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Arnon écrit
Fol-

contre

mar.

écrit.

loin d'être connus, appréciés et utilisés autant qu'ils le méritent 1.]

33. Arnon 2, frère et successeur de Géroch dans la prévôté de Reichersperg en 1169, écrivit un long ouvrage sur l'eucharistie. Il n'était encore que doyen de ce monastère, et son frère en était prévôt. Voyant que Folmar le chargeait d'injures dans ses lettres et dans ses écrits, particulièrement dans sa lettre à l'archevêque de Salzbourg, Arnon entreprit de le venger et d'établir en même temps la vérité de la présence réelle dans l'eucharistie, que Folmar niait en partie, comme on l'a dit ci-dessus. De ce grand ouvrage, que l'on conserve entier dans les bibliothèques de Bavière, Stevartius n'en a rendu public que le prologue dans ses Anciennes leçons 3, et le commencement du livre. Basnage n'en a pas donné davantage dans la seconde édition des Leçons de Canisius, à Anvers en 17254. [Ce prologue est reproduit au tome CXCIV de la Patrologie, col. 1529-1538, d'après cette seconde édition.]

Idée de cet 34. On voit, par ce prologue, que quoique Arnon en voulût particulièrement à Folmar, il n'était pas fâché que l'apologie qu'il faisait de la personne et des sentiments de son frère fût répandue partout. Les autorités qu'il emploie pour établir les dogmes de la foi, sont l'Ecriture sainte, les pères de l'Eglise, en avertissant que s'il y en a un ou deux qui se soient expliqués moins clairement en un endroit, ils y ont suppléé en d'autres. Outre l'erreur de Folmar sur l'eucharistie, quand il disait que la chair de Jésus-Christ était sans les os, et le sang sans la chair sous les espèces du pain et du vin, il donnait encore dans le nestorianisme; mais il paraît qu'il ne tomba dans cette erreur qu'après avoir avancé la première. Arnon réfute l'une et l'autre dans l'ouvrage qu'il écrivit contre lui. Stevartius dit qu'en réfutant le nestorianisme il pensa tomber dans l'erreur opposée, dans celle des eutychiens; mais il est assez ordinaire à ceux qui écrivent avec chaleur de laisser échapper quelques façons de parler peu exactes; on doit alors juger du sentiment de l'auteur par le dessein général de son ouvrage, et non sur quelques termes peu mesurés. Il me semble qu'il s'explique bien catholiquement sur la distinction des deux natures, lorsqu'il con

1 Dictionnaire encyclopédique de la Théologie catholique, art. Géroch. — 2 Voir sur Arnon une notice historique tirée de Fabricius, au tome CXCIV de la Patrologie, col. 1489, et l'observation préliminaire, ibid.,

fesse avec l'Eglise que le Fils de la Vierge est aussi Fils de Dieu 5, parce que comme il est Dieu tout entier, il est aussi homme tout entier, et que l'on doit le reconnaître pour fils de l'un et de l'autre, de Dieu et de la Vierge. C'est par erreur que l'on a attribué l'ouvrage d'Arnon à Ethérius et à Béatus. Ces deux écrivains vivaient plus de quatre cents ans avant Folmar, qui écrivait dans le XIIe siècle, sous le pape Alexandre III. L'erreur n'est venue que de ce que Stevartius a joint dans son recueil le prologue de l'ouvrage d'Arnon aux écrits de Béatus et d'Ethérius.

35. Arnon mourut au mois de janvier de l'an 1180, onze ans environ après son frère Géroch . La Chronique de Reichersperg le qualifie d'heureuse mémoire. On a de lui un ouvrage imprimé sous le titre de Bouclier des chanoines réguliers, à Augsbourg en 1723, in-4°, dans le tome Ier des Mélanges de Raymond Duellius, [d'où il a passé au tome CXCIV de la Patrologie, col. 1489-1528. L'auteur y défend les chanoines réguliers contre les attaques que leur portaient quelques moines.]

Mort d'Arnon.

Wolbéron, abbé de Saintl'an 1167.

