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Vie desaint LintWID.

gieux. Ils ne demandent point qu'on leur bâtisse des oratoires magnifiques, décorés de colonnes et de lambris où reluise l'or, ni des autels enrichis de pierres précieuses, ni que l'on emploie des vélins de prix ou pourprés, et de l'or moulu pour écrire leur vie, ni qu'on mette sur les couvertures de livres des perles ou des pierreries. Ils sont plus sensibles au peu de soin que l'on a des ministres des autels et des pauvres, que l'on laisse mourir faute de leur donner de quoi se vêtir. » Sur la fin du quatrième livre, il nous apprend qu'il entreprit ce recueil des miracles des saints par ordre de Régimbert, son abbé et son prédécesseur, qui brûlait d'un saint zèle pour le culte des saints, et souhaitait avec autant d'ardeur qu'on publiât leurs vertus et leurs merveilles. Ce fut lui qui, en 1059, la neuvième année de sa bénédiction abbatiale, ordonna, de l'avis de sa communauté, que l'on ferait dans l'église d'Epternac, le dix-neuvième de nouvembre, la fête ou commémoration de tous les saints, dont il y avait des reliques dans le monas

tère.

27. Théofroi écrivit aussi la Vie de saint Liutwin [ou Ludvin], archevêque de Trèves, dans le viIIe siècle. Il avait été tiré de l'abbaye de Metloc, dans le même diocèse, abbaye encore si fameuse du vivant de cet écrivain, qu'il ne craint point d'assurer que les moins capables méritaient, par leur vertu et leur savoir, les premières places de l'Eglise façon de parler hyperbolique, qui prouve du moins que l'observance régulière était en vigueur à Metloc. Il dédia cette Vie à Udon, qui fut archevêque de Trèves depuis l'an 1067 jusqu'en 1078. Théofroi l'écrivit donc avant d'être revêtu de la dignité d'abbé. Mizon l'occupait alors, à la place d'Everhelme, déposé pour cause de simonie. Il faut distinguer ce Mizon de l'abbé de Mithlac, que l'on appelle aussi Nizon, auteur de la Vie de saint Basin, archevêque de Trèves, et oncle maternel de saint Liulwin. Cette affinité a fait croire que Nizon était également auteur de la Vie de saint Liutwin. Mais outre que le style des deux vies est différent, il est visible 2 par la manière dont il parle de la Vie

qucaria, non crebro maculis distincta smaragdo altaria, nec ut membruna purpureo colore inficiantur, non ut aurum liquescat in litteras, non ut gemmis codices vestiantur; et ministrorum Christi aut minima aut nulla diligentia habeatur, et nudus ante fores eorum Christus moriatur. Thiofrid., lib. IV.

de saint Liutwin, qu'elle n'est point son ou vrage, et qu'il s'est contenté d'y puiser, parce qu'il ne pouvait faire la vie de l'oncle sans parler du neveu, qui avait été son successeur. La Vie de saint Liutwin n'a pas été rendue publique.

28. On doit mettre encore entre les productions de Théofroi, les Vies de sainte Irmine 3, vierge, abbesse d'OEren, dans la ville de Trèves, et de saint Willibrode, patron d'Epternac. La première est perdue: dom Mabillon a donné la seconde dans le troisième tome des Actes, à la suite de celle qu'Alcuin en avait composée. Elles sont l'une et l'autre en prose et en vers. Théofroi y a fait entrer une partie de l'histoire de son voyage à Walchre, pour le rétablissement de la paix entre les habitants de ce lieu. Browerus parle de cette Vie dans les Annales de Trèves, mais comme n'étant que manuscrite; ce qui fait voir qu'elle n'avait pas encore été imprimée en 1670, qui est la date de l'impression de ses Annales. [Le tome CLVII de la Patrologie, col. 411-414, reproduit des fragments de la Vie de saint Willibrode, d'après Mabillon, et une pièce de poésie sur le même saint, composée par Théofroi, d'après Herbert, Script. de Musica, tome II.]

