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Ses écrits.

tude, qu'il ne négligea aucun des devoirs attachés à sa profession. Il les remplit au contraire avec tant d'exactitude, qu'il était devenu le modèle de ses frères, l'ornement de sa maison et l'appui de la régularité. Sa vertu était si avantageusement connue, qu'on ne douta point que sa mort ne fût précieuse aux yeux du Seigneur. Les critiques ont varié sur l'époque où il a vécu; mais les auteurs de l'Histoire littéraire de la France ont tranché la difficulté, en montrant qu'il était mort dès l'an 1114 ou 1115. « Après tout, disentils, on n'a rien de plus précis et de plus capable de fixer les esprits touchant le terme de la vie de Raoul, que le témoignage de Hugues de Sainte-Marie, son confrère et son contemporain. On a de lui la continuation. de l'histoire des miracles de saint Benoit, qu'il écrivit au plus tard en 1120, et qui n'est encore que manuscrite. Or, il dit clairement dans la préface qui est en tête que dom Raoul, son vénérable frère, dont il entreprend de continuer l'ouvrage, ce sont ses expressions, n'était plus alors au monde. Et comme il rapporte des miracles opérés en 1114, on peut légitimement conclure que Raoul était mort dès la même année ou la suivante au plus tard.

29. Entre les écrits de Raoul, il y en a quelques-uns d'imprimés; mais la plupart sont encore manuscrits.

Le plus connu des écrits imprimés est sa continuation de l'histoire des miracles de saint Benoît opérés en France, et principalement à Fleury. Dès le IXe siècle, Adrevald, moine du lieu, avait commencé à les recueillir. Adelère, Aimon et André, autres moines de Fleury, continuèrent chacun en son temps, à en faire la relation après Adrevald. Ensuite Raoul Tortaire la reprit, et après lui Hugues de Sainte-Marie, qui l'a continuée jusqu'en 1119. Ce que Raoul a recueilli commence au règne de Henri Ier, roi de France en 1031, et en présenta la suite jusqu'en 1114 que Hugues entreprit de la continuer, ainsi qu'il a été dit plus haut. Raoul avait été témoin oculaire d'une partie de ceux qu'il décrit, et avait de bons mémoires pour les autres. C'est de quoi on ne peut douter en le voyant attentif à nommer les personnes miraculées et les lieux où les événements étaient arrivés. Quoique son recueil soit ample et comprenne qua

1 Hist. litt., tom. X, pag. 88 et suiv. Cette notice est reproduite au tome CLX de la Patrologie, col.

rante-neuf miracles, il l'aurait encore grossi davantage, si les gens de lettres ou les habitants des lieux éloignés de Fleury avaient été soigneux de conserver quelque mémoire de ceux qui s'y étaient opérés. On regarde ordinairement cette sorte de relations comme peu intéressante; mais celle de notre écrivain a son mérite et son utilité. Outre qu'elle est écrite en un fort bon style pour le temps et avec beaucoup de candeur et de grands sentiments de piété, elle peut servir à illustrer la topographie et l'histoire générale, en faisant connaître divers lieux et des personnes de quelque considération avec détail.

Le père Jean du Bois, célestin, est le premier qui en a fait présent au public, l'ayant imprimée sur un ancien manuscrit de Fleury, dans la première partie de la Bibliothèque ou Anciens monuments de cette abbaye, qui parut à Lyon en 1605, in-8°. Mais l'exemplaire de l'ouvrage étant destitué du nom de son auteur, l'éditeur le donna comme l'écrit d'un moine inconnu, néanmoins savant. Dans la suite, les successeurs de Bollandus, l'ayant trouvé dans d'autres manuscrits, ont découvert qu'il appartient à Raoul Tortaire, et l'ont publié de nouveau, avec des notes de leur façon, en le rendant à son véritable auteur. Enfin dom Mabillon en a donné une nouvelle édition sur les deux précédentes et les manuscrits. C'est celle qui est reproduite au tome CLX de la Patrologie, col. 1177-1240.

Après que Raoul eut écrit cette relation en prose, il la mit en vers, comme il le dit à la tête de son poème. Il poussa encore plus loin son travail, et mit aussi en vers la Vie du saint, l'histoire de sa translation en France, et les différentes relations de ses miracles qui avaient précédé la sienne propre. Ce grand ouvrage existe à la bibliothèque du Vatican. Il est dédié ou adressé à Foulques, ami de Raoul. Comme il ne contient rien d'historique qui ne soit dans la prose, et qu'il est très-prolixe, les Bollandistes se sont bornés à en publier quarante-six quatrains, qui comprennent la relation des miracles par le moine André. Tous les vers en sont élégiaques, et rimés à l'hémistiche et à la fin. Ils sont reproduits au tome CLX de la Patrologie, col. 1237-1244.

