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Ce qu'ils contiennent de

Cap. x.

ceux qu'il avait faits, et fit un corps de soixante-seize articles, rendant sur chacun la raison du changement qu'il y avait fait, afin de ne pas scandaliser ceux à qui elle serait inconnue. Quoiqu'il sût par l'exemple des changements faits de tout temps dans la discipline de l'Eglise et dans les pratiques des monastères, qu'il lui était libre d'en faire dans les statuts de son ordre, il prit toutefois là-dessus l'avis des plus sages de ses confrères, et fit approuver son recueil par le chapitre général. Les plus remarquables de ses statuts sont ceux qui réforment certains abus que l'on reprochait aux clunistes. Les voici :

79. Défense de manger de la graisse tous remarquable. les vendredis, si ce n'est que la fête de Noël tombe en ce jour. Il paraissait indécent que tandis que les laïques, riches ou pauvres, s'abstenaient entièrement de viande les vendredis, les moines fissent cuire leurs légumes avec de la graisse. Défense de boire du vin mêlé de miel et d'épices, c'est-à-dire de l'hypocras, hors le jour du jeudi-saint, suiIII. vant l'usage. Défense de manger de la viande,

ΧΙ.

sinon aux infirmes et à ceux qui sont absolument caducs. Les clunistes avaient fait quelques changements dans les observances prescrites par la règle de saint Benoît. Pierre convient qu'il n'y avait aucune cause raisonnable d'en faire à l'égard de l'abstinence de XIV. la viande. Pour diminuer le nombre des jeûnes qu'elle prescrit depuis la mi-septembre jusqu'au carême, ils avaient multiplié les fêtes. Pierre en fixe le nombre, savoir: celles de saint Michel, de la dédicace de l'Eglise et des apôtres, hors de l'Avent et de la Septuagésime; l'Octave entière de Noël, le jour de l'Epiphanie, les fêtes de saint Marcel pape, de saint Vincent martyr, de la Purification et de la chaire de saint Pierre. On accordait l'usage de la graisse, dans toutes les fêtes à douze leçons; mais elle était défendue en IV. Avent, excepté le premier dimanche. Les

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faires, y avaient occasionné du relâchement à l'égard du silence.

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80. Par un autre abus beaucoup plus dan- Cap. xxxv. gereux, on recevait, dans presque tous les monastères dépendants de Cluny, des paysans, des enfants, des vieillards, des fous, des gens ineptes à toutes sortes de choses, ou coupables de grands crimes. Il y avait déjà été fait défense de les recevoir, et l'abbé Pierre ne fit que les renouveler, en y ajoutant la clause qu'on ne pourrait recevoir aucun moine dans l'ordre sans la permission de l'abbé de Cluny. Il ordonna aussi qu'on ne xxxVI, XXXVII, donnerait l'habit monastique à personne avant l'âge de vingt ans, qu'on éprouverait les novices au moins pendant un mois, et qu'on rétablirait le travail des mains autant qu'il serait possible, pour éviter l'oisiveté. Mais il restreignait le travail à l'intérieur des cloitres ou aux autres lieux où l'on pût le faire décemment et sans être vu des séculiers. Les autres statuts concernent ou l'office, ou la forme des habits, ou la modestie que l'on doit garder dans les équipages de campagne, ou l'éducation des enfants que l'on instruisait dans les monastères. Il était d'usage en plusieurs églises, de suspendre au milieu du choeur une grande couronne d'airain ornée d'or ou d'argent, et d'y allumer un grand nombre de cierges dans les solennités. Insensiblement on les alluma presque à toutes les fêtes de l'année, et alors on ne distinguait plus les grandes solennités des autres. C'est pourquoi il fut ordonné que cette multitude de cierges ne seraient allumés qu'aux cinq principales fêtes, à la Dédicace de l'Eglise et à la fête de tous les Saints; qu'aux autres fêtes, où l'on avait coutume d'illuminer cette couronne, on se servirait de lampes de verre.

