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peu de temps avant sa mort. Alors ce monastère, qui dans son commencement n'avait que peu de revenus et une petite communauté, possédait des fonds plus considérables, et un plus grand nombre de sœurs. Le saint rappelle à ces sœurs les engagements qu'elles ont contractés par leurs vœux; il les exhorte à les remplir, à faire pénitence de leurs prévarications, et à les découvrir humblement. au supérieur qu'il leur avait donné. Il prie Dieu de leur remettre tous leurs péchés en ce monde par l'intercession de la très-sainte Vierge et des saints apôtres; de les affermir dans leurs saintes résolutions, et de leur accorder en l'autre la félicité; lui demandant encore l'effusion de ses bontés sur ces filles, toutes les fois qu'elles liraient cette lettre ; ce qu'elles devaient faire dans le chapitre aux cinq principales fêtes de l'année.

14. Nous n'avons plus les autres lettres que saint Hugues écrivit aux mêmes religieuses pour leur instruction, ni celles qu'il adressa à Arnoul 2, abbé de Saint-Médard de Soissons, pour l'exhorter à ne pas s'exercer dans des austérités au-dessus de ses forces, et d'où il aurait pu tirer vanité; ni ses lettres à l'empereur Henri-le-Noir; à l'impératrice 3, son épouse; à son fils Henri IV; à Philippe Ier roi de France; à Alphonse VI, roi d'Espagne; à Thibaud, comte des Français ou de Champagne; à Grégoire VII4; à Guillaume 5, abbé d'Hirsauge; et à Wallon 6, abbé de SaintArnoul de Metz. Il en avait reçu lui-même plusieurs de Grégoire VII, des empereurs Henri, des rois de France et d'Espagne, de saint Pierre Damien et de quantité d'autres personnes de la première qualité. Dom Luc d'Acbéry en a rapporté 7 quelques-unes de l'empereur Henri-le-Noir; de l'impératrice Agnès, son épouse; de Henri IV, leur fils, roi d'Allemagne, et ensuite empereur. Ce sont autant de témoignages de l'estime et de la vénération qu'ils avaient pour l'abbé de Cluny. Dans la première de ces lettres, Henri IV, dont les affaires étaient en mauvais état, se plaint de l'infidélité de Henri V, son fils, qui contrairement au serment qu'il avait fait à Aix sur la croix, le clou et la lance qui avaient servi à la passion du Seigneur, cher

1 Bolland, ad diem 29 april., pag. 632.
Mabill., lib. LXIV Annal., num. 128.
Bolland., ad diem 29 april., pag. 630 et seq.
* Gregor. VII, lib. V, Epist. 21.

Mahill., in Analectis, pag. 155.

Ibid., pag. 457. - 7 Tom. II Spicileg., pag. 390.

chait à détrôner son père et à le dépouiller de ses Etats. On croyait donc avoir à Aix ces trois reliques. Il se plaint encore de ce qu'il l'avait fait arrêter dans une prison très-étroite, et sans lui laisser même un prêtre 3 de qui il pût, dans la fâcheuse situation de sa santé, recevoir le corps et le sang du Seigneur, et lui confesser ses péchés. Dans la lettre suivante le même prince prie l'abbé de Cluny de s'entremettre auprès du pape Grégoire VII pour sa réconciliation. Cette lettre eut son effet, et Hugues, conjointement avec la comtesse Mathilde, réconcilia Henri IV avec le pape. Celle de l'impératrice Agnès est pour donner avis à l'abbé de Cluny de la mort de l'empereur Henri-le-Noir, et le recommander à ses prières et à celles de sa communauté. Ce prince avait de son vivant pris sous sa protection tous les biens que l'abbaye de Cluny possédait, soit en Allemagne, soit en Italie.

Lettre de communion

l'abbé de Clu ny.

