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Panormie d'Yves de Chartres; ce n'est pas un

§ II.

De la Panormie d'Yves de Chartres.

1. Sébastien Brandt, qui fit imprimer cet ouvrage à Bâle, en 1499, in-4°, conjecture 1 abrégé de son que ce n'est qu'un abrégé du Décret d'Yves

Décret.

Elle est di

parties.

de Chartres, par Hugues de Châlons. Il est vrai que Vincent de Beauvais dit 2 dans son Miroir historique, que le livre des Décrets étant un poids difficile à porter, Hugues de Châlons en avait fait un abrégé fort utile, connu sous le titre de Sommaire des Décrets d'Yves; et ce qui confirme cette opinion, c'est qu'à la fin de la Panormie, l'on trouve les décrets d'Innocent II, qui n'a occupé le Saint-Siége que depuis la mort d'Yves de Chartres. Mais Antoine Augustin et Baluze 3 assurent que les Décrets d'Innocent Il ne se lisent point dans les anciens manuscrits de la Panormie, et qu'ils ont été ajoutés par une main récente dans ceux où ils se trouvent. D'ailleurs la Panormie, telle que nous l'avons, ne peut passer pour un abrégé du Décret, puisqu'ils se rencontrent rarement. Elle ne porte pas non plus le titre de Sommaire du Décret dans les manuscrits, mais celui de Panormie. Ce n'est donc point l'abrégé fait par Hugues de Châlons, connu de Vincent de Beauvais, et il faut croire que cet abrégé est perdu. Baluze conjecture avec beaucoup de vraisemblance qu'Yves de Chartres composa d'abord sa Panormie, car c'est ainsi qu'elle est intitulée dans tous les manuscrits, et que voyant l'accueil qu'on lui faisait dans le public, il entreprit sur la même matière un ouvrage d'une plus grande étendue, c'est-à-dire son Décret.

2. La Panormie est divisée en huit parvisée en huit ties: elle a en tête la même préface ou prologue que le Décret; Yves y promet à la fin de donner le sommaire de tout l'ouvrage; il le fait après le prologue de la Panormie, mais non après le prologue du Décret, qui est le même, comme on vient de le dire; ce qui prouve, ce semble, que ce prologue appartient plutôt à la Panormie qu'au Dé

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firmation, du sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ, de la messe et de la sainteté des autres sacrements.

Deuxième.

4. La seconde contient ce qui regarde la constitution de l'Eglise, les oblations des partis. fidèles, la dédicace et la consécration des églises et des autels, la sépulture, les prêtres et la desserte des églises qui leur sont confiées, les dimes, la légitime possession des biens ecclésiastiques, le droit d'asile dans les églises, le sacrilége, la défense des affranchis, l'aliénation et la communication des choses ecclésiastiques, les livres divins et les conciles.

5. Il est parlé, dans la troisième, de l'élection et de la consécration du pape et des archevêques, des ordres, des clercs et des laïcs, de ceux que l'on doit ordonner ou éloigner des ordres, de la translation des évêques, de la défense de réitérer l'ordination, de la peine de déposition dont on doit punir ceux qui ont ou ordonné ou été ordonnés par simonie, et des cas où l'on doit leur accorder le pardon; des fautes qui doivent exclure les ecclésiastiques de leurs fonctions, des clercs homicides, des usuriers, des ivrognes, de la profession des hérétiques, des esclaves ordonnés par ignorance, des moines, de l'âge dans lequel les parents peuvent s'opposer à l'engagement de leurs enfants dans la profession monastique, des vierges et des veuves qui ont pris le voile, et des abbesses.

Troisièm

partie,

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si l'on peut communiquer avec celui qui n'est pas excommunié nommément.

8. La sixième partie parle du mariage, du temps auquel on peut le contracter, de la qualité des personnes, de la fin du mariage, et des conditions qui le rendent parfait, des concubines, des gens mariés dont l'un s'est voué à la chasteté ou a pris l'habit de religion sans le consentement de l'autre, ou sans que l'autre ait fait la même chose; des femmes qui, pendant la captivité de leurs maris, en ont épousé d'autres. On y fait voir que le mariage doit être contracté entre deux personnes de même foi et de même religion, d'où il suit qu'un catholique ne peut épouser une juive ou une hérétique; quelles sont les causes qui rendent le mariage indissoluble, et en quels cas on peut le dissoudre.