81. Nous remarquerons encore dans ces statuts, que l'on devait dire chaque jour une messe en l'honneur de la sainte Vierge, et son office entier dans les chapelles des infirmes, depuis la fête de tous les Saints jusqu'à Pâques; que lorsqu'après avoir administré l'extrême-onction aux malades, on leur présentera la croix pour l'adorer, ce sera une croix de bois dans laquelle on avait incrusté une particule de la vraie croix, enchâssée dans de l'or, afin que les paroles de l'adoration Ecce lignum crucis, etc., eussent du rapport à la matière de la croix; qu'à la fête de Noël, il n'était permis à aucun prêtre de dire la messe avant la fin de celle qui se chante au point du jour, parce que ces messes

LII.

LIV.

LXII.

LXXII.

Traité de Pierre de Clu.

crifico de la messe.

particulières pendant la célébration de la messe solennelle occasionnaient la désertion du chœur.

82. Le traité de Pierre-le-Vénérable intiny sur le Sa tulé: Nucleus de sacrificio missæ, ou Noyau du sacrifice de la messe, fut imprimé à Rome en 1591, dans le recueil des livres qui traitent des offices et des ministères de l'Eglise catholique; à Paris en 1624, dans le tome X de la Bibliothèque des Pères; en 1624, dans la seconde partie du tome XII de cette Bibliothèque. Il est distribué en quatorze chapitres 1.

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fices étaient de diverses espèces; que comme il n'est permis d'en offrir qu'à Dieu seul, pas même aux anges, on ne peut douter aussi que cette marque de la servitude des hommes ne lui soit agréable; qu'après un si long usage d'offrir à Dieu des sacrifices, soit du temps V, VI. des patriarches, soit sous la loi de Moïse, on ne peut voir qu'avec surprise les hérétiques faire un crime aux catholiques du sacrifice unique qu'ils offrent à Dieu; qu'en observant la pernicieuse doctrine de ces novateurs, il arrivera que l'Eglise sera sans sacrifices dans le temps de la grâce, ce qui n'est pas arrivé même dans le temps de la colère ou sous la VI, VII. Loi. Il prouve, par le témoignage des prophètes, que le culte du vrai Dieu est passé des juifs aux chrétiens; que le sacrifice offert à Dieu par les chrétiens dans tout l'univers Malach., . a été annoncé par Malachie; que l'hostie n'est Cap. VIII, 1. autre que Jésus-Christ, qui en effet s'est offert

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1 Ce traité est un fragment du livre contre les Pétrobrusiens. (L'éditeur.)

2 Tom. X Bibliot. Pat., an. 1624, pag. 1091.

3 Accipite, hoc est corpus, adjunxit meum. Suum ergo, non alterius corpus dedit discipulis. Rursum ne forte alicui cogitatio occulta subreperet potuisse creare in manibus suis corpus quod suum quidem esset, sed tamen quod ipse erat non esset, addidit : quod pro vobis tradetur; ac si diceret : nolite dubitare..... quia hoc est corpus non alterum, aut alterius, sed meum, non permutatum, vel noviter creatum, sed quod pro vobis tradetur, pro vobis crucifigetur, pro vo

3

Christ nous ordonne de manger, et ce sang qu'il veut que nous buvions pour vivre éternellement. Pierre de Cluny établit le dogme de la transsubstantiation, ou du changement réel du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ par les paroles de la consécration, et insiste sur ce que le Sauveur, pour nous ôter tout doute, a dit à ses disciples: C'est mon corps, et non le corps d'un autre, que je vous donne; il n'est ni changé, ni nouvellement créé; c'est le même qui sera livré pour vous et attaché à la croix; c'est le même sang qui sera répandu, provoqué par les verges et contraint de sortir de mes veines par les clous et par la lance. Il dit à ceux qui doutaient de la réalité de ce changement, qu'ils ne pouvaient douter de la toute-puissance de Dieu, à qui l'Ecriture rend des témoignages si éclatants, aux effets qu'ils en voyaient eux-mêmes, et leur rapporte quantité d'exemples de la nature, où une substance est changée en une autre, comme le pain et le vin se changent chaque jour en chair et en sang dans le corps humain.

