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tions, tant à Lyon, qu'à Paris et à Venise. Une des plus correctes est celle de Lyon en 1520, 1530, 1544, par les deux moines de Clairvaux Lambert et Laurent. C'est celle-là que suivit François Comestor, docteur de Sorbonne, dans la révision qu'il fit des oeuvres de saint Bernard sur les manuscrits de ce collége. Il y trouva l'épilogue du livre de l'Amour de Dieu, et l'opuscule de l'Amour de Dieu, et de la dignité de cet amour, non imprimés jusque-là, ce qui rendit son édition plus ample que les précédentes. Elle parut à Paris, chez la veuve de Claude Chevallon, en 1547 et 1566. On en cite une de Venise, en 1549, en deux vol. in-4°.

4. Pendant que Comestor revoyait à Paris les ouvrages de saint Bernard, Antoine Marcellin les confrontait à Bâle avec les anciens exemplaires. Trouvant l'ordre des éditions précédentes défectueux, il le changea, mit en premier lieu les sermons; en second lieu, les lettres; en troisième lieu, les traités; puis les écrits supposés ou étrangers. Le tout fut imprimé avec des notes critiques de sa façon, chez Jean Hervage, en 1552 et 1566. Jean Gillot en donna une nouvelle, à Paris, chez Jean Nivelle, en 1572, qui fut réimprimée à Anvers, en 1576, et à Paris, en 1586, sous le symbole du grand navire, et dédiée au révérend père Gui Cornuat, abbé de Clairvaux. Mabillon. Il y eut peu d'années dans le xvIe siècle où il ne parût quelqu'édition de saint Bernard, et ce fut à peu près la même chose dans le

in præfat. ge

neral.

XVII®.

5. Nous remarquerons ici celle d'Edmond Tiraquau, moine de Citeaux, en 1601; de Jean Picard, chanoine régulier de Saint-Victor, en 1609; celle d'Anvers, en 1620. On trouve dans celle-ci quatre opuscules publiés par le père Gretzer, à Ingolstat, en 1617. Celle de Jacques - Merlon Horstius, curé à Cologne, sortit de presse en 1641, dans la même ville, en deux volumes in-folio. Le public la reçut avec applaudissement, et elle fut réimprimée à Paris en 1658, par la société des libraires, sous le signe du navire. Horstius dédia l'ouvrage à saint Bernard même, et rendit compte de son travail dans une préface au lecteur. Ces deux volumes sont divisés en six tomes. Le premier contient les sept livres de la vie de ce saint, diverses pièces qui y ont rapport, et ses lettres avec des notes; le second, ses sermons, les paraboles qu'on lui a attribuées, l'office de saint Victor, et l'hymne sur la passion du

Seigneur; le troisième, ses commentaires sur le Cantique des Cantiques; le quatrième, les livres de la Considération, de la Vie et des mœurs des évêques, son Apologie à Guillaume de Saint-Thierry, et divers autres traités; le cinquième, les ouvrages douteux, supposés, ou étrangers, comme les sermons de Gillebert de Hoillande; le sixième, les ouvrages de deux disciples de saint Bernard: Gillebert de Hoillande, et Guerric, abbé d'Igni.

6. Horstius s'était donné beaucoup de peine pour rendre son édition correcte; mais y ayant remarqué des fautes notables, et peu content de l'impression, il se préparait à en donner une plus correcte à tous égards, lorsque la mort rompit son dessein, le 20 avril 1644. Alors dom Chantelou, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, reçut ordre de ses supérieurs de revoir et corriger le texte de saint Bernard, sur les manuscrits qui se trouvaient en France. Il fit imprimer à Paris, en 1662, en un volume in-4o, la Vie de ce saint, par Alain, évêque d'Auxerre; ses sermons et la Vie de saint Malachie, par saint Bernard. Dom Chantelou étant mort le 28 novembre 1664, dom Mabillon fut chargé de continuer l'édition projetée. Il ne se contenta pas de rendre le texte des œuvres de saint Bernard plus correct, il s'appliqua encore à séparer les ouvrages supposés d'avec les véritables, et à mettre ceux-ci dans un meilleur ordre.

Edition de dum Mabill [Ses réimpressions.]

