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Autres onvrages altribués à Sigebert. Son

éloge.

et de quelques tables par le moyen desquelles on peut trouver les années, les époques, relativement à la disposition de l'ouvrage. Il y donne 1, suivant le texte hébreu, la suite des années depuis la création du monde, y emploie le grand cycle de cinq cent trentedeux ans, et le répète jusqu'à dix fois; par ce moyen son ouvrage comprend les années à venir. Comme tout ce travail n'avait pour but que de faire connaître le jour de la fête de Pâques, Sigebert met sur différentes colonnes le nombre des années, les épactes et les jours auxquels on doit célébrer cette fête. L'ouvrage porte dans le manuscrit, que l'on voit encore à Gemblou, le titre de Cycle de dix-neuf ans. Sigebert remarque que Marien Scot avait depuis peu travaillé sur la même matière, et qu'ayant mis sur deux colonnes parallèles les années de Jésus-Christ suivant l'Evangile, et celles que lui donne Denis-lePetit, il était aisé au lecteur de voir d'un coup d'œil les erreurs de calcul dans lesquelles Denis était tombé. Pour lui, il suivit une autre méthode; voyant que les partisans de Denis-le-Petit ne se rendaient point au parallèle de Marien Scot, il dit en deux endroits de sa Chronique 2 que Denis a placé la naissance de Jésus-Christ vingt-un ans plus tard qu'il n'aurait dû.

29. Ce sont là tous les ouvrages dont Sigebert se reconnaît auteur dans son Traité des Ecrivains ecclésiastiques, et la Nouvelle Bibliothèque Belgique 3 ne lui en donne pas davantage; mais Possevin, dans le catalogue des manuscrits, à la fin du second volume de son Apparat sacré, attribue à Sigebert une Histoire et les Vies des Papes. Suivant le rapport de Gesner, cette histoire allait jusqu'en 1131; l'ouvrage avait donc été continué par quelqu'autre, puisque Sigebert est mort en 1112. Dom Mabillon, dans le quatrième tome des Actes, dit sur saint Lulle, archevêque de Mayence, qu'il avait une Vie manuscrite de ce saint faite par un moine de Gemblou, et il n'est pas éloigné de la croire de Sigebert.

1 Sigebert., de Script. Eccles., cap. CLXXI.

2 Sigebert., ad an. 1063 et 1076.

8 A Bruxelles en 1739, par Foppens. Gesner, Bibliot. univ., pag. 598.

Calmet, Histoire de Lorraine, tom. I, pag. 231. Le martyre de sainte Ursule et de ses compagnes est certain; il est attesté par la tradition des siècles, par les témoignages les plus authentiques, par les monuments les plus vénérés et la croyance de toutes les églises du monde catholique. Le sentiment qui porte à onze mille le nombre des vierges martyrisées

On conserve 5 à Saint-Vincent de Metz, sous le nom de Sigebert, une histoire du martyre de sainte Ursule et de ses compagnes 6. Dom Ruinart avait vu 7 dans l'abbaye de SaintClément, en la même ville, quelques autres opuscules du même auteur, mais il ne nous en a pas donné la notice. Enfin Trithème 8 met dans le catalogue des écrits de Sigebert trois recueils de sermons, de lettres, de répons, d'hymnes et d'antiennes; il en parle comme du plus savant homme de son temps dans le pays de Liége. Cet éloge n'est point outré; nous y ajouterons que Sigebert a donné un mérite particulier à ses ouvrages par l'ordre, la candeur et la netteté qui y règnent.

