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être anathème pour ses frères, afin de leur procurer le salut. Ensuite il montre que Dieu fortifie ceux qui, dans les tentations, ont recours à lui; qu'il récompense ceux qui supportent en patience les calamités de cette vie; qu'il n'estime point les bonnes œuvres par le nombre, mais par la droiture de l'intention; qu'il reçoit à bras ouverts tous les pécheurs qui ont effacé leurs péchés par les larmes et les travaux de la pénitence, et qui les ont confessés aux prêtres. Philippe s'explique clairement sur la nécessité de confesser ses péchés aux prêtres pour en recevoir l'absolution, et il prévient la honte qu'en ont les pécheurs, en leur disant qu'encore que le prêtre par son état et par la pureté de sa vie soit différent d'eux, il leur est semblable par la nature de son corps et de son esprit. Il n'avance rien sans le prouver par les témoignages de l'Ecriture et des pères qu'il cite dans chaque chapitre, et de suite, pour en faire comme une chaîne de témoins. Ceux qu'il cite le plus souvent sont les deux saints Grégoire de Nazianze et de Nysse, saint Chrysostôme, saint Athanase, saint Basile, saint Cyrille d'Alexandrie, Théodoret, saint Ephrem, Théodore Studite, saint Damascène. Il cite encore Théophilacte, Théodore d'Héraclée, saint Jean Climaque, Anastase Synaïte, saint Isidore de Péluse, saint Denis l'Areopagite, saint Maxime, Michel Psellus, saint Nil, Isaac, Carbonius et Gennade.

11. Dans le second livre, Philippe traite wr, p. 71. de l'union de l'âme avec le corps, et de la nécessité de cette union pour la bonté ou la malice des actions humaines; il rapporte en passant les différentes opinions des philosophes et des médecins touchant le siége de l'âme; après quoi il prouve qu'elle est immortelle, et conséquemment qu'elle ne périt point avec le corps; que Dieu n'ayant créé le monde que pour l'homme, afin qu'il lui servit de palais, il convenait de créer le monde avant l'homme; que le péché a commencé par la femme; que la peine de son péché tombe plus sur l'âme que sur le corps, la mort de celui-ci n'étant pas comparable à celle de l'âme, c'est-à-dire aux avantages dont elle est privée par le péché; que la ressemblance de l'homme avec Dieu vient surtout de l'âme, en ce qu'elle est raisonnable,

1 Nihil est penitus quod formides; quamquam enim pater est cui confiteris, tamen et ipse naturu homo est, tibique carne et spiritu similis, etsi alioqui vitæ rationibus, familiaritate cum Deo, ut virtutis cullor,

IX.

et peut en un moment se trouver partout par la force de ses pensées et de son imagination; que le corps d'Adam ne fut créé ni mortel, ni immortel, Dieu l'ayant laissé le maître de décider de son sort, ou de mourir en contrevenant à la loi qu'il lui avait prescrite, ou de ne pas mourir en observant cette loi. D'après Philippe, les âmes des justes morts avant Jésus-Christ étaient dans un lieu de repos nommé dans l'Ecriture la région des vivants; depuis que Jésus- Ca.1x. Christ a ouvert les portes du ciel, les âmes des saints y jouissent avec lui de la félicité éternelle; à la résurrection générale, elles animeront les corps qu'elles animaient en cette vie, et retourneront avec le corps dans le ciel; il en sera de même des âmes des pécheurs qui sont actuellement en enfer, elles y retourneront avec le corps qu'elles ont animé, et y souffriront des supplices plus rudes qu'avant la résurrection générale; au reste Dieu seul connaît la manière dont chaque âme se réunira à son propre corps.

Troisième livre, p. 785.

12. Il parle dans le troisième livre de l'excellence de la nature humaine par son union avec la nature divine en Jésus-Christ; de l'incertitude de la fin du monde; des précurseurs du deuxième avénement de JésusChrist, et de l'antechrist, de sa venue, de ses caractères, de ses crimes; il pense qu'il sera de la tribu de Dan, et se fonde sur une Gm. XLIX. prophétie de Jacob, rapportée au livre de la Genèse.

