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de la Patrologie, col. 31-1296.] Celui des épîtres de saint Paul a été imprimé à Paris en 1535, 1537, in-fol., et en [1537, 1538], 1541, 1543, 1555, in-8°. [L'édition de 1535 est reproduite dans le tome CXCI de la Patrologie, col. 1297-1696, et au tome CXCII, col. 9-520.]

[5. Pierre Lombard a fait un traité sur la Concorde des Evangiles. Aucun bibliographe n'en a rendu compte. Lippen annonce deux éditions de ce commentaire, l'une de l'an 1483, et l'autre de 1561. Parmi les manuscrits de l'abbé d'Afflighem, on trouve : Petri Lombardi, methodus practice theologiæ. Ce titre, disent les auteurs de l'Histoire de France, annonce vraisemblablement un ouvrage différent des Sentences. Leland témoigne avoir eu entre les mains l'Apologie de Pierre Lombard, composée par Pierre, contre les imputations d'erreurs dont le chargeait Jean de

Cornouailles, qui avait été son disciple. Dans cet ouvrage, dit Leland, Pierre Lombard répond d'une manière exacte, forte et subtile aux objections de son adversaire, et le traite avec la supériorité d'un vieux soldat sur un champion qui commence d'entrer en lice. Nous ignorons ce que cet ouvrage est devenu, mais il est certain que Jean de Cornouailles ne se tint point pour vaincu et ne rendit pas les armes 1.]

6. Nous finirons l'article des écrits de Pierre Lombard par l'éloge qu'en faisait le célèbre François Pithou dans une lettre à un de ses amis, à qui il disait 2: « Je vous prie de m'acheter Pierre Lombard sur les Psaumes; c'est un très-bon livre. Tout ce qu'a fait Lombard est excellent. » Nous ajouterons que sa personne et ses ouvrages ont été en une singulière vénération dans toutes les écoles catholiques.

Eloge des écrits de Pierre Lombard.

Pierre de

Poitiers, dis

re Lombard.

CHAPITRE XLIII.

Pierre de Poitiers, chancelier de l'Eglise de Paris [1205]; Pierre de Poitiers, grand prieur de Cluny [vers 1170]; Pierre de Poitiers, chanoine et chantre de l'Eglise de Paris [1197].

[Ecrivains latins.]

1. Pierre de Poitiers fut un des plus zélés ciple de Pier- disciples de Pierre Lombard, dont nous venons de parler, et des plus attachés à la doctrine de son maître; mais il n'en suivit pas la méthode, et tandis que le Maître des Sentences explique et résout les questions de la foi par les principes établis dans l'Ecriture et dans les pères de l'Eglise, Pierre de Poitiers. y emploie la forme et les raisonnements de la dialectique. C'est ce qui le fait appeler par Gauthier de Saint-Victor un des quatre labyrinthes de la Gaule 4.

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temps qu'au doyen de l'Eglise de Paris et à l'abbé de Ste-Geneviève, la connaissance du différend survenu entre la comtesse de Blois et les chanoines de Chartres, au sujet d'un voleur que les officiers de cette comtesse avaient pris et justicié, quoique les chanoines l'eussent revendiqué, parce qu'il avait été pris sur leur territoire.

3. Le pape Célestin rendit aussi Pierre de Poitiers l'arbitre d'un procès entre les moines de Saint-Eloi, dans l'ile de Paris, et les chanoines de Saint-Victor, touchant les dîmes de vin et de blé de Vitry. On voit encore la sentence qu'il rendit en cette occasion, avec son sceau pendant sous cette inscription: « Sceau de Pierre de Poitiers, chancelier de Paris. » Il conserva cette dignité jusqu'à sa

des extraits de l'ouvrage de Gauthier se trouvent au tome CXCIX de la Patrologie, à la fin. (L'édit.). 5 Chron. Alberic., ad an. 1169, pag. 452. -6 Lib. V Decret., cap. XXIII, ex part. de Verb. significat.

