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Vie de saint Adjuteur.

il est certain qu'il était revêtu, quoi qu'en dise le censeur.

En quatrième lieu, cette charte contient, suivant Thiers, des grâces extraordinaires et inexercées jusqu'alors. Réponse : Ces grâces ne sont que les indulgences qu'on accordait depuis les croisades sous une nouvelle forme1.]

21. Nous devons à Hugues, archevêque de Rouen, la Vie de saint Adjuteur 2, qu'il avait connu particulièrement. Né dans le Perche, en la ville de Vernon, de Jean, seigneur temporel du lieu, et de Rosimonde de Blaru, illustres l'un et l'autre par leur noblesse et la sainteté de leur vie, il rendit lui-même la sienne recommandable par son assiduité aux jeûnes, aux veilles, à la prière, et aux autres pratiques de la vertu. Etant en âge de porter les armes, il partit pour la croisade avec environ deux cents hommes armés. En passant sur le territoire d'Antioche, ils tombèrent dans une embuscade de quinze cents Ismaélites; s'en voyant environnés, tous commencent à désespérer de leur vie : Adjuteur seul est ferme. Il se prosterne à terre suivant sa coutume, fait sa prière à Dieu, promet à la bienheureuse Marie-Madeleine, au cas de la victoire sur ses ennemis, de faire construire à Tiron une chapelle en son honneur, et de donner sa maison du Mont avec ses dépendances à ce monastère, se jette sur les Ismaélites, les met en fuite, et en tue plus de mille sans perdre de son côté un seul homme. Délivré de ce danger, il en rendit grâces à Dieu et à sainte Madeleine; mais après dix-sept ans de service dans l'expédition de la Terre-Sainte, il fut pris par les Sarrasins, mis en prison et chargé de chaînes. Ces barbares le pressant de renoncer à la foi de Jésus-Christ, il se recommanda à Dieu, à la sainte Vierge, à sainte Madeleine et au bienheureux Bernard, fondateur de Tiron. Ses prières furent exaucées, ses liens se rompirent, et se voyant en liberté il revint en France. Aussitôt il s'acquitta de son vou,

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ses biens entre ains de l'abbé Guillaume hit monastique à Tiron, et mit tous pour en faire la distration. L'archevêque de Rouen consacra lui-mêm la chapelle de Sainte-Madeleine et les trois autels qu'on y avait érigés. La vie qu'Adjuteur muna dans le monastère fut si sainte et si adm-rable,

1 Voyez, pour ce qui précède, le tome XII de 'Histoire littéraire de France, art. Hugues d'Amiens, et dans la Patrol., tom. CXCII, col. 1123-1130. (L'édit.)

que Dieu la rendit éclatante par un grand nombre de miracles. Saint Adjuteur mourut au mois d'avril de l'an 1133. Sa Vie se trouve au tome V des Anecdotes de dom Martène, à la suite des sept Dialogues de Hugues, archevêque de Rouen.

Livres de

Hagues con

ques.

22. Vers l'an 11473, et quelque temps avant la mort d'Albéric, évêque d'Ostie, Hugues re las biroti composa, à ses instances, trois livres contre les hérésies de son temps. Il nous apprend lui-même quelle fut l'occasion de cet ouvrage dans l'épître dédicatoire adressée à Albéric. Cet évêque avait été envoyé, en qualité de légat, en Angleterre, en Syrie, puis à Toulouse, pour combattre l'hérétique Henri, disciple de Pierre de Bruis. Etant à Nantes en Bretagne, il prêcha contre d'autres hérétiques; mais ni eux ni leur chef ne voulurent y être présents, dans la crainte d'être convaincus; c'est pourquoi il engagea l'archevêque de Rouen, qui l'accompagnait en ce voyage, de les combattre par écrit, ce qu'il fit par un ouvrage divisé en trois livres, et imprimé à la suite de ceux de Guibert de Nogent, de l'édition de dom Luc d'Achéry, à Paris en 1651, et dans le tome XXII de la Bibliothèque des Pères de Lyon. Il parait que ces hérétiques étaient les disciples d'un gentilhomme breton nommé Eon de l'Etoile, qui se disait être le Fils de Dieu et le Juge des vivants et des morts, sur l'allusion de son nom avec le mot latin eum, dans cette conclusion des exorcismes: Per eum qui judicaturus est. Cet hérétique fut condamné au concile de Reims en 1148, et mis en une étroite prison, par ordre de l'abbé Suger, alors régent du royaume, où il mourut. Ses disciples, livrés au bras séculier, aimèrent mieux périr par le feu que de renoncer à leurs er

reurs.

