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Epist. 226.

dans le combat qu'ils avaient livré au jeune roi des Romains, fils de Conrad. Par la victoire que ce jeune prince vient de remporter, toutes les difficultés seront vraisemblablement aplanies, et notre seigneur roi pourra rentrer en Italie sans aucun obstacle. »> La lettre que l'empereur écrivit au pape aussitôt après son retour de la croisade, marquait aussi bien clairement qu'il n'avait que des pensées de paix sur l'Eglise romaine, puisqu'il songeait à envoyer à Eugène III des ambassadeurs qui avisassent avec lui aux moyens de mettre le peuple chrétien en état de servir Dieu en paix, et dans une crainte salutaire, et de rendre à l'empire son ancienne dignité.

32. Nous avons une seconde lettre de Conrad au pape sur le même sujet. Wibald, sachant la terreur qu'avait jetée dans l'Eglise de Rome le bruit de l'alliance de l'empereur Conrad avec l'empereur de Constantinople 225, contre le pape et Roger roi de Sicile, écrivit au cardinal Guy, différent du chancelier de l'Eglise romaine, que ce bruit était faux, et que s'il y avait un traité d'alliance entre ces deux princes, c'était uniquement contre le roi de Sicile. Wibald écrivit à l'empereur de Constantinople sur ce traité, et l'exhorta vivement à tirer vengeance de ce tyran, c'està-dire du roi de Sicile. Dans une de ces lettres, qui est de l'an 1150, Wibald parle du cardinal Guy, chancelier de l'Eglise romaine, comme déjà mort. C'est donc une faute à Ciaconius, de n'avoir mis la mort de Guy qu'en 1153.

226.

225.

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33. Le pape Eugène III apprit avec joie le dessein que l'empereur avait conçu de lui envoyer des députés. Ce prince jeta les yeux sur l'abbé de Corbie, et sur le chancelier, en leur faisant entendre qu'ils feraient le voyage de Rome à leurs frais. Ils supplièrent l'empereur de charger d'autres qu'eux de cette légation, et lui donnèrent des raisons solides de ne pas la faire à leurs dépens. Conrad persista dans son choix. Wibald obéit et persuada au chancelier d'accepter la députation. L'empereur faisant toutefois attention aux raisons que l'abbé de Corbie avait alléguées pour se dispenser d'aller à Rome, choisit pour ses députés les évêques de Bâle et de Constance. Wibald ne laissa pas d'écrire au pape Eugène qu'il devait être lui-même un des députés, et qu'il en aurait volontiers accepté la commission, s'il eût cru qu'elle pût être avantageuse à l'Eglise catholique, au

Saint-Siége, à l'empire romain. L'empereur était revenu à son premier dessein. Wibald partit pour Rome, avec l'archevêque de Cologne, et Henri, notaire de l'empereur, et ils y furent reçus honorablement d'Eugène III. A leur retour, le pape les chargea d'une lettre pour Conrad, et d'une autre pour Henri, duc de Saxe, à qui il recommandait particulièrement l'abbé de Corbie. Il annonça luimême son retour à sa communauté, par une lettre datée de Cologne, dans laquelle il lui donne avis de la mort de l'empereur, arrivée le 15 février 1152, et leur ordonne de faire à ce prince des obsèques solennelles, dignes. d'un roi.

Epist. 327, 335.

340.

