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» Entre ceux-là, le plus remarquable et le seul, à bien dire, où l'on aperçoive des traits sensibles de ce rare génie qu'on lui attribuait, est son plaidoyer ou rapport du procès qui se poursuivait en cour de Rome entre l'abbaye de Vendôme et celle de la Roë, touchant l'église de Saint-Nicolas de Craon. Il est court, mais clair, méthodique, nerveux, éloquent et tel, en un mot, qu'il pourrait encore aujourd'hui servir de modèle. Baluze, qui en a fait part au public dans le second volume de ses Mélanges, l'appelle gravissimam et elegantissimam relationem. Ce fut en présence du pape Innocent II qu'Ulger le prononça, en l'an 1136. En voici le début : « Père et seigneur unique de ce monde, ditil, en adressant la parole au pape, la compassion et la charité m'engagent à répondre pour le pauvre abbé Jean et pour sa maison très-pauvre, que l'abbé et les moines de Vendôme, à la faveur du voisinage, s'efforcent d'opprimer sous le poids de leurs excessives richesses. Cet homme, parvenu jusqu'à vous non sans d'extrêmes fatigues, n'a dépêché personne avant son départ pour le prévenir en cette cour; il n'a pareillement amené personne avec lui, enfin il n'attend depuis son arrivée personne qui soit convenu avec lui de le suivre. Il est seul, il est sans crédit, il est pauvre. Seul, il est attaqué par plusieurs; sans crédit, il est en butte à des hommes puissants; pauvre, il est environné d'adversaires trèsriches. Son âme est plongée dans l'affliction. C'est ce qui me porte à le secourir, parce qu'il n'est ni d'un honnête homme, ni d'un chrétien, de refuser son aide à l'innocent opprimé. Cet homme est votre serviteur et prêt à vous donner toutes les marques de dévouement qui dépendent de lui. C'est un chanoine régulier de Sainte-Marie-du-Bois, laquelle entre les églises saintes passe pour la plus sainte, et entre les plus pauvres, est assurément la plus pauvre. C'est, dis-je, le fils pauvre de cette mère indigente qui, résolu de combattre pour elle, vient se jeter aux pieds. de votre majesté pour lui demander justice. Je me joins à lui et je vous supplie avec lui de vouloir bien prêter une oreille attentive et un cœur sensible à ses moyens de défense. Car mon dessein n'est nullement d'amuser votre sérénité par de vains discours au préjudice du respect dû à la gravité de son caractère. Je laisse à Cicéron et à ses imitateurs les ornements de la rhétorique. La vérité pure dont l'évidence doit faire le salut

:

de ma partie, et l'énoncé simple et succinct de ce qui est essentiel à la cause que je défends voilà ce que je me propose, très-saint père, de vous mettre sous les yeux, ainsi qu'à cette auguste cour à laquelle j'ai l'honneur de parler. » L'auteur expose ensuite le fait. Il s'agissait, cemme on l'a dit, de l'église de Saint-Nicolas de Craon, que chacune des deux parties prétendait lui appartenir. Ulger décrit en peu de mots l'histoire de cette église. C'était dans son origine une chapelle ou oratoire, que les seigneurs du lieu avaient fait construire pour eux et pour leur famille. Elle n'avait alors ni titre, ni revenus paroissiaux; mais ces mêmes seigneurs, voulant depuis y faire célébrer l'office divin, la dotèrent de plusieurs portions de leur fief pour l'entretien d'un certain nombre de chapelains. Quelque temps après, ils s'avisèrent de la donner avec toutes ses dépendances à l'abbaye de la Roë. Cette donation fut confirmée, non-seulement par Renaud de Martigné, mais aussi par le pape Pascal II. Cependant ce même Renaud, des mains duquel Albin, abbé de la Roë, avait reçu l'investiture de cette église, changea d'avis lorsqu'il fut nommé archevêque de Reims; et par le conseil de Gilbert, archevêque de Tours, d'Hildebert, évêque du Mans, et d'autres graves personnages, il en investit l'abbé de Vendôme. Le motif de cette variation était que la chapelle en question se trouvait dans l'enceinte de la paroisse de Saint-Clément, qui appartenait à cet abbé. Les légats du Saint-Siége, du nombre desquels était Innocent II, alors cardinal, approuvèrent la nouvelle investiture, et le pape Calliste II la ratifia. Mais tout cela ne fit point lâcher prise aux religieux de la Roë. Ils protestèrent contre l'injustice et se maintinrent dans leur possession. Ulger entreprend de faire voir qu'elle est légitime et hors d'atteinte, étant fondée sur un titre incontestable de propriété. Il réfute avec force les objections des religieux de Vendôme. Il faut se ressouvenir qu'il était alors en procès avec eux, et l'on peut assurer que si l'on a besoin de passion pour être éloquent, son ressentiment personnel le servit à merveille en cette occasion. Enfin, il remporta une pleine victoire sur ses adversaires, qui furent déboutés de leurs demandes. Il y a bien de l'apparence qu'Ulger fit de semblables plaidoyers dans les affaires qu'il eut en son propre nom, mais il n'en reste aucun vestige.