29. En 1555, on publia à Cologne, sous le nom de l'abbé Théofroi, deux homélies: l'une sur le culte des saints, l'autre sur leurs reliques. Elles ont depuis été imprimées dans les Bibliothèques des Pères, et se trouvent dans le douzième tome 5 de celle de Lyon, avec celles de l'abbé Isaie, et quelques opuscules de saint Maxime. C'est le même ordre qu'elles tiennent dans le manuscrit du Vatican, où elles portent simplement le nom de Théofroi. [Elles sont reproduites au tome CLVII de la Patrologie, col. 405-410.] Le style de ces deux homélies est plus net, plus concis, plus doux, plus coulant, que celui du recueil intitulé : les Fleurs des Saints; et l'auteur y parle des châsses ou vases d'or dans lesquels on enfermait leurs reliques, sans désapprouver ces magnificences, comme on a vu qu'il le fait dans ce recueil. Tout cela porte à croire qu'elles sont d'un auteur différent. Cependant elles contiennent cer

1 Mabill., lib. LXV Annal., num. 47. Bolland., ad diem 4 martii, pag. 319, num 19.

3 Calmet, Histoire de Lorraine, tom. IV, part. 1, pag. 123.

Browerus, lib. XII Annal. Trev., num. 28, 32.
Tom. XII Bibliot Pat. pag. 417, 419.

Vies de sainte Hirmine, et de saint Willibrode,

Homélie de Théofroi.

tains traits qui ont du rapport à l'abbé d'Epternac. L'auteur marque clairement qu'il les prêchait dans une église riche en reliques; que Dieu en avait accordé aux provinces et aux villes pour leur défense et la consolation des fidèles. Il paraît qu'il avait fait une étude particulière du culte des reliques et des miracles opérés par leur vertu, et qu'il était abbé ou supérieur d'un monastère. Or, on sait que Théofroi le fut de cette abbaye; qu'il y avait quantité de reliques de saint Willibrode, premier évêque d'Utrecht, de saint Liutwin, archevêque de Trèves, et de sainte Irmine, abbesse d'OEren, en cette ville. Il avait été témoin de celles que l'on conservait à Anvers, et il connaissait non-seulement, les autres villes où il y avait des reliques de saints en dépôt, mais encore les merveilles qui s'opéraient à leurs tombeaux.

S'il ne dit rien dans ces homélies contre le luxe des châsses où l'on enfermait ces reliques, c'est qu'il était question dans ces discours d'instruire les peuples, et non de mettres des bornes à la magnificence de ces châsses; d'ailleurs il n'en voulait dans son traité des Fleurs des Saints, qu'à ceux qui enrichissaient ces monuments au préjudice de l'aumône qu'ils devaient aux pauvres. Par une semblable raison, son style, dans ces homélies, est plus clair et ne se sent point du grécisme, parce qu'il parlait au peuple, et non à des personnes lettrées. Il y a dans le premier tome de la Grande Collection de dom Martène une lettre de Théofroi à l'empereur Henri III, pour l'engager à faire rendre à l'abbaye d'Epternac les églises qu'on lui avait enlevées. La lettre est de l'an 1108.

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CHAPITRE IV.

Sigebert, moine de Gemblou [ou Gemblours] [1112]; Gibelin, patriarche
de Jérusalem [vers 1112]; Roger, évêque d'Oléron [1112].

[Ecrivains latins.]

1. Le second chronologiste de l'abbaye de Gemblou, située autrefois dans le diocèse de Liége, aujourd'hui dans celui de Namur, dit en parlant de Sigebert, qu'il se rendit recommandable par la probité de ses mœurs, et l'étendue et la variété de ses connaissances, et aimable à tous les sages de son temps. Il avait fait profession de la vie monastique à Gemblou, sous l'abbé Otbert, mort en 1048. Sous Mascelin, son successeur, Sigebert, quoiqu'encore très-jeune, s'était déjà fait une si grande réputation de savoir, que Folcuin, abbé de Saint-Vincent de Metz, et les religieux de sa communauté, le demandérent pour présider à l'école de cette abbaye. Il y fut, pour me servir des termes de ce second chronologiste qui fut un de ses écoliers, une fontaine de sagesse, non-seulement pour les moines, mais aussi pour les clercs qui accouraient à Metz de tous côtés pour prendre de ses leçons. Sigebert s'y at

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tira l'amitié et l'estime de toute la ville. Les Juifs mêmes avaient confiance en lui, parce que, possédant la langue hébraïque 3, il était en état de montrer les différences qui se rencontrent entre le texte hébreu et les versions qu'on en a faites, et qu'il s'accordait avec eux dans les endroits qu'ils traduisaient conformément à la vérité hébraïque.