[36. Wolbéron succéda en 1147 à Gérard, qui, à cause de son grand âge, avait résigné Pantaleon en le bâton pastoral. Il fut le douzième abbé de Saint-Pantaleon de Cologne. Il brilla par son génie et son éloquence, par son application aux saintes Ecritures et par les connaissances qu'il acquit dans les sciences séculières, et qui pour son temps étaient très-grandes. On a de lui un ouvrage sur le Cantique des Cantiques, en quatre livres. L'auteur le composa pour les filles de Saint-Benoît de l'île du Rhein. Il mourut en 1167. Son commentaire a été imprimé à Cologne en 1630, et non en 1650, comme le dit Dupin. Il est reproduit d'une manière beaucoup plus correcte au tome CXCV de la Patrologic, col. 1005-1278. Wolbéron se propose dans cet écrit d'expliquer les mystères qui sont renfermés dans le livre sacré des Cantiques, et surtout d'édifier les sœurs de Saint-Benoît et de les porter à un amour plus grand pour Jésus-Christ, l'époux de leurs âmes. On lit ce commentaire avec profit et édification.

37. A la suite de Géroch, sous l'an 1169, les éditeurs de la Patrologie, tome CXCIV, col. 1537-1542, reproduisent d'après le père

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Rilinde et Herrade ab. besses.

Ziegelbauer, Historia litteraria ordinis sancti Benedicti, Augsbourg et Wursbourg, 1754, 4 vol. in-fol., t. III, p. 158, une notice sur Rilinde ou Régilinde et Herrade, abbesses de Holembourg en Alsace, avec des fragments poétiques et une lettre d'Herrade. Rilinde mourut en 1169; elle avait écrit un

commentaire sur l'histoire de la concubine dont il est parlé dans le livre des Juges. Herrade, qui lui succéda, ne lui fut inférieure ni pour les vertus, ni pour la science. Elle avait composé un livre de sentences dont Ziegelbauer a rapporté l'épître préliminaire.]

Théorien

envoyéen Ar

CHAPITRE LIII.

Conférences de Théorien [grec] avec les Arméniens [et les Syriens jacobites.]

1. On ne sait pas bien si ce Théorien est monio en le même que le philosophe de ce nom1 dont

1170.

Erreurs des Arméniens.

Allatius cite une lettre adressée aux prêtres des montagnes 2, dans laquelle ce philosophe traite du jeune du samedi, de la communion eucharistique, du mariage des prêtres et de la défense de se raser la barbe. Quel qu'il soit, il écrivait sous l'empereur Manuel Comnène l'an 1170. Ce prince ayant reçu une lettre de Norsesis [ou saint Nersès IV, surnommé le Gracieux], catholique des Arméniens, c'est-à-dire leur patriarche ou primat, où il s'expliquait sur quelques points de foi et de discipline sur lesquels les Arméniens ne s'accordaient pas avec les Grecs, témoignant souhaiter s'en éclaircir, lui envoya Théorien pour en conférer ensemble.

2. Les Arméniens ne croyaient pas qu'il y eût deux natures en Jésus-Christ; ils n'en admettaient qu'une, et s'appuyaient dans cette erreur sur un passage tiré de la lettre de saint Cyrille à Nestorius qu'ils n'entendaient pas, et où ce Père dit qu'il n'y a qu'une nature du Verbe incarné; c'est-à-dire qu'après l'union des deux natures JésusChrist est un 3. Les Arméniens craignaient, en disant deux natures en Jésus-Christ, de tomber dans l'hérésie de Nestorius, qui, en

1 Très certainement une partie de la lettre dont parle notre auteur est rapportée en grec et en latin, au tome VI Script. Vet. nov. collectio, p. 414, n. 2. On y voit par cette lettre que Théorien était un excellent catholique et très ami des Latins. « Je vous conseille avant tout, leur dit-il, de ne point accueillir les contentions, car nous n'avons point cette coutume, ni l'Eglise de Dieu. Mais cherchez la paix, conservant la paix de Jésus-Christ qui a fait une les deux choses. Aimez les Latins, vos frères en JésusChrist car ils sont orthodoxes et enfants de l'Eglise catholique et apostolique comme nous. S'il s'élève des questions, comme il est d'ordinaire, elles ne blessent pas la foi, car tout est bon si nous le faisous

