Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

point de cures 1, ni aucun des bien qui en dépendent. Ils ne recevront rien pour l'oblation du sacrifice 2; n'administreront point le sacrement de pénitence aux étrangers. Leurs oratoires seront fermés les fêtes et dimanches aux séculiers qui sont obligés en ces jours d'assister aux offices divins dans leurs paroisses: on ne leur permettra pas non plus de se présenter dans ces oratoires pour adorer la croix le jour du vendredi saint, ni d'y prendre de l'eau bénite. Pour ôter tout désir de gain, les religieux n'auront point de bestiaux 3, et ne feront aucun commerce. Si les choses nécessaires à la vie viennent à leur manquer, ils auront recours à l'évêque; s'il ne leur prête aucun secours, après un jeûne de deux jours*, le supérieur enverra quelques-uns des frères les plus sages demander l'aumône de porte. en porte. Défense d'aller aux marchés pour y acheter 5; défense aussi de négocier et de plaider.

14. Les femmes ne seront pas admises dans l'ordre, on n'y admettra non plus personne d'un ordre étranger, ni aucun séculier au-dessous de vingt ans. On gardera le silence dans l'église, dans le cloitre, au réfectoire, au dortoir, et partout, et depuis complies jusqu'au matin, après le capitule 7. Le soin du temporel sera confié aux frères convers. Ce statut, selon le témoignage de Jacques de Vitry, a causé de grands troubles dans l'ordre de Grandmont, jusqu'à le mettre à la veille de sa ruine 9. Les infirmes doivent être soulagés avec tant de soin, qu'il est ordonné de vendre les ornements de l'église, si l'on ne peut autrement leur procurer les choses nécessaires; néanmoins saint Etienne leur interdit, de même qu'à ceux qui se portent bien 10, l'usage de la viande, tant des quadrupèdes que des volailles. Dans les changements faits dans la règle de ce fondateur, le pape Innocent IV a excepté les malades de la défense de manger de la viande.

15. La règle permet deux repas depuis Pâques jusqu'à l'Exaltation de la sainte croix, l'un après sexte 11, l'autre après les vêpres; mais elle prescrit un jeûne perpétuel depuis l'Exaltation de la sainte croix jusqu'à Pâques, excepté les dimanches et le jour de Noël, avec cette différence que depuis l'Exaltation

[blocks in formation]

jusqu'au carême la réfection se prenait après none, et qu'au carême on ne mangeait qu'après vêpres. Depuis la Toussaint jusqu'à Noël l'abstinence était la même pour les aliments qu'en carême; dans les autres jeûnes il était permis de manger des œufs et du fromage.

16. Lorsqu'il s'agissait de l'élection 12 du prieur de Grandmont, deux religieux de chaque monastère de l'ordre se rendaient au lieu de l'élection; on choisissait douze d'entre eux, six clercs et six convers, pour élire le prieur ou le pasteur, c'est ainsi que la règle le nomme; et celui sur qui tombaient leurs suffrages, était élu légitimement. L'élu devait être de l'ordre, et le nombre des électeurs était fixé à douze.

Editions de cette Règle et

Voilà ce que contient la règle de saint Etienne; mais les souverains pontifes y ont des Maximes. souvent apporté des modifications.

17. Elle fut imprimée à Dijon, chez Pierre Palliot, en 1645, in-12; à Paris, chez Jean Paflé, en 1650, in-18, avec les Maximes de saint Etienne, ses Sentences recueillies par ses disciples, les statuts du chapitre général de l'ordre, tenu en 1643, et l'office de ce saint. Il y a encore une édition de la même règle à Rouen, chez Eustache Viret, en 1671, in-12. [On a inséré la Règle de saint Etienne, au tome CCIV de la Patrologie, col. 1135-1162, d'après l'édition de 1645.] Les Maximes ont été traduites en français par Baillet, et imprimées deux fois en cette langue; la première en 1704, chez Augustin le Mercier, et la veuve Jean de Saint-Aubin; la seconde en 1707, chez Jacques Vincent, in-12. [Elles sont reproduites au tome CCIV de la Patrologie, col. 1085-1436, d'après l'édition de 1717.]