2. Baudri, auteur de la Chronique de Cambrai, l'ayant envoyé à Renaud du Bellai, archevêque de Reims, pour en avoir son jugement; l'archevêque voulut auparavant consulter là-dessus Sigebert, dont il emprunta les termes dans l'approbation qu'il donna à cette Chronique. Après un long séjour dans la ville de Metz, Sigebert obtint, quoiqu'avec peine, de retourner à Gemblou. Ceux qu'il avait enseignés le comblèrent de présents, qu'il employa à l'usage 5 et à la décoration de l'église du monastère. Saint Guibert, son fondateur, mort depuis environ

• Chronic. Cameracens., in prolog. Chronic. Gemblac, pag. 536.

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Il s'attache

an parti des ques.

cent trente-sept ans 1, y faisait beaucoup de miracles en faveur de ceux qui venaient prier à son tombeau. Sigebert, après avoir écrit la vie de ce saint, songea à faire élever de terre ses reliques. Il en parla à l'abbé Liétard qui, pensant comme lui, l'envoya à Otbert, évêque de Liége, pour avoir son consentement. L'évêque le donna volontiers, et se chargea d'avoir aussi l'agrément de Fridérie, archevêque de Cologne. Il ne le donna qu'après que l'affaire eut été examinée dans un concile. On indiqua pour le jour de la cérémonie le vingt-troisième de septembre, et depuis ce temps-là, il se fit un grand concours au tombeau de saint Guibert.

3. Les diocèses de Cambrai et de Liége schismati avaient pris parti pour l'empereur Henri IV, dans le schisme qui le divisait d'avec l'Eglise romaine. Le pape Pascal II les anathématisa une seconde fois de l'avis du concile tenu à Rome en 1102; et voyant que ses censures ne faisaient rien, il eut recours aux armes de Robert, comte de Flandres, revenu depuis peu de la Terre-Sainte, lui promettant, à lui et à ses vassaux, la rémission de leurs péchés s'ils se déclaraient contre l'empereur Henri. Le clergé de Liége répondit d'une manière très-vive à la lettre du pape, et continua son attachement à l'empereur, mais sans prendre part à son schisme. Sigebert fut prié de faire cette réponse; il s'en reconnaît auteur dans son livre des Ecrivains ecclésiastiques. D'où quelques-uns ont conclu qu'il avait été du nombre des schismatiques.

Sa mort en 1112.

4. Mais il paraît tant par cette lettre, que par divers endroits de sa Chronique 3, qu'il tenait tellement le parti de l'empereur Henri, qu'il reconnaissait aussi pour papes légitimes Grégoire VII, Urbain II et Pascal II, rendant à César [lui semblait-il] ce qui appartenait à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Le second chronologiste de Gemblou, dit que Sigebert, quoique grave, n'était point sévère; qu'il savait se proportionner à toutes les personnes avec qui il avait à vivre; que son occupation ordinaire était la lecture et la méditation des divines Ecritures; qu'il célébrait chaque jour la messe, à laquelle il se préparait par la prière; et que dans sa vieillesse, ni même dans la maladie qui termina ses jours, il ne perdit rien de l'égalité de son humeur, ni de l'unifor

1 Mabill., lib. LXIX Annal., num. 118, et lib. LXXI,

num. 118, et Bolland., ad diem 23 maii.

2 Mabill., lib. LXX Annal., num. 32 et 33.

3 Sigebert., in Chronic., ad an. 1074, 1084, 1100.

mité de sa conduite. Ses confrères avisaient entre eux en quel endroit de l'église ils l'enterreraient après sa mort; mais il les prîa avec instance de lui donner place dans le cimetière commun du monastère. Il mourut le 5 octobre 1112, sous l'abbé Liétard 4, qui finit lui-même sa vie le 4 février de l'année suivante 1113. C'est ainsi que le rapporte la Chronique de Gemblou, composée par un moine du lieu, disciple de Sigebert. C'en est assez pour rejeter l'opinion de ceux qui veulent qu'il ne soit mort qu'au mois d'octobre de l'an 1113.