Sa mort en 1205.

Ses écrits.

Livres des Sentences.

Ce qu'ils contiennent.

mort, qui arriva l'an 1205. Quelques-uns l'ont fait évêque d'Evreux, pour avoir mal pris le sens de la Chronique d'Albéric 1, où nous lisons « Bertrand, qui était chancelier de Paris après Pierre de Poitiers, fut fait archevêque d'Evreux. » Albéric ne donne ici à Pierre que la qualité de chancelier, et à Bertrand celle d'archevêque.

4. Nous avons de Pierre de Poitiers cinq livres de Sentences, imprimés à Paris à la suite de Robert Pullus, en 1655, chez Siméon Piget, par les soins de dom Hugues Mathoud, [et reproduits au tome CCXI de la Patrologie, col. 783-1280.] Pierre les dédia à Guillaume, archevêque de Sens; ils furent donc achevés avant l'an 1175, puisque Guillaume fut transféré, sur la fin de cette année, sur le siége archiépiscopal de Reims.

5. Dans le premier livre, Pierre traite de l'existence de Dieu, de son unité, des noms Paris, sous lesquels il est connu, de ses attributs,

Premier li

vre, de

1655.

édition

Deuxième livre.

de sa prescience, de la prédestination des élus et de la réprobation des méchants, de la distinction et de la trinité des personnes en Dieu. Dans toutes ces questions, il se conforme à la doctrine de son maître, et copie souvent ses propres termes, par exemple, en examinant, dans le chapitre XI, s'il se peut faire quelque chose contre la volonté de Dieu : « On nous oppose, dit-il 2, que l'apôtre enseigne que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés; mais il faut l'expliquer ainsi : Personne n'est sauvé, si ce n'est celui que Dieu veut qui soit sauvé; c'est ainsi qu'il est dit que Dieu éclaire tout homme qui vient dans le monde, c'est-à-dire que personne n'est éclairé que par lui. » 6. Il est parlé, dans le second livre, de la création des anges, de leur nature, de leurs offices, de leurs ordres différents, de l'ouvrage des six jours, de l'état du premier homme avant et depuis son péché, toutes questions déjà traitées par le Maître des sentences, et dans les mêmes principes; mais Pierre de Poitiers en propose de temps en temps quelques-unes que son maî

1 Alberic., in Chron., ad an. 1206, pag. 444.

2 Quod ergo primo dicitur, sic exponitur : « Vult omnes homines salvos fieri, id est, nullus salvatur, nisi quem vult salvum fieri; sic dicitur: Deus illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum, id est, nemo illuminatur, nisi per eum.» Lib. I Sent., cap. XI.

3 Cap. XVII.

Cap. XVIII, XIX.

Considerandum est quæ sit forma sacramenti (Eu

tre n'avait pas agitées, telle est celle-ci : Peuton servir Dieu dans la vue d'en obtenir des bienfaits temporels? Il décide qu'on le peut dans l'intention de parvenir aux biens éternels par le bon usage des temporels, en sorte qu'on ne demande pas ceux-ci pour eux-mêmes, mais comme un moyen d'en posséder de meilleurs.

7. Le troisième traite de la grâce et du ibre arbitre dans les principes de saint Augustin, de la contrition, de la distinction des péchés en mortels et véniels, de la nécessité de la confession, des vertus théologales, de l'union des vertus, de la crainte servile et de quelques autres questions qui y ont du rapport. Son sentiment est que la crainte servile est bonne, parce qu'elle éloigne du péché et qu'elle est une introduction à la charité.

Troisième livre.

Quatrième

8. Il explique, dans le quatrième livre, ce qui regarde les sacrements de la loi ancienne, livre. les dix préceptes du décalogue et les observances légales; ensuite il parle des différentes espèces de mensonges et de parjures; d'où il passe à l'incarnation du Verbe, dont il examine toutes les circonstances à peu près de la même manière qu'avait fait avant lui le Maître des sentences.

