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11.

tration lui était confiée, mais non pas la possession, qui n'en appartient qu'à Dieu seul. « Vous présidez, lui dit-il, aux affaires de tout le monde, mais pour y pourvoir, pour y veiller, pour y donner ordre, pour y être utile. Le père de famille vous a établi pour gouverner, et non pour régner. N'affectez point la domination sur les hommes, étant homme vous-même. Il n'y a ni poison ni fer que je craigne tant pour vous, que le désir de dominer. Etendez vos soins sur tous, afin que ceux qui ne sont pas assez sages le deviennent; que les incrédules se convertissent à la foi; que ceux qui sont divisés de vous par le schisme reviennent à l'unité; que les hérétiques soient confondus, et leurs erreurs détruites; que l'ambition et l'intérêt ne désolent plus l'Eglise. » Il dit sur ce dernier article: «N'est-ce pas l'ambition, plus que la dévotion, qui engage à visiter les tombeaux des apôtres? N'est-ce pas de sa voix que retentit continuellement votre palais? Toute l'Italie ne travaille-t-elle pas avec une avidité insatiable à s'enrichir de ses dépouilles? » Il parlait des ambitieux et des avares, qui, par le moyen du pape, prétendaient régner dans l'Eglise, et s'emparer de ses revenus.

12. Il vient ensuite à l'abus des appellations. On appelait devant le pape de tous les côtés du monde. «C'est, dit-il, un témoignage de votre primauté. Mais si vous pensez bien, vous vous réjouirez moins de cette prérogative, que de l'utilité qui peut en revenir au public. Y a-t-il rien de plus beau que de voir les faibles à couvert de l'oppression, aussitôt qu'ils réclament votre nom? Mais au contraire se peut-il rien de plus triste, que de voir ceux qui ont fait du mal triompher, et ceux qui l'ont souffert se fatiguer inutilement? Comme il y aurait de l'inhumanité à n'être

pas touché à la vue d'une personne qui, outre le tort qu'on lui a fait, est encore épuisée par la longueur du chemin et par la dépense; il y aurait de votre part de la lâcheté à ne pas user de sévérité envers celui qui lui a occasionné tous ces maux. » Saint Bernard exhorte le pape à réprimer les appellations inutiles, et celles que l'une des parties faisait quelquefois avant la sentence même, soit pour vexer sa partie adverse, soit pour gagner du temps; et à ne pas écouter ceux qui se servaient de l'appellation pour arrêter les évêques lorsqu'ils voulaient dissoudre ou empêcher des mariages illicites, ou punir les prévaricateurs des lois et des canons. Il décide en général que toute appellation à laquelle on n'a point été contraint par une injustice, est illégitime; que les appellations étant un bien lorsqu'elles subviennent à la nécessité, on doit à cet égard les appuyer et les maintenir; mais non, quand on les fait servir à la fraude et à la tromperie. Il rapporte deux exemples d'appellations abusives, et loue le pape de renvoyer les appelants devant leurs juges naturels, ou devant des commissaires en état de connaître de l'affaire, cette façon de rendre la justice étant plus sûre et plus prompte.

IV.

13. Saint Bernard fait voir que les pasteurs Cap. 111. de l'Eglise doivent moins chercher leur utilité particulière, que le profit de leurs sujets; et après avoir donné plusieurs exemples du désintéressement du pape Eugène III, il lui adresse la plainte générale des Eglises au sujet des exemptions accordées par le SaintSiége. On soustrait, dit-il, les abbés aux 7. évêques, les évêques aux archevêques, les archevêques aux primats ou aux patriarches. Vous faites connaître en cela que vous avez la plénitude de la puissance, mais peut-être aux dépens de la justice. Vous le faites, parce que vous le pouvez; mais devez-vous le faire? C'est une question. On vous a établi non pour ôter, mais pour conserver à chacun son degré et son rang d'honneur. Avant d'entreprendre quelque chose, l'homme spirituel doit considérer premièrement si cela est possible, ensuite s'il est de la bienséance de s'en charger, enfin si c'est expédient. Ne m'alléguez pas l'utilité de ces exemptions. Tout ce qui en provient, c'est que les évêques en deviennent plus insolents, les moines plus relâchés, et même plus pauvres, parce qu'on les pille plus librement, voyant qu'ils n'ont personne pour les défendre. A

