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39 gua fa cour. Mais ce ne fut, en quelque forte, que par émulation qu'il adopta cette galanterie romanefque fi naturelle à François Ier. & à Jaques IV; & il oublia bientôt ces égards que dans fa jeuneffe il avoit témoigné aux femmes, tout comme Charles dédaigna de s'y affujetir après les avoir profeffés, avec une contrainte évidente. Les paffions de Henri VIII furent impétueufes; fes inclinations fans délicateffe. Il étoit néanmoins brave, franc, généreux, comme fon aïeul Edouard; mais, comme fon pere Henri, il étoit avide & jaloux. Il attira la nobleffe à la cour, & y encouragea uno magnificence jufqu'alors inconnue. Les grands qui, avant fon regne, ne paroiffoient auprès du Mouarque que quand ils y étoient appelés, s'accoutumerent à s'y montrer fouvent. Ils échangerent la dignité de leur retraite, contre des jouiffances fociales ; ils épuiferent leurs revenus en dépenses d'oftentation; ils fe condamnerent à la dépendance d'un maître capricieux, & n'obtinrent en échange de ce facrifice que de frivoles plaifirs & des manieres aifées. »

> Mais les mœurs polies des cours ne s'étendent qu'à une portion de la fociété ; & il faut apprécier la civilifation d'un peuple par les moyens de la premiere éducation, par les inftitutions qui tendent aux perfectionneniens, & par le caractere des mœurs domeftiques. Dans l'époque dont nous nous occupons les moyens,

d'inftruction étoient infiniment défectueux. Les écoles étoient en petit nombre. Jufqu'à la réformation les hommes & les femmes étoient inftruits dans les couvents. Celles-ci apprenoient à écrire, à deffiner, à faire des confitures, à travailler à l'aiguille, & on complétoit leur éducation par quelques notions de médecine & de chirurgie. La fcience des hommes fe barnoit à lire,à écrire, & à favoir quelques mots de latin; mais cette inftruction même n'étoit pas générale, car nous voyons que Fitzherbert recommande aux gentilshommes qui veulent prendre des notes, & ne favent pas écrire, de foulager leur mémoire en faifant des marques fur un petit morceau de bois. En fortant du féminaire pour rentrer dans la maifon paternelle, les enfans étoient traités de maniere à exclure toute inftruction nouvelle. Un des caracteres les plus affurés de Ja civilisation d'un pays eft peut-être cette indulgence des parens qui adoucit leur autorité, établit entr'eux & leurs enfans un commerce amical & libre, & fait naître l'eftime en cimentant l'affection dans les familles. Mais les manieres domestiques étoient alors pleines de févérité & de roideur. Les gens âgés affectoient une réferve hautaine, & exigeoient de la jeuneffe une déférence abjecte. Un homme fait fe tenoit de bout, découvert, & en filence, devant fon pere. Les filles, même mariées, étoient fixées comme des ftatues auprès du buffet pendant le repass

& tant que leur mere étoit préfente, il ne leur étoit pas permis de fe repofer, autrement qu'à genoux fur un carreau. Ces formes aufteres appartenoient au fiecle plutôt qu'à l'Angleterre; car en France, elles étoient alors peu différentes. Mais les Anglais déceloient, je le dis à regret, une fombre férocité dans la rigueur de leurs jugemens domestiques. Les omiffions étoient punies par des coups de verges; & les châtimens étoient en général i cruels que les enfans trembloient à la vue de leurs parens Les manieres étoient cérémonieufes & formelles: l'oftentation les avoit rafinées, mais dans l'intérieur des familles les mœurs avoient confervé leur rudeffe primitive. >

Il ne reftoit de la chevalerie que ce qui favorifoit le goût pour les fpectacles magnifiques, & l'émulation des Princes à déployer l'enthousiasme de la galanterie, & à faire parade de la paffion des armes. François I, & Jaques IV étoient animés du véritable efprit de la che valerie; & dans un fiecle où la politique commençoit à prendre un caractere de rufe, ces Princes compromirent plus d'une fois leurs intérêts par refpect pour les lois romanefquesde l'honneur. L'introduction du goût dans le Royaume d'Ecoffe, date de l'union de Jaques & de Marguerite. Le peuple alors y étoit encore intraitable & féroce, mais la cour imita le Prince qui, dans les fêtes & les cérémonies de

fon mariage, déploya toute la politeffe d'un vrai chevalier, & fit preuve d'une délicateffe de fentimens bien fupérieure à celle des Monarques Anglais, Henri VIII aimoit la chevalerie. Sa paffion des armes, fon goût pour la magnificence, trouvoient à fe fatisfaire dans le fpectacle des tournois; mais l'efprit qui étoit pro pre à ces nobles inftitutions n'affecta nullement fa politique, & ne rendit point fon coeur plus généreux. Il prodigua les tréfors de fon pere dans ces jeux fplendides, auxquels il prenoit toujours une part active. Il affectoit quelquefois de fe préfenter dans la lice avec des armes inufitées, telles que la hache des combats, & l'épée qui fe manioit à deux mains ; mais il eft probable que ces armes étoient émouffées ainfi que les lances que l'on employoit communément. Il courut néanmoins le danger de perdre la vie dans un de ces combats fimulés, où Brandon, fon favori, lui porta un coup au vifage, fans s'appercevoir que fa vifiere étoit levée. Lors de fon entrevue avec François Ier. au champ de drap d'or, il fit briller fa force, & fon adreffe, dans le tournois le plus magnifique de fon fiecle. Les deux Rois, fuivis de quatorze Ecuyers, entrerent dans la lice prêts à combattre tous ceux que le défir de déployer leur valeur pourroient attirer dans l'arene. Douze Chevaliers, magnifiquement vêtus, fe préfenterent. François combattit le premier. Il fournit plufieurs

courfes, & rompit plufieurs lances, au milieu des applaudiffemens de la foule. Henri lui fucceda. Dans la premiere carriere il brifa une lance, & dans la feconde il enleva le cafque de fon ennemi. Ces fêtes durerent pendant cinq jours confécutifs, avec la même magnificence; & ce qui montre combien ces fpectacles excitoient alors d'intérêt, c'est le détail avec lequel les Hiftoriens nous ont tranfmis la defcription des ornemens, des armes, des harnois, des devifes, & des hauts faits des Chevaliers. De tels jeux nous femblent puériles aujourd'hui; nous fommes tentés de comparer ces combats fimulés des Rois avec ceux de nos héros de théâtre : cependant fi les nations polies de l'antiquité fe paffionnoient pour les scenes de maffacres, où des efclaves jouoient les premiers rôles, combien ne devons-nous pas trouver plus naturel, plus excufable, cet enthou fiafme pour un fpectacle qui offroit l'image de la guerre, & dont les acteurs étoient eux-mêmes des Rois ou des héros! »

› Vus en maffe, & à une grande distance, ces temps impofent par leur fplendeur; mais fi l'on entre dans les détails on trouve une fimplicité mefquine, & une ignorance prefque abfolue de ces douceurs de l'aifance fi répandues aujourd'hui. La Princeffe Marguerite lorfqu'elle devint Reine d'Ecoffe, fit fon entrée publique à Edimbourg, affife en croupe der

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