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dont son élection avait été suivie. Ensuite il les exhorte au maintien de la discipline dans leurs diocèses, et les prie de lui faire part des difficultés qui pourraient survenir entre eux, au sujet des consécrations des évêques, ou de tout autre affaire concernant la reliEpist. 10. gion, qu'ils n'auraient pu décider. Il console lui-même l'abbesse Eulalie et ses religieuses dans leurs tribulations, en leur faisant entendre que la consolation la plus solide pour elles se trouverait dans l'accomplissement de leurs devoirs. Il leur donne pour motif de veiller sans cesse sur leurs actions, qu'elles sont non-seulement connues de leur ange gardien, mais qu'il connaît aussi leurs pensées, qu'il les remarque et qu'il porte les unes et les autres devant le trône de Dieu.

Discours sur la Passion.

cétique.

6. L'oraison sur la Passion est tirée en partie de la seconde méditation sur la rédemption du genre humain.

Traité as- 7. Le Traité ascétique de saint Anselme est passé du troisième toine du Spicilége dans le second supplément des œuvres de cet archevêque. [On l'a reproduit au tome CLVIII de la Patrologie, col. 1021-1034.] Il est divisé en cing chapitres, dont le premier traite de la fin qu'un moine doit se proposer dans son état, qui est de se sanctifier, en s'occupant continuellement de Dieu et des choses divines. Il distingue dans le second les principes de nos pensées; les unes nous viennent de Dieu, les autres de nous-mêmes, plusieurs du diable. Celles qui nous viennent de Dieu éclairent notre esprit, et nous portent à nous avancer dans la vertu. Elles viennent de nous, quand nous nous souvenons de ce que nous avons fait et ouï. Si elles nous portent au vice et nous proposent le mal pour un bien, c'est le démon qui nous les inspire. On chasse les mauvaises pensées et on fait venir les bonnes, en imitant la conduite du centurion envers ses soldats et ses serviteurs : il disait à l'un de s'en aller, il s'en allait : à l'autre de venir, il venait. Un autre moyen de les chasser est de les faire connaître par la confession. Il est parlé dans le troisième du combat de la chair et de l'esprit; dans le quatrième, des divers degrés de la chasteté. Cette vertu renferme la pureté de l'âme comme celle du corps. On l'acquiert et on la conserve par la mortification de la chair et la pratique des bonnes œuvres. Le cinquième chapitre est intitulé: De la science spirituelle. Il n'en n'est pas de cette science comme des profanes que les personnes vicieuses peuvent

acquérir. Elle n'entre en société ní avec l'iniquité ni avec les ténèbres, mais seulement avec la justice et les autres vertus.

Autres lettres de salp!

8. La prière qui suit ce traité est la même que la trente-cinquième des oraisons de saint Anselme. Anselme. Viennent ensuite quatorze lettres et deux poèmes, l'un à sa louange, l'autre sur sa mort. [Les poèmes sont reproduits au tome CLVIII de la Patrologie, col. 135-142. col. Les lettres se trouvent au tome CLIX, 265-272.] La quatrième lettre est à la reine Adelaïde, pour qui saint Anselme fit un recueil des plus belles sentences des psaumes, auxquelles il ajouta sept oraisons, qui pouvaient aussi servir de méditations. Il y en avait une en l'honneur de saint Etienne, et une en l'honneur de sainte Madeleine. En les envoyant à la princesse, il s'excusa sur la modicité du présent. La cinquième fut écrite à Epist. 5. Lanfranc dans le temps qu'il était archevêque de Cantorbéry. Saint Anselme, alors prieur ou abbé du Bec, lui fit savoir qu'il faisait transcrire pour lui les Morales de saint Grégoire sur Job, et qu'il cherchait les ouvrages de saint Ambroise et de saint Jérôme.

