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Anselme

évêque d'Havelburg.

Barthélemy; ajoutant qu'il avait joint ses trois livres des Miracles de la sainte Vierge, c'est-à-dire faits par son intercession dans les lieux où l'on conservait de ses reliques, tant en France qu'en Angleterre, aux trois livres de la Virginité, faits par saint lldephonse, et qu'il avait trouvés dans la ville de Châlons.

35. Anselme, évêque d'Havelburg dans la Marche de Brandebourg en Basse-Saxe, sous la métropole de Magdebourg, se rendit recommandable par sa doctrine et par ses écrits. Très-instruit des lettres humaines et de la belle littérature, il fit aussi son étude des écrits des pères, d'où il tira les connaissances nécessaires pour la défense des dogmes de la religion. Envoyé en qualité d'ambassadeur à Constantinople par l'empereur Lothaire II, il y eut avec les évêques grecs les plus habiles, des conférences, tant publiques que particulières, sur les dogmes qui les divisaient d'avec l'Eglise romaine. Ces évêques l'avaient eux-mêmes provoqué à la dispute; et quoiqu'il défendit avec force la vérité catholique, tout se passa des deux côtés avec beaucoup de décence et de modestie. Lothaire reçut en l'an 1137 une ambassade de l'empereur Jean Comnène, et ce fut apparemment à cette occasion qu'Anselme alla à Constantinople. C'était la dernière année du règne de Lothaire II. Quelques années après, c'est-à-dire sur la fin de l'an 1145, saint Bernard étant en Allemagne pour y prêcher la croisade 1, Anselme d'Havelburg, attaqué d'un mal de gorge, qui lui laissait à peine le pouvoir d'avaler ou de parler, dit au saint abbé qui guérissait beaucoup de malades : « Vous devriez aussi me guérir. Si vous aviez, lui répondit saint Bernard, autant de foi que les femmelettes, peut-être pourrais-je vous rendre ce service.>> L'évêque reprit : « Si je n'ai pas de foi, que la vôtre me guérisse.» Saint Bernard le toucha en faisant le signe de la croix, et aussitôt toute la douleur et l'enflure cessèrent. Anselme vivait encore en 1149, comme on le voit par une lettre du pape Eugène III au roi Conrad, dont Anselme fut porteur. Il était chargé en même temps avec Artvic, archevêque de Brême, de consoler ce prince sur le mauvais succès de la croisade dont il était de retour. Cette lettre est du 24 juin 1149.

1 Vita sancti Bern., lib. VI, cap. v. Anselm., in Prolog., tom. XIII Spicileg., pag. 89, et 90.

Conférence d'Anselmo

36. Etant cette année à Tusculum auprès du pape Eugène III, dans le courant du mois avec les Grecs. de mars, le pape lui dit qu'il avait reçu depuis peu un évêque en qualité d'ambassadeur de l'empereur de Constantinople; que cet évêque, qui lui paraissait bien instruit des livres des Grecs, lui avait proposé plusieurs objections touchant leur doctrine et leurs rits, prétendant en prendre la défense, en particulier de ce qu'ils enseignaient sur la procession du Saint-Esprit et sur les azymes. «C'est pourquoi, ajouta le pape, sachant que vous avez été autrefois ambassadeur de l'empereur Lothaire à Constantinople, et que pendant votre séjour en cette ville vous y avez eu des conférences, tant publiques que particulières, sur ce sujet, avec les Grecs, je vous prie de composer un traité en forme de dialogue, où vous rapporterez ce qui s'est dit de part et d'autre. » Anselme obéit avec humilité, n'affectant dans son écrit ni l'air ni l'autorité d'un maître, mais se contentant de rapporter ce qu'il avait appris 2. On avait choisi pour disputer avec lui Nechitès, archevêque de Nicomédie, le plus renommé des douze docteurs qui gouvernaient les études, et que l'on consultait sur les questions difficiles, et dont les réponses passaient pour des sentences irrévocables. La conférence se tint dans le quartier des Pisans, près de l'église de Saint-Irène. Outre les Grecs, il s'y trouva plusieurs Latins et un nommé Moïse de Bergame, pour servir d'interprète. Anselme, en s'appliquant à rapporter ce qui s'était passé dans ces conférences, autant que sa mémoire pouvait lui fournir, évita l'écueil de quelques controversistes latins qui, n'ayant ouï les Grecs qu'en passant, leur font dire ce qu'ils ne disent pas. Son ouvrage a pour titre : Antikeimenon 3, ou Recueil d'objections. Il est précédé d'un traité De la perpétuité et de l'uniformité de l'Eglise. [On le trouve au tome CLXXXVIII de la Patrologie latine, col. 11391248.]