34. De Cologne, Wibald retourna à Corbie 293. par Stavelo. La distance considérable entre ces deux abbayes, faisait douter à Wibald qu'il fût en état de les gouverner. Ces deux communautés étaient nombreuses, possédaient de grands biens; et dans les difficultés qui survenaient touchant la jouissance de ces biens, on n'avait que peu, ou point de secours à attendre des tribunaux soit ecclésiastiques, soit séculiers. D'un autre côté, Wibald croyait n'avoir rien à se reprocher sur ses élections. Il avait été canoniquement élu évêque de Stavelo; l'empereur avait contribué à le faire choisir abbé de Corbie, et le pape avait confirmé cette élection; en sorte qu'il gouvernait ces deux monastères tout à la fois, du consentement des deux puissances. Néanmoins il pensait sérieusement à quitter celui de Stavelo. Il en fit la proposi tion à la communauté et en écrivit à un moine de la même maison, en qui il avait plus de confiance, nommé Henri. Tous représentèrent à Wibald que l'église de Stavelo était sa 296, 299, 300, mère; qu'elle l'avait nourri et élevé; qu'il en était l'époux en qualité d'abbé; qu'ils ne consentiraient jamais qu'il les abandonnât. Les moines de Malmedy lui écrivirent dans les mêmes termes. Le moine Henri lui écrivit plusieurs fois sur ce sujet. Ceux de Corbie l'avaient sollicité quelquefois de quitter le gouvernement de Stavelo, afin qu'ils l'eussent plus souvent auprès d'eux; mais informés du mauvais état des affaires de cette abbaye, et du danger qu'elles n'empirassent, si Wibald venait à la quitter, ils le prièrent de ne faire aucune attention, pour le présent, à la demande qu'ils lui avaient faite. Wibald prit le parti de continuer ses soins à l'abbaye de Stavelo, lui donna pour prieur le moine Henri, dont on vient de parler, et destitua

301.

302.

294 295,

Epist. 344.

celui qui l'était auparavant, mais qui s'acquittait mal des devoirs de sa charge.

35. Wibald ayant appris la mort de l'empereur Conrad, écrivit aussitôt au pape Eugène, à qui il fit savoir en même temps l'élection de Fridéric, fils du frère de Conrad. Ce prince l'avait désigné lui-même pour son successeur, parce que son propre fils Fridéric était trop jeune pour être élu roi. L'élection de Fridéric, surnommé Barberousse, se fit à Francfort, du consentement unanime de tous les seigneurs qui étaient présents, le quatrième jour de mars, et il fut couronné le dimanche suivant, qui était le quatrième de carême, à Aix-la-Chapelle, par Arnold, archevêque de Cologne. Les évêques qui assistèrent à son couronnement étaient d'avis d'obliger ce prince, en lui mettant le diadême sur la têle, à promettre de mettre à exécution les projets de guerre de l'empereur Conrad contre le roi de Sicile, afin d'abattre les ennemis du Saint-Siége. Mais les seigneurs laïques ne furent pas de cet avis. Ils opinèrent qu'il ne fallait pas engager si tôt ce prince dans une expédition militaire; qu'il valait mieux attendre que le pape l'appelât à son secours, que d'y aller de lui-même. Fridéric n'avait pas encore trente ans. Il était d'un esprit vif, prompt à prendre son parti, heureux dans la guerre, avide de la gloire et des grandes entreprises, affable, libéral, parlant sa langue avec grâce et élégance; mais il ne pouvait souffrir une injure. Il 345. donna lui-même par ses députés, avis au pape de son élection, et lui promit sincèrement de protéger l'Eglise romaine. L'évêque de Bamberg, l'un des députés, fut chargé de tout ce 346. qui concernait cette députation. L'abbé Wibald, qui connaissait le style de la cour de Rome, l'avertit que les Romains étaient extrêmement attentifs dans les légations qui leur venaient de l'empire, aux termes dont se servaient les députés, et qu'ils ne permettraient pas qu'on les changeât, de peur que la majesté de l'empire et l'ordre de la discipline n'en souffrissent. Il paraît que l'abbé de Corbie eut la commission des sceaux d'or et des patentes pour l'évêque de Bamberg, au bas desquelles ces sceaux devaient être suspendus. Le pape Eugène fut très-satisfait de la députation du roi Fridéric, à qui, de son côté, il envoya un nonce apostolique, pour le féliciter sur son avènement à la cou378. ronne; mais par une lettre particulière sur le même sujet, il témoigna à ce prince qu'il

espérait de lui les mêmes secours que l'empereur Conrad avait prêtés à l'Eglise.

36. Vers le même temps, c'est-à-dire en 1152, les évêques d'Allemagne, croyant faire plaisir au roi Fridéric, écrivirent à Eugène III pour la translation de l'évêque de Citizen au siége épiscopal de Magdebourg. Le pape, voyant qu'il n'y avait ni nécessité, ni utilité pour l'Eglise de Magdebourg; que le prévôt de cette Eglise avait été élu canoniquement, et que l'évêque de Citizen ne s'y était introduit que par la protection du roi, écrivit au chapitre de Magdebourg de rejeter cet évêque, comme un usurpateur; et aux évêques d'Allemagne, de ne plus s'intéresser pour sa translation, mais d'engager le roi Fridéric à laisser à l'Eglise de Magdebourg la liberté entière de l'élection : « Car nous ne pouvons, dit-il, rien accorder contre Dieu et les ca

nons. >>

Epist. 381,

382.