admettant deux natures, admettait aussi deux personnes, et au lieu d'adorer trois personnes en Dieu, d'en adorer quatre, à cause de la nature humaine unie à la seconde personne. Cette nation répandait ses erreurs dans les provinces voisines, et mettait les fidèles dans le danger d'être séduits comme les autres. Les Arméniens erraient nonseulement dans la foi, mais ils avaient des usages tout différents des catholiques. Ils faisaient le chrême non avec de l'huile d'olives, mais avec du sésame ou de la jugioline, disant qu'ils n'avaient point d'oliviers dans leurs cantons. Dans la célébration de la messe, le prêtre célébrant entrait seul dans le temple, les autres prêtres et le peuple restaient dehors : les autres offices se faisaient hors du temple. Ce fut pour les réunir avec l'église de Constantinople, que Théorien alla vers eux de la part de l'empereur Comnène, muni d'une lettre pour le Catholique.

3. Il arriva au lieu de sa demeure le 15 mai 1170 5, et dès le lendemain ils entrèrent en conférence. Théorien, après quelques préliminaires sur la manière dont elle se passerait, demanda au Catholique si sa lettre à l'empereur contenait ses véritables sentiments, Ayant reçu une réponse affirmative, pour la gloire de Dieu. Dans la coutume des ecclésiastiques latins, non plus que dans la nôtre, il n'y a rien qui s'écarte de l'honnêteté et de la convenance, mais tout a un but excellent et une intention sainte. A ceux donc qui ont l'intelligence tout est bien; aux insensés tout est scandale et achoppement. »> (L'éditeur.)

2 Allat., lib. de Purgator., pag. 690, 822. 3 Tom. XIII, pag. 381.

Cette lettre a été publiée pour la première fois par Maï, au tome VI Script. Vet. nov. collectio, pag. 314-315. (L'éditeur.)

5 Tom. XXII Bibliot. Pat., pag. 796. [Mansi, Conc., tom. XXII, pag. 38-120.]

Première conférence de

Théorien nie.

avec les Armé

il le pria de s'expliquer sur les conciles qu'il recevait et les pères de l'Eglise dont il embrassait la doctrine. Le Catholique répondit qu'il recevait le concile de Nicée, celui de Constantinople et celui d'Ephèse, où Nestorius fut déposé; qu'il approuvait la doctrine de saint Athanase, de saint Grégoire-leThéologien, de saint Basile-le-Grand, de saint Grégoire de Nysse, de saint Jean Chrysostome, de saint Ephrem, de saint Cyrille d'Alexandrie et de plusieurs autres.

4. Ces principes posés, on examina si la lettre du Catholique à l'empereur y était conforme, et l'on s'arrêta d'abord à cette proposition: « Il n'y a qu'une nature en Jésus-Christ, non par confusion, comme le disait Eutychès, ni par diminution, comme l'enseignait Apollinaire, mais dans le sens de saint Cyrille d'Alexandrie. » Théorien fit voir que ce père n'avait pas dit une nature en Jésus-Christ, ni une nature de JésusChrist, mais une nature du Verbe incarné, ce qui n'est pas la même chose; car le nom de Christ signifie proprement les deux natures unies, Dieu et l'homme tout ensemble. C'est pourquoi nous disons: Le Verbe s'est fait chair, et non pas : Le Christ s'est fait chair; et l'on ne trouvera aucun père qui ait dit, une nature du Christ; mais saint Athanase a dit avant saint Cyrille, une nature du Verbe, c'est-à-dire la nature divine du Fils. En ajoutant incarné, comme saint Cyrille dans sa seconde lettre à Successus, on exprime tout le mystère de l'incarnation.