Gibella triarche

30. Le pape Pascal II, voulant remédier aux troubles de l'Eglise de Jérusalem occa- Jérusaler sionnés par l'expulsion de Daïmbert, qui en était patriarche, et par l'intrusion d'Ebremar, y envoya Gibelin, archevêque d'Arles, quoique déjà fort avancé en âge; celui-ci y tint un concile avec les évêques du royaume; la cause de Daïmbert y fut examinée, de même que celle d'Ebremar. On prouva par lémoins que Daïmbert avait été dépouillé de son siége sans aucune raison légitime, et qu'Ebremar l'avait usurpé. Il fut donc déposé par l'autorité du pape et du concile, et Gibelin mis en sa place. Sous son pontificat, qui fut de cinq ans, le roi Baudouin demanda au pape que toutes les villes et provinces qu'il pourrait conquérir sur les infidèles fussent de la dépendance de l'Eglise de Jérusalem; cette grâce lui fut accordée, et Pascal II 10 ajouta que cette Eglise aurait sous sa juridiction les villes déjà conquises, et que leurs évêques obéiraient au patriarche de Jérusalem. Bernard, patriarche d'Antioche, fit làdessus ses plaintes et ses remontrances; le pape y eut égard et déclara " qu'il n'avait point prétendu toucher aux limites de l'Eglise d'Antioche, que son intention était de conserver le droit de toutes les Eglises. Gibelin ayant été élu patriarche de Jérusalem, écrivit aussitôt au clergé et au peuple

à Cologne par les Huns vers la fin du rye siècle ou au commencement du ve, est solidement établi. Ces vierges venaient de la Grande-Bretagne. Plusieurs d'entre elles avaient pu visiter Rome avant de trouver le martyre sur les bords du Rhin. (L'éditeur.). 7 Mabill., Opuscul. posthum., tom. III, pag. 480. 8 Trithem., de Script. Eccles., cap. CCCLVIII, et de Viris illustrib. Ordin. S. Bened., lib. II, cap. CXII. • Gallia Christ. nov., tom. I, pag. 557, et Guillelm. Tipius, lib. XI, cap. xxvIII. 10 Pasch., Epist. 18.

11 Epist. 20

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de l'église d'Arles et à tous les suffragants de cette métropole, de se choisir un archevêque qui en remplit mieux les devoirs qu'il n'avait fait lui-même; son dessein était de leur dire bien des choses dans sa lettre, mais le souvenir de leur amitié et de leur bonté à son égard, qu'il ne croyait pas avoir méritées, lui faisait tomber les larmes des yeux et arrêtait sa plume. Baronius a rapporté cette lettre dans ses Annales 1, et Pierre Saxi dans l'Histoire des Archevêques d'Arles. Il ne s'en trouve qu'une partie dans la nouvelle Gaule chrétienne tirée d'Honorat Bouche; on y trouve aussi la lettre du pape Pascal au clergé et au peuple d'Arles, à qui il rend compte des motifs qu'il avait eus d'envoyer leur évêque à Jérusalem, de la manière dont Gibelin en avait été élu patriarche, et du consentement qu'il avait donné à cette élection; il finit sa lettre en les exhortant à se choisir au plus tôt un pasteur qui soit selon Dieu. Guillaume de Tyr met la mort de Gibelin sur la fin de l'année 1111, mais on montre des

lettres écrites en 11122 auxquelles il souscrivit comme légat du Saint-Siége.

31. L'auteur de la Gaule chrétienne ne rapporte 3 aussi qu'une partie des vers que Roger, évêque d'Oléron, en 1101 jusqu'en 1112, fit graver sur un ciboire de bois couvert de lames d'argent, destiné à renfermer le corps et le sang de Jésus-Christ. Ces vers sont au nombre de huit, et rapportés par De Marca, dans son Histoire de Béarn 4. Ils sont intéressants par la façon claire et précise dont cel évêque s'explique sur la transsubtantiation. «Le Saint-Esprit, dit-il, change les oblations mises sur l'autel, le pain est fait chair, et la substance du vin, sang; quand on les reçoit, ils contribuent au salut de l'âme et du corps. A cette table, on donne du sang et de la chair à boire et à manger, le prêtre prononce sur les oblations les paroles que le Sauveur prononça à la dernière cène, il sanctifie les dons et fait mémoire de la Passion. C'est Rainaud de Morlan qui a construit cet autel, l'évêque Roger l'a ordonné. »

Roger, écoque d'O éron.

Lerbert, adLe de SaintRef.

CHAPITRE V.

Letbert [ou Lietbert ], abbé de Saint-Ruf [vers 1115]; Baudry, évêque de Noyon [1118]; le bienheureux Odon, évêque de Cambrai [1113; Raoul Tortaire, moine, vers 1114; Werner, abbé de Saint-Blaise, 1126].

[Écrivains latins.]