Maximes et

Sentences de

18. Les Maximes de saint Etienne de Muret ne sont pas tellement propres à ses disciples, S. Euenne. que tous les fidèles ne puissent y puiser des instructions salutaires. On croit qu'elles furent recueillies par Hugues de Lacerta 13, le plus célèbre de ses disciples, et qui était toujours auprès de lui. Ces Maximes sont solides, et proposées la plupart avec agrément; d'où l'on peut juger du caractère d'esprit de leur auteur. Nous en rapporterons quelques-unes pour l'édification des lecteurs.

Saint Etienne 14 disait à ceux qui demandaient de vivre sous sa discipline : « Com

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

1

ment pourrez-vous porter le fardeau dont vous voulez vous charger? Regardez la croix, et pensez combien il est difficile d'y demeurer longtemps attaché c'est néanmoins à la croix que vous serez attaché, si vous entrez dans ce monastère; vous perdrez le domaine de vous-même dans l'usage de tous vos membres; ce que vous aimiez dans le siècle deviendra pour vous un objet de haine; enfermé dans un prison qui n'a aucune ouverture pour en sortir, vous ne pourrez retourner dans le monde que par la brèche que vous y ferez vous-même. Un religieux content de ce qui lui est utile, vit dans le repos et dans la paix 1; s'il recherche ce qui ne lui est pas expédient, il tombe dans le trouble et l'agitation. La première tentation d'un novice regarde sa vocation; étant dans le siècle 2, il pensait avantageusement de la religion à laquelle il se sentait appelé; le démon commence par l'en dégoûter, ou pour le faire sortir de l'état qu'il avait d'abord embrassé, il lui en propose de plus parfaits 3. » Saint Etienne conseille à ceux qui sont tentés de cette manière ou d'une autre, d'opposer aux sollicitations du démon les instructions qu'ils ont reçues de leur supérieur, et de s'en servir comme d'un bouclier, de combattre les sentiments de vanité par une discussion sérieuse des peines que méritent les mauvaises actions de la vie ; l'envie de commander aux autres, par la considération de son incapacité, et celle des dangers que présente le gouvernement 5.

19. Il traite de la science nécessaire dans le service de Dieu 6, afin qu'on ne le serve qu'en la manière dont il veut être servi; et dit que Dieu donne lui-même à l'homme fidèle les moyens de l'aimer comme il doit être aimé. Il fait remarquer la miséricorde de Dieu envers celui qui entre en religion 7, en ce qu'il lui fait trouver doux ce qui lui paraissait d'abord difficile à supporter; et son amour en général envers les hommes, en ce que Dieu prend pour lui-même le bien que nous faisons à notre prochain, comme il se fâche contre nous du mal que nous faisons aux autres. Par le centuple promis dans l'Evangile à ceux qui quittent le siècle pour s'attacher à Dieu, Etienne entend la victoire que Dieu leur accorde sur les tentations, celles dont il les

[blocks in formation]

8

Cap. VI. - * Cap. VIII.

préserve, de peur qu'ils n'en soient accablés", la joie que leur cause la victoire qu'ils ont remportée sur l'ennemi, la confiance qu'il leur donne de leur salut. D'après saint Etienne, iln'y a que l'amour de Dieu qui puisse remplirla capacité de notre cœur, parce qu'il en bannit la cupidité 10; ainsi nous ne devons rien aimer de tout notre cœur, que Dieu seul; la cause de la damnation de l'homme vient de ce qu'il écoute plutôt les mauvais conseils du démon, que les commandements du Seigneur 11; l'impression de l'amour divin faisant mépriser aux justes ce qu'ils ont eu de plus cher dans le monde, on doit croire que dans le ciel ils n'ont aucune compassion pour les damnés; il est utile aux justes lorsqu'ils font de bonnes œuvres 12, de faire attention aux fautes qu'ils ont faites, afin que par des sentiments d'humilité, ils conservent les avantages de la vertu; un moyen de s'empêcher de censurer la conduite des autres 13, est de faire attention aux fautes que l'on fait soi-même, soit en pensées, soit en paroles, soit en actions 14; un ecclésiastique qui se propose de faire le pèlerinage de Jérusalem ou quelque autre lieu, pensera, avant de partir, à faire dans son église tout ce qu'il lui doit, soit en oblations, soit en bonnes œuvres, et s'acquittera de son devoir 15; il y a de la vanité à choisir sa sépulture ailleurs que dans son cimetière propre ; il est de la perfection de prévenir celui qui nous a offensé, à l'imitation de Jésus-Christ qui a prié pour ceux qui le crucifiaient avant qu'ils lui en demandassent pardon 16.