Cap. XII, XIII, XIV.

XII.

85. Bérenger disait qu'il n'était pas possi- . ble que le corps de Jésus-Christ, eût-il été gros comme une tour, eût pu suffire à nourrir les fidèles depuis tant de temps qu'il leur est administré. C'est là, dit Pierre de Cluny, le langage de ceux qui croient que Dieu ne peut que ce qu'ils peuvent eux-mêmes, qu'il ne sait que ce qu'ils savent, qu'il ne fait que ce qu'ils font. Mais qu'ils se souviennent que d'une extrémité du monde à l'autre, du lever du soleil au couchant, l'on publie à haute voix ce que nous lisons dans le psaume cent trente-quatre « Dieu a fait tout ce qu'il a voulu, soit dans le ciel, soit sur la terre, soit dans la mer et dans les abîmes. Or, il a voulu changer le pain en sa chair et le vin en son sang; il a donc pu faire ce changement, étant Dieu, et conséquemment tout-puissant. >>

86. On lit dans le Spicilege 5 une charte Charte de ou acte de Pierre, abbé de Cluny, par lequel, fondation es

bis morietur. Sic et de calice: Hic est, ait, sanguis... qui pro vobis fundetur, flagellis provocatus, clavis extortus, lancea excussus. Petrus Cluniac., Nucleo de Sacrificio missæ, cap. XI.

Voluit ergo et potuit ut panis in carnem suam, et vinum convertatur in sanguinem suum. Et quia voluit et potuit, idcirco et fecit. Si enim Deus omnipotens est, et Christus Deus est, sequitur quia ad convertendum panem in corpus suum, et vinum in sanguinem suum omnimodo, sicut et ad universa potens est. Pet. Cluniac., Nucleo de Sucrificio missæ, cap. XIV.

5 Tom. XI Spicileg., pag. 332.

1140.

ny.

Etat de l'ab

en reconnaissance des biens que Raoul, comte de Péronne, fils de Hugues-le-Grand, frère de Philippe, roi de France, avait faits au monastère de Crépy et à celui de Cluny, il ordonne qu'après sa mort on lui fera deux trentains; que chaque prêtre lui dira trois messes, et les non-prêtres trois fois les sept psaumes de la pénitence; que dans les autres monastères de l'ordre de Cluny, on lui fera trois trentains, et tous les prêtres, sans exception, célèbreront deux fois pour le repos de son âme; qu'en outre on fera à Cluny son anniversaire solennellement, comme d'un des plus grands amis et bienfaiteurs de l'abbaye après les empereurs et les rois; et que chaque jour, pendant un an, on offrira pour lui le saint sacrifice. En cet anniversaire solennel, on chantait pour le défunt la messe conventuelle; tous les prêtres de la communauté de Cluny célébraient pour lui chacun une fois; les autres récitaient le psaume Miserere mei, Deus, et l'on donnait à manger à treize pauvres.

87. Pierre de Cluny dressa, la vingt-sepbaye de Clu- tième année depuis qu'il en était abbé, un état de cette abbaye ', telle qu'elle était lorsqu'il en prit possession, et de ce qu'il fit pendant ces vingt-six ans pour l'améliorer. En entrant, il trouva une église grande, mais pauvre; les réparations ou entretiens en absorbaient les

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revenus. Il y avait dans le monastère plus de trois cents moines, et la maison ne pouvait en entretenir au-delà de cent de ses propres revenus, quoiqu'ils fussent nourris très-pauvrement; en sorte qu'il fallait emprunter des sommes considérables pour fournir à l'entretien des deux cents autres, des étrangers et pauvres. Pour fournir aux dépenses nécessaires sans emprunt, Pierre mit un autre ordre dans les recettes des fermes dépendantes de l'abbaye. Cet état, qui est représenté dans le tome V des Mélanges de Baluze, prouve bien que Pierre-le-Vénérable avait les qualités nécessaires pour le gouvernement spirituel et temporel de ce monastère et de tout. son ordre.