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particulièrement aux ordres religieux nouvellement établis. Ils en censuraient l'habillement, la manière de vivre et de psalmodier, leur abstinence, les bornes qu'ils mettaient à leur nourriture. Ils auraient voulu, ce semble, que les ordres religieux fussent réduits aux moines qui vivent sous la règle de saint Benoît, et aux chanoines réguliers qui observent celle de saint Augustin. Ils poussaient plus loin leur mauvaise humeur. Quand il arrivait que quelqu'un de ces religieux s'éloignât de son devoir, ils blâmaient l'ordre entier, et pour un seul apostat ils décriaient ceux-là mêmes qui vivaient dans la crainte de Dieu et dans l'observation de leurs règles. 38. Pour répondre à toutes ces objections 1, Anselme fait voir que l'Eglise est une dans la foi et dans la charité, qu'elle n'est qu'un corps vivifié et gouverné par le Saint-Esprit. << Encore, dit-il, qu'il y ait diversité de grâces, de dons spirituels, de ministères, d'opérations, il n'y a néanmoins, selon saint Paul, qu'un même Esprit, qu'un même Seigneur.»> Dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament, il y a eu divers sacrifices pour honorer Dieu et fléchir sa justice; sans le secours de la loi écrite, Noé et Abraham ont été agréables à Dieu par la foi; quoique la plupart des anciens patriarches ne connussent pas pleinement tous les articles de la foi chrétienne, on ne laisse pas de croire qu'ils ont été sauvés par la foi qu'ils avaient au Messie futur. La doctrine établie dans l'ancienne Loi a été autorisée par des prodiges; si la première ne parlait clairement que de Dieu le Père et obscurément du Fils, la divinité du Fils, comme celle du Saint-Esprit, a été manifestée dans la seconde.

39. L'auteur explique les sept sceaux de l'Apocalypse des sept états différents de l'Eglise. Elle brille dans le premier par les miracles que Dieu fait pour son établissement, et par l'accroissement du nombre des croyants. Dans le second, ses prédicateurs dispersés dans tout l'univers sont persécutés; mais enfin les rois et les princes reçoivent eux-mêmes sa doctrine avec ardeur, et l'on bâtit partout des temples magnifiques en l'honneur du vrai Dieu. Troublée, dans le troisième, par les erreurs des hérétiques, elle les condamne et les dissipe dans ses conciles, et après avoir établi solidement la foi catholique, elle fait des lois et des statuts pour le règlement de

1 Tom. XIII Spicileg., pag. 94.

la discipline et des mœurs. A couvert de la persécution des infidèles et de la perfidie des faux frères, elle prescrit, dans le quatrième cap. x. état, tout ce qui est nécessaire pour la décence du culte de Dieu et l'honneur de ses temples et de ses autels, permet l'institution des ordres religieux. Les trois autres états regardent la fin du monde et le siècle futur. Anselme conclut que les changements arrivés dans l'Eglise par rapport à la police et à la discipline ecclésiastiques, ayant eu pour principe une condescendance nécessaire pour l'infirmité humaine et la vicissitude des temps, ne doivent scandaliser personne, parce qu'encore que la foi de l'Eglise soit toujours la même, la manière de vivre parmi les hommes n'est pas toujours uniforme.

Premier dialogue.

Cap XVIII,

XIX, XX.

