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ont pris le parti de dire que les prophéties ont été fabriquées après l'événement. C'est la remarque de saint Augustin: mais ce saint docteur fait voir par le témoignage même des Juifs, ennemis les plus irréconciliables de la religion chrétienne, que les prophéties dont ils sont les dépositaires, ont été écrites en leur langue dans le temps de leurs dates, c'est-à-dire sous les règnes des princes qui y sont rappelés. Au reste, ce n'est pas seulement à l'égard des mystères de la religion prédits par les prophètes, que leurs prophéties ont été accomplis. On a vu la naissance et la chute de l'empire des Perses, des Grecs et des Romains, arrivées en la manière et dans le temps qu'ils avaient prédits. Tout ce qui est arrivé à l'Egypte, à Ninive et à Babylone, avait auparavant été révélé aux prophètes. Des preuves si évidentes de la certitude des prophéties faisait dire à l'apôtre saint Pierre, qu'il ajoutait plus de foi à ce qu'on lisait dans les écrits des prophètes, qu'à ce qu'il avait vu de ses propres yeux sur le Thabor, lors de la transfiguration du Sauveur. 7. Or ces prophètes ont annoncé la venue et des mira- du Messie; ils ont marqué le temps et le lieu de sa naissance, et n'ont omis aucun des caractères auxquels on devait le reconnaître. Jésus-Christ les a tous réunis en sa personne : il l'a prouvé par un nombre infini de miracles; et c'est par la même voie qu'il a établi Joan., VI, 14. son Evangile par toute la terre. A la multi

L'autorité de l'Evangile

cles.

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Corinthiens: Je n'ai pas employé, en vous parlant et en vous prêchant, les discours de la sagesse humaine, mais les effets sensibles de l'esprit et de la vertu de Dieu; afin que votre foi ne fût point établie sur la sagesse des hommes, mais sur la vertu de Dieu. Il était important que ces miracles fussent rapportés dans le livre des Actes des apôtres, parce qu'ils formeront toujours une preuve subsistante de la vérité de l'Evangile qu'ils devaient prêcher dans tout l'univers.

2

1

8. Il n'était pas moins intéressant que l'on recueillit les actes des martyrs : les fidèles s'en faisaient un devoir; ils marquaient exactement le genre et le jour de leur mort pour en faire la fête. L'usage de mettre par écrit les circonstances de leurs supplices, avait lieu dès le siècle des apôtres, parce qu'on regardait les souffrances des martyrs 1 comme autant de témoins qui déposaient pour la divinité de Jésus-Christ. C'est pourquoi les premiers évêques, et ceux mêmes qui avaient été disciples des apôtres, après avoir employé contre les hérétiques l'autorité de la loi de Moïse, des prophètes et de l'Evangile, y ajoutaient, pour les convaincre, les actes des martyrs. C'est ce que l'on voit dans l'épître de saint Ignace, évêque d'Antioche, et martyr, aux Smyrniens. « Défenseurs de la mort ou de l'erreur, plus que de la vérité 3, ils n'ont, dit-il en parlant des hérétiques, pu être persuadés jusqu'à ce jour, ni par les prophéties qui rendent témoignage à la divinité de Jésus-Christ, ni par la loi de Moïse, ni par l'Evangile, ni par les tourments que nos martyrs ont soufferts pour la foi en JésusChrist. »

9. Telle était, dès le premier siècle de l'Eglise, la méthode de traiter les matières de la religion ainsi l'on peut faire remonter la théologie positive jusqu'au temps des apôtres ou de leurs disciples. Cette méthode fut suivie par saint Justin dans ses Apologies pour la foi contre les païens. Il y établit, comme saint Ignace, la vérité de notre religion par l'autorité des divines Ecritures, et par la constance des martyrs. Il en est de même des autres apologistes du christianisme, comme Théophile d'Antioche, Athénagore, Miltiade, Tertullien. Saint Irénée la prouve aussi par l'unité de doctrine, toujours la

in hunc usque diem, neque nostræ singulorum passiones. Ignat., ad Smyrnens., num. 5.