>> Nous avons de notre prélat sept lettres, dont il y en a deux au pape Lucius II dans le tome IV (p. 769-770) des Historiens de France, de Duchesne. Ülger, dans la première, se jette en esprit aux pieds du pape, pour lui recommander Odon, doyen de SaintMartin de Tours, qui fut obligé de se rendre à Rome sur une citation fort dure qu'il lui avait faite. Il n'explique point l'affaire qui était le sujet de ce voyage, mais il atteste que tout le chapitre de Saint-Martin est prêt à rendre témoignage devant le Saint-Siége de l'innocence du doyen. La seconde est en faveur de Robert, prieur du monastère de Saint-Cosme de Tours, qui devait la rendre lui-même au pape. L'évêque d'Angers le prie de faire un bon accueil à Robert, de lui accorder ce qu'il va demander. et de le renvoyer satisfait en France. Il ajoute, à la fin, qu'il doit bientôt dépêcher à Rome Peloquin, son official, avec les marques de son parfait dévouement pour le Saint-Siége: Cum intersignis servitutis meæ.

>> Le même éditeur a mis à la suite de ces deux lettres, un mandement ou lettre pastorale d'Ulger à tout le clergé de son diocèse, pour recommander à leur charité les députés de l'ordre des templiers dont il fait le plus grand éloge. Ce mandement se trouve aussi dans l'Histoire de l'Université de Paris, par Duboulai.

>> Entre les lettres de Suger publiées dans le même volume, la troisième est de notre prélat. Elle fut écrite à cet abbé pour lors régent du royaume, pendant le voyage de Louis le Jeune à la Terre-Sainte. Ulger prie Suger, qu'il traite de majesté, de vouloir bien confirmer l'élection que les religieux de Bourgueil avaient faite de Robert pour abbé après la mort de Pierre. Robert, qui remit lui-même au régent cette lettre, en apportait aussi une de son chapitre, par laquelle on lui demandait la même grâce. Mais comme cette élection s'était faite sans qu'on eût demandé la permission de la cour, Suger, en bon politique, ne l'approuva dans sa réponse, qu'avec la restriction salvo regni jure; « en sorte, dit-il, que si elle blesse la dignité royale, les électeurs seront tenus de répondre à la cour du roi, lorsqu'il sera de retour, ou devant nous qui avons l'honneur de tenir sa place. »

dans ses notes sur la Vie de saint Bernard de Tiron (p. 302), est adressée à Guillaume, abbé de cette maison. Elle a pour objet de l'engager à consentir que le prieuré d'Asnières, en Anjou, dépendant de Tiron, fût érigé en abbaye, sans que toutefois il sortit de la dépendance du chef-lieu. Cette lettre renferme un grand éloge des religieux d'Asnières et de ceux de Tiron. Elle est de l'an 1139.

>>Nous ne connaissons la sixième que par ce qu'en rapporte D. Liron', qui l'avait lue dans l'histoire manuscrite de l'abbaye de SaintNicolas d'Angers. « C'est un accord, dit-il, que le prélat fit entre cette maison et celle des religieuses du Ronceray, à l'occasion d'un corps mort porté dans l'église de Saint-Nicolas; les religieuses, à l'instigation du curé de Saint-Jacques, revendiquant la sépulture de ce cadavre, vinrent avec leurs gens pour l'enlever de force. » Il y eut en cette occasion des violences commises de leur part, qui ne firent honneur ni à leur sexe, ni à leur état. Cette affaire devait avoir des suites; mais la sagesse d'Ulger les prévint par l'accommodement dont nous parlons. Nous l'avons qualifié de lettre sur ce qu'il est adressé aux parties dans la forme épistolaire. Peut-être mériterait-il mieux le titre de charte.