40. La principale objection des Grecs contre les Latins regardait la procession du SaintEsprit 2. Ils soutenaient qu'on ne pouvait dire que le Saint-Esprit procédât du Père et du Fils, sans admettre en Dieu une pluralité de principes; qu'encore qu'il soit dit dans l'Evangile que le Saint-Esprit est du Fils, qu'il est envoyé par lui, qu'il reçoit de lui, qu'il tient de lui ce qu'il dit, il ne suit pas de ces façons de parler qu'il procède du Fils; enfin que l'Evangile ne le dit pas formellement. Anselme répond qu'il n'y a en Dieu qu'un seul principe; que le Saint-Esprit, en procédant du Père et du Fils, n'en procède que comme d'un seul principe, parce que le Père et le Fils sont un; en sorte que nier que le Saint-Esprit procède du Fils comme du Père, c'est nier son existence, et conséquemment renverser le mystère de la sainte Trinité. En effet, être et procéder est une même chose à l'égard du Saint-Esprit, parce que sa procession est substantielle, et il n'y a point de différence entre recevoir son être du Père et procéder de lui. Anselme ajoute que le Fils ayant de Dieu le Père d'être Dieu lui-même, puisqu'il est Dieu de Dieu, il a aussi de lui que le Saint-Esprit en procède, ce qui fait qu'il est avec le Père un même principe du Saint-Esprit, à cause de l'unité de substance. Il rapporte les passages de l'Ecriture qui prouvent cette procession, et dit que si l'Evangile ne dit pas expressément que le SaintEsprit procède du Père et du Fils, il ne dit pas non plus le contraire, ni que le SaintEsprit procède du Père seul; qu'on peut sans xx, xxIIItémérité ajouter aux symboles de la foi des

2 Ibid., pag. 119.

XIX.

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Cap. XXIV.

expressions qui ne sont pas dans l'Evangile,
comme on l'a fait plusieurs fois dans les con-
ciles. Il y fut décidé que le Fils est consubs-
tantiel au Père, que Marie est mère de Dieu,
qu'il faut adorer le Saint-Esprit, expressions
qui sont reçues par les Grecs, quoiqu'elles
ne soient pas formellement dans l'Ecriture,
mais seulement en substance.

41. Il produit plusieurs passages des pères grecs, de Didyme, de saint Cyrille, de saint Chrysostome, et du Symbole qui porte le nom de saint Athanase, où ces pères disent que le Saint-Esprit procède du Fils comme du Père. Il rapporte aussi des témoignages des pères latins, de saint Jérôme, de saint Augustin, de saint Hilaire, dans les écrits desquels on voit, comme dans ceux des grecs, que quoique le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, il procède proprement et principalement du Père, comme de la première XXVI. cause. Il rejette le langage de ceux qui disent

que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, et fait passer pour ridicule l'exemple XXVII. qu'ils apportaient pour le justifier. La fin de

Deuxième dialogue. Cap. I, VIII.

V.

la première conférence fut que l'on souhaita
des deux côtés qu'il se tînt un concile géné-
ral de l'Eglise d'Occident et de celle d'Orient
par l'autorité du pape et du consentement des
empereurs, pour y décider la question de la
procession du Saint-Esprit, et quelques au-
tres qui intéressent la foi catholique.

elle

42. Dans la seconde conférence 1, qui se
tint à la basilique de Sainte-Sophie, l'arche-
vêque Nechitès invectiva contre l'Eglise ro-
maine. Quoiqu'il ne lui refusât pas le pre-
mier rang entre les Eglises patriarchales, ni
le droit de présider au concile général, il
avança qu'elle s'était séparée de l'Eglise d'O-
rient par sa hauteur; que, célébrant ses con-
ciles avec les évêques d'Occident seuls,
ne pouvait obliger les Grecs à recevoir ses
décrets, ni leur envoyer ses ordres; qu'on ne
trouvait dans aucun symbole qu'il soit or-
donné de confesser en particulier l'Eglise
romaine, mais une Eglise sainte, catholique.
et apostolique; que quoiqu'il la révérât, il ne
croyait pas devoir la suivre en tout, ni que
les Grecs dussent quitter leurs rits pour re-
cevoir ceux de l'Eglise romaine dans l'usage
des sacrements, sans les avoir auparavant
examinés par la raison et l'autorité des Ecri-
tures.