15. Alphonse, roi d'Espagne, qui n'était pas moins dévoué à l'abbé et à l'abbaye de accordée par Cluny, augmenta du double le cens annuel que son père avait ordonné de payer à la communauté, et régla par son testament qu'il serait payé de la même manière par ses successeurs. Il paraît par la même lettre, qui est adressée à l'abbé Hugues, que ce prince avait établi par son ordre l'office romain dans ses Etats; mais cette nouveauté y causait une grande désolation; c'est pourquoi Alphonse le prie d'engager le pape à envoyer le cardinal Girauld pour corriger ce qu'il y avait à corriger. Hugues, de son côté, pour reconnaître les bienfaits d'Alphonse et de l'empereur Henri-le-Noir, fit un statut adressé en forme de lettre 10 à tous les moines de Cluny présents et à venir. En voici la substance: «Alphonse pendant sa vie devait participer à toutes les bonnes œuvres qui se feraient tant à Cluny que dans les maisons en dépendant; chaque jour, à l'heure de tierce, on chanterait le psaume Exaudiat te Dominus; et à la grande messe on dirait la collecte Quæsumus, omnipotens Deus; au jour de la cène du Seigneur, on admettrait au Mandat trente pauvres en son nom; le célérier en nourrirait cent aussi à l'inten

8 Neque relictus est nobis sacerdos cum de vita nostra desperaremus, a quo possemus corpus et sanguinem Domini pro viatico accipere, et cui possemus peccatorum nostrorum confessionem facere. Pag. 393. 9 Tom. VI Spicileg., pag. 445.

10 lbid., pag. 444.

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tion de ce prince le jour de Pâques ; et chaque jour, soit pendant sa vie, soit après sa mort, on donnerait à un pauvre les mêmes portions que l'on eût servies à Alphonse, s'il eût mangé au réfectoire avec les frères; après sa mort on ajouterait à toutes ces bonnes œuvres une messe haute pendant un an, laquelle serait chantée dans l'église des SaintsApôtres, que l'on pouvait regarder comme bâtie à ses frais; et à l'égard de son anniversaire, on le célébrerait en la même manière que celui de l'empereur Henri-le-Noir, c'est-à-dire qu'à vêpres, à l'office et à la messe, on sonnerait toutes les cloches; on chanterait le trait en chapes, et la messe à l'autel qu'il avait érigé dans cette église; en outre, on donnerait à manger

douze pauvres, et en ce jour la réfection des religieux serait plus abondante que de coutume. Le même statut porte que la reine, épouse d'Alphonse, participerait à toutes ses bonnes œuvres, et que son anniversaire serait célébré comme celui de l'impératrice Agnès. Baluze ne s'étant point aperçu que ce statut avait été publié par dom Luc d'Achéry, l'a fait imprimer dans le sixième tome de ses Mélanges. [On le trouve reproduit au tome CLIX de la Patrologie, col. 945-946.]

16. Lambert 2, abbé de Saint-Bertin 3, était allé à Cluny prier l'abbé de recevoir la démission de son abbaye, de s'en charger lui-même, et de le recevoir au nombre de ses moines; mais tout ce qu'il put obtenir, fut que pendant sa vie l'abbaye de SaintBertin serait soumise à celle de Cluny, et que lui-même en serait censé membre. L'abbé Hugues ajoute par considération, qu'après la mort de Lambert, on ferait pour lui un trentain à Cluny et chaque année son anniversaire. [Ce statut est reproduit au tome indiqué de la Patrologie, col. 945-948.] Il est suivi dans le Spicilége d'un acte de donation faite à Hugues et à l'abbaye de Cluny, par Thibaud III, comte de Troyes, et Ade

1 Pag. 476.

4

Lambert, élu abbé de Saint-Bertin en 1095 et mort en 1123, paraît être le même que Lambert, chanoine de la même communauté, auquel on doit le Liber floridus, conservé manuscrit dans la bibliothèque de Gand. C'est une de ces encyclopédies indigestes, telles qu'on en rencontre souvent parmi les monuments littéraires du moyen å re, et qui, à une époque où il y avait peu de livres, présentaient, resserrées en un volume, les principales notions scientifiques dont on pouvait avoir besoin. La notice sur le Liber floridus, par Jules de Saint-Genois,

laïde, son épouse, dans lequel ils prient ce saint abbé de baptiser lui-même leur fils Odon, persuadés qu'il lui serait plus avantageux d'avoir eu pour parents en Jésus-Christ des personnes pieuses que des riches.