13. Voici l'enseignement contenu dans le quatrième livre : Dieu a créé les intelligences spirituelles et célestes avant les hommes, de peur que, les croyant sans commencement, ils ne les adorassent comme des dieux; il crée en tous temps les âmes, mais non de sa substance, quoiqu'elles soient immortelles, intelligentes et immatérielles, libres de leur nature; après la résurrection, il n'y aura parmi les bienheureux aucune différence, ni par rapport à l'âme, ni par rapport au corps, ou, s'il peut y en avoir, elle ne consistera que dans les degrés de gloire et de récompense que Dieu proportionnera aux mérites. Philippe traite des différences qui se trouvent en ce monde entre les hommes, soit par rapport aux opérations du corps, soit par rapport à celles de l'âme; des quali

distel abs te plurimum. In humilitate, in contritione cordis te ad pedes ejus abjice, ab imo pectore clama, ingemisce quantumque poles recense omnia. Philipp., lib. I. cap. XI.

Quatrisine livre, p. 395.

Remarques

sur ce traité.

Appendices Philip¡ e.

tés de ces deux substances, des incommodités du corps humain, de sa constitution, du principe de la génération, de la providence de Dieu dans la création du monde, des tentations du démon, des vertus cardinales, de la liberté nécessaire pour les bonnes œuvres, et de l'origine de la guerre intestine entre le corps et l'âme; il la rapporte au péché du premier homme qui est passé à ses descendants. Sur la fin du quatrième livre, il explique comment il se peut faire que l'âme séparée du corps par la mort se souvienne de ses parents, de ses amis, et comment elle prie pour eux; d'après l'auteur, pour toutes ces fonctions le corps ne lui est point nécessaire, elle n'a pas besoin de voix pour prier, ni de cerveau pour se souvenir.

14. Philippe semble dire dans le second livre, que Jésus-Christ, en descendant aux enfers, délivra de l'esclavage tous ceux qui y étaient, et que les âmes qui y sont restées ne souffrent pas comme auparavant, qu'elles y sont même en liberté, ayant été délivrées de la servitude du tyran. Ce n'est point là la doctrine de l'Eglise, qui nous apprend que ceux qui, avant la descente de Jésus-Christ aux enfers, y étaient tourmentés de divers supplices, les souffriront éternellement. Mais cet écrivain a donné dans un sentiment contraire, fondé sur un discours faussement attribué à saint Jean Damascène. On lui reproche encore d'avoir avancé, qu'après le dernier jugement, les bienheureux se connaîtront mutuellement, mais que les damnés ne se connaîtront pas; mais il n'est pas constant dans ce sentiment, et il semble dire plus bas qu'il est essentiel à leurs supplices qu'ils soient du moins connus des autres, puisque cette circonstance augmentera leur peine, comme en ce monde les scélérats que l'on condamne au dernier supplice sont bien plus mortifiés de le subir en présence des personnes de leur connaissance, que devant d'autres. dont ils ne sont pas connus. On peut voir sur les autres endroits qui souffrent quelque difficulté les notes de Greiser, qui sont jointes à l'ouvrage de Philippe dans la Bibliothèque des Pères, comme dans les autres éditions.

15. Lambecius 3 remarque que dans le maan traité de nuscrit de la bibliothèque impériale [de Vienne], la Dioptre ou Règle chrétienne de Philippe le Solitaire est suivie de cinq appen