9. Informé que Henri, roi d'Angleterre, 9. avait ordonné à Guillaume, élu évêque de Winchester, de sortir du royaume, parce qu'il ne voulait pas se faire sacrer par l'archevêque d'York, il écrivit à ce prince pour le détourner de l'exécution d'un ordre qui tournait à son déshonneur. Il lui marque que le sacre de cet évêque lui appartient de droit, et qu'il est prêt à le sacrer. Sa lettre à Atser est un compliment de congratulation sur ce qu'on l'avait fait archevêque de Lunden, en Danemarck.

10.

10. On voit par sa lettre au pape Pascal ". que le roi et les seigneurs d'Angleterre, même les évêques et les clercs, étaient disposés à se séparer de l'Eglise romaine, plutôt que de se soumettre aux règlements du concile de Rome, touchant les concubinaires et les investitures. Ils menaçaient aussi saint Anselme de le faire sortir une seconde fois du royaume. Il écrivit là-dessus au pape, et voyant qu'il n'en recevait point de réponse, il lui envoya des députés.

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virtuellement. Tout ce qui contredit ouvertement nos livres divins, doit être rejeté comme faux. Mais il arrive quelquefois que l'on trouve dans les Septante certaines circonstances qui ne sont point dans l'hébreu. On n'y trouve point, par exemple, le nom de Cainan, ni sa génération. L'un et l'autre se lit dans les Septante; c'est de là que saint Luc a tiré ce qu'il en dit. Ce serait à tort que l'on accuserait ces interprètes de s'être trompés. Il faut croire au contraire qu'ils ont mis ici ce qu'ils savaient, et suppléé à ce que Moïse avait passé sous silence. Quand on est en dispute 5 avec des personnes qui nient les principes de la religion chrétienne, il ne faut pas les combattre par l'autorité des divines Ecritures, parce qu'ils ne les reçoivent point, ou qu'ils les interprètent dans un sens faux; c'est par la raison qu'on doit les convaincre qu'ils sont dans l'erreur.

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2. Quoique le péché d'Adam lui fût personnel, il est passé à tous ses descendants 6, hors à celui-là seul qui est né d'une Vierge 7, c'est-à-dire Jésus-Christ. De là vient que nous naissons dans les ténèbres et dans le péché. Du péché du premier homme suivent des incommodités en grand nombre, comme les maladies, la mort, la perte de la justice, l'affaiblissement des lumières et des forces de noire âme, l'exclusion du royaume du ciel, pour lequel Dieu avait créé l'homme. Ce péché était si grand, qu'il n'a pu être effacé que par la mort d'un Dieu 10. Mais quelle que soit la peine qu'il mérite, elle ne sera pas si grande 11 dans ceux qui ne reçoivent pas l'effet de la rédemption, que s'ils l'avaient commis personnellement.

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3. Il n'était pas convenable que la fin pour laquelle Dieu avait créé l'homme, n'eût en aucune manière son exécution; elle ne pouvait l'avoir, si le Créateur même ne délivrait sa créature, c'est-à-dire le genre humain. C'est là la raison nécessaire de l'incarnation. Dieu l'avait prédestinée 13 avant tous les siècles. En s'incarnant, il a été nécessaire qu'en lui la nature humaine lui fût unie en unité de personne 14, afin que la nature qui devait et ne pouvait payer par elle-même, le pût par le moyen de la personne, et qu'étant homme et Dieu tout en

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Sur la Volonté de Dieu

les hommes.

