Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

ROMAN S.

THE CHILDREN OF THE ABBEY. Les Enfans de l'Abbaye (1). Roman en 4 volumes 8°. ; par Mad. REGINA MARIA ROCHE. Londres 1797.

JE

E te falue & afyle de mon enfance! Le contentement, l'innocence, la charité fans often-' tation habitent fous cet humble toît. Je vous falue, chênes vénérables! ormes auguftes! les plus doux inftans de ma tendre jeuneffe fe font écoulés fous votre ombre. J'étois alors comme l'oifeau des champs; j'ignorois le mal, j'étois libre, je chantois, & mes heures fe fuccè doient fans amener ni regrets ni chagrins.

Ici, du moins, je ferai à l'abri de la méchanceté des hommes. Si je n'y trouve point le bonheur, du moins y ferai-je tranquille. J'y ferai à couvert contre l'orage, jusqu'au temps où les bras de mon pere s'ouvriront pour me recevoir.

&

(1) On trouve en Ecoffe un grand nombre d'anciens édifices qui étoient autrefois des couvens, dont quelques-uns étoient magnifiquement bâtis. Ils font occupés aujourd'hui par des Seigneurs ou des familles opulentes, & portent encore le nom d'Abbayes. (R)

Ainfi parloit Amanda, au moment où fa chaife traversoit une peloufe ombragée, pour arriver auprès de l'habitation de fa nourrice.

Les fouvenirs fe preffoient dans fon cœur; & lorfque la voiture s'arrêta, elle n'eut pas la force de defcendre. La nourrice & fon mari,

i l'attendoient avec impatience, accoururent. Amanda fut embraffée par la bonne femme & le mari baifa fa main en pleurant de joie.- Elle étoit hors d'état de répondre à leurs empreffemens, à leurs questions fur la fanté de Mr. le Capitaine & du jeune Mr. Ofcar; à leur étonnement de la voir fi grande, & à tous les témoi gnages d'amitié dont ils l'accabloient, elle fourioit & elle verfoit des larmes. Mais lorfque fon nourricier fe mit à tranfporter fes effets dans la maison, elle appuya fa tête fur le fein de fa nourrice, & elle s'écria en fanglottant: << Votre pauvre enfant revient chercher un afyle fous votre protection. « Et elle eft la bien venue! répondit la bonne femme en pleurant avec elle. « J'ai eu foin de faire tout fi propre, & d'arranger fi bien votre appartement, que je vous affure que la plus grande Dame du pays ne le dédaigneroit pas. Et voilà mes deux filles qui feront, comme moi, toujours prêtes à vous obéir en tout. Voici Hélene qui eft votre fœur de lait; & voilà Betfy qui étoit au berceau quand vous nous avez quittés. Et puis j'ai deux fils, qui font, fans me vanter,

[ocr errors]
[ocr errors]

auffi beaux garçons qu'on en puiffe voir. Ils travaillent ici auprès chez le voifin, mais ils ne tarderont pas. Graces à Dieu, nous fommes tous heureux & contens, quoique nous foyons obligés de gagner notre vie; mais nous en trouvons le pain meilleur, parce que nous nous cn portons mieux & que nous le mangeons avec plus de plaifir.»

Amanda embraffa les deux jeunes filles qui avoient l'air de la fanté & de la gaieté mêmes. On la fit entrer enfuite dans un petit fallon qui, avec un cabinet attenant où il y avoit un lit, formoit fon appartement. Tout étoit d'une propreté parfaite. Le parquet avoit été fablé tout frais. L'âtre étoit garni de fleurs & de fenouil. La cheminée portoit un rang de taffes ou de jattes caffées, qu'on gardoit fage. ment pour la parade. Le balancier de la pendule fe faifoit entendre derriere la porte & un buffet d'ébène étoit fymétriquement orné de la plus belle fayance du canton.

La nourrice toute occupée de faire à fa chere Amanda une bonne réception, la quitta pour aller pourvoir au dîner. Le poulet, difoit-elle, alloit être rôti tout-à-l'heure. Hélene prépara les afperges; Betsy mit le couvert; Edwin tira de fon meilleur cidre. Le dîner fut prêt dans peu d'inftans; mais Amanda avoit le cœur trop plein pour pouvoir manger, malgré les tendres inftances des bonnes gens,

Lorfque le cœur éprouve les infultes de la malice, ou l'oppreffion de la cruauté, il fe refferre, il s'endurcit, il prend une difpofition étrangere à fa nature; mais la voix de la bienveillance le rend à lui-même : la tendreffe l'adoucit comme le Soleil du printemps amollit les glaces de l'hiver. Les larmes de la sensibilité & de la reconnoiffance coulent alors..... Elles font facrées ces larmes; leur fource eft dans les affections fociales: il n'y a que les bons qui fachent les répandre!

Les deux fils rentrerent. C'étoient deux grands garçons bien faits. Ils avoient été les compagnons des jeux d'Amanda; elle leur parla avec une affabilité pleine de graces.

Amanda aimoit la campagne; elle aimoit la re traite, les plaifirs fimples. Si fon pere eût été avec. elle, elle fe feroit trouvée heureufe dans ce lieu.

C'étoit au mois de juin. Le payfage étoit dans toute fa beauté. Cette habitation appartenoit à une bonne ferme du pays de Galles. Sa fituation romantique plaifoit particuliérement à Amanda. La face de la maifon étoit couverte de chevre-feuille & de vigne; une pelouse ombragée lui fervoit d'avenue. D'un côté de l'habitation, l'on avoit la vue d'une profonde. vallée, dans laquelle ferpentoit un ruiffeau qui faifoit tourner un moulin, & fur les bords duquel on voyoit paître les troupeaux. De l'autre côté, une fucceffion de pâturages fe terminoit

par des bofquets de bois, dans les intervalles defquels on découvroit des terres cultivées, les maifons difperfées d'un hameau, le clocher d'une Eglife, & un vieux château dont les tours dominoient les arbres qui l'environnoient.

La cour de la ferme étoit garnie de volailles, & de tout l'attirail des travaux ruftiques. Le jardin en étoit féparé par une fimple paliffade tapiffée de chevre-feuille & d'églantier. La partie deftinée aux légumes étoit distincte de celle qu'on avoit confacrée à Flore: une rangée d'arbres les divifoit. L'habitation étoit adoffée contre un précipice qui étoit couvert de thym, de ferpolet, de plantes odoriférantes & de fleurs rouges & jaunes. Trois ou quatre chèvres y paiffoient & fautoient fur des rochers d'une pointe à l'autre. Une cafcade argentée tomboit du fommet du roc; le ruiffeau arrofoit enfuite une plantation d'arbriffeaux, puis defcendoit en murmurant dans la vallée. Un fragment de rocher, qui fe projetoit en avant, formoit une grotte garnie de mouffe & entourée de fleurs.

Là le lys des vallées répand fes doux par > fums; la primevère penche fa tête couverte > de rofée, & la violette fe cache dans l'herbe » avec toutes les humbles races qui fleuriffent fous les ombrages frais. » (1)

(1) Here scatter'd wild the lily of the vale

Its balmy effence breathes; here cowslips hang

The dewy head, and purple violets lurk

With all the lowly children of the shade.(THOMSON.)

« ZurückWeiter »