7. On connaît quatre éditions des écrits de Suite. saint Bernard par dom Mabillon: deux en 1666 à Paris, chez Frédéric Léonard, l'une en huit volumes in-8°, l'autre en deux volumes in-folio. Celle-ci fut remise sous presse en 1690, et dédiée au pape Alexandre VIII. Il était près d'en publier la quatrième, lorsqu'il mourut, le 27 décembre 1707. Elle fut mise au jour en 1719, par dom Massuet et dom Tixier qui l'ont augmentée d'une nouvelle préface générale, et de quelques lettres, savoir deux au premier volume, qui sont la quatre cent dix-huitième et la quatre cent dix-neuvième; une troisième, déjà publiée par Baluze; deux chartes pour le monastère de Luxeuil, et la troisième partie de la lettre aux frères du Mont-Dieu, que dom Massuet fait voir être de Gui ou Guigues, cinquième prieur de la grande Chartreuse. C'est sur l'édition de 1719 qu'a été faite celle de Vérone, en 1726. On y a ajouté, par forme d'appendice, les lettres de saint Bernard rapportées par dom Marlène dans le

premier tome de ses Anecdotes, et de sa Grande Collection. Il en a été parlé plus haut. Il est inutile d'entrer dans le détail de l'édition de saint Bernard, par dom Mabillon. Nous l'avons assez fait connaître par l'usage de ses préfaces et de ses notes, dans la critique et l'analyse des écrits de ce père, et par l'ordre que nous avons suivi, qui est le même que dans cette édition. [En 1750 parut à Venise une édition de saint Bernard, six volumes in-fol., avec les notes de Hor-tius et de Mabillon. Les œuvres authentiques de saint Bernard ont été réimprimées par Gauthier, Besançon et Paris, 1835, trois volumes in-12 et trois volumes in-8°, et en 1845, chez Périsse, Lyon et Paris, trois volumes in-12. MM. Gaume frères ont fait à Paris, en 1839 et en 1849, une très-belle réimpression de l'édition de Mabillon, quatre vol. grand in-8°. Les tomes CLXXXII, CLXXXIII, CLXXXIV et CLXXXV de la Patrologie, reproduisent l'édition de 1719 avec des appendices trèsétendus qui éclaircissent la vie du saint docteur et son époque. Le premier volume renferme le premier et le deuxième de l'édition de Mabillon; le deuxième contient le troisième et le quatrième; le troisième renferme le cinquième, et le quatrième contient le sixième, avec plusieurs appendices et des additions considérables. Voici le sommaire de ces additions: 1o Les actes de saint Bernard d'après les Bollandistes; 2o la Gloire posthume de saint Bernard; 3° onze donations pieuses faites à Clairvaux pendant sa vie; 4o le livre ayant pour titre : Exordium magnum de l'ordre de Câteaux, ou histoire de cette abbaye en six livres; 5° l'ouvrage édité par le père Chifflet, ayant pour titre : Preuves de l'illustre origine de saint Bernard; 6° Décret authentique de la congrégation des rites décernant à saint Bernard le titre de docteur; Bref de Pie VIII en 1830; 7° Monuments de Clairvaux et épitaphes qui s'y trouvent; 8° Chant à la louange de Clairvaux, par Richard, moine de la Sauve-Majoure; 9° Voyage à Clairvaux, par Meslinger, en 1667; 10° Description des tombeaux et sculptures tirée du Voyage littéraire de deux bénédictins en France; 11° note sur Fontaine-lès-Dijon, où est né saint Bernard, avec diverses pièces en français; 12o lettre sur les reliques de saint Bernard et celles de saint Malachie, par M. Guigniard, en français, avec de nombreuses pièces; 13° documents sur un voyage de saint Bernard en Flandre, par dom Pitra, avec de nom

breuses pièces; 14° recherches sur la part que l'ordre de Citeaux et le conseil de Flandre prirent à la lutte de Boniface VIII et de Philippe-le-Bel, par Kervien de Lettenhove; 15° deux diplômes inédits donnés par saint Bernard. Les œuvres complètes de saint Bernard s'impriment de nouveau à Trèves, in-8°, chez Brawn. Le premier volume contenant les sermons du Temps, a paru en 1861. J. M. Mandernach, qui s'est chargé de cette édition, y ajoute un choix de notes variorum.]