37. Wibald, déjà chargé de la conduite de 49. deux abbayes, fut prié, par les moines de Vassor, d'être aussi leur abbé, à la place de celui qu'ils venaient de perdre. Il ne parait 148. point qu'il se soit prêté à leur désir, ni qu'il se soit donné aucun mouvement pour se procurer l'évêché de Bremen, après la mort d'Adalbéron, en 1149, quoiqu'il n'ignorât pas que le plus grand nombre des suffrages étaient pour lui. Harteric qui, au contraire, le soupçonnait de l'avoir traversé dans son élection, lui en voulut du mal. Ce fut pour s'expliquer sur ce sujet que Wibald lui écrivit la lettre cent quarante-huitième. Il avait au- 113. paravant écrit à Guy, cardinal et chancelier de l'Eglise romaine, pour lui recommander Harteric, nouvellement élu évêque de Brême, l'assurant qu'il serait utile à cette Eglise. Il ne fallait que cette lettre pour faire tomber les soupçons de Harteric.

38. Un nommé Wetzel, du parti opposé 384. aux intérêts d'Eugène III, écrivit à l'empereur Fridéric de secouer le joug du SaintSiége, de reprendre l'empire du sénat et du peuple romain, et d'envoyer au plus tôt à Rome de savants jurisconsultes pour traiter avec les Romains, de peur qu'ils ne se tournassent contre lui. Il cite dans sa lettre la donation de Constantin, et la rejette comme une pièce supposée ou hérétique. Les sollicitations de Wetzel n'eurent aucun succès. L'empereur et le pape Eugène firent entre eux un traité le 23 mars 1152 1, où ce prince

1 Apud Baron., ad ann. 1152, in Append.

385.

promit de ne faire ni paix, ni trève avec les Romains, ni avec Roger, roi de Sicile, sans le consentement et la libre volonté de l'Eglise romaine, du pape Eugène, ou de ses successeurs qui voudraient garder le traité fait avec le roi Fridéric; de travailler de toutes ses forces à rendre les Romains aussi soumis au pape, qu'ils l'avaient été depuis cent ans; de défendre contre tous la dignité papale, et les régales de saint Pierre, comme avoué de l'Eglise romaine, et à l'aider à recouvrer ce qu'elle avait perdu; de n'accorder aucune terre à l'empereur des Grecs deçà la mer; et s'il en envahissait quelqu'une, l'en chasser au plus tôt, selon son pouvoir actuel, ou s'il ne le pouvait alors, d'aider à l'en chasser. Le pape promit aussi, par l'autorité du Siége apostolique, avec les cardinaux présents, de donner au roi la couronne impériale, quand il viendrait la recevoir; de l'aider de tout son pouvoir à maintenir et augmenter sa dignité, employant pour cet effet les censures ecclésiastiques; et d'empêcher l'empereur grec de faire aucune conquête deçà la mer. Ce traité fut signé, de la part du pape, par sept cardinaux et deux abbés; et de la part du roi, par deux évêques et trois comtes. Néanmoins, le roi Fridéric n'entreprit aucune expédition en Sicile contre le roi Roger sous le pontificat d'Eugène III, et ce pape, suivant les avis de l'abbé Wibald, se réconcilia avec les Romains, ainsi que nous l'apprenons 1 de Epist. 388, Romuald de Salerne. Wibald fit aussi ce qu'il

407, 408.

393.

399.

put pour engager Manuel, empereur de Constantinople, à vivre en paix avec le roi Fridéric, et à cimenter cette paix par un mariage de quelque personne de son sang avec ce prince.

