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des de juillet, au lieu que dans les Bollandistes c'est au treizième. Ils l'ont qualifié de Bienheureux, et c'est sous ce titre qu'il est honoré dans plusieurs églises des PaysBas.

11. Ayant été occupé dans sa jeunesse à des études purement humaines, son premier écrit fut un poème sur la guerre de Troie. Godefroi son ami, l'ayant lu, en loua la douceur et l'harmonie dans un poème qu'il fit exprès, sous le titre de Songe d'Odon d'Orléans. On a encore le poème de Godefroi1, celui d'Odon a disparu. Il composa, dans le temps qu'il tenait les écoles à Tournai, trois écrits sur la dialectique, le premier intitulé : Le Sophisme, où il apprenait à ses écoliers à discerner les sophismes et à les éviter; le second avait pour titre 3: Des Conclusions ou des Conséquences, où il leur donnait des règles pour rendre leurs raisonnements concluants et raisonner juste; le troisième, sous le titre : De l'Etre et de la Chose, parce qu'il y examinait si ces deux termes sont synonymes, en sorte que l'être et la chose aient une même signification. On remarque qu'Odon, soit dans les ouvrages dont nous venons de parler, soit en d'autres occasions, prenait le nom d'Odart, et non celui d'Odon.

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12. L'abbé Hérimanne, qui nous l'a mieux as fait connaître que personne, lui attribue

une explication du canon de la messe; il en est aussi parlé dans la lettre circulaire d'Amand du Chastel, dans Henri de Gand, dans Trithème, et dans la Bibliothèque belge; tous s'accordent à reconnaître Odon pour auteur de ce commentaire; il le composa étant évêque de Cambrai, comme on le voit par le prologue ou l'épitre dédicatoire adressée à Odon, moine d'Affligbem, sous l'abbé Bernard. La raison de lui dédier cet ouvrage, est qu'il avait comme contraint l'évêque par ses instances à l'entreprendre : il le prie, lui et tous ceux qui transcriront cette explication, de copier exactement le texte du canon 7, pour éviter qu'on n'y ajoute ou qu'on n'en

1 Tom. V Annal., Mabill., in append., pag. 650. 2 Tom. XII Spicileg., pag. 361. Ibid. Ibid. — Bibliot. Belgica nov., verbo Odo, tom. II, pag. 930.

Tom. XII Spicileg., pag. 469; Bolland., ad diem 19 junii, pag. 913; Henricus Gandavens, de Script. Eccles., cap. Iv; Trithem., cap. CCCLXXI; Bibliot. Belg., verbo Odo.

7 Tom. XXI Bibliot. Pat., pag. 221.
* Pag. 222, distinct. 1 et 2. • Pag. 223.

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retranche « ce qu'il n'est pas permis de faire, dit-il, sans l'autorité du Souverain pontife.» [Cette explication est reproduite au tome CLX de la Patrologie, col. 1033-1070, d'après la Bibliothèque des Pères.] Odon divise le texte du canon en quatre parties, et ne laisse presque aucun mot sans en donner le sens, ou plusieurs, s'il en est susceptible. Dans l'épilogue, il demande aux copistes. d'observer exactement cette division, et d'en écrire les titres en lettres majuscules : ce que l'on a même observé dans les imprimés.

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13. Voici ce qui nous a paru remarquable. Outre la commémoraison générale des fidèles tant présents qu'absents, quelques prêtres avaient coutume de prier en particulier pour leurs parents ou pour leurs amis; c'est pour cela que, dans quelques manuscrits, comme aujourd'hui dans les imprimés, on mettait un N au Memento des vivants et à celui des défunts. On ne disait point autrefois de messe, que le clergé et le peuple no fussent présents; l'usage s'établit ensuite de dire des messes particulières, surtout dans les monastères; mais dans ces messes particulières le prêtre s'unissait à toute l'Eglise et lui donnait le salut. Les prières de la messe ont pour objet non-seulement le salut de nos âmes, mais aussi tous les besoins de la vie, d'où vient la variété des oraisons de nos missels. On n'offre point le sacrifice, qu'on n'y fasse mémoire de la très-sainte Vierge en premier lieu, puis des apôtres et des martyrs, afin que par leurs mérites et leurs prières nous soyons munis du secours divin. Ne pas honorer les saints, c'est ne pas honorer Jésus-Christ, qui est leur chef et dont ils. sont les membres.