9. Il le suit aussi dans ce qu'il a enseigné Cinquième sur les sacrements de la Loi nouvelle. Il dis- livre. tingue dans l'eucharistie le sacrement d'avec la chose du sacrement: les espèces du pain et du vin qui demeurent après le changement du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ, sont le sacrement; la chose du sacrement est le corps et le sang de JésusChrist; la matière du sacrement est le pain et le vin ; la forme, les paroles de la consécration: Ceci est mon corps, ceci est mon sang. En parlant du changement du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ, il se sert du terme de transsubstantiation, et dit que ce corps est le même qui est né de la Vierge ". Il attribue à saint Ambroise la défense de consacrer le vendredi, parce que JésusChrist est mort ce jour-là, et qu'il y a été immolé réellement. Il donne encore d'autres

charistia); hæc attenditur in rebus et verbis; in rebus quidem, pane et vino quæ transsubstantiantur in carnem et sanguinem Domini..... verba autem ad quorum prolationem transsubstantiatur panis in curnem, hæc sunt: Hoc est corpus meum; ea vero ad quorum prolationem transsubstantiatur vinum, hæc sunt: Hic est sanguis meus. Lib. V, cap. XI.

• Non augetur corpus Christi, quia substantia panis transit in illud idem corpus quod de Virgine traxit, quia invariabile est. Ibid., cap. XII.

Propositions

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raisons pour autoriser l'usage où est l'Eglise de ne point célébrer la messe le vendredi, ce qu'il entend apparemment du vendredi-saint. Il enseigne que quand on dit que l'on voit le corps de Jésus Christ, il faut l'entendre des espèces et apparences du pain et du vin; que c'est encore des espèces qu'il faut entendre la fraction, l'attouchement du corps de Jésus-Christ; mais il remarque que quelques théologiens l'entendaient du corps même de Jésus-Christ, quoiqu'ils avouassent qu'il demeurait entier et incorruptible après la fraction, et que tel était aussi le sentiment de Bérenger dans sa Confession de foi. Le reste du cinquième livre est employé à résoudre divers cas touchant le sacrement de mariage, à traiter de l'état de l'âme après qu'elle est séparée du corps, et de la demeure des justes dans la céleste patrie.

10. Dom Hugues Mathoud rapporte sur Pierre de Poi chacun des cinq livres de Pierre de Poitiers,

rejetées dans

tiers.

Autres écrits

de Pierre de Poitiers.

les propositions que l'on ne reçoit pas communément dans les écoles, et il fait voir qu'elles sont tirées presque toutes de Pierre Lombard, son maître, et rejetées avec raison par l'école de Paris; telles sont les propositions où il avance que le Saint-Esprit est la charité qui réside dans l'âme3; que le prêtre ne remet le péché ni quant à la coulpe, ni quant à la peine; qu'il ne fait que le déclarer remis de la part de Dieu quant à la coulpe; que la circoncision remettait seulement le péché originel, et ne conférait pas la grâce actuelle pour agir; que Jésus-Christ était un vrai homme pendant les trois jours qu'il fut dans le tombeau, parce que l'union substantielle de son âme avec son corps n'était point nécessaire en lui pour la vérité de la nature humaine. Nous en passons plusieurs autres de ce genre.

11. Pierre de Poitiers composa divers autres ouvrages que l'on n'a pas encore rendus publics, et que l'on conserve dans la bibliothèque de Saint-Victor à Paris, savoir un Commentaire sur le Maître des sentences, qui fut apparemment le premier sur cet auteur; il faut le distinguer des cinq livres des Sentences, dont on vient de parler; les Distinctions du Psautier, les Allégories sur l'Ancien et le Nouveau Testament, se trouvent dans la bibliothèque de Clairvaux, sous le nom de Pierre de Poitiers, et elles lui sont attribuées