39. Le pape Eugène III mourut en odeur de sainteté, du 7 au 8 juillet 1153, après huit ans, quatre mois et seize jours de pontificat. Il eut pour successeur Conrad, évêque de Sabine et cardinal, qui prit le nom d'Anastase IV. L'abbé de Corbie aurait fait volontiers le voyage de Rome pour le féliciter de son élévation, et le mettre au fait de plusieurs affaires qui intéressaient le SaintSiége; mais obligé de travailler aux préparatifs de l'expédition prochaine en Italie, il se contenta de lui écrire avec le respect d'un fils à son père, et la confiance d'un ami; car il y avait vingt-cinq ans qu'ils étaient liés d'une étroite amitié. Wibald fut invité à un

1 Marten., tom. II Ampliss. Collect., in præfat.,

parlement que l'empereur Fridéric devait tenir à Cologne, le 1er novembre 1153, fête de Tous les Saints; et ce prince lui promit qu'on obligerait le comte Palatin de Sumerbure, de réparer les torts qu'il lui avait faits. Henri, comte de Salmes, en avait aussi beaucoup causé à l'abbaye de Stavelo. Wibald, qui y était retourné par ordre du roi et des cardinaux, fit à ce comte le détail de tous ces dommages, et lui en demanda la réparation, ajoutant, qu'au cas de refus de sa part, il se pourvoirait auprès du roi et des grands du royaume. Le comte se plaignit de son côté des injures qu'il avait reçues; et pour ne pas rompre avec l'abbé Wibald, qu'il aimait, il le fit juge de leurs différends.

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40. Cet abbé fit annuler un acte par lequel 403. Poppon, l'un de ses prédécesseurs, avait accordé à un laïque, à titre de bénéfices, des redevances appartenant à l'église de Stavelo; ce qu'il fit à cet égard, fut confirmé dans une assemblée où se trouvèrent Arnold, archevêque de Cologne, Henri, évêque de Liége, et Anselme d'Hævelebergen, et par un décret de l'empereur, qui défendit pour toujours ces sortes d'aliénations.

404.

41. Le pape Anastase IV, qui avait des preuves du zèle de l'abbé Wibald pour les intérêts de l'Eglise romaine, lui en témoigna sa reconnaissance en lui accordant, à la prière de quelques cardinaux, l'usage de porter l'anneau, et lui en envoya un par Gérard, cardinal-diacre, qui allait en Allemagne. Les 405. abbés, dans le xп° siècle, ne portaient donc l'anneau que par privilége du Saint-Siége, qui ne l'accordait qu'avec distinction du mérite et des personnes.

42. En 1156, l'abbé de Corbie porta ses plaintes à l'empereur Fridéric contre l'évêque d'Osnabruck, qui avait usurpé, dans la Nortlande, des dîmes assez considérables, appartenant à son abbaye; il fit encore d'autres plaintes à ce prince, qui étaient plus de son ressort. La cause fut d'abord portée au pape Adrien IV, qui avait succédé à Anastase le 3 décembre 1154. Adrien en commit la connaissance à Wicmann, archevêque de Magdebourck, avec pouvoir de terminer l'affaire. L'empereur ordonna aussi à Wicmann de l'examiner avec soin, et de la finir. L'archevêque cita à son tribunal l'évêque d'Osnabruck et l'abbé de Corbie, à jour certain, dans la ville de Mersebourg. L'évêque d'Os

pag. XXIV.

412 et seq. 422.

Epist. 423.

nabruck fit défaut, disant qu'il aimait mieux renoncer à son évêché, qu'à des dîmes que son Eglise possédait paisiblement depuis plus de soixante ans. Cependant, après avoir pris conseil, il se mit en chemin; et étant tombé malade, il s'en retourna : deux chanoines comparurent en sa place. Wibald au contraire comparut en personne au jour nommé, qui était le 23 janvier. Il produisit les diplômes et les priviléges des empereurs, qui prouvaient que ces dîmes avaient été données à l'abbaye de Corbie par Louis-le-Pieux, lors de sa fondation; qu'elle les avait possédées jusqu'au règne de l'empereur Henri IV, qui, pendant son schisme avec le pape, les avait données par dépit à l'évêque d'Osnabruck, qui n'en avait jamais joui paisiblement. Les chanoines n'insistèrent que sur l'impossibilité où leur évêque s'était trouvé de venir à Mersebourg. Wibald répondit, que puisqu'il avait eu assez de force pour s'en retourner, il pouvait en avoir assez pour comparaître; et voyant que la contestation traînerait en longueur, si on la laissait au jugement de l'archevêque de Magdebourg, il en appela au pape Adrien, et cita l'évêque d'Osnabruck à comparaître dans l'octave de saint Martin. Wiemann en donna avis au pape. Mais l'empereur Fridéric, à qui la présence de Wibald était nécessaire, l'engagea, quoiqu'avec peine, à se désister de son appel; il écrivit au chapitre d'Osnabruck de terminer le procès à l'amiable: ajoutant que s'il n'était pas fini pour un certain temps, il se chargeait luimême de le décider.