1. La lettre de Gauthier 7, évêque de Maguelone, à Robert, prévôt de l'église collégiale de Lille en Flandre, nous apprend que Letbert en avait été d'abord chanoine, qu'ensuite il fut fait abbé de Saint-Ruf dans le Dauphiné, qu'il était homme d'une sainte vie et d'un grand zèle pour la maison du Seigneur. On voit par une charte de Léger,

1 Baron., ad an. 1107; Gallia Christ., tom. 1, pag. 557; Bouch., lib. IX, section. 1, cap. x, et Saxi, Pontif. Arelatens., num. 73; tom. I, Script. German. Menkenii, pag. 249.

Gallia Christ., ibid., in notis, pag. 558.
Ibid., tom. I, pag. 1268.

Lib. V, cap. XVII, num. 6.

Res superimpositas commutat Spiritus almus, fit de pane caro, sanguis substantia vini. Sumpta valent animæ pro corporis atque salute. Dantur in hac mensa sanguis, caro, potus, et esca. Verba refert cœnæ super hæc oblata sacerdos. Munera sanctificat et Pussio

évêque de Viviers, en faveur de cette abbaye, datée du 25 de mai de l'an 1110, que Letbert en était alors supérieur; mais il ne l'était plus en 1115, puisque, en cette année 10, le pape Pascal II adressa à Adalgier, successeur de Letbert, une bulle confirmative des priviléges de son abbaye. 2. Letbert étant chanoine de Lille, s'ap- mentaire sur

commemoratur. Hanc Morlanensis Raynaldus condidit aram. Præsul Rogerius Oloensis jussit ut essem.

6 Voir sur Lietbert une notice historique tirée de Fabricius, une notice littéraire tirée de l'Histoire littéraire de la France, au tom. CLVII de la Patrologie, col. 711-714. (L'éditeur.)

7 Mabill., in Analectis, pag. 461.

8 La lettre de Gauthier est reproduite au tome CLVII de la Patrologie, col. 713-716. Elle est suivie d'un diplôme pour le monastère de Gellon L'édit.) Theodori Pœnitentiale, tom. II, pag. 629.

10 Gallia Christ. vetus, tom. IV, pag. 802.

Son com

les Peaumes.

Ses lettres.

1

pliquait tantôt à la prédication, tantôt à la lecture des pères, dans la vue d'instruire les peuples et de gagner les âmes à Dieu; il composa un commentaire sur les Psaumes, où il fit entrer ce qu'il avait trouvé de mieux dans ceux de saint Augustin, de Cassiodore et des autres anciens commentateurs. Il divisa son ouvrage en deux parties, qu'il intitula : Les Fleurs des Psaumes 2. Letbert l'ayant emporté avec lui à Saint-Ruf, Gauthier, évêque de Maguelone, en fit tirer une copie. Hescelin, chanoine de Lille, le pria de lui prêter ce commentaire, ne pouvant l'avoir de l'auteur qui était mort. Gauthier l'envoya, en exhortant Hescelin et ses confrères à prendre modèle sur la vie de Letbert, qui avait été un d'entr'eux, de lire assidûment son ouvrage, et d'en graver les plus beaux endroits dans leur mémoire. La lettre de Gauthier, d'où nous avons tiré ces circonstances, a été publiée par dom Mabillon dans ses Analectes; il ne paraît pas que le commentaire de Letbert ait été rendu public.

3. Mais on a deux de ses lettres dans 3 le premier tome des Anecdotes de dom Martène [et dans le tome CLVII de la Patrologie, col. 715-720] l'une adressée à Ogier, supérieur de la congrégation de Ferran; l'autre à un ami. L'éditeur rapporte la première à l'an 1110, auquel il est certain que Letbert était abbé de Saint-Ruf. Il est appelé Lambert dans l'inscription de la lettre; mais, dans le catalogue des abbés de cette maison 4, il est toujours nommé Letbert. Cette communauté fut d'abord fondée près d'Avignon, par Benoit, qui en était évêque en 1038; de là elle fut transférée auprès de Valence, puis rétablie dans la même ville. Il paraît que la congrégation de Ferran était une maison de chanoines réguliers de l'Ordre de Saint-Augustin, comme l'abbaye de Saint-Ruf. Letbert relève l'excellence de cet Ordre, il en trouve la figure dans le sacerdoce de la loi ancienne, et leur genre de vie prescrit dans l'Evangile et pratiqué tant par les apôtres que par les fidèles de la primitive Eglise; en sorte qu'il ne fait point difficulté de dire son Ordre aussi ancien que les apôtres. Il ajoute que la charité s'étant refroidie, et l'Ordre des chanoines réguliers ayant