9. On décide encore diverses questions touchant le mariage dans la septième partie, savoir les cas où les conjoints peuvent se séparer, et les degrés d'affinité ou de parenté dans lesquels le mariage est défendu.

10. Yves de Chartres rapporte, dans la huitième partie, les décrets touchant l'homicide, les enchantements, les divinations, la magie, les sortiléges, les vaines observances. des mois et des jours, le jurement et le mensonge; il y parle aussi de la nature des dé

mons.

11. La Panormie fut imprimée à Bâle, en 1499, aux frais de Michel Furter, avec la préface de Sébastien Brandt, in-4°, et à Louvain, en 1537, in-8°, par les soins de Melchior ou Michel de Vosmédien. Nous n'en connaissons point d'autres éditions.

§ III.

Des Lettres d'Yves de Chartres.

1. Ces Lettres sont au nombre de deux cent quatre-vingt-huit dans l'édition de Pierre Pithou, à Paris en 1585, in-4°. On les réimprima en la même ville en 1610, in-8°, avec les notes de François Juret et de Jean-Baptiste Souchet; elles font la seconde partie ou le second tome des œuvres d'Yves de Chartres dans l'édition du père Fronteau, en 1649, in-fol. Duchesne n'en a mis que cinquantesix dans le tome IV de ses Historiens de France, parce qu'il ne voulait y faire entrer que celles qui ont du rapport à l'histoire. La lettre intitulée de l'Investiture des évêques et des abbés, se trouve dans l'Apologie pour l'empereur Henri IV, de l'édition de Goldast, et l'on a

placé dans les Bibliothèques des Pères de l'an 1575, 1589 et 1624, à Paris, la lettre qui a pour titre Du Corps de Jésus-Christ dans la Cène, passible et impassible, adressée à Haymerie. Muratori en a publié une dans le tome III de ses Anecdotes, qui ne se lit point dans les éditions dont nous venons de parler. Nous remarquerons dans chacune ce qui a du rapport à notre sujet.

2. Les deux premières sont du pape Urbain II; l'une au clergé et au peuple de Chartres, l'autre à Richer, archevêque de Sens. Elles regardent l'ordination d'Yves, faite par le pape même sur la fin de novembre 1091. Le discours qui suit est la formule d'instruction que le consécrateur donnait au nouvel évêque, telle qu'elle se lit à la fin du Pontifical romain. Le pape, dans sa lettre à Richer, lui dit qu'il avait sacré Yves sans préjudice de l'obéissance qu'il doit à son métropolitain.

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3. Yves, avant d'aller à Rome, avait écrit au pape pour se plaindre du fardeau qu'on voulait lui imposer, protestant qu'il ne l'au- epist. 3. rait point accepté, si l'Eglise de Chartres ne lui avait assuré que le pape l'avait ordonné ainsi.

Le'tre à Bernari de Ma moutier,

4. Gauthier, abbé de Bonneval, avait quitté son abbaye pour se retirer à Marmoutier; comme il avait fait cette démarche sans l'agré- ep'st. 4 et 78. ment d'Yves de Chartres son évêque, celui-ci en écrivit à Bernard, abbé de Marmoutier, pour l'obliger à renvoyer Gauthier à Bonneval, afin d'examiner les raisons de sa sortie. Elles sont marquées dans une autre lettre qu'Yves écrivit aux moines de Dol, savoir: que Gauthier, ne pouvant apaiser les troubles qui agitaient son monastère, le quitta pour retourner à Marmoutier, où il avait fait profession de la vie monastique. Un motif semblable obligea le moine Berner de sortir de Bonneval et de se retirer à Dol, dans le diocèse de Bourges. Il en fut quelque temps après choisi abbé; son élection fut contestée. Yves de Chartres, que les opposants allèrent consulter, prit lui-même avis des plus notables de son clergé, et voyant qu'on ne reprochait d'autre faute à Berner que d'être sorti de Bonneval sans la permission de ses frères, il approuva son élection; elle se fit vers l'an 1097, après la mort d'Adelbert, archevêque de Bourges, qui avait retenu l'abbaye de Dol avec l'archevêché. La lettre à Bernard de Marmoutier fut écrite vers l'an 1092, dans les commencements de l'épiscopat d'Yves.