14. « Hors de l'Eglise catholique, il n'y a point de lieu où l'on offre le vrai sacrifice, c'est-à-dire celui où sous l'espèce et la saveur du pain et du vin 10 nous mangeons et nous buvons la substance du corps et du sang (de Jésus-Christ), celles du pain et du vin étant changées, mais en conservant leurs qualités; en sorte que sous la figure et la sa

10 In specie enim et sapore panis et vini, manducamus et bibimus ipsam substantiam corporis et sanguinis, sub eisdem qualitatibus mutata substantia, ut sub figura et sapore prioris substantiæ facta sit vera substantia Christi corporis et sanguinis... patet quod panis accepta benedictione factus sit corpus Christi; non enim post benedictionem dixisset, Hoc est corpus meum, nisi in benedictione fieret corpus suum. Odo, in Explicat. Can., tom. XXI Bibliot. Pat., pag. 224.

Ce qu'il y a de remarqua. Explication.

be dans cette h. Pat.

Biblioth.

Distinct. 3, pag. 223, 224.

Distinct. 4, pag. 226.

veur de la première substance, se trouve la véritable substance du corps et du sang de Jésus-Christ; c'est par la bénédiction que le pain est fait le corps de Jésus-Christ, car il n'aurait pas dit après la bénédiction: Ceci est mon corps, si le pain ne devenait son corps par la bénédiction. Nous mangeons tous les jours le corps de Jésus-Christ à l'autel 1, et il demeure; nous le mangeons, et il vit; nous le déchirons avec les dents, et il est entier; nous le consumons, nous le mangeons, nous le déchirons, non pas sculement en figure, mais réellement. On sent du vin 2, et ce n'en est point; on ne voit point de sang, et c'en est; les sens sont trompés par la qualité, la foi est assurée par la vérité de la chose; c'est pour cela que le sang du calice est appelé mystère de la foi, parce qu'elle croit le sang qui est caché intérieurement. L'hostie que nous offrons est pure 3, parce qu'encore qu'elle soit vraie chair et vrai sang, elle est cependant spirituelle et incorruptible; bien différente des hosties de l'ancienne loi, qui, quoique saintes, étaient charnelles. Quand donc, à la suite de la consécration, nous appelons cette hostie le pain de la vie éternelle, ne croyons point que ce soit le même qu'avant la bénédiction: la substance est changée, ne nous trompons point; auparavant c'était du pain, à présent ce n'en est plus, c'est de la chair seule. »>

15. «Nous disons souvent, en distribuant l'eucharistie aux fidèles, que nous avons consumé beaucoup d'hosties; si nous considérons le nombre de celles qui s'immolent dans toute l'Eglise, elles sont infinies; si nous faisons attention à la substance, c'est un seul et même sang, une seule et même chair. » Odon ne donne point d'explication de l'Oraison dominicale, sachant que plusieurs l'avaient expliquée avant lui. Il joint dans ce traité la clarté à la précision, et rend cette partie essentielle de la liturgie intelligible autant qu'elle le peut être.

1 Sic nos quotidie Christum in altari consumimus, et permanet; manducamus et vivit; atterimus dentibus, et integer est; consumimus autem, manducamus et atterimus non tantum specie, sed et re; non tantum forma, sed et substantia. Ibid.

2 Sentitur vinum, et non est; non apparet sanguis, et est; sensus decipitur qualitate, certa tenetur fides rei veritate, ideoque sanguis dicitur fidei mysterium, quia sanguinem fides credit intus occultum. Ibid., pag. 225.

3 Hæc autem hostia pura est, quia quamvis caro vera sit et sanguis, tamen spiritualis est et incorrupta... Cum panem audis, ne putes esse qui fuerat

Editions de cette explice

tion.

16. Il y eut sur la fin du xve siècle trois éditions de cette explication, l'une en 1490, . une autre en 1492, la troisième en 1496. Les deux premières sont de Guyot le Marchand, imprimeur à Paris, la troisième de George Mitthelhuf; celles-là sont in-8°, celle-ci in-4°; elle fut réimprimée, avec le traité des Cérémonies de la messe, à Anvers, chez Vostermant, en 1528 et 1530; à Caen, chez Michel Augier, en 1529, et à Mayence, chez Deben, en 1554, in-8°. On en cite 5 encore d'autres éditions, savoir à Anvers, en 1532; à Lyon, en 1556, et à Cologne 6, en 1560, in-8°, et 1573, in-folio. Il y en a encore une à Paris, en 1640, in-4°. On la trouve dans toutes les Bibliothèques des Pères, à commencer par celle de Margarin de la Bigne, en 1575. [Elle est reproduite au tome CLX de la Patrologie, col. 1071-1102.]