Iren., lib. III cont. Hæres., cap. 11, Iu, et lib. IV cap. XXXII.

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La tradition apostolique.

Le consentement de

églises.

même dans l'Eglise depuis Jésus-Christ, au lieu qu'elle variait chez les hérétiques.

10. Un autre de ses arguments est ', que l'Ecriture étant obscure en quelques endroits, il est nécessaire de recourir à la tradition, c'est-à-dire à la doctrine que Jésus-Christ et ses apôtres nous ont transmise de vive voix par une succession constante des évêques. Saint Clément d'Alexandrie insiste aussi sur la nécessité de cette tradition orale 2. Les hérétiques ne pouvant montrer par une succession non interrompue d'évêques, qu'ils descendaient des apôtres ou des hommes apostoliques, Tertullien conclut de là 3, que leur doctrine était nouvelle, et conséquemment qu'ils ne devaient pas être reçus à la paix et à la communion par les Eglises apostoliques.

11. Il prouve au contraire la vérité de nos toutes les dogmes par le consentement unanime de toutes les Eglises en une même croyance. << Il n'est pas vraisemblable, dit-il, que tant d'Eglises et si nombreuses se soient accordées à recevoir l'erreur : si leur doctrine eût été fausse, elle aurait dû varier. Ce qui se trouve être le même chez plusieurs, n'est pas une erreur, mais une tradition. »

L'autorité

des décrets de

écrits des Pères.

12. Les siècles suivants fournirent à la

des conciles, théologie positive plusieurs autres moyens Rome, et des de constater les vérités que la foi nous enseigne. La paix qui suivit la conversion des empereurs et autres potentats de l'univers, mit les évêques dans la liberté de s'assembler pour les besoins de l'Eglise. Tous dépositaires des vérités spéculatives et pratiques de la religion, ils s'accordèrent à composer des canons ou des décrets pour le maintien et l'observation de ces vérités. Les Souverains Pontifes, consultés de toutes parts sur les matières de la religion, répondirent par des épîtres décrétales, que l'on reçut par tout le monde avec respect, parce qu'il était d'usage dans toutes les Eglises de n'y rien traiter d'important en matière de foi et de discipline, sans en communiquer avec l'Eglise de Rome, comme étant chargée du soin de toutes les autres. L'instruction des catéchumènes et des néophytes, les diverses hérésies qui jetèrent le trouble dans l'Eglise, engagèrent les évêques et d'autres écrivains ecclésiastiques à écrire, soit pour l'utilité et l'édification de l'Eglise, soit pour la défendre

1 Iren., lib. III cont. Hæres., cap. II, III, et lib. IV, cap. XXXIII.

Clemens, lib. I Stromat., pag. 322.

contre ses ennemis de là sont venus tant d'excellents ouvrages de saint Cyprien, de saint Hilaire, de saint Athanase, de saint Basile, de saint Cyrille de Jérusalem, de saint Ambroise, de saint Augustin, et d'un grand nombre d'autres savants de l'antiquité, dont les écrits sont d'autant plus précieux, qu'ils nous y ont transmis d'âge en âge les vérités qu'ils avaient reçues par la voie de la tradition. Quoiqu'ils ne se soient pas appliqués à faire des corps entiers de théologie, ils en ont expliqué tous les dogmes. Les théologiens qui vinrent après eux, citèrent leurs écrits, les décrets des conciles, les décrétales des papes, avec d'autant plus de succès, qu'ils n'avaient rien enseigné que de conforme aux divines Ecritures et à la tradition de l'Eglise. 13. Ils profitèrent encore des arguments que les lumières de la raison naturelle four- age. Leur me nissaient, ou qu'ils trouvaient dans les écrits des pères. Avec tous ces secours, il leur fut facile de composer des traités de théologie sur tous les articles de la foi. Aussi la plupart des écrivains des VIII, IXe et Xe siècles, ont fait de leurs ouvrages un tissu des passages de l'Ecriture et des pères, des décrets des conciles, et des décisions des papes. Le lecteur en a vu des preuves dans ce que nous avons dit de Bède, d'Alcuin, de Raban Maur, et de quantité d'autres écrivains du moyen âge.