semble, il eût dans lui-même de quoi fournir à la rançon des pécheurs. Le Fils seul s'est incarné 15, et il le devait; les deux autres personnes 16 de la Trinité ont coopéré à ce mystère. En Jésus-Christ, les deux natures entières 17, la divine et l'humaine, ont été unies en une seule personne, comme l'âme et le corps en un seul homme, Par cette union, la Divinité n'a point été rabaissée 18, mais la nature humaine a été élevée; Dieu n'a souffert dans sa nature aucune diminution, mais l'homme a éprouvé dans ce mystère les effets de la miséricorde de Dieu. L'homme, par l'unité de personne 19, est fils de Dieu; d'où vient que ce que l'homme fait, on dit que c'est Dieu, c'est-à-dire le Fils de Dieu qui le fait. Toutefois, les supplications du Fils au Père ne s'attribuent pas à la divinité, mais à l'humanité. Le Verbe n'ayant rien pris de nuisible 20 à l'œuvre de notre rédemption, n'a point éprouvé notre ignorance. 4. Saint Anselme, en distinguant les différentes volontés que nous concevons en Dieu21, de sauver tous dit que l'on peut donner le nom de volonté à l'affection de sa miséricorde, qui lui fait vouloir le salut de tous les hommes. Il cite les paroles de saint Paul : Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, et ajoute: « C'est comme si l'on disait qu'il fait que ses saints veulent que tous les hommes soient sauvés, ce qu'il veut aussi lui-même, c'est-à-dire qu'il a tout disposé pour leur salut; mais il fait aussi que ses saints le veuillent, en leur inspirant l'amour de Dieu et du prochain, et c'est par ce motif de charité, que les saints font des prières dans l'Eglise pour les schismatiques, les hérétiques, les Juifs et les païens. » Il donne une autre explication 22 des paroles de saint Paul, en disant qu'elles signifient qu'aucun n'est sauvé, que celui que Dieu veut qu'il soit sauvé, et qu'il y en a de tout le genre des hommes qui sont sauvés. Il cite sur cela saint Augustin, dont il suit la doctrine sur la grâce et la prédestination. Ainsi il est inutile de rapporter ses sentiments sur ces deux articles. Il emploie, comme lui, le terme indeclinabiliter 23, en parlant de l'efficacité de la grâce; mais il remarque que, dans l'attrait qu'elle produit en nous pour le bien, il n'y a aucune vio

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lence, que nous voulons et faisons le bien librement. Il pense encore, comme saint Augustin, sur les enfants morts 'sans baptême. Quant à ceux qui le reçoivent, il enseigne que la grâce opère seule en eux le salut 2 sans le libre arbitre; que c'est même une grâce de Dieu d'inspirer aux autres, c'est-àdire à ceux qui les tiennent sur les fonts de baptême, de répondre pour eux.

5. On a vu dans l'analyse de la lettre cent septième, que saint Anselme enseignait, sans aucune ambiguité, le dogme de la transsubstantiation. C'est ce qu'il fait encore en plusieurs autres endroits de ses écrits, où il déclare 3 qu'il croit fermement que le corps de Jésus-Christ dans l'eucharistie est le même qui est né de la sainte Vierge, qui a été crucifié, mis dans le tombeau, ressuscité d'entre les morts, qui est monté aux cieux, est assis à la droite du Père; que les anges assistent à la célébration des saints mystères, où Jésus-Christ est lui-même le sacrifice et le sacrificateur, d'une manière admirable 5 et ineffable; et que ce sacrifice est la rémission des péchés 6 tant des vivants que des morts. Car on priait 7 pour les morts.

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6. On distinguait la confession que le pécheur fait de ses péchés à Dieu seul, de celle qu'il devait faire au prêtre, quoique celle-ci renfermât l'autre. Il se confessait au prêtre en secret 9, mais il lui découvrait tous ses péchés 10, avec les circonstances qui 11 pouvaient en faire connaître la grièveté. Il était aussi d'usage de faire des confessions générales 12 de tous les péchés que l'on avait commis depuis la jeunesse. On ne doutait pas que la confession et la pénitence ne fussent le moyen d'obtenir de Dieu 13 la rémission de toutes les fautes que l'on avait commises. Il se trouvait 14 toutefois plusieurs personnes qui aimaient mieux mourir sans confession, ou la différer jusqu'à la mort, que de passer pour coupables de certains. crimes, ou même d'en être soupçonnées. Il y

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a dans les écrits 15 de saint Anselme plusieurs exemples d'absolutions accordées par lettres avec injonction de quelques pénitences, mais on ne doit pas les regarder comme des absolutions sacramentelles. Les prêtres se croyaient obligés 16 de prier pour les personnes qui s'étaient confessées à eux.