qui en effet auraient-ils recours? Aux évêques? Offensés du tort qu'on leur fait à euxmêmes, ils ne feront que rire des maux qu'ils verront souffrir à ces moines, ou qu'ils leur feront souffrir. Pardonnez-moi, si je vous dis qu'il ne vous est pas permis de consentir à ce qui produit tant de maux. Croyez-vous d'ailleurs qu'il soit en votre pouvoir de confondre l'ordre, d'arracher les bornes que vos pères ont posées? S'il est de la justice de rendre à chacun ce qui lui appartient, n'estce pas commettre une injustice que d'ôler le bien à qui que ce soit? Vous vous trompez, si vous pensez que votre puissance apostolique soit la seule établie de Dieu, comme elle est la souveraine. Il y en a de moyennes et d'inférieures; et comme on ne doit pas séparer ceux que Dieu a joints, il n'est pas juste d'égaler ceux que Dieu a rendus inégaux. De même que dans le ciel les chérubins, les séraphins, jusqu'aux anges et aux archanges, sont disposés chacun en son ordre sous un seul chef, qui est Dieu, ainsi sur la terre les primats ou patriarches, les archevêques, les évêques, les prêtres ou abbés, sont sous le Souverain Pontife. Il ne faut pas mépriser un ordre.qui a Dieu pour auteur, et qui tire son origine du ciel. Mais si un évêque dit : Je ne veux pas être soumis à un archevêque; ou un abbé : Je ne veux pas obéir à un évêque; cela ne vient pas du ciel. Je n'ignore pas que vous avez le pouvoir de dispenser, mais pour l'édification, et non pour la destruction. II Cor. x, 8. Quand la nécessité presse, la dispense est

Cap. v.

excusable. Quand l'utilité le demande, elle est louable; je dis l'utilité publique, non la particulière. Il y a toutefois quelques monastères exempts, qui relèvent spécialement du SaintSiége, suivant l'intention des fondateurs; mais il y a de la différence entre ce qui est donné par dévotion, et les entreprises d'une ambition qui ne veut point souffrir de supérieur. >>

14. Il est aussi du devoir du pape, selon saint Bernard, de faire attention à tout l'état ecclésiastique, et d'y examiner si les peuples sont soumis au clergé, les clercs aux prêtres, et les prêtres à Dieu si dans les maisons religieuses l'on garde l'ordre et la discipline; si les censures de l'Eglise sont en vigueur contre les méchants et les hérésies; si les décrets apostoliques sont observés. exactement. Le pape Eugène III en avait publié lui-même au concile de Reims, en 1148, touchant la modestie des habits des clercs, et les ordres auxquels doivent être promus

les dignitaires des chapitres; et toutefois, depuis quatre ans que ces décrets avaient été publiés, on ne s'était pas mis en devoir de les observer.

Analyse du quatrième lvre, p. 442.

11.

15. Le quatrième livre de la Considération a pour objet ce qui est autour du pape, son clergé, son peuple, ses domestiques, son conseil. «Votre clergé, lui dit saint Bernard, Cap. 1. doit vivre dans une grande perfection, puisque c'est de lui que le clergé de toute l'Eglise a pris sa forme et sa règle. » Quant au peuple romain, quoiqu'il en fasse un portrait odieux, et qu'il le représente comme endurci dans le mal, il ne laisse pas d'exhorter Eu- gène à travailler à le réformer, en employant la parole, et non le fer, le glaive spirituel, et non le matériel; le premier devant être tiré par la main du prêtre, et l'autre, par la main du soldat, qui toutefois ne doit s'en servir que suivant le conseil du prêtre, et d'après l'ordre de l'empereur. C'est en ce sens que saint Bernard dit ici, que les deux glaives, le spirituel et le matériel, appartiennent à l'Eglise; parce qu'encore qu'elle ne puisse elle-même tirer le glaive de sang, elle s'en sert par la main du prince; et le prince ne doit l'employer, qu'après avoir consulté le prêtre, pour savoir si la guerre est juste.