1 Cap. XII.

2 In Præfat. ad lector.

3 C'est une opinion libre. (L'éditeur).

dans la Chronique d'Albéric de Trois-Fontaines, avec des apostilles ou courtes notes sur quelques livres de l'Ecriture. C'est de cette Chronique que nous apprenons que Pierre, pour procurer aux pauvres clercs le moyen de s'entretenir, leur enseigna à peindre sur des peaux des façons d'arbres, comme des arbres de lignes, où l'on voyait de suite les histoires de l'Ancien Testament; il en fit de semblables pour les vices et les vertus. Il y a sous son nom, dans la bibliothèque de Sorbonne et dans celle de Saint-Victor, des sermons pour toute l'année, et de petites notes tirées de ses sermons, des écrits d'Etienne, évêque de Cantorbéry, et de quelques autres écrivains, estimées nécessaires pour ceux qui sont chargés du soin des âmes. On cite de la bibliothèque royale d'Angleterre 5 un abrégé de l'Ancien Testament, par Pierre de Poitiers; mais peut-être est-il de Pierre, grand-prieur de Cluny.

Pierre de Poitiers. grand - prior

12. On connaît aussi [ce dernier] sous le nom de Pierre de Poitiers, et quelquefois de SaintJean. 11 fit profession de la règle de saint de Glasy. Benoît dans l'abbaye de Cluny, où il vécut sous la discipline de l'abbé Maurice, mort en 1156, plus connu sous le titre de Pierre le Vénérable. Cet abbé le fit bibliothécaire de Cluny, et se servit de lui en qualité de secrétaire. Il le nomma Pierre de Saint-Jean dans une lettre qu'il lui écrivit contre ceux qui 6 avaient osé avancer que Jésus-Christ ne s'est jamais dit ouvertement Dieu dans les saints. Evangiles. On voit par la même lettre que l'abbé Pierre s'entretenait ordinairement avec ce religieux sur des choses utiles et sérieuses. Il y marque aussi que sa lettre était une réponse à celle où Pierre lui donnait avis de cette nouvelle erreur. Pierre de Saint-Jean fut fait grand-prieur de Cluny, et mourut vers l'an 1170, avec la réputation d'un des bons poètes de son temps.

Ses écrits. Bibliothee de Clusy, f 615, 617.

13. On a de lui, dans la Bibliothèque de Cluny, et dans le vingt-deuxième tome de Billio celle des Pères, une élégie sur la victoire que Pierre le Vénérable remporta à Rome contre Ponce et ses adhérents, qui lui contestaient la dignité d'abbé de Cluny; un autre petit poème sur le passage du même abbé à l'ile d'Aïa; trois autres poèmes en vers hexamètres contre un barbare; l'épitaphe du pape Gélase II, mort en 1119 et enterré à Cluny;

Alberic., Chron., ad an. 1205, pag. 442.

5 Montfauc., Bibliot. Bibliot., tom. I, pag. 626. 6 Tom. XXII Bibliot. Pat., pag. 970.

Pierre de Poitiers, cha

tre de l'Eglise de Paris

celle d'Adefonse, évêque de Salamanque, mort la même année au retour du concile de Reims. Pierre avait fait toutes ces pièces de poésie étant jeune : il trouva des censeurs. L'abbé Pierre prit sa défense dans un long poème en vers élégiaques 1. Pierre de Poitiers en écrivit une lui-même à un de ses calomniateurs. Son abbé lui ayant ordonné de mettre ses poésies à la tête du recueil de ses lettres, il obéit; mais auparavant il corrigea ses vers. Dans un âge plus avancé, il composa un Abrégé historique de la Bible, que Huldric Zwingle le Jeune fit imprimer à Zurich en 1591, à la tête de sa propre Chronologie, qu'il a conduite depuis Jules-César jusqu'à son temps; on en met encore une édition à Bâle, en 1592. Cet abrégé est apparemment le même qui se trouve dans la bibliothèque du roi d'Angleterre, sous le titre de Compendium de l'Ancien Testament, et dont nous avons parlé plus haut.