43. Il écrivit, en 1157, à Wibald, de se rendre, le troisième dimanche d'après Pâques, à Nimègue, où il avait besoin de ses conseils. Par la même lettre, ce prince lui fit savoir qu'il ne pensait plus à l'expédition contre la Pouille, parce que les Grecs en avaient été chassés, mais qu'il y en avait une d'indiquée contre les Milanais, pour la veille de la Pentecôte, qu'il remettait à sa prudence. Le pape Adrien, ayant appris que quelques-uns s'efforçaient de diminuer ou même d'éteindre dans Fridéric l'amour et le respect qu'il avait pour le Saint-Siége, lui envoya des légats. Il 429 et 430. les recommanda à l'abbé de Corbie, le priant de leur procurer tous les bonneurs et tous les secours convenables, de travailler avec le roi à l'agrandissement de l'Eglise romaine et à 439. tout ce qui pouvait lui être utile, de l'engager surtout à demeurer ferme dans sa vénération pour le Siége apostolique. Dans d'au

tres lettres, le pape marquait à Wibald d'em- Epist. 427. pêcher que quelques maisons religieuses, qu'il nomme, souffrent des dommages au passage de l'armée.

44. C'était apparemment celle qui devait 37. pénétrer en Italie. Avant d'entamer cette expédition, l'empereur avait remporté une victoire complète sur les Polonais. Il en envoya le détail à l'abbé de Corbie, avec les conditions sous lesquelles le roi Boleslas s'était rendu au vainqueur. Une était qu'il serait de l'expédition d'Italie. Par la même lettre, il priait Wibald de venir le joindre la veille de SaintMichel, pour lui communiquer son dessein touchant la légation dont il voulait le charger vers l'empereur des Grecs. Ce fut pour la seconde fois qu'il fit le voyage de Constantinople en qualité de légat.

45. Il était, sur la fin de 1154, passé en Italie avec Fridéric 1, et ce prince, par ses conseils, s'y était fait couronner roi des Lombards. Wibald entra avec lui à Rome au mois de mai de l'année suivante 1155. Fridéric y reçut des mains du pape Adrien IV la couronne impériale. Incertain des motifs qui amenaient ce prince à Rome, il envoya au devant de lui une députation. Mais il fut bien- 616. tôt rassuré par l'abbé de Corbie, dont il récompensa les services et l'affection envers l'Eglise romaine par une bulle confirmative des droits, biens et priviléges des abbayes de Stavelo et de Corbie. La même bulle lui accorde l'usage des sandales et de la dalmatique dans les principales solennités de l'année, et met l'abbaye de Corbie sous la protection du Saint-Siége, avec exemption de toute autre juridiction. Il y a deux autres 619. bulles où le même pape unit à l'abbaye de Corbie, celle de Werbé, soumise immédiatement au Saint-Siége, tant pour le spirituel que pour le temporel. Wibald obtint aussi des diplômes 601 et seq. en faveur de ses deux abbayes de Stavelo et de Corbie, des empereurs Conrad et Fridéric. On les a fait imprimer à la suite du recueil de ses lettres.