Analyse de

Premier livre.

23. Avant de les réfuter, l'archevêque Hugues établit, par l'autorité des divines Ecri- ces livres. tures, la foi de l'Eglise sur l'unité d'un Dieu en trois personnes, sur l'incarnation du Verbe dans le sein de la sainte Vierge, et l'union des deux natures (la divine et l'humaine) en une seule personne 5; sur la divinité de JésusChrist et la rédemption du genre humain, par la mort qu'il a soufferte pour nous; sur son union avec l'Eglise, qui est son Epouse. qui, après avoir été régénéré de l'eau et du Il enseigne que celui-là est parfait chrétien,

2 Marten., tom. V Anecd., pag. 1011.
3 Tom. Oper. Guib., in Append.
Pag. 691. Cap. 1, II, II et seq.

16.

Matth

Saint-Esprit, reçoit ensuite, par l'imposition des mains de l'évêque, le sacrement de confirmation, puis le corps et le sang de JésusChrist', qui s'administraient encore alors en même temps. D'après Hugues, dans l'Eglise seule est l'efficacité des sacrements, la rémission des péchés, la grâce des dons célestes, la communion des saints, la résurrection et la vie des bienheureux 2; le SaintEsprit a inspiré la saine doctrine, et l'hérésie et le mensonge ont pour auteur le démon.

24. Celle qui régnait du temps de Hugues de Rouen, attaquait le baptême des enfants 3, sous le prétexte qu'il faut croire avant de recevoir le baptême, et que les enfants ne sont en état ni d'être enseignés, ni de croire. Mare, XVI, L'archevêque fait voir que ces paroles de Joan., 11, 5. l'Evangile : Celui qui croira et sera baptisé, XXVIII, 19. sera sauvé, ne s'entendent que des adultes, qui en effet doivent donner leur nom pour être baptisés, et faire profession de la foi; que le précepte du baptême étant général, il regarde également les enfants comme les adultes, avec cette différence que la grâce sanctifiante suffit aux enfants dans le baptême, et que les bonnes œuvres sont nécessaires aux adultes; que comme on donnait aux enfants le sacrement de la circoncision sous la Loi, on leur donne aujourd'hui le baptême pour effacer le péché originel; et que, contractant sans le savoir ce péché qu'ils tirent d'Adam, ils reçoivent aussi en JésusChrist, par les sacrements, une grâce qu'ils ne connaissent pas.

25. Les hérétiques objectaient que JésusChrist avait trente ans lorsqu'il reçut le baptême 5. Hugues répond: Si la conduite de Jésus-Christ à cet égard faisait loi, il faudrait refuser le baptême, non-seulement aux enfants, mais à tous ceux qui se trouveraient au-dessous de trente ans; il y a cette différence entre le baptême de Jésus-Christ et le nôtre, qu'au lieu de recevoir quelque sanctification du baptême, c'est lui qui a donné à ce sacrement la vertu de sanctifier ceux

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qui le recevraient; c'est pour cela que saint Jean refusait de le baptiser, en lui disant : C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par vous, Matth., 111, 14. et vous venez à moi?

16.