20. Un des disciples de saint Etienne 17 lui ayant demandé pourquoi Dieu avait permis aux Israélites d'emprunter et d'emporter les trésors des Egyptiens, il répondit qu'en cela Dieu avait agi avec équité, parce que les Egyptiens, non-seulement n'avaient donné aucun salaire aux Israélites pour leurs services et leurs travaux, mais qu'ils les avaient encore traités avec dureté. Il répondit à un autre qui lui demandait comment il faut se tenir pendant la prière 18, que l'on doit y prendre la posture dans laquelle on croit être le plus agréable à Dieu; sur quoi il rapporte l'exemple de Moïse, qui pria les bras étendus vers le ciel, et celui de Marie-Madeleine qui pria Jésus-Christ en se jetant à ses pieds.

[blocks in formation]

Pierre, diacre. Ses com. mencements en 1115.

Il préfère le chant des psaumes et des cantiques à la prière 1, parce qu'en chantant des psaumes on imite sur la terre ce que les anges font dans le ciel. Il regarde la prière faite aux saints 2, comme faite à Dieu même; Dieu la recevant, dit-il, fait connaître aux saints cette prière, et c'est à cause d'eux qu'il fait miséricorde à celui qui les invoque.

Le recueil des sentences de saint Etienne finit par une instruction sur les dîmes, où, après avoir montré comment Dieu donne l'accroissement à la semence que le laboureur jette sur la terre, le saint ajoute qu'on ne peut, sans injustice, ne pas en payer la dime aux ministres de Dieu.

21. Il y a encore quelques autres maximes 3 de saint Etienne de Muret dans la Vie qu'en a composée Etienne de Lisiac, quatrième prieur de Grandmont, en 1139, imprimée dans le sixième tome de la Grande Collection de dom Martène, [et de là au tome CCIV de la Patrologie, col. 1071-1086;] mais si quel ques-unes de ces maximes sont à peu près les mêmes que celles de la collection de Hugues de Lacerta, les autres sont différentes. Saint Etienne croyait que l'on devait du soulagement aux femmes publiques et aux gens de théâtre 5, dans leurs besoins corporels, afin d'en prendre occasion de les rappeler au soin de leur salut. « Si nous recevons, disait-il, le pécheur avec des paroles dures, lorsqu'il s'adresse à nous, il en sera plus attaché à son péché, pensant que Dieu est un cruel; mais en lui procurant d'abord les besoins du corps, il écoutera plus volontiers ce que nous lui dirons pour le salut de son âme. » Il répondait à ceux qui lui proposaient ceux qui lui proposaient

des confréries 6, avec obligation de prier pour ceux qui lui donnaient du bien, que c'était vendre, pour ainsi dire, l'office divin, et être mercenaire que de prier lorsqu'on donne quelque chose, et de cesser de prier lorsqu'on ne donne rien. Il n'était donc point d'avis d'ajouter d'autres prières à celles que lui et ses disciples faisaient chaque jour; et quoiqu'elles leur fussent particulières, il les regardait comme étant communes à tous les hommes.

22. Dom Martène 7 a fait encore imprimer dans le cinquième tome de ses Anecdotes un livre intitulé: Doctrine ou Instruction des novices de l'ordre de Grandmont; mais on ne peut l'attribuer à saint Etienne de Muret, ni à aucun de ses premiers disciples, puisque dans le premier chapitre le supérieur de l'ordre est appelé abbé, titre que les grandmontains ne se sont donnés que sous le pontificat du pape Jean XXII, au lieu qu'auparavant, ils ne donnaient à leur supérieur général que le nom de prieur. Le premier qui a pris la qualité d'abbé est Guillaume Pellicier, en 1317. Dom Martène le regarde comme auteur de l'ouvrage dont nous parlons, soit à cause du grand zèle qu'il avait pour la religion, soit parce que le plus ancien manuscrit de cette instruction pour les novices est d'un caractère usité dans le temps auquel Guillaume Pellicier était abbé. Le livre est divisé en dix-sept chapitres, où l'on peut apprendre quels étaient alors les usages de l'ordre de Grandmont. La formule du Confiteor est marquée au troisième chapitre en ces termes: Confiteor Deo et Beatæ Mariæ, et Angelis Dei, et Sancto Stephano, Confessori, et omnibus Sanctis, et tibi Pater, etc3.