1 Mabill., lib. LXVIII Annal., num. 39 et 40.

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5.

Lettre à Girard, epist. 6.

Lettre à Roscelin, epist. 7.

Lettre à Ri

epist. 8.

Guillaume. Yves de Chartres lui fit entendre qu'en favorisant ce mariage, elle nuisait à son salut et au salut d'Adélaïde et de Guillaume. 11 la prie d'obtenir qu'ils se séparent, jusqu'à ce que la cause de leur mariage ait été terminée.

6. On voit, par la lettre à Girard, qu'encore que le pape Urbain eût défendu, sous peine d'excommunication, à Geoffroy de faire aucune tentative pour rentrer dans le siége épiscopal de Chartres, il se maintenait en possession d'une petite partie du diocèse située en Normandie, par le crédit du comte du pays, et qu'il la ravageait.

7. Roscelin, obligé de condamner lui-même son erreur au concile de Compiègne, continua à l'enseigner, disant qu'il ne l'avait abjurée que par la crainte d'être assommé par le peuple. Yves de Chartres, informé de sa récidive, lui en fit des reproches et l'exhorta à se rétracter sincèrement, afin de faire cesser le scandale.

8. Cependant Richer, archevêque de Sens, cher de Sens, irrité de ce qu'Yves s'était fait sacrer par le pape, s'en plaignit par une lettre remplie de fiel et de mépris, l'accusant d'avoir voulu démembrer sa province en usurpant le siége de l'évêque Geoffroy; en conséquence, il le citait à son jugement. Yves lui répondit qu'il ne savait pourquoi il le citait à son jugement, puisque dans sa lettre il ne le traitait ni d'évêque ni de confrère, et le regardait comme un étranger; qu'en voulant maintenir Geof. froy sur le siége de Chartres, c'était vouloir détruire ce que le pape avait fait, et rétablir un homme dont les crimes étaient connus dans toute l'Eglise latine. Il ajoutait « N'avez-vous pas reçu un décret apostolique où il est dit : Quiconque favorisera Geoffroy pour rentrer dans le siége de Chartres, nous le déclarons excommunié?» Il reproche à Richer de traiter par dérision de bénédiction telle quelle celle qu'il avait reçue du pape, à qui il appartient de confirmer ou d'infirmer les consécrations tant des métropolitains que des autres évêques, et d'en examiner les constitutions et les jugements. Yves apporte des preuves qu'il n'en est pas ainsi des jugements du Saint-Siége, qu'ils ne sont point sujets à révision. Ces preuves sont des passages du pape Gélase et de saint Grégoire-le-Grand. II s'offre, quoiqu'il n'ait pas été appelé canoniquement, de se présenter en un lieu sûr de

la province de Sens, même à Etampes, pourvu qu'on lui donne un sauf-conduit du comte Etienne, qui le mette en sûreté tant de la part du roi que de l'archevêque.

Lettre au roi Philippe

9. Le grand nombre d'ennemis qu'Yves s'était faits l'obligeait à prendre ces précautions; opt 9. c'est ce qu'il dit clairement dans sa lettre à ce prince, à qui il demandait pareillement un sauf-conduit, s'il voulait bien lui accorder d'aller se justifier auprès de lui des calomnies dont on l'avait chargé. Il paraît qu'elles regardaient l'accommodement qu'il avait fait entre les moines du Bec et ceux de Molesme, dont le roi n'était pas content.