ш.

16. Saint Bernard recommande au pape . d'apporter beaucoup d'attention dans le choix des cardinaux; de les prendre de toutes parts, et d'un âge mûr, puisqu'ils doivent juger tout le monde; de choisir pour ses légats des personnes d'une vie exemplaire, et qui ne cherchent point dans leur légation des avantages temporels, mais l'utilité des âmes; qui reviennent en cour fatiguées de leurs travaux, mais non chargées de dépouilles; qui puissent se glorifier, non d'avoir rapporté les choses les plus curieuses, mais d'avoir donné la paix au royaume, la loi aux barbares, la paix aux monastères, et rétabli ou maintenu l'ordre et la discipline dans les églises. Il rapporte des exemples édifiants de deux légats l'un, le cardinal Martin, légat en Transylvanie, qui revint du pays de l'or sans or, et si dépourvu d'argent, qu'à peine put-il regagner Florence; l'autre, Geoffroi, évêque de Chartres, légat en Aquitaine, qui fit à ses frais toutes les dépenses de sa légation, sans avoir voulu recevoir aucun présent, pas même deux plats de bois bien travaillés, qu'une dame lui offrait par dévotion.

17. Il était d'usage dans les solennités que les officiers du pape fussent proches de lui,

pour la commodité du service; mais ils prétendaient encore tenir la même place dans toutes les assemblées régulières. Saint 3ernard fait voir qu'il était indécent que ces officiers eussent rang devant les prêtres, et que la coutume à cet égard devait passer pour Cap. VI. une usurpation. Il conseille au pape de confier le soin de sa maison à un homme fidèle et prudent, afin d'avoir tout le temps de vaquer lui-même aux affaires de sa conscience et à celles de l'Eglise, d'autant qu'il n'est pas digne d'un évêque d'entrer dans le détail d'un ménage. Il dit à cette occasion: « N'est-il pas étonnant que les évêques trouvent des gens à qui confier le soin de leur âme, et qu'ils manquent de personnes capables d'administrer leurs biens temporels? Cela ne vient que de ce que nous supportons plus patiemment les pertes de Jésus-Christ, que les nôtres. » 11 veut toutefois que le pape, comme les évêques, prenne par lui-même le soin de la discipline de sa maison, et qu'il n'y laisse pas VI. le désordre impuni. Dans une espèce de récapitulation des quatre premiers livres, il dit au pape Eugène : « Considérez que la sainte Eglise romaine, où, par la grâce de Dieu, vous présidez, est la mère, et non la maîtresse des Eglises; que vous n'êtes pas le seigneur des évêques, mais l'un d'eux, le frère de ceux qui aiment Dieu, et le compagnon de ceux qui le craignent; que vous devez être l'exemple de la piété, le soutien de la vérité, le défenseur de la foi, le dispensateur des canons, le tuteur des pupilles, le refuge des opprimés. >>

Analyse du cinquième livre, pag. 451.

Cap. 1, 11, III.

18. Quoique les livres précédents soient intitulés de la Considération, ils ne laissent pas de contenir plusieurs choses qui ont rapport à la vie active. Le cinquième, au contraire, ne traite que de la Considération ou Contemplation, c'est-à-dire des objets qui sont audessus de nous. Saint Bernard entend par là, non le soleil, ni les étoiles, qui ne nous sont supérieurs que par leur position, et non en valeur ni en dignité, n'étant que des êtres purement corporels, et conséquemment inférieurs à nous par rapport à notre âme, qui est spirituelle; mais il entend Dieu et les anges. Dieu, en effet, nous est supérieur par nature, et les anges par grâce seulement, puisque la raison nous est commune avec eux. Il propose trois moyens de parve