Sur l'Excommunica.

7. Il n'était pas permis 17 de communiquer avec les excommuniés, ni à ceux-ci d'assis- u. ter aux offices divins. S'ils s'y présentaient, on devait les avertir de leur devoir. Un évêque ne doit point 18 rendre de sentence d'excommunication dans sa propre cause, ni quand il prévoit que sa sentence sera méprisée. Il est aussi défendu 19 d'admettre à la profession monastique un excommunié, avant qu'il n'en ait reçu l'absolution de son évêque.

8. On observait encore, du temps de saint Surles Clere Anselme, de n'ordonner prêtre un clerc 20 qu'à l'âge de trente ans, suivant le onzième canon du concile de Césarée. Celui qui avait été ordonné par un évêque interdit 21, demeurait privé de ses fonctions, mais on ne le réordonnait pas. Si un clerc ou un moine avait fourni 22 à une femme des herbes pour faire mourir son mari, et que la mort s'en fût suivie, on ne le devait promouvoir ni au diaconat ni au sacerdoce. A l'égard des péchés d'impureté dans lesquels les clercs étaient tombés depuis leur ordination, si ces crimes étaient publics 23, on les interdisait. pour toujours de leurs fonctions. S'ils ne les avaient commis qu'en secret, qu'ils s'en fussent confessés secrètement à ceux à qui il appartenait, et en eussent fait pénitence, il élait permis de les rétablir dans les fonctions de leur ordre. Ce fut dans le IXe siècle que l'on commença à distinguer les crimes secrets dont les ecclésiastiques s'accusaient volontairement, d'avec les crimes publics dont ils étaient convaincus canoniquement, et que l'on permit aux premiers de reprendre leurs fonctions après avoir fait pénitence. On peut voir là-dessus les capitulaires d'Hinc

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mar aux doyens de son diocèse, et le Pénitentiel de Raban Maur. Les anciens canons ne connaissaient point cette distinction. Le pape Urbain II ne permit à Gébéhard, évêque de Constance, d'user d'indulgence envers les clercs qui n'étaient point notés d'infamie, quoique coupables, qu'à cause de la nécessité de l'Eglise, déclarant qu'il ne voulait pas donner atteinte à l'ancienne discipline qui ne rétablissait jamais les clercs criminels,, quelque pénitence qu'ils eussent faite.

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9. Il est de la discipline canonique 3 de ne pas laisser une église sans pasteur au-delà de trois mois. Un évêque élu, mais non consacré, n'a point le gouvernement des âmes et ne peut le donner aux autres, ni sacrer un autre évêque. Le sacre d'un évêque doit se faire par plusieurs, et pour le régime d'une église particulière. S'il arrivait donc qu'un évêque ordonnât seul un autre évêque, et qu'il ne lui assignât point un lieu fixe pour exercer son ministère, l'un et l'autre devraient être déposés. Il ne faut pas moins de trois évêques 5 pour l'ordination d'un évêque. On ne doit point le transférer 6 à un autre siége sans l'agrément du métropolitain, des évêques de la province, sans l'autorité du pape et sans de grandes raisons. C'est aux évêques 7, et non aux princes, à punir les fautes commises contre les canons. Un évêque ne peut retenir chez lui 8 un moine sans le consentement de son abbé, ni lier celui que le pape a absous, ni délier celui que le pape a délié.