IX.

prouvé par l'autorité de l'Ecriture que la pri-
mauté de l'Eglise romaine est de droit divin,
et non par concession de quelques conciles;
qu'elle a par-dessus les Eglises patriarcales
d'Orient le privilége de n'avoir été infectée
d'aucune hérésie; que Libère, l'un de ses Cap. VI.
pontifes, n'avait pu être engagé ni par les
promesses, ni par les menaces de l'empereur
Constantius, à souscrire l'hérésie arienne et
à condamner saint Athanase, interrompit
l'archevêque de Nicomédie, pour faire con-
naître à l'assemblée que ce prélat ne con-
naissait ni la religion de l'Eglise romaine, ni
sa sincérité, ni sa douceur, ni son équité, ni
sa sagesse, ni sa charité envers tout le monde,
ni son exactitude dans l'examen des causes
ecclésiastiques, ni sa liberté dans les juge-
ments; et que, s'il eût connu en elle toutes
ces grandes qualités, comme elle les a en
effet, ainsi que l'expérience le fait voir, il
n'en aurait pas parlé de le sorte, mais se se-
rait rangé de lui-même à sa communion et à
son obéissance. Ensuite, après avoir prouvé
que l'établissement du patriarcat de Constan-
tinople était une entreprise des conciles de
Constantinople et de Chalcédoine, il fit voir
que, pour être devenu le siége et la demeure
des empereurs, elle n'en était pas pour cela
chef des Eglises; qu'autrement on pourrait
accorder la même qualité à l'Eglise d'Antio-
che et aux autres qui ont été le séjour des
empereurs; qu'il suivrait aussi de là qu'il y
aurait non un Pierre prince des apôtres, mais
plusieurs, ce qui est absurde, l'Eglise, qui
est une, ne devant avoir qu'un chef. Il éta-
blit pour maxime que l'on ne doit tenir au-
cnn concile, que le pape n'y préside, ou par
lui-même, ou par ses légats; et il en donne
des preuves par le détail des conciles tenus
même en Orient. Nechitès convint que tout
ce qu'Anselme avait dit sur ce sujet se trouvait
dans les archives de l'église de Sainte-Sophie.

44. On proposa ensuite la question des
azymes: on convint que comme c'était une
chose indifférente en elle-même d'offrir avec
du pain fermenté ou du pain azyme, puisqu'à
Rome il y a des moines grecs qui offrent avec
du pain fermenté, et d'autres avec du pain
azyme, la variété des usages en ce point
n'aurait pas
dû fournir une occasion de divi-
sion entre les Grecs et les Latins; que toute-
fois il serait difficile de changer la pratique

43. L'évêque d'Havelburg, qui avait déjà des Grecs, à l'égard du pain fermenté, sans

1 Tom. XIII Spicileg., pag. 197.

l'autorité d'un concile général, à cause de la
longueur du temps qu'ils sont dans cet usage.

XII.

XIII, XIV.

XV.

ΧΙΧ.

Ils en avaient un autre, qui était de ne point mettre d'eau avec le vin dans le calice avant la consécration, mais d'y en mettre après la Cap. xx. consécration. Néchitès en donne pour raison, que l'Ecriture ne dit point qu'à la dernière cène, Jésus-Christ ait mêlé de l'eau avec le vin dans le calice. Il ajoute que si les Grecs y en mettent après la consécration, c'est afin que le peuple, représenté par cette eau, soit sanctifié par son union au sang consacré, et par la participation au sacrement. Il reconnaît en ter mes clairs que le vin offert dans le calice est fait, par l'opération et la vertu divines, et par le ministère du prêtre, le sang de la nouvelle et éternelle alliance. Répondant aux reproches qu'on faisait aux Grecs de rebaptiser les Latins, sous prétexte qu'ils arrosaient d'huile bénite et lavaient ensuite par tout le corps celle qu'un Grec voulait épouser, avant de ratifier leur mariage, il rejette ces reproches comme des calomnies qui ne venaient que de ce que les Latins n'étaient point assez XII. versés dans les rits des Grecs. Il proteste que chez eux l'on ne rebaptisait aucun de ceux qui avaient été baptisés au nom de la trèssainte Trinité; que si l'on oignait ceux ou celles qui passaient des Latins chez les Grecs, ce n'était que dans le doute s'ils avaient reçu le sacrement de l'onction ou de la confirmation, et qu'ils ne l'administraient à personne, quand ils avaient des preuves du contraire. 1. On finit cette seconde conférence comme la première, en souhaitant un concile universel pour la réunion parfaite des deux Eglises d'Orient et d'Occident, et toute l'assemblée applaudit en rendant grâces à Dieu et en demandant que l'on mît par écrit ce qui venait de se passer.