Marc,, XVI,

26. Il y en avait qui, en admettant la nécessité du baptême 6, rejetaient comme inutile le sacrement de confirmation; ils disaient : « Dans l'Ancien Testament on a été justifié Gones., xv, 6. par la foi seule; dans le Nouveau, la foi, jointe au baptême, procure le salut; qu'est-il besoin de l'imposition des mains de l'évêque? » La réponse de l'archevêque est que dans l'administration du sacrement de confirmation, l'Eglise suit l'exemple de JésusChrist qui, après que ses disciples eurent été sanctifiés par le baptême, leur envoya le Saint-Esprit sous la forme de langues de feu; les évêques en usent de même à l'égard des baptisés, en leur imposant les mains 7, en priant sur eux, en les signant du signe de la croix, et en les oignant du saint chrême, afin de faire descendre sur eux les sept dons du Saint-Esprit; les évêques seuls ont le droit de conférer ce sacrement, comme il paraît par divers endroits des Actes des apôtres; il n'est pas donné aux baptisés pour les sanctifier, mais pour les fortifier contre les désirs de la chair, les plaisirs du monde et les tentations du démon.

27. Hugues prouve qu'il n'est permis à aucun chrétien de s'abstenir de la communion du corps et du sang de Jésus-Christ; que par la participation d'un si grand mystère, il se fait entre Jésus-Christ et nous une union ineffable; que par les paroles de l'institution le prêtre consacre sur l'autel le vrai corps et le vrai sang de Jésus-Christ ; que le même corps, qui est assis à la droite du Père, est tout entier dans la main du prêtre, dans la bouche de celui qui le reçoit, un dans plusieurs, le même dans diverses personnes qui communient, sans qu'il souffre ni altération ni diminution; qu'il est utile aux vivants pour la rémission de leurs péchés, aux morts pour l'expiation des peines; qu'il sert aux uns et

minico in ore sacerdotum et manibus ipsum corpus, ipse sanguis Christi conficitur; non incipit, non nascitur, sed quod totum manet in dextra Dei Patris, totum est in manu sacerdotis, totum in ore sumentis, unum in multis, idem in diversis... sedens itaque ad dextram Dei Patris seipsum absque detrimenti perpessione, absque omnimoda detritione donat in altari per officium sacerdotis, viventibus suis fidelibus in remissionem peccatorum, defunctis sanctis vel intra ecclesiam absolutis in expiationem pœnarum, et utrisque in vitæ perennis alimentum. Ibid., cap. XIV. 39

Act., VII, 13, 14.

Jo1n., vi, 54, 55, 56.

Deuxième

livre.

Troisième livre.

aux autres d'aliment pour la vie éternelle.

28. Le quatrième sacrement dont Hugues prend la défense contre les hérétiques, est celui de l'ordre. Il en parcourt tous les degrés au nombre de sept. Les évêques 2 agissent dans tout l'univers au nom de JésusChrist, occupés principalement à bâtir la maison de Dieu. Successeurs des apôtres, ils ont comme eux le pouvoir de donner le Saint-Esprit par l'imposition des mains, à l'exclusion des autres ministres de l'Eglise; ils consacrent aussi les prêtres 3, qui, par leur consécration, reçoivent la puissance de consacrer les sacrements du corps et du sang du Seigneur, et de faire la même chose sur l'autel, que Jésus-Christ a faite à la cène pascale; c'est pourquoi les mains consacrées pour former sur l'autel le corps et le sang du Sauveur, sont les mains mêmes de JésusChrist, par lesquelles le Fils est offert au Père. Les diacres, qu'on peut appeler les yeux des évêques et des prêtres, les servent à l'autel dans la consécration de ce sacrement; ils le reçoivent de leurs mains, tant pour s'en nourrir eux-mêmes que pour le distribuer aux peuples; ils sont aussi chargés de dispenser les biens de l'Eglise sous les ordres de l'évêque, de réprimer ceux qui troublent les prédicateurs de l'Evangile dans leurs fonctions, de faire connaître à l'évêque les choses intéressantes pour son diocèse, et de chanter l'évangile à la messe. Hugues s'étend sur les devoirs de tous les autres ministres inférieurs, en remarquant, sur les sous-diacres, que l'évêque, dans l'ordination, ne leur met en main le calice que parce qu'ils ont promis de garder la chasteté 5. Il répète, en parlant une seconde fois des prêtres, ce qu'il avait dit touchant la présence réelle dans l'eucharistie, et ajoute: « Jésus-Christ a enseigné à ses disciples ce qui regarde le sacrement de son corps et de son sang, et tous les autres sacrements, et quels en étaient les ministres. Les disciples ont enseigné aux leurs ce qu'ils avaient appris du Seigneur, avec ordre de faire passer toutes ces choses à la postérité, pour y être observées en la même forme.»

