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Pag. 766.

826.

Cap. XXII.

Pag. 909.

Sixième tome.

Guerric, abbé

SAINT BERNARD, ABBÉ DE CLAIRVAUX.

[XII SIÈCLE.] CHAPITRE XXXVII. —
pas assez de fond pour composer un discours,
a pillé presque tout ce qu'il a dit dans les écrits
de saint Bernard. Les deux discours suivants
furent aussi prononcés dans des conciles. On
croit le second de Gislebert, abbé de Cîteaux,
auquel Alexandre III écrivit. Il y est parlé de
la mort d'Eugène III, comme arrivée depuis
peu de temps, et du schisme sous Alexan-
dre III, qui ravageait alors les Eglises.

21. Les huit discours suivants ne sont pas
du style de saint Bernard. On ne le reconnaît
pas plus dans le livre des Sentences, renvoyé
déjà par Horstius parmi les livres douteux.
On met même parmi les ouvrages supposés
à ce père, la Dispute d'un Juste avec Dieu, le
Soliloque, la Forme d'une vie honnête. Le Mi-
roir des moines est d'Arnoul, moine cistercien.
Les opuscules qui suivent sont sans nom
d'auteur. On a supprimé dans la nouvelle
édition une lettre au chevalier Raymond,
comme étant indigne de saint Bernard, et
même de voir le jour.

22. Il parait que Gérard Vossius n'a fait
imprimer sous le nom de saint Bernard le
traité qui a pour titre ces paroles : Pourquoi
êjes-vous venus? que parce que ce saint abbé
les avait fréquemment dans la bouche, ainsi
qu'il est remarqué au chapitre quatrième du
premier livre de sa Vie; mais dans le trei-
zième tome de la Bibliothèque des Pères de
Cologne, il porte le nom de David d'Augs-
bourg, de l'ordre des frères mineurs, avec
ce titre Formule des Novices; et une épître
dédicatoire à Berthold. Le traité de la Ma-
nière de bien vivre, adressé par un anonyme
à sa sœur, ne convient ni à saint Bernard, ni
à sa sœur Humbeline, qui avait été mariée
avant d'embrasser l'état monastique; au lieu
que la sœur de cet écrivain n'était pas en-
core engagée dans le mariage.

23. Les cisterciens n'admettaient dans leurs
saint
d'où vient
de la
offices que
que
prose;
Bernard, en composant celui de saint Victor,
ne s'est point assujetti à la contrainte des
vers, mais qu'il a même négligé la rime. On
ne peut donc lui attribuer avec vraisemblance
le poème à Rainaud, qui est en vers hexa-
mètres, ni les autres petites pièces de poésie
qui suivent, ni même la prose rimée sur la
Naissance du Seigneur.

24. Le sixième et dernier tome des œuvres Sermons de de saint Bernard comprend les sermons de d'igny. pag. Guerric, abbé d'Igny, pour les fêtes de l'année. Il avait été chanoine de Tournay, avant de se retirer à Clairvaux pour y vivre sous la

926.

493

discipline de saint Bernard. Ce fut vers l'an
1131, après la mort d'Humbert, abbé d'Igny
dans le diocèse de Reims, que Guerric fut
choisi pour lui succéder. Nous devons au
soin qu'il prenait de l'instruction de ses reli-
gieux, les sermons qui nous restent de lui,
Ils méritent d'être lus, et ne sont pas beau-
coup au-dessous de ceux de saint Bernard.
Nous en avons en tout cinquante-cinq. On
les a réimprimés dans le vingt-troisième tome
de la Bibliothèque des Pères, à Lyon, [et dans
le tome CLXXXV de la Patrologie, parmi les
œuvres de saint Bernard. Ils sont indiqués
au tome CLXXXVIII, et y sont précédés d'une
notice sur l'auteur, tirée de Fabricius, col.
783.] Manriquez met la mort de Guerric en

1157.