8. En 1575, Hubert Lescot, chanoine ré- Editions gulier, traduisit et fit imprimer en français françaises. les sermons et les opuscules de saint Bernard. Philippe le Bel, docteur de Paris, en donna une nouvelle version en 1622, et y ajouta la traduction de quelques lettres. Dom Antoine de Saint-Gabriel, feuillant, traduisit de nouveau les sermons de saint Bernard; ils furent imprimés à Paris en 1681, chez Jacques de Laize-de-Bresche. Il s'en fit une autre édition chez Jean Dupuis, et une troisième en 1686, chez Léonard Plaignard. A l'égard des lettres de ce saint docteur, on en connaît deux traductions françaises: l'une de Roy, à Paris, en 1702, chez Jean Moreau, en deux volumes in-8°; l'autre, de Villefort, en 1715, aussi en deux volumes. Il l'avait annoncée dans sa préface sur la Vie de saint Bernard, qu'il fit imprimer en français, en 1704, à Paris, chez Jean de Nully, in-4°. On en avait déjà une par Lamy ou Le Maître, imprimée en la même ville en 1648, chez Antoine Vitré, in-4°. En 1658, le sieur des Mares traduisit en français, et publia en cette langue à Paris, chez Guillaume de Luynes, les livres de la Considération, en un volume in-12. Il y en avait une édition italienne dès l'an 1606, in-4o, à Venise, par les soins de Renaud Retini; mais ils furent aussi imprimés séparément en latin, à Paris, en 1701, in-8°. Dom Mabillon, auteur de l'édition, prit soin qu'elle fût en bon papier et en beaux caractères, averti que le pape Clément XI souhaitait de s'appliquer à la lecture d'un ouvrage qui avait été fait par Eugène III, l'un de ses prédécesseurs. [On a publié en 1830, en deux volumes in-12, chez Seguin, à Avignon, les homélies pour tous les dimanches et les principales fêtes de l'année extraites des œuvres de saint Bernard et traduites en français avec une table analytique des matières. Les lettres ont été traduites en français avec des notes historiques et critiques, par M. l'abbé

P., prêtre du diocèse de Lyon; Lyon, Guyot, 1838, trois volumes in-8°. Quelques lettres relatives à Abélard et à Arnaud de Bresce, ont paru traduites en français, par Borel, Tulle, imprimerie de Detournetto; Paris, Paulin, 1844, in-8°. Les Louanges de Marie, homélies de saint Bernard, traduites en la même langue, ont été publiées par J. M. D. Lyon, Pélagaud; Paris, Poussielgue-Rusand, 1845, in-12. Le discours à la sœur de saint Bernard sur la manière de vivre saintement, fait partie de la Bibliothèque des dames chrétiennes; il est traduit par M. de La Mennais, Paris, imprimerie de Didot aîné, 1820, in-32. Le traité de l'Amour de Dieu de saint Bernard, fait partie des Opuscules des pères, Paris, 1822-1823, quatre volumes in-32. La collection des chefs-d'œuvre des pères, Bibliothèque ecclésiastique, Paris, 1838, contient au tome XV les cinq livres de la Considération, le traité des Mours et des devoirs des évêques; cinq sermons et six lettres. Le texte est accompagné de la traduction due à M. l'abbé L., et à M. le marquis de Fortia d'Urbain. M. l'abbé Raynaud, dans son ouvrage Le

prêtre d'après les pères, a fait paraître trois volumes qui renferment plusieurs écrits de saint Bernard, texte et traduction en regard.] 9. Dom Gabriel Gerberon mit en français le livre de saint Augustin, de la Grâce et du Libre arbitre, et celui de saint Bernard sur la même matière. Nous ne savons ni le lieu, ni l'année de cette édition. On ne connaît pas non plus le lieu de l'édition latine du même traité, par Higatus Ranucius, avec un commentaire de sa façon; mais on sait qu'elle est de l'an 1649, in-4o. Le Dictionnaire de l'académie de la Crusca fait mention d'une version italienne des lettres de saint Bernard, par un savant florentin 2. Ses sermons avaient été traduits en cette langue dès l'an 1420, par Jean de Tussignagno, évêque de Ferrare; mais ils ne furent imprimés qu'en 1558, in-8°, à Venise. Il y en a une autre version de l'an 1495, in-4°, sans nom de traducteur. On connaît encore une traduction allemande de quelques hymnes de saint Bernard, publiée à Hambourg en 1633, in-4°, par Joseph Willelme.

