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nom impofoit aux nations étrangeres; elles refpecterent l'Italie qu'il avoit eu foin d'ailleurs de mettre à couvert des incurfions, en > conftruifant une ligne de forts depuis les Alpes » à la mer Adriatique. Sa mémoire eût mérité > les plus grandes louanges, s'il n'eût fouillé fa gloire par la cruauté avec laquelle il fit » mourir Boece & Symmaque. Il fut préferver » des irruptions étrangeres les autres provinces de l'Empire, auffi bien que l'Italie.

..... Il fut le premier qui fut arrêter ces > incurfions dévaftatrices; il avoit trouvé l'Italie » couverte de ruines; & pendant les trente-huit années de fon regne, il l'éleva à un état fi profpere, qu'à peine reftoit-il, à fa mort, le moindre veftige des anciennes dévastations. -Machiavel infinue très-clairement que le Chriftianifme fut une des principales caufes de la fubverfion de l'Empire; mais il importe de le bien comprendre, parce que fon opinion, convenablement expliquée, eft l'opinion de tous les auteurs qui ont dit la mème chofe. Le Chrif tianifme condamné par Machiavel, c'eft la politique des Papes, c'eft le fcandale des controverfes, c'est la manie des faints, c'eft cette rage de rebaptifer tous les lieux de l'Italie, & d'attacher à fes monumens les noms de Pierre ou de Jean, au lieu de ceux de Céfar ou de Pompée. Machiavel reconnoit que Théodoric s'oppofa à tous ces abus; ce n'eft donc pas le Chrif

tianisme de ce Prince qu'il attaque, ce Chrif tianifme qui n'étoit que juftice, clémence, fageffe; mais il cenfure amérement les factions des prêtres de la Grece, de Rome & de Ravenne, & leurs querelles pour la primauté. Si ce Florentin célebre eût affirmé que le prétendu Chriftianifme a détruit l'Empire, mais que le vrai Chriftianifme a contribué à maintenir la paix & le bonheur focial, il n'eût été contredit que par des catholiques. Machiavel ne doit pas être mis au rang des ennemis du Chrif tianifme, car il n'en a attaqué que les abus; & fi tout ce qui le condamne eût été écarté, la Religion de Jéfus fubfifteroit dans fa pureté & dans fa gloire.

D

POLITICAL CHARACTER, GENIUS, MANNERS, &c. Caractere politique, génie, mœurs, occupations & plaifirs des habitans du NewHampshire. (Tiré de l'hiftoire du NewHampshire, par le Dr. BELKNAP.)

IL eft beaucoup moins difficile de parler des

morts que des vivans; mais dans les variétés que préfente l'ensemble d'une Nation, il y a un certain nombre de traits généraux dont chacun doit avouer la jufteffe, & qui quoique défagréables peut-être pour ceux qui s'y recon.

noiffent, ne fauroient bleffer lorfqu'on les applique d'une maniere générale. Je voudrois n'exagérer ni les vertus ni les vices de mes compatriotes; mais, en ma qualité d'Américain, j'ai le droit de leur dire la vérité, fi j'en

ufe avec décence.

Le génie & le caractere d'une Communauté fe reffent néceffairement de la forme de fon gouvernement, & de fes rélations politiques. Avant la révolution, le peuple des différentes parties de New-Hampshire, n'étoit réuni que par des liens très-foibles. On pouvoit le diviser en trois claffes: les anciennes villes, & ceux qui en étoient fortis; les habitans de la frontiere Sud, dont la plupart fortoient de Maffachusetts; & ceux qui habitoient fur la riviere de Connecticut, émigrés, prefque tous, de l'Etat de ce nom.

Dans la premiere claffe, il falloit diftinguer ceux qui, élevés fous l'influence des Officiers de la Couronne, & efpérant des faveurs du Gouvernement, étoient difpofés à feconder les vues de l'aristocratie, & ceux qui par leurs principes ou leurs habitudes, étoient en oppofition avec ces vues. Une connection longue & intime avec Maffachufetts, en paix comme en guerre, entretenoit une difpofition à la démocratie, que les hommes en place combattoient de tout leur pouvoir, fans réuffir à la faire ceffer. Les habitans de la feconde claffe étoient

naturellement attachés à Maffachufetts, d'où ils fortoient, & où fe rapportoient leurs inté rets de commerce. Quelques villes avoient fouffert des octrois faits par les deux Gouvernemens, & des difcuffions relatives aux limites on avoit fuivi, à cette occafion, pendant plufieurs années, des procès avec beaucoup d'aigreur. Les habitans de la troifieme claffe avoient confervé de l'attachement & du refpect pour la colonie dont ils étoient fortis, & où l'efprit démocratique avoit toujours prévalu. Ils affectoient de méprifer ceux de la partie maritime; & ces derniers leur envioient la ceffion des terrains qu'ils avoient efpérés en récompenfe de leur dévouement à la défense du pays.

Une autre caufe de défunion étoit la repréfentation inégale du peuple dans l'Affemblée générale. En 1773, fur cent quarante-fept villes, il n'y en avoit que quarante-fix de représentées, par trente-quatre Députés on faifoit repréfenter jufqu'à trois villes par un feul homme. Les villes de Nottingham & de Concord, quoique confidérables, quoique fubfiftant depuis plus de quarante ans, n'étoient point admifes au privilege de la repréfentation. Il en étoit de mème de beaucoup d'autres, qui, quoique moins anciennes, étoient plus peuplées que celles qui avoient le droit de représentation. Ce droit n'étoit point établi d'après un système uniforme. La loi ne pouvoit y remédier, parce

que le Gouverneur prétendoit que c'étoit une prérogative Royale que d'appeler des Députés. d'une ville nouvelle ; & cette prérogative avoit été exercée fans égards pour l'équité, pour les pétitions & pour l'opinion du peuple.

Avant l'année 1771, la Province n'étoit pas divifée en Comtés. Toutes les affaires contentieufes, même des parties les plus éloignées, fe jugeoient à Portsmouth. Les tribunaux étoient remplis par des gens qui étoient, ou parens ou protégés du Gouverneur, & qui fouvent étoient en même temps, membres du Confeil. On fe plaignoit fouvent de la partialité des jugemens. On entendoit quelquefois les parties hors de la Cour; & l'ufage d'arrofer le Juré étoit familier à ceux qui connoiffoient la marche des procès. Le tribunal en dernier reffort étoit compofé du Gouverneur & du Confeil; fept perfonnes formoient le quorum (1), & quatre la majorité. Les mêmes perfonnes qui avoient eu part aux premieres fentences fe retrouvoient quelquefois dans ce tribunal. Lorfque la caufe étoit d'une très-haute importance, cependant, on pouvoit en appeler au confeil du Roi. Durant l'administration du dernier Gouverneur, quelquesunes des caufes de mécontentement furent écar tées, mais on laiffa fubfifter les autres, pour effayer file changement du Gouverneur ne pourroit point opérer fuffifamment.

(1) Nombre fuffifant pour pouvoir fiéger.

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