Théologiens du moyen

thode.

Usage de Is philosophie

dos pères.

14. Mais quoique les pères de l'Eglise aient communément employé la voie d'autorité dans les écrits dans les matières de religion, ils n'ont pas laissé en certains cas de recourir à la méthode des écoles péripatéticiennes, pour développer toutes les ruses des novateurs. Saint Grégoire de Nysse, ayant à réfuter Eunomius, le plus dangereux et le plus subtil sophiste de son siècle, mêla dans l'ouvrage qu'il écrivit contre lui les raisonnements de la philosophie et de la théologie. Il répondit suivant la méthode d'Aristote aux objections de cet hérésiarque, distingua les termes qu'Eunomius confondait, débrouilla ses raisonnements captieux, découvrit ses subterfuges. Il suivit la même méthode dans ce qu'il écrivit contre Apollinaire, et combattit si puissamment ces deux ennemis de la vérité, qu'elle en reçut un nouvel éclat. Ce fut aussi avec le secours de la philosophie que saint Augustin fit évanouir toutes les subti

8 Tertull., lib. de Præscript., cap. XXXII. Tertull., ibid., cap. XXVIII, XXƖx, xxx, xxxII.

Commence.

ments de la théologie scolastique. Ses progrès.

lités des donatistes, des manichéens et des pélagiens; que saint Jean Damascène suivit les hérétiques de son temps dans tous leurs détours, démêlant leurs équivoques, et développant leurs sophismes: ce qu'il n'aurait pu faire sans les lumières de la dialectique, dont il avait une si exacte connaissance, qu'il en fit un traité très-utile pour l'intelligence des pères grecs. Boëce, sénateur romain, habile théologien et bon philosophe, employa, dans les traités de l'Unité de Dieu, de la Trinité et de l'Incarnation, les termes les plus abstraits de la philosophie, uniquement pour ne faire connaître ces mystères qu'à un certain nombre de personnes à qui ces termes étaient connus, et pour les cacher aux autres. Jean Scot, plus philosophe que théologien, mettait en œuvre toutes les subtilités de la dialectique pour prouver ses sentiments, même dans des matières de théologie mais ces subtilités l'ayant jeté dans diverses erreurs, sa doctrine, de même que sa méthode, furent rejetées par les théologiens de son temps, c'est-à-dire du Ix siècle. Ils continuèrent jusqu'au XIIe à traiter les matières dans le goût de la théologie positive.

15. Saint Anselme, moins versé dans la positive que dans les raisonnements métaphysiques, en a rempli la plupart de ses ouvrages, surtout ceux qui traitent de l'existence de Dieu, de ses attributs, de la Trinité: néanmoins il avait lu les ouvrages de saint Augustin, et en avait tiré plusieurs principes, dont il appuyait ses raisonnements philosophiques. On a donc quelque raison de le compter pour un des premiers qui mit en usage la théologie que nous nommons scolastique. Le sophiste Roscelin, contre qui ce prélat écrivit, la suivait aussi. Abaillard, son disciple, la prit de lui. Gilbert de la Porrée en fit des leçons publiques. Othon de Frisinghen la mit en vogue en Allemagne; enfin on l'enseigna publiquement partout, et on lui donna tous les degrés de perfection qu'elle pouvait avoir. En vain quelques-uns voulurent s'y opposer, elle prévalut sur la théologie positive. On donna le nom de scholastique à ceux qui suivaient cette nouvelle théologie, soit parce qu'ils l'enseignaient publiquement à leurs disciples dans les écoles, à la manière des philosophes, soit parce qu'ils

1 Duboulay, sæculo IV Universitatis Parisiensis, Dissert. 4, pag. 584.

XIV.

y disputaient sur les matières à la façon des. écoliers, agitant des questions qui, hors de l'école, n'étaient que de médiocre ou d'aucune utilité.