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dices; que le premier est composé de cinq chapitres, où il y a des choses très-curieuses touchant la foi et les cérémonies des Arméniens, des Jacobites, des Chatzizariens et des Romains ou Francs; il prouve dans le second, par l'autorité de l'Ecriture et de saint Epiphane, que Jésus-Christ, dans la dernière Cène, a mangé non la Pâque légale, mais la vraie Pâque. Le troisième est l'apologie que Philippe adressa au prêtre Constantin sur la différence entre l'intercession et le secours des saints. Dans le quatrième, qui est en vers, de même que la Dioptre, Philippe marque le temps où il finit cet ouvrage, ce qui arriva l'an du monde 6603, selon le calcul de l'Eglise de Constantinople, c'est-à-dire l'an 1095, et non pas 1105, comme l'a mis Pontanus dans la traduction du dix-neuvième chapitre du quatrième livre car l'an 1105 ne répond pas à la seizième année du règne d'Alexis Comnène, mais à la vingt-cinquième. Le cinquième appendice contient des vers à la louange de la Dioptre et de son auteur, par Constantin et par Vestus Grammairien. Le premier appendice a été imprimé par les soins du père Combefis 4, excepté ce qui a été dit des Romains ou des Francs; l'éditeur l'a donné comme d'un écrivain anonyme, mais il pense avec Possevin qu'il est de Démétrius, métropolitain de Cyzique. Fabricius 5 ne doute pas qu'il ne soit de Philippe le Solitaire; nous remarquons que les hérétiques chatzizariens étaient ainsi appelés parce qu'ils adoraient la croix, mais dans un sens bien différent de celui qu'a en vue l'Eglise catholique, puisqu'ils prétendaient témoigner qu'ils la croyaient plus puissante que Jésus-Christ même qu'elle avait tué. Au contraire, ils avaient de l'horreur pour les saintes images. Ils jeûnaient quelques jours avant le temps marqué pour le carême, mais, tous les dimanches de la quarantaine, ils mangeaient du beurre, du lait et des œufs. Ils se servaient de pain azyme dans le sacrifice, et ne mettaient que du vin dans le calice sans le mêler d'eau, imitant en cela les jacobites. Ceuxci erraient sur l'Incarnation, n'admettant qu'une nature en Jésus-Christ depuis l'union; il y en avait d'autres qui erraient sur la Trinité. Philippe le Solitaire leur oppose la foi de l'Eglise qui reconnaît en Dieu une substance et trois personnes, et en Jésus-Christ

et 271.5 Fabricius, tom. VI Bibliot. Græcæ, pag. 567. • Combefis, pag. 270.

deux natures unies en une seule personne.

16. Nalgode ou Nagolde, moine de Cluny, écrivit sur la fin du XIe siècle 1, ou au commencement du xir, les Vies de saint Odon et de saint Mayeul, l'un et l'autre abbés de ce monastère le premier, depuis l'an 926 jusqu'en 944; le second, mort en 994, avant Nalgode. Jean, aussi moine de Cluny, avait aussi écrit en trois livres la Vie de saint Odon. Nalgode abrégea l'ouvrage de Jean et le mit en meilleur ordre; il fit la même chose à l'égard de la Vie de saint Mayeul, écrite auparavant par un moine nommé Syrien, qui l'adressa par une lettre à saint Odilon, et par le saint lui-même, en sorte que Nalgode ne fut que le troisième historien de saint Mayeul. Ce qu'il avait ou trop abrégé ou omis a été suppléé par dom Mabillon à l'une et à l'autre Vie; on les trouve toutes deux dans le septième 2 tome des Actes de saint Benoît, et dans la Bibliothèque de Cluny; et celle de saint Mayeul dans Surius et dans Bollandus au 11 mai. [La Vie de saint Odon est reproduite, d'après Mabillon, au tome CXXXIII de la Patrologie latine, col. 85-104. La Vie de saint Mayeul, par Syrien, est au tome CXXXVII, col. 745-778.]

17. Ducange, dans la table des écrivains dont il s'est servi pour son Dictionnaire de la

moyenne et basse grécité, cite un manuscrit de la bibliothèque du roi, contenant quarantetrois lettres de Jacques, moine grec, à l'impératrice Irène; Jacques écrivait donc après 1081 et avant l'an 1118, car Alexis Comnène, dont il est aussi parlé dans ces lettres, régna tout ce temps-là. Si ce Jacques est le même que celui dont parle Léo Allatius 3, il était moine du monastère de Coccinobaphe, et conséquemment il faudra lui attribuer diverses homélies, une sur la Pourpre rendue aux prétres, une sur la Conception de la sainte Vierge, une sur sa Présentation au temple, une sur sa Nativité, une sur son Annonciation. On peut en voir quelques-unes dans le tome VIII de la Bibliothèque des Prédicateurs, par le père Combefis; les manuscrits du Vatican en ajoutent une sur l'Assomption de la sainte Mère de Dieu, sur son Admission dans le saint des saints, sur sa Sortie du temple.