Aures

tuts de

17. L'abbé Hugues ordonna 5 qu'à Cluny on chanterait chaque année le jour de la gues. Pentecôte, à l'heure de tierce, l'hymne Veni Creator. Il défendit de prêter 6 aucun livre de la bibliothèque, sans caution, et fit retrancher du Præconium ces mots : 0 felix culpa. On a parlé plus haut de la lettre qu'il écrivit рги avant sa mort aux religieuses de Marcigny. Nous ajouterons ici qu'il avait défendu d'y recevoir aucune fille avant l'âge de vingt ans, et permis d'y admettre des femmes âgées. Ces religieuses étaient de deux sortes, les unes vivant ensemble dans la clôture du monastère, d'autres enfermées séparément, et qu'il était également défendu à toutes, pour quelque raison que ce fût, de se faire voir aux hommes. Des moines sages et prudents avaient soin de leurs affaires temporelles, et saint Hugues leur donna pour les instruire un vieillard de grande vertu, nommé Renchon, et recommanda à ses successeurs le soin de ce monastère. [L'exposition aux religieuses de Marcigny, et l'avertis sement à ses successeurs pour ces religieuses, est reproduit au tome CLIX de la Patrologie, col. 949-952; il est précédé d'une autre adressée aux religieuses elles-mêmes.] Par une autre lettre 9 ou statut adressé à tous ceux de son ordre, saint Hugues rend grâces à Dieu de ses faveurs envers lui et sa congrégation qui était déjà étendue, nonseulement en Bourgogne, mais en Italie, en Lorraine, en Angleterre, en Normandie, en France, en Aquitaine, en Gascogne, en Provence, en Espagne. Mais plus le nombre des moines de son ordre était grand, plus il appréhendait pour le compte qu'il aurait à en rendre à Dieu, soit parce que plusieurs étaient morts sans confession et sans viatique, soit à

professeur bibliothécaire à l'université de Gand, publiée dans le Messager des sciences historiques de Belgique, est reproduite au tome CLXIII de la Patrologie, col. 1003-1032. (L'éditeur.)

3 Tom. VI Spicileg., pag. 448. Pag. 449.

5 Mabill., lib. LXXI Annal., num. 74.

6 Ibid., et Pet. Venerabilis, lib. IV, Epist. 38.

7 Marten., de Ritib, monast.,lib. III, cap. xv.

8 Mabill., lib. LXI Annal., num. 89, et lib. LXXI, num. 68, et Bibliot. Cluniacens., pag. 491 et seq. Ibid., pag. 495.

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18. Toutes ces pièces se trouvent rassemblées dans la Bibliothèque de Cluny, par les soins de dom Marrier 2 et de Duchesne. Ils y ont joint une partie du discours que le saint abbé fit en chapitre la nuit de Noël 1108, et qui contient la vision qu'il avait eue cette nuit-là même de la sainte Vierge, portant son enfant sur son sein, et la relation de deux miracles, que saint Pierre Damien disait avoir appris de saint Hugues. [Cette pièce est rapportée au tome CLIX de la Patrologie, col. 953-956.] On trouve dans la même Bibliothèque, la Vie de saint Morand, disciple de saint Hugues, que quelques-uns lui ont attribuée, ne réfléchissant pas que saint Mcrand survécut à son maître 3 plusieurs années, et qu'il y est fait mention du saint abbé de Clany. [Les éditeurs de la Patrologie ont fait suivre les écrits de saint Hugues des donations faites au monastère de Cluny sous le gouvernement du saint abbé, et rapportent à ce sujet vingt-sept charles.]

19. L'abbaye de Saint-Hubert en Ardenne avait dans le même temps pour abbé, Thierry, loué dans l'histoire pour sa constance à défendre la liberté et les droits de son Eglise, et son attachement à l'unité pendant le schisme de l'antipape Guibert et de l'empereur Henri IV. Il avait embrassé la vie monastique à Saint-Hubert. Il en était prieur sous le bienheureux abbé Thierry, et lui succéda en 1087. En 1093, il assista au concile de Soissons contre Roscelin. Quelque temps après, Otbert, évêque de Liége, attaché au parti des schismatiques, poursuivit avec tant de violence les abbés qui tenaient pour l'unité, qu'ils furent contraints d'abandonner leurs maisons. Béringer, abbé de Saint-Lau

1 Bibliot. Cluniac., pag. 498.

2 Bibliot. Cluniacens., pag. 500, et Bolland., ad diem 29 april., pag. 646.

Mabill, lib. LXX Annal., num. 97.

Mabill., lib. LXVII Annal., num. 49, et Flores Leodienses, pag. 438.

7

rent de Liége, se retira à Saint-Hubert, et Thierry dans une terre dépendante de son abbaye, emportant avec lui les ornements. les plus précieux de son église pour les met. tre en sûreté. Il y reçut une lettre de Jarenton, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, qui lui offrait de partager ses disgrâces, en le recevant lui et les siens dans son abbaye, en les exhortant à persévérer dans la défense de la vérité et dans l'unité, sans se laisser ébranler par les persécutions d'Otbert, qu'il dit être pire que n'était l'hérésiarque Cérinthe.