1 Putemus angelos dici, qui singuli singulis hominibus dati creduntur, missi in ministerium, secundum XIV.

1

nir à la connaissance de Dieu et de ses anges, l'opinion, la foi, l'entendement, et commence Cap. IV. par la considération des esprits célestes, dont il rapporte la hiérarchie. Sur les anges, il dit que l'on croit que Dieu en a donné un à chaque homme pour le servir ou le garder. Ensuite il passe à la contemplation de Dieu, de son essence, et des mystères de la Trinité et de l'Incarnation.

19. La divinité par laquelle on dit que Dieu VI, VII. est Dieu, n'est autre chose que Dieu même. Il est lui-même sa forme, son essence, un, simple, indivisible. Il n'est point composé de parties, comme le corps, ni sujet aux changements; toujours le même, et de la même manière. Dieu est toutefois Trinité. Mais en admettant en Dieu la trinité, nous ne détruisons pas l'unité. Nous disons le Père, nous disons le Fils, nous disons le Saint-Esprit; néanmoins ce ne sont pas trois Dieux, mais un seul Dieu. Il n'y a qu'une substance, mais trois person- VILL nes. Les propriétés des personnes ne sont autres que les personnes mêmes, et les personnes ne sont autre chose qu'un Dieu, une divine substance, une divine nature, une divine et souveraine majesté. Mais comment se peut rencontrer la pluralité en l'unité, et l'unité avec la pluralité? L'examiner, c'est témérité; le croire, c'est piété; le connaître, c'est la vraie voie et la vie éternelle. Saint IX. Bernard distingue diverses sortes d'unité, et met au premier rang l'unité de Dieu en trois personnes. Passant ensuite au mystère de l'Incarnation, il enseigne qu'en Jésus-Christ, le Verbe, l'âme et la chair ne sont qu'une même personne, sans confusion des essences, ou des natures; qu'ainsi ces trois choses demeurent dans leur nombre, sans préjudice de l'unité de la personne.

ΧΙ.

20. Il revient une seconde fois à la définition de Dieu, et dit que quant à l'universalité des choses, c'est la fin; que par rapport à l'élection des élus, c'est le salut; qu'à l'égard de lui-même, il est le seul qui le sache; que c'est une volonté toute-puissante, une vertu parfaite, une lumière éternelle, une raison immuable, la souveraine béatitude; qu'il est autant le supplice des superbes, que x. la gloire des humbles; et que comme il récompense les bonnes œuvres par sa bonté, il punit les crimes par sa justice.

Pauli doctrinam, propter eos qui hæreditatem capiunt salutis. Lib. V de Consid., cap. iv.

30

des

Traité des Devoirs évêques.

Analyse de ce traité, pag. 467.

§ III.

Traité des mœurs et des devoirs des évêques.

1. Henri, successeur de Daïmbert dans l'archevêché de Sens, en 1122, se livra d'abord aux délices de la cour, laissant son diocèse sans pasteur. Mais revenu de ses égarements par le ministère de Geoffroi, évêque de Chartres, et de Burchard, évêque de Meaux, il pria saint Bernard de lui envoyer quelqu'un de ses ouvrages, qui pût l'affermir dans le nouveau genre de vie qu'il avait embrassé. Le saint abbé, qui en avait été informé par les deux évêques dont nous venons de parler, lui adressa aussitôt l'opuscule intitulé du Devoir des évêques. C'est la lettre quarantedeuxième dans plusieurs éditions de saint Bernard. Elle fut écrite vers l'an 1126, auquel Burchard était évêque de Meaux, ou du moins vers l'an 1130, qui fut celui de la mort d'Honorius II, puisque dans la quarante-neuvième lettre, écrite à ce pape en faveur de l'archevêque de Sens, saint Bernard marque clairement la conversion de Burchard.