25. Horstius avait déjà mis dans l'appen-
dice des œuvres de saint Bernard trois let-
tres de Guy, cinquième prieur de la Char-
treuse, à cause de la liaison d'amitié qui était
entre lui et ce saint. Dom Mabillon y en a
ajouté une quatrième, imprimée dans le pre-
mier tome de ses Analectes. Elle a pour
de montrer la supposition de quelques écrits
attribués à saint Jérôme,

but

26. Il est peu de saints qui aient eu un si grand nombre et de si illustres historiens, que saint Bernard. Le premier est Guillaume de Saint-Thierry, qui, de cette abbaye dont il était supérieur, passa à Signi pour y vivre en simple moine. Il était lié d'une étroite amitié avec saint Bernard, qui l'estimait pour sa sagesse et pour son savoir. Mais quelque estime qu'il eût pour l'abbé Guillaume, il ne voulut pas lui permettre de quitter son abbaye pour venir demeurer à Clairvaux. « Demeurez, ce sont les termes de la lettre qu'il lui écrivit à cette occasion, demeurez, si vous m'en croyez, en l'état où Dieu vous a mis, et travaillez pour le bien de ceux que vous avez à conduire. » Guillaume écrivit le premier livre de la Vie de ce saint, de son vivant même, mais à son insu. C'est ce qu'il dit dans la préface, où il marque qu'il l'écrivait à Signi, monastère dans le diocèse de Reims. Hélin lui avait succédé en 1135 dans l'abbaye de Saint-Thierry au même diocèse. Guillaume s'était retiré à Signi quelque temps auparavant. Il n'y commença à écrire la Vie de saint Bernard, qu'après la translation de Clairvaux en un lieu plus spacieux et plus commode, et après que saint Bernard eut éteint les schismes, et réfuté les hérésies dont l'Eglise avait été agitée. On doit mettre

Lettres de Gui, cinquiè

me prieur de la Chartreuse, pag. 1066.

Vie de saint

Guillaume do

Bernard, par
St-Thierry,

p. 1077.

Epist. 86.

Vie de saint Bernard, par

neval.

ce premier livre de sa Vie après l'an 1140 ou 1145. Guillaume mourut avant saint Bernard.

27. Après la mort de ce saint, Arnaud, l'abbé de Bon- abbé de Bonneval, de l'ordre de saint Benoît, dans le diocèse de Chartres, continua l'ouvrage commencé par l'abbé Guillaume, et fit le second livre de la Vie de saint Bernard. On a une de ses lettres à cet abbé, qui est la trois cent dixième. Il y avait alors à Clairvaux plusieurs personnes de lettres, capables de faire la Vie de ce saint; mais ils aimèrent mieux en charger Arnaud, qui nous fait observer dans cette commission un trait de leur modestie.

Vie de saint

Geoffroi.

28. A ces deux livres, Geoffroi, moine de Herd, par Clairvaux, en ajouta trois autres vers l'an 1153 ou 1154, treize ans après sa conversion ou sa retraite à Clairvaux. Il était d'Auxerre, et avait étudié sous Abaillard. Il fut secrétaire de saint Bernard, avec Nicolas de Clairvaux, l'accompagna dans ses voyages de France et d'Allemagne; fut avec lui au concile de Reims en 1148, dont il écrivit l'histoire, à la prière du cardinal d'Albe. Il succéda à Bernard, abbé d'Igni, et ensuite à Fastrède, abbé de Clairvaux, mort en 1162. Il ne gouverna ce monastère qu'environ quatre ans. Mécontent de sa communauté, il l'abandonna pour passer à Fosse-Neuve en Italie. Ce qu'il dit de saint Bernard est d'autant plus digne de croyance, qu'il ne rapporte presque rien qu'il n'ait vu. Il composa divers autres ouvrages; un commentaire sur le Cantique des Cantiques; la Vie de saint Pierre de Tarentaise; un traité contre Gilbert, évêque de Poitiers; un autre contre Abaillard; quelques lettres et quelques sermons. [La lettre à Albin, cardinal et évêque d'Albane, est au tome CLXXXV de la Patrologie, col. 587; celle à Josbert, où l'on trouve quelques petites notes sur l'Oraison dominicale, est ibid., aux col. 617. et suiv. Le traité contre Gilbert de Poitiers est reproduit, ibid., col. 595 et suiv.]