CHAPITRE XLV.

Pierre, diacre et bibliothécaire de Mont-Cassin .
[Ecrivain latin, 1159.]

1. Né à Rome d'une famille patricienne 10,
Pierre fut offert par ses parents à saint Benoît
dès l'âge de cinq ans en 1115. Girard, alors

[blocks in formation]

abbé de Mont-Cassin, le fit élever sous ses yeux pendant huit ans. Pierre, une fois en âge de cultiver les belles-lettres, s'y appliqua avec suc

1174; la Vie de saint Etienne de Muret, et Révélation d'un frère, par Gérard Ithier, septièmc prieur, 1188; la Vie de saint Hugues de Lacerta, par Guillaume Dandina, en 1187; l'Itinéraire des frères de Grandmont, apportant les reliques des sept compagnes de sainte Ursule, par un anonyme. (L'éditeur). 9 Voyez les Prolégomènes de Wattembach, au tome CLXXIII de la Patrologie, col. 461-480. (L'éditeur.) — 10 Petr., de Viris illust. Cassin., cap. XLVII.

Instruction des novices.

Il est envoyé en exil, en 1128.

cès: il ne fit pas moins de progrès dans l'étude de l'Ecriture sainte, de la théologie, et de l'histoire sacrée et profane.

2. Oderise, successeur de l'abbé Girard, ayant été déposé par ordre du pape Honorius II, dont il avait encouru l'indignation pour lui avoir refusé l'hospitalité avant son élévation sur le Saint-Siége, fut obligé de quitter le Mont-Cassin, et l'on mit à sa place Seignoret, dont l'élection lui fut si agréable, qu'il voulut le bénir lui-même soit que Pierre lui eût refusé son suffrage, ou qu'il fut trop attaché à Oderise, on l'obligea de sortir de Mont-Cassin n'étant âgé que de vingt-un ans: c'était en 1127 ou 1128. Ptolemée, son oncle, mit cet exil sur le compte de l'abbé Seignoret 2. Il offrit à son neveu de le recevoir chez lui avec l'abbé Oderise, et de les mettre en possession de toutes les basiliques dépendantes de Mont-Cassin.

Il revient å 3. Pierre y était de retour en 1137, lors

Mont-Cassin.

Il est choisi pour défendre

Mont Cassin.

que l'abbé Raynald eut ordre, de la part de l'empereur Lothaire 3, de se trouver à Melfe, pour la cour qu'il devait y tenir à la SaintPierre. Raynald y vint accompagné de plusieurs de ses moines, du nombre desquels était Pierre, diacre, que ce prince avait demandé nommément. Il était question d'examiner l'élection de Raynald, dont le pape Innocent II contestait la canonicité, parce qu'elle s'était faite dans le temps que Raynald et les moines de Mont-Cassin adhéraient au schisme de Pierre de Léon.

4. L'empereur Lothaire avait bien voulu les droits de se rendre arbitre, ou plutôt médiateur, entre le pape et la communauté de Mont-Cassin. Il se fit assister du patriarche d'Aquilée et de plusieurs évêques. Le pape nomma pour sa défense le chancelier Aimeric, trois autres cardinaux, et saint Bernard. Henri, duc de Souabe, et plusieurs autres grands seigneurs, prirent le parti des moines de Mont-Cassin; et ceux-ci choisirent Pierre, diacre, pour défendre leur cause: elle occupa cinq séances, pendant lesquelles Pierre répondit aux difficultés que le cardinal Gérard forma sur l'élection de l'abbé Raynald. Les principales étaient que les moines de Cassin avaient abandonné le pape Innocent pour adhérer à l'antipape Pierre de Léon, et que l'élection de Reynald s'était faite sans le consentement