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été réduit presqu'à rien par la violence des persécutions, le pape Urbain, martyr, l'avait remis en vigueur par ses décrets, saint Augustin par sa règle, saint Jérôme par ses lettres. Letbert semble dire que les chanoines réguliers avaient toujours porté l'habit blanc; il prend du moins occasion de la splendeur de leurs habits, pour les exhorter à la pureté de l'âme. Sa seconde lettre ne paraît pas entière 5: un clerc de ses amis lui avait demandé les préceptes d'une vie convenable à son état; Letbert n'insiste que sur la nécessité d'éviter la compagnie des femmes, soit en public, soit en secret: il instruisait sans doute son ami sur d'autres articles. Pitseus attribue à Letbert quelques autres opuscules, mais il ne dit pas ce qu'ils contenaient, ni s'il les avait vus.

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évêque

4. Nous avons montré dans l'article de Baudri, chantre de la cathédrale de Té- Noyon. rouanne, qu'il était auteur de la Chronique de cette église et de celle de Cambrai, comme aussi de quelques autres ouvrages, attribués quelquefois à Baudri, évêque de Noyon; on ne connaît de ce prélat que quatre lettres qui font partie du recueil des pièces 7 concernant le rétablissement de l'évêché d'Arras. Par la première, il prie Lambert, évêque de cette ville, de conférer les ordres sacrés à sept de ses clercs, savoir: le grade d'acolyte à Baudouin, à trois autres le sous-diaconat, à Bernard et Isambert le diaconat, et à Berner la prêtrise. La seconde est unc lettre de recommandation au même évêque, en faveur d'un clerc du diocèse de Noyon, qui voulait se stabilier dans celui d'Arras. Dans la troisième il prie Lambert de donner le voile à une pauvre femme du diocèse de Noyon, et de l'admettre au nombre des pénitentes de Jésus-Christ, apparemment des veuves. Il lui donne avis dans la quatrième 10 qu'il avait permis au prêtre Bernard de sortir du diocèse de Noyon pour passer dans celui d'Arras, et en le mettant sous son obéissance, il lui demande de permettre à ce prêtre les fonctions de son ordre. On trouve 1 dans les recueils de dom d'Achéry, de dom Martène et dans les Annales de Noyon, par Jacques Le Vasseur, quantité

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de chartes de Baudri de Noyon pour des églises et des monastères dont il avait été bienfaiteur. Dès sa jeunesse il fut élevé dans l'église de Noyon, dont il devint ensuite chanoine, puis archidiacre et évêque. Il fut sacré le premier dimanche après l'Epiphanie de l'an 1099, et mourut en 1113 2, dans la seizième année de son épiscopat, en ne le commençant qu'au jour de son sacre.

5. Un des historiens d'Odon 3 ne nous fait connaître le temps de sa naissance qu'en la plaçant sous le règne de Philippe Ier, roi de France, c'est-à-dire depuis l'an 1060; la ville d'Orléans le vit naître 1. Son père se nommait Gérard, et sa mère Cécile. Instruit avec soin dès ses premières années, il surpassa tous ceux de son âge, et on ne connaissait personne en France plus savant que lui; digne du nom de maître plutôt que de disciple, il enseigna publiquement les beaux-arts, premièrement dans la ville de Toul, ensuite à Tournai, sur l'invitation des chanoines de la cathédrale. Son séjour en cette ville fut de cinq ans, pendant lesquels le bruit de sa réputation attira à l'école de Tournai des étudiants de tous les côtés, de France, de Flandre, de Normandie, d'Italie, de Saxe, de Bourgogne.