Recueils

de saint Ber

nard.

29. Dom Mabillon ne doute point que le des miracles même Geoffroi ne soit du nombre de ceux qui ont recueilli les miracles de saint Bernard, dont on a composé deux livres imprimés à la suite de sa Vie. Le premier est divisé en trois parties, dont la première a pour

1 On a cinq lettres adressées, vers 1164, par Alain à Louis le Jeune, pour engager ce roi à défendre l'Eglise d'Auxerre contre les vexations du comte de Nevers. Elles sont reproduites d'après Duchesne, au

auteur Philippe, moine de Clairvaux, qui l'adressa à Samson, archevêque de Reims. La seconde est dédiée au clergé de l'Eglise de Cologne, par cinq moines de la même abbaye, entre lesquels Geoffroi et Philippe sont nommés. La troisième est de Geoffroi seul, et adressée à Hermann, évêque de Constance. Ce livre, avec les cinq précédents, se trouve dans les Bollandistes, au 20 août, de même que dans la nouvelle édition des œuvres de saint Bernard. Suit dans cette édition un second livre des miracles de ce saint, compté pour le septième de sa Vie tirée des monuments qui concernent l'origine ou le commencement de l'établissement de Cîteaux, et des fragments des livres qu'Herbert avait composés des miracles opérés par les moines de cet ordre. Ces fragments sont aussi rapportés par les Bollandistes.

30. On peut mettre au nombre des historiens de saint Bernard Alain, qui, d'abbé de la Rivoure, fut fait évêque d'Auxerre, et gouverna cette Eglise depuis l'an 1153 jusqu'en 1161, qu'il retourna à Clairvaux, où il mourut en 1181 1. Son ouvrage n'est, à proprement parler, qu'une compilation des cinq livres de la Vie de saint Bernard, par Guillaume de Saint-Thierry, Arnaud de Bonneval et le sécrétaire Geoffroi. Mais il a mis les faits qu'ils racontent dans un ordre beaucoup plus exact et plus suivi. Il y a ajouté le testament de saint Bernard, dont ces trois écrivains n'ont rien donné. Le père Chifflet fit imprimer en 1679 une autre Vie de saint Bernard, qu'il croit être du secrétaire Geoffroi, mais différente des trois derniers livres de la Vie de ce saint. Ce ne sont, suivant la conjecture de l'éditeur, que des matériaux que Geoffroi avait amassés pour le commencement de la Vie du saint, et qu'il ne voulut pas mettre en œuvre par considération pour Guillaume de Saint-Thierry et Arnaud de Bonneval, qui avaient déjà donné les premières années de l'histoire de saint Bernard. [La Vie de saint Bernard composée par Alain est reproduite au tome CLXXXV de la Patrologie.]

Autres Vies de saint Bernard.

Vie de saint Bernard par

mite.

31. Vers l'an 1180 Jean, surnommé l'Hermite, fit en deux livres la Vie de saint Ber- Jean 1'Ernard, qu'il dédia à Pierre, évêque de Tusculum, fait cardinal en 1178 par le pape Alexandre III. Cette Vie n'est complète ni dans la

tome CCI de la Patrologie, col. 1385-1386. Elles sont suivies de l'accord fait entre l'évêque et le comte, de trois diplômes accordés par Alain, et de son testament. (L'éditeur.)