Le même manuscrit du Vatican, autrefois de la reine Christine de Suède, contient les

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Actes de la vie et du martyre de saint Maur, qui avait souffert en Afrique, avec l'histoire de sa translation à Fleury; le tout mis en grands vers rimés par notre poète. Dans cet autre ouvrage, le poète se nomme et fait connaitre son surnom de Tortaire. Le P. du Bois n'a publié que ce qui regarde la translation du saint.

Raoul a fait aussi une hymne en vers saphiques qui contient presque toute l'histoire du même martyr. Elle est encore manuscrite dans la bibliothèque du Vatican. Il en est de même d'un autre grand ouvrage, en vers élégiaques, qui précède tous les autres dont on vient de rendre compte. Il est divisé en neuf livres, et porte pour titre : Des choses admirables ou surprenantes, de Mirabilibus. On y compte environ mille distiques, qui font deux mille vers. Raoul y a fait entrer ce qu'il avait lu de plus mémorable touchant les divers royaumes, les guerres, les triomphes, les actions de vertus, les excès de vices, les ingénieuses saillies d'esprit et autres semblables sujets. C'est ce qu'il dit lui-même en traçant le plan de son poème, qu'il donne comme son coup d'essai. Les auteurs de l'Histoire littéraire, en rapportant six vers où ce plan est exposé, conviennent que sa poésie est au-dessus de celle de tous les versificateurs de son temps.

A la suite de ce grand ouvrage viennent dans le même manuscrit onze épîtres ou lettres en vers de Raoul, à autant de ses amis. Dans les deux premières il exprime si clairement son nom et son surnom, qu'on ne comprend pas qu'on ait pu le confondre avec un autre. Toutes ces lettres paraissent être des lettres d'amitié ou de politesse.

Le manuscrit de la bibliothèque du Vatican nous présente encore un autre ouvrage de

Voyez la notice de D. Gerbert, tom. CLVII de

Raoul Tortaire. C'est une histoire en vers de la première croisade, dédiée à Galon, évêque de Paris, depuis 1105 jusqu'en février 1116, qui fut le terme de sa vie, circonstance qui écarte toute équivoque par rapport à Raoul de Fleury et Raoul de Cluny, et ne permet pas de douter que le poème n'appartienne au premier. En effet, l'autre qui écrivait encore après 1156 et même plus tard, était trop jeune avant 1116, pour entreprendre un ouvrage de cette nature.

Jugement

Tortaire.

Werner,

Blaise,

29. Il est aisé de comprendre par tout ce détail, que Raoul Tortaire était un écrivain Raoul extrêmement laborieux. Le goût singulier qu'il avait pour la rime dans les vers, lui coûta encore beaucoup de temps et de travail. D'ailleurs la gêne et la contrainte l'empêchèrent de prendre tout son essor, et sont cause que sa poésie n'est pas meilleure ; quoiqu'il soit vrai de dire que, telle qu'elle est, elle surpasse encore celle de presque tous les autres versificateurs de son temps.] [30. Werner brilla dans le commencement du XIIe siècle, par son érudition et l'intégrité abbé de Salut de sa vie. On sait qu'il écrivit d'une manière remarquable un traité sur le mystère de la Trinité; mais cet ouvrage n'est pas venu jusqu'à nous. L'auteur mourut en 1126, après avoir été vingt-quatre ans abbé. Il nous reste de Werner un livre intitulé Libri de florationum sive excerptionum ex melliflua sanctorum Patrum doctrina super Evangelia de tempore per anni circulum. Il a été publié en 1494 à Bâle, et il a été réimprimé dans dom Gerbert, Historia Nigræ Sylvæ, tom. 1; d'où il a passé au tome CLVII de la Patrologie, col. 729-1256. Fabricius et les auteurs de l'Histoire littéraire de la France avaient attribué faussement cet écrit à un Warnier, moine anglais 1.]

la Patrologie, col. 719. (L'éditeur).

Hugues de Flavigny,

Vanne.

CHAPITRE VI.

Hugues, abbé de Flavigny [écrivain latin]; Philippe le Solitaire [écrivain grec]; Nalgode, moine de Cluny; Jacques, moine grec; [Camenus, vers l'an 1117, écrivain latin].

[Tous du commencement du XIIe siècle.]

