernes, appelés nominaux, mais celle de Boëce et des anciens, à qui l'on donna le nom de réalistes. Il composa aussi un commentaire ou explication du canon de la messe, un traité de l'Origine de l'âme, et un autre sous le titre de Dispute contre un Juif.

32. On peut encore remarquer dans cette histoire que les moines de l'abbaye de SaintMartin s'occupaient en certaines heures à transcrire des livres pour se former une bibliothèque, et en d'autres à lire des livres de piété; qu'ils faisaient ces exercices dans le cloître, en sorte qu'en y entrant, on voyait quelquefois jusqu'à douze jeunes religieux occupés à transcrire en silence, avec beaucoup d'art et d'exactitude, les livres de

Tom. op. Guiberti, p. 526; [Patrol., tom. CLVI,

l'Ecriture et des pères; que par ce moyen la bibliothèque de ce monastère devint si considérable, qu'il ne s'en trouvait point de pareilles dans les abbayes voisines, surtout pour l'exactitude des exemplaires, ce qui engageait ceux qui voulaient en avoir de bien corrects à recourir à la bibliothèque de Saint-Martin. On nomme pour le plus fameux de ces copistes, Godefroi. Il n'y avait alors dans l'ar- Pag. 440. chevêché de Reims que trois monastères où les coutumes de Cluny fussent en usage, savoir, celui de St-Martin à Tournai, celui d'An- 443. chin dans l'Artois, et celui d'Afflighem dans le Brabant. Il était d'usage de mettre les moribonds sur la cendre et sur le cilice, de leur réciter à haute voix le Symbole qui porte le 440, 451, 473. nom de saint Athanase, et les litanies des saints, et de leur donner l'extrême-onction avant le viatique du corps du Seigneur.

33. Nous avons aussi de l'abbé Hermann un traité de l'Incarnation, imprimé à Leyde en 1692, in-8°, dans le recueil de Casimir Oudin, [et de là dans le tome XIV de la Bibliothèque de Galland, d'où il a passé au tome CLXXX de la Patrologie, col. 9-98.] Il est adressé à Etienne, archevêque de Vienne. Hermann déclare dans la préface qu'il n'a rien mis du sien dans cet ouvrage, mais ce qu'il avait trouvé sur cette matière dans les écrits des saints docteurs, particulièrement de saint Anselme, et ce qu'il avait retenu d'un sermon qu'Odon son abbé avait fait, selon sa coutume, la veille de Noël. Il remarque que cet abbé qui était le premier depuis le rétablissement de cette abbaye, et de qui il avait reçu l'habit monastique, prêchait ordinairement en ce jour depuis le matin jusqu'à l'heure de sexte, c'est-à-dire jusqu'à midi.

Traité de l'Incarnation.

Livre des

miracles de

de Laon.

34. Dom Luc d'Achéry a mis dans l'appendice des œuvres de Guibert de Nogent, im- Notre Dame primées à Paris en 1651, trois livres des Miracles de Notre-Dame de Laon, sous le nom du moine Hermann, adressés à Barthélemy, évêque de cette ville. Il y a toute apparence que cet Hermann est le même que l'abbé de Saint-Martin, dont nous venons de parler. Il était moine, et vivait en même temps que l'évêque Barthélemy, qui tint le siége épiscopal de Laon depuis l'an 1113 jusqu'en l'an 1150. Dans cette supposition, il faudra lui attribuer aussi une Vie de saint Ildephonse, évêque de Tolède, puisqu'Hermann s'en dit auteur dans son épître dédicatoire à l'évêque

col. 964 et suiv. dans l'appendice.]

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