7

Traité de Péché orig Tom XXI Biblioth pag

227.

17. La raison qui empêcha Odon d'expliquer l'Oraison dominicale, l'avait aussi détourné de traiter la question du péché origi- tate, nel, si souvent discutée par les écrivains ecclésiastiques des siècles précédents; mais ses frères le contraignirent, pour ainsi dire, d'éclaircir encore cette matière. L'abbé Hérimanne n'a cité cet ouvrage que sous le titre de l'Origine de l'âme, dont il est parlé dans le second et le troisième livre; mais son vrai titre est du Péché originel, il est ainsi intitulé dans les manuscrits de Tournai, d'Anchin et de Liége. Ce traité est divisé en trois livres Odon n'y emploie ni l'autorité de l'Ecriture, ni celle des pères; il se contente de rapporter un passage de saint Paul, où il est dit que tous ont péché en Adam, et, supposant ce fait comme certain, il examine, par les lumières de la raison, comment se fait la transfusion du péché originel. On voit par là que cet ouvrage est philosophique.

J

Analyse de ce traité. Pre aier livre

18. Odon commence par examiner ce que c'est que le mal; il réfute les manichéens qui disaient que c'était une substance et quelque Pag. 227. chose de réel, et prouve que le mal en luiante benedictionem, ne decipiaris mutata substantia. Prius erat panis, modo non est panis, sed sola caro. Ibid.

Sæpe dicimus : In distributione dominici corporis hostias multas expendimus, vel pluribus hostiis multos uno corpore Christi refecimus.... Quæ quidem, si sensibiles intueris qualitates, infinitæ sunt numero; si substantiam, sanguis est unus, et una caro. Ibid., pag. 227.

5 Labb., de Scriptor., tom. II, pag. 129. Lipen. Bibliot., tom. II, pag. 303.

7 Tom. XII Spicileg., pag. 469.

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même n'est rien, en entendant sous le nom de mal le péché. La raison qu'il en donne, c'est que tout ce que Dieu n'a pas fait n'est rien; or, Dieu n'a pas fait le péché il punit néanmoins le péché, parce qu'il punit l'injustice ou la privation de la justice. Le péché ne se trouve pas proprement dans le corps, mais dans la volonté de la créature raisonnable, c'est son injustice qui fait son péché: elle a reçu la justice comme un dépôt, elle doit la conserver; quand donc nous sommes punis, c'est pour avoir abandonné cette justice.

19. Mais comment avons-nous péché en Adam? Il est vrai que nous avons été en lui, et que nous sommes de lui selon la chair; à l'égard de notre âme, quelques anciens ont pensé qu'elle était engendrée comme le corps, et que nous recevions l'un et l'autre de nos parents; d'autres enseignent qu'elle ne se transmet pas par la génération. Odon prend ce dernier sentiment: il soutient que l'âme est créée de Dieu immédiatement, et que toutefois elle est créée destituée de la justice que le premier homme avait avant son péché, parce que Dieu a dû la créer telle qu'elle se trouve dans ceux qui naissent d'Adam par la voie ordinaire de la génération; or elle s'y trouve pécheresse, par la raison que toute la nature humaine ayant été dans le premier homme lors de son péché, et cette nature étant composée de corps et d'âme, la faute personnelle d'Adam est devenue la faute commune de la nature humaine.

20. La Dispute d'Odon contre un Juif nommé Léon, est écrite en forme de dialogue, mais dans le goût du traité précédent, c'est-à-dire que cette dispute se passe en raisonnements sans recours à l'autorité. La matière est l'incarnation du Verbe et la rédemption du genre humain. Odon avait traité de vive voix ce mystère dans un discours fait en chapitre aux religieux de l'abbaye de Fémy, vers la fête de Noël de 1105; Acard, un des moines de cette communauté, fut touché du discours, mais n'en ayant pas bien retenu le contenu, il pria Odon de le lui donner par écrit; comme il allait le satisfaire, il fut obligé de partir pour un concile indiqué à Poitiers au mois de mai 1106; à son passage à Senlis, le juif Léon vint le trouver pour disputer avec lui; Odon, à son retour, mit la dispute par écrit et l'envoya à Acard, à qui il s'adresse dans le prologue, et non pas à Wolbodon, moine d'Afflighem, comme le disent Henri de Gand et

Trithème. Mais peut-être lisaient-ils dans leurs manuscrits différemment de nos imprimés, qui portent Acard. [Ce traité est reproduit au t. CLX de la Patrol., col. 1103-1112.]