>> On est en doute si la septième lettre, qui n'a jamais vu le jour, non plus que la précédente, existe encore 2. Ce qui est certain, c'est que Babin, chancelier de l'Université d'Angers, en avait eu l'original entre ses mains, mais depuis il a disparu. Cette lettre est une réponse de notre prélat à celle que saint Bernard lui avait écrite pour l'engager à terminer son différend avec l'abbaye de Fontevrault.

>> Ulger honorait d'une estime et d'une affection singulière l'abbaye de Marmoutiers. On a la preuve de ces sentiments dans une charte dont le monastère conserve l'original. Elle contient la fondation de l'hospice de Saint-Eloi dans la paroisse de Saint-Etienne d'Angers, en faveur des religieux de Marmoutiers. C'est ainsi qu'elle finit : Facta est hæc donatio, Ludovico regnante in Francia, et Gaufrido filio Fulconis regis Jerusalem, comite Andegav., data per manum Vasleti magistri scholarum et cancellarii XVII kalendas novembris. Mais il est à propos de représenter en

» La cinquième lettre publiée par Souchet partie le texte de cet acte, pour les raisons

1 Singularités hist., tom. I, pag. 401.

2 Hist. univ. Andegav. pag. 116.

que l'on verra ci-après. « Donner avec joie, dit Ulger, et porter les autres par la magnificence de ses aumônes à faire la même chose, c'est en quoi un prêtre et surtout un évêque, doit faire consister sa gloire..... C'est pourquoi moi Ulger, évêque, quoique indigne, de l'Eglise d'Angers..... ayant su que la très-sainte église de Marmoutiers n'avait en propriété dans notre ville aucun domicile où ses religieux pussent être logés et nourris, pour remédier à un tel inconvénient, j'ai résolu de leur donner en aumône, et leur donne effectivement à perpétuité par ces présentes un verger dont j'étais en possession comme évêque, lequel est situé sur la paroisse de St-Etienne. Ce qui a été fait de l'avis de Richard, doyen, de Grafion, préchantre, des archidiacres Normand et Raoul, de maître Vaslet, de maitre Gordon et de plusieurs autres chanoines, lesquels ont prié nos frères de Marmoutiers d'accepter ledit verger pour y faire construire un hospice commode. Car il n'est pas bienséant que des religieux d'un si saint et si respectable monastère, qui a tant de divers hospices ailleurs, et qui par le nombre de ses établissements l'emporte sur les autres maisons régulières, n'ait pas lieu où se retirer dans une ville aussi grande que celle-ci, ou n'en ait que par emprunt. » Dans le reste de l'acte, Ulger assigne des fonds pour la subsistance des obedienciers de cet hospice, auquel Normand de Doué, son successeur, unit le prieuré de Vern, en 1152. Pocquet de Livonnière, dans son Histoire de l'Université d'Angers, prétend que l'objet de cette fondation était de procurer aux religieux de Marmoutiers la facilité de venir étudier aux écoles de cette ville. Mais cela ne paraît, ni de près, ni de loin, dans l'acte qui vient d'être rapporté. Il y a bien plus d'apparence qu'Ulger n'avait en vue que la commodité des officiers de Marmoutiers, que leurs affaires attiraient à Angers. D'ailleurs qui se persuadera qu'une abbaye si célèbre n'eût pas dans son sein plusieurs personnes aussi capables que les professeurs angevins de faire des leçons sur les principales facultés des sciences? N'a-t-on pas fait voir dans le discours sur l'état des lettres en ce siècle 1, qu'elle avait elle-même une école florissante, une bibliothèque nombreuse, et d'habiles moines qui faisaient tous les jours

1 Hist. litt., tom. IX, pag. 36.

2 Hist. litt. tom. IX, pag. 438. (Patrologiæ, tom.

des conférences à leurs confrères? Il est surprenant que D. Rivet, auteur de ce discours, ait adopté le sentiment de Livonnière sur l'antiquité des colléges monastiques dans l'école d'Angers.