Autres sermons.

Pierre le Vénérable. Ses com.

CHAPITRE XXXVIII.

Pierre, surnommé le Vénérable, abbé de Cluny. [Ecrivain latin, 1156.]

1. Pierre était originaire de la première 3 noblesse d'Auvergne. Maurice son père, et Rainmcucements. garde sa mère, l'offrirent à Dieu dès l'enfance.

Il est fait

Saint Hugues, abbé de Cluny, étant sur la fin de sa vie, le reçut à profession. C'était l'usage de n'y admettre personne avant l'âge de quinze ans. Pierre, en état de se former dans la vertu et dans les sciences, fut envoyé au monastère de Saucillanges, où l'on 5 tenait des écoles publiques. Il y fit en peu de temps de grands progrès. A peine en était-il sorti, qu'on le fit prieur à Vézelai, et ensuite prévôt de Domena, dans le diocèse de Grenoble.

2. Hugues, second du nom, abbé de Cluny, abbé de Clu- étant mort vers le mois de juillet de l'an

ny en 11 22.

1 Biblioth. S. Maur., pag. 169.

2 Fabricius, tom. I Bibl. Lat., pag. 620, €21.

3 Mabillon., lib. LXX Annal., num. 19, 20. Consuetud. Cluniac., lib. III, cap. VIII.

1122, Pierre Maurice fut choisi pour lui succéder, et son élection confirmée par le pape Calixte II. Pierre était alors âgé d'environ trente ans. Il faut donc mettre sa naissance vers l'an 1092. On le compte pour le neuvième abbé de Cluny. Pierre de Poitiers fit un poème sur son élection, adressé aux moines de Cluny, dans lequel il relève la noblesse de sa naissance, ses vertus et son savoir. Des deux lettres que le pape Calixte écrivit à cette occasion, il y en a une à Pierre, l'autre à la communauté de Cluny. Elles sont l'une et l'autre du 21 octobre 1122. La seconde, qui n'avait pas encore été rendue publique, se lit dans 7 le sixième tome des Annales bénédictines.

5 Mabillon., lib. LXVIII, num. 100.

6 Mabillon., lib. LXXIV Annal., num. 4, 5.

7 lbid., num. 6.

Il y rétablit le bon ordre.

Il est invité

à divers conales.

3. Avant Hugues II, Pons, abbé de Cluny, en avait dissipé les biens, et occasionné divers désordres par la légèreté de son esprit, et le dérèglement de ses mœurs. Pierre, pour remettre toutes choses en état, se fit aider par Matthieu, prieur de Saint-Martindes-Champs, qu'il appela pour cet effet à Cluny.

4. En 1146, le roi Louis-le-Jeune voulant régler le voyage de la croisade, indiqua un parlement à Chartres, au troisième dimanche d'après Pâques, 21 avril. Saint Bernard et l'abbé. Suger, qui regardaient Pierre de Cluny comme un de ceux dont le conseil était le plus nécessaire, l'invitèrent à cette assemblée; mais il s'en excusa, tant sur sa mauvaise santé, que parce qu'il avait convoqué pour le même jour un chapitre à Cluny. Deux ans auparavant, il avait fait le voyage de Rome, aux invitations du pape Célestin. Il demeura en cette ville jusqu'au pontificat de Lucius II, qui le chargea d'une lettre pour les moines de Cluny, par laquelle il se recommandait à leurs prières. En 1134, Pierre fit 3 un autre voyage en Italie pour assister au concile de Pise, où se trouvèrent un grand nombre d'évêques et d'abbés des Gaules. A son retour, il apprit la mort de sa mère Raingarde, qui s'était depuis quelque temps consacrée à Dieu dans le monastère de Marcigny 4.

5. Celui de Cluny était dans l'usage depuis sa fondation non-seulement de recevoir les étrangers et ceux qui s'y réfugiaient, mais aussi de répandre des aumônes de tous côtés. C'était comme le trésor 5 public de la république chrétienne. Cette dépense obligeait nécessairement l'abbé à recourir aux libéralités des personnes riches, non pour enrichir son monastère, mais pour soulager les indigents. Pierre, voyant que les fonds lui manquaient, écrivit à Roger, roi de Sicile, qu'il connaissait seul en état de subvenir aux besoins de Cluny. Dans une lettre à ce prince, il l'exhorte à se réconcilier avec Conrad, empereur des Romains, en lui remontrant que

1 Bernard, Epist. 364; et Mabillon., lib. LXXVIII Annal., num. 86.

2 Ibid., num. 20.

3 Mabillon., lib. LXXVI Annal., num. 28, 36.

La lettre circulaire que Pierre écrivit à cette occasion a été traduite en français; cette traduction fait partie des Vies des Saints d'Arnauld d'Andilly. (L'éditeur.)