16. Gautier de Saint-Victor 2 se déclara ouvertement contre cette nouvelle méthode. Il se plaignit qu'on osât établir par des arguments ineptes, et par les règles de la philosophie d'Aristote, les plus profonds mystères, que les esprits les plus sublimes ne peuvent pénétrer. Il alla jusqu'à suspecter d'hérésie les maîtres et les disciples. Ceux-ci en usèrent de même envers ceux qui demeuraient attachés à la théologie positive en sorte qu'il s'éleva entre eux une guerre qui eut de fâcheuses suites. Ils se chargeaient mutuellement d'injures les scholastiques appelaient ânes et stupides les sectateurs de la théologie positive ceux-ci donnaient aux scholastiques le nom d'hérétiques. Il est vrai que dans ce temps quelques-uns ont abusé de cette nouvelle méthode. Aussi dans les synodes de Soissons, en 1121, et de Sens, en 1140, Abaillard fut condamné et taxé d'hérétique par Innocent II; et même dans le concile général de Latran en 1179, et dans celui de Tours, en 1163, la doctrine de Pierre Lombard fut rejetée; et l'on défendit aux professeurs d'agiter certaines questions qu'on agitait alors.

17. Nonobstant cette défense, la doctrine et la méthode d'Aristote furent suivies dans le XIIe siècle, jusqu'à ce que les sectateurs, passant les bornes d'un juste milieu, inventèrent une troisième méthode de traiter les matières théologiques, indigne de la gravité de la religion chrétienne, qu'ils avilirent par quantité de questions et de solutions aussi indécentes que ridicules. Pierre de Poitiers, disciple de Pierre Lombard, l'emporta sur les autres dans cette troisième méthode. Plusieurs de ceux qui la suivirent furent condamnés avec Amauri de Chartres; et plusieurs regardèrent la doctrine des péripatéticiens, quoique commode pour la réfutation des hérétiques, comme l'arsenal de l'hérésie.

Oppositions à cette nou

velle méthode.

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18. Pour donner une idée de la théologie scholastique dégénérée en questions frivoles cette méthoet inutiles, Duboulai rapporte, dans son second tome de l'Histoire de l'Université de Paris 3, ce qu'en dit Gauthier de Saint-Victor. Ce théologien, qui écrivait vers l'an 1180,

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Inconvé

méthode scho.

lastique.

attaque les plus célèbres maîtres de son siècle, Abaillard, Gilbert de la Porrée, Pierre Lombard et Pierre de Poitiers, qu'il nomme les quatre labyrinthes de la France, et les nouveaux hérétiques. Il s'élève contre les changements faits dans la méthode d'étudier la théologie jusqu'au XIIe siècle; contre les questions indécentes, inutiles et dangereuses que l'on traitait dans les écoles; et il les réfute par l'autorité des conciles et des pères. Il montre les contrariétés dans lesquelles les philosophes sont tombés, et combien ils ont été éloignés de la vérité. Attaquant en particulier Socrate, Aristote et Sénèque, il fait voir que toutes les hérésies qui se sont élevées dans l'Eglise, ont pris leur naissance dans les principes de ces philosophes. Ce fut par cette considération que Robert de Courçon, cardinal-légat en 1215 1, dans l'acte de la réformation de l'université de Paris, fit une défense générale de lire les livres d'A-. ristote intitulés: de la Métaphysique et Philosophie naturelle; mais il ordonna aux maîtres ès-arts d'expliquer sa Dialectique, sa Morale, et le quatrième livre des Toniques. Les livres de la Métaphysique et de la Philosophie naturelle furent défendus dans les écoles par Grégoire IX, en 1231, jusqu'à ce qu'ils eussent été purgés de tout soupçon d'erreur : mais dans la suite Albert-le-Grand et saint Thomas d'Aquin firent sur ces livres des commentaires, dans lesquels ils essayèrent de concilier les nouveaux théologiens, c'està-dire les scholastiques avec l'Evangile et pour lever les obstacles que ces théologiens avaient mis dans leurs écrits au progrès des jeunes étudiants 2, ils en retranchèrent plusieurs questions frivoles et inutiles, et proposées sans aucun ordre.