14. Il y eut vers le même temps un troinoi ne et chan sième Pierre de Poitiers, célèbre par sa science et la probité de ses mœurs. Il gouverna l'Ecole de Paris avec tant de succès, que sa réputation s'étendit dans toutes les Gaules. Son mérite lui valut dans la cathédrale de Paris la dignité de chantre; d'où vient qu'on l'appelle ordinairement Pierre le Chantre 2. L'évêché de Tournai étant vacant en 1191, Pierre en fut choisi évêque. Son élection fut traversée Etienne, abbé de Sainte-Geneviève de Paris, s'employa pour la faire valoir 3 auprès de Guillaume, archevêque de Reims, alors ministre du royaume. Après avoir relevé les excellentes qualités de l'élu, il fait voir que son élection avait toutes les conditions que saint Léon demandait pour une élection canonique, les vœux des citoyens, les témoignages des peuples, l'approbation des personnes honorables, les suffrages des clercs.

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trouvant des défauts dans l'élection de Pierre, qu'il ne pouvait rectifier 5. Pierre se retira à l'abbaye de Longpont, ordre de Citeaux, dans le diocèse de Soissons, où il prit l'habit monastique; mais il y mourut pendant le temps de ses épreuves, l'an 1197. Jacques, cardinal de Vitry, auteur contemporain, Césaire d'Heisterbach, Trithème, Sixte de Sienne, et plusieurs autres 6, lui ont donné de grands éloges.

16. De tous ses ouvrages, qui sont en Ses ecrita grand nombre, il n'y a que la Somme théologique que l'on ait mise sous presse : elle est intitulée Le Verbe ou la Parole abrégée sur la terre, parce qu'elle commence par ces paroles, qui sont tirées du neuvième chapitre Rom, tx, 28. de l'épître aux Romains. Dom George Galopin, moine et bibliothécaire de Saint-Guillain, la fit imprimer, avec des notes de sa façon, à Mons en Hainaut, l'an 1639, in-4o, chez François Vaudré. [On a reproduit cette édition au tome CCV de la Patrologie, col. 21-554.] Le cent cinquante-troisième chapitre, qui traite de la propriété des moines, a été imprimé à Paris dans un recueil de divers opuscules sur cette matière. On trouve quelques endroits de son Pénitentiel à la fin de celui de Théodore, archevêque de Cantorbéry, imprimé à Paris en 1679, in-4° 7; le reste n'a pas été rendu public.

17. La Somme de Pierre le Chantre est composée de cent cinquante-trois chapitres, dans lesquels il traite des vices et des vertus. Il conseille de ne lire jamais que des livres approuvés, de ne pas passer de la lecture d'un livre à un autre, sans avoir achevé le premier, et de faire chaque jour une récapitulation de ses lectures, pour s'en appliquer le profit pour la conduite de sa vie. Comme elle est très-courte, il veut qu'on proportionne la lecture, et qu'on s'occupé à extraire de l'Ecriture, et des autres bons livres, ce qu'il y a de plus utile pour le salut. Il recommande aussi la brièveté dans les dispu tes, de bannir toutes les questions vaines, téméraires, inutiles, d'examiner les choses

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Analyse do la Somme de

Pierre-le1639, Montib.

Chantra. Ed.

avec modération et sans opiniâtreté, en peu de mots, et à voix basse, sans étendre les bras, ni remuer la tête, bien moins frapper du pied, ni se donner des contorsions et des mouvements violents, surtout quand la dispute roule sur les sacrements de l'Eglise, ou qu'il s'agit de donner des conseils pour la conduite des âmes.

18. Il demande dans ceux qui s'adonnent au ministère de la parole de Dieu, des mœurs très-pures, et de bonnes œuvres, à l'exemple du Sauveur, qui a commencé par faire avant d'enseigner; qu'ils soient animés du feu de la charité 2; de n'affecter, ni des termes sublimes, ni des figures de rhéteur 3; d'y observer la gravité, la simplicité, l'humilité, en un mot, de ne chercher qu'à se rendre utiles à l'auditeur.