Doctrine de saint Bernard

ristie.

nouvelle édition, ni dans celle du père Chifflet, qui l'a fait entrer dans sa dissertation sur la noblesse de l'extraction de saint Bernard. A la suite des deux livres de Jean l'Hermite, dom Mabillon a mis le poème du moine Philothée, intitulé : de la Vie et des mœurs de saint Bernard, quelques autres pièces en vers à la louange de ce saint, la description de l'emplacement du monastère de Clairvaux, le discours prononcé à son anniversaire par l'abbé Geoffroi, sa lettre au cardinal d'Albe, son opuscule contre Gilbert, évèque de Poitiers, sa lettre à Josbert, contenant quelques remarques sur l'Oraison domicale, les Actes de la canonisation de saint Bernard, et les témoignages que l'on a rendus à son savoir et à sa vertu.

32. Les historiens de sa Vie et de ses miSur l'Eucba- racles en ont rapporté des circonstances dont il est important de faire ici mention, parce qu'elles sont des preuves évidentes de sa foi sur la présence réelle dans l'eucharistie. Arnaud de Bonneval dit que saint Bernard étant à Milan pour les affaires de l'Eglise, on lui amena par force une dame de cette ville possédée du démon, qui l'agitait si violemment, que dans le temps de ses convulsions, elle ressemblait plutôt à un monstre qu'à une femme; que le saint abbé offrit pour elle le saint sacrifice dans l'église de saint Ambroise, et qu'après l'Oraison dominicale ayant mis le corps sacré de Jésus-Christ sur la patène qu'il tint élevée sur la tête de la possédée, il parla ainsi au démon : « Voici ton juge, ô méchant esprit, voici celui à qui appartient le souverain pouvoir. Résiste-lui, si tu le peux. Voici celui qui, peu de temps avant de souffrir la mort pour notre salut, a dit : C'est maintenant que le prince du monde va être chassé dehors. C'est ici le même corps qu'il a pris de celui de la Vierge, le même qui a été étendu sur le bois de la croix, qui a été mis dans le tombeau, qui est ressuscité d'entre les morts, qui est monté au ciel à la vue de

Expleta Oratione dominica efficacius hostem aggreditur vir beatus. Patenœ siquidem calicis sacrum Domini corpus imponens, et mulieris capiti superponens, talia loquebatur :... « Hoc illud corpus quod de corpore Virginis sumptum est; quod in stipite crucis extensum est; quod in tumulo jacuit; quod de morte surrexit; quod videntibus discipulis ascendit in cœlum In hujus ergo Majestatis terribili potestate, tibi, spiritus maligne, præcipio ut ab hac ancilla ejus egrediens contingere eam deinceps non præsumas.... » Fugato diabolo, mulier mentis suæ compos effecla, redditis cum ratione sensibus, Deum confessa gratias egit, etc. Arnald. Bonævallis, lib. H Vit. Bernardi,

ses disciples. C'est donc au nom de cette terrible Majesté que je te commande de sortir de cette femme. » Le démon fut contraint d'obéir et d'avouer par sa fuite quelle puissance et quelle efficacité résident dans les divins. mystères. La liberté de l'esprit et celle des sens furent rendues à celte dame, sa figure changée et la tranquillité de son âme rétablie. Tout Milan fut témoin du miracle. Le même écrivain raconte que saint Bernard eut aussi recours à l'eucharistie pour vaincre l'obstination de Guillaume, duc d'Aquitaine, dans le schisme, et pour le faire entrer dans des vues de paix et de conciliation, qu'il avait toujours rejetées. Nous avons rapporté ses paroles dans l'abrégé de sa vie, et nous nous contenterons de transcrire 2 ici en latin celles qui attestent sa croyance sur la réalité du corps et du sang de Jésus-Christ dans l'eucharistie.

§ XVI.

De quelques écrits de saint Bernard, publiés depuis la dernière édition de ses œuvres.