2. Le premier conseil que l'abbé de Clairvaux donne à ce prélat, c'est de confier hardiment sa personne et son diocèse aux évêques Cap. 1. de Meaux et de Chartres, l'assurant que, sous leur direction, sa réputation et sa conscience 11. seront en sûreté. Ensuite il lui fait remarquer que la gloire et la dignité épiscopales ne consistent ni dans la pompe des habits, ni dans la magnificence des équipages, ni dans la somptuosité des palais; mais dans l'innocence des mœurs, dans l'application aux devoirs de l'épiscopat, dans l'exercice des I. bonnes œuvres. Il lui recommande en particulier les vertus de chasteté, de charité et d'humilité; mais il veut que sa charité naisse d'un cœur pur, d'une bonne conscience, IV, V, VI. d'une foi sincère. La pureté de cœur doit avoir deux objets, la gloire de Dieu, et l'utilité du prochain; la bonne conscience consiste à se repentir du mal, et à n'en plus commettre; la foi sincère est celle qui se soutient et qui agit par la charité.

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et après qu'ils étaient montés aux premières dignités de l'Eglise, soit par mérite, soit par argent, soit par le privilége de la chair et du sang, ils brûlaient de deux désirs, savoir, de multiplier leurs bénéfices, et d'en acquérir de plus honorables. Etait-on prévôt, doyen, archidiacre, l'on n'était pas content de ne posséder qu'une de ces dignités; on se donnait des mouvements pour en avoir plusieurs, soit dans la même église, soit dans des églises différentes. S'il fallait s'en dépouiller pour devenir évêque, on le faisait volontiers. L'évêque songeait à devenir archevêque. L'ambition n'avait point de bornes. Saint Bernard gémissait sur ces abus dont il était témoin, et rappelant ce qui se passait dans les premiers siècles, où l'on ne trouvait qu'avec peine des personnes qui voulussent se charger de l'épiscopat, tant ce poste leur paraissait audessus de leurs forces, il blâme l'empressement que les clercs de son temps témoignaient pour un ministère que la plupart n'étaient pas en état de remplir, et qu'ils ne cherchaient ou que par avarice ou par ambition. 4. Il établit cette maxime : « Pour savoir Cap. VIII, IX commander, il faut savoir obéir; » et se plaint de ce que les abbés de son ordre, qui exigeaient l'obéissance de leurs moines avec tant de rigueur, ruinaient leurs maisons pour se rendre indépendants des évêques; ne faisant pas attention qu'ils étaient moines par état, et abbés par nécessité. Ils disaient qu'ils ne cherchaient à se soustraire à la juridiction des évêques, que pour procurer la liberté à leurs monastères. Saint Bernard leur répond: « Qu'y a-t-il donc de dur et de fâcheux dans l'autorité des évêques? Craignez-vous leur violence? Mais si vous souffrez pour la justice, vous serez heureux. » Il ajoute : « Quelquesuns de ces abbés ne découvrent que trop leur orgueil, en n'épargnant ni peines, ni dépenses pour obtenir du Saint-Siége le privilége de porter les ornements pontificaux; d'avoir la mitre, l'anneau, la chaussure d'un évêque. Si ce sont des marques de la dignité épiscopale, il n'est rien de plus éloigné de l'étal monastique; si ce sont des symboles de leurs fonctions, il est évident qu'ils ne sont propres qu'aux évêques. Votre législateur distingue douze degrés d'humilité; il donne à chacun sa définition. Dans quel degré, je vous prie, est-il marqué qu'il soit permis à un moine d'aimer le faste, et d'ambitionner les honneurs? Le travail des mains, la retraite, la pauvreté volontaire, sont ses orne

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§ IV.

Livre de la Réforme des clercs.