5. Depuis son retour de Metz à Gemblou, les personnes les plus considérables de Liége, les anciens, ceux qui étaient constitués dans les premières dignités, les plus habiles et les plus spirituels venaient converser avec lui, et il était ordinaire de s'en rapporter à lui pour la solution des difficultés qu'on ne pouvait résoudre. Ce fut l'occasion de plusieurs des écrits qu'il nous a laissés. Nous mettrons en tête sa Chronique, qui est son principal ouvrage. Il l'entreprit 7 à l'exemple d'Eusèbe de Césarée, le premier des Grecs qui ait fait l'histoire des temps depuis Abraham jusqu'au siècle où il vivait lui-même, c'est-à-dire, en y comprenant la continuation d'Eusèbe par saint Jérôme, jusqu'à l'an 381. C'est à cette année que Sigebert reprend la suite des événements, tant pour le civil que pour l'ecclésiastique. Il remarque donc, en premier lieu, qu'en cette année l'empereur Gratien fit Théodose maître de la milice, et qu'à Rome, le pape Damase était dans la treizième année de son pontificat; il met de suite les grands hommes qui florissaient alors dans l'Eglise : Didyme l'Aveugle, saint Jérôme, les deux saints Grégoires, de Nysse et de Nazianze, saint Ambroise, Rufin, Mélèce d'Antioche, saint Pacôme. Il suit la même méthode jusqu'à la fin de la Chronique, c'est-à-dire jusqu'au mois de mai 1112. Avant d'entrer dans le détail des faits, il donne une notice générale des nations dont il se propose de parler dans sa Chronique, savoir des Romains, des Perses, des Francs, des Bretons, des Wandales, des Lombards, des Goths, des Wisigoths, des Ostrogoths, des Huns, des Sarrasins et autres. peuples qui ont régné en Asie, en Afrique et en Europe. Il n'est pas douteux que Sigebert

↳ Chronic. Gemblac, pag. 537.

Mabill., lib. LXXII Annal., num. 46.

6 Chronic. Gemblac, pag. 536.

7 Sigebert., de Script. Eccles., cap. CLXXI.

Ses écrits, sa Chronique.

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n'ait puisé dans les Chroniques faites avant la sienne. Cela ne se pouvait autrement, et lout ce qu'on peut lui reprocher c'est d'en avoir aussi copié les fautes, et de n'avoir pas été toujours exact dans le récit des choses qui s'étaient passées de son temps. Parlant du règne de Philippe Ier, roi de France, il le fait commencer en 1061 et finir en 1109. Néanmoins il est certain que ce prince parvint à la couronne en 1060, âgé de huit ans; et qu'il mourut à Melun la quarante-septième année de son âge, le 29 juillet 1108. Sigebert ne commence le règne de Guillaume-le-Conquérant en Angleterre qu'en 1067, et le finit en 1092. On sait toutefois qu'il se rendit maître du royaume aussitôt après la victoire remportée le 14 octobre 1066 sur Harold, son compétiteur; qu'il fut couronné roi d'Angleterre au jour de Noël suivant, et qu'il mourut le 9 de septembre de l'an 1087. Nous remarquerons encore qu'il dit sur l'an 1085, mais sur la foi d'un écrivain qu'il ne nomme pas, que le pape Grégoire VII, étant à l'heure de la mort, accorda l'indulgence à l'empereur Henri IV, et à tous ses fauteurs; ce qui ne s'accorde pas avec Paul Bernried, auteur de la Vie de ce pape et son contemporain, qui dit nettement que Grégoire VII excepta de l'indulgence l'empereur Henri IV et l'antipape Guibert.

6. Ces défauts, et quelques autres qu'il serait facile de remarquer dans la Chronique de Sigebert, n'ont pas empêché les savants de la préférer à beaucoup d'autres 2, pour quantité de faits qu'on ne lit point ailleurs, el à cause qu'il n'y en a guère de plus ample, en prenant les choses depuis la Chronique d'Eusèbe ou de saint Jérôme. Aussi s'en est-il fait quantité d'éditions. La plus ancienne est d'Antoine Le Roux, qui la fit imprimer à Paris en 1513, in-4°, chez Henri Etienne ou Jean Petit, avec la continuation de Robert de Torigny, et d'un autre écrivain qui l'a conduite jusqu'en 1210. On la réimprima en 1666, par les soins de Simon Schard à Francfort, chez Georges Comin, en un volume infolio, avec les Chroniques de Réginon et de Lambert de Schaffnabourg et quelques autres. Le frontispice l'annonce comme imprimée à Paris chez Jacques Dupuis. Pistorius lui donna place dans son Recueil d'Historiens d'Allemagne, imprimé à Lyon en 1566, et à

1 Vita Gregor. VII, num. 110, et Mabill., lib. LXVI Annal., num. 88.

Præfat. in edit. oper. Pistorii, an. 1731.