1. Les écrits de saint Bernard dont nous avons parlé jusqu'ici, se trouvent dans le même ordre dans la dernière édition, qui a été faite par dom Mabillon, et que l'on a mise plus d'une fois sous prssse, savoir, en 1666, 1690 et 1719, à Paris. C'est à cette dernière que nous nous en sommes tenus. Depuis ce temps, dom Martène et dom Durand ont publié plusieurs lettres de ce père et quelquesuns de ses opuscules ou d'autres monuments qui intéressent son histoire.

2. Dans le premier tome de leur Grande Collection, ils ont donné, sur un manuscrit de Saint-Vaast d'Arras, trente-cinq lettres adressées à diverses personnes. Dans la première, saint Bernard exhorte deux personnes mariées, le mari et la femme, à la pratique des bonnes œuvres, surtout de l'aumône; en leur représentant que Dieu n'avait rendu le temps présent si fâcheux aux pauvres, qu'afin que cap. III, pag. 1112. - Vir Dei jam non se agens ut hominem, corpus Domini super patenam ponit el secum tollit, atque ignea facie et flammeis oculis non supplicans, sed minax foras egreditur, et verbis terribilibus aggreditur ducem : « Rogavimus te, inquit, et sprevisti nos..... Ecce ad te processit Filius Virginis qui est caput et dominus Ecclesiæ quam tu persequeris..... Numquid et ipsum spernes? numquid et ipsum sicut servos ejus contemnes ?........... » Videns comes abbatem in spiritu vehementi procedentem et sacratissimum Domini corpus ferentem in manibus, expavit.... et quasi amens solo provolvitur. Idem, ibid., cap. vi, pag. 1122.

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les riches en prissent occasion de s'amasser plus facilement un trésor dans le ciel. Dans la septième, il fait des reproches à l'évêque de Troyes d'avoir conféré un archidiaconé à un enfant qui ne savait pas encore se gouverner lui-même. La huitième est à un abbé qui s'appliquait à rétablir son monastère. Saint Bernard l'exhorte à y faire refleurir aussi les bonnes mœurs et l'hospitalité. Par la dixième, il détourne un de ses amis de recevoir un bénéfice de la main d'un militaire, disant qu'on n'en doit recevoir que de la main de son évêque.

3. Après la mort d'Hildebert, archevêque de Tours, arrivée le 18 décembre 1136, le chapitre choisit canoniquement Hugues, recommandable par sa noblesse et par sa prudence. Mais il fut troublé dans son élection par un nommé Philippe. Il y eut procès entre les deux contendants. Le pape Innocent II délégua saint Bernard pour le terminer. C'est le sujet de sa lettre à ce pape, à qui il fait connaître la nullité de l'élection de Philippe. Il lui en écrivit six autres en faveur de l'évêque Hugues. Quand il se présentait à Clairvaux quelqu'un dont les forces n'étaient pas suffisantes pour soutenir l'austérité de la vie qu'on y menait, il l'adressait à quelque abbé d'un ordre plus doux. C'est ce que l'on voit par la vingt-unième lettre. Mais il ne les envoyait, qu'après avoir éprouvé leur vocation.

4. Consulté par un de ses amis sur les qualités d'un jeune homme qui recherchait le mariage avec une personne de la première considération, il ne fit aucune difficulté de dire à cet ami le mal qu'il connaissait en ce jeune homme, et l'éloignement qu'il lui savait pour le bien. La lettre suivante, qui est la vingt-cinquième, regarde un moine sorti de son monastère pour aller consulter saint Bernard sur l'obligation qu'il se croyait d'accomplir le vœu, qu'il avait fait d'abord, d'entrer dans un monastère différent de celui où il avait fait profession. La décision fut que le premier vœu n'ayant pas été fait publiquement, et les deux monastères étant d'une même observance, il devait rester dans celui où il était engagé pour lors.