6. Quoiqu'il fût habile dans tous les arts libéraux, il excellait dans la dialectique 5, qu'il enseignait suivant la méthode de Boëce et des anciens docteurs, c'est-à-dire qu'il suivait l'opinion des réalistes, au lieu que Raimbert, qui professait en même temps à Lille en Flandre, était de la secte des nominaux. Aux leçons de dialectique, il en ajoutait d'astronomie; mais au lieu qu'il faisait les premières dans le cloître des chanoines, il donnait les secondes devant la porte de l'église, et sur le soir, afin de faire observer plus facilement à ses écoliers les constellations et le mouvement des astres. Sa piété n'était point au-dessous de son savoir; il conduisait lui-même ses disciples à l'église, au nombre de deux cents, marchant le dernier, pour les maintenir dans le bon ordre 7; ils l'observaient aussi exactement que dans le monastère le mieux réglé; on n'en voyait aucun rire, ni parler, ni tourner la tête.

7. Expliquant un jour l'ouvrage de Boëce,

1 Baluz., tom. V Spicileg., pag. 309, 310. Spicileg., tom. VIII, pag. 169.

3 Tom. XII Spicileg., pag. 360.

• Voir sur Odon les notices tirées du Cameracum Christianum de Leglay, des Annales de Mabillon, de l'Histoire littéraire de France, et reproduites au

intitulé De la Consolation de la philosophie, quand il vint à l'endroit du quatrième livre, où il est parlé du libre arbitre, il se fit apporter le traité que saint Augustin a composé sur ce sujet, et dont il avait fait l'acquisition depuis quelque temps; il l'ouvrit, en lut deux ou trois pages, et goûtant peu à peu la beauté de son style, il fit part à ses écoliers du trésor qu'il avait trouvé, leur lut l'ouvrage entier, en leur expliquant les endroits qu'ils auraient eu peine à entendre seuls; il fut frappé de l'endroit où saint Augustin compare l'âme pécheresse à un esclave condamné pour ses crimes à vider le cloaque pour contribuer en quelque chose à l'ornement de la maison, et s'en faisant l'application, comme s'il n'eût jusque-là travaillé que pour orner le monde, et non pour la gloire de Dieu, il se leva, alla à l'église fondant en larmes, et résolut de renoncer au siècle. On le retint cependant encore à Tournai, et on chercha à l'y attacher 9, en lui donnant une église hors de la ville avec des terres qui en dépendaient; mais après y avoir vécu environ trois ans sous l'habit clérical et la règle de saint Augustin, avec quelques clercs qui l'avaient suivi, il embrassa avec eux 10 la vie monastique, de l'avis d'Haimerie, abbé d'Anchin.

pre

11 vit d'aFord en chanoice régulier, puis il

8. Voici quelle fut l'occasion de ce changement. Un clerc nommé Alulfe, fils du mier chantre de la cathédrale, ayant renoncé e fait moine à tous ses biens, se retira à Saint-Martin avec Odon; son père nommé Sigère, en étant averti, y alla, maltraita son fils, et le tirant par les cheveux, le ramena en sa maison; le lendemain Alulfe s'échappa et retourna à Saint-Martin; Sigère l'en fit revenir, et pour l'empêcher d'y retourner lui fit lier les pieds. La même chose étant arrivée plusieurs fois, l'abbé Haimerie, consulté par Odon sur ce jeune homme, lui dit : « Il en arrivera de même de tous les autres qui se présenteront, si vous ne vous faites moine; vous êtes dans le voisinage de la ville, et vos jeunes frères. séduits par ceux des clercs séculiers qui sont de leurs amis, retourneront dans le monde, parce que notre habit et le leur est le même, au lieu que si vous étiez moine, personne

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Il est fait abbé de SaintMartin.

ne les tenterait de sortir d'avec vous, parce que l'habit des moines étant noir, et celui des clercs blanc, ceux-ci ont tant d'horreur de l'habit des moines, qu'ils ne veulent avoir aucune société avec ceux qui en sont revêtus. » L'abbé d'Anchin ajouta que la vie des clercs, même réguliers, était trop molle et trop relâchée pour ceux qui voulaient renoncer véritablement au monde, qu'ils portaient du linge, qu'ils mangeaient fréquemment de la chair, que les jours de fêtes ils ne récitaient que neuf leçons à matines. Dès le lendemain, Odon et douze de ses élèves reçurent des mains de l'abbé Haimerie l'habit monastique, et aussitôt l'on fit l'office divin à Saint-Martin suivant le rit monastique; ce changement fit connaître à Odon combien l'avis d'Haimerie était judicieux, car le père d'Alulfe, le voyant vêtu de noir, ne songea plus à le reprendre.