[18. François Caménus, de Pérouse, composa, avant l'an 1117, une hymne sur saint Nicolas, évêque de Troye en Apulie, mort en 1094, et canonisé en 1098. Cette hymne est reproduite, d'après les Bollandistes, au tome CLXII de la Patrologie, col. 721-722. Elle est précédée d'une courte notice sur l'auteur, par Fabricius.]

CHAPITRE VII.

Lambert, évêque d'Arras [1115]; Bernard, archevêque de Tolède [1126];
Bernard, de Cluny [1109]; Bernard de Saxe [1110].

[Ecrivains latins.]

1. L'évêché d'Arras ayant été séparé de celui de Cambrai par une bulle d'Urbain II, datée du 2 décembre de l'an 1092, et toutes autres difficultés terminées à cet égard, on procéda à l'élection d'un évêque le 10 juillet de l'année suivante 1093. Les suffrages se réunirent sur Lambert de Guisnes, chanoine et chantre de Lille. Il refusa son consentement et se plaignit avec larmes de son élection; mais il fut obligé de se rendre, lorsqu'on lui eut lu une clause de la bulle qui portait ordre à l'élu d'acquiescer à l'élection. C'était à Renaud, archevêque de Reims, à le sacrer; il ne le voulut point sans le consentement des évê

1 Odonis vitæ, num. 23 et num. 29.

2 Tom. VII Actor., pag. 122 et 739.

Allatius, de Symeonibus et comm. Script., pag.

ques de la province, et apporta lant d'autres délais, que Lambert fut obligé d'aller à Rome, où il arriva le 17 février 1094. Il pria à genoux le pape de le décharger de son élection; mais Urbain II n'eut aucun égard à ses remontrances; il fit avertir les Cambraisiens de se trouver à Rome, lorsque les Artésiens y viendraient pour faire confirmer leur élection. Ceux-ci seuls s'y rendirent, et le pape sacra Lambert le 19 mars 1094; il fut intronisé solennellement dans son église le jour de la Pentecôte, et reçu par Renaud de Reims, son archevêque, le jour de saint Matthieu, en lui promettant obéissance.

101, 104, 107, 109, 114. — Baluz., tom. V Miscellan., pag. 249 et seq.

Franc is Caménus.

I assiste divers conci1.s.

Il est délégué pour l'ahsolution

ro Philippe.

2. Il avait assisté, trois jours auparavant, au concile tenu à Reims par ordre du roi Philippe, et à celui d'Autun; il assista encore à celui de Clermont, en 1095. Le pape Urbain fit lire publiquement dans ce concile la bulle du rétablissement de l'évêché d'Arras; elle fut approuvée et confirmée de tout le concile le 28 novembre de la même année. Lambert rendit à l'église d'Arras son premier lustre, autant qu'il fut en son pouvoir, et fit de grandes libéralités à divers monastères. Sur la fin de l'an 1104, il fut chargé d'absoudre le roi Philippe de l'excommunication qu'il avait encourue par son mariage avec Bertrade.

3. Le pape Pascal II lui avait donné cette du commission par une lettre du 5 octobre; Lambert l'exécuta le 2 décembre à Paris, où se trouvèrent plusieurs prélats du royaume. Le prince se présenta à l'assemblée nu-pieds et avec de grandes marques d'humilité; il renonça, sous serment, à tout commerce avec Bertrade, qui prêta le même serment, après quoi l'évêque d'Arras leur donna l'absolution 2. Il envoya au pape la relation de tout ce qui s'était passé en cette occasion.

S& mort en 1115.

Ses crits. Gestes de l'E

4. Lambert mourut le 16 mai 1115, et fut enterré dans son église cathédrale, où l'on eut soin de lui faire une épitaphe et d'y insérer qu'il avait rétabli la dignité de l'évêché d'Arras, soumis pendant un grand nombre d'années à la juridiction de l'évêque de Cambrai. On lit la même chose dans une autre épitaphe rapportée dans la Chronique de saint Bertin.