5 Mabillon., ibid., lib. LXXVIII Annal., num. 102; et Petrus, lib. IV, Epist. 37.

leur inimitié était un obstacle à la vengeance qu'il fallait tirer des Grecs, pour avoir, par leur trahison, fait périr une grande partie de l'armée des croisés.

8

6. Pierre fit, en 1150, un second voyage à Rome pour les affaires de son monastère, muni d'une lettre de saint Bernard pour Eugène III. Il en fut reçu avec beaucoup d'honneur. On met un troisième voyage de Pierre à Rome, sous le pontificat d'Honorius III, en 1126, à l'occasion des troubles que Pons, et ceux de son parti, avaient excités dans le monastère de Cluny, dont ils avaient pillé les biens, et mis à mort les moines qui leur avaient résisté. Pons fut condamné par le pape, et Pierre revint à Cluny, avec des lettres du pape à la communauté de Cluny, à laquelle il ordonnait de rendre à Pierre l'obéissance, selon la règle de saint Benoît.

7. Les Pisans étant en guerre avec ceux de Lucques vers l'an 1141, Pierre passa en Italie dans le dessein de les réconcilier. Il avait encore la dévotion d'aller faire ses prières sur le tombeau du vénérable Matthieu, cardinal, évêque d'Albane, mort sept ans auparavant. La même année 1141, Pierre fit la visite 10 des monastères, abbayes, prieurés et celles situés en Espagne, et qui dépendaient de Cluny. Pendant son séjour dans ce royaume, il s'appliqua à connaître les dogmes impies des Sarrasins ou Arabes, dans le dessein de les réfuter, quand il en aurait le loisir. Il traduisit aussi d'arabe 11 en latin la vie de Mahomet.

8. Ce fut sur le témoignage de l'abbé de Cluny, que le pape Innocent II 12 confirma la même année l'élection d'Arnoul, archidiacre de Séez, pour l'évêché de Lisieux, à la place de Jean, son oncle, mort le 20 mai. Geoffroi, comte d'Anjou, s'était opposé fortement à cette élection. Pierre, après avoir donné en une infinité d'occasions des preuves de son zèle pour l'Eglise, mourut en 1156 la nuit de Noël. La pureté de ses mœurs et ses autres vertus lui firent donner le titre de saint, presque au moment de sa mort, par Pierre 13

6 Petrus, lib. VI, Epist. 16; et Mabillon., lib. LXXIX Annal., num. 204.

7 Petrus, lib. VI, Epist. 46; et Mabillon., lib. LXXIX Annal., num. 88.

8 Mabillon., lib. LXXIV Annal., num. 148.

9 Mabillon., lib. LXXVII Annal., num. 114. 10 Ibid. et Petrus, Epist. 12, lib. IV.

11 Biblioth. Cluniac., pag. 1115.

12 Petrus, lib. IV, Epist. 7.

13 Petrus Cellens., lib. II, Epist. 2.

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Ses écrits.

1

de Celles; et s'il n'a point encore été mis au nombre des saints dont le culte est public, ce n'est pas qu'il ne l'ait mérité. Il ne manque, ce semble, à son culte, que l'autorité de l'Eglise, où il est connu sous le titre de Pierre le Vénérable.

9. Tous ses écrits sont autant de monuments de sa piété et de son zèle pour la discipline régulière, surtout ses lettres, élégantes pour son temps, mais souvent un peu longues. C'était son génie et son inclination. Il n'approuvait pas la brièveté dans celles qu'on lui écrivait, la regardant comme un effet de la paresse ou un défaut de fécondité dans l'esprit. On a recueilli ses ouvrages dans la Bibliothèque de Cluny, et au vingt-deuxième tome de la Bibliothèque des Pères, où l'on a donné aussi un abrégé de sa Vie avec deux épitaphes. [L'édition la plus complète est celle qui se trouve au tome CLXXXIX de la Patrologie latine.] Le moine Radulphe, son disciple, l'écrivit et la dédia à Etienne, abbé de Cluny. L'auteur ne s'y est pas étendu comme il le devait, sur les actions de Pierre le Vénérable, ni sur ses miracles. Cette Vie se trouve dans le sixième 2 tome de la Grande Collection de dom Martène, dans la Bibliothèque de Cluny, à Paris en 1614 4, et dans une ancienne Chronique du même monastère 5. Voici le détail des ouvrages de l'abbé Pierre.