Analyse de ce traité, pag.

21. Le juif Léon prétendait deux choses; la première, que Jésus-Christ n'était point le 24. Messie, parce qu'on n'avait pas vu s'accomplir en lui les promesses rapportées par les prophètes : d'où il concluait que le Messie n'étant pas encore venu, il fallait l'attendre. La seconde, que la loi marquant un sacrifice particulier pour chaque péché, il était remis par là même qu'on offrait ce sacrifice; qu'ainsi inutilement les chrétiens disaient que Jésus-Christ était venu pour remettre nos péchés et nous procurer la gloire, l'un et l'autre de ces avantages nous élant accordés par la loi. Il ajoutait qu'il ne voyait pas par quel moyen les chrétiens pouvaient satisfaire pour leurs péchés, ni comment ils pouvaient parvenir à la gloire, sinon par la patience et en supportant tous les travaux imposés à l'homme pour ses péchés. Odon répond que les chrétiens attendent par le Messie le royaume du ciel, et non une félicité terrestre, telle que les Juifs l'attendaient; que la rémission des péchés ne suffit pas pour conduire l'homme à la gloire; que la pratique des bonnes œuvres ne suffit pas pour la rémission des péchés, non plus que le support des incommodités de la vie ; il pose pour principe que Dieu ayant bâti une cité céleste el créé des anges pour qu'ils en fussent les citoyens, une partie de ces anges en ont été chassés par leur faute, mais que Dieu voulant toujours que cette cité soit remplie, a destiné les hommes pour remplacer ces anges, et que ne pouvant par eux-mêmes parvenir à cette gloire pour avoir aussi péché, il a fallu que Dieu se fit homme lui-même pour ra. cheter les hommes, en mourant pour eux sur la croix. «C'est là, dit Odon, cette hostie qui efface les péchés de tous les justes qui ont été, qui sont et qui seront, c'est-à-dire de ceux à qui la rémission des péchés est accordée en vertu, soit de leurs bonnes œuvres, soit de celles de leurs amis : car la satisfaction de Jésus-Christ ne sert de rien à celui qui n'obtient point la rémission de ses péchés. » Léon voulait tourner en ridicule ce que la foi nous enseigne touchant la naissance de Jésus-Christ d'une Vierge. Odon répond que Dieu étant partout, et même en

1 Henr. Gandav., cap. IV; Trithem., cap. CCCLXXI.

Traité du Blasphème

Esprit, pag.

245.

nous qui ne sommes que corruption et péché, n'en est pas néanmoins souillé; qu'à plus forte raison il ne s'est pas souillé en prenant un corps dans le sein de Marie remplie de grâces; il cite ce que l'Evangile dit sur ce sujet, mais il n'objecte point à Léon ce qui est dit dans Isaïe de la naissance du Messie d'une vierge.

22. Odon, étant à Anchin pendant son exil, contre le St. Composa, aux instances d'Amand du Châtel, avec qui il s'entretenait souvent des matières de doctrine, un traité du Blasphème contre le Saint-Esprit; il savait que saint Augustin avait écrit sur ce sujet, mais il n'avait jamais vu ce livre, et ne connaissait personne qui l'eût lu; ainsi il travaillait à cette matière sans avoir recours à ce qu'on en avait dit avant lui. Amand fait mention de cet opuscule dans sa lettre circulaire; il dit même qu'Odon le lui dédia. L'épître dédicatoire ne s'en trouve plus. [La Patrologie reproduit ce traité au tome CLX, col. 1111-1118.]

An lyse de

245.

23. Odon rapporte d'abord les paroles des raité, pa trois évangélistes, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, touchant le blasphème contre le Saint-Esprit; ensuite il explique comment le péché est irrémissible en ce monde et en l'autre. La difficulté est de concilier ce que disent les évangélistes avec ce qu'on lit dans l'Epître de saint Jean, qu'on ne doit pas prier pour le pécheur qui persévère jusqu'à la mort sans aucune distinction, et avec la doctrine de l'Eglise qui accorde la rémission de tous les péchés sans exception à tous ceux qui en font pénitence. Odon fait voir qu'il n'y a aucune contrariété entre les trois évangélistes et saint Jean, parce que les trois évangélistes, par le péché contre le Saint-Esprit, entendent l'impénitence finale, comme saint Jean l'entend aussi par le péché qui va à la mort 2, quel il soit; il montre aussi qu'ils ne sont point contraires à la pratique de l'Eglise, puisqu'elle n'accorde la rémission qu'à ceux qui en font pénitence, et non à ceux qui meurent dans l'impénitence. Mais pourquoi ce blasphème irrémissible est-il nommé contre le Saint-Esprit, plutôt que contre le Père et le Fils? Odon répond que le Saint-Esprit étant proprement et spécialement charité, parce qu'il est pour ainsi dire le lien de l'amour mutuel du Père et du Fils, c'est lui qui remet les péchés, et que rien n'est plus op