5. Norsesis demanda si quelques pères avaient ainsi parlé de ce mystère, après l'union des deux natures 2. Théorien répondit que tous ceux dont il approuvait la doctrine s'étaient exprimés de la sorte; et quoique Norsesis témoignât vouloir se contenter d'un seul témoignage, Théorien en allégua plusieurs, savoir, de saint Athanase, de saint Cyrille, sur lequelles Arméniens s'appuyaient le plus 3, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Grégoire de Nysse, de saint Ambroise et de saint Chrysostome. Théorien mêla à ces autorités divers raisonnements tirés de la philosophie et de la théologie, et montra que l'Eglise tient le milieu entre l'hérésie de Nestorius et celle d'Eutychès, qui étaient diamétralement opposées. Nestorius disait, deux natures séparées, deux personnes, deux christs et deux fils; Eutychès, une

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nature et une hypostase ou personne. Pour nous, nous disons une hypostase, un Christ, un Fils en deux natures parfaites, la divinité et l'humanité, unies inséparablement et sans confusion. Ayant ainsi parlé, l'évêque Grégoire, parent du Catholique, s'écria : « Je suis Romain (c'est-à-dire Grec; car sous le nom de Romains 4 les Arméniens entendaient les Grecs), et je dis anathème à qui ne dit pas deux natures en Jésus-Christ. »>

Deuxième

6. Le lendemain Pierre, évêque de Sappi- conférence. rion, étant arrivé 5, Norsesis ou le Catholique lui fit part de ce qui s'était dit la veille, et des passages que Théorien avait allégués en faveur de la doctrine des deux natures en Jésus-Christ. Pierre, qui était instruit et parlait avec élégance, détournait à son sens tous ces passages; mais étant entré en dispute avec Théorien, celui-ci le fit convenir du vrai sens de ces paroles de saint Cyrille : Une nature du Verbe incarné; après quoi l'évêque Grégoire se levant, dit une seconde fois : « Je suis Romain, et je pense comme les Romains. >>

7. Deux jours après Norsesis •, quoique convaincu de la vérité des deux natures unies inséparablement en une seule personne, dit à Théorien qu'il ne voyait rien qui empêchât de reconnaître en Jésus-Christ une nature composée de deux, comme la nature de l'homme est composée de l'âme et du corps, qui sont deux natures différentes; c'est, ajouta-t-il, la comparaison qu'apporte saint Cyrille, dans sa seconde lettre à Successus. Théorien répondit premièrement par un passage de saint Grégoire de Nazianze, qui dit que l'unité qui résulte de l'union des deux natures n'est pas naturelle; d'où Théorien conclut que, dans le sentiment de ce saint docteur, on ne pouvait dire que les deux natures unies fussent une nature. Comme ce passage ne se lisait pas dans la traduction arménienne des écrits de saint Grégoire, Théorien fit voir à Norsesis qu'il se trouvait dans la version syriaque. Il répondit en second lieu que saint Cyrille n'avait employé la comparaison de la composition qui est en nous, que pour montrer qu'il est possible que de deux natures différentes il se fasse un suppôt 7, comme Pierre ou Paul, d'une âme et d'un corps; car ayant, continue-t-il, à combattre Nestorius, qui niait la possibilité d'une hypostase en deux na

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Troisième conférence.

+

Quatrième conférence.

tures, saint Cyrille employa l'exemple de l'homme pour montrer que, comme un seul homme est composé d'une âme et d'un corps, de même Jésus-Christ est un, de la nature divine et de la nature humaine unies en lui en une personne. Il prouva par une démonstration géométrique que le singulier et le pluriel ne pouvant être dits de la même personne sous un même aspect1, il y aurait contradiction à dire qu'en Jésus-Christ il y a deux natures et une seule nature.

8. Ensuite, pour résoudre sans réplique2 l'objection tirée des paroles de saint Cyrille, une nature du Verbe incarné, à laquelle Norsesis revenait toujours, Théorien montra que ce père avait emprunté cette expression de saint Athanase, qui s'en était servi contre l'erreur d'Arius, et que, quoiqu'elle soit vraie, on ne devait pas s'en servir, à cause du mauvais sens que quelques-uns lui donnaient; comme on n'appelait pas Marie mère de Christ, quoiqu'elle le soit en effet 3, parce que Nestorius abusait de cette expression; que c'est pour cela qu'elle a été rejetée des saints Pères comme sacrilége. Le Catholique, content de ces réponses, demanda à Théorien la définition de foi du concile de Calcédoine, qu'il lui présenta.