10. Le recueil de ses lettres est divisé en

Ses lettres. Livre I, tome six livres. Elles sont ordinairement sans date. XXII Bibl. Patr. p. 825. On les a placées suivant l'ordre de la ChroniEpist. 1. que de Cluny. Celle qui est au pape Innocent II est de l'an 1137, puisqu'elle fut écrite la septième année de son pontificat, commencé en février 1130. Pierre, qui avait été à Pise dans le dessein de l'aider à apaiser le schisme de l'antipape Pierre de Léon, en revint sans avoir rien fait, parce qu'il fut attaqué en cette ville d'une maladie qui l'obligea de retourner à Cluny. Quelque temps après son retour, il écrivit au pape, pour le féliciter de sa constance à combattre les schismatiques, lui faisant espérer dans peu une victoire complète sur les ennemis de 2. l'Eglise. Il écrivit à Matthieu, évêque d'Albane, que la mort du roi d'Aragon ayant occasionné des troubles en Espagne, pourrait bien en occasionner aussi dans les monastères de ce royaume dépendants de Cluny. Par la même lettre, il prie cet évêque, qui

1 Mabillon., lib. LXXX Annal., num. 106.

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avait été moine de Cluny, de s'intéresser, si cela pouvait se faire en conscience, à l'union d'une prébende que l'évêque de Troyes était disposé à accorder à ce monastère, comme il en possédait depuis longtemps à Chartres et à Orléans. Il le prie encore de faire en sorte que le pape lui laissât le jugement d'un prêtre de sa dépendance, qui, au lieu de se trouver au jour marqué pour plaider sa cause, était allé lui-même à Pise la porter au pape.

11. En recommandant à Haimeric, cardinal Epist. 3, et chancelier de l'Eglise romaine, la cause des moines d'Aniane contre l'évêque de Béziers qui les molestait, il se plaint de la désunion qui régnait alors dans son pays entre les membres de l'Eglise, en lui faisant remarquer que les supérieurs traitaient mal leurs inférieurs; que les évêques en voulaient aux moines, les grands aux petits, en sorte qu'ils étaient moins occupés à paître le troupeau confié à leurs soins, qu'à en tondre la laine et tirer le lait. Suivant les désirs de .. Hugues, archevêque de Rouen, il lui fit savoir que le moine Guillaume s'était disposé à la mort avec de grands sentiments de piété et de confiance; qu'après la confession de ses péchés, on lui avait administré l'extrêmeonction, et ensuite le saint viatique par deux fois, mais en deux jours différents.

12. Pierre demanda avec beaucoup d'ins- 11. tances au pape Innocent II d'agréer l'élection que le clergé et le peuple d'Orléans avaient faite d'Hélie, abbé de Saint-Sulpice, pour leur évêque. Les suffrages avaient d'abord été partagés; mais, lorsqu'on s'y attendait le moins, tous se réunirent. Sa lettre à Adèle, 15. comtesse de Blois, soeur du roi d'Angleterre Henri Ier, est pour la consoler sur la mort de ce prince. Le plus puissant motif qu'il emploie, est qu'il était mort muni de tous les sacrements de l'Eglise, après avoir confessé ses péchés dans des sentiments de pénitence, et que l'on avait fait pour lui à Cluny plus de prières et de bonnes œuvres que pour aucun autre prince. Henri mourut auprès de Rouen le 2 décembre 1135. Dans une seconde lettre au pape Innocent II, Pierre le pria de confirmer la sentence rendue dans le concile de Jouarre, au diocèse de Meaux, par les archeques de Reims, de Rouen, de Tours, de Sens et leurs suffragants, contre les meurtriers de trologie latine, col. 15-28. (L'éditeur.) 5 Elle est reproduite dans la Patrologie, ibid., col. 27-42. (L'éditeur.)

17.

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