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Homélies

du deuxième

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sur ceux d'après Pâques et d'après la Pentecôte. Il y en a six sur le premier dimanche de l'Avent. La première explique l'endroit du chapitre XXI de saint Matthieu, où il est parlé de l'entrée triomphante de JésusChrist dans Jérusalem. On le lisait en ce dimanche au temps de Godefroi, au lieu qu'il fait aujourd'hui partie de l'office du jour des Rameaux. La seconde et la troisième homélie sont encore sur le même sujet. Dans la quatrième homélie l'auteur dit que le livre du Cantique des Cantiques peut se rapporter à l'Eglise et à l'âme fidèle, à cause de leur union avec Jésus-Christ, mais qu'il a un rapport plus particulier à la sainte Vierge, comme Mère du Sauveur du monde. Après avoir dit, dans la quatrième, que la sainte Vierge a été sujette, comme le reste du genre humain, à la loi du péché originel, il ajoute que le Saint-Esprit survenant en elle 3, l'en a purifiée, ainsi que de tout péché actuel si elle en avait commis. Il attribue au baptême la vertu de remettre, non-seulement le péché originel, mais tous les péchés actuels.

5. Sur l'eucharistie 5, il enseigne que le Fils unique de Dieu, qui s'est immolé une fois pour nous sur l'autel de la croix, est chaque jour mis à mort par la consécration de son corps et de son sang pour le salut des fidèles; qu'en recevant visiblement, c'est-àdire sous des espèces visibles, son corps et son sang, notre âme en est nourrie et rassasiée invisiblement. Dans l'homélie sur la Samaritaine, au vendredi d'après le troisième dimanche de Carême, Godefroi distingue exactement les deux natures en Jésus-Christ, disant que, selon la nature divine 6, il ne pouvait jamais être fatigué, mais qu'il le pouvait selon la nature humaine, dont il a pris toutes les infirmités, excepté le péché. Il veut qu'il y ait un si grand secret entre le confesseur et le pénitent 7, qu'eux seuls entendent les péchés, en sorte que les péchés ne puissent être connus de personne, et que la confession ne devienne pas publique.

6. Dans la distribution des homélies sur tome sur les les fêtes de l'année, on a suivi l'ordre qu'el

Fêtes de l'an

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les tenaient dans le calendrier de l'Eglise au Xie et au XIIe siècles; ains elles commencent dans le second tome de l'édition de dom Bernard Pez, par l'homélie sur la fête de saint André, et sont absolument dans le même goût que les homélies sur les dimanches, c'est-à-dire, remplies d'allégories et de moralités, ce qui ne nous fournit presque rien d'intéressant pour notre sujet. Godefroi parle dans les homélies sur la Nativité de JésusChrist, des trois messes que l'on y célébrait, l'une à minuit, l'autre à l'aurore, la troisième au jour, et en rapporte les Introïts, qui sont les mêmes qu'aujourd'hui. Il donne de chaque messe une explication spirituelle et morale. Dans l'homélie sur la chaire de saint Pierre à Antioche, il reçoit sans difficulté l'histoire du baptême de Constantin par le pape saint Sylvestre, et la donation que cet empereur lui fit: on n'avait pas encore alors découvert la fausseté de ces pièces. Dans sa première homélie sur la fête de Pâques 10, il confond Marie-Madeleine, sœur de Lazare, avec la femme pécheresse. Il croit que la sainte Vierge a été réellement enlevée au ciel, afin, dit-il dans l'homélie sur l'Assomption, qu'étant au-dessus des chœurs des anges 11, elle intercède avec plus de confiance pour le pardon de nos péchés. Il croit qu'avant la venue de Jésus-Christ le mystère de la sainte Trinité était inconnu au monde 12, ou du moins qu'il n'était connu que de très-peu de personnes.