1 Bolland., ad diem 19 junii, pag. 913, et Marten., tom. V Anecdot., pag. 858.

I. Joan., v 16. 3 Tom. VII, pag. 555.

posé à la charité qui remet les péchés, que l'impénitence finale.

Traité sur les Canons

24. On a dit dans l'article de saint Jérôme 3 qu'en adressant au pape Damase les livres des évangiles. du Nouveau Testament, corrigés sur le texte grec, il y joignit dix tables ou dix canons qu'Ammonius d'Alexandrie et Eusèbe de Césarée avaient faits, pour trouver commodément et d'un coup d'œil le rapport ou la différence qu'il y a entre les évangélistes. Odon fit un ouvrage semblable, excepté qu'il se borna à marquer dans ses dix tables ou canons ce en quoi les quatre évangélistes convenaient ensemble, et non ce en quoi ils paraissent opposés; pour mieux faire comprendre son dessein, il inséra lui-même dans son traité la figure de ces dix tables, comme il en avait mis une dans le précédent pour opposer la rémission des péchés et la pénitence à l'irrémission et à l'impénitence. Il met dans la première table les quatre évangélistes; dans la seconde, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc; dans la troisième, saint Matthieu, saint Luc et saint Jean; la quatrième est disposée de même; la cinquième ne contient que saint Matthieu et saint Luc; la sixième, saint Matthieu et saint Marc; la septième, saint Matthieu et saint Jean; la huitième, saint Marc et saint Jean; la neuvième, saint Luc et saint Jean; il réserve la dixième pour ce que chaque évangéliste a de particulier. Cet opuscule est mentionné dans la lettre d'Amand du Châtel. [Il est reproduit au tome CLX de la Patrologie, col. 1118-1121.]

Homéliesur Fermier d'iniquité.

25. Il est aussi parlé de l'homélie d'Odon sur le Fermier d'iniquité dans la lettre d'A- le mand. Henri de Gand la met dans le catalogue de ses ouvrages, et il paraît faire grand cas de cette homélie; nous l'avons dans la Bibliothèque des Pères, elle est courte et n'est presque qu'une paraphrase de l'Evangile de saint Luc où cette parabole est rapportée. [Cette homélie est reproduite au tome CLX de la Patrologie, col. 1121-1128.] Dom Martène en a publié une beaucoup plus longue, qu'il croit mieux répondre à l'idée avantageuse que Henri de Gand donne de celle d'Odon; cet éditeur ne rejette pas toutefois la première, il y trouve même le style d'Odon, et il n'est pas éloigné de penser qu'elles sont l'une et l'autre de lui. En effet, il ne se

Tom. V Anecdot., pag. 859, [Patrolog. tom. CLX, col. 1127-1150.]

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rait point singulier que cet évêque eùt expliqué deux fois un même chapitre de l'Evangile on pourrait en donner plusieurs exemples. Quoi qu'il en soit, ces deux homélies ne sont point indignes d'Odon; le texte de l'Evangile y est expliqué clairement, tant dans le sens littéral que dans le sens moral. Il se trouve une troisième homélie sur la même parabole parmi les ceuvres de saint Bernard', mais sans nom d'auteur; on a découvert qu'elle était d'un moine de Cluny nommé Bernard, qui l'adressa au cardinal Matthieu, évêque d'Albane.