29. D'après Hugues, la couronne cléricale", qui est un mémorial de la liberté chrétienne, tire son origine des apôtres, et c'est par leur

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autorité qu'elle est établie dans toutes les églises du monde ; tous ceux qui la portent ont le nom de clercs; il Ꭹ a trois sortes de clercs, dont deux (les chanoines réguliers et les moines cénobites) vivent en commun après avoir renoncé à la propriété de leurs biens; la troisième comprend ceux qui se divisent chacun leurs prébendes, et, sous le nom de chanoines, chantent ensemble, à certaines heures, les louanges de Dieu.

9

30. Hugues ne désapprouve pas les secondes noces, mais il ne trouve que dans les premières le sacrement de l'union perpétuelle de Jésus-Christ avec l'Eglise. Il veut que l'on sépare, par l'autorité du Saint-Siége, ceux qui se sont mariés dans le septième degré de consanguinéité ou d'affinité, et au-dessous, et que l'on prive de la communion de l'Eglise ceux qui, après avoir fait publiquement et en face de l'Eglise vœu de chasteté, auront osé se marier. Le dernier article qu'il traite est celui de l'Eglise catholique 10, qu'il dit être une, quoique composée de plusieurs peuples. Quiconque ne connaît point cette unité, ou l'a quittée par apostasie, a perdu tous les biens, s'il ne retourne à l'unité de l'Eglise. Le père Pagi et Oudin attribuent à Hugues de Rouen trois livres des Offices et des Ministres de l'Eglise 11; mais en disant qu'ils ont été imprimés à la suite des ouvrages de Guibert de Nogent, il est visible qu'ils se sont trompés par inadvertance, ayant donné aux trois livres contre les Hérétiques, qui sont effectivement dans les œuvres de Guibert, le titre de livres des Offices et Ministres de l'Eglise.

Jugement écrits de

31. Le style de Hugues de Rouen est clair, précis, développé, propre au sujet qu'il traitees. [et presque également éloigné de la barbarie et de l'affectation.] Bon théologien, il met les vérités de la religion dans un grand jour; il en résout les difficultés d'une manière qui ne se ressent point de la sécheresse de la théologie scolastique, qui commençait de son temps à être en vogue. Ses réponses et ses décisions sont toujours appuyées de l'autorité de l'Ecriture et de la tradition, suivant la méthode des anciens. [Si l'on excepte l'article que nous avons relevé dans ses Dialogues, tout ce qu'il enseigne est puisé dans les sources les plus pures de la tradition. On ne

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Vie d'Ul

ger.

trouve dans ses écrits aucune de ces questions frivoles qui s'agitaient alors avec tant de bruit et si peu d'utilité dans les écoles pu

bliques. C'est un docteur vraiment sage, qui cherche à instruire solidement, et non à faire briller vainement la subtilité de son esprit.]

CHAPITRE XLIX.

[Ulger, évêque d'Angers.

[Ecrivain latin, 1152.]

1. Nous empruntons à l'Histoire littéraire de la France, la notice suivante sur Ulger 1:

<«< Quoique la patrie d'Ulger ne soit marquée dans aucun monument, il est très-vraisemblable qu'il naquit en Anjou, puisqu'on le voit, dès son enfance, parmi les élèves de l'école d'Angers. La régularité de ses mœurs et les progrès qu'il fit dans les lettres lui méritèrent d'abord un canonicat. Il obtint ensuite l'emploi d'écolâtre après la retraite de Geoffroi Babion, et y joignit l'an 1113, selon les uns, ou 1119 selon les autres, la dignité d'archidiacre d'Outre-Loire 3.