Il esto blig de sortir u

20. Jarenton devait se trouver avec Hugues, archevêque de Lyon et légat du Saint- sou abbaye. Siége, au sacre de Burchard, élu évêque de Metz à la place d'Hérimann. Thierry y alla 8 avec l'abbé Béringer et quelques autres, pour y demander la protection du légat. Il l'accorda, et défendit à tous ces abbés de communiquer avec Otbert. Celui-ci en fut irrité o. Il alla à Saint-Hubert, commit mille irrévérences dans l'église, interrompit la messe et l'office, excommunia l'abbé et ceux qui l'avaient suivi, et mit à sa place un moine de Liége, nommé Ingobrand. Cet intrus jeta le trouble dans l'abbaye et dissipa les biens. Thierry, secondé des seigneurs du pays, rentra dans son siége. On le contraignit une seconde fois d'en sortir. Il se retira à SaintRemy de Reims, où las de tant de contrastes, il se démit de l'abbaye entre les mains de Béringer. Celui-ci l'ayant refusée, Othert la fit donner à Wirède, moine de Saint-Hubert. Thierry, offensé du procédé d'Otbert, cita Wirède devant le tribunal de Manassès II, archevêque de Reims, et ensuite à Rome. Wirède n'ayant osé comparaître, le pape Urbain II 10 l'excommunia, et annonça la sentence portée contre lui par deux rescrits, l'un adressé aux moines de Saint-Hubert, l'autre aux clercs et aux fidèles de Liége, qui étaient liés de communion avec le SaintSiége. Ceci se passa en 1098. Thierry revint de Rome avec ces deux rescrits; mais Wirède n'y eut aucun égard, et quoiqu'excommunié une seconde fois dans un concile 11 tenu dans les Gaules en 1105, par Richard, abbé de Saint-Victor de Marseille, et légat du pape, il se maintint dans l'abbaye de Saint-Hubert

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Ecrits de

Thierry.

jusqu'à la mort de Thierry, le douzième de
juillet 1109.

21. Les persécutions qu'il souffrit, tant de
la part de l'évêque Otbert, que de Wirède,
usurpateur de son abbaye, le mirent dans la
nécessité de se défendre, du moins par écrit,
ne pouvant en honneur abandonner sa cause,
qui devenait en quelque sorte celle de l'E-
glise et celle de ses religieux. Il écrivit d'a-
bord à l'Eglise de Liége 2 une lettre en façon
d'apologie, dans laquelle il faisait voir qu'il
n'était point excommunié, parce que per-
sonne ne pouvait l'être que pour crime;
qu'ainsi l'excommunication prononcée con-
tre lui par l'évêque Otbert, devait être comp-
tée pour rien. « Je n'ai, dit-il, commis aucun
crime digne d'anathème; je ne suis ni voleur
ni sacrilége; je n'ai rien enlevé à mon église,
et je n'ai permis à personne de la dépouiller.
Si j'ai confié à ceux qui sont sortis avec moi
une partie du trésor, je ne l'ai fait que de
l'avis du duc Godefroy et d'autres personnes
sages, dans la crainte que quelques abbés
simoniaques ne le vendissent pour le prix de
leur simonie, comme il était arrivé à plu-
sieurs; d'ailleurs ce que j'ai fait enlever a
été mis en mains sûres, et dans des lieux de
la dépendance de Saint-Hubert, pour y être
reporté aussitôt que je le pourrai; ce qui est
arrivé, puisque l'ai restitué en entier, comme
un fidèle dépositaire. D'où il suit que, si l'on
a lancé contre moi une excommunication,
elle est injuste, suivant le témoignage de
l'Ecriture et de saint Jéròme, qui, en expli-
quant le pouvoir des clefs accordé à l'Eglise,
dit que ceux qui en abusent, en condamnant
les innocents, se condamnent eux-mêmes. >>
Il prouve la même chose par le témoignage
de saint Grégoire. [La lettre de Thierry à l'E-
glise de Liége est citée au tome CLVII de la
Patrologie, p. 487-488, et reproduite dans la
Chronique de Saint-Hubert, tome CLIV, col.
1428-1430.] Thierry écrivit ensuite3 à Wirède,
intrus dans le siége abbatial de Saint-Hubert
par l'évêque Otbert. Il témoigne son étonne-
ment du changement subit de Wirède, si at-
taché autrefois à l'unité de l'Eglise, qu'il au-
rait sacrifié sa vie pour la bonne cause, pour
laquelle il avait en effet souffert l'exil et
d'autres maux, et dévoué depuis au parti
des schismatiques. « Votre changement, dit-
il, scandalise les Eglises de Reims, de Laon,