1 Mabillon., lib. IV Annal., num. 147.

2 Mabillon., ibid., lib. LXXV, num. 4.

3 Chronic. Cassin., lib. IV, cap. cvIII et seq.

Ibid., cap. CX, CXI, CXII, CXIII, CXIV.

du pape. Pierre répondit qu'ils ne s'étaient point séparés du pape Innocent, mais qu'il les avait abandonnés lui-même en se sauvant en France; qu'à l'égard de l'élection de leur abbé, elle devait se faire librement, selon la règle de saint Benoît. Il cita quantité d'élections auxquelles le pape n'avait concouru, ni par lui-même, ni par député. Pierre défendit les droits de son monastère avec tant de suffisance, que l'empereur Lothaire le prit à son service.

Récone liation des moi

Cassin.

5. Ce prince, pendant l'entre-temps de ces séances, avait souvent pressé le pape Inno- nes de Montcent de pardonner aux moines et à l'abbé du Mont-Cassin 5. Ses instances eurent leur effet. Le pape leur pardonna; et après qu'ils lui eurent promis obéissance pour lui pour ses successeurs, il leur rendit sa communion, et les reçut au baiser de paix.

6. Vers le même temps, c'est-à-dire l'an 1137, avant le mois de septembre, arrivèrent des ambassadeurs de Jean Comnène, empereur de Constantinople, pour féliciter Lothaire de sa victoire contre Roger, roi de Sicile. L'un d'entre eux, qui était philosophe, se répandit en invectives contre le SaintSiége et toute l'Eglise d'Occident. Il disait que le pape était moins un évêque qu'un empereur; lui reprochait ainsi qu'aux évêques d'aller à la guerre, et de se vêtir de pourpre. Il traitait les clercs de l'Eglise romaine d'excommuniés et d'azymites, et faisait un crime à tous les Latins d'avoir ajouté au symbole la particule Filioque. Pierre, diacre, s'éleva contre ce philosophe. L'empereur Lothaire leur ordonna de disputer ensemble devant lui. La dispute commença de grand matin, et ne finit que le soir 7. Au reproche que le Grec faisait aux Latins d'avoir contrevenu au symbole de Nicée, en y ajoutant que le SaintEsprit procède du Père et du Fils, Pierre répondit : « Si vous nous dites excommuniés pour avoir fait cette addition, vous êtes donc aussi excommuniés, vous qui y avez ajouté que le Saint-Esprit procède du Père seul. »> Ce Grec ne répliqua rien; mais il eut soin de mettre par écrit tout ce qui s'était dit de part et d'autre dans cette dispute, et de l'envoyer à l'empereur et au patriarche. Il donna aussi par écrit à Pierre, diacre, les autorités sur lesquelles on se fondait dans l'Eglise

5 Ibid., cap. CXV.

6 lbid., cap. CXV.

7 Ibid., cap. CXVI.

Dispute de Pierre, dia

cre, avec un philosophe grec.

Pierre accompagne

grecque pour permettre le mariage aux prêtres. Lothaire, extrêmement content des réponses de Pierre, diacre 1, le fit son secrétaire, son auditeur, et chapelain de l'empire romain. On ne sait si Pierre rédigea par écrit sa dispute avec le philosophe grec, mais il ne s'en trouve rien dans le catalogue de ses ouvrages. Il y est fait mention de ce qu'il dit en présence de l'empereur Lothaire pour la défense des droits du Mont-Cassin 2. 7. Pierre obtint de ce prince la liberté d'y l'empereur. retourner pour quinze jours 3; ensuite il eut ordre de revenir à la cour. Lothaire songeait même à l'emmener avec lui en Allemagne, et lui avait déjà ordonné de prendre les devants pour des affaires de l'Empire; mais l'abbé Wibald ou Guibald, qui venait d'être élu à la place de Reynald, fit si bien valoir le besoin qu'il avait de Pierre, diacre, dans le gouvernement de Mont-Cassin, que l'empereur le lui laissa. Wibald eut lui-même le dessein d'envoyer Pierre en Allemagne, en Saxe, en Lorraine, et en quelques provinces du nord; mais on ne sait s'il l'exécuta. On croit que Pierre, diacre 5, vécut jusque sous le pontificat d'Alexandre III, élu pape le 7 septembre 1159, qui le pourvut de l'abbaye de Venouse après la mort de l'abbé Gilles.