5. La vingt-sixième lettre à Amédée, abbé de Haute-Combe, est pour le prier de faire ses excuses au roi de Sicile, de ce qu'il ne lui avait point envoyé de ses religieux; de lui dire qu'ils étaient prêts à partir, lorsqu'on était venu lui annoncer de sa part qu'il n'en

fallait que deux pour aller reconnaître le lieu où l'on voulait bâtir le nouveau monastère, et que ces deux moines partiraient au premier ordre du roi. Par la vingt-huitième, il prie le roi de France de lui permettre de ne pas acquiescer à l'élection qu'on avait faite de lui pour remplir le siége archiepiscopal de Reims, vacant, ce semble, par la mort de Renaud.

6. Pendant la famine qui régna presque Pag 740. partout en 1146, saint Bernard écrivit à ses Epist. 30. frères, non-seulement de soulager de leur substance les pauvres, mais d'y exciter encore les autres. Trois ans après, c'est-à-dire en 1149, il écrivit à la reine et tante de l'empereur des Espagnes, que la communauté de Clairvaux l'avait associée, et avait consenti que l'on fit pour elle pendant sa vie, la même chose que pour un religieux du monastère. Il la pria par la même lettre, qui est la trentequatrième, d'apaiser un différend survenu entre les religieux du monastère de Careda et ceux du monastère de l'Epine, ou de le faire juger par les évêques diocésains.

7. La lettre trente-cinquième est une réponse à celle que saint Bernard avait reçue de l'évêque d'Albane, qui lui demandait son homélie sur le fermier d'iniquité dont il est parlé dans saint Luc. Le saint abbé la lui envoya avec un petit couteau à manche d'ivoire appelé Quinivers. Ces lettres sont suivies de quelques notes, ou observations des éditeurs, sur les inscriptions de plusieurs lettres de l'édition de dom Mabillon. Ils remarquent, par exemple, que la lettre soixante-sixième, dans cette édition, s'adresse à Geoffroi, abbé de Saint-Médard, au lieu que dans quatre manuscrits différents, elle est adressée à Geoffroi, abbé de Saint-Thierry; que la deux cent soixante-quatorzième dans dom Mabillon est à Guy, abbé de Trois-Fontaines, quand il était à Rome; mais que dans deux manuscrits, l'un de Liége, l'autre d'Orvalle, elle est à Hugues, évêque, touchant le prévôt d'Auxerre. Ces observations, et plusieurs autres, que l'on doit à dom Martène et à dom Durand, pourront trouver place dans une nouvelle édition de saint Bernard.

Pag. 743.

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du roi Louis.

Heari, frère la découverte d'une lettre de saint Bernard, ou des moines de Clairvaux qui l'accompagnèrent dans son voyage d'Allemagne, à Henri, novice en cette abbaye, frère du roi Louis'. Cette lettre était à la tête du recueil des miracles que saint Bernard avait faits en Allemagne. Ce recueil, dans les éditions de ses œuvres, est adressé à Samson, archevêque de Reims; mais il est vraisemblable que les compagnons de saint Bernard l'envoyèrent d'abord à ce jeune prince qui s'était fait novice à Clairvaux, soit pour lui faire plaisir, soit pour sa consolation et celle de tous les frères, et qu'ensuite ils l'adressèrent à l'archevêque de Reims. Cette lettre se trouve dans le tome Ier des Anecdotes, imprimé à Paris en 1717.

Jugement

des écrits de

nard.

§ XVII.

Jugement des écrits de saint Bernard. Catalogue des éditions qu'on en a faites.