Apologie de l'ordre des

guliers.

45. On attribue à Anselme un ouvrage d'un chanoines ré autre genre, qui est l'Apologie des chanoines réguliers. Dom Bernard Pez, qui lui a donné place dans le tome IV de ses Anecdotes 2, sur un manuscrit de la bibliothèque d'Hamerlèbe, dit qu'elle porte en tête le nom d'Anselme, et il ne doute pas qu'il ne se trouve dans l'original comme dans la copie que le célèbre Georges Eccard lui a communiquée; mais il ne dit pas qu'Anselme y soit qualifié évêque d'Havelburg. Ce n'est donc que sur le nom seul d'Anselme qu'on le fait auteur de cet

1 Vinum merum tantum in calice offerimus, quod per divinam operationem et virtutem, et per ministerium sacerdotis consecratum, fit sanguis novi et æterni Testamenti. Anselm., Dialog. 3, cap. xx.

2 Tom. IV Anecd., Bernard Pez, pag. 76; [Patrol.,

ouvrage. On peut fortifier cette conjecture en disant que l'auteur était contemporain, puisqu'il vivait, comme l'évêque d'Havelburg, sous le pontificat d'Eugène III. Mais, 1o il ne paraît, par aucun endroit de cette Apologie, que celui qui l'a composée ait été évêque. Il n'avait, ce semble, d'autre qualité que celle de chanoine régulier, vivant sous la règle de saint Augustin, et c'est apparemment pour illustrer son ordre qu'il appelle saints Erlebald, archevêque de Milan, martyrisé en 1076 par les schismatiques et les simoniaques; Appon de Salzbourg, et les chanoines de l'église de Saint-Nicolas à Passau, qu'il nomme ses frères, et qui avaient aussi souffert persécution. 2° Quand il parle de saint Norbert, c'est comme d'un saint qui lui était étranger. Il ne dit pas même quel était son siége. Anselme, évêque d'Havelburg, n'en a pas usé de même dans ses Dialogues, où il est question de la défense des ordres religieux. Il fait de ce saint instituteur un grand éloge, marque en quel temps il fut fait archevêque de Magdebourg, le lieu de sa sépulture dans l'église métropolitaine, l'endroit où il avait fait les ordinations. Toutes ces remarques conviennent à un suffragant par rapport à son métropolitain, quand il veut en parler. 3o Le style de l'apologiste des chanoines réguliers est différent des Dialogues d'Anselme d'Havelburg; il n'est ni si bien soutenu, ni si net, et les raisonnements n'en sont pas si solides. Il ennuie par ses froides applications de l'Ecriture sainte, presque toujours déplacées et inutiles. Nous croyons donc qu'il faut le distinguer d'Anselme, évêque d'Havelburg.

Vies des saints et let

me d'Have

46. Ce prélat composa aussi plusieurs Vies de saints, dont le recueil faisait de gros vo- tres d'Anselumes, et il écrivit nombre de lettres à diverses personnes. [Il mourut en 1159.]

[47. Henri de Saulteri (Salteriensis), moine hibernois, écrivit, vers l'an 1050, un livre sur le Purgatoire de saint Patrice. Il l'adressa à Henri, abbé de Sartis. Thomas Messingham le fit paraître en entier dans son Florilegio insula sanctorum Hiberniæ, Paris 1624, in-4°, p. 89-109. On le trouve aussi dans la Triade thaumaturge de Jean Colgani, Louvain 1645, et au tome CLXXX de la Patrologie, col. 9731004, d'après Messingham. Cet éditeur aver

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burg.

Henri de Saulteri, moine, vers l'e 1150.

Patrol., t. CLXXX,col. 987-988.

988.

tit qu'il y a fait entrer plusieurs choses qui ne sont point l'œuvre d'Henri, mais il a eu soin de les distinguer.