2

26. Trithème dit en général 2 qu'Odon composa plusieurs homélies, et qu'il écrivit plusieurs lettres. Peut-être faut-il mettre sous son nom l'homélie sur la Chananéenne, et une sur la Passion du Sauveur, qui se trouvent 3 dans les manuscrits du Vatican sous le titre général de l'évêque de Cambrai. A l'égard de ses lettres, on n'en connaît qu'une, qui est adressée à Guillaume, moine d'Affligem, encore n'est-elle pas imprimée. Celle qu'il écrivit 5 à Lambert, évêque d'Arras, doit être regardée plutôt comme une permission octroyée à un clerc, nommé Roger, de sortir du diccèse de Cambrai, que comme une lettre. Odon eut occasion d'en écrire une au même évêque, en réponse à celle qu'il en avait reçue pour savoir s'il n'avait point eu de part au projet formé par l'empereur, ou sous son nom, de retrancher quelque chose du diocèse d'Arras pour augmenter d'autant celui de Cambrai ; on ne sait pas ce qu'Odon répondit. [On a huit diplômes du bienheureux Odon; ils sont reproduits au tome CLX de la Patrologie, col. 1151-1160. Ils sont suivis de quelques extraits de l'écrit de Geoffroy de Reims intitulé Somnium de Odone Aurelianensi.]

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27. Dans le temps qu'il était abbé de SaintMartin, il fit un Psautier 7 à quatre colonnes, où l'on voyait autant d'anciennes versions. des Psaumes, la gallicane, la romaine, l'hébraïque et la grecque; le manuscrit original s'en voit encore à Saint-Martin de Tournay. On conclura de là, si l'on veut, qu'Odon savait le grec et l'hébreu : c'est du moins une preuve qu'il souhaitait qu'on étudiât le sens des

1 Tom. II, pag. 695, 702.

2 Trithem., cap. CCCLXXI.

Montfauc., Bibliot. Bibliot., pag. 48.

Ibid., pag. 1301.

Baluz., tom. V Miscellan., pag. 345.

* Ibid., pag. 353.

* Sanderus, Bibliot. Belg. manuscr., part. 1, pag.

92; Martène, Voyage littéraire, tom. II, pag. 102, 103.

Psaumes dans les sources les plus pures. Ces tétraples sont datées dans le manuscrit de l'an 1105. Les manuscrits d'Angleterre et de Leipsick citent quelques autres ouvrages sous le nom d'Odon, sans le qualifier ni moine, ni abbé, ni évêque; ainsi l'on n'en peut rien conclure, puisqu'il y a eu plusieurs autres écrivains du nom d'Odon. Quant aux livres des Conférences et aux Paraboles qu'Aubert le Mire et la nouvelle Bibliothèque Belgique lui attribuent, elles n'ont pas encore vu le jour; peut-être ont-ils confondu Odon de Cambrai avec Odon de Cluny, dont on a trois livres de Conférences adressés à Turpion, évêque de Limoges, que l'Anonyme de Molk dit être très-utiles aux moines.

Raoul Tormoine

Vie.

[28. Raoul, surnommé Tortaire, c'est-à-dire de la Tourte, naquit à Gien-sur-Loire, au de Fleury. Sa diocèse d'Auxerre, maintenant de Sens 10. Dès son enfance, il fut instruit des arts libéraux, où il fit de grands progrès pour son temps. Ensuite, dégoûté du monde, il embrassa la profession monastique à Fleury ou Saint-Benoît-sur-Loire. Les études y étaient florissantes depuis le savant Abbon qui les y avait renouvelées, et cette abbaye n'avait point cessé depuis de produire des gens de lettres et même quelques célèbres écrivains. Dans le temps que Raoul en augmenta le nombre ", on y voyait un Chrétien, un Hugues de Sainte-Marie et un Clarius : le premier célèbre par son grand savoir, et les deux autres par leurs écrits. Raoul y eut donc tous les moyens de cultiver et de perfectionner l'amour qu'il avait pour les lettres. Aussi sut-il les mettre à profit si avantageusement, qu'il acquit un grand fonds d'érudition ecclésiastique et séculière. On prétend même qu'il possédait tout ce que les anciens et les modernes avaient écrit jusque-là. Il s'appliqua particulièrement à écrire en vers et en prose, et y réussit autant que tout autre écrivain de son siècle. La poésie ayant pour lui un attrait singulier, il la cultiva beaucoup et avec tant de succès, qu'il a mérité d'être regardé comme un poète au-dessus du commun 12. Mais ce qu'il y a de plus digne de louange en lui, c'est qu'il s'adonna tellement à l'é

8 Bibliot. Angl. manuscr., part. III, num. 545, et Montfaucon, Bibliot. Bibliot., pag. 845.

Anonym. Mellic., cap. LXXV.

10 Mabill., lib. LXXVIII Annal., num. 45.

11 Gallia Christ. nov., tom. VIII, pag. 1555.

12 Bolland., 21 mart., pag. 301, num. 9-11; Bart. Adv., lib. LII, cap. VII.

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