Lettre at

religieuses

10. Yves de Chartres avait à Châteaudun un monastère de filles qui avaient provoqué Chateandas de mauvais bruits par la trop grande fréquen- opist. 10. tation des clercs et même des laïques qu'elles introduisaient dans leur cloître. L'évêque leur représente qu'elles ont fait vœu d'être les épouses de Jésus-Christ, et non des clercs et des séculiers; qu'elles ne sont enfermées dans leur monastère que pour être séparées absolument des hommes, et qu'en leur permettant l'entrée de la clôture, elles se mettent en danger de perdre la pureté de leurs corps et de leurs âmes. Il leur donne là-dessus des instructions, et les menace, en cas d'incorrigibilité, de venir à elles avec une verge de fer pour les châtier. Sur la fin de sa lettre, il leur ordonne de la lire une fois la semaine en pleine communauté.

11. Il écrivit à Gonthier, abbé ou supérieur de religieux, pour le congratuler de son retour après un long voyage sur mer; et, sachant que le repos et la retraite qu'il désirait ne lui permettaient pas de gouverner un grand nombre de moines, il le fit passer à l'église de Notre-Dame à Gournay, afin qu'il y vécût en tranquillité et qu'il veillât au salut de quelques frères qui y demeuraient.

Lettre

Gonthi epist. fl.

Lettre

12. L'archevêque de Sens tint un concile. à Etampes, avec quelques évêques de sa pro- pape Uri epist. 12. vince, en 1092, où il accusa Yves de Chartres de s'être fait ordonner à Rome au préjudice de l'autorité royale; ensuite il voulut le déposer et rétablir Geoffroy; Yves en appela au pape Urbain, à qui il donna aussitôt avis de ce qui venait de se passer à Elampes, le priant d'envoyer une lettre commune à l'archevêque de Sens et à ses suffragants, afin qu'ils allassent avec lui à Rome rendre compte de leur conduite; il le priait aussi d'envoyer en France un légat de bonne réputation el désintéressé, pour travailler à la réforme des

abus. Yves consultait le pape, dans la même lettre, sur ce qu'il fallait faire à l'égard de ceux qui voulaient vivre de l'autel sans servir à l'autel, et acheter de lui, comme ils avaient fait sous ses prédécesseurs, des autels sous le titre de personats. Il ne doutait pas que cette coutume ne fût mauvaise; mais, dans le relâchement où l'on était, il avait besoin du secours du pape pour la réformer.

13. Il fit tout ce qui dépendait de lui pour empêcher le mariage du roi Philippe avec Bertrade; il en écrivit au roi même, à l'arCan chevêque de Reims, aux archevêques et évê

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ques du royaume, invités à ses noces. Le roi s'en vengea en faisant piller les terres de l'évêque de Chartres, et en le mettant lui-même en prison; ses diocésains se mirent en disposition de le délivrer de cette persécution en déclarant la guerre à Hugues, vicomte de Chartres, qui l'avait arrêté de la part du roi. Yves les conjura de n'en rien faire, disant : « Permettez que je porte seul la colère de Dieu jusqu'à ce qu'il me justifie, et n'augmentez pas mon affliction par la misère d'autrui; je suis résolu non-seulement de demeurer en prison, mais de perdre ma dignité et mêrue la vie, plutôt que d'être cause qu'on fasse périr des hommes. » Il pria même Guy, sénéchal du roi, qui voulait le réconcilier avec le prince, de ne point entamer une négociation qui ne pourrait procurer une paix solide, tandis que le roi persisterait dans son attachement pour Bertrade. Le pape Urbain fit des reproches à l'archevêque de Reims d'avoir souffert ce scandale, lui ordonna d'avertir le roi de le faire cesser, et de délivrer l'évêque de Chartres; il écrivit de semblables lettres aux évêques de France; mais Yves, à qui le paquet était adressé, le retint quelque temps pour empêcher le royaume de s'élever contre le roi.

14. Gauthier, évêque de Meaux, demanda à Yves de Chartres s'il était permis à un homme d'épouser sa concubine. Il y avait des exemples et des autorités pour et contre. Yves prend le parti de remettre ces sortes de mariages à la discrétion et à la prudence des évêques, afin que, suivant les circonstances des lieux, des temps, des personnes, ils les permettent ou les empêchent. Il prie l'évêque Gauthier, qui avait désapprouvé le mariage. du roi avant qu'il se fit, de ne point l'approuver depuis sa consommation.

