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conde fois la même donation (collection Grenier, t. 234, fo 200, et Chartès et Dipl., t. 51, fo 95), on voyait retracés les deux monogrammes: celui-ci, placé immédiatement après la formule nominis nostri karactere subterfirmavimus; et le monogramme en forme d'H, encastré dans la formule relative au chancelier. Or les chartes à double monogramme sont très rares. J'ai pensé que cette curiosité diplomatique était de nature à intéresser l'Académie, et qu'il était bon aussi de constater que Louis le Gros avait employé plusieurs types de son monogramme, particularité qu'on ne retrouvera plus sous

ses successeurs.

N° IV.

LE VOL DES RELIQUES, COMMUNICATION De m. edm. le BLANT.

Si étrange que le fait puisse paraître de nos jours, de nombreux documents nous montrent qu'aux temps anciens, plusieurs ne se sont pas fait scrupule de s'approprier, par fraude ou par violence, les reliques des saints et des martyrs. Quelle que pût être la façon dont ils s'en étaient rendus possesseurs, ces hommes, dans leur simplicité, croyaient s'assurer de la sorte la protection du bienheureux qu'elles leur rappelaient. Vainement l'Église, la loi civile s'accordent à condamner ces vols; vainement les historiens ecclésiastiques, les chroniqueurs nous montrent les saints eux-mêmes frappant de châtiments terribles ceux qui osent profaner ainsi leurs restes. Depuis le Iv° siècle jusqu'au xvi, on voit se multiplier de tels méfaits: en même temps que de vulgaires larrons, des religieux, des princes en sont coupables. Chez plusieurs, la conscience est et demeure en tout repos; c'est après avoir longuement jeûné, après de ferventes prières que l'on croit pouvoir entreprendre en toute innocence l'œuvre perverse où parfois le téméraire risquait sa tête. Plus d'un de ceux qui en témoignent

la mentionnent avec indulgence, montrant ainsi combien les mœurs s'accordaient mal en cela avec les lois. Tel est le point dont M. Edmond Le Blant entretient l'Académie, rappelant de nombreux traits qui touchent à l'histoire de l'Allemagne, de l'Italie et de la France.

N° V.

NOTE SUR L'IDENTIFICATION

DE LA VILLE DE HIPPOS AVEC LA KHIRBET SOUSYA,

PAR M. CLERMONT-GANNEAU.

Il y a plus de onze ans (1), j'avais l'honneur de lire devant l'Académie des inscriptions et belles-lettres un mémoire intitulé: Où était Hippos de la Décapole?

Dans ce mémoire je m'efforçais d'établir, principalement à l'aide des documents arabes, trop souvent négligés par les exégètes, que le site de cette ville antique, appartenant à une région voisine du lac de Tibériade et mentionnée à plusieurs reprises dans les Évangiles, ne saurait être identifié avec aucune des diverses localités proposées jusqu'alors par les topographes de la Terre-Sainte les plus autorisés.

M'appuyant sur ce fait que le nom sémitique de la ville de Hippos était Sousitha (qui a la même signification, sous voulant dire << cheval », comme Hippos), j'essayais de démontrer :

Que le nom de Sousitha devait correspondre à une forme arabe, Sousya;

Que ce nom Sousya avait été fidèlement conservé par les anciens géographes arabes (2);

(1) Séance du 4 juin 1875. Le mémoire a été publié la même année dans la Revue archéologique.

(2) Surtout par Ibn Khordadbeh, dont on doit le précieux texte à l'érudition de M. Barbier de Meynard.

Enfin qu'il était encore appliqué par eux, au moyen âge (1), à une localité située non loin du lac de Tibériade et répondant précisément aux données antiques, sacrées et profanes, sur la position de Hippos.

J'ajoutais, tenant compte de la remarquable persistance de la tradition arabe en matière de toponymie, que le nom de Sousya, bien que ne figurant sur aucune des cartes publiées jusqu'alors, n'avait pas dû disparaître; qu'une investigation consciencieuse de cette contrée, que je n'avais pu moi-même visiter, ne saurait manquer de faire retrouver, au point que j'indiquais, une Khirbet Sousya; enfin, que c'était à ce point qu'il convenait de fixer le site de Hippos. Il sera facile, disais-je, au premier voyageur explorant les alentours du lac de Tibériade, de faire sur les lieux la vérification nécessaire.

J'ai la satisfaction d'annoncer à l'Académie que cette vérification vient d'être faite et qu'elle confirme pleinement mes prévisions. Un voyageur allemand, M. Schumacher, qui a exploré tout récemment le Djaulân (l'antique province de la Gaulonitis), a retrouvé, entre Fik et Kalát el-Hosn, la Sousya ou Sousiya dont j'annonçais l'existence en 1875. Il n'hésite pas à reconnaître, dans les ruines étendues qui portent ce nom caractéristique, la ville de Hippos dont il a recueilli des monnaies autonomes dans les localités adjacentes (2).