19. Ils ne touchèrent point à la méthode nients de la scholastique; elle est passée jusqu'à nous avec sa sécheresse et tous ses termes barbares : proposant, comme elle fait, les vérités toutes nues, sous une forme toujours contrainte, et d'un style sec et décharné, qui n'a ni grâce ni noblesse, sa façon de procéder est moins utile et moins agréable que celle des anciens pères de l'Eglise, qui s'expliquaient naturellement, mais noblement. La chose sera sensible par cet exemple. S'il s'agissait de prouver le péché originel par les misères des enfants, suivant la méthode dialectique, on

1 Pag. 670.

2 Thomas, in Prolog., 1 part.

procéderait en cette manière : Les enfants ne sauraient être misérables 3, qu'en punition de quelque péché qu'ils tirent de leur naissance or ils sont misérables; donc c'est à cause du péché originel. La majeure se prouverait par cet argument disjonctif: La misère des enfants ne peut procéder que de l'une de ces quatre causes: 1o Des péchés précédents commis dans une autre vie; 2o de l'impuissance de Dieu, qui n'avait pas le pouvoir de les en garantir; 3° de l'injustice de Dieu, qui les y asservirait sans sujet; 4° du péché originel: or, il est impie de dire qu'elle vienne des trois premières causes; elle ne peut donc venir que de la quatrième, qui est le péché originel. La mineure, que les enfants sont misérables, se prouverait par le dénombrement de leurs misères.

La métho des pères de grace

20. Mais saint Augustin a proposé cette preuve du péché originel avec plus de grâce Pre et de force, en la renfermant dans un argument composé en cette sorte : « Considérez la multitude et la grandeur des maux qui accablent les enfants; et combien les premières années de leur vie sont remplies de vanité, de souffrances, d'illusions, de frayeurs ensuite lorsqu'ils sont devenus grands, et qu'ils commencent même à servir Dieu, l'erreur les tente pour les séduire; le travail et la douleur les tente pour les affaiblir; la concupiscence les tente pour les enflammer; la tristesse les tente pour les abattre; l'orgueil les tente pour les élever : et qui pourrait représenter en peu de paroles tant de diverses peines qui appesantissent le joug des enfants d'Adam? L'évidence de ces misères a forcé les philosophes païens, qui ne savaient et ne croyaient rien du péché de notre premier père, de dire que nous n'étions nés que pour souffrir les châtiments que nous avions mérités par quelques crimes commis en une autre vie que celle-ci; et qu'ainsi nos âmes avaient été attachées à des corps corruptibles, par le même genre de supplice que des tyrans de Toscane faisaient souffrir à ceux qu'ils attachaient tout vivants avec des corps morts mais cette opinion, que les âmes sont jointes à des corps en punition de leurs fautes précédentes d'une autre vie, est rejetée par l'apôtre. Que reste-t-il donc, sinon que la cause de ces maux effroyables soit ou l'injustice ou l'impuissance de Dieu, ou la peine

3 Logique de Port-Royal, pag. 283, chap. XV, part. u.

du premier péché de l'homme? Mais parce que Dieu n'est ni injuste ni impuissant, il ne reste plus que ce que vous ne voulez pas reconnaître, mais qu'il faut néanmoins que vous reconnaissiez malgré vous, que ce joug si pesant que les enfants d'Adam sont obligés de porter, depuis que leurs corps sont sortis du sein de leurs mères, jusqu'au jour qu'ils rentrent dans le sein de leur mère commune, qui est la terre, n'aurait point été, s'ils ne l'avaient mérité par le crime qu'ils tirent de leur origine. »>

21. Ce n'est pas que la forme syllogistique n'ait quelquefois son utilité, soit pour déve

lopper un sophisme spécieux 1, soit pour rendre sensible une vérité abstraite; mais il est ennuyeux de l'employer toujours, et de répéter à chaque moment les mêmes formules. Cette méthode ne nous permettant pas non plus d'analyser les écrits des théologiens scholastiques qui l'ont suivie, semble mettre. des bornes à notre ouvrage, dont les analyses des auteurs ecclésiastiques fait l'objet principal. Nous donnerons néanmoins celle des écrits de Pierre Lombard, parce qu'ils tiennent plus de la théologie positive que de la scolastique, et nous dirons un mot de quelques-uns de ses plus fameux disciples 2.