>> Le même historien rapporte une autre charte de notre prélat, par laquelle il oblige chacun de ses successeurs à traiter les bedeaux de l'Académie au jour de la cérémonie des licences comme il le pratiquait lui-même. Cette fondation se trouve aussi rappelée dans le trente-cinquième des statuts de cette Université, publiés l'an 1373 sous le scholastique Pierre Bertrandi. On voit par là, comme il a été remarqué ci-devant, que la licence ou faculté d'enseigner se conférait dès lors avec un certain apparat.

» Messieurs de Sainte-Marthe ont donné dans leur Gallia christiana (tom. II, p. 134), le testament d'Ulger sur un original mutilé dont la fin manque. L'auteur au commencement y parle de la longueur et des incommidités de son exil; circonstance de sa vie qu'on ne connaît point d'ailleurs. Il dit que, malgré cette disgrâce et d'autres traverses qu'il a essuyées pendant son épiscopat, il n'a pas laissé de recouvrer un assez grand nombre d'églises et de fonds dont il fait le détail. Il les donne tous à ses chanoines en adressant la parole à Richard, leur doyen. Cet acte est assez bien écrit, et renferme de grands sentiments d'humilité.

>> Il serait inutile, par rapport à notre sujet, de faire passer en revue les autres chartes de notre prélat, dont il existe un grand nombre dans les archives de l'Eglise d'Anjou. Elles font à la vérité l'éloge de sa sagesse, de sa bienfaisance et de sa charité; mais comme elles n'ont aucun trait à la littérature, cela nous suffit pour les suppri

mer.

>> On ne dira qu'un mot sur ses poésies. On a vu sur Marbode 2 les deux épitaphes qu'Ulger avait consacrées à la mémoire de ce prélat. Ce sont les seuls fruits de sa veine qui soient entre les mains du public. Baillet 3, qui, le nomme Oulger, le fait auteur d'une Vie de saint Maurillac, en vers. Mais on a fait voir ailleurs qu'elle appartient à Marbode. Ménard, dans son Histoire manuscrite d'Anjou (p. 47, col. 2), témoigne avoir vu divers petits poèmes d'Ulger à la louange des saints :

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ouvrages, dit-il, écrits d'un style grossier, et que pour cette raison il n'a pas jugé à propos de transcrire. Du moins aurait-il dû nous en marquer les titres et les dépôts où ils se conservent.

» Enfin Ulger, suivant le témoignage de Jean de Sarisbéry, avait fait un ouvrage intitulé Venalitas disciplinarum, qui n'est pas venu jusqu'à nous 1. C'est le seul écrit connu de sa façon, dont la perte semble sur l'étiquette mériter nos regrets. »

La relation pour le monastère de Roë, la lettre au clergé d'Angers, le testament d'Ulger sont reproduits au tome CLXXX de la Patrologie, col. 1655-1658. Ces pièces y sont précédées d'une notice tirée de l'Histoire littéraire de la France. Les deux lettres au pape Lucius II sont au volume CLXXIX parmi les lettres Variorum, sous les nombres 2 et 3. La lettre à Suger est au tome CLXXXVI, col. 1348. Les deux épitaphes de Marbode composées par Ulger sont au tome CLXXI.]

Arnaud,

Bernard.

CHAPITRE L.

Arnaud, abbé de Bonneval [après 1154.]

[Ecrivain latin.]

1. Arnaud, ami intime de saint Bernard, ami de saint et son historien, le sachant dangereusement malade, lui envoya quelques soulagements, mais sans lui écrire, content de recevoir des nouvelles de sa santé par le porteur. Le saint abbé fut sensible à ces marques d'amitié, quoiqu'il fût hors d'état d'en profiter; mais il aurait souhaité qu'Arnaud les eût accompagnées d'une lettre; cela ne l'empêcha pas de lui en écrire une lui-même et de sa propre main 2, pour le remercier et se recommander à ses prières. Il lui fait une courte description de ses maux, trouvant quelque consolation à les faire connaître à un ami. C'est ainsi qu'il qualifie Arnaud, que quelques-uns nomment Ernaud 3.