1 Gallia Christiana nov., tom. III, pag. 972, et
Mabill., lib. LXVII Annal., num. 49.

* Pag. 994, 995.

de Verdun, de Toul, à qui vous avez inspiré
de la douleur pour l'état présent de l'Eglise
de Liége et même de Saint-Hubert, vexées
l'une et l'autre par Otbert. » Il se plaint des
violences qu'il avait exercées contre lui, et
parce que Manassès, archevêque de Reims,
et Engelramne, évêque de Laon, avaient
rendu une sentence, portant que Wirède
n'aurait point le nom d'abbé, et n'en ferait
aucune fonction sans l'autorité du Saint-
Siége, il le cite à Rome pour la fête des apô-
tres saint Simon et saint Jude.

22. Wirède refusa de comparaître, disant
que son différend devait être porté devant
son évêque, qui était celui de Liége, c'est-à-
dire Otbert. Thierry fit donc seul le voyage
de Rome avec Héribaud. Il trouva le pape à
Benevent, et lui présenta sa supplique 4, où
il expose au juste toute son affaire, et de-
mande justice. [Cette supplique est repro-
duite au tome CLI de la Putrologie, col. 555-
557.] Le pape, touché de voir un abbé dé-
pouillé de son abbaye pour avoir été fidèle
an Saint-Siége, donna les deux rescrits 5 dont
nous venons de parler; l'un portant excom-
munication contre Wirède, avec ordre aux
moines de Saint-Hubert de le chasser, s'il ne
se désistait de ses prétentions sur l'abbaye;
l'autre pour engager les catholiques de Liége
à chasser Otbert, ou du moins à lui refuser
l'obéissance.

l'ar

Sa requête au pape Crbain 11.

Remarque sur l'ordias

chard, évêque

23. L'historien de Saint-Hubert remarque que l'ordination de Burchard, à laquelle tion de Barl'abbé Thierry assista, ne se fit par Hugues, de Meiz. archevêque de Lyon, que parce que Burchard ne voulut pas se faire sacrer par chevêque de Trèves, attaché au parti de l'antipape Guibert. Il ajoute que Hugues ful assisté des évêques de Constance, de Mâcon, de Langres, de Toul et de Verdun, et que Jéronte, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, s'y trouva aussi. Il est dit au contraire, dans la Chronique de Berthold de Constance, comme on l'a déjà observé ailleurs, que le sacre de Burchard se fit en cette ville, et non à Melz, comme le dit l'historien de Saint-Hubert. Ils s'accordent du moins en ce qu'ils conviennent l'un et l'autre, que l'évêque de Constance fut de la cérémonie.

Gaillar

24. Il ne nous reste que trois lettres de Guillaume, archevêque de Rouen l'une à cheviqu-d saint Anselme 7, à qui, en qualité de son évê

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Rou- a.

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que diocésain, il permet et ordonne de la part de Dieu, d'accepter l'archevêché de Cantorbéry; les deux autres à Lambert 1, évêque d'Arras, à qui il recommande un prêtre nommé Richard, qu'il avait ordonné, et un nommé Gautier, qui, pour éviter les persécutions qu'il souffrait dans le lieu de sa demeure ordinaire, s'était retiré dans le diocèse d'Arras. Orderic Vital semble attribuer à l'archevêque Guillaume l'épitaphe de Sybille, duchesse de Normandie. Elle est en dix vers élégiaques. On parlera dans l'article des Conciles de celui que ce prélat assembla 3 a Rouen en 1096. Il y en tint un autre en 11084, dont les actes ne sont pas parvenus jusqu'à nous, et en 1080 il se trouva 5 avec Guillaume-le-Conquérant à l'assemblée de Lillebonne. Avant de parvenir à l'archevêché de Rouen, il avait été moine à Caen, sous Lanfranc, puis au Bec. Etant ensuite retourné à Caen, il en fut fait abbé en 1070, et neuf ans après archevêque de Rouer. Ayant encouru la peine de suspense de scs fonctions, on ne sait pourquoi ; saint Anselme intercéda pour lui auprès du pape Pascal II, qui lui donna commission d'examiner les raisons de cette censure, et d'en absoudre l'archevêque ce qu'il fit dans un synode tenu à Rouen, vers l'an 1106. Guillaume mourut environ quatre ans depuis, c'est-àdire le neuvième de février de l'an 1140. Parmi les lettres des papes Urbain II et Pascal II, et de saint Anselme, il s'en trouve plusieurs adressées à l'archevêque Guillaume. Nous n'avons plus les réponses.