M. Schumacher ne mentionne pas le mémoire où était formulée depuis longtemps la solution théorique du problème qui vient de recevoir son application sur le terrain. Cette omission se comprend dans une certaine mesure, cet estimable

(1) Puisque l'occasion s'en présente, je ferai remarquer que le nom de Sousya me semble avoir été encore connu des croisés, et conservé sous la forme de Sesye, casal situé près du Jourdain et donné par Tancrède à l'Hôpital, en 1101 (Paoli, Codice Diplomatico, I, no 156; Rey, Les Colonies franques, p. 446).

(2) Zeitschrift des deutschen Palästina-Vereins, IX, p. 187, 324, 334, 349. Leipzig, 1886.

voyageur paraissant n'avoir guère eu entre les mains, en fait d'ouvrages modernes concernant cette contrée, que le livre de M. Selah Merrill, intitulé: The East of the Jordan, et ce livre, bien que postérieur de plusieurs années à mon mémoire, ne semblant pas avoir tenu compte de ses conclusions.

L'on comprend moins que ces conclusions ne soient pas rappelées par MM. Guthe et Socin, qui sont en général si bien au courant de tout ce qui touche à la Palestine et qui ont enrichi de nombreuses et savantes notes l'intéressante relation de M. Schumacher. Je le comprends, pour ma part, d'autant moins que M. Socin a eu certainement connaissance de mon mémoire, après la lecture duquel il a bien voulu m'envoyer, il y a plus de sept ans (1), quelques remarques de détail.

Si j'ai cru devoir porter ces faits à la connaissance de l'Académie, ce n'est pas tant, je tant, je me hâte de le dire, pour soulever une question de priorité, que pour lui faire part de la justification définitive d'une thèse dont elle avait bien voulu accueillir la communication avec indulgence. Au-dessus de l'intérêt secondaire que peut avoir un savant à revendiquer une découverte, il y a l'intérêt supérieur de la science, qui ne saurait négliger d'enregistrer les preuves de l'exactitude des procédés critiques employés par elle. C'est à ce dernier titre que je me permets d'insister sur la valeur et la portée de la constatation faite par M. Schumacher. Cette constatation n'est pas seulement la confirmation matérielle de mon identification de Hippos et de Sousya; elle est, surtout, la justification de la méthode même d'induction que j'ai eu, maintes fois, l'occasion d'appliquer ou de conseiller d'appliquer à la topographie biblique. L'on me permettra peutêtre de rappeler que c'est grâce à cette méthode, empruntant sa base essentielle à la tradition arabe écrite et orale,

(1) Lettre du 2 février 1879.

méthode très rigoureuse dans son apparente hardiesse, que j'ai pu, par exemple, déterminer à priori l'emplacement, vainement cherché jusqu'alors, de la ville royale chananéenne de Gezer, et cela dans des conditions de certitude absolue, grâce aux inscriptions explicites gravées sur le roc que j'ai eu la bonne fortune d'y découvrir plusieurs années après ma détermination théorique.

que

Bien M. Schumacher ne nous apporte pas pour Hippos cette garantie épigraphique, infiniment rare en Palestine, l'on peut, néanmoins, aujourd'hui, comme je le proposais dès 1875, fixer avec confiance sur les cartes, aux ruines de Sousya, le site de l'antique Hippos, et assimiler à la région environnante le district de l'Hippène (1) auquel cette importante cité avait donné son nom.

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Le baron de Ladoucette, ancien préfet de la Moselle, avait communiqué, en 1834, à la Société des antiquaires de France (2), la copie d'une inscription trouvée au Hiéraple,

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(1) Sousitha correspond peut-être plutôt à Hippène qu'à Hippos (qui serait proprement sous = <cheval"); s'il en était ainsi, cela permettrait peut-être de se rendre compte de cette curieuse forme d'ethnique féminin qu'affecte ce nom de ville Sousitha serait à sousi et à sous comme inη est à inäηvòs et à innos. Peut-être, cependant, suffirait-il pour l'expliquer d'admettre que le nom grec de la ville était non pas iлños, le cheval, mais ǹ iñños, la cavale; le Woerterbuch der Griechischen Eigennamen de Pape, il est vrai, enregistre ce nom comme masculin; mais ne pourrait-on invoquer contre cette autorité deux passages de l'Onomasticon où notre ville est formellement au féminin: TV ÏTOV (s. v. ἵππος), et mieux encore τὴν ἵππην (s. v. Αφεκα)? Cette dernière forme, Íлy, a même prêté dans certains manuscrits à la confusion avec ló¤¤Y, Ìonny, Joppé, Jaffa, confusion tendant à en confirmer la réalité. Je dois dire que la forme arabe Sousya () s'accorderait mieux avec la première explication

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