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création des anges. Il engagea Henri1, moine
de Stavelo, à la composition d'un ouvrage qui
devait être un monument éternel de son es-
prit et de sa capacité. Nous n'en savons pas
le sujet. On a vu plus haut 2 qu'il avait ap-
prouvé le recueil que le moine Robert avait
fait des miracles du saint abbé Forannan, et
qu'il l'exhorta à le continuer. On ne doute
pas que les anciens rits de l'Eglise de Corbie,

que l'on voit encore dans la bibliothèque de
cette abbaye, ne soient l'ouvrage de Wibald.
On en juge ainsi 3 par les caractères du ma-
nuscrit, qui sont du XIIe siècle, et par le bel
ordre et la décence des rits. Sa lettre à Ma-
negold mérite d'être lue, tant pour l'éru-
dition qui y brille de toutes parts, que pour
la beauté des sentiments et l'aisance du
style.

4

A tes de la fondation de

més de plusieurs.

CHAPITRE XL.

Chunon ou Conrad, abbé de Moury en Suisse; [Hermann, chanoine régu-
lier de Cologne; Udascalque, moine de Saint-Ulric d'Augsbourg; Munio
ou Martin, évêque de Mondonhedo; Hugues, évêque de Porto; Girald ou
Girard, chanoine de Compostelle, écrivains latins du XIIe siècle.]

1. Les actes de l'origine de cette abbaye, Moury, ti située au diocèse de Constance, sur les bords de la rivière de Bintz, à une lieue au-dessus de Bremgarten, et à six de la ville de Bade, sont devenus célèbres par l'usage que les généalogistes en ont fait pour établir leurs divers systèmes touchant la maison d'Hapsbourg, d'où descendent celles d'Autriche et de Lorraine. Aussitôt qu'ils furent rendus publics, on les reçut avec joie, et plusieurs en firent autant de cas que des plus anciens originaux. Guillimann 5 les cita souvent avec éloge, comme des monuments dignes de foi. Christophe Hartmann en usa de même. Eccard s'en autorisa 7 pour faire descendre l'empereur Rodolphe de Gontrand-le-Riche et de Radeboton, comte d'Hapsbourg. Il fit même imprimer ces Actes tout entiers dans le Recueil des preuves de la maison d'Autriche, à Leipsik en 1721. Dom Bernard Pez3 en releva aussi l'autorité, et avant tous ces généalogistes les pères Vignier et Chifflet entrèrent assez dans l'idée que présentent ces Actes sur l'origine de la maison d'Hapsbourg.

Quelquesuns doutent

rité.

6

2. Blondel en pensa différemment. La de leur auto- généalogie des comtes d'Hapsbourg, qu'on lit à la tête de ces Actes, lui parut fautive, et l'autorité des Actes mêmes fort suspecte. Dom Marquard Hergott, connu depuis longtemps

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dans la république des lettres par plusieurs
excellents ouvrages, sans rejeter absolument
cette généalogie et ces actes, a entrepris de
montrer qu'ils ne pouvaient passer pour des
monuments dignes de foi en tous points; qu'on
y trouvait des erreurs contre la vérité de
l'histoire et de la chronologie; enfin que l'é-
dition qui en a été faite à Paris en 1618, par
Pégrest, se trouvant remplie de fautes, il s'é-
tait cru obligé d'en donner une nouvelle, col-
lationnée avec soin sur le manuscrit même
de l'abbaye de Moury. Ces Actes ainsi corri-
gés font partie du tome Ier de la Généalogie
diplomatique de la maison d'Hapsbourg, impri-
mée à Vienne en 1737, in-fol. Dom Hergott
y a joint ses remarques sur l'âge et la qua-
lité du manuscrit dont il s'est servi, et ses
conjectures sur l'auteur de ces Actes, et le
siècle où il vivait.

ces Actes.

3. Sa critique sur tous ces points déplut Apologic de aux propriétaires du manuscrit. Dom Gérold, alors abbé-prince de Moury, voyant les Actes de la fondation de son abbaye attaqués, chargea dom Fridolin Kopp, que son mérite a depuis élevé à la dignité d'abbé, d'en prendre la défense. Son ouvrage sortit de l'imprimerie même de l'abbaye de Moury, en 1750, in-4o, sous le titre de Défense des Actes de ce monastère, pour et contre le R. P. dom

7 Eccard., de Origin. Hapsburg., in præfat., pag. 4; et in probat., pag. 199.

8 Pez., Epist. ad Comit. de Zinzendorf., pag. 31.

9 Blondel, Genealog. Franc., pag. 375; et D. Hergott., Prolegom. 1, num. 10.

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