Homélier sur divers su

7. L'appendice des deux tomes des homélies de Godefroi en contient dix-sept sur di- jeis. vers sujets on ne doute point qu'elles ne soient de cet abbé, puisqu'elles se trouvent dans les manuscrits d'où sont tirées celles dont nous avons parlé jusqu'à présent. La première est sur la députation d'Eliézer pour le mariage d'Isaac avec Rébecca. Dans les suivantes, Godefroi explique différents endroits des cinq livres de Moïse, de Josué, des Juges, des Rois, des Proverbes, de l'Ecclésiastique, de Daniel, des Machabées, qu'on lisait dans l'office de l'Eglise.

8. Suit dans le même appendice [et au

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Opascule

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Livre des

dix calamités

Isale.

9. Le livre des dix Calamités annoncées par prédites par le prophète Isaïe à Babylone1, à Damas, à l'Egypte, à Moab et à divers autres peuples, a d'abord paru sous le nom du vénérable Isimbert, frère de Godefroi, et son successeur dans l'abbaye des Monts, au second tome des Anecdotes de dom Bernard Pez; mais cet éditeur, qui ne lui avait attribué ce commentaire que sur quelques conjectures 2, en a eu depuis de plus fortes pour le rendre à l'abbé Godefroi3, comme à son véritable auteur. Il se trouve en effet parmi les homélies de Godefroi dans le manuscrit de l'abbaye des Monts, et l'on y remarque aisément son génie et son style [On a reproduit cet ouvrage au tome CLXXIV de la Patrologie, col. 1157-1210.]

Lettre de l'abbé Godefroi.

Aimon,

abbé de SaintPierre-surDive.

10. On a de Godefroi une lettre à un moine qui avait été autrefois du nombre de ses religieux, mais qui ensuite était passé à un autre monastère. Godefroi lui demande par cette lettre de lui faire transcrire 4, ou de transcrire lui-même l'ouvrage de Josèphe qui traite de la prise de Jérusalem, et du triomphe de Vespasien et de Tite à Rome. [Cette lettre est reproduite au tome CLXXIV de la Patrologie, col. 1209-1212.]

11. [Aimon, religieux de Saint-Pierre-surDive, au diocèse de Séez, remplaça Richard, abbé du même monastère 5. L'année de son élection est incertaine, mais elle doit se rencontrer entre 1140, temps auquel Richard entreprit la reconstruction de son église, et 1143, où nous voyons pour la première fois Aimon exercer les fonctions abbatiales. Deux ans après cette dernière époque, celui-ci mit la dernière main à l'édifice entamé par son devancier. On ignore les autres particularités de sa vie, dont le terme est pareillement resté dans l'oubli. La Chronique de Robert du Mont nous apprend seulement qu'en 1150, Warin lui avait succédé 6.

On a de lui une longue lettre à ses confrères de Tewksbury7, aujourd'hui dans le comté de Glocester en Angleterre. Elle a pour objet de les exciter à rendre grâces à Dieu d'un

1 Tom. II Anecd. Pez, part. I, pag. 427.

2 Dissert. Isagog. in tom. II Anecdot., pag. 14. 3 Præfat. de Vita et Script. Godefr., pag. 16. Tom. VI Anecd. Pez., pag. 364.