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1. La persécution ouverte que Thierry, mot évêque de Verdun, faisait à l'abbé et aux moines de Saint-Vanne, parce qu'ils ne voulaient pas se mettre du parti de l'antipape Guibert et de l'empereur Henri IV, les obligea d'abandonner l'abbaye, et de se retirer à Flavigny en Lorraine, maison de leur dépendance, et de là à Saint-Bénigne de Dijon, où ils furent invités par l'abbé Jarenton. Ils étaient au nombre de quarante, l'abbé Rodulphe à leur tête. Le plus connu est Hugues, surnommé de Flavigny, parce qu'il en fut abbé. Elevé dès ses premières années dans l'abbaye de Saint-Vanne, il y avait fait vou de stabilité, de même que ses compagnons de retraite. Mais Jarenton, en les admettant dans son monastère, exigea d'eux qu'ils s'y stabilieraient afin d'établir une liaison plus étroite et une concorde plus parfaite entre eux et les moines de St-Bénigne. Ils eurent de la peine à s'y résoudre, surtout Hugues, dans la crainte de contrevenir au vœu qu'ils avaient fait à Saint-Vanne. Lanfranc, archevêque de Cantorbéry 2, consulté là-dessus par l'abbé Rodulphe, leva leur difficulté, et ils firent un nouveau vœu de stabilité pour Saint-Bénigne de Dijon. C'était en 1085.

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lorsque la tranquillité fut rétablie à Verdun. Hugues resta à Dijon, et l'abbé Jarenton le mena avec lui en Angleterre. Au retour, ils s'arrêtèrent en Normandie. Ils y étaient lorsque Bérard, archidiacre de Lyon, fut fait évêque de Mâcon par l'archevêque Hugues, assisté d'Haganon d'Autun, et de Vautier de Châlon-sur-Saône, qui s'étaient assemblés pour les obsèques de Landry, évêque de Mâcon, mort en 1097.

3. L'abbaye de Flavigny en Bourgogne 5 n'avait point d'abbé depuis la mort de Raynaud, frère du duc de Bourgogne, arrivée dès l'an 1090; et cette vacance avait jeté ce monastère dans une grande désolation. Haganon, évêque d'Autun, s'en plaignit et demanda pour abbé le moine Hugues à l'archevêque de Lyon qui l'honorait de son amitié. Il en fit quelque difficulté ; mais ensuite il y consentit. On demanda aussi le consentement de l'abbé Jarenton, et une obéissance pour Hugues. Après toutes ces précautions, Hugues fut élu abbé de Flavigny, et l'archevêque de Lyon, qu'il était allé voir depuis son élection, le renvoya à Haganon avec une lettre 6, par laquelle il le priait de donner à Hugues la bénédiction abbatiale. La cérémonie s'en fit au mois de novembre, le lendemain de la Sainte-Cécile, 1097. Hugues n'était âgé alors que de trente-deux ans. Il s'appliqua aussitôt à réparer les pertes du monastère et à y rétablir le bon ordre. Il a fait lui-même le détail des dépenses faites à ce sujet, et des donations qu'on fit à son monastère.

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4. Aganon, évêque d'Autun, étant mort au mois de juin de l'an 1098, on choisit à tés avec l'evá

Mabill., ibid., lib. LXIX Annal., num. 72.
Hugo Flaviniac, in Chronic., pag. 242.

7 Hugo, Chronic., pag. 242.

8 Mabill., lib. LXIX, num. 88, et Hugo, in Chronic., pag. 243 et seq.

que d'Autun.

sa place Norgaud, mais ce ne fut pas sans difficulté. Hugues de Flavigny avait droit de suffrage, il vint plusieurs fois à Autun pour ce sujet, mais il se trouva absent au jour marqué pour l'élection, et y envoya un député de sa part. Norgaud en fut fâché et quoique l'abbé l'eût accompagné à Lyon, et reçu à son retour en passant à Conches, maison dépendante de Flavigny, et à Flavigny même, cet évêque conserva de la froideur pour Hugues, et lui suscita plusieurs procès. Hugues fit usage de ces tribulations. pour retourner à Dieu, qu'il semblait avoir oublié pendant le temps de ses prospérités.

5. Norgaud, après avoir rendu son amitié à l'abbé de Flavigny, conçut de nouveau de la haine contre lui 1, et le chassa de son monastère. Il paraît que ce fut sur les plaintes des moines de Flavigny. Hugues les cita au concile qui se tint à Valence sur la fin de septembre de l'an 1100. L'évêque d'Autun s'y trouva, mais il y fut accusé de simonie par ses chanoines. Les moines de Flavigny se contentèrent d'y envoyer un moine déréglé. Hugues était en état de se bien défendre : mais comme il ne se trouva point d'accusateurs, le concile le rétablit dans son abbaye, avec ordre aux moines de venir au-devant de lui jusqu'à Dijon, de promettre, en présence de l'abbé de Saint-Benigne, de le ramener avec honneur à Flavigny, et de lui obéir; ils accomplirent en partie le décret du concile; mais Hugues étant arrivé à son abbaye, ses moines lui refusèrent obéissance. La chose fut portée au concile de Poitiers, mais on ne sait si elle y fut discutée, ni si Hugues demeura paisible possesseur de son bénéfice.