15. Yves avait été prévôt du monastère des chanoines réguliers de Saint-Quentin à Beau

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Lettre au cardin Ro

16. Il avait excommunié Simon, comte de Nihelfe, coupable d'adultère; ce comte, de- ger, epist. 18. puis la mort de sa femme, s'était marié avec la complice de son adultère, et sous ce prétexte il demandait d'être absous de son excommunication. Yves le renvoya au pape, avec une lettre qui contenait le détail de toute l'affaire. Le comte, au lieu de s'adresser au pape, recourut au cardinal Roger, qui était tout disposé à l'absoudre. L'évêque de Chartres, l'ayant su, Jui déclara qu'il ne lui était point permis d'absoudre le comte, et qu'il ne le recevrait à la communion qu'après la réponse du pape à sa lettre.

Lettre à l'abbé ce Fé

19.

17. La fermeté avec laquelle Yves s'était opposé au mariage du roi avec Bertrade, lui camp, epist. avait attiré des louanges de l'abbé de Fécamp, qui le comparait à Elie et à saint Jean-Baptiste. Il ne se laissa point éblouir par ce parallèle honorable, et après avoir demandé à Guillaume (c'était le nom de l'abbé) et à ses religieux le secours de leurs prières dans les afflictions que sa résistance aux désirs du roi lui avait occasionnées, il dit à l'abbé qu'il ne pouvait consentir à ce qu'un certain chanoine régulier allât s'établir dans le monastère de Fécamp, parce que ce changement ne pouvait être d'aucune utilité à ce chanoine, et qu'il pouvait être nuisible aux religieux de Fécamp; il fait de ce chanoine un portrait très-désavantageux, le représentant comme un superbe, un inconstant, et si paresseux, que pendant dix ans à peine avait-il rempli une demi-semaine quand c'était son tour de dire la messe; qu'il l'avait toujours voulu dire hors de son rang, surtout quand il l'avait lieu d'en tirer vanité. Yves dit néanmoins que, si les chanoines ses confrères consentent à sa sortie, il ne s'y opposera point.

18. Hugues, archevêque de Lyon, s'étant réconcilié avec Urbain II, ce pape le rétablit légat en France, comme il avait été sous Grégoire VII. La nouvelle de son rétablissement fit un grand plaisir à Yves de Chartres, qui, sachant que Hugues avait peine à accepter cette commission, à cause du trouble que le schisme causait dans l'Eglise, et peut-être à cause du scandale occasionné par le mariage du roi avec Bertrade, l'exhorta à se charger de la légation. Il disait, pour l'y engager, que s'il y avait en Italie un autre Achab, et en

Lettreà Hagees, archeveque de Lyon, epist 24.

Lettre au pape Urbain, epist. 25,

Lettre à

France une autre Jézabel, qui cherchaient à renverser les autels et à faire mourir les prophètes, et une Hérodiade qui demandait la tête de Jean-Baptiste, ce n'était pas une raison d'abandonner l'Eglise, mais que c'en était plutôt une de résister avec vigueur à ses ennemis pour empêcher sa ruine.

19. Pendant qu'il inspirait du courage aux autres, il en manquait, ce semble, lui-même; ses peines et ses souffrances étaient telles, qu'il y succombait, et pensait souvent à quitter l'épiscopat, voyant que son ministère n'étail utile qu'à très-peu de personnes; c'est ce qu'il dit dans sa lettre au pape Urbain: il le prie de ne point écouter un clerc de l'Eglise de Chartres, qui était allé à Rome se plaindre qu'on l'eût déposé sur de simples soupçons, quoiqu'il eût été bien convaincu d'être coupable de simonie, d'avoir fabriqué de la fausse monnaie et commis d'autres crimes.

20. Yves ayant appris que Gauthier, abbé Gauthier, de Saint-Maur-des-Fossés, voulait quitter son ses, epist. 26. monastère à cause des mauvaises mœurs de

Lettre à

ses moines, lui écrivit de prendre ce parti, si le désordre était général, mais de rester, s'il y en avait quelques-uns à qui il pût être utile par ses instructions et par son exemple.