Jugement

88. Il était d'un naturel doux, et réunissait un esprit élevé avec les talents propres à ins- de ses écrits, pirer l'estime et la vénération. Si l'on en croit un poète 2 de son temps, l'abbé Pierre n'avait point d'égal sous le ciel pour les qualités de l'esprit. Ses lettres en sont pleines; le style en est aisé, pur, agréable et toujours égal, les pensées fines et délicates, les réflexions solides et judicieuses. Il y a du feu dans ses discours et du nerf dans ses ouvrages pour la défense de la religion. Mais il y a moins d'aménité et d'élégance dans ses vers que dans sa prose.

Wibald. Ses

commence. rents, tom.

11. ampliss.

collec. Mar

ten. pag. 153

Pag. 155.

Epist. 305.

CHAPITRE XXXIX.

Wibald, abbé de Stavelo et de Corbie.

[Ecrivain latin, 1158.]

1. L'abbaye de Stavelo, fondée par Sigebert, roi d'Austrasie, dans l'Ardenne, au diocèse de Tongres, aujourd'hui de Maestricht, avait pour abbé, en 1130, Wibald, homme de beaucoup d'esprit et de vertu, connu dans l'histoire de son siècle par les grands services qu'il rendit à l'Empire et à l'Eglise. Il était lorrain de naissance, d'où vient qu'il appelle cette province sa patrie, sa mère et sa nourrice. Mais il faut l'entendre de la basse Lorraine, car il témoigne aussi qu'il avait pris naissance dans le

1 Tom. V Miscellan. Baluzii, pag. 443.

2 Scit bene, scit mundus, quod haberis in orbe secundus... sub cæli cappa tibi non superest, nisi papa...

pays de Liége. Il eut deux frères, Erebert et Erlebold, et une sœur nommée Havid. Le premier fit le voyage de la Palestine en 1148, avec le roi Conrad, dont il était chancelier; le second, après avoir fait profession de la vie monastique à Saint-Laurent de Liége, passa à Stavelo. Havid se consacra à Dieu dans un monastère de filles, nommé Gerishem, vers l'an 1150. Wibald, son frère aîné, lui envoya un anneau, en la congratulant sur l'état qu'elle avait embrassé.

et fortasse bonis præcellis eum rationis. Rodulphus Tortarius, in Elogio Petri Venerabilis. Mabillon., lib. LXXVIII Annal., num. 45.

Epist. 220.

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apprit en très-peu d'années la dialectique, la rhétorique, l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie. C'était vers l'an 1115. Ennuyé du commerce du monde, il pensait sérieusement à le quitter. Stavelo avait pour lui de l'attrait, mais il en avait aussi pour la solitude de VasPag. 156. sor, au diocèse de Liége. Widric, qui en était abbé, y attirait par sa réputation grand nombre de personnes de vertu et de savoir 1. Wibald y alla avec Richer, un de ses condisciples. Ils y prirent l'habit monastique. Leur dessein était d'y vivre dans la contemplation des vérités de la religion et dans le repos. Mais Widric chargea Wibald du soin des écoles, avant même qu'il eût prononcé ses vœux. Ceux de Stavelo le réclamèrent, et se donnèrent tant de mouvements, qu'ils l'engagèrent à y retourner.

Il est fait

abbé de Sta.

3. Cette abbaye, depuis la mort de l'abbé velo, en 1130. Folmart, en 1106, dépérissait de jour en jour, par la mauvaise conduite de ses successeurs. Cunon et Rulland avaient essayé d'en rétablir les biens et l'observance; mais, morts tous deux [dans le court espace de trois années], de 1128 à 1120 ils n'eurent pas le loisir de mettre leurs bons desseins à exécution. Wibald leur sucPag. 90, 92. céda, ayant été élu sur la fin de 1130. En avril de l'année suivante, 1131, il reçut à Stavelo Lothaire III, roi des Romains, et la reine Richise son épouse. Ce prince confirma l'élection de Wibald, et, tant à sa prière qu'à celle des moines de cette abbaye, il la maintint dans la possession de ses droits et de ses priviléges par un diplôme daté du 13 de ce mois. Ibid. et pag. Adalberon, évêque de Liége, accompagna Lothaire jusqu'à Trèves, d'où étant revenu à Stavelo pour la fête de Pâques, il donna le lendemain à l'abbé Wibald la bénédiction abbatiale.