10. C'est au pape que Dieu a confié 10 la garde de la foi et le gouvernement de son Eglise, et s'il arrive dans l'Eglise quelque chose contre la foi catholique, c'est par l'autorité du pape qu'on doit le corriger. Saint Anselme l'appelle le seigneur 11 et le père de l'Eglise universelle, et lui donne quelquefois le titre de majesté 12. Il dit que ceux qui refusent d'obéir à ses décrets 13 touchant la religion, désobéissent à saint Pierre, ou même à Jésus-Christ qui a donné à cet apôtre le soin de son Eglise; que les décrets apostoliques sont préférables 14 aux volontés des rois. L'usage s'était introduit en Angleterre 15 de ne point reconnaître ni nommer le

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pape nouvellement élu, sans un ordre du roi.

11. L'Eglise est le siége de la majesté 16 de sur l'Eglise. Jésus-Christ. C'est la cité de Dieu. Elle est dans le ciel 17 et sur la terre, c'est-à-dire dans les anges et dans les hommes. Hors d'elle on ne trouve 18 point Dieu. Elle peut être troublée 19 par l'agitation des flots, mais non submergée. Vouloir renverser ses coutumes 20, c'est une espèce d'hérésie. Dieu l'a recommandée aux princes 21 de la terre pour en prendre la défense, non comme un domaine héréditaire. Aussi ne leur est-il pas permis d'en retenir pour eux les dîmes ou les autres biens, ni à aucun laïque, sous peine d'être exclus 22 du royaume du ciel. C'est pourquoi les évêques sont obligés de s'opposer 23, lorsque les princes s'emparent des biens de l'Eglise pour les donner à leurs soldats; et lorsque les laïques sont en possession des dîmes ou autres biens de l'Eglise, il est permis 24 de les racheter.

12. On avait consulté saint Anselme 25 sur ce que l'on devait faire lorsqu'on avait démoli le maître-autel d'une église, et lorsque, sans toucher au maître-autel, on rétablissait une partie de l'église, ou on la rebâtissait toute entière. Il lut, avant de répondre, les décrets et les canons, et n'y trouva pas la décision de ces questions. Mais il apprit d'un certain évêque, que les décrets du pape Eugène portaient, qu'un autel déplacé devait être consacré de nouveau. Il conféra encore sur cette matière avec le pape Urbain II et quelques évêques. Le sentiment du pape était qu'une table d'autel ôtée de sa place, ne pouvait être ni réconciliée, ni consacrée une seconde fois, ni servir à un autel; les évêques étaient d'avis de la réconcilier, mais ils ne donnaient point de raisons solides de leur sentiment. Tous s'accordaient sur un point, savoir que, quand l'autel principal de l'Eglise a été violé, on doit la consacrer tout entière avec l'autel; parce qu'on ne doit jamais consacrer d'église, qu'on ne consacre en même temps un autel, soit le principal, soit un autre. Ils s'accordaient encore à dire que si l'on rétablit une partie de l'église, ou qu'on la rétablisse toute entière, sans dépla

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Sur la Con

sécration des églises.

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cer le grand autel, il n'est pas nécessaire de la consacrer, et l'évêque peut se contenter de la bénir, en y répandant de l'eau bénite. Saint Anselme en donne pour raison qu'on ne fait point l'autel pour l'église, mais l'église pour l'autel; d'où il suit que quand le principal autel est violé, l'église est censée ne plus exister, et quand cet autel n'a point été déplacé, l'église subsiste. Il pense à l'égard de l'autel déplacé, qu'on doit le consacrer de nouveau. Son sentiment sur les autels portatifs, est qu'il ne faut point en consacrer qui ne soit attaché. Il convient néanmoins qu'en Normandie, lorsqu'il y était, on ne faisait point difficulté de consacrer des pierres nues et qui n'étaient point attachées, et il ne condamne pas cet usage.

§ XIV.

Jugement des écrits de saint Anselme.

Editions qu'on en a faites.