Francfort en 1583, et à Ratisbonne en 1631, in-folio, chez Conrad Péez. Elle entra aussi dans l'Histoire chrétienne des anciens Pères, par Laurent de la Barre, à Paris en 1583. On en cite une autre de Paris en 1589. Elle se trouve encore dans le septième tome de la Bibliothèque des Pères, par Margarin de la Bigne. Aubert le Mire en fit une édition particulière in-4°, à Anvers en 1608, chez Jérôme Verdussen, dans laquelle il inséra quatre des continuateurs de Sigebert, dont trois sont anonymes, et le quatrième, Anselme, abbé de Gemblou en 1113, c'est-àdire l'année d'après la mort de Sigebert. Enfin cette Chronique a été réimprimée dans l'édition générale des ouvrages d'Aubert le Mire, à Bruxelles.

7. On a accusé Sigebert d'avoir donné dans la fable de la papesse Jeanne, et de l'avoir indiscrètement rapportée dans sa Chro nique. On l'y trouve en effet sur l'an 854. Mais on a eu soin, dans l'édition de 1731, de corriger cet endroit par une note d'Aubert le Mire, qui assure que ni dans le manuscrit original qui se voit encore à Gemblou, ni dans trois autres, dont il s'est servi pour son édition, il n'est fait aucune mention de la papesse Jeanne; qu'on n'y trouve même aucune note marginale ajoutée après coup par une main plus récente, comme il arrive souvent, où cette histoire fabuleuse soit rapporté. Ajoutons que Vincent de Beauvais 3 et Guillaume de Nangis, qui ont copié de bonne foi Sigebert, en ce qu'il dit sur ces temps, ne disent rien de cette papesse imaginaire. Molanus et quelques autres conjecturent que ce qui en est dit dans la Chronique dont nous parlons, y a été inséré par Henri Etienne l'Ancien dans l'édition qu'il en fit en 1515, et qu'il l'avait pris dans Matthieu Palmerius Florentin.

Histoire de la papesse Jeanne.

Traité des

lustres.

8. Un autre ouvrage considérable de Sigebert est son Traité des Hommes illustres. Il Hommes ille composa à l'imitation de ceux de saint Jérôme et de Gennade; et comme eux, il donna le catalogue de ses productions, dont celle-ci fut la dernière. Ce sont ses paroles. Elle est quelquefois intitulée : des Ecrivains ecclésiastiques, et divisée en cent soixanteonze chapitres, pour autant d'hommes de lettres dont il y est fait mention. Sigebert ne s'est point astreint à les placer suivant le 8 Præfat. in nov. edit. Pistorii, et Vincentius, Bellovac. Speculi Histor., lib. XXV, cap. XXXVI. ↓ Sigebert., de Scriptor. Eccles., cap. CLXXI.

Editions de ee tr.ité.

Vie de Thierry, évê

temps où ils ont vécu, ce qui est un défaut dans son ouvrage et un embarras pour le lecteur, qui cherche souvent en vain un auteur où il devrait être, et où il n'est pas. Par exemple, Sédulius, qui écrivait sur la fin du Iv° siècle, se trouve placé immédiatement après saint Lin, le premier pape depuis saint Pierre. I attribue aussi très-souvent des écrits à d'autres qu'à ceux qui les ont composés; comme à Polycrate, évêque d'Ephèse, les Actes du martyre de saint Timothée, quoiqu'il y soit fait mention de saint Irénée de Lyon, plus récent que Polycrate; et à saint Denis l'Areopagite les ouvrages qui portent son nom, et qu'on convient n'avoir été écrits que plusieurs siècles après saint Denis. [Voir ce qui en a été dit ailleurs, t. X.] Il fait même un reproche à saint Jérôme et à Gennade de n'en avoir pas fait mention dans leurs catalogues des écrivains ecclésiastiques. Le traité de Sigebert est toutefois très-utile à bien des égards. Il nous a fait connaître beaucoup d'auteurs qui, sans lui, seraient demeurés dans l'oubli; et quand il se mêle de porter un jugement sur leurs écrits, il est ordinairement solide. L'article qui le concerne est le plus étendu de tous, et il ne pouvait le faire plus court à cause du grand nombre de ses ouvrages dont il parle très-modestement.