158.

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arriva en 1133. Mais les schismatiques s'étant remis en forces, il fallut les attaquer de

nouveau.

II travaille avec l'empereur pour le rétablissement du pape Innocent, en

1136. Pag. 162.

5. L'empereur Lothaire passa donc les Alpes en 1136, suivi d'une nombreuse armée, et ayant convoqué une assemblée à Melphe, l'abbé Wibald fut chargé, comme chef de l'expédition contre Roger, roi de Sicile, seul protecteur de l'antipape, de pourvoir à l'équipement d'une flotte en soldats et en armes. Il se rendit devant Salerne avec l'armée de l'empereur, et après la prise de cette ville, il passa en Sicile où l'ennemi s'était retiré. Wibald, se voyant à portée du Mont-Cassin, 162. y alla, autant par dévotion, que pour engager l'abbé et les moines, qui avaient pris le parti de Pierre de Léon, à rentrer dans l'unité de l'Eglise en reconnaissant pour pape légitime Innocent II. Raynald-le-Toscan, c'était le nom de l'abbé, fit serment de fidélité à Lothaire et au pape Innocent, mais il faussa bientôt son serment. Il y avait contestation sur la canonicité de son élection, et l'empereur pensait à lui substituer Wibald, qui, prévoyant ce qui devait arriver, était allé à Naples sous prétexte d'affaires, mais en effet pour se soustraire au fardeau qu'on voulait lui imposer.

Il est élu abbé de Mont

Cassin.
Pag. 163.

6. De retour de Naples, où l'empereur l'avait envoyé chercher, ce prince le pressa d'accepter l'abbaye de Mont-Cassin; il en fut prié par l'impératrice Richise, par les archevêques, les évêques, les abbés, les grands seigneurs qui se trouvaient à la cour de Lothaire. Il le refusa. L'empereur le fit prendre de force et le livra aux moines de Cassin 2, qui, l'ayant conduit au chapitre, le proclamèrent leur abbé d'une voix unanime, et l'installèrent en la manière ordinaire. Lothaire, qui avait conçu de l'estime pour 164. Pierre Diacre, moine de Mont-Cassin, qu'il avait vu, à l'assemblée de Melphe, prendre avec ardeur les intérêts de son monastère, songeait à l'emmener en Allemagne et à lui 165. donner l'abbaye de Stavelo à la place de Wibald; mais il changea de dessein sur les remontrances de ce dernier.

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Epist. .

5.

Il y travaille

à faire rentrer né, en 1160,

les biens allé

1144.

Pag. 168, 169.

Il est éla abbé de Corbie, en 1146.

des

Pag. 170.

1172.

Croisade

Sazons

vembre de l'an 1137, et s'en retourna à Stavelo. Avant d'y arriver, il écrivit aux moines de Mont-Cassin pour leur déclarer qu'ils eussent à se choisir un autre abbé. Leur choix tomba sur Raynald Collemezzo, compétiteur de Raynald-le-Toscan. Wibald, ayant appris son élection, l'en congratula, et, par une seconde lettre aux moines de Mont-Cassin, il les déchargea de l'obéissance qu'ils lui avaient promise, et leur fit savoir qu'il renvoyait le sceau et l'anneau à l'abbé Raynald. C'étaient les marques de la dignité d'abbé, avec la crosse et le livre de la règle.

8. Depuis son retour à Stavelo, Wibald continua à faire rentrer les biens de l'abbaye, usurpés ou aliénés. Il ne put y réussir sans faire divers voyages à la cour du roi Conrad, à Cologne, à Liége, même à Rome. Etant en cette ville en 1143, lors de la mort d'lnnocent II, il obtint de Célestin II, son successeur, une lettre pour Adalberon, évêque de Liége, que ce pape exhortait à prendre la défense de l'abbaye de Stavelo, et à employer, s'il était besoin, les censures contre les détenteurs des biens de ce monastère.