25. Théofroi [Thiofridus], moine d'Epternac au diocèse de Trèves 7, sous l'abbé Régimbert, lui succéda 8 dans sa dignité en 1081. Il fut inquiété pendant deux ans par un compétiteur. Mais comme il sut se pourvoir auprès de Grégoire VII, ce pape le maintint en possession de l'abbaye, qu'il gouverna pendant vingt-buit ans. On peut juger de la vénération que l'on avait pour lui, par la confiance que lui témoignèrent et Brunon II, archevêque de Trèves, en le chargeant du soin de sa

1 Baluz., tom. V Miscellan., pag. 286, 314. Orderic. Vital., lib. XI, pag. 810.

3 Tom. X Concil., pag. 599.

Orderic. Vital., lib. VIII, pag. 700, et tom. X Concil., pag. 758.

Concil. Norm., part. 1, pag. 67, 74, et Orderic. Vital., lib. V, pag. 552.

Eadmer., lib. IV Novor., pag. 74.

7 Voir sur Théofroi une notice historique tirée de Fabriciu,et ne notice historique tirée de l'Histoire

conscience; et le peuple de l'île de Walchre, dans la Zélande, en le prenant pour arbitre d'un différend qui occasionnait entr'eux des meurtres. Il alla sur les lieux. A son passage à Anvers, toute la ville alla au-devant de lui avec les châsses des reliques des saints. Arrivé à Walchre avec un de ses moines nommé Ekehard, qui, avant sa conversion, était un des principaux de la ville, il y établit la concorde et la paix, opérant des miracles par la vertu d'une relique de saint Willibrode, apôtre de Zélande, qu'il avait apportée. La Chronique d'Epternac9 met sa mort au mois d'avril de l'an 1110, et ne compte les années de sa prélature que depuis l'an 1083, qu'il y fut maintenu à Rome par le pape Grégoire VII. Elle ajoute qu'il laissa plusieurs monuments de la subtilité de son esprit tant en prose qu'en vers, et dans la composition de divers chants pour les offices des saints. Il était savant 10 et possédait, outre la langue latine, l'hébraïque et la grecque.

26. Son principal ouvrage ", et celui qu'il appelle les prémices de son travail, a pour titre Les Fleurs de l'épitaphe des Saints. Quoiqu'il soit divisé en quatre livres, il ne lui donne que le nom de libelle. C'est un recueil des œuvres miraculeuses que Dieu a faites par les corps des saints, par leurs cendres, par leurs vêtements et par les instruments de leurs supplices. Théofroi le dédia à Brunon II, archevêque de Trèves. Il fut imprimé à Luxembourg en 1619, par les soins du père Jean Robert, jésuite, in-4o, chez Reuland. [Il est reproduit au tome CLVII de la Patrologie, col. 297]. Cet ouvrage est une preuve de l'érudition de son auteur, mais plus encore de sa piété et de sa modestie. Le style n'en est ni poli, ni coulant, et l'on y rencontre quantité de grécismes. Il témoigne au quatrième chapitre du second. livre désapprouver les dépenses que l'on faisait pour revêtir les châsses des saints d'ornements précieux. « Les saints, dit-il 12, ne sont point avides de l'or, mais ils sont portés à favoriser ceux qui en font un usage reli

littéraire de la France, au tome CLVII de la Patrologie, col. 293-298. (L'éditeur.)

8 Mabill., lib. LXV Annal., num. 46.
Marten., tom. IV Ampliss. Collect., pag. 510.
10 Mabill., lib. LXV Annal., num. 46.
11 Mabill., lib. LXXI Annal., num 23.

18 Non quidem appetunt aurum sancti, sed propitiari religiose dispensantibus aurum. Non appetunt in altum constructa oratoriorum ædificia, non fabricata columnarum epistylia, non splendentia divitiis la

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