1. Saint Bernard se trouvant, en 1122, dans les environs de Paris, l'évêque Etienne le pria d'y venir, et de prêcher. L'abbé, qui ne paraissait en public que le moins qu'il pouvait, s'excusa de faire ce que le prélat souhaitait; mais le lendemain, se sentant plus de confiance pour toucher les cœurs, il fit dire à l'évêque qu'il prêcherait. Il s'assembla donc un clergé très-nombrenx, ce qui arrivait toutes les fois qu'il devait parler en public. Le discours qu'il fit en cette occasion est intitulé de la Conversion ou de la Réforme des clercs. En quelques manuscrits, il est adressé aux écoliers, ce que l'on peut autoriser par ce que dit un des ses historiens : Qu'invité par les clercs d'entrer dans leur école, il y parla de la vraie philosophie, en les exhortant au détachement des créatures, et au mépris du monde. D'autres manuscrits lui donnent le titre de Discours aux clercs. Il est très-vif et très-pressant.

2. L'auteur y attaque surtout ceux qui témoignaient trop d'avidité pour les dignités de l'Eglise, et qui s'engageaient dans les or dres sacrés sans réflexion et sans examen; mais il traite aussi de la conversion des mœurs et de la pénitence. Il fait voir que personne ne se peut convertir à Dieu qu'avec le secours de la grâce prévenante, et que lorsqu'il a fait retentir sa voix dans le cœur du pécheur, c'est à nous à obéir à cette voix, et à ouvrir les yeux à la lumière qu'il répand sur nos ténèbres, pour nous faire apercevoir toutes nos iniquités; que ce n'est qu'en cette vie qu'on peut les effacer par la pénitence, le regret que l'on en aura en l'autre devant être inutile, parce que, dans les damnés, le péché sera aussi irrémissible que le supplice sera durable.

3. Saint Bernard trouve que les remords de conscience sont avantageux au pécheur

pour le détourner du péché; qu'ainsi il ne
doit pas étouffer le ver rongeur qui le pique
en cette vie. Il conseille à celui qui pense sé- Cap. vi.
rieusement à se convertir, de commencer ce
salutaire ouvrage en s'abstenant de nou-
veaux péchés, avant de déraciner ses ancien-
nes et mauvaises habitudes; pour lui en faci-
liter le moyen, il lui représente la vanité et
l'inconstance des biens et des plaisirs du
monde, la fausse sécurité du pécheur qui se vll.
persuade follement qu'il n'est vu de per-
sonne, quand il péche entre quatre murailles,
tandis qu'il est aperçu non-seulement de Ix.
Dieu, mais de son bon et de son mauvais
ange.

4. Ce n'est pas assez pour une vraie con- x. version de s'éloigner du mal; il faut faire le bien, et en rapporter la gloire à Dieu. Le temps de la pénitence est celui de pleurer les péchés; mais le pénitent ne doit pas se laisser absorber par la tristesse; il faut qu'il x, x, xv. adoucisse l'âcreté de ses larmes par l'espérance de la consolation et des douceurs, que ceux qui sont véritablement convertis, goûtent dans les délices de la vie spirituelle.

ΧΙΧ.

5. Au sujet des clercs avides des fonctions ecclésiastiques, saint Bernard dit qu'ils s'ingéreraient avec plus de réserve dans les charges et les emplois des plus petits rois de la terre; qu'ils doivent savoir que Dieu n'appelle au ministère sacré que ceux qui ont le cœur pur, qui cherchent, non leurs propres intérêts, mais ceux de Jésus-Christ; et à être utiles plutôt aux autres qu'à eux-mêmes. Le xx. saint abbé s'élève contre les clercs incontinents, et dit qu'il leur serait plus avantageux de travailler à leur salut dans l'humble degré du peuple, que de se perdre dans les dignités du clergé, en ne gardant pas la continence. qui y est attachée. Mais quoiqu'il se plaigne amèrement du grand nombre des ministres indignes, il reconnaît qu'il y en avait encore dans l'Eglise plusieurs qui s'y conduisaient d'une manière conforme à leur état, et donne pour marque distinctive des bons pasteurs d'avec les mercenaires, la fuite, ou le soutien de la persécution pour la justice.

S V.

Livre du Précepte et de la Dispense.

XXII.

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