9. Ce Traité des Hommes illustres a été imprimé avec ceux de saint Jérôme, de Gennade, de saint Isidore, d'Honorius d'Autun et de Henri de Gand, par les soins de Suffride Petit, à Cologne, chez Materne Cholin en 1580, in-8′′. Aubert le Mire en donna une seconde édition en 1639 à Anvers, chez Jacques Mésius, in-folio, ajoutant aux traités renfermés dans la précédente celui de saint Ildephonse. La dernière que l'on connaisse est celle qu'a donnée le célèbre Jean-Albert Fabricius, à Hambourg, chez Chrestien Leibezeit en 1718, in-folio. C'est proprement un Recueil général de tous les traités des écrivains ecclésiastiques publiés depuis saint Jérôme jusqu'à Trithème et Aubert le Mire, avec des notes de différents auteurs.

10. Sigebert, étant à Metz, écrivit, à la que de Metz. prière de deux moines de l'abbaye de Saint-Vincent, la Vie de Thierry, leur fondateur, et évêque de cette ville, mort en 984. Il la dédia à l'abbé Folcuin, dont il fait l'éloge dans l'épître dédicatoire; et pour ren

1 Sigebert., de Scriptor. Eccles., cap. CLXXI.
Tom. V Spicileg., pag. 139.

Tom I Scriptor. Brunswic., pag. 298.

die cette Vie complète, il eut recours à tous les monuments qui pouvaient la rendre intéressante, aux diplômes des empereurs, aux bulles des papes, aux inscriptions, aux épitaphes, et à la relation que l'on avait faite des reliques dont cet évêque avait enrichi son Eglise. Cette relation se trouve au cinquième tome 2 du Spicilege; et la Vie de Thierry, au premier 3 des Ecrivains de Brunswich, par Leibnitz, imprimés à Hanovre en 1707. L'épitre dédicatoire est précédée de vingt vers héroïques, dans lesquels il nomme les deux moines qui l'avaient engagé à écrire. Il s'y nomme lui-même, et ne se donne que la qualité de diacre. A la suite de l'épître et de la préface est un autre poème en seize vers de même mesure, où l'auteur montre qu'il savait le grec. C'est une espèce de prière à Dieu pour lui demander la grâce de réussir à raconter les vertus du saint évêque. Après avoir parlé dans le seizième chapitre de son avidité à recueillir des reliques des saints, il donne le catalogue de celles qu'il avait mises dans l'abbaye de Saint-Vincent, entre autres un morceau de la chaîne de SaintPierre, qu'il obtint à grande peine, étant à Rome avec l'empereur Othon. Suit un poème aussi en vers héroïques en l'honneur de la ville de Metz. Il finit l'histoire de l'évêque par son épitaphe en douze vers. Puis il donne une description de la dédicace de l'église de Saint-Vincent, faite la septième année du règne de Conrad II par un évêque de Metz qui se nommait aussi Thierry, c'est-à-dire en 1030, le 14 mai.

Berit sur

11. Dans le même voyage de Rɔme, l'évêque Thierry l'Ancien avait reçu 5, par l'entre- sainte Lucie. mise du duc de Spolète, le corps de sainte Lucie, vierge et martyre, et l'avait donné avec quantité d'autres reliques à son abbaye de Saint-Vincent. Sigebert composa trois écrits sur la Vie de cette sainte, dont le premier, qui était en vers alcaïques, contenait les Actes de son martyre; le second était une réponse à ceux qui faisaient passer pour fausse la prédiction de sainte Lucie sur la paix de l'Eglise, après la mort de Maximien et la démission de Dioclétien; et le troisième, un discours à la louange de cette martyre. De ces trois écrits, nous n'avons que le dernier; il est rapporté dans l'Histoire des évêques de Metz 7. Sigebert y raconte comment

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