nouveau genre de dévotion qui s'était emparé du peuple de Normandie, genre si extraordinaire, dit-on, qu'on en chercherait en vain des exemples dans les siècles passés. Cette dévotion, qui avait pris naissance à Chartres, consistait à se dévouer, hommes, femmes, nobles et roturiers, sans distinction de sexe ni d'état, à la construction des églises. Dans chaque diocèse de Normandie, il y avait une confrérie de ces dévots, dont la patronne était la sainte Vierge, et à laquelle présidait une personne de piété pour y entrer, il fallait s'être confessé, avoir reçu la pénitence, et s'être réconcilié avec ses ennemis. Cette dernière condition était bien importante dans un temps où les nobles avaient presque toujours les armes à la main pour s'entre-détruire. Dès que les confrères apprenaient qu'il y avait quelque part une église à bâtir, ils s'y rendaient en troupe, et là ils faisaient les fonctions non-seulement de manœuvres, mais même de bêtes de trait. « Quel prodige inouï, dit notre auteur, de voir des tyrans, des hommes puissants dans le siècle, enflés de leur naissance et de leurs richesses, des femmes accoutumées à une vie molle et voluptueuse, s'attacher à un char avec des traits, et voiturer eux-mêmes, à la place des animaux, le vin, le blé, la chaux, le bois, les pierres, le sable, et généralement toutes les provisions de bouche et tous les matériaux nécessaires pour la construction de l'édifice sacré ! Mais ce qui est encore plus surprenaut, c'est qu'au milieu de ces travaux, où quelquefois mille personnes, hommes et femmes, tirent ensemble le même char (tant la charge qu'on y met est pesante), il règne un si profond silence, que l'on n'y entend pas la moindre parole ni le moindre murmure, en sorte que, sans le témoignage des yeux, on croirait qu'il n'y a pas une âme dans toute cette multitude. Quand on s'arrête dans les chemins, c'est alors que l'on parle, mais de quoi? de ses péchés, dont on fait une confession publique, avec des larmes et des prières pour en obtenir le pardon. Alors les prêtres font un discours à ces pénitents pour les exhorter à étouffer les haines, à bannir les dissensions, à remettre les dettes, et à resserrer entre eux les liens de l'union et de la paix. Se trouve

5 Mabillon., Annal., lib. LXXVIII, n. 67; Neustria pia, pag. 503.

6 Mabillon., ibid., lib. LXXX, n. 46.

1 Totesberia. Mabillon., lib. LXXXVIII, n. 67.

t-il quelqu'un assez endurci pour ne point vouloir pardonner à ses ennemis, ou refuser de se soumettre aux avis que les prêtres lui donnent, aussitôt il est détaché du char, son offrande est retirée comme impure, et luimême chassé avec ignominie de la sainte société.» L'auteur décrit ensuite divers miracles par lesquels Dieu fit connaître qu'il approuvait cette dévotion, après quoi il rapporte en quel ordre les confrères s'acheminaient pour ces travaux. «<Lorsque le peuple fidèle, dit-il, s'est mis en marche au son des trompettes et précédé de bannières, il continue sa route avec la plus étonnante facilité, sans que ni la hauteur des montagnes escarpées, ni la profondeur des eaux qu'il rencontre devant soi lui cause le moindre retardement. Vous croiriez voir les Hébreux qui traversent le Jourdain sous la conduite de Josué, lorsque nos pèlerins traversent quelque rivière qui se présente sur leur passage, tant ils y entrent avec confiance et parviennent aisément à l'autre bord. Jusque-là que plusieurs d'entre eux assurent qu'étant au port Sainte-Marie, les flots de la mer qui venaient à eux s'arrêtèrent tout à coup pour leur laisser la liberté de passer... Arrivés à l'endroit où l'église doit être bâtie, ils forment une enceinte à l'entour avec les chars pour y établir une manière de camp spirituel, où pendant toute la nuit suivante l'armée est en faction, chantant des hymnes et des cantiques spirituels. Sur chacun des chars, on allume des cierges et des lampes, après y avoir placé les infirmes et les malades, auprès desquels on apporte les reliques des saints, à l'effet de leur procurer du soulagement. On prie pour eux, on fait des processions, le clergé à la tête et le peuple à la suite, pour demander à Dieu et à sa bienheureuse Mère la guérison de leurs maux. » Aimon termine sa relation en disant que cet établissement avait passé de l'Eglise de Chartres dans le territoire de Saint-Pierre-sur-Dive, où il avait été confirmé par un grand nombre de prodiges, et de là s'était répandu dans presque toute la Normandie, mais qu'il avait principalement occupé les lieux dédiés à la Mère de miséricorde. C'est par de tels secours que fut élevée l'église de Saint-Pierre-sur-Dive. Si des faits aussi incroyables n'étaient attestés que par le seul Aimon, la critique aurait peine à

1 Mabillon., Annal., lib. LXXXVIII, n. 66. Bibl. Fr., pag. 253.

3 Histoire littéraire de la France, tome XII. Cette

se rendre. Mais le métropolitain de Normandie, Hugues d'Amiens, leur rend le même témoignage dans une lettre que nous ferons connaître à nos lecteurs à son article. Raoul de Diceto atteste la même chose sur l'an 1144.