Ses écrits. Catalogue des

tres de Mont

Cassin.

6

8. Pierre, diacre, voyant que saint Jérôme, hommes illus. Gennade, Isidore et quelques autres, s'étaient appliqués à faire connaître à la postérité ceux que leur savoir avait rendu recommandables, forma le dessein de donner le catalogue de tous les écrivains de l'abbaye de Mont-Cassin, avec un précis de leur vie et la liste de leurs écrits. Gui, son maître, homme de lettres et de mœurs très-pures, avait travaillé sur la même matière quelques années auparavant; mais la difficulté de l'entreprise la lui fit abandonner. Pierre n'en fut point effrayé, et quoiqu'il se crût beaucoup au-dessous de son maître pour la beauté du langage et la solidité du jugement, il se mit à l'ouvrage. Son écrit est composé de quarantequatre chapitres, dont le premier traite de saint Benoit, de sa règle, et de deux lettres qui portent son nom, l'une à saint Remi, archevêque de Reims, l'autre à saint Maur, son disciple, qu'il avait envoyé dans les Gaules. Le dernier regarde Rainald, sous-diacre de

[ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Mont-Cassin, poète célèbre de son temps. On y a ajouté trois autres chapitres, où il est parlé des écrits de Gélase II, pape, et auparavant moine de Mont-Cassin; de Jean Tiburtin et de Pierre, diacre: ce chapitre contient le dénombrement de ses ouvrages. Ce traité, qui est intitulé: Des Hommes illustres de Mont-Cassin, a été enrichi de longues et savantes notes par Jean-Baptiste Mari, chanoine de Rome, et imprimé en cette ville en 1655, in-8°; à Paris en la même forme, l'an 1666; au XXIe tome de la Bibliothèque des Pères, à Lyon, en 1677; dans la Bibliothèque ecclésiastique de Fabricius, à Hambourg, en 1718, in-fol.; au VIe tome des Ecrivains d'Italie, de Muratori, au IXe de Burmann [et au tome CLXXIII de la Patrologie, col. 1003-1050, d'après Muratori.] Il est suivi dans ces éditions du supplément de dom Placide, aussi diacre de Mont - Cassin, en trente et un articles ou chapitres, qui conduisent l'histoire des savants de cette abbaye jusqu'en 1584, qui fut l'an de la mort de Grégoire Cortese, le dernier de ceux dont il est parlé dans ce supplément.

9. Léon de Marsi, moine de Mont-Cassin, et depuis cardinal évêque d'Ostie, avait d'abord été chargé par Oderise, abbé de ce monastère, l'an 1087, d'écrire la Vie de Didier, l'un de ses prédécesseurs, plus connu sous le nom de Victor III, pape; Oderise lui ordonna depuis de donner la Vie de tous les abbés de Mont-Cassin, à commencer par saint Benoît jusqu'à Didier. Léon obéit, et dédia l'ouvrage à celui qui le lui avait commandé. Il trouva des secours dans les archives de l'abbaye, surtout dans une Chronique de l'abbé Jean, dans l'Histoire des Lombards, des Empereurs romains, des Papes, et dans divers diplômes des concessions et priviléges accordés au Mont-Cassin. L'ouvrage a pour titre : Chronique du Mont-Cassin. Les trois premiers livres sont de Léon d'Ostie, et finissent à la mort de l'abbé Didier, ou Victor III, en 1087. Pierre, diacre, y en ajouta un quatrième, qui commence à l'abbé Oderise, en 1087, et finit à la mort de Rainald Il et à la mort de l'antipape Anaclet, en 1138; mais on ne trouve point dans ce quatrième livre la même exactitude ni la même précision que dans les précédents. Quelques-uns ont soutenu que tout ce qui

[blocks in formation]
[blocks in formation]
« ZurückWeiter »