1. On reconnaît dans les écrits de saint Anselme qu'il était habile philosophe, excellent métaphysicien, et théologien exact. Le lecteur y apprend à raisonner juste et solidement; à goûter, en s'élevant au-dessus de l'impression des sens, les vérités purement intellectuelles, et à connaître ce qui fait l'objet de la foi chrétienne. Ce qui rend ce saint docteur plus admirable, c'est qu'élevé dans ses pensées, subtil dans ses raisonnements, il n'en est pas moins humble dans la façon de les proposer, alliant la supériorité des talents avec la solidité de la vertu. Rarement il fait usage de l'autorité des pères, quoiqu'il en eût lu plusieurs, surtout saint Augustin, et par une méthode peu commune alors, il établit par la force du raisonnement les vérités révélées, qu'il avait apprises dans leurs écrits et dans les divines Ecritures. C'est cette méthode que l'on appela depuis théo. logie scolastique. Mais elle ne se trouve point dans saint Anselme mêlée des chicanes, ni des termes barbares que les écoles employèrent dans la suite. Tout son but est de montrer, non qu'on peut arriver à la foi par la raison, mais que l'on peut par des raisonne ments, fondés sur les lumières naturelles, soutenir et rendre croyables les vérités que Dieu nous a révélées. [On voit par là que saint Anselme est aussi éloigné des purs

1 Anselm., lib. I, Cur Deus homo, cap. 1, pag. 74. 2 Illi ideo rationem quærunt quia non credunt, non vero quia credimus. Cur Deus homo, lib. I, cap. 11.

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rationalistes, que de ceux qui, sous prétexte de fonder la foi, anéantissent la raison.

Quant aux premiers, l'ardente sincérité avec laquelle il soumettait tous les résultats de la pensée et de la science aux règles de la foi, à l'autorité de l'Eglise, creuse un abime entre sa tendance et la leur. Au reste, il semble avoir défini d'avance cette énorme distance, lorsque, parlant des rationalistes de son temps, il dit : « Ils cherchent la raison, parce qu'ils ne croient pas, et nous la cherchons, parce que nous croyons 2. Je ne cherche pas à comprendre afin de croire, mais je crois afin de comprendre 3. Si l'autorité de l'Ecriture sainte répugne à notre sens, quelqu'inexpugnable que nous semble notre raison, il faut croire cette dernière dépouillée en ce point de toute vérité. Nul chrétien ne doit disputer sur le fait même de l'existence des choses que l'Eglise catholique croit et confesse; mais seulement, en conservant cette foi sans atteinte, en l'aimant et en y conformant sa vie, chercher humblement le mode de cette existence. S'il peut la comprendre, qu'il en rende grâces à Dieu; sinon, qu'il ne dresse pas la tête pour s'escrimer contre la vérité, mais qu'il la courbe pour adorer 5. Il y a de faux savants qui, avant de s'ètre munis des ailes de la foi, dirigent leur vol vers les questions souveraines. Ne pouvant comprendre ce qu'ils croient, ils disputent contre la vérité de la foi que les pères ont confirmée, pareils aux hiboux et aux chauves-souris, qui, ne voyant le ciel que la nuit, iraient argumenter sur la lumière du jour contre les aigles, qui contemplent d'un œil intrépide le soleil lui-même 6.

Les seconds ne peuvent pas davantage revendiquer saint Anselme. Car il nous semble que le saint docteur n'a pas voulu, au fond, aller au-delà des questions suivantes : Pourquoi le chrétien interdirait-il à sa raison le droit de discuter les fondements du christianisme, c'est-à-dire la preuve des faits, pourvu que cette discussion se renferme dans de justes bornes? Pourquoi encore la raison ne chercherait-elle pas à s'assurer qu'il n'y a aucune contradiction entre les vérités qu'elle découvre et les vérités révéJées? Pourquoi n'irait-elle pas même jusqu'à chercher, comme saint Augustin, ou Fénelon et Bossuet, non pas l'identité, mais de 3 Proslog. 1.

Concord. grat. et lib. urb.,
De fide Trinitatis, cap. II.

quæst. 3, cap. VI. 6 Ibid.

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