21. Eudes, sénéchal de Normandie, lui dechal de Normanda comment il devait se comporter en

Endes,

mandie,epiɛt.

27.

Lettre an

epist. 28.

vers un évêque qui, accusé de simonie et de plusieurs autres crimes, s'était fait sacrer avant le jour nommé pour se justifier de cette accusation. L'avis d'Yves fut qu'Eudes ne devait pas le considérer comme un évêque, mais comme un intrus et comme un hérétique. Il cite là-dessus plusieurs passages des lettres de saint Léon, de saint Grégoire et de quelques autres papes; puis il ajoute que, si les évêques de la province ne lui rendent pas justice, il doit citer cet intrus par-devant le Saint-Siége, sans l'autorité duquel il n'est point aisé de terminer de semblables affaires. Il offre, en ce cas, d'écrire au pape pour lui recommander la cause du sénéchal.

22. La lettre d'Yves au roi Philippe est une rope, réponse à l'ordre qu'il en avait reçu de l'aller trouver avec ses soldats à Chaumont ou à Pontoise. L'évêque se dispensa d'obéir pour trois raisons la première, parce qu'il n'aurait pu s'empêcher de lui reprocher son mariage avec Bertrade, sachant que le pape lui avait ordonné de se séparer d'elle; la seconde, parce que les soldats du roi étaient excommuniés pour avoir violé la paix, et qu'il ne pouvait les absoudre sans qu'ils eussent fait

satisfaction, ni conséquemment les envoyer contre l'ennemi; la troisième, parce que la cour n'était pas pour lui un lieu de sûreté, puisqu'il y aurait pour ennemi un sexe qui ne sait pas pardonner, même à ses amis.

Lettre su prêtre Roge

23. Il s'intéressait pour un prêtre nommé Roger, qui, élevé dès sa jeunesse dans la pist. 29. piété et dans les sciences, s'était fait une grande réputation dans l'Eglise où il prêchait avec succès, mais qui déchut de ce degré de splendeur par des familiarités avec des personnes du sexe : on en murmura publiquement, et le bruit en vint jusqu'aux oreilles de l'évêque de Chartres; comme il aimait ce prêtre, il fut extrêmement sensible aux traits qu'on lançait contre lui, et dans sa douleur, il lui écrivit une lettre très-forte, dans laquelle il lui conseille de quitter le ministère. de la parole, soit que ce que l'on disait de lui fût véritable, soit que cela fût faux, parce que ses discours ne feraient impression sur personne. Il paraît néanmoins par cette lettre, qu'il n'y avait sur le compte de Roger aucun fait bien constaté. Yves lui dit d'éviter du moins à l'avenir les entretiens avec des personnes suspectes.

24. Foulques, évêque de Beauvais, témoignait peu d'égard pour les ordres de Hugues, archevêque de Lyon, et légat du SaintSiége. C'était cependant une ressource pour les évêques de France dans les temps de troubles où l'on était; c'est ce qui engagea Yves de Chartres à lui faire là-dessus des remontrances en lui envoyant une copie des lettres qu'il avait reçues du pape Urbain II, au sujet du mariage du roi avec Bertrade. Par une autre lettre, il remit à l'évêque de Beauvais la prévôté de Saint-Quentin, le priant de mettre à sa place celui qui serait élu par la plus grande et la plus saine partie de la communauté; il écrivit encore aux chanoines qui la composaient pour les exhorter à donner leurs suffrages à un sujet capable de les gouverner.

Lettre à Foulque

eveque ep st. 30,

Beauvai

et 32.

Lettre à cher, arbe

epist. 35.

25. Ses lettres à Lambert, évêque d'Arras, et à Robert, n'ont rien de bien remarquable; que de s celle qui est à Richer, archevêque de Sens, contient les raisons qu'il avait eues de ne pas se trouver au concile de Reims. La première, parce qu'il y avait été invité par des évêques qui n'étaient point ses comprovinciaux, et qui conséquemment ne pouvaient être ses juges. La seconde, parce qu'il paraissait qu'on voulait attirer sa cause hors de sa province. La troisième, parce que les accusations que l'on

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