» Le grand nom qu'Ulger se fit par ses leçons attira dans la ville d'Angers l'élite de la jeunesse française. Guillaume Quadrad, fils. du baron de Jonsac, élu évêque de Saintes, l'an 1127, fut un de ses premiers et plus affectionnés disciples. L'historien de l'Université d'Angers rapporte une lettre qu'il lui écrivit peu après son élection, lettre où l'on remarque les traces d'une tendre et vive reconnaissance. Le temps nous a sans doute envié plusieurs témoignages semblables de la gratitude de ses autres élèves. Car on voit, par les éloges qui lui ont été donnés dans les temps, qu'il avait acquis des droits sur le cœur comme sur l'esprit de tous ceux qui avaient passé par ses mains.

» Après avoir gouverné avec tant de succès l'école d'Angers, il fut jugé digne d'être mis à la tête du diocèse, lorsque l'évêque Renaud de Martigné le quitta pour passer à l'archevêché de Reims. Les chroniqueurs de Saint-Florent de Saumur et de Saint-Aubin d'Angers placent son ordination en 1125, le XII des calendes d'octobre, c'est-à-dire le 20

1 Tom. XII, pag. 302 et suiv. (L'éditeur.)

2 Gall. chr. vet., tom. II, pag. 132; Liron, Singularités hist., tom. I, pag. 387.

Hist. univ. And., tom. I, pag. 88; Liron, ibid.

septembre. A peine fut-il installé, qu'il se vit obligé d'aller à Rome pour un sujet que l'histoire ne dit pas 5. Gui d'Etampes, évêque du Mans, et Guillaume, évêque de Poitiers, l'accompagnèrent dans ce voyage. A son retour, il renouvela le différend de ses prédécesseurs avec les abbés de Vendôme, touchant le rachat des autels. On ne répètera point ce qui a été dit ci-devant 6 pour expliquer la nature de cette contestation. Ulger poussa vivement sa pointe, et trouva toujours une résistance égale à ses efforts. Il avait en tête un homme qui ne lui cédait ni en savoir, ni en fermeté, ni en crédit, et qui de plus avait sur lui l'avantage du bon droit. C'était le célèbre abbé Geoffroi de Vendôme. Les légats du pape mandèrent jusqu'à quatre fois au prélat de cesser ses poursuites, attendu que l'abbé de Vendôme avait pour lui un canon du concile de Clermont qui condamnait le rachat en question comme un pacte illicite et simoniaque 7. Ulger, excité par son archidiacre Richard, loin de se rendre, assembla son synode, pour engager tout le clergé d'Anjou dans sa querelle. Là, il se plaignit amèrement de la prétendue révolte de l'abbé de Vendôme et de la témérité qu'il avait eue, selon lui, de le citer devant le légat. L'assemblée entra dans ses vues. En conséquence, il jette un interdit sur toutes les églises de l'abbaye situées dans son diocèse. Appel à Rome de la part de Geoffroi. Le pape Honoré II délégue l'archevêque de Tours et l'évêque du Mans pour terminer ce débat. Mais Ulger, ayant intercepté les lettres adressées à ces prélats, en empêcha l'effet. Celle que le pontife lui écri

4 Egas. Bul., Hist. univ. Paris., tom. II, p. 216. Lobineau, Hist. de Bret., tom. II, pag. 279.

6 Hist. litt., tom. XI, pag. 204-206.

7 Gauffr. Vindoc., Ep. lib. III, Ep. 12.

vit à lui-même pour l'exhorter à la paix eut aussi peu de succès. L'abbé Geoffroi ne vit point l'issue de cette affaire; mais Fromard, son successeur, fit, par la médiation du pape Innocent II, l'accord suivant avec Ulger 1. L'abbé de Vendôme renonça aux oblations des baptistères dans ses églises du diocèse d'Angers, et l'évêque lui accorda pour l'avenir celles des purifications et des noces, comme il en avait joui par le passé.