6. Le contraire paraît par Laurent de Liége, de qui nous apprenons que Richard, évêque de Verdun, ayant chassé de SaintVanne l'abbé Laurent, parce qu'il refusait de reconnaître dans l'empereur Henri le droit d'investiture, le chassa de son abbaye, et mit à sa place Hugues de Flavigny, en lui donnant le bâton pastoral. Avant de revenir à Saint-Vanne, Hugues avait fait un voyage en Angleterre, et il y était 3 en 1099. Il vécut audelà de l'an 1102, puisqu'il conduit jusquela sa Chronique. De la manière dont elle est

1 Mabill., lib. LXIX, num. 124.

Tom. XII Spicileg., pag. 300, et Mabillon, lib. LXXII Annal., num. 4.

Hugo, in Chronic., pag. 203, et Mabillon., lib. LXX Annal., num. 48.

Tom. I, pag. 75, 269.

écrite, on juge qu'il était digne d'un sort plus heureux, autant pour son érudition que pour sa piété. [On ignore combien de temps il exerça sa charge d'abbé de Saint-Vanne, s'il rentra en rapport avec le Saint-Siége, s'il mourut moine, et où il mourut.]

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Chronique Flavigny.

7. Sa Chronique est divisée en deux parties: de gues do la première commence avec l'ère de JésusChrist, et va jusqu'en 1002; la deuxième, jusqu'en 1102; le père Labbe, qui l'a fait imprimer dans le premier tome de sa Bibliothèque des manuscrits, sur l'original que l'on conserve au collège de Clermont à Paris 5, en a retranché plusieurs faits qui lui ont paru peu dignes d'attention, mais il a jugé le reste très-intéressant et un trésor incomparable pour l'histoire du XIe siècle; c'est en effet ce que l'on a de mieux dans ce genre-là, de plus étendu et de plus correct; il ne laisse pas d'y avoir des fautes de chronologie; il met par exemple la mort de Grimold, abbé de Saint-Vanne, en 1075, quoiqu'il ait vécu. trois ans au-delà. La faute qu'il commet à l'égard du lieu et des circonstances de la mort de Victor III, est plus considérable : il dit que le pape, auparavant abbé de MontCassin, sous le nom de Didier, célébrant la messe à Saint-Pierre, fut frappé du jugement de Dieu, et qu'ayant reconnu son erreur, c'est-à-dire que son élection n'avait pas été canonique, il se déposa lui-même et ordonna aux moines de Cassin, qu'il avait auprès de lui, de transporter son corps, après sa mort, à Cassin, et de l'enterrer dans le chapitre, non comme un pape, mais comme un abbé. Tout ce narré est absolument faux: Victor mourut à Mont-Cassin, et non à Rome, et à sa mort, il fit ce qu'avait fait Grégoire VII, son prédécesseur, en désignant pour son successeur celui qui lui en paraissait le plus digne. En général, lorsqu'il est question de Didier, abbé de Mont-Cassin, et de Hugues, archevêque de Lyon, l'auteur de la Chronique prend le parti de celui-ci dont il était ami; à l'égard de Norgaud, évêque d'Autun, qui lui avait fait beaucoup de mal, tantôt il en parle en bien, tantôt avec aigreur, tant il est difficile de réprimer les saillies qui s'élèvent en nous contre nos ennemis ! mais ce qui a fait une ta

5 Il est maintenant en la possession du baronnet Thomas Philipps, en Angleterre, par suite de la vente de la bibliothèque des Jésuites. (L'éditeur.) 6 Mabill., lib. LXIV Annal., num. 95.

7 Mabill., lib. LXXVII Annal., num. 23, et Hugo Flaviniac., in Chronic., pag. 234.

Utilité do cette chroni

tious.

che considérable à sa mémoire, c'est son intrusion dans l'abbaye de Saint-Vanne du vivant de l'abbé Laurent qui en avait été chassé par les schismatiques.