9. Le jour suivant Jean, évêque de Cessounion, arrivé tout récemment, ayant appris que le Catholique, après plusieurs conférences avec les Grecs, était entré dans leurs sentiments, il lui en fit des reproches, comme s'il eût adopté l'hérésie des nestoriens. « Je ne me serais rendu, lui répondit Norsesis, ni à l'autorité du patriarche de Constantinople, ni à celle de l'empereur, si je n'avais reconnu la vérité par moi-même; mais je ne puis la désavouer, ni résister aux saints Pères. » L'évêque syrien insista en déclarant que confesser deux natures en JésusChrist, c'est admettre une quaternité au lieu de la Trinité. Norsesis, fatigué des trois conférences qu'on avait déjà tenues, renvoya l'évêque Jean à la quatrième. Théorien, informé de ce qui s'était passé entre Norsesis et l'évêque de Cassounium, fit voir qu'en admettant en Jésus-Christ deux natures, on ne tombait pas dans l'hérésie de Nestorius, et que l'on n'admettait point une quaternité au lieu de la Trinité. Il prouva la

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première proposition en montrant que Nestorius n'avait point été condamné pour avoir soutenu deux natures, puisque saint Cyrille, saint Grégoire de Nazianze et tous les pères les admettent très-clairement, mais parce qu'il les soutenait séparées l'une de l'autre, la divine de l'humaine, et qu'il enseignait conséquemment qu'il y avait deux Fils et deux Christs, l'un Fils de Dieu, qui était né du Père, l'autre Fils de la Vierge, d'où vient qu'il ne voulait pas lui donner le titre de Mère de Dieu. Au contraire nous disons, ajouta Théorien, qu'à cause de l'union des deux natures il n'y a qu'un Christ, un Fils, un Seigneur. Quant à la seconde proposition, il montra que de l'union des deux natures en Jésus-Christ on ne pouvait en conclure la quaternité des personnes en Dieu, parce que, suivant la doctrine de saint Athanase dans sa lettre à Epictète et des autres pères de l'Eglise, le Verbe en se faisant chair n'a pas pris une nouvelle hypostase ou personne, mais il a uni à sa propre personne la nature humaine. L'évêque syrien n'ayant rien à répondre aux raisons de Théorien, sortit de la conférence, disant aux prêtres qui l'accompagnaient qu'il lui était défendu de parler de ces matières dans un synode étranger. 10. La suite de la quatrième conférence Cinquin manque dans le texte, et il semble qu'il s'en tint une cinquième pour résoudre les difficultés proposées dans la lettre du Catholique Norsesis à l'empereur 7. En admettant deux natures en Jésus-Christ, c'était une conséquence d'admettre aussi en lui deux volontés. Théorien le prouva par divers passages de l'Ecriture; mais il montra en même temps que ces deux natures étant unies personnellement, il n'y avait en Jésus-Christ qu'une volonté personnelle, parce que c'était la même personne qui voulait, tantôt comme Dieu, tantôt comme homme. Le Catholique avait dit dans sa lettre 8, que Jésus-Christ avait été neuf mois et cinq jours dans le sein de la Vierge. Il fondait cette opinion sur la tradition des docteurs qui soutenaient que les premiers nés restaient plus longtemps dans le sein de leur mère, que les enfants qui naissaient ensuite, et sur ce que dit Salomon, qu'il avait été enfermé l'espace de dix mois dans le sein de sa mère, ce qui

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conference.

faisait voir qu'il y avait au moins quelques jours du dixième mois. Théorien répondit qu'on ne pouvait rien conclure des paroles de Salomon pour le sentiment de Norsesis, parce que les mois des Hébreux étant lunaires, ils étaient plus courts que les nôtres qui sont solaires; et que saint Chrysostôme disait nettement que le Sauveur n'avait été que neuf mois dans le sein de sa mère. Le discours où ce saint docteur s'explique ainsi ne se trouvant pas dans les exemplaires de Norsesis, on passa à une autre question.