» Un autre démêlé qui exerça notre prélat durant la plus grande partie de son épiscopat, dans lequel il fit paraître la même vivacité et qu'il laissa le soin de terminer à son successeur, fut celui qu'il eut avec Pétronille de Chemillé, abbesse de Fontevrault 2. L'objet en était peu considérable, car il s'agissait seulement de quelques petits domaines que l'évêque contestait à l'abbaye. Il n'y eut pas moyen toutefois de l'amener à un accordement. Les gens de bien en gémirent. Saint Bernard, sans entrer dans le fond du procès, ne put s'empêcher de mander au prélat que sa conduite à cet égard scandalisait le public. Sa lettre était d'ailleurs assaisonnée de témoignages de la plus haute estime pour le mérite d'Ulger. Le pape Innocent, dont les religieuses de Fontevrault avaient réclamé la protection, cita l'évêque d'Angers à Rome, où il fut obligé de se rendre l'an 1137. Il en revint sans s'être laissé fléchir ni par les prières, ni par les menaces du pontife. Sa résistance fut punie d'un interdit de ses fonctions, qu'Innocent lui fit signifier l'année sui

vante.

» Mais à la prière de l'abbé de Clairvaux, qui ne pouvait voir dans l'opprobre un prélat d'ailleurs si estimable, il fut promptement rétabli 3. On voit parmi les poésies d'Hildebert (p. 1337), une petite pièce qui fut faite à l'occasion de cet interdit, et dans laquelle on représente Ulger comme un évêque dont le courage était à l'épreuve de tout, lorsqu'il s'agissait de la fidélité à ses devoirs. Elle a pour titre Disputatio inter romanum Pontificem et Ulgerium episcopum.

» Au milieu de ces embarras et de toutes les sollicitudes attachées au ministère épiscopal, Ulger n'oublia pas le soin des écoles de son diocèse. Il fut attentif à les pourvoir d'excellents maîtres, et pour les mœurs et

1 Liron, Sing. hist., tom. II, pag. 392. Cosnier, Exord. Fontis Ebr., pag. 192. 3 Bern., Ep. 340.

Duches., tom. IV, pag. 767.

pour la capacité. Il n'y en avait pas pour un seul à la fois dans la ville d'Angers. Nous avons une lettre d'Herbert, l'un d'entre eux, à Hilaire, professeur d'Orléans, dans laquelle il nomme cinq autres de ses collègues qui enseignaient en même temps sous l'épiscopat d'Ulger. Leur émulation était excitée par son attention à récompenser leurs travaux. On se contentera de citer Boémond qui, de maître d'école, devint archidiacre, et Veslat, qui parut avec la même dignité au concile de Reims de l'an 1131, où il accompagna le prélat.

>> Cet illustre évêque, après avoir fourni glorieusement une longue carrière, la termina par une mort édifiante, le 17 octobre 1148. C'est l'époque marquée dans les chroniques de Saint-Florent de Saumur et de Saint-Aubin d'Angers 5. On est d'autant mieux fondé à les en croire sur ce point, qu'on ne trouve pas d'acte d'Ulger postérieur à cette année. Son corps fut inhumé dans la nef de l'église, devant la chapelle de Saint-Mathurin, près de la porte du cloître, où l'on voit encore aujourd'hui une figure en émail avec son épitaphe sur une plaque de cuivre attachée au mur. La figure le représente en habits pontificaux, la mître en tête; mais mitre singulière, moins semblable à celles d'aujourd'hui qu'à un bonnet de docteur. L'histoire témoigne qu'il emporta dans le tombeau les regrets universels de son peuple, pour lequel il avait toujours eu les entrailles d'un père et le zèle vigilant et actif d'un vrai pasteur. Son épitaphe est conçue en ces termes :

Hic jacet Ulgerius teneris consuetus ab annis,
Lingua, mente, manu fructificare Deo.
Hujus opus multis prodesse, docere minores,
Exstirpare scelus, consolidare fidem,
Flentem solari, nudum vestire, superbum

Frangere, nec quemquam lædere, recta sequi.

» 2. Ulger est un des prélats du XIIe siècle, dont les auteurs contemporains ont le plus célébré le savoir 6. A juger par là de la fécondité de sa plume, on serait porté à croire qu'elle aurait enfanté quantité de volumes. Cependant il ne reste de lui qu'un petit nombre d'écrits assez succincts, et l'on n'en connaît pas beaucoup d'autres qui aient été la proie du temps.

5 Hist. univ. And., pag. 121.

6 Act. ep. Cenom., pag. 345; Orderic Vital., Histor. Eccl., pag. 882; Bern., Ep. 340.

Ses écrits.

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