Il est fait abbé de Bon. neval.

2. Il fit, étant jeune 4, profession de la règle de saint Benoît dans l'abbaye de Marmoutiers; on l'en tira pour le faire abbé de Bonneval, dans le diocèse de Chartres, vers l'an 1144, après la mort ou l'abdication de l'abbé Bernier. Arnaud eut beaucoup à souffrir dans le gouvernement de ce monastère. Le même qui avait persécuté Tedfride, Gauthier et Bernier ses prédécesseurs, le traita si inhumainement qu'il fut obligé de se pourvoir à Rome. On ne sait qui était le persécuteur des abbés de Bonneval; il paraît qu'il était plutôt au dehors qu'au dedans de l'abbaye. Arnaud fut reçu du pape Lucius II avec

1 Metalog., lib. II, cap. XIX. (Patrologiæ, t. CXCIX.) 2 Mabillon., Annal. Bened., lib. LXXVIII, n. 34. 3 Voir sur Arnaud une notice historico-littéraire

honneur, et il en obtint un privilége pour son monastère.

Il quitte son abbaye. Sa mort.

Ses écrits. Vie de sani

3. Cette grâce du Saint-Siége ne le mit pas à couvert des cruautés de son persécuteur, et il fut obligé de faire un second voyage à Rome sous le pontificat d'Adrien IV, vers l'an 1154, pour demander la permission de quitter son abbaye. Il retourna à Marmoutiers où il mourut quelques années après. Le Martyrologe de France fait mémoire d'Arnaud de Bonneval comme d'un homme de pieuse mémoire, célèbre par son savoir et sa piété. 4. Presque aussitôt après la mort de saint Bernard, les moines de Clairvaux engagèrent Bernard. Arnaud, qu'ils savaient avoir été son ami, à continuer l'histoire de sa Vie, commencée par Guillaume de Saint-Thierry. Il reconnaît dans sa préface qu'il y avait à Clairvaux des gens habiles et capables de cet ouvrage, mais que cherchant leur gloire dans la croix de Jésus-Christ et non à composer des livres, ils se déchargeaient volontiers sur les autres des fardeaux de cette espèce, quoiqu'ils eussent pu les porter eux-mêmes. Il marque dans la même préface que Guillaume de St-Thierry, le premier historien du saint, était mort. L'ouvrage d'Arnaud fait le second livre de la Vie de saint Bernard. Il le commence au pontificat d'Innocent II et le finit au différend qui s'éleva entre le roi Louis-le-Jeune et Thibaud,

d'Oudin, reproduite au tome CLXXXIX de la Patrologie, col. 1507-1512. (L'éditeur.)

Mabillon., ibid., lib. LXXX, num. 52.

Traité des (Euvres car

sus Christ.

comte de Champagne. [On l'a reproduit au tome CLXXXV de la Patrologie, col. 267 et suivantes.]

5. Le traité d'Arnaud, intitulé : Des œuvres dina es da Jé cardinales de Jésus-Christ, [reproduit, d'après l'édition de Rigaud, au tome CLXXXIX de la Patrologie, col. 1009-1678], ne peut avoir été écrit avant l'an 1154, puisqu'il est dédié au pape Adrien IV, élevé en cette année sur le Saint-Siége; on l'a quelquefois imprimé parmi les œuvres de saint Cyprien et sous son nom. L'occasion de l'erreur est venue de ce qu'au lieu du pape Adrien IV 1 on a mis dans quelques éditions Corneille, qui en effet occupa le Saint-Siége dans le temps que saint Cyprien était évêque de Carthage; mais l'erreur qu'occasionne l'épître dédicatoire se trouve détruite : 1° par le manuscrit de l'abbaye de Clairvaux, où le traité dont nous parlons porte en tête le nom d'Arnaud ou Ernaud, abbé de Bonneval; 2o par plusieurs traits répandus dans le corps de l'ouvrage. L'auteur, parlant du baptême, dit qu'il est valide, quel qu'en soit le ministre; qu'il tire son effet, non des mérites de celui qui le confère, mais de la grâce de Jésus-Christ. Saint Cyprien ne pensait pas ainsi, puisqu'il n'admettait point le baptême conféré par les hérétiques. L'auteur, sur l'article de la dernière cène de Jésus-Christ, ou le jour qu'on en fait la mémoire, dit que les juges y délivraient des prisonniers condamnés à mort. Il parle aussi de l'onction des reins dans l'administration du sacrement de l'extrêmeonction, et de plusieurs autres rits que l'on n'a mis en usage que depuis saint Cyprien 2.