8. La Chronique de Hugues est ordinaireque. [Edi ment intitulée Chronique de Verdun, et quelquefois de Flavigny, soit parce que l'auteur fut abbé de ce monastère, soit parce que dans le manuscrit cette Chronique porte en tête le catalogue des abbés de Flavigny, imprimé aussi dans le premier tome 2 de la nouvelle Bibliothèque du père Labbe, avec quelques autres pièces qui ont rapport à ce catalogue. On ne l'appelle de Verdun, que parce que Hugues fut d'abord moine de Saint-Vanne, abbaye située en cette ville. Ce qu'il dit de la ville et du monastère n'est pas suffisant pour l'intituler de la sorte d'ailleurs cette chronique est générale, et comprend en abrégé les événements remarquables des provinces d'Orient et d'Occident: outre les faits, Hugues rapporte tout au long quantité de lettres très-intéressantes pour l'histoire de l'Eglise. Nous en avons donné une notice quand l'occasion s'en est présentée, et il est inutile d'y revenir. Hugues n'a pas oublié 3 de rapporter la rétractation de Bérenger dans le concile de Rome, au mois de février 1078, ni de remarquer que ceux qui par « un grand aveuglement » n'admettaient que la figure dans l'eucharistie, se rendirent, avant la troisième séance, au sentiment presque général du concile, que le pain et le vin sont changés substantiellement au corps de Jésus-Christ qui a été attaché à la croix, et au sang qui est sorti de son côté, par les paroles de la prière sacrée que prononce le prêtre, le Saint-Esprit opérant invisiblement ce changement. C'est aussi de la Chronique de Hugues que l'on apprend les principales circonstances de sa vie. [La meilleure et la plus nouvelle édition est celle de Pertz, Monumenta German. historica, Scriptores, tom. VIII; elle est reproduite au tom. CLIV de la Patrologie, col. 9-432. Pertz préfère à Hugues les historiens Lambert, Berthold et Bernold; cependant il dit de lui qu'il a très-bien mérité de l'histoire, et qu'on peut souvent le consulter avec avantage; il entend surtout parler de l'histoire de son temps et de celle de Lorraine 4.]

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nommé le Solitaire nous sont inconnus: on sait seulement qu'il vécut en grande réputation de sainteté, et que l'an 1095, qui était le seizième du règne d'Alexis Comnène, il composa, aux instances 5 du moine Callinique, un traité spirituel intitulé: Dioptre, du nom d'un instrument de géométrie aussi appelé quart de cercle; nous le nommerons Règle de la vie chrétienne, avec Jacques Pontanus qui a traduit l'ouvrage en latin et l'a publié en cette langue à Ingolstad, chez Adam Sartorius, en 1604, in-4o, sur un manuscrit de la bibliothèque d'Augsbourg, avec les notes de Jacques Greiser, les six livres de Cabasilas sur la Vie de Jésus-Christ, et quelques autres monuments; il a été réimprimé dans le douzième tome de la Bibliothèque des Pères de Cologne, et dans le vingt-unième de celle de Lyon. C'est un dialogue entre l'âme et le corps, où, par une idée singulière, l'âme fait le personnage de disciple, et le corps celui de maître, au lieu que l'âme, par rapport à la supériorité de sa nature, devait prendre la qualité de maîtresse. Nous n'avons que quatre livres de ce dialogue : le manuscrit de la bibliothèque impériale en met cinq, selon la remarque de Lambecius; en sorte que le premier manque dans l'édition de Pontanus, qui, du second, en a fait le premier, et le second du troisième, ainsi du reste. Ce défaut, et quelques autres de cette édition, avaient engagé Lambecius à en donner une nouvelle avec le texte grec et la version latine à côté; s'il l'a achevée, on ne l'a pas encore rendue publique.

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Analy sa Diopt

vie chré ne Tom. Bibliot. 1,

653.

10. L'ouvrage de Philippe le Solitaire est rempli d'excellentes maximes tirées la plu- Règle part de l'Ecriture sainte, les autres de son propre fonds et peut-être aussi des saints pè- 1. res dont il avait fait une étude particulière; il les propose dans un style simple, sans autres ornements que la vérité, n'affectant ni le choix des termes, ni l'élégance de l'élocution. Dans le premier livre, il fait voir que la foi est inutile sans les œuvres; qu'entre tous les préceptes divins, celui de la charité est le plus recommandé : que, quand on observerait tous les autres, si celui-là est négligé, on ne peut se flatter de les avoir bien accomplis. Il propose l'exemple de la charité de saint Paul pour Dieu et pour son prochain, que cet apôtre poussa jusqu'à vouloir

Proleg. Patrol., ibid., col. 14. (L'éditeur.)
Lib. IV, cap. XIX.

6 Lambec., lib. V Commentarior., pag. 34, 43.

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