Suger, qui fit bâtir dans le même temps l'église de Saint-Denis, rapporte quelque chose de semblable en parlant de la manière dont on tira des carrières de Pontoise les colonnes qui devaient entrer dans cet édifice. Nous avons une traduction de cette lettre d'Aimon, publiée à Caen dans un volume in-12, l'an 1671, par D. Jean Bernard Planchette (et non Blanchet, comme l'écrit le père Lelong) 2; mais le texte original d'Aimon n'a pas encore vu le jour. D. Mabillon, qui en a donné les extraits que nous venons de rapporter, avait promis de l'insérer dans l'appendice du sixième volume de ses Annales. Cet engagement n'a point été rempli par D. Martène, éditeur de ce volume.

On fait encore honneur à notre auteur du Martyrologe de Saint-Pierre-sur-Dive qui est demeuré manuscrit.

Les éditeurs de la Patrologie, t. CLXXXI, col. 1703-1710, reproduisent cette notice sur Aimon, tirée de l'Histoire littéraire de la France, avec les extraits de la lettre donnée par Mabillon.

Pierro

12. Sous le gouvernement d'Aimon vivait un religieux, nommé Pierre, qui se mêlait de moine. versification. Par le conseil de Milon Crispin, moine du Bec, dont il a été parlé, il fit en vers héroïques l'éloge historique des sept premiers abbés de ce monastère. C'est la seule production de sa plume qui soit parvenue jusqu'à nous. Elle a été publiée par D. Martène dans le sixième volume de sa Grande Collection, p. 93. Elle est reproduite au t. CLXXXI de la Patrologie, col. 1709-1718. Le septième abbé que notre auteur célèbre est Roger de Bailleul, dont le gouvernement commença l'an 1149. Il parle de lui comme vivant encore, et sans entrer dans aucun détail de ses actions, il se contente de louer ses bonnes qualités. D. Ruinart estimait la versification de Pierre qui, dans quelques manuscrits, est appelé Petrus Augiensis, par la raison que l'abbaye de Saint-Pierre-sur-Dive est dans le pays d'Auge en Normandie 3.

13. Tandis que l'hérétique Henri, ce restaunotice est reproduite au tome CLXXXI de la Patrologie, col. 1705-1706.

Heribert, Loine.

rateur du manichéisme en France, infectait de ses erreurs le Languedoc et la Provence, un de ses disciples, nommé Ponce ou Ponne, le secondait dans le Périgord et y faisait un grand nombre de prosélytes. La doctrine et les mœurs de ceux-ci se trouvent détaillées dans une lettre du moine Héribert adressée à tous les fidèles en forme de dénonciation. Cet écrivain, sur la personne duquel on n'a aucunes lumières, était vraisemblablement périgourdin, car il parle en témoin oculaire de ce qu'il raconte. Il parait que ce bon moine était un peu crédule, et se laissait aisément surprendre aux apparences trompeuses des fausses merveilles. Quoi qu'il en soit, la candeur qui règne dans son écrit dispose en faveur de sa sincérité. C'est un auteur qui rapporte ingénument ce que ses sens lui avaient appris, sans aucune défiance sur

la fidélité de leur témoignage. Sa lettre a dû précéder l'an 1147, époque de la mission de saint Bernard en Périgord. Après avoir été publiée pour la première fois par D. Mabillon dans le troisième volume de ses Analectes, p. 467, elle a été reproduite dans le premier tome des Anecdotes de D. Martène, p. 453, avec quelques corrections. Mais l'une et l'autre de ces pièces s'accordent à rapporter que les hérétiques dont il s'agit fléchissaient cent fois le genou par jour, et non pas seulement sept fois, comme le dit le père Pagi sous l'an 1163 1.