5. Le rétablissement de cet ancien évêché glise d'arras. avait occasionné quantité de procédures, et à Lambert plusieurs voyages, de même qu'au clergé et au peuple d'Arras, par divers députés qu'il fallut envoyer à Rome. Cet évêque prit le soin de recueillir tous les monuments qui y avaient quelque rapport, surtout les lettres des papes et des évêques qu'il reçut en cette occasion, et celles qu'il écrivit lui-même. Ferréole Locrius, dans sa Chronique belge, et dom Luc d'Achéry, dans le tome V de son Spicilége, en ont rapporté une partie; mais nous avons ces monuments entiers dans le tome V5 des Mélanges de Baluze, tirés d'un recueil manuscrit que l'on conserve à Arras sous le nom de l'évêque Lambert; le titre porte: En quelle manière la cité d'Arras, ayant secoué le

1 Baluz., tom. V Miscellan., pag. 282.
2 Tom. X Concil., pag. 742.
Bibliot. Belgica, tom. II, pag. 796.

joug de la dépendance des Cambraisiens, a été rétablie dans son ancienne dignité, sous le pontificat d'Urbain II. [Le tome CLXII de la Patrologie, col. 615 et suiv., contient une notice tirée du Gallia christiana et une autre empruntée à la France littéraire. Viennent ensuite 1° les Gestes; 2° cent quarante-quatre lettres écrites ou reçues; 3° quatorze priviléges; 4o un recueil des canons du concile de Clermont en 1095, recueillis par Lambert.]

6. Le recueil conservé à Arrras contient 6 cent quarante-quatre lettres tant de l'évêque Lambert que des papes Urbain et Pascal II, et autres personnes avec qui cette affaire l'avait mis en relation; ensuite 7, les priviléges qu'il accorda à diverses églises; en troisième lieu, plusieurs monuments postérieurs à l'épiscopat de Lambert, mais qui intéressent l'histoire de cette église, entre autres quarante-six lettres des évêques d'Arras. Nous donnerons de suite celles de Lambert, en suivant l'ordre qu'elles tiennent dans l'édition de Baluze.

Ce qu's contiennent,

7. Le pape Urbain, après avoir sacré Lam- P. 29. bert, le renvoya, avec des bulles adressées à l'archevêque de Reims. Lambert, à son retour à Arras, les envoya aussitôt par un député, n'osant les porter lui-même, à cause que les soldats qui couraient de tous côtés ôtaient la sûreté des chemins, et qu'il avait encore à craindre de la part des Cambraisiens. L'archevêque de Reims ne laissa pas de s'en plaindre, l'accusant de mépris envers son église métropolitaine. Lambert en écrivit au prévôt et à tout le chapitre de Reims, pour les prier de faire entendre ses raisons à leur archevêque, les assurant qu'il était prêt à lui faire toute sorte de satisfactions; il en écrivit à l'archevêque même, avec promesse d'aller à Reims aussitôt qu'il en aurait le moyen. Cette lettre est suivie du serment par lequel 0. Lambert lui promettait obéissance et à ses successeurs; il fit ce serment étant au concile de Reims, le 18 septembre 1094: Renaud était alors archevêque de Reims. Ce prélat étant mort le 21 janvier 1096, le chapitre de Reims 28. en donna avis à tous les suffragants de cette église, afin de faire prier pour lui dans leurs diocèses. Lambert répondit qu'ayant appris cette nouvelle par d'autres endroits, il avait déjà ordonné des prières pour Renaud dans l'église de Saint-Vaast; il ajoute qu'il donnait

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Pag. 299.

volontiers son consentement à l'élection de Manassès, et qu'il était disposé à envoyer ce qu'il devait à l'église de Reims, autant que la pauvreté de la sienne le lui permettait.

8. Il ordonne à Bernold, prévôt, et au doyen du monastère de Matte, de lui renvoyer Achard, prévôt de Sainte-Marie dans le diocèse d'Arras, qu'ils avaient enlevé pour en faire un de leurs chanoines; il allègue contre eux les canons qui défendent à un clerc de passer d'un diocèse à un autre sans lettres 2. de recommandation de son évêque. Le prévôt de Clémentie, comtesse de Flandres, avait dépouillé des pèlerins venant de Rome. Lambert lui ordonna de restituer; et, sur le refus qu'il en fit, il l'excommunia le jour du jeudisaint; ensuite il écrivit à la comtesse de l'obliger à restituer ce qu'il avait enlevé aux pèlerins, menaçant de mettre au ban le château où cette faute avait été faite.