9. A peine s'était-il reposé de ses voyages, qu'il fut obligé de se trouver, sur la fin d'août 1144, à Corbie en Saxe, pour juger, avec d'autres abbés, des plaintes formées contre Henri, abbé de ce monastère. Il fit tant auprès du roi Conrad, que l'on arrêta la procédure. Mais comme elle fut recommencée l'année suivante par Thomas, prêtre et cardinal de l'Eglise romaine, il prononça à Paderborne, au mois de mars 1146, une sentence de déposition contre l'abbé Henri. Les moines de Corbie, qui en ces deux occasions avaient connu le mérite de Wibald, et qui n'ignoraient pas le bien qu'il faisait dans son abbaye de Stavelo, l'élurent pour leur abbé d'un commun consentement et de l'avis de Bernard, évêque de Paderborne. Wibald ne voulut point y consentir; les moines de Stavelo s'y opposèrent; mais le roi Conrad appuyant l'élection, manda à Wibald de se rendre à Francfort le 6 décembre, pour y recevoir de sa main les régales comme abbé de Corbie. Il fut reçu en cette abbaye le 18 du même mois, aux acclamations de toute la communauté, et ceux mêmes qui avaient soutenu le parti d'Henri s'en rapportèrent à la clémence de Wibald.

10. Cependant le roi Conrad s'étant croisé à Ratisbonne, pour aller au secours des chréve tiens d'Orient, ordonna, avant son départ,

contre les

1148.

une autre croisade contre les païens du Nord, nommément contre les Sclaves qui ravageaient les terres des chrétiens, surtout des Danois, dont plusieurs avaient été tués par ces infidèles. Les chefs de cette croisade furent l'archevêque de Magdebourg, les évêques d'Halberstat,de Munster, de Mersebourg et quelques autres, avec le nouvel abbé de Corbie, Wibald; il y avait aussi plusieurs seigneurs laïcs. L'armée, qui était de plus de soixante mille hommes, après avoir attaqué les Sclaves, fait le dégât dans leurs terres, brûlé quelquesunes de leurs villes, leur offrit la paix sous la condition de se faire baptiser et de relâcher les Danois qu'ils tenaient en esclavage. Ils acceptèrent les conditions, mais ceux qui reçurent le baptême n'en observèrent pas les promesses, et tous continuèrent à maltraiter les chrétiens. Ainsi l'on ne retira pas de cette expédition le fruit que l'on s'en était promis.

Wib ldem

ses sacrés aux frais de la croisade.

Pag. 174,

11. Avant de se mettre en chemin, Wibald avait envoyé le prieur de Corbie et le prévôt ploie les vade Cresburch au pape Eugène, alors en France, dans l'abbaye de Saint-Denis, pour recevoir de lui la confirmation de son élection. Elle fut accordée. Wibald se trouva dans un autre embarras avant son départ. L'abbaye de Corbie devait fournir son contingent pour les frais de la croisade. Tout 17, 176. l'argent de la maison ayant été dépensé quelques années auparavant par l'abbé Henri, il fallut avoir recours au trésor de l'église, et engager même les calices au duc de Saxe. Il fut dressé un acte des emprunts et dépenses faits en cette occasion. La date est de l'an 1148, 324 ans depuis la fondation de la nouvelle Corbie. Les partisans de l'abbé Henri 178. exagérèrent les dépenses de Wibald, répandirent le bruit qu'il avait dépouillé les autels et donné au roi Conrad les vases sacrés et les autres richesses de l'église de Corbie, et le diffamèrent de telle façon auprès du pape Eugène, qu'il envoya un légat sur les lieux pour informer du vrai des accusations. Elles furent trouvées fausses et l'on reconnut l'innocence de Wibald.

177.

Epist. 46.

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