L'édition de D. Martène est reproduite au tome CLXXXI de la Patrologie, col. 17211722; elle est précédée de la notice tirée de l'Histoire littéraire de France, rapportée cidessus.]

Sainte Hildegarde, båtit le monastère du Mont

CHAPITRE XLVII.

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Sainte Hildegarde, vierge, abbesse du Mont-Saint-Rupert [1178]; Elisabeth de Schnauge [1165; Lebert ou Ecbert ou Egbert, abbé de Saint-Florent de Schonauge ou Schnauge.]

[Ecrivains latins.]

1. Née dans le village de Spanheim3, au diocèse de Mayence, sur la fin du x1° siècle, en Saint-Rupert une métairie nommée Bikesheim, Hildegarde fut offerte à Dieu par ses parents à l'âge de cinq ans; dix ans après elle se retira sur la montagne de Saint-Disibode, où il y avait un monastère d'hommes, et vécut en recluse, avec deux autres filles, sous la discipline de la bienheureuse Jutte, qui les forma dans les exercices de la piété. Cette sainte dame étant morte, Hildegarde, avec la permission de l'abbé Conon, se retira avec ses compagnes en un lieu appelé Binguc elle bâtit à quelque distance de là un monastère où elle assembla dix-huit filles, dont elle fut supérieure. Ce monastère portait le nom de

1 Hist. litt. de la France, tome XII, pag. 446.

On peut voir sur sainte Hildegarde 1o les Actes des Bollandistes, septembre, tom. V, 17o jour; 2o la Vie de la sainte, par les moines Godefroi et Thierry ses contemporains, témoins oculaires de ses actes et chargés des fonctions ecclésiastiques dans son couvent; 3o les actes de l'inquisition de ses vertus et de

Mont-Saint-Rupert, et n'était pas éloigné de Mayence.

célèbre par ses révélations.

2. Elle fut favorisée dès sa jeunesse de visions Elle devient célestes; mais Dieu augmenta ce don en elle en 1141, elle était alors âgée de quarante-deux ans et sept mois. Ces visions ne lui arrivaient pas la nuit, mais de jour. Sachant quelle opinion l'on a ordinairement de ces sortes de visions, elle fit difficulté de les mettre par écrit, jusqu'à ce qu'elle y fut comme contrainte par les instantes prières d'une dame de qualité et de verta, et d'un homme dont elle connaissait la piété. Elle fut dix ans à achever cet ouvrage, qui contient les visions et les révélations qu'elle avait eues sous l'épiscopat de Henri, archevêque de Mayence, sous

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Elle est en

grande consi

'Eglise et dans l'Etat.

Conrad, roi des Romains, et sous le pontificat d'Eugène II.

3. On ne peut trop admirer le respect et dération dans la confiance qu'elle s'acquit des plus grands personnages de l'Eglise et de l'Etat ; nonseulement les évêques, les abbés et d'autres personnes d'un rang inférieur, lui écrivaient pour lui demander des conseils et des prières, mais elle recevait sur le même sujet des lettres de la part des souverains pontifes, des empereurs et des rois. Anastase IV, aussitôt qu'il fut placé sur la chaire de saint Pierre, lui écrivit pour la congratuler de ce que le nom de Jésus-Christ était de jour en jour glorifié en elle. « Nous savons, ajoutait-il, combien notre prédécesseur, de pieuse mémoire, vous affectionnait; et c'est à son imitation que nous vous écrivons, dans le désir de recevoir une réponse de votre part. » Elle lui en fit une, mais avec cette liberté que donne le zèle pour la gloire de l'Eglise « Remplissez, lui dit-elle, avec ardeur les devoirs de la justice, afin que vous ne soyez point accusé devant le grand médecin de n'avoir pas lavé les taches de votre troupeau, et d'avoir négligé de l'oindre d'huile.»> Elle écrivit dans le même style à Adrien IV, à Alexandre III et à l'empereur Conrad. Le patriarche de Jérusalem lui disait dans sa lettre, avoir appris par es pèlerins qui venaient visiter le Saint-Sépulcre, les merveilles que Dieu opérait en elle.