1. Plus on lit les écrits de saint Bernard, saint Ber- plus on en admire les beautés. L'on y voit d'un côté reluire la doctrine, le zèle, la piété; de l'autre, briller un esprit naturellement noble, vigoureux, sublime; mais doux, complaisant, poli, et une éloquence sans enflure et sans fard, plus embellie des grâces de la nature, que de l'art. Son style est vif, serré, plein d'onction, varié, suivant la différence. des matières et des sujets. Ses pensées sont élevées; ses sentiments ne respirent que la vertu; tous ses discours portent à Dieu, et à l'amour des choses célestes. Il ne cherche qu'à échauffer le cœur, et non à le brûler. Ses reproches ne tendent pas à aigrir le pécheur, mais à l'émouvoir; à le toucher, non à l'insulter. S'il le reprend, s'il le menace, s'il l'effraie, c'est sans indignation et sans colère, uniquement par un effet de son zèle pour le salut des âmes. Ses caresses ne tiennent rien de la flatterie. Il loue, sans inspirer des sentiments d'orgueil, et dit les vérités sans offenser. Mêlant partout la douceur à la vivacité de ses expressions, il plaît et échauffe tout ensemble. L'on dirait qu'en même temps que les paroles coulent de sa bouche comme un fleuve de lait et de miel, il sort de son cœur un torrent de sentiments enflammés de l'amour le plus pur. L'Ecriture sainte lui est si familière, qu'il en emploie à chaque période les paroles et les expressions. Il n'en use pas toujours de même à l'égard des

1 Tom. I Anecdot. Marten., pag. 399.

XIV.

écrits des pères : quoiqu'il en suive la doctrine, il la propose d'une manière qui lui est propre. Il s'étend peu sur la discipline de l'Eglise. Son goût était décidé pour la morale, la spiritualité et l'allégorie.

ticulières de ses ouvrages.

2. On a su dans tous les temps apprécier Editions parle mérite des ouvrages de saint Bernard. Avant l'invention de l'imprimerie, il s'en fit des copies sans nombre. Depuis, on les a mis très-souvent sous presse. La première édition est celle de Mayence, en 1475, par Pierre Schoyffer. Elle ne comprend que les sermons du Temps, ceux des Saints, et de divers sujets, avec le livre aux chevaliers du Temple, et quelques opuscules faussement attribués à saint Bernard. On met pour la seconde, celle qui se fit à Rouen, sans date, et où l'on fit entrer trois de ses principaux écrits; les livres de la Considération; l'Apologie à Guillaume de Saint-Thierry, et le traité du Précepte et de la Dispense. Dans celle de Bruxelles en 1481, on ajouta aux sermons du Temps et des Saints, des lettres de saint Bernard. Cette édition est sans nom d'éditeur et d'imprimeur. Celle de Paris, en 1494, est de maître Rouauld, docteur en théologie. On y trouve trois cent dix lettres avec les sermons sur les Cantiques. Il s'en fit une à Bresce, en 1495; une à Spire, en 1501; et deux ans après, une à Venise. On donna place dans celle de Bresce aux homélies sur Missus est. [Le livre de la Considération a paru à Rome en 1749, avec un commentaire adressé au pape Benoît XIV, par les soins de Sianda, abbé de l'ordre de Citeaux, 2 vol. in-4°; et sans commentaire à Dole, en 1828, imprimerie Joly, chez Méquignon, à Paris, 1 vol. in-32. On a joint en cette édition le traité des Mœurs et des devoirs des évêques, celui sur la Conversation, adressé aux clercs, et les lettres huitième et neuvième à Brunon.]

Editions

3. Toutes les éditions étaient très-imparfaites, et ne contenaient qu'une partie des générales. ouvrages de saint Bernard. Mais en 1508, Jean Bocard et Josse Clicthou les rassemblerent, pour la plus grande partie; et après les avoir corrigés avec soin sur les originaux de la Bibliothèque de Clairvaux, il les firent imprimer à Paris, chez Jean Petit, imprimeur de l'Université. Cette édition est intitulée : Séraphique. Elle fut remise sous presse en 1515, à Lyon, chez Jean Cleyn, avec les discours de Gillebert de Hoillande sur le Cantique, par les soins de Josse Clicthou de Nieuport. Il s'en fit depuis plusieurs autres édi

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