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9. Robert, abbé de Saint-Remy à Reims, auparavant moine de Marmoutier, refusait l'obéissance à Bernard, qui, en était abbé. Celui-ci avait d'ailleurs des griefs contre Robert; il le cita à jour certain, et, sur le refus qu'il fit de comparaître, Bernard l'excommunia. Manassès, archevêque de Reims, confirma cette sentence avec les évêques de sa province. Robert en appela au pape Urbain, à qui Lambert écrivit pour lui rendre raison de la sentence du concile de Reims, et le prier de ne pas écouter Robert. Cela se passait vers a l'an 1097 1. Lambert écrivit au même pape une seconde lettre en faveur de l'évêque de Térouanne; il n'en marque pas le sujet. Celle qu'il adressa à Clémentie, comtesse de Flandres, était pour la prier de s'opposer aux torts que Robert faisait à l'église et aux clercs de Tétouanne. Il menaça d'excommunication Gondfroy, châtelain de Lens, si dans quinze jours il ne faisait satisfaction pour avoir violé la liberté de l'Eglise, en tirant de force du parvis de l'église des personnes qui s'y étaient réfugiées, sans avoir auparavant demandé à l'évêque permission de les en tirer.

10. Invité, mais trop tard, à la consécration de l'évêque de Noyon par l'archevêque de Reims, il ne put y aller; dans les excuses qu'il lui en fit, il marque le manque des choses nécessaires pour le voyage. Le pape 32 Pascal II lui avait donné commission de juger le différend entre les clercs d'Ypres et l'évêque de Térouanne, au sujet d'une église; Lam

1 Mabill., lib. LXIX Annal., num. 65.

bert et ses confrères donnèrent gain de cause à l'évêque, et prièrent le pape de confirmer une sentence qu'ils avaient rendue sans acception de personne. Lambert, sur la fin de sa lettre, consulte le pape sur la manière dont il devait se conduire envers un clerc qui avait accusé un abbé de simonie, quels témoins il fallait admettre, et ce que l'abbé devait faire au cas que le clerc se trouvât en défaut de preuves. Dans une autre lettre à Pascal II, il Pag. 32 B. lui recommande la cause de l'archevêque Manassès, qu'il dit être plein de respect pour les décrets du Saint-Siége, d'amour pour la vérité, de crainte envers Dieu, de charité pour les pauvres, d'attention pour les gens de bien. Ce pape chargea Lambert de terminer un différend entre Héribert et Lanfroid, abbés l'un et l'autre, au sujet de l'abbaye de Semer ou de Saint-Wlmar. On a 327. parlé ailleurs de la lettre de Lambert à l'archevêque Manassès, à l'occasion de la détention de Hugues, évêque de Châlons-surMarne.

11. Dans sa lettre à Euvemer, patriarche 332. de Jérusalem, Lambert le remercie de ses présents, et le prie de lui donner des nouvelles sûres de sa santé, et de faire mémoire de lui dans ses prières en l'église de la Résurrection. Suivent, dans le recueil publié par 336 Baluze, six lettres de Lambert au pape Pascal. Il le prie, dans la première, de confirmer les biens et les priviléges de l'abbaye du MontSaint-Eloi, et dit qu'il avait accordé aux chanoines de ce lieu, qui y vivaient régulièrement et sans aucune propriété, le droit de se choisir un abbé, sauf le droit de l'évêque d'Arras. Dans la seconde, il remercie le pape de lui 337. avoir permis d'établir un abbé sur huit moines qui pratiquaient la règle de Saint-Benoît dans l'église de Feschières, sous la dépendance de l'évêque d'Arras. Guéribert, abbé de Saint-Préject, s'opposa à cet établissement, disant que c'était lui ôter l'église de Feschières, qui lui appartenait. La difficulté fut portée à l'archevêque de Reims. Lambert 338. comparut; Guéribert fit défaut. On décida en faveur de l'évêque d'Arras. Il se plaint, dans la troisième, des usurpations du comte Eustache, et prie le pape de confirmer la sentence d'excommunication portée contre ce seigneur. On voyait partout de ces usurpa- 340. teurs des biens de l'Eglise. Les moines de la congrégation de Saint-Amé de Douai, pour se mettre à couvert des pillages, recoururent à Rome, munis d'une lettre de Lambert au

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