Elle est con. sultée par ies savants.

Ses écrits sont approu.

vés du pape Eugène III.

:

4. Le moine Guibert, depuis abbé de Gemblou, lui proposait souvent des difficultés sur l'Ecriture Sainte. Elle fut priée par la communauté du monastère d'Heningen, dans le diocèse de Worms, de donner par écrit l'explication de quelques chapitres de la règle de saint Benoît, dont la pratique variait dans plusieurs monastères.

5. Le pape Eugène III, étant au concile assemblé à Trèves, l'an 1147 3, Henri, archevêque de Mayence, le pria de faire examiner les écrits et les révélations d'Hildegarde, dont on parlait différemment dans le monde. Le concile députa vers elle Alberon, évêque de Verdun, et avec lui Adelbert, primicier,

1 Ibid., lib. LXXX, pag. 529. 2 Ibid., pag. 530.

3 Ibid., lib. LXX, pag. 241.

La sainte fut autorisée à consigner à l'avenir quæ in spiritu proferenda senseris, dit le pape, dans la lettre qu'il lui adresse. On voit par conséquent dans quel sens général fut conçue l'approbation du livre d'Hildegarde par le pape Eugène III, et combien se trompent étrangement ceux qui parlent d'une ap

et quelques autres personnes de piété et de savoir. Ils examinèrent avec soin les écrits et les révélations d'Hildegarde, et n'y ayant rien trouvé de contraire à la foi, et qui ne fût conforme aux sentiments de la vraie piété, ils les présentèrent au pape, afin qu'il les examinât lui-même. Eugène III, les jugeant dignes d'être conservés à la postérité, exhorta la sainte à continuer de mettre ses révélations par écrit. Dans sa lettre, que l'on a mise à la tête des lettres d'Hildegarde, le pape loue Dieu des miracles qu'il voulait bien opérer de son temps par le ministère de cette sainte fille, en lui faisant connaître des choses inconnues aux hommes; l'avertit que Dieu qui résiste aux superbes donne sa grâce aux humbles, et approuve le lieu qu'elle avait choisi pour sa demeure, à la condition. d'y vivre en clôture avec ses sœurs dans la pratique de la règle de saint Benoît. Hildegarde, dans sa réponse au pape, accepta ces conditions, déclarant que son désir était qu'elles eussent lieu de son vivant et après sa mort. Elle fait mention dans une autre lettre de l'approbation donnée à ses écrits par Eugène III, qui, dit-elle, les fit lire dans une assemblée, et les lut lui-même en particulier.

Il est

Bereir

garde.

Hild

6. Si l'on en croit l'abbé Trithème 5, saint Bernard alla de Francfort à Bingue rendre q visite à l'abbesse Hildegarde, et eut avec ellers fr une conversation en 1146; mais ce fait ne paraît pas bien avéré 6. L'abbé de Clairvaux ne commença à connaître cette pieuse fille que l'année suivante, c'est-à-dire au concile de Trèves, où il se trouva avec le pape Eugène en 1147, et où il fut question de l'examen des écrits et des révélations d'Hildegarde; d'ailleurs les auteurs de la Vie de saint Bernard ne disent rien de cette visite.

7. Sainte Hildegarde mourut le 17 septem- Ses miracis. bre 1178, âgée de quatre-vingts ans. L'E- Sa mort. glise lui a décerné un culte public, tant à cause de la sainteté de sa vie, que pour ses miracles. Thierri, abbé de Saint-Trond, en a rapporté jusqu'à vingt dans l'histoire qu'il a faite des actions de cette sainte. [Sainte Hil

probation formelle et d'une approbation de tous ses écrits et de toutes ses révélations, dont la plupart ne parurent qu'après 1148. Diction. encyclop. de la Theol. cathol., tom. XI. (L'éditeur.)

5 Ann. Bened., lib. LXXVII, pag. 410.

Il est tout à fait faux, comme Stilting l'a démontré au tome V de septembre des Acta sanctorum, pag. 636. (L'éditeur.)

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