Le Purgatoire de saint Patrice, apôtre des Irlandais, était une caverne située dans une petite île du lac Dearg, sur les frontières du comté de Fermanagh, dans l'Ultonie. Henri rapporte que les insulaires à qui Patrice annonçait la parole de Dieu, refusant de se convertir à moins de voir les tourments des méchants, le saint apôtre, après avoir redoublé ses prières et ses jeunes, vit Notre-Seigneur qui le conduisit à une caverne située dans un lieu désert, et lui dit : « Celui qui, avec une véritable pénitence et la persévérance dans la foi, entrera dans cette caverne et y demeurera un jour et une nuit, sera purifié de tous les péchés qu'il a commis durant sa vie, et en passant par cette caverne il verra non seulement les tourments des méchants, mais s'il Ibid., col. persévère constamment dans la foi, il verra aussi les joies des bienheureux. » Matthieu Paris, cité par Messingham, nous apprend que saint Patrice fit bâtir une église avec un monastère dans l'île indiquée ci-dessus, enferma la caverne et en donna la clef au prieur du monastère, et qu'un grand nombre d'infidèles se convertirent. Pour entrer dans cette caverne il fallait une permission spéciale de l'évêque, qui l'accordait difficilement et après avoir averti préalablement que plusieurs

avaient trouvé la mort dans cette caverne.

Le pape Alexandre VI la fit fermer en 1497, pour arrêter le cours de certains contes superstitieux qui prenaient parmi le petit peu

ple; mais on la rouvrit peu de temps après. Elle fut fermée une seconde fois par l'ordre de Henri VIII. On ne laissa pas de la visiter encore pour y prier et y pratiquer les austérités de la pénitence, à l'imitation de saint Patrice et de plusieurs autres saints-qui se retiraient souvent dans ce lieu et dans des endroits écartés pour y vaquer plus librement aux exercices de la contemplation. On ne peut taxer de superstitieuses les personnes qui s'en tiennent là 1.

48. Jean, frère de Gilbert, et comme lui disciple de Wazelin II, en l'abbaye de SaintLaurent de Liége, y exerça l'emploi d'écolâtre avec une rare capacité vers le milieu du XII siècle. Renier, qui avait été son élève, convient que ce n'était pas un maître commode. Dans une maladie qu'il eut, il vit en extase des choses singulières, qu'il laissa par écrit pour l'édification de ses lecteurs. Il se mêlait aussi de vers, et composa deux poèmes héroïques que nous n'avons plus, l'un sur Tobie et l'autre sur le Martyre de saint Etienne. Peut-être est-il aussi auteur de quelques satires dont on conservait autrefois un exemplaire à Saint-Waast d'Arras, sous le titre de Joannis segi satyra. Il nota encore les offices de saint Christophe, de sainte Marie Egyptienne, et plusieurs versets du Cantique des Cantiques. Son écrit intitulé: Vision des âmes après la mort et miracle de saint Laurent de Liége, martyr, est reproduit, d'après Pez, au tome CLXXX de la Patrologie, col. 177-186, avec une notice tirée de Fabricius.]

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Naissance

CHAPITRE XXXVII.

Saint Bernard, premier abbé de Clairvaux, docteur de l'Eglise 2.

ARTICLE [er.

HISTOIRE DE SA VIE.

[Père de l'Eglise latine, 1153.]

1. Ce grand homme de Dieu, que l'on renard, en 1090 garda 3 de son temps comme l'organe du

de saint Ber

ou 1091.

1 Godescard, Vies des saints, 17 mars, note. Voyez aussi les Bollandistes, tom. II de mars, pag. 587 et suiv. (L'éditeur.)

2 Voyez sur saint Bernard les Prolégomènes de Mabillon reproduits au tome CLXXXII de la Patrologie, les appendices du tome CLXXXV, la Vie de saint Bernard par le protestant Néander; elle est inti

XIV.

Saint-Esprit et l'interprète de la volonté divine, naquit à Fontaines, dans le duché de Bourgogne, à une demi-lieue de Dijon, sur la fin de l'an 1090 ou au commencement de 1091. On fixe l'année de sa naissance sur l'é

tulée Saint Bernard et son siècle, Berlin 1813; elle a été traduite en français par Vial, Paris, 1842. Voyez aussi le père Ratisbonne, supérieur de Notre-Dame de Sion, Histoire de saint Bernard, 2o édit., 2 vol., Paris 1843, et le Dictionnaire de l'histoire de l'Eglise, art. saint Bernard. (L'éditeur.)

3 Tom. I Op., pag. 1271.

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