Pierre Lom

CHAPITRE XLII.

Pierre Lombard, évêque de Paris, surnommé le Maître des Sentences.

ARTICLE Ier.

HISTOIRE DE SA VIE 3.

[Ecrivain latin, 1160.]

1. Il n'y a que ceux qui sont absolument hard. Ses étu étrangers aux matières de théologie, à qui le nom et les ouvrages de Pierre soient

des 1 va en France.

1 Fleury, cinquième discours.

2 Dom Ceillier ne se montre pas assez favorable à la méthode scholastique. On voit qu'il n'a jamais enseigné ex professo la théologie. Voici quelques notions plus exactes sur cette méthode.

Avoir et donner une idée nette et précise de ce que l'on enseigne, poser des principes certains, en déduire les conséquences par des raisonnements justes, n'employer que des expressions claires ou nettement définies; éviter les digressions inutiles, les idées vagues, les termes équivoques; mettre dans l'ensemble un ordre qui éclaircisse les questions les unes par les autres, telle est, dit M. Rorhbacher, la méthode géométrique. La méthode scholastique n'est pas autre chose; elle est opposée à la méthode oratoire. Si un géomètre délayait ses théorèmes en des harangues cicéroniennes, il serait ridicule. Un avocat qui réduirait son plaidoyer en formules algébriques ne le serait pas moins. Chaque méthode est bonne, appliquée où et comme elle doit l'être. On doit considérer dans les ouvrages scholastiques le fond et la méthode. Voici ce que dit à ce sujet l'illustre Bossuet « Le fond, qui est les décrets, les dogmes et les maximes constantes de l'école, n'est autre chose que le pur esprit de la tradition des pères; la méthode qui consiste dans cette manière contentieuse et didactique de traiter les questions, aura son utilité, pourvu qu'on la donne, non comme le but de la science, mais comme un moyen pour y avancer ceux

inconnus. On le surnomma Lombard, parce qu'il était né à Novare, ville de la province de Lombardie. Il fit ses premières études à Bologne, d'où le désir de s'avancer dans les sciences le fit passer en France. Destitué des biens de la fortune 5, l'évêque de Lucques,

qui commencent: ce qui est aussi le dessein de saint Thomas dès le commencement de sa Somme, et ce qui doit être celui de ceux qui suivent sa méthode. On voit aussi par expérience que ceux qui n'ont pas commencé par là, et qui ont mis tout leur fort dans la critique, sont sujets à s'égarer beaucoup lorsqu'ils se jettent sur les matières théologiques. Erasme dans le siècle passé, Grotius et M. Simon dans le nôtre en sont un grand exemple. Pour ce qui regarde les pères, loin d'avoir méprisé la dialectique, un saint Basile, un saint Cyrille d'Alexandrie, un saint Augustin, dont je ne cesserai point d'opposer l'autorité à M. Simon et aux critiques, quoi qu'ils puissent dire, pour ne point parler d'un saint Jean de Damas et des autres pères grecs et latins, se sont servis utilement de ses définitions, de ses divisions, de ses syllogismes, et pour tout dire en un mot, de sa méthode, qui n'est autre que la scholastique. Que le critique (Richard Simon) se taise donc et qu'il ne se jette plus sur les matières théologiques où jamais il n'entendra que l'écorce. Bossuet, Défense de la tradition et des saints pères, liv. III, chap. xx. L'éditeur.)

3 Voir sur Pierre Lombard, au tome CXCI de la Patrologie, col. 9-30, 1o une notice historique tirée de la Gallia christiana, 2o une notice historico-littéraire tirée de l'Histoire littéraire de la France, 3o une autre notice tirée de Fabricius. (L'éditeur.)

Gallia christiana, tom. VII, pag. 68.
Bernard., Epist. 410 ad Gilduin.

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