Ce qu'il contient.

6. Arnaud ne mit point son nom à la tête de cet ouvrage. Il se contenta de se faire connaître au pape Adrien IV, à qui il le dédia. C'est un composé de douze discours moraux qu'Arnaud avait prononcés aux jours de la célébration des mystères qui en font la matière; ils sont intitulés : De la Naissance temporelle de Jésus-Christ, de sa Circoncision, de l'Adoration des Mages et de la mort des Innocents, du Baptême de Jésus-Christ et de l'Apparition de la Trinité, du Jeune et des Tentations du Sauveur, de sa dernière Cène et de l'Institution

1 Mabillon., lib. LXXX Annal., num. 52.

2 In append. oper. Cyprian., pag. 71, edit. Paris., an. 1726.

8 Serm. de Circumcis., pag. 87. Serm. de Innocent., pag. 92.

Serm. de Baptism., pag. 93.

6 Serm. de Jejun., pag. 99.

7 Panis iste quem Dominus discipulis porrigebat,

du sacrement de l'Eucharistie, du Lavement des pieds, de l'Onction du chrême et des autres sacrements, de la Passion de Jésus-Christ, de sa Résurrection, de son Ascension et de la Descente du Saint-Esprit. Tous ces mystères ont rapport à Jésus-Christ; ils sont le fondement de la religion qu'il a établie : c'est pour cela qu'Arnaud a donné à son traité le titre : Des œuvres cardinales de Jésus-Christ. Voici ce qui nous y a paru de plus remarquable.

Ce qu'ils contiennent

marquable.

7. Dans tous les temps il a été nécessaire d'expier par quelques remèdes le péché ori- de plus reginel3 qui s'est communiqué à tous les descendants d'Adam. Ces remèdes ont été ou les sacrifices, ou la circoncision, ou le baptême. Il y a un baptême de sang aussi efficace que celui d'eau. C'est de ce baptême que les Innocents massacrés par Hérode ont été baptisés, et que le sont les martyrs de la foi quand ils ne peuvent recevoir le baptême de l'eau. Jésus-Christ l'a reçu des mains de saint Jean, non qu'il en eût besoin, mais pour en faire une loi éternelle pour tous les hommes. Tandis que le prêtre l'administre dans la forme et avec les paroles de l'institution 5, le Saint-Esprit répand intérieurement dans le baptisé la plénitude de la grâce, et donne au sacrement sa perfection. C'est pourquoi le baptême est valide, fût-il conféré par un ministre indigne. Soit que Paul ou Judas baptise, c'est Jésus-Christ qui lave, qui efface les péchés. Le baptême de Jean ne lavait que le corps; celui de Jésus-Christ remet les péchés. Ce fut par l'Esprit saint ou par son propre esprit que Jésus-Christ fut conduit dans le désert pour y être tenté par le démon.

8. Le pain que le Seigneur donnait à ses disciples est changé, non d'apparence7, mais de nature, et fait chair par la toute-puissance du Verbe. Ce pain commun changé de cette sorte en chair et en sang procure la vie à l'âme et l'accroissement au corps. L'homme animal ne doit pas être admis parmi les convives de la table du Seigneur 8; tout ce que dicte la chair et le sang doit être exclus de cette assemblée. L'eucharistie est un sacrifice continuel' et un holocauste permanent; quelque grande que soit la multitude, elle ne

non effigie, sed natura mutatus, omnipotentia Verbi factus est caro. Pag. 111. Panis iste communis in carnem et sanguinem mutatus, procurat vitam, et incrementum corporibus. Ibid.

8 Inter dominicæ mensæ convivas animalis homo non admittitur: quidquid caro et sanguis dictat, ab hoc cætu excluditur. Ibid., pag. 114.

9 Perpes est hoc sacrificium et semper permanens

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