19. Pierre combat ensuite les vices 5 d'orgueil, d'envie, de médisance et de calomnie, auxquels il oppose les vertus d'humilité, de douceur, de pauvreté. Il suit la même méthode dans ce qu'il dit contre la cupidité, l'avarice, la simonie; contre les juges qui se laissent corrompre par des présents; contre les clercs qui abusent de leur superflu, sous prétexte qu'ils chantent l'office divin, et contre leur avidité pour l'argent. Il condamne toute permutation de bénéfices, faite dans la seule vue d'en obtenir de plus riches; et veut qu'outre la peine décrétée par les canons contre les simoniaques, on oblige le permutant à rester toute sa vie dans son premier bénéfice. Il se plaint de l'abus qu'il y avait dans la célébration de la messe ; quelques-uns en disaient jusqu'à quatre dans la vue de recevoir plus d'offrandes de ceux qui y assistaient; et ils justifiaient leur conduite. en disant qu'ils en érigeaient ou ornaient les autels et les églises, ou qu'ils en bâtissaient des monastères. Il dit à ces ministres, que saint Augustin ne pensait pas comme eux, lui qui n'osait conseiller à personne de communier chaque jour, laissant cette dévotion à la conscience d'un chacun; et qu'il était également défendu et dangereux de célébrer deux fois en un même jour, lorsqu'il n'y avait point de nécessité par un autre abus, quelques-uns célébraient plusieurs messes sous un seul canon, en multipliant les in

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troïts, et les prières suivantes jusqu'à l'offertoire; par exemple l'introït en l'honneur d'un saint 7, et un autre introït pour les messes des morts. Il appelle ces messes, des messes à deux ou trois façons, selon le nombre des introïts. Il soutient que les prières particulières étant plus profitables à une personne que les générales 3, le sacrifice de la messe offert spécialement pour un défunt, lui est plus utile que quand on l'offre pour plusieurs. Il s'élève avec force contre les prêtres qui offraient plusieurs messes sur des images de cire, pour procurer du mal à quelqu'un, ou pour accélérer sa mort: pour remédier à ces abus, il voudrait que l'on diminuât le nombre des églises et des autels, qu'il n'y en eût qu'une dans chaque ville, ou qu'autant qu'il serait besoin pour la quantité de peuple; et que conformément au règlement que Grégoire VIII avait voulu faire, on ne fît des oblations à la messe que trois fois l'année, savoir les jours de Noël, de Pâques, de la Pentecôte, outre la fête du patron, [les cas d'enterrement], lorsque le corps du défunt est présent, et au jour de l'anniversaire.

20. Pierre ne déclame pas avec moins de force contre les communions indignes, et contre ceux qui possèdent plusieurs dignités ecclésiastiques, soit dans une même église, ou dans deux, parce qu'il est impossible qu'ils puissent bien remplir les devoirs attachés à ces dignités ensuite il traite des causes qui empêchent la canonicité d'une élection 10, des diverses espèces de simonie; il s'élève contre ceux qui tâchent de se soustraire à la juridiction de leurs prélats "; contre les adulateurs; contre ceux qui reçoivent des présents de choses mal acquises, ou lorsqu'ils n'en ont pas besoin; contre ceux qui contribuent à l'entretien des farceurs; contre les usuriers et les avocats qui rendent leur langue vénale: il veut que s'ils ne sont pas dans le besoin 12, ils défendent gratuitement la cause de l'innocent, et que dans le besoin, ils se contentent d'un salaire modique; que les juges, dans les sentences qu'ils rendent, se fondent plus sur les lois divines, que sur les humaines.

21. Son zèle s'anime après cela 13 contre les ambitieux, contre ceux qui mettent en place des indignes, soit pour cause de parenté,

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