9. L'abbé d'Anchin, avant de les quitter, leur conseilla de se choisir un abbé. Odon fit ce qu'il put pour faire tomber les suffrages sur quelque autre que lui de sa communauté, mais aucun n'approuva son dessein, et tous se réunirent à le demander pour abbé; il reçut la bénédiction abbatiale dans l'église cathédrale de Tournai, le 4 mars 1095, par Radbod, qui en était évêque. Alulfe fit dans ce monastère l'office de chantre pendant quarante-sept ans. Faisant son étude principale des livres de saint Grégoire-le-Grand, il en fit, à l'imitation de Patérius, des extraits dont il composa trois volumes; il y en ajouta un quatrième composé des plus belles sentences de ce père, et intitula ces quatre volumes Grégoriale. On les voit encore dans l'abbaye de Saint-Martin de Tournai 2. Odon et ses moines s'appliquèrent d'abord à la lecture des Instituts et des Conférences des pères, réduisant en pratique ce qu'ils remarquaient avoir été pratiqué par les anciens solitaires. L'évêque Radbod leur conseilla de prendre plutôt pour modèle la règle de quelque monastère; ils choisirent celui d'Anchin, où l'on observait la règle de saint Benoît avec les usages de Cluny. Odon, s'élant déchargé du soin des affaires extérieures

1 Voyez tom. XI, pag. 551.

1

D'après Oudin, Script. Ecclesiast., tom. II, pag. 958, les Bénédictins n'ont pas reproduit l'ouvrage entier de Patérius, au tome IV de leur édition de saint Grégoire; la première partie seule est de cet auteur, et elle a été rétablie par Alulfe; la deuxième et la troisième partie sont de Brunon, qui florissait l'an 1100 ou 1110. (L'éditeur.)

sur Raoul son prévôt, ne s'occupait que des exercices de piété et de l'étude. Pendant qu'il s'appliquait à composer des livres, il avait douze de ses moines occupés dans le cloître à en transcrire d'autres, en gardant exactement le silence. Ils copièrent tous les commentaires de saint Jérôme sur les Prophètes, tous les livres de saint Grégoire, pape, de saint Augustin, de saint Ambroise, de saint Isidore, du Vénérable Bède, de saint Anselme, en sorte que la bibliothèque de Saint-Martin de Tournai devint une des plus considérables du pays; les livres qui la composaient étaient écrits si correctement qu'on venait d'ailleurs pour les copier.

On le choi

Cambrai. Sa mort en 1113.

10. Gaucher, évêque de Cambrai, déposé que au concile de Clermont en 1095 pour cause de simonie, s'était maintenu dans son siége par la protection de l'empereur Henri IV. Pascal II, voulant maintenir les décrets de cette assemblée, ordonna à Manassès, archevêque de Reims, de mettre un autre évêque à Cambrai. L'archevêque ayant assemblé le concile de sa province, Odon, qui y était présent avec beaucoup d'autres abbés, fut choisi, et sur-le-champ sacré évêque de Cambrai par Manassès et ses suffragants, le 2 juillet 1105; mais il ne prit possession de son évêché que l'année suivante, après la mort de l'empereur Henri IV. Son successeur et son fils Henri V exigea d'Odon l'investiture 7, et, sur son refus, l'envoya en exil vers l'an 1110. Odon se retira à l'abbaye d'Anchin, où il travailla à quelque ouvrage de piété; attaqué d'une maladie dangereuse, il abdiqua l'épiscopat 8, et mourut le 29 juin de l'an 1113, dans la huitième année de son épiscopat; il fut inhumé dans l'église d'Anchin sous une tombe de marbre blanc, sur laquelle on avait sculpté sa figure. Amand du Chastel, qui en était prieur, écrivit une lettre circulaire pour annoncer sa mort suivant l'usage, et faire connaître ses mérites et ses vertus; elle est rapportée par les Bollandistes au 19 juin 9, et par dom Marlène, au cinquième tome de ses Anecdotes 10; avec cette différence, que dans cette collection la mort d'Odon est marquée au troisième des calen3 Tom. XII Spicileg., pag. 397. * Pag. 412. Pag. 442, 443. Ibid., pag. 445, 446.

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