11. Elle regardait les fêtes de Jésus-Christ1. Les Arméniens célébraient en un même jour celle de sa nativité et celle de son baptême; les Grecs en deux jours différents; mais le Catholique convint que ces divers usages devaient paraître peu importants, pourvu que l'on s'accordât dans la foi. On vint ensuite au Trisagion, ou trois fois saint, que l'on chantait dans les mystères. Norsesis dit que quand on le chantait en l'honneur de la sainte Trinité, on n'y faisait aucune addition; mais que lorsqu'il était chanté en l'honneur du Fils seul, on ajoutait suivant la différence des temps ou des solennités : Qui êtes crucifié pour nous; qui êtes ressuscité, ou qui êtes monté au ciel. Il suivrait de cet usage, dit Théorien, que l'on chante trois fois en l'honneur du Fils, et seulement une fois en l'honneur du Père et du Saint-Esprit; ce qui n'étant pas proposable, il s'ensuit que l'addition, qui êtes crucifié pour nous, introduite par Pierre-le-Foulon, avait été justement rejetée dans le quatrième concile général, et n'avait aucun fondement dans les pères de l'Eglise.

12. Le Catholique disait dans sa lettre à l'empereur, que dans les onctions sacrées les Arméniens usaient de l'huile de sesame ou blé d'Inde, parce qu'ils n'avaient point d'oliviers. « Je suis étonné, lui dit Théorien, que vous ayez écrit de la sorte à l'empereur; je vois ici beaucoup d'oliviers et assez d'huile. » Il soutint donc qu'on ne devait employer que de l'huile d'olives pour les sacrements, comme on ne se sert que de vin de vigne pour le saint sacrifice, et non de cidre ou d'une autre liqueur. Le catholique convint qu'il était facile de réformer cet abus.

13. Orr en était là, lorsque les prêtres arméniens commencèrent à chanter vêpres

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hors de l'église 3, suivant leur coutume. Théorien en ayant demandé la raison, Norsesis lui répondit que ceux de leurs docteurs qui avaient réglé chez eux l'office divin, avaient ordonné qu'on ne célébrerait dans l'intérieur de l'église que les divins mystères; que le seul pontife y entrerait pour les célébrer, le peuple demeurant dehors, et même les prêtres; mais qu'on dirait dehors les autres offices. Norsesis donna quelques raisons de convenance de cet usage, disant qu'on en usait ainsi chez les Hébreux; mais Théorien fit voir qu'il était contraire au décret du concile de Nicée, qui porte qu'on mettra entre les auditeurs, c'est-à-dire hors de l'église pendant trois ans, ceux qui après avoir apostasié dans la persécution, demanderont la pénitence: « Et vous, dit Théorien en s'adressant à Norsesis, vous mettez pour toujours vos prêtres entre les auditeurs. »

14. Le Catholique ne croyant pas devoir insister 5, parce que le canon de Nicée était clairement contre lui, demanda qu'on lût la définition de foi du concile de Chalcédoine. L'exemplaire arménien que l'on produisit s'étant trouvé conforme au texte grec, Théorien en expliqua quelques endroits qui paraissaient obscurs à Norsesis; puis la prenant article par article, il montra que les expressions dont elle était composée 6 avaient été tirées des plus anciens pères, snrtout de saint Cyrille, et qu'elle ne s'éloignait en rien de leur doctrine. Théorien rapporta un grand nombre de passages des écrits de saint Cyrille 7, et s'offrit d'en rapporter des autres anciens pères de l'Eglise; mais Norsesis le crut inutile, ne doutant plus que le décret de Chalcédoine ne fût entièrement conforme à la doctrine des pères et à la foi orthodoxe. Il témoigna son étonnement de ce que ses prédécesseurs avaient calomnié cette définition de foi; et Théorien reprenant la parole, fit voir en détail toutes les hérésies qui y sont condamnées, savoir: celles de Paul de Samosate, de Nestorius, d'Arius, d'Apollinaire, de Manès, d'Artemas, d'Eunomius et de plusieurs autres.

15. Norsesis n'ayant plus d'éclaircissements à demander à Théorien, lui lut le commencement d'un traité contre les monophysites, c'est-à-dire, qui n'admettaient qu